La tradition orale a joué et continue de jouer un rôle primordial dans la transmission de la doctrine chrétienne. Avant la fixation par écrit de certaines parties de cette tradition dans la Bible ou d'autres documents d'Église, cette transmission a d'abord été sous forme d'enseignements oraux. Pour certaines personnes, le fait qu'il y est d'abord eu transmission orale pendant un certain nombre d'années avant une mise par écrit définitive sème un doute tant qu'à la fiabilité de ces enseignements. Par exemple, le premier document écrit dans le Nouveau Testament est la première lettre de Saint Paul aux Thessaloniciens, écrite autour de l'an 50. Cela veut dire que pendant au moins presque 20 ans, les enseignements chrétiens ce sont fait de façon orale. Sachant cela, doit-on alors douter de ces enseignements ou pouvons-nous vraiment les tenir comme fiables?

Une culture orale
Pour l'homme de 21e siècle, il peut être difficile de se représenter une culture orale. Puisque nous vivons présentement beaucoup plus dans une culture de l'écrit et aussi dotée d'une panoplie de technologie pour communiquer. Les journaux, la télévision, internet, etc. Nos facultés de mémorisation sont pour cela beaucoup moins sollicitées et cela a pour conséquence que notre mémoire est généralement moins développée que celle de l'homme moyen du premier siècle qui vivait, à l'inverse, dans une culture orale. À cette époque, les supports pour l'écriture étaient dispendieux et peu de gens savaient lire et écrire. Aussi, une des habilité sur laquelle l'éducation misait beaucoup était cette capacité à mémoriser de grandes portions de textes. Par exemple, il était commun qu'un prêtre juif mémorise la Tora (les cinq premiers livres de la Bible) par cœur, ce qui correspond dans ma Bible a environ 200 pages. Je crois donc qu'on peut faire confiance en la capacité des Apôtres et à leur contemporains pour mémoriser fidèlement la tradition reçue de Jésus-Christ.

Le jeu du téléphone arabe
Vous rappelez-vous avoir déjà joué au jeu du téléphone arabe? S'il est joué à l'école, ce jeu consiste à ce l'enseignant choisisse d'abord une phrase. On place ensuite les élèves à la file et par la suite chaque élève redit la phrase en secret à l'élève suivant sans la répéter. Rendu au dernier élève de la file, on révèle à nouveau la phrase et cela aboutit souvent une phrase très différente de celle de départ et c'est ce qui rend le jeu amusant. C'est souvent à partir d'une analogie entre la tradition orale et ce type de jeu qu'origine la méfiance envers la tradition orale. Si par exemple, on prend la phrase de l'Évangile « Jésus marche sur l'eau », aurait-elle pu être seulement au départ « Jésus boit de l'eau » et, par un processus de transmission défectueux devenir un des miracles les plus populaires de Jésus? Je ne crois pas, car le processus de transmission de la tradition orale n'a rien à voir avec le jeu du téléphone arabe. Premièrement, le but du jeu du téléphone et ce qui le rends amusant, c'est précisément que la phrase devienne différente tout au long du parcours. Certains élèves vont même délibérément prononcer maladroitement et rapidement leur phrase de manière à rendre la compréhension de l'autre plus difficile.

Une analogie plus réaliste
Si on voulait rendre possible une analogie du jeu du téléphone avec la réalité de la transmission orale chrétienne de l'époque, on devrait y ajouter plusieurs éléments. Par exemple, il faudrait tout d'abord que l'enseignant qui choisi la phrase (qui représente le Christ) répète à tous les élèves plusieurs fois sa phrase publiquement, car c'est ce que Jésus a fait en premier lieu pendant environ 3 ans. Ensuite, l'enseignant devrait se choisir des représentants dans le groupe d'élèves, qui s'assureront de la fidélité de la transmission de la phrase (qui représentent les Apôtres choisis par Jésus). Ensuite, l'enseignant devrait quitter la pièce (Ascension). Par la suite, ses représentants feraient la transmission de la phrase sous forme de lectures publiques répétées (qui représente les célébrations chrétiennes où les textes du Nouveau Testament étaient lus) et se chargeraient de corriger les élèves qui tentent de falsifier la phrase. Par la suite, les élèves qui ont entendus les lectures pourraient les répétées à d'autre élèves qui pourraient eux-aussi avoir accès au lectures publiques des représentants (qui se poursuivrait toujours) et ainsi pourraient vérifier la précision de la phrase qu'ils ont reçue. Si vous ajoutez à cela que chaque représentants devraient être prêt à mourir à la fin du jeu plutôt que de falsifier la phrase qu'ils ont répétée, vous auriez une analogie semblable à la réalité des premiers chrétiens qui ont transmis cette tradition orale. Bien sûr, même cet exemple ne peut pas représenter parfaitement tous les facteurs de cette transmission, mais vous vous rendez bien compte qu'avec ce genre de conditions, il y a peu de chance que la phrase ne soit pas fidèlement transmisse, à tout le moins pour une très grande majorité des participants. Je crois donc que ce mode de transmission, choisi et commandé par Jésus-Christ, a réussit sa mission (Mt 28,19-20).

Pour terminer cet article, je termine par deux phrases tirées des lettres de Saint Paul :
Dès lors, frères, tenez bon, gardez fermement les traditions que vous avez apprises de nous, de vive voix ou par lettre. (2 Th 2, 15)
Je vous félicite de ce qu'en toutes choses vous vous souvenez de moi et gardez les traditions comme je vous les ai transmises. (1 Co 11, 2)
Les sacrements sont des signes visibles du don gratuit (la grâce) de Dieu, institués par le Christ et confiés à l'Église. Cela est la définition des sacrements que nous donne l'Église. Il est toujours intéressant de pouvoir constater qu'il y a plus de 1500 ans, Saint-Augustin donnait aussi un enseignement semblable à ses catéchumènes (personne qui s'instruit des vérités de la Foi désirant recevoir le baptême).

Voici un extrait tiré du Traité du Catéchisme de Saint-Augustin :

CHAPITRE XXVI. EXPLIQUER LA SIGNIFICATION DES SACREMENTS. 
50. Après ces paroles, on doit demander au postulant s’il croit ces vérités et s’il désire y conformer sa conduite. Sur sa réponse affirmative, on le marquera solennellement du sceau sacré, et on le traitera comme le fait l'Église. A propos du sacrement qui lui est conféré, on lui fera comprendre avec soin que si les signes des grâces divines sont visibles on honore dans ces signes d’invisibles réalités, et qu’une fois sanctifiée par la bénédiction cette matière ne peut plus servir comme une matière profane. On expliquera ensuite et le sens des paroles sacramentelles et les effets produits intérieurement et analogues à la matière du sacrement. 
Il m'est arrivé souvent de pouvoir lire sur des documents chrétiens issus de la Réforme que le concile Catholique de Trente au 16e siècle avait ajouté 7 livres ou parties de livres au canon des Écritures qui composent la Bible. Cet enseignement me semble faux. C'est surtout sous l'influence de Martin Luther, un personnage important de la Réforme au 16e siècle, que ces livres ou parties de livres ont été rangés parmi les apocryphes (non-inspirés) pour être par la suite souvent complètement retranchés de la Bible. Les sept livres en questions sont les livres complets de Judith, Tobie, Sagesse, Ecclésiastique (aussi appelé Siracide), Baruch, 1 Macchabées et 2 Macchabées. Il y a aussi les portions rédigées en grecs d'Esther et de Daniel.

En plus des nombreux conciles qui ont eu lieu au 4e et 5e siècles (Hippone, Carthage...), un des témoignage des plus significatif que nous avons de ce fait se situe dans un texte de Saint-Augustin qui a vécu lui aussi à cette période où il énumère les livres du canon et donnes aussi des pistes de la réflexion qui a mener à ce canon. Vous verrez que vous ne verrez pas le livre de Baruch dans cette liste car il était à l'époque souvent fusionné avec le livre de Jérémie (Baruch était son secrétaire).

Voici l'extrait de Saint-Augustin, datant d'environ mille ans avant la Réforme :

CHAPITRE VIII. LIVRES CANONIQUES. 
12. Revenons maintenant au troisième degré, dont nous nous sommes proposé de traiter spécialement, suivant les lumières qu'il plaira à Dieu de nous accorder. La règle la plus sage à suivre pour pénétrer dans les profondeurs des divines Écritures, est de commencer par les lire tout entières afin d'en acquérir au moins la connaissance que peut en donner cette lecture, si l'on n'arrive pas encore à les comprendre. On se bornera d'abord à celles qui sont réputées canoniques. Il y aura moins de danger à lire les autres, lorsqu'on sera instruit des vérités de la foi; il serait à craindre que, s'emparant d'un esprit encore faible, et le prévenant de leurs fables et de leurs dangereuses erreurs, elles ne lui inspirassent des préjugés contraires à une saine interprétation. 
Pour les Écritures canoniques, on suivra l'autorité du plus grand nombre des Églises catholiques, au premier rang desquelles on devra mettre celles qui ont eu le privilège d'être le siège des apôtres et d'en recevoir des lettres. On aura pour principe et pour règle en cette matière, de préférer celles que reçoivent toutes les Églises catholiques à celles qui sont rejetées de quelques-unes; et parmi celles que toutes les Églises n'admettent pas, on préférera celles que reçoivent des Églises plus nombreuses et plus considérables, à celles qui n'ont l'assentiment que de quelques Églises de moindre autorité. Si l'on rencontre certains livres admis par un plus grand nombre d'Églises, et d'autres par des Églises plus considérables, circonstance d'ailleurs difficile à se produire, je pense qu'on doit leur reconnaître le même degré d'autorité. 
13. Le canon entier des Écritures, auquel se rapportent les considérations que nous venons d'exposer, se compose des livres suivants : les cinq livres de Moïse : la Genèse, l'Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome; le livre de Josué, le livre des Juges, le petit livre de Ruth, qui semble plutôt faire partie du commencement de l'histoire des Rois, et les deux livres des Paralipomènes, qui sont, non une suite dés précédents, mais comme des suppléments qui en suivent l'ordre et la marche. Tels sont les Livres historiques, où les époques s'enchaînent les unes aux autres, et où se déroule la suite naturelle des évènements. Il en est d'autres dont les faits n'ont aucun lien qui les rattache à cet ordre naturel ni entre eux. Ce sont les livres de Job, de Tobie, d'Esther, de Judith, les deux livres des Macchabées, et les deux livres d'Esdras, qui semblent plutôt continuer l'histoire suivie des livres des Rois ou des Paralipomènes. Viennent ensuite parmi les prophètes, le livre des psaumes de David, les trois livres de Salomon : les Proverbes, le Cantique des Cantiques et l'Ecclésiaste. Une certaine ressemblance de forme et de style a fait attribuer à Salomon les deux livres de la Sagesse et de l’Ecclésiastique, mais une tradition constante leur donne pour auteur Jésus Sirach ; toutefois l'autorité qu'on leur a reconnue dans l'Église doit les faire ranger au nombre des livres prophétiques. Les autres livres sont ceux des prophètes proprement dits; les livres des douze prophètes qu'on n'a jamais séparés ne forment ensemble qu'un seul livre. Ces prophètes sont Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habacuc, Sophonie, Aggée, Zacharie, Malachie. Ensuite les quatre livres des quatre grands prophètes, Isaïe, Jérémie, Daniel et Ezéchiel. Tels sont les quarante-quatre livres qui font autorité dans l’Ancien Testament. Le Nouveau comprend les quatre livres de l'Évangile selon Mathieu, selon Marc, selon Luc et selon Jean; les quatorze épîtres de l'apôtre Paul une aux Romains, deux aux Corinthiens, une aux Galates, une aux Éphésiens, une aux Philippiens, deux aux Thessaloniciens, une aux Colossiens, deux à Timothée, une à Tite, une à Philémon et une aux Hébreux; deux épîtres de saint Pierre, trois de saint Jean, une de saint Jacques, le livre des Actes des apôtres, le livre de l'Apocalypse de saint Jean. 

Source : De la doctrine chrétienne, Œuvres complètes de Saint-Augustin, traduites pour la première fois en français sous la direction de M. Raulx, Tome IV, p. 23-24. BAR-LE-DUC,1866.
LA FOI SANS LES ŒUVRES NE SUFFIT PAS POUR ÊTRE SAUVÉ.

Arrivons donc à cette erreur que doivent rejeter toutes les âmes chrétiennes, si elles ne veulent perdre, la félicité éternelle en se berçant de la fausse opinion que la foi suffit pour la conquérir, et qu'il ne faut s'inquiéter ni de bien vivre ni de marcher par le sentier des bonnes œuvres dans la voie du Seigneur. A l'époque même des Apôtres, on se fonda sur quelques passages un peu Meurs et mal interprétés de saint Paul pour lui prêter cette pensée : « faisons le mal afin qu'il en arrive un bien, » par ce qu'il avait dit ailleurs : « La loi qui a suivi le péché d'Adam, n'a fait qu'augmenter les transgressions : mais où le péché avait abondé la grâce a encore abondé davantage. » Ce texte s'applique à ceux qui, après avoir reçu la Loi avec une confiance orgueilleuse dans leurs forces , n'ont pas imploré avec une foi sincère la grâce divine, pour triompher des désordres de la concupiscence, et se sont chargés , en transgressant la Loi, d'iniquités plus graves et plus multipliées sous le poids de cette lourde responsabilité, ils ont eu recours à la foi pour attirer sur eux  la miséricorde qui pardonne et le secours du Dieu qui a fait le ciel et la terre; ils ont voulu ainsi, sous l'inspiration de la charité répandue dans leurs cœurs par le Saint-Esprit, accomplir avec amour tous les préceptes qui combattent la concupiscence du inonde, selon la prédiction du Psalmiste : «Leurs faiblesses se sont multipliées ; ils ont redoublé d'ardeur. » Lors donc que l'Apôtre avance qu'un homme peut-être justifié sans les pratiques extérieures de la loi, sa pensée n'est pas de condamner les actes de justice accomplis après qu'on a reçu et confessé la foi, mais d'apprendre aux chrétiens qu'on peut être sauvé par la foi, quand même on n'aurait pas auparavant pratiqué la loi. Les œuvres sont la conséquence de la justification, elles n'en sont pas le principe. Tout développement sur ce point serait inutile dans cet ouvrage, surtout après que j'ai consacré à cette question même un traité assez long qui a pour titre : De la Lettre et de l'Esprit. En voyant naître cette opinion, les Apôtres Pierre, Jean, Jacques et Jude, s'élèvent contre elle dans leurs lettres avec la plus grande énergie et déploient toutes leurs fores pour établir que la foi sans les œuvres est inutile. Paul lui-même entend par la foi, non une croyance quelconque en Dieu, mais cette croyance solide et vraiment évangélique qui, par la charité, devient une source de bonnes œuvres . «La foi, dit-il, opère par la charité. » Pour la foi qui, selon quelques-uns, suffit au salut, il affirme qu'elle ne sert de rien, avec tant de force qu'il s'écrie : « Quand j'aurais une foi assez parfaite pour transporter les montagnes, si je n'ai pas la charité, je ne suis rien. » Pour bien vivre, il faut que la charité d'accord avec la foi opère. « Car toute la loi est renfermée dans la charité. »

À cette polémique se rattache manifestement un passage de saint Pierre, dans cette seconde Épître où il recommande une pureté irréprochable de mœurs, et prédit que le monde est destiné à périr et qu'il faut attendre de nouveaux cieux et une nouvelle terre qui deviendront le séjour des justes, voulant par là avertir les fidèles ne se rendre dignes de cette demeure parla sainteté de leur vie. Sachant donc que certaines esprits faux profitaient de quelques endroits difficiles des lettres de l'Apôtre, saint Paul pour vivre dans l'indifférence de la morale, comme s'ils étaient assurés de leur salut par la seule vertu de la foi, saint Pierre dit qu'il y avait dans les lettres de son frère certains endroits difficiles à entendre, que des hommes ignorants détournaient de leur acception, aussi bien que les autres Écritures, pour leur propre ruine : car saint Paul pensait, comme tous les apôtres, que le salit éternel ne pouvait être obtenu qu'à la condition de bien vivre. Voici comment s'exprime saint Pierre : «Puisque toutes ces choses doivent périr, quelle ne doit pas être la sainteté de votre vie et de vos actions, en attendant et même en hâtant par vos désirs l'avènement du jour du Seigneur, du jour où le ciel en feu sera dissous et où les éléments seront tondus par la violence des flammes ? Car nous attendons;selon les promesses de nouveaux cieux et une nouvelle terre où le juste habitera. C'est pourquoi, mes bien-aimés, dans l'attente de ces choses, faites en sorte que le Seigneur vous trouve purs, irréprochables et dans la paix ; et «croyez que la longue patience de Notre-Seigneur est pour votre bien. C'est dans le même sens que Paul notre bien-aimé frère vous a écrit, selon la sagesse qui lui a été donnée, ainsi qu'il le fait dans toutes les lettres où il parle du même sujet. Dans ces lettres il y a quelques endroits difficiles à entendre, et des gens ignorants et superficiels les détournent de leur véritable sens, aussi bien que les autres écritures, pour leur propre ruine. Vous donc, mes bien-aimés, qui êtes avertis, soyez sur vos gardes, de peur qu'entraînés par l'erreur de ces malheureux vous ne veniez à déchoir de l'état solide et ferme où vous  êtes. Croissez au contraire dans la grâce et dans  la connaissance de Jésus-Christ Notre-Seigneur  et notre Sauveur. A lui soit la gloire, maintenant et jusqu'au jour de l'éternité. »

Quant à Jacques il. a tant d'aversion pour ceux qui croient que la foi peut sauver sans les œuvres, qu'il les compare aux démons : « Vous croyez, dit-il, qu'il n' y a qu'un seul Dieu et vous faites bien. Les démons le croient aussi et tremblent. » Pouvait-on dire rien de plus court, de plus juste, de plus énergique ; car nous lisons dans l'Évangile que les démons rendirent à Jésus le même témoignage et qu'il reprit dans leur bouche ce qu'il approuva dans celle de Pierre. « Que servira à quelqu'un, dit saint Jacques, de dire qu'il a la foi, s'il n'a pas les œuvres? La foi pourra-t-elle le sauver? » Et il ajoute : « La foi sans les œuvres est morte. » Quelle n'est donc pas l'erreur de ceux qui font reposer sur une foi morte l'espérance de la vie éternelle? 

Source : Oeuvres Complètes de Saint Augustin, Traduites pour la première fois en français, sous la direction de M. Raulx, Tome Vème, Commentaires sur l'Écriture, Bar-Le-Duc, L. Guérins & Cie éditeurs, 1867. p. 562-564 

CITE DU VATICAN, 3 sept 2010 (AFP) - Benoît XVI dénonce "un fort courant laïciste qui veut supprimer Dieu"

"Il y a un fort courant "laïciste" qui veut supprimer Dieu de la vie des personnes et de la société, projetant et tentant de créer un "paradis" sans lui", affirme Benoît XVI dans un texte publié par le service de presse du Vatican, en vue des 26es Journées mondiales de la jeunesse, où il appelle l'Europe à "retrouver ses racines chrétiennes".

"La culture actuelle, dans certaines régions du monde, surtout en Occident, tend à exclure Dieu ou à considérer la foi comme un fait privé, sans aucune pertinence pour la vie sociale", insiste-t-il, dénonçant une "sorte d'éclipse de Dieu, une certaine amnésie, voire un réel refus du christianisme", avec un "risque de perdre sa propre identité profonde".

Pour Benoît XVI, au contraire, "toutes les valeurs qui fondent la société proviennent de l'Évangile, comme le sens de la dignité de la personne, de la solidarité, du travail et de la famille". "L'expérience enseigne qu'un monde sans Dieu est un "enfer" où prévalent les égoïsmes, les divisions dans les familles, la haine entre les personnes et les peuples, le manque d'amour, de joie et d'espérance."

Il regrette d'ailleurs qu"il y ait "des chrétiens qui se laissent séduire par le mode de penser laïciste" ou qui "ont simplement laissé refroidir leur foi dans le Christ, ce qui a d'inévitables conséquences négatives sur le plan moral".

Le pape critique aussi "le relativisme ambiant, qui consiste à dire que tout se vaut et qu'il n'y a aucune vérité ni aucun repère absolu", estimant qu'il engendre "instabilité, déception [et] conformisme aux modes du moment".

"Chers jeunes, l'Église compte sur vous ! Elle a besoin de votre foi vivante, de votre charité créative et du dynamisme de votre espérance", conclut le pape dans la perspective de ces journées organisées autour du thème "Enracinés et fondés en Christ, affermis dans la foi".