Lorsque l’on débat de la question de l’avortement avec des gens qui sont pour l’avortement (position dite pro-choix), il y a un argument central que l’on retrouve dans presque tous les discours pro-vie. Il peut se résumer ainsi :

  1. Un fœtus est un être humain
  2. Les êtres humains ont droit à la vie
  3. Donc l’avortement est un meurtre.

Cet argument est fondamental pour la position pro-vie, mais en pratique le débat ne s’arrête presque jamais là. Il y a plusieurs objections qui peuvent être présentées par les gens qui sont pour l’avortement pour tenter de le réfuter. Dans cet article, je voulais en présenter quatre qui reviennent constamment, accompagné d’une proposition de réponse « pro-vie ». Vous serez donc mieux équipé pour répondre à ces objections la prochaine fois qu’elles se présenteront.

1. Un fœtus ne peut pas survivre par lui-même, car est entièrement dépendant du corps de sa mère, ce qui n’est pas le cas d’un être humain 

Bien curieusement, cet argument prouve ce qu’il doit pourtant réfuter : un fœtus est un être bel et bien vivant. Par exemple, l’affirmation « une roche ne peut survivre par elle-même » ne fait aucun sens précisément parce qu’une roche n’est pas vivante.

Le fait de dire qu’un fœtus n’est pas vivant parce qu’il a besoin des nutriments que lui apporte sa mère est très inconsistant. Par exemple, si je laisse un enfant de 2 ans seul dans la forêt sans nourriture, il mourra probablement au bout de quelques jours. Il ne peut donc pas survire par lui-même, mais cela ne prouve absolument pas qu’il n’est pas vivant ou qu'il n'est pas humain.

2. Même si un fœtus est vivant, le droit à la vie n’implique pas le droit d’utiliser le corps d’un autre. Par exemple, les gens ont le droit de refuser de donner leur organe, même si cela pourrait permettre de sauver la vie d’un autre. 

L’obligation morale envers les parents et les enfants n’est pas la même que celle envers les autres. Par exemple, les parents ont le devoir de donner de la nourriture à leur enfant. S’ils ne le font pas, ils auront commis un crime horrible en laissant mourir leur enfant de faim. Il y a une obligation morale entre les parents et les enfants du fait que leurs enfants sont dépendants d’eux. Vous devez nourrir vos enfants, mais vous n’êtes pas tenu de nourrir tous les enfants du quartier où vous demeurez.

C’est la même différence entre l’obligation de nourrir votre enfant (même dans le ventre de sa mère) et celle de donner un rein à votre voisin. Le deuxième est certainement louable, mais le premier est un devoir moral.

3. Le droit à la vie n’implique pas le droit de menacer la vie d’un autre. Porter un enfant est une menace pour la vie de la mère.

Il est vrai que les décès par complications de grossesse sont parmi les causes de décès les plus importantes chez les femmes de moins de 35 ans, mais cet argument ne fait que jouer sur les mots. Ce n’est pas parce que la vie de la mère est menacée que l’enfant menace la vie de la mère.

Légalement parlant, une menace est une déclaration faite par une personne quant à ses intentions de nuire ou de blesser une autre personne. Le fœtus dans le ventre de sa mère ne fait pas ce genre de déclaration et il n’a pas l’intention de nuire ou de tuer sa mère. Par exemple, ne pas faire cette distinction dans le monde médical reviendrait à vouloir tuer tous ceux qui sont porteurs de maladies contagieuses incurables sous prétexte qu’ils menacent la vie des autres.

4. Le droit à la vie est aussi le droit de ne pas avoir la volonté de quelqu’un d’autre imposée sur votre corps. Pourquoi les femmes n’auraient-elles pas elles aussi ce droit pendant la grossesse?

Le droit à la vie n’est pas le droit de ne pas avoir la volonté de quelqu’un d’autre imposée sur notre corps. La Charte canadienne des droits et libertés dit que « Chacun a droit à la vie, à la liberté et à la sécurité de sa personne; il ne peut être porté atteinte à ce droit qu'en conformité avec les principes de justice fondamentale. ». En fait, il n’y a aucun droit fondamental à ne pas avoir la volonté de quelqu’un d’autre imposée sur votre corps.

Mais imaginons pour un instant que ce droit existait, ne trouvez-vous pas que la façon la plus dramatique de violer ce droit serait que quelqu’un vous tue pendant que vous être dans le ventre de votre mère contre votre volonté?

Conclusion

En fait, j’ai bien peur que le véritable argument pro-choix qui se cache derrière tous les autres est le suivant : Un fœtus est plus faible et plus dépendant qu’une personne adulte, donc nous, les adultes, nous décidons de pouvoir en faire ce que nous voulons.

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Demain, le 15 août, tous les chrétiens catholiques ou orthodoxes des quatre coins du monde fêteront l’Assomption. Que fêtons-nous au juste?

Que fêtons-nous pendant la fête de l’Assomption?

Le dogme de l'Assomption de la Vierge Marie a été proclamé par le pape Pie XII, le 1er novembre 1950, dans la Constitution Apostolique « Munificentissimus Deus ». En voici la définition :

« Nous affirmons, Nous déclarons et Nous définissons comme un dogme divinement révélé que l'immaculée mère de Dieu, Marie toujours vierge, une fois achevé le cours de sa vie terrestre, a été assumée (ou élevée) corps et âme à la gloire céleste ».

Cette proclamation du pape ne s’est pas faite sans avoir préalablement consulté l’ensemble des évêques. Devant la réponse très positive des évêques du monde entier, le pape a alors affirmé que l’Assomption de la Vierge Marie fait partie de « l’enseignement unanime du magistère ordinaire de l’Église et la croyance unanime du peuple chrétien ». L’Assomption de la Vierge Marie est aussi fêtée dans les Églises orthodoxes sous le nom de « Dormition de la Sainte Mère de Dieu ».

Depuis quand fêtons-nous l’Assomption?

La Dormition de la Sainte Mère de Dieu était déjà fêtée depuis le VIe siècle en orient. On pouvait d’ailleurs trouver une église de la Dormition à Jérusalem à cette époque. La Dormition se fêtait alors autour de la mi-janvier, jusqu’à ce que Maurice (empereur de Constantinople de 582 à 602) en fixe la date au 15 août.

Vers 594, Grégoire de Tours (l’évêque de Tours, une ville de France) fut le premier théologien à proposer une théologie de l’Assomption de la Vierge Marie. Cette théologie sera ensuite confirmée par les grands théologiens du XIIIe siècle comme saint Thomas d’Aquin et saint Bonaventure.

En occident, c’est le pape Théodore 1er (qui fut pape de 642 à 649), lui-même natif de Constantinople (en orient), qui apporta la fête à Rome (en occident) et c’est autour de l’an 770 que l’on nomma cette fête : Assomption de la Vierge Marie.

Peut-on trouver l’Assomption de la Vierge Marie dans la Bible?

L’Ancien Testament mentionne l’assomption de deux personnes dans l’Ancien Testament. Le premier est Énoch où on nous dit dans Genèse 5, 24 qu’« Hénoch marcha avec Dieu, et on ne le vit plus, car Dieu l'avait pris ». Son sort n’est donc pas très claire dans la Genèse, mais l’Épître aux Hébreux nous éclaire davantage : « C'est par la foi qu'Hénoch fut enlevé sans qu'il eût subi la mort : on ne le trouva plus, parce que Dieu l'avait enlevé; car avant cet enlèvement, il avait reçu ce témoignage qu'il avait plu à Dieu » (Hébreux 11, 5).

La deuxième personne est le prophète Élie. On dit dans 2 Rois 2, 11 : « Ils continuaient de marcher en s'entretenant, et voici qu'un char de feu et des chevaux de feu les séparèrent l'un de l'autre, et Elie monta au ciel dans un tourbillon ». L’assomption de la Vierge Marie n’est donc pas quelque chose d’unique dans l’histoire du salut.

Pour ce qui est de l’Assomption de la Vierge Marie, elle ne nous est pas rapportée explicitement dans la Bible, mais le livre de l’Apocalypse nous donne tout de même une représentation de la Femme et de l’Arche d’Alliance qui nous renvoie à l’Assomption de la Vierge Marie. Voici la lecture de la Liturgie de l’Assomption (Apocalypse 11, 19a; 12, 1-6a. 10a) :

Le Temple qui est dans le ciel s'ouvrit, et l'arche de l'Alliance du Seigneur apparut dans son Temple. 
Un signe grandiose apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. Elle était enceinte et elle criait, torturée par les douleurs de l'enfantement. Un autre signe apparut dans le ciel : un énorme dragon, rouge feu, avec sept têtes et dix cornes, et sur chaque tête un diadème. Sa queue balayait le tiers des étoiles du ciel, et les précipita sur la terre. Le Dragon se tenait devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer l'enfant dès sa naissance. Or, la Femme mit au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes les nations, les menant avec un sceptre de fer. L'enfant fut enlevé auprès de Dieu et de son Trône, et la Femme s'enfuit au désert, où Dieu lui a préparé une place. 
Alors j'entendis dans le ciel une voix puissante, qui proclamait : « Voici maintenant le salut, la puissance et la royauté de notre Dieu, et le pouvoir de son Christ ! »

Les Pères de l’Église croyaient-ils à l’Assomption de la Vierge Marie?

Oui, plusieurs Pères de l’Église confirment l’authenticité de cette Tradition et c’est pourquoi l’Église la reconnaît comme faisant partie du dépôt de la foi. En voici quelques exemples :

« O Marie, Mère de mon Dieu, vous êtes la Reine du ciel et de la terre, l'espérance des affligés. Vous êtes entourée d'une auréole plus radieuse que le soleil ; vous êtes couronnée de plus d'honneur que les Chérubins, de plus de sainteté que les Séraphins ; vous êtes plus élevée que toutes les créatures célestes. Vous avez été l'unique espérance de nos pères, la joie des Prophètes, la consolation des Apôtres, la gloire des Martyrs, l'honneur de tous les saints. O Vierge, qui apportez aux hommes la lumière et la consolation ! O la plus accomplie, la plus sainte des créatures ! A qui pourrai-je vous comparer ? Vous êtes cet encensoir d'or d'où s'exhalaient des parfums si doux. Vous êtes la lampe qui nuit et jour éclairait le sanctuaire ; vous êtes l'urne qui renfermait la manne du ciel, la table sur laquelle était écrite la loi de Dieu. Vous êtes l'arche de la sainte alliance ; vous êtes le buisson ardent qui brûlait sans se consumer. Vous êtes la tige de Jessé qui porte la plus belle de toutes les fleurs, et cette fleur, c'est votre fils ! Ce fils est à la fois Dieu et homme, et vous êtes sa mère ! (…) C'est par vous, O Vierge mère, c'est par vous que nous avons été réconciliés avec notre Dieu. Vous êtes l'avocate des pécheurs et l'espoir des âmes découragées ; vous êtes le port assuré contre le naufrage ; vous êtes la consolation du monde, l'asile des orphelins, la rançon des captifs, le soulagement des malades, le baume des infirmes, le salut de tous. En vous le solitaire trouve son repos, et l'homme du monde son appui. Nous venons donc, O sainte Mère de Dieu !, nous réfugier sous vos ailes protectrices. Couvrez-nous de votre miséricorde ; ayez pitié de nous. Oui, les yeux baignés de larmes, nous vous supplions d'obtenir par votre intercession bénie que votre divin fils, notre clément Sauveur, ne nous rejette point à cause de nos péchés et ne nous condamne point comme des arbres stériles. Ainsi soit-il. » (Prière de saint Éphrem le Syrien, + 373) 
« Puisque la nature humaine est condamnée à la pourriture et aux vers, et que d'ailleurs J.-C. ne fut pas exposé à cet outrage, la nature de Marie en est donc exempte, car dans elle, J.-C. a pris la sienne. (...) C'est le trône de Dieu, le lit nuptial du Seigneur, le tabernacle de J.-C. doit être où il est lui-même. Il est plus digne de conserver ce trésor dans le ciel que sur la terre (...) Réjouissez-vous, ô Marie, d'une joie ineffable, dans votre corps et dans votre âme, en J.-C. votre propre fils, avec votre propre fils et par votre propre fils : la peine de la corruption n'est pas le partage de celle qui n'a pas éprouvé de corruption dans son intégrité quand elle a engendré son divin fils. Toujours elle sera à l'abri de la corruption, celle qui a été comblée de tant de grâces ; il faut qu'elle vive dans toute l'intégrité de sa nature, celle qui a mis au monde l'auteur de la perfection et de la plénitude dans la vie ; il faut qu'elle demeure auprès de celui qu'elle a porté dans ses entrailles ; il faut qu'elle soit à côté de celui qu'elle a engendré, qu'elle a réchauffé, qu'elle a nourri. C'est Marie, c'est la mère de Dieu, c'est la nourrice, c'est la servante de Dieu. » (Saint Augustin + 430) 
« Va donc à ton lieu de repos, va et souviens-toi de nous pour toujours auprès de ton Fils. Va selon le corps et reste selon l’esprit avec nous tes serfs et tes esclaves. Voici que toute notre espérance repose en toi et que nous avons confiance d’être sauvés par tes prières saintes. » [Germain de Constantinople (+ 733) pour la fête de la Dormition de la Vierge Marie] 
« L'Immaculée n'a pas été laissée à la terre. Fille d'Adam, elle doit subir la sentence commune de la mort. Son Fils lui-même, qui est la Vie, ne l'a pas refusée. La Mère du Dieu vivant mérite bien de lui être associée? Comment la mort l'aurait-elle gardée ? Comment la corruption aurait-elle envahie ce corps où la Vie de toute vie a été accueillie ? » [Jean Damascène, + vers 750] 
« A ta rencontre, au chant des hymnes, en une solennité pleine d’allégresse, les puissances s’avancent, et voici sans doute ce qu’elles disent: « Quelle est celle-ci qui monte dans tout son éclat ? Qui apparaît comme l’aurore, belle comme la lune, resplendissante comme le soleil ? Que tu es belle, que tu es douce! Tu es la fleur des champs, comme un lys au milieu des épines : c’est pourquoi les jeunes filles t’aiment. A l’arôme de tes parfums nous courrons. Le roi t’a introduite dans son appartement. » Alors les Puissances te font escorte, les Principautés te bénissent, les Trônes te chantent, les Chérubins frappés de stupeur se réjouissent, les Séraphins glorifient celle qui est la mère de leur propre maître par nature et en vérité, selon l’économie du salut. » [Jean Damascène, + vers 750]