Lundi le 26 mars 2012 Padreblog.fr passe en version 2 ! Un site réalisé par 3 jeunes prêtres diocésains, les abbés Amar, Seguin et Grosjean, pour offrir une parole réactive, libre, directe de l'Église face aux questions d'actualité.
Cette vidéo de KTO nous propose des pistes de réponses aux questions suivantes : Peut-on prendre la Bible au premier degré ? Comment lire la Bible ? Comment l'interpréter ? Est-elle la Parole de Dieu ?
Le développement des dogmes est un enjeu primordial lorsqu’on veut partager la foi catholique avec les chrétiens non catholiques. Cela est important, car l’Église catholique affirme qu’elle est l’Église fondée par Jésus sur les Apôtres, chargée de garder fidèlement le dépôt de la foi dont l’Apôtre Pierre avait plus spécialement les clés.
L’exemple de l’infaillibilité
Pour certains chrétiens non catholiques, il y a là un obstacle que je vais illustrer avec l’exemple du dogme de l’infaillibilité du Pape. Les chrétiens s’entendent généralement sur le fait que la révélation s’est close avec la mort du dernier Apôtre. Si on accepte le fait que la révélation s’est close à la mort du dernier Apôtre, qui est probablement l’Apôtre Jean, on peut se demander si Jean croyait, avant sa mort, que Pierre était infaillible en matière de foi et de morale lorsqu’il parle de façon ex cathedra, c'est-à-dire en tant que Docteur suprême de l'Église et en engageant sa pleine autorité apostolique.
La problématique
Même le catholique, qui croit que le dogme de l’infaillibilité papale est vrai et qu’il remonte aux Apôtres, est forcé d’admettre que l’Apôtre Jean n’aurait probablement pas formulé sa réponse de cette façon si on lui avait posé la question à la fin du premier siècle. C’est précisément à cet endroit que ce situe le cœur du débat. C'est-à-dire entre le catholique qui admet le concept du développement du dogme et le non-catholique qui croit que ces dogmes « développés » sont en fait une corruption de la Révélation close à la mort du dernier Apôtre. C’est de là d’ailleurs que nait, pour les protestants, la nécessité d’avoir fait une réforme, c’est-à-dire pour purifier la Révélation faite aux Apôtres de ces développements dogmatiques qu’ils considèrent plutôt comme une corruption et non un développement.
Qu’est-ce que le développement des dogmes?
Voici, en résumé, ce qu’entend l’Église par le développement des dogmes : Le développement des dogmes n’est pas une augmentation de la connaissance de la foi. C’est plutôt l’explicitation de ce qui est déjà contenu dans la Révélation originelle transmise par les Apôtres. Notre foi actuelle est donc substantiellement la même que celle des Apôtres. Il n’est donc pas permis à l’Église d’ajouter, d’enlever ou modifier ce dépôt originel de la Foi. Seulement le passage de l’implicite vers l’explicite est permis.
Alors comment peut-on faire la différence ?
Maintenant que nous avons identifié le problème, comment arriver à savoir si les dogmes qu’enseigne actuellement l’Église catholique sont un développement légitime voulu par le Saint-Esprit, ou une corruption de a Révélation originelle? Il nous faut donc trouver une méthode qui nous permet de vérifier si ces développements sont de vrai développement ou une corruption. Car sans méthode, on peut se contenter d’adopter une conclusion partisane et arbitraire. La méthode doit aussi être juste et honnête, c'est-à-dire de ne pas comporter de principes truqués, qui nous pousseront nécessairement vers une solution prédéterminée d’avance. C’est lors de cette réflexion que le cardinal Newman a mis au point ses sept critères de discernement du développement du dogme :
1) Préservation du type
2) Continuité des principes
3) Puissance d’assimilation
4) Anticipation de l’avenir
5) Cohérence logique
6) Conservation du passé
7) Vigueur durable
En plus du domaine religieux, le cardinal appliquait aussi ces critères de discernement à d’autres domaines comme la politique. Lorsqu’il a fait l’exercice de confronter les dogmes catholiques au tamis de ces critères, il en est venu à la conclusion que la foi de l’Église Catholique était substantiellement la même que celle des Apôtres de Jésus. Il a dû conclure que les dogmes de l’Église Catholique sont réellement un développement de la doctrine des Apôtres voulu par le Saint-Esprit, et non le résultat d’une corruption. Il s’est donc converti du protestantisme anglican à la foi catholique à la suite de cette découverte.
Pour ceux qui désirent approfondir ces critères, voici un site qui présente un bon article sur le sujet.