Ce dimanche: Je suis doux et humble de cœur (Mt 11, 25-30)

25En ce temps-là, Jésus prit la parole et dit : " Je vous bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que vous avez caché ces choses aux sages et aux prudents, et les avez révélées aux simples. 26Oui, Père, car tel fut votre bon plaisir. 
La Glose
Le Seigneur savait qu'un grand nombre douteraient de la vérité qu'il venait de leur révéler, c'est-à-dire que les Juifs ont rejeté le Christ, tandis que les Gentils l'ont retenu avec empressement ; il répond donc à ces doutes intérieurs : " Et Jésus, répondant, dit ces paroles : Je vous rends gloire, mon Père, " etc. C'est-à-dire vous qui faites les cieux, et qui laissez dans l'attachement aux choses de la terre ceux que vous voulez.
Saint Augustin
Puisque Jésus-Christ dit : " Je vous confesse, " lui si éloigné de tout péché, la confession n'est donc pas toujours l'aveu des péchés, mais quelquefois aussi l'expression de la louange. Nous confessons donc soit en louant Dieu, soit en nous accusant nous-mêmes ; et ces mots : Je vous confesse, signifient non pas : je m'accuse, mais : je vous loue, je vous rends gloire.
Saint Jérôme
Que ceux qui osent calomnier le Sauveur en niant sa naissance éternelle et en soutenant qu'il a été créé dans le temps, entendent et méditent ces paroles. Ils appuient leur opinion sur ce qu'il appelle ici son Père le Seigneur du ciel et de la terre. Mais s'il n'est qu'une simple créature, et qu'une créature puisse donner le nom de Père à son Créateur, il a fait une chose déraisonnable en ne l'appelant pas son Maître ou son Père comme il l'appelle le Maître et le Père du ciel et de la terre. Or il rend grâces à Dieu de ce qu'il révèle le mystère de son avènement aux Apôtres, mystère qu'il a laissé ignorer aux scribes et aux pharisiens qui étaient sages et prudents à leurs propres yeux. C'est le sens de ces paroles : " De ce que vous avez caché aux sages, " etc.
Saint Augustin
Sous le nom de ces sages et de ces prudents on peut entendre les orgueilleux, comme Notre-Seigneur l'explique lui-même, en ajoutant : " Et que vous les avez révélés aux petits. " En effet, que veut dire " aux petits, " si ce n'est aux humbles ?
Saint Grégoire le Grand
Il n'ajoute pas : vous les avez révélés aux insensés, mais aux petits, pour nous montrer qu'il ne condamne pas la pénétration, mais seulement l'enflure de l'esprit.
Saint Jean Chrysostome
Ou bien encore, en nommant ici des sages, il n'a point voulu parler de la véritable sagesse, mais de celle que les scribes et les pharisiens ne tenaient que de leur éloquence ; c'est pour cela qu'il ne dit pas : " Vous les avez révélés aux insensés, " mais : " aux petits, " c'est-à-dire aux gens sans instruction et sans éducation. C'est ainsi qu'il nous apprend à fuir en tout l'orgueil, et à rechercher la pratique de l'humilité.
Saint Hilaire
Les secrets et la vertu des paroles célestes demeurent cachés pour les sages, c'est-à-dire pour ceux qui sont pleins d'une folle présomption, et dont la sagesse n'est pas le fruit de la prudence ; et ces mêmes secrets sont révélés aux petits, c'est-à-dire à ceux qui sont petits en malice, et non en intelligence.
Saint Jean Chrysostome
Que ces mystères aient été révélés aux uns, c'est un légitime sujet de joie, mais qu'ils restent cachés pour les autres, c'est un trop juste sujet de larmes. Aussi la joie du Sauveur vient-elle exclusivement de ce que les petits ont connu ce que les sages ont ignoré.
Saint Hilaire
Il confirme l'équité de cette conduite par le jugement de la volonté de son Père ; suivant ce jugement, ceux qui refusent d'être petits devant Dieu deviennent insensés dans leur propre sagesse ; c'est pour cela qu'il ajoute : " Oui, je vous bénis, ô mon Père, parce qu'il vous a plu ainsi. "
Saint Grégoire le Grand
Ces paroles renferment pour nous une leçon d'humilité, et nous apprennent à ne pas discuter témérairement les jugements de Dieu sur la vocation des uns, et sur la réprobation des autres, en nous montrant qu'il ne peut y avoir d'injustice dans ce qui a plu à celui qui est souverainement juste.
Saint Jérôme
Notre-Seigneur tient encore ce langage affectueux à son Père, pour l'engager à consommer l'oeuvre qu'il a commencée dans ses Apôtres.
Saint Jean Chrysostome
Ces paroles de Jésus-Christ à ses Apôtres leur inspirèrent une plus grande vigilance ; le pouvoir qu'ils avaient reçu de chasser les démons était de nature à leur donner une haute idée d'eux-mêmes, il réprime donc cette idée en leur apprenant que les faveurs qui leur ont été accordées ne sont pas le fruit de leurs efforts, mais l'effet d'une révélation divine. Aussi les scribes et les pharisiens, infatués de leur sagesse et de leur prudence, sont-ils tombés victimes de leur orgueil. Si donc ils ont mérité pour cela que les mystères de Dieu demeurent cachés pour eux, craignez vous aussi, et appliquez-vous à rester petits, car c'est ce qui vous a donné droit à la révélation de ces mystères. Ces paroles : " Vous avez caché ces choses aux sages, " doivent être entendues dans le sens de ces autres de saint Paul : " Dieu les a livrés au sens réprouvé. " L'intention de l'Apôtre n'est pas d'attribuer à Dieu immédiatement cet effet, mais à ceux qui en ont posé la cause. C'est dans le même sens qu'il faut entendre ces paroles du Sauveur " Vous avez caché ces choses aux sages et aux prudents. " Et pourquoi ces vérités sont-elles demeurées cachées pour eux ? Écoutez saint Paul qui vous répond : " Parce que, s'efforçant d'établir leur propre justice, ils ne se sont pas soumis à la justice de Dieu. " 
27Toutes choses m'ont été remises par mon Père; et personne ne connaît le Fils, si ce n'est le Père, et personne ne connaît le Père, si ce n'est le Fils, et celui à qui le Fils aura bien voulu le révéler. 
Saint Jean Chrysostome
Ce que le Sauveur vient de dire : " Je vous rends gloire, mon Père, de ce que vous avez caché ces choses aux sages, " pouvait laisser penser qu'il rendait grâces à son Père, comme s'il était lui-même privé de cette puissance ; il ajoute donc pour prévenir cette idée : " Mon Père m'a mis toutes choses entre les mains. " Que ces paroles : " Toutes choses m'ont été données par mon Père, " ne vous fassent soupçonner rien de naturel et d'humain ; Notre-Seigneur ne s'en est servi que pour détruire la pensée qu'il existe deux dieux non engendrés ; car c'est en même temps qu'il a été engendré qu'il est devenu le Maître de toutes choses.
Saint Jérôme
Si nous entendions ces paroles d'après nos faibles idées, il faudrait admettre que celui qui donne cesse d'avoir au moment où celui qui reçoit commence à posséder. Ou bien par les choses qui lui sont remises entre les mains, il faut entendre non pas le ciel, la terre, les éléments, et toutes les autres choses qu'il a faites et créées, mais ceux qui, par le Fils ont accès auprès du Père.
Saint Hilaire
Ou bien encore, il s'exprime de la sorte, pour prévenir toute pensée qu'il soit en rien inférieur à son Père.
Saint Augustin
S'il était en quelque chose moins puissant que son Père, il n'aurait pas à lui tout ce qu'à son Père ; mais le Père, en engendrant son Fils, lui a donné la puissance, comme aussi par le même acte il a donné tout ce qui fait partie de sa substance à celui qu'il a engendré de sa propre substance.
Saint Hilaire
Ensuite, dans cette mutuelle connaissance du Père et du Fils, il nous donne à comprendre qu'il n'y a pas autre chose dans le Fils que dans le Père qui soit resté inconnu. " Et personne ne connaît le Fils si ce n'est le Père, comme nul ne connaît le Père si ce n'est le Fils. "
Saint Jean Chrysostome
En disant que seul il connaît le Père, il nous démontre indirectement qu'il lui est consubstantiel, comme s'il disait : " Qu'y a-t-il d'étonnant que je sois le Maître de toutes choses, alors que j'ai en moi quelque chose de plus grand encore, c'est-à-dire que je connais mon Père, et que j'ai avec lui une seule et même substance ?
Saint Hilaire
Il nous enseigne que l'identité de nature, dans l'un et dans l'autre, est renfermée dans cette mutuelle connaissance de l'un et de l'autre, de manière que celui qui connaît le Fils connaîtra le Père dans le Fils ; car toutes choses lui ont été données par le Père.
Saint Jean Chrysostome
Ces paroles : " Personne ne connaît le Père si ce n'est le Fils, " signifient non pas que tous ignorent le Père absolument, mais que personne ne le connaît de la même manière qu'il le connaît lui-même, ce que l'on doit dire du Fils également ; car il n'est pas question ici d'un Dieu inconnu, comme le prétend Marcion.
Saint Augustin
Enfin, comme la nature divine est inséparable, il suffit quelquefois de nommer le Père seul, ou le Fils seul, sans qu'on sépare pour cela l'Esprit de l'un et de l'autre, Esprit qu'on appelle proprement Esprit de vérité (Jn 14, 17 ; 15, 26 ; 16, 13).
Saint Jérôme
Que l'hérétique Eunomius rougisse donc de son orgueilleuse prétention, qu'il a lui-même du Père et du Fils une connaissance aussi étendue que le Père et le Fils l'ont eux-mêmes l'un de l'autre ; qu'il cherche à soutenir et à consoler sa folle prétention, en s'appuyant sur les paroles suivantes : " Et celui à qui le Fils aura voulu le révéler, " toujours est-il vrai qu'autre chose est de connaître par égalité de nature, autre chose de ne connaître que par la grâce d'une révélation.
Saint Augustin
Or, le Père se révèle par son Fils, c'est-à-dire par son Verbe ; car si ce verbe que nous proférons, tout passager et transitoire qu'il est, se révèle lui-même et révèle notre propre pensée, à combien plus forte raison le Verbe de Dieu par qui toutes choses ont été faites ! Il fait donc connaître le Père tel qu'il est, parce qu'il est lui-même ce qu'est le Père.
Saint Augustin
En prononçant ces paroles : " Personne ne connaît le Fils, si ce n'est le Père, " il n'a pas dit : Et celui à qui le Père aura voulu le révéler ; mais après avoir dit : " Personne ne connaît le Père, si ce n'est le Fils, " il ajoute : " Et celui à qui le Fils aura voulu le révéler ; " paroles qu'il ne faut pas entendre dans le sens que le Fils ne puisse être connu autrement que par le Père. Quant au Père, il peut être connu non-seulement par le Fils, mais encore par ceux à qui le Fils l'aura révélé. S'il a choisi de préférence cette manière de s'exprimer, c'est pour nous faire comprendre que le Père et le Fils nous sont connus par la révélation du Fils, parce qu'il est lui-même la lumière de notre intelligence. Les paroles suivantes : Et celui à qui le Fils aura voulu le révéler, doivent s'entendre non-seulement du Père, mais encore du Fils ; car elles se rapportent à tout ce qui précède. C'est par son Verbe, en effet, que le Père se fait connaître ; mais le Verbe ne révèle pas seulement ce qu'il est chargé de faire connaître, il se révèle encore lui-même.
Saint Jean Chrysostome
Si donc il fait connaître le Père, il se fait connaître en même temps lui-même, mais il passe sous silence comme assez claire cette dernière vérité, et il s'attache à la première sur laquelle il pouvait y avoir des doutes. Il nous enseigne en même temps qu'il est tellement d'accord avec son Père, qu'il n'est pas possible d'arriver au Père si ce n'est par le Fils ; car ce qui scandalisait surtout les Juifs, c'est qu'il leur paraissait en opposition avec Dieu, et il s'applique de toute manière à détruire cette erreur. 
28Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et ployez sous le fardeau, et je vous soulagerai. 29Prenez sur vous mon joug, et recevez mes leçons : je suis doux et humble de cœur; et vous trouverez du repos pour vos âmes, 30car mon joug est doux et mon fardeau léger. " 
Saint Jean Chrysostome
Le discours qui précède, et qui est plein de l'ineffable puissance du Sauveur, avait excité dans le coeur de ses disciples un vif désir de s'unir à lui ; il les appelle maintenant lui-même en leur disant : " Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et qui êtes chargés. "
Saint Augustin
Pourquoi tous, tant que nous sommes, nous fatiguons-nous ? C'est parce que nous sommes des hommes mortels, portant des vases de boue (2Co 4, 7), cause pour nous de mille anxiétés. Mais si ces vases de chair nous tiennent à l'étroit, dilatons du moins en nous les espaces de la charité. Car pourquoi vous dit-il : " Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués, " si ce n'est pour que vous cessiez de l'être.
Saint Hilaire
Il appelle aussi à lui ceux qui souffraient des difficultés de la loi, et qui étaient accablés sous les lourds fardeaux du péché.
Saint Jérôme
Que le péché soit un fardeau accablant, le prophète Zacharie l'atteste lorsqu'il nous représente l'iniquité assise sur une masse de plomb (Za 5) ; et le Psalmiste le confirme par son exemple (Ps 27), quand il dit : " Mes iniquités se sont appesanties sur moi. "
Saint Grégoire le Grand
C'est un joug bien rude, c'est un bien dur esclavage que de se soumettre volontairement aux choses du temps, de rechercher avec empressement les biens de la terre, de s'efforcer de retenir ce qui nous échappe, de vouloir se fixer sur un terrain sans consistance, de désirer les choses passagères, et de ne pas vouloir passer avec elles. Car, tandis qu'elles fuient toutes contre notre volonté, nous sommes profondément affectés et accablés de leur perte, après avoir été tourmentés du désir de les posséder.
Saint Jean Chrysostome
Il ne dit pas : Que celui-ci ou celui-là vienne à moi, mais : Venez, vous tous qui vivez dans l'anxiété, dans la tristesse, dans le péché ; venez, non pour recevoir le châtiment de vos péchés, mais pour en être délivrés ; venez, non pas que j'ai besoin de la gloire que vous pouvez me procurer, mais parce que je veux votre salut ; c'est pour cela qu'il ajoute : " Et je vous rétablirai. " Il ne dit pas simplement : Je vous sauverai, mais ce qui est beaucoup plus je vous rétablirai, c'est-à-dire je vous ferai jouir d'un repos complet.
Rabanus Maurus
Non-seulement je vous déchargerai, mais je vous rassasierai de mes consolations intérieures.
Saint Rémi
" Venez, " nous dit-il, non en dirigeant vos pas vers moi, mais toute votre vie, par le mouvement de la foi et non par celui du corps ; car l'accès que Dieu nous donne près de lui est tout spirituel. Il ajoute : " Prenez mon joug sur vous. "
Rabanus Maurus
Le joug du Christ, c'est son Évangile qui unit et associe les Juifs et les Gentils. Il nous ordonne de prendre ce joug sur nous, c'est-à-dire de le traiter avec honneur, de peur qu'en le mettant au-dessous de nous, c'est-à-dire en n'ayant que du mépris pour lui, nous ne venions à le fouler sous les pieds fangeux des vices ; c'est pour cela qu'il ajoute : " Apprenez de moi. "
Saint Augustin
Apprenez de moi, non pas à créer l'univers, à faire des miracles dans ce monde, mais apprenez que je suis doux et humble de coeur. Voulez-vous devenir grand ? commencez par les plus petites choses. Vous proposez-vous de construire un édifice d'une hauteur prodigieuse ? occupez-vous tout d'abord d'asseoir les fondements à une grande profondeur ; plus l'édifice doit être élevé, plus les fondements que l'on creuse doivent être profonds. Or, jusqu'où doit s'élever le sommet de l'édifice que nous voulons construire ? Jusque sous les regards de Dieu.
Rabanus Maurus
Il nous faut donc apprendre de notre Sauveur à avoir des moeurs douces et des sentiments humbles, à ne blesser personne, à ne mépriser personne et à posséder dans le fond de notre coeur les vertus dont nous pratiquons les oeuvres au dehors.
Saint Jean Chrysostome
C'est pour cela que Notre-Seigneur a commencé l'exposition de ses lois divines par l'humilité, et qu'il lui promet une magnifique récompense en ajoutant : " Et vous trouverez le repos de vos âmes. " C'est là, en effet, la plus grande récompense ; car c'est ainsi que non-seulement vous deviendrez utiles aux autres, mais que vous vous procurerez à vous-mêmes le repos intérieur. Il vous donne dès maintenant cette récompense, en attendant le repos éternel qu'il vous réserve dans l'avenir.
Saint Jean Chrysostome
Pour bannir tout sentiment de crainte que pourrait inspirer l'idée seule de joug et de fardeau, il s'empresse d'ajouter : " Mon joug est doux, et mon fardeau léger. "
Saint Hilaire
Il nous propose l'image souriante d'un joug suave et d'un fardeau léger, pour donner à ceux qui croiront en lui comme un pressentiment du bonheur que lui seul a vu dans le sein de son Père.
Saint Grégoire le Grand
Quel fardeau si lourd impose-t-il donc à nos âmes en nous commandant de fuir tout désir qui porte le trouble dans notre coeur, et en nous avertissant d'éviter les sentiers si difficiles de ce monde ?
Saint Hilaire
Qu'y a-t-il, au contraire, de plus doux que ce joug, de plus léger que ce fardeau : s'abstenir de tout crime, vouloir le bien, repousser le mal, aimer tous les hommes, n'avoir de haine pour personne, chercher à mériter les biens éternels, ne pas se laisser séduire par les choses présentes, et ne jamais faire à un autre ce qu'on ne voudrait pas souffrir soi-même ?
Rabanus Maurus
Mais comment le joug du Christ peut-il être plein de douceur, alors que lui-même nous dit plus haut (Mt 7) : " La voie qui conduit à la vie est étroite ? " C'est que ce sentier étroit dans le commencement, s'élargit avec le temps par les ineffables délices de la charité.
Saint Augustin
Disons encore que ceux qui ont pris sur eux avec courage le joug du Seigneur, ont à courir des dangers si considérables, qu'on peut dire avec vérité qu'ils ne passent jamais du travail au repos, mais toujours du repos au travail, ainsi que l'Apôtre le dit de lui-même. (2 Co 6.) Cependant l'Esprit saint était avec lui pour renouveler de jour en jour l'homme intérieur, au milieu des ruines toujours croissantes de l'homme extérieur, et grâce au repos spirituel qu'il fait goûter à l'âme, à l'abondance des délices toutes divines qu'il répand dans les coeurs, à l'espérance du bonheur éternel qu'il nous donne, il adoucissait pour lui toutes les rigueurs, et allégeait tous les fardeaux accablants de la vie présente. Les hommes consentent à être déchirés ou brûlés pour racheter, au prix de douleurs aiguës, non-seulement les douleurs éternelles, mais les souffrances prolongées de cette vie. Quelles tempêtes, quelles tourmentes n'ont pas affrontées les marchands pour acquérir des richesses grosses elles-mêmes d'orages ? D'ailleurs ceux qui ne les aiment pas ont à supporter les mêmes peines, et ceux qui les aiment, tout en les supportant, ne s'en trouvent pas accablés. Il en est ainsi de toutes les autres épreuves ; car l'amour rend facile et réduit presque à rien ce qu'il y a de plus terrible et de plus affreux. Combien plus sera-t-il donc vrai de dire que la charité rend facile le chemin qui conduit au vrai bonheur, lorsque la cupidité rend facile autant qu'elle le peut celui qui n'aboutit qu'à la misère ?
Saint Jérôme
Comment peut-on dire que l'Évangile est un joug plus léger que la loi, alors qu'il punit la colère et la simple convoitise, tandis que la loi n'atteint que l'homicide et l'adultère ? C'est que la loi renferme un grand nombre de préceptes dont l'Apôtre déclare ouvertement l'accomplissement impossible. La loi exige les oeuvres ; l'Evangile demande surtout la volonté, et, n'eût-elle pas son effet, elle ne perd pas sa récompense. L'Evangile nous commande ce qui nous est possible, c'est-à-dire de ne pas nourrir de mauvais désirs, ce qui dépend de notre volonté ; la loi, qui n'atteint pas la volonté, punit seulement le fait pour vous détourner de l'adultère. Supposez qu'une vierge soit outragée dans une persécution, l'Évangile la recevra comme vierge, parce que sa volonté n'a pas consenti au péché, tandis que la loi la rejettera comme ayant perdu son honneur. 

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