Cet article est un résumé de l’article intitulé «Théologie spirituelle*» qui est paru dans le dictionnaire de la vie spirituelle écrit par Giovanni Moioli, prêtre et théologien catholique. Il a obtenu son diplôme en théologie en 1958 et a été nommé directeur spirituel du séminaire de Milan en 1956. Il a fait la promotion de la théologie spirituelle qui, selon lui, devrait être considérée comme l'enseignement authentique de la vie chrétienne.

I. L'histoire de la théologie comme base nécessaire pour comprendre le véritable problème de la théologie spirituelle
Pour bien comprendre cette nouvelle branche de la théologie, il est utile de comprendre le fond historique sur laquelle elle a fait irruption. Jusqu’au XIIe siècle, la théologie ne comportait pas vraiment de disciplines distinctes car elle était basée principalement sur les quatre sens de l'Écriture qui leur procuraient une certaine unité. Par la suite, on a vu émerger un certain questionnement sur la nature même du savoir de la foi qui peut se résumer en ces termes : «Jusqu'à quel point le savoir de la foi peut être intelligible par la raison sous forme de critique ou de recherche ?»

Ce rapport tendu entre la foi et l'intelligence de la foi poussera certains théologiens vers la dialectique et ils limiteront la théologie au contenu objectif de la foi. Au fil du temps, cela contribuera à assécher la théologie. D'autre part, d’autres critiqueront cette approche en se tenant volontairement en dehors de ce courant intellectuel et mettront plus d'emphase sur l'appropriation personnelle de la foi. Plus le temps avançait, on a dû accepter que la séparation entre le savoir et le vécu était déjà réalisée car même lorsque la théologie prétendait laisser une place à la foi vécue, cela était bien souvent que pour la réduire à valider ou à discerner les donnés dogmatiques de l’intelligence de la foi. De plus, ce premier courant plus spirituel n'avait pas tout à fait compris que sa valeur propre se trouvait dans la nature même de la foi.

II. La théologie spirituelle dans ses récents développements
C’est dans ce cadre historique qu’émergera vers la fin du XIXe siècle un mouvement mystique qui était caractérisé par l’exigence de retrouver les notions dogmatiques (grâce, sacrements, liturgie), pour ensuite se tourner vers l’expérience mystico-contemplative vécue ou à atteindre.

L'Église institutionnelle a aussi participé à cet essor tel qu'en témoigne la création d'une chaire spécialisée dans les facultés de théologie par le pape Pie XI. Cette tentative qui devait enseigner l'ascèse et la mystique n'a malheureusement pas eu toute la valeur et la portée escomptées. Cependant, cela a eu le mérite de contribuer à la production de matériel scolastique et cela a ainsi poussé plus loin la réflexion relative au discours et à la méthodologie propre à cette nouvelle théologie

III. Problèmes et contenus fondamentaux du «nouvel» enseignement et du «nouveau» manuel
a) Le premier problème de cette théologie était qu'il fallait d'abord déterminer si la mystique n'était que la progression normale de l'ascèse ou si elles étaient séparées par un réel fossé qualitatif. Comme on ne voulait pas créer deux chaires de théologie, on a opté pour un terme biblique qui pouvait réunir ces deux réalités sous la désignation «spirituelle». D'autre part, il fallait aussi déterminer en quoi ce discours se distinguerait du discours dogmatique de l'anthropologie théologique et du discours moral de la perfection
.
b) Il fallait aussi tenir compte de différentes positions qui étaient déjà exprimées par deux revues importantes autour des années 1920. Le premier point de vue, exprimé par les dominicains et présenté dans leur revue «La Vie spirituelle» avait une orientation plus spéculative et déductive. Le deuxième point de vue, exprimé dans la «Revue d'ascétique et de mystique», se voulait une sorte de méthode composite cohabitant avec les sciences historico-empiriques.

c) Cette nouvelle discipline voulait se situer dans l’aspect pratique de la théologie, ce qui la plaçait dans la même catégorie que la morale. Malgré qu’il était assez facile de la distinguer par rapport à la morale casuistique, il lui était plus difficile de délimiter son champ d’étude en rapport au discours moral de la perfection. Une première tentative avait été élaborée par Vermeersch qui la présentait comme un art de la perfection chrétienne et il y a eu aussi une tentative de J. Maritain qui voulait mettre en évidence une approche plus spéculative du savoir pratique en incluant la casuistique des moralistes.

d) Il y eu aussi le théologien A. Stolz qui demandait une plus grande rigueur à ceux qui étudiaient la théologie spirituelle. Il les questionnait à savoir s'il était possible de développer un discours et une méthodologie basés à la fois sur le phénomène et la psychologie tout en résistant toutefois à le rendre totalement objectif. Une réponse à ces questions a été esquissée par Gabriel de Sainte-Marie-Madeleine qui proposait des critères de discernement et des caractéristiques obtenus par des réflexions faites à postériori de l'expérience spirituelle.

e) Deux théologiens ont proposé des réponses qui allaient dans cette direction. Tout d'abord J. Mouroux qui a démontré que l'étude de l'expérience religieuse chrétienne était légitime et avait une typologie propre. Ensuite, H.U. Von Balthasar, qui proposera une phénoménologie théologique concrète de la sainteté considérée comme le lieu de la foi vécue et assumée. Malgré qu'aucune de ces  approches n'ont été représentés dans les manuels officiels de théologie spirituelle, le questionnement de ces deux théologiens ne se limitait pas à la théologie spirituelle mais il remettait en cause aussi la théologie dogmatique telle qu'on la pensait depuis des siècles.

IV. Conclusion : la «théologie spirituelle» comme problème de la théologie
À la lumière de l'étude de l'histoire et des rebondissements de la théologie et du manuel, nous voyons se clarifier la direction de la théologie spirituelle. Elle devra pouvoir composer autant avec la complémentarité que les tensions entre la fides quae et fides qua. Il est aussi intéressant d'entrevoir la perspective qu'en développant la théologie spirituelle, nous sommes aussi sur le point de faire une synthèse complète de l'opération théologie.

Giovanni Moioli, « Théologie spirituelle », Dictionnaire de la vie spirituelle, Paris, Cerf, 1983, p. 1120-1127.
Si vous avez regardez les nouvelles en fin de semaine, c’était le genre de titre que nous offrait la plupart des journaux et des sites web. Je n’irai pas par quatre chemins, ce titre est, au mieux, une tentative de confusion.

Voici le passage en question, tiré d’une interview du Pape, réalisée entre le 26 et le 31 juillet par le journaliste Castel Gandalfo. Ces interviews seront bientôt publiées sous forme de livre sous le titre « Lumière du monde ».

Question du journaliste : «l'Église catholique n'est pas fondamentalement contre l'utilisation de préservatifs?»,
Le pape répond, selon la version originale allemande dont dispose l'AFP: «dans certains cas, quand l'intention est de réduire le risque de contamination, cela peut quand même être un premier pas pour ouvrir la voie à une sexualité plus humaine, vécue autrement».
Le pape donne un seul exemple, celui d'un «homme prostitué», considérant que «cela peut être un premier pas vers une moralisation, un début de responsabilité permettant de prendre à nouveau conscience que tout n'est pas permis et que l'on ne peut pas faire tout ce que l'on veut »
Il ajoute ensuite :
«Se polariser sur le préservatif signifie une banalisation du sexe et c'est exactement le danger que beaucoup de gens considèrent le sexe non plus comme une expression de leur amour, mais comme une sorte de drogue, qu'ils s'administrent eux-mêmes»

Si vous avez déjà traité d’une question morale, voici ce que vous devriez comprendre. Il n’est aucunement ici question d’accepter comme moralement bon l’usage du préservatif comme moyen de contraception. Il n’est ici question que du principe du moindre mal, où un acte moralement illicite a été décidé d’être commis et où on tente malgré tout de faire moins de dommage. C’est cela qui, selon ce que décrit le Pape, est un premier pas vers une vie moralement bonne.

Je vais volontairement m’écarter du sujet de la contraception pour faire un exemple, car la contraception est un sujet où il est souvent plus difficile d’y voir clair. D’une part parce que c’est un sujet chaud et aussi parce que beaucoup de catholiques y sont déjà « mouillés ».

Si je prends par exemple l’exemple d’un voleur qui a décidé de voler une banque. Il est préférable qu’il n’utilise pas d’arme pour le faire afin d’éviter des pertes de vie humaines. Ce refus d’utiliser une arme peut être, de sa part, un premier pas vers une moralisation au fait qu’à partir de cette décision de ne pas utiliser d’arme, il a au moins franchit un premier pas dans la conscience morale qui lui fait réaliser que la vie humaine vaut plus que des billets de banque.

Cependant, si on traduit cela par on peut voler une banque sans arme "dans certain cas" cela n’est pas exact car il n’est jamais permis de voler une banque. Le titre peut donc porter à confusion et faire croire aux catholiques qu’ils peuvent utiliser le condom à des fins contraceptives et faire un acte moralement bon et cela est faux. Si, en tant que chrétien, votre vie morale ne se limite qu’à ce principe de moindre mal, je vous invite à progresser davantage dans la moralité afin que vos action soit moralement bonne et non seulement une action moralement mauvaise moins dommageable. Un autre problème de cette sortie hâtive des médias est que le livre n’est pas encore sorti et on ne peut pas vérifier tout le contexte de cette citation.

S’il y a une chose que je déplore avant tout dans ce genre de manœuvre, c’est la confusion que cela engendre. C’est une chose de recevoir un enseignement et d’avoir de la difficulté à y conformer sa vie, mais c’en est une autre de tenter de malmener un enseignement pour confondre et de décevoir les autres en et ainsi priver les autres de la vérité.
De nos jour, le culte des chrétiens est très varié. Du rituel bien encadré aux homélies improvisées, on peut se demander comment les premiers chrétiens célébraient. Une des descriptions la plus primitive du culte chrétien nous vient de Justin le martyre, un philosophe converti au christianisme qui a écrit dans sa première apologie une défense en faveur des chrétiens. Je voulais donc partager avec vous une description du culte qu'il vivait avec sa communauté. Tout cela autour de l'an 150, il y a plus de 1850 ans.

Extrait de la première apologie de Justin:


65. Revenons à nous. Quand celui qui s'est associé à notre foi et à notre croyance a reçu
l'ablution dont nous avons parlé plus haut, nous le conduisons dans le lieu où sont rassemblés
ceux que nous nommons nos frères. Là commencent les prières ardentes que nous faisons
pour l'illuminé, pour nous-mêmes et pour tous les autres, dans l'espoir d'obtenir, avec la
connaissance que nous avons de la vérité, la grâce de vivre dans la droiture des œuvres et
dans l'observance des préceptes, et de mériter ainsi le salut éternel. Quand la prière est
terminée, nous nous saluons tous d'un baiser de paix; ensuite on apporte à celui qui est le chef
des frères; du pain, de l'eau et du vin. Il les prend et célèbre la gloire et chante les louanges du
Père de l'univers, par le nom du Fils et du Saint-Esprit, et fait une longue action de grâces,
pour tous les biens que nous avons reçus de lui. Les prières et l'action de grâces terminées,
tout le peuple s'écrie: Amen! Amen, en langue hébraïque, signifie, ainsi soit-il. Quand le chef
des frères a fini les prières et l'action de grâces, que tout le peuple y a répondu, ceux que nous
appelons diacres distribuent à chacun des assistants le pain, le vin et l'eau, sur lesquels les
actions de grâces ont été dites, et ils en portent aux absents.


66. Nous appelons cet aliment Eucharistie, et personne ne peut y prendre part, s'il ne croit la
vérité de notre doctrine, s'il n'a reçu l'ablution pour la rémission de ses péchés et sa
régénération, et s'il ne vit selon les enseignements du Christ. Car nous ne prenons pas cet
aliment comme un pain ordinaire et une boisson commune. Mais de même que, par la parole
de Dieu, Jésus-Christ, notre Sauveur, ayant été fait chair, a pris sang et chair pour notre salut;
de même aussi cet aliment, qui par l'assimilation doit nourrir nos chairs et notre sang, est
devenu, par la vertu de l'action de grâces, contenant les paroles de Jésus-Christ lui-même, le
propre sang et la propre chair de Jésus incarné: telle est notre foi. Les apôtres, dans leurs
écrits, que l'on nomme Évangiles, nous ont appris que Jésus-Christ leur avait recommandé
d'en agir de la sorte, lorsque ayant pris du pain, il dit: "Faites ceci en mémoire de moi: ceci est
mon corps; "et semblablement ayant pris le calice, et ayant rendu grâces: "Ceci est mon sang,
"ajouta-t- il; et il le leur distribua à eux seuls. Les démons n'ont pas manqué d'imiter cette
institution dans les mystères de Mithra; car on apporte à l'initié du pain et du vin, sur lesquels
on prononce certaines paroles que vous savez, ou que vous êtes à même de savoir.


67. Après l'assemblée, nous nous entretenons les uns les autres dans le souvenir de ce qui s'y
est passé. Si nous avons du bien, nous soulageons les pauvres et nous nous aidons toujours; et
dans toutes nos offrandes, nous louons le Créateur de l'univers par Jésus-Christ son Fils et par
le Saint-Esprit. Le jour du soleil, comme on l'appelle, tous ceux qui habitent les villes ou les
campagnes se réunissent dans un même lieu, et on lit les récits des apôtres ou les écrits des
prophètes, selon le temps dont on peut disposer. Quand le lecteur a fini, celui qui préside fait
un discours pour exhorter à l'imitation de ces sublimes enseignements. Ensuite nous nous
levons tous et nous prions; et, comme nous l'avons dit, la prière terminée, on apporte du pain,
du vin et de l'eau, et celui qui préside fait les prières et les actions de grâces avec la plus
grande ferveur. Le peuple répond: Amen, et la distribution et la communion générale des
choses consacrées se fait à toute l'assistance; la part des absents leur est portée par les diacres.
Ceux qui sont dans l'abondance et veulent donner, font leurs largesses, et ce qui est recueilli
est remis à celui qui préside, et il assiste les veuves, les orphelins, les malades, les indigents,
les prisonniers et les étrangers: en un mot, il prend soin de soulager tous les besoins. Si nous
nous rassemblons le jour du soleil, c'est parce que ce jour est celui où Dieu, tirant la matière
des ténèbres, commença à créer le monde, et aussi celui où Jésus-Christ notre Sauveur
ressuscita d'entre les morts; car les Juifs le crucifièrent la veille du jour de Saturne, et le
lendemain de ce jour, c'est-à-dire le jour du soleil, il apparut à ses disciples, et leur enseigna
ce que nous avons livré à vos méditations.

Si on regarde attentivement ce témoignage, il ne fait aucun doute que Justin allait à une culte qui ressemble de très près à la Messe catholique. Les prière d'action de grâce, le rôle des ministres, le pain et le vin qui deviennent Corps et du Sang du Christ, les paroles de la consécration, les chants de gloire et de louange à la Trinité, se réunir le jour du soleil (dimanche), la communion. Cet homme allait vraiment à la même Messe que celle que je suis allé dimanche dernier.