Étymologiquement, le mot révélation vient du mot latin revelare qui signifie “dévoilement”. Nous construisons tous notre connaissance du monde en apprenant de « révélations » humaines : celles de nos parents, de nos professeurs, de nos amis, etc. Pour ce qui est des réalités divines, de par leur nature surnaturelle, dépassant donc toute intelligence créée (ou même créable), nous devons en conclure que seulement Dieu peut nous communiquer précisément qui Il est, puisqu’Il est le seul à pouvoir comprendre parfaitement qui Il est. D’où la nécessité pour l’homme de la révélation divine, non pas seulement pour connaître des vérités qui le dépasse, mais parce que Dieu dans son infinie bonté, a ordonné l’homme à une fin surnaturelle où il participera aux biens divins, qui dépassent absolument ce qu’il peut saisir (Vatican I, Dei Filius).

L’ordre naturel et surnaturel

Pour les lecteurs qui ne seraient pas familiers avec ce que la théologie catholique entend par l’ordre naturel et l’ordre surnaturel, je vais expliquer au passage très sommairement ces notions. L’ordre naturel est ce qui arrive naturellement. Par exemple, un homme, de par sa nature, peut manger, dormir, est constitué de matière, est doté d’intelligence, etc. L’ordre surnaturel est ce qui dépasse la proportion de la nature et qui peut la perfectionner gratuitement. Par exemple, la grâce reçue de Dieu est une réalité surnaturelle qui perfectionne l’homme naturel. Ce qui est surnaturel ne peut être dû en aucune manière à la nature.

L’interaction de la Parole et de l’acte dans la Révélation divine

La révélation divine, improprement dite, peut se manifester dans l’ordre naturel. Par exemple, lorsque nous constatons la beauté de la création qui nous laisse entrevoir la beauté, l’intelligence et la puissance du Créateur (voir Romains 1, 20). Cependant, en propre, nous appelons révélation divine les actions divines, nous manifestant, en dehors de l’ordre naturel, une vérité qui était jusqu’alors cachée.

Cette dernière définition met en lumière l’étroite corrélation entre les actes et les paroles de la Révélation. Je ne pourrais en donner une meilleure explication que celle de la constitution dogmatique Dei Verbum :

Pareille économie de la Révélation comprend des actions et des paroles intimement liées entre elles, de sorte que les œuvres, accomplies par Dieu dans l’histoire du salut, attestent et corroborent et la doctrine et le sens indiqués par les paroles, tandis que les paroles proclament les œuvres et éclairent le mystère qu’elles contiennent (Vatican II, Dei Verbum, 2).

Ce dernier paragraphe est d’une importance capitale pour bien saisir la nature de la révélation. Elle est à la fois paroles et actions et ces deux réalités s’éclairent mutuellement. Voici cet enseignement schématisé :

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Dei Verbum nous indique aussi un peu plus loin comment la révélation divine est achevée par l’accomplissement de la Révélation par Jésus-Christ :

Jésus Christ donc, le Verbe fait chair, « homme envoyé aux hommes », « prononce les paroles de Dieu » (Jn 3, 34) et achève l’œuvre de salut que le Père lui a donnée à faire (cf. Jn 5, 36 ; 17, 4). C’est donc lui – le voir, c’est voir le Père (cf. Jn 14, 9) – qui, par toute sa présence et par la manifestation qu’il fait de lui-même par ses paroles et ses œuvres, par ses signes et ses miracles, et plus particulièrement par sa mort et sa résurrection glorieuse d’entre les morts, par l’envoi enfin de l’Esprit de vérité, achève en l’accomplissant la révélation, et la confirme encore en attestant divinement que Dieu lui-même est avec nous pour nous arracher aux ténèbres du péché et de la mort et nous ressusciter pour la vie éternelle (Vatican II, Dei Verbum, 4).

Nous voyons donc dans cet extrait la même dynamique pour les paroles et les œuvres de Jésus-Christ. Ses signes et ses miracles viennent corroborer ses paroles, tandis que ses paroles proclament le mystère de Dieu et de son plan de salut. La Révélation divine est donc, du début à son accomplissement, une Révélation de Paroles et d’actes divins.


Saint Jean, fils de Zébédée est-il le "disciple bien aimé" évoqué dans 4 moments clés de l’Évangile selon Saint Jean ? Toute la tradition l'a toujours pensé mais les exégètes modernes sont majoritairement d'un autre avis. Pourtant la thèse classique semble vraiment fondée.

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« Je n’ai pas la foi puisque je suis rationnel ; j’exige des preuves pour croire. Ce que je crois est fondé sur des preuves, pas sur des émotions ou des désirs » : Voici l’une des objections les plus communes à l’encontre de la foi.

Cette objection est parfois confortée lorsque les croyants admettent que la foi n’est pas fondée sur une démonstration scientifique. Bien que cette admission soit juste, il importe de comprendre que la foi n’est pas indépendante des preuves pour autant. En effet, la foi est fondée sur des preuves bien identifiées : les témoignages. Les apôtres et les premiers martyrs ont témoigné, au péril de leur vie, que Dieu s’est révélé à eux en ressuscitant Jésus d’entre les morts.

Les croyants de toutes les religions vivent des expériences spirituelles, mais les chrétiens ont ceci de particulier : leur foi est fondée sur un événement historique. La Bible elle-même affirme explicitement que, si Jésus n’est pas ressuscité, la foi chrétienne est vaine (1 Corinthiens 15, 14). En effet, c’est seulement si le témoignage des apôtres et des premiers martyrs n’est ni erroné ni mensonger que la foi chrétienne est justifiée.

Bien sûr, les témoignages ne sont pas des preuves au même titre que les démonstrations scientifiques. La force probante d’une démonstration scientifique est méthodique : si la méthode est respectée, la démonstration est fiable. Par contraste, la force probante d’un témoignage est personnelle : si le témoin est intègre, le témoignage est fiable. Puisque l’intégrité d’une personne est plus difficile à discerner que le respect d’une méthode, la force probante d’un témoignage est plus difficile à discerner, mais elle n’est pas moins réelle pour autant.

Devant les tribunaux, les témoignages peuvent déterminer si l’on emprisonne un accusé ou si on le libère. La force probante de chaque témoignage dépend de la crédibilité du témoin mais, en tant que tel, un témoignage est une preuve tout à fait valide. Les témoignages présentés devant les tribunaux sont nommés « preuves testimoniales ». Dans la vie de tous les jours, on dit d’un témoignage pleinement crédible qu’il s’agit d’un témoignage « digne de foi ». La foi est une confiance assurée en un témoignage.

La confiance n’est pas une émotion ni un désir, mais elle n’est pas non plus une analyse désintéressée. La confiance est une disposition personnelle qui permet de former des convictions au sujet de la réalité en accueillant l’expérience d’autrui. Une personne qui refuse d’accorder sa confiance à qui que ce soit limite ce qu’elle peut connaître du monde en s’interdisant de reconnaître la force probante des preuves testimoniales : en refusant d’accorder de la crédibilité à toute expérience qui n’est pas la sienne.

Ainsi, ce qui distingue les croyants des incroyants n’est pas la disposition à croire en l’absence de preuve : c’est la disposition à faire confiance aux témoins de la révélation divine. Les croyants jugent que ces témoins sont dignes de foi ; les incroyants jugent que leur témoignage est erroné ou mensonger. Le débat n’est pas à savoir s’il y a des preuves ; le débat est à savoir si ces preuves testimoniales sont dignes de confiance. On ne peut pas refuser la foi au seul motif qu’il n’y a pas de preuves à son appui : cela est faux.

 Preuve intime

Les sceptiques s’étonnent parfois que les croyants se contentent d’une preuve par témoignage afin de transformer leur vision de la réalité. Cet étonnement découle de l’idée selon laquelle on se fie aux démonstrations scientifiques pour les questions les plus importantes alors que l’on se fie aux témoignages pour les questions de moindre importance.

Selon les chrétiens, il est sensé que Dieu se révèle à l’humanité par l’entremise de témoignages plutôt que d’être démontrable par l’entremise d’expérimentations scientifiques. En effet, les témoignages touchent l’être humain dans ce qu’il a de plus intime. Plusieurs des décisions les plus importantes de la vie humaine impliquent d’exprimer ou d’accueillir un témoignage.

Par exemple, lorsque des amoureux décident de se marier, ils posent un acte de foi. En décidant de s’unir à une autre personne, on accorde une confiance assurée à cette personne qui affirme qu’elle nous sera fidèle pour toute la vie. Aucune démonstration scientifique ne peut garantir que son vœu de fidélité est fiable, mais on peut reconnaître que cette personne est digne de confiance. On peut croire le témoignage de fidélité de notre époux.

Cet exemple permet de comprendre la déclaration biblique de Jésus selon laquelle : « Bienheureux sont ceux qui, sans avoir vu, ont cru » (Jean 20, 29). Cette déclaration n’encourage pas la crédulité de ceux qui croient n’importe quoi. Elle fait valoir qu’il est navrant de chercher des preuves matérielles lorsque l’on est incrédule face à un témoignage digne de confiance.

Il est navrant qu’un époux espionne son épouse à toutes les heures du jour et de la nuit lorsqu’il n’accorde pas sa confiance au témoignage de fidélité qu’elle lui offre. Il est navrant qu’un croyant cherche des signes miraculeux aux quatre coins de la Terre lorsqu’il n’accorde pas sa confiance aux témoignages religieux qui lui sont offerts. On ne peut pas exiger la foi de qui que ce soit mais, lorsqu’un beau témoignage est digne de foi, il est navrant d’y répondre par l’incrédulité.

 Époux transcendant

C’est sur ce registre que se place le christianisme. Aucun passage biblique, aucun théologien ne laissent entendre que la révélation divine est démontrable par des expérimentations scientifiques. À l’inverse, la Bible et la théologie regorgent d’analogies avec le mariage pour exposer la relation entre Dieu et l’humanité. La foi en Dieu relève de la même disposition personnelle qui permet de s’offrir en mariage. Les chrétiens ne sont pas des théoriciens qui prétendent posséder une meilleure analyse de la réalité. Les chrétiens sont des amoureux qui témoignent de la fidélité de leur époux transcendant.

Les chrétiens croient que, si on peut connaître Dieu, c’est surtout en accueillant le témoignage de ceux auxquels il se révèle. Dieu se révèle à une humanité souvent incrédule comme un époux qui témoigne de sa fidélité à son épouse souvent incrédule. Pour la foi en Dieu comme pour le mariage, c’est seulement en accordant notre confiance que notre expérience personnelle peut confirmer si cette confiance est justifiée.

Les discours antireligieux invoquent souvent la raison et la critique intellectuelle afin de discréditer la foi. Pourtant, on peut supposer que, malgré la teneur de ces discours, la désaffection de la foi est plus liée au cynisme qu’au scepticisme. Puisque le cynisme sape la disposition permettant de reconnaître qu’une personne est digne de confiance, il est le plus grand obstacle à la foi autant qu’au mariage. Au fond, il est cohérent qu’une culture qui délaisse la foi soit aussi une culture qui délaisse le mariage.

Que l’on cesse donc d’exiger des preuves : les preuves sont là, ce sont les témoignages. Écoutons les témoignages. Évaluons la crédibilité des témoins. Débattons des possibilités philosophiques. Mais surtout : écoutons les témoignages, écoutons les preuves à l’appui de la foi. Écoutons ceux qui témoignent que Dieu s’est révélé parmi nous pour nous offrir le salut éternel. Ne soyons pas crédules, mais ne soyons pas indifférents face à un témoignage aussi grandiose : écoutons.
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Alexandre Ivanov, Apparition de Jésus-Christ à Marie-Madeleine (1835)

Dans le récit de la Résurrection de Jean, il y a une rencontre confuse entre Jésus et Marie-Madeleine. Au début, elle ne le reconnaît pas, le prenant pour le jardinier. Quand elle réalise enfin qui il est, elle est ravie. Cependant, Jésus lui répond en lui disant de ne pas le toucher. Voilà comment cela est présenté dans Jean 20, 11-17 :

Cependant Marie se tenait près du sépulcre, en dehors, versant des larmes; et, en pleurant, elle se pencha vers le sépulcre; Et elle vit deux anges vêtus de blanc, assis à la place où avait été mis le corps de Jésus, l'un à la tête, l'autre aux pieds. Et ceux-ci lui dirent: "Femme, pourquoi pleurez-vous?" Elle leur dit: "parce qu'ils ont enlevé mon Seigneur, et je ne sais où ils l'ont mis." Ayant dit ces mots, elle se retourna et vit Jésus debout; et elle ne savait pas que c'était Jésus. Jésus lui dit: "Femme, pourquoi pleurez-vous ? Qui cherchez-vous ?" Elle, pensant que c'était le jardinier, lui dit: "Seigneur, si c'est vous qui l'avez emporté, dites-moi où vous l'avez mis, et j'irai le prendre." Jésus lui dit: "Marie!" Elle se retourna et lui dit en hébreu: "Rabboni!" c'est-à-dire "Maître!" Jésus lui dit: "Ne me touchez point, car je ne suis pas encore remonté vers mon Père. Mais allez à mes frères, et dites-leur: Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu, et votre Dieu."

Dans ce passage, Jésus dit-il qu'il y aurait une raison pour laquelle son corps ressuscité ne pourrait pas être touché avant l'Ascension? Cela ne fait pas vraiment de sens. Après tout, Jean poursuit en nous racontant la rencontre de Jésus avec l'Apôtre Thomas, qui doute. Il lui dit (Jean 20, 27), « Mets ici ton doigt, et regarde mes mains; approche aussi ta main, et mets-la dans mon côté; et ne sois plus incrédule, mais croyant. » Pourtant, la rencontre avec Thomas a lieu une semaine après Pâques, bien avant l'Ascension (Jean 20, 26; Actes 1, 3-11). En plus, il ne semble pas plausible que cela soit une contradiction, comme si Jésus (ou Jean l’évangéliste) aurait immédiatement changé de position au sujet de savoir, si oui ou non, il est correct de toucher le corps du Christ.

Une autre théorie, avancée par les athées comme Marshall Brain, est que les apparitions à Marie-Madeleine et à Thomas sont des « preuves » que Jésus est sexiste, « comme si le touché d'une femme serait en quelque sorte malpropre », quand seulement « quelques versets plus loin, Jésus est heureux lorsque Thomas le touche ». Bien sûr, cela n'a pas de sens non plus. L'apparition à Marie est la plus intime des apparitions de la Résurrection qui nous sont racontées. Jésus apparaît à Marie-Madeleine individuellement et il attend doucement qu’elle réalise qui il est. Il l’envoie ensuite annoncer la Résurrection aux Apôtres (Jean 20, 17-18), ce qui explique son surnom Apostolorum Apostola, « Apôtre des Apôtres ».

Et que penser de l'idée que Jésus gronde Marie-Madeleine, comme si elle doutait? C’est peut-être le cas, mais rien dans le texte ne semble suggérer qu'elle est punie de quelque façon.

Nous nous retrouvons donc avec un casse-tête: Jésus, qui a un vrai corps après la résurrection, un corps susceptible d'être touché, prévient Marie-Madelaine de se tenir à l’écart. Saint Thomas d'Aquin (celui qui a amené Apostolorum Apostola comme titre pour Marie-Madeleine) présente la solution la plus claire à cette difficulté dans la partie III, Question 55 de sa Summa Theologiae:

Ou bien encore, écrit S. Jean Chrysostome, " cette femme voulait continuer à vivre avec le Christ comme avant la passion. Dans sa joie, elle ne concevait rien de grand, bien que la chair du Christ, en ressuscitant, fût devenue d’une condition beaucoup plus haut ". Et c’est pourquoi le Christ lui dit : " je ne suis pas encore monté vers mon Père ". Comme s’il disait : " Ne pense pas que je mène encore une vie terrestre. Si tu me vois sur terre, c’est que je ne suis pas encore monté vers mon Père, mais le moment est proche où je vais monter. " Aussi ajoute-t-il : " je monte vers mon Père et votre Père. "

En d'autres mots, Marie ne doutait pas de la résurrection de Jésus. Elle ne comprend tout simplement pas la gravité de celle-ci. Elle était tellement ravie de voir à nouveau son ami qu'elle n'a pas pris conscience de la réalité radicale du fait qu'il est ressuscité d'entre les morts, qu'il a un corps glorifié, qu'il ne mourra jamais à nouveau, qu'il vient de démontrer sa divinité en termes clairs ou qu'il prépare ses disciples à son Ascension au Ciel.

Pour l'aider à en venir à ces vérités plus profondes, Jésus la prive de la facilité de s’accrocher à Lui. Il le fait pour l'appeler à quelque chose de plus grand: la mission évangélique d’être un témoin, même à Ses Apôtres. En d'autres termes, il lui refuse la possibilité de s'accrocher à son corps pour la même raison qu'il demande à Thomas de toucher ses plaies et son côté: pour les conduire plus profondément dans la foi. Comme il l’a dit à Thomas: « ne soyez pas incrédule, mais croyant » (Jean 20, 27).

Parfois, notre croissance dans la foi nous oblige à avoir quelque chose de tangible à nous accrocher; d'autres fois, nous avons besoin de lui pour nous débarrasser de nos roues d'entraînement. « parce que tu m'as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru » (Jean 20, 29). Ce n’est pas une contradiction et ce n’est pas sexiste. Il est le divin médecin prescrivant la médecine spirituelle dont chaque patient a le plus besoin.


Cet article est une traduction personnelle de l’article « Why Does Jesus Tell Mary Magdalene Not to Touch Him? » de Joe Heschmeyer.


Voici une fiche conçue pour apprendre le Crédo (Symbole des Apôtres) aux enfants.

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Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, Créateur du ciel et de la terre.
Et en Jésus Christ, son Fils unique, notre Seigneur ; qui a été conçu du Saint Esprit, est né de la Vierge Marie,
a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort et a été enseveli, est descendu aux enfers ; le troisième jour est ressuscité des morts,
est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant, d’où il viendra juger les vivants et les morts.
Je crois en l’Esprit Saint, à la sainte Église catholique, à la communion des saints, à la rémission des péchés, à la résurrection de la chair, à la vie éternelle.

Amen