Un lecteur m’a récemment posé une question sur la différence entre le jugement particulier et le jugement dernier, en rapport avec cet article sur la question de ce qui arrive après la mort.

Voici sa question : Pourquoi y a-t-il deux jugements, au fond? Est-ce que les péchés sont exposés et jugés à nouveau lors du 2e jugement (jugement final)? Est-ce qu'en théorie, le jugement sur quelqu'un pourrait changer?

Voici ma réponse :

Le jugement particulier est le jugement qui a lieu au moment de la mort. Il scelle la destinée éternelle de l’homme. Voici ce que dit le catéchisme sur le jugement particulier :

Le jugement particulier 
La mort met fin à la vie de l’homme comme temps ouvert à l’accueil ou au rejet de la grâce divine manifestée dans le Christ (cf. 2 Tm 1, 9-10). Le Nouveau Testament parle du jugement principalement dans la perspective de la rencontre finale avec le Christ dans son second avènement, mais il affirme aussi à plusieurs reprises la rétribution immédiate après la mort de chacun en fonction de ses œuvres et de sa foi. La parabole du pauvre Lazare (cf. Lc 16, 22) et la parole du Christ en Croix au bon larron (cf. Lc 23, 43), ainsi que d’autres textes du Nouveau Testament (cf. 2 Co 5, 8 ; Ph 1, 23 ; He 9, 27 ; 12, 23) parlent d’une destinée ultime de l’âme (cf. Mt 16, 26) qui peut être différente pour les unes et pour les autres. 
Chaque homme reçoit dans son âme immortelle sa rétribution éternelle dès sa mort en un jugement particulier qui réfère sa vie au Christ, soit à travers une purification (cf. Cc. Lyon : DS 857-858 ; Cc. Florence : DS 1304-1306 ; Cc. Trente : DS 1820), soit pour entrer immédiatement dans la béatitude du ciel (cf. Benoît XII : DS 1000-1001 ; Jean XXII : DS 990), soit pour se damner immédiatement pour toujours (cf. Benoît XII : DS 1002). Catéchisme de l’Église catholique, no 1021-1022

Le jugement dernier a lieu à la fin des temps, au retour du Christ, lors de la résurrection des corps. Voici ce que dit le catéchisme sur le jugement dernier :

Le Jugement dernier 
La résurrection de tous les morts, " des justes et des pécheurs " (Ac 24, 15), précédera le Jugement dernier. Ce sera " l’heure où ceux qui gisent dans la tombe en sortiront à l’appel de la voix du Fils de l’Homme ; ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour la vie, ceux qui auront fait le mal pour la damnation " (Jn 5, 28-29). Alors le Christ " viendra dans sa gloire, escorté de tous les anges (...). Devant lui seront rassemblés toutes les nations, et il séparera les gens les uns des autres, tout comme le berger sépare les brebis des boucs. Il placera les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche (...). Et ils s’en iront, ceux-ci à une peine éternelle, et les justes à la vie éternelle " (Mt 25, 31- 32. 46).
C’est face au Christ qui est la Vérité que sera définitivement mise à nu la vérité sur la relation de chaque homme à Dieu (cf. Jn 12, 49). Le jugement dernier révélera jusque dans ses ultimes conséquences ce que chacun aura fait de bien ou omis de faire durant sa vie terrestre : 
Tout le mal que font les méchants est enregistré – et ils ne le savent pas. Le Jour où " Dieu ne se taira pas " (Ps 50, 3) (...) Il se tournera vers les mauvais : " J’avais, leur dira-t-il, placé sur terre mes petits pauvres, pour vous. Moi, leur chef, je trônais dans le ciel à la droite de mon Père – mais sur la terre mes membres avaient faim. Si vous aviez donné à mes membres, ce que vous auriez donné serait parvenu jusqu’à la tête. Quand j’ai placé mes petits pauvres sur la terre, je les ai institués vos commissionnaires pour porter vos bonnes œuvres dans mon trésor : vous n’avez rien déposé dans leurs mains, c’est pourquoi vous ne possédez rien auprès de moi " (S. Augustin, serm. 18, 4, 4 : PL 38, 130-131). 
Le jugement dernier interviendra lors du retour glorieux du Christ. Le Père seul en connaît l’heure et le jour, Lui seul décide de son avènement. Par son Fils Jésus-Christ Il prononcera alors sa parole définitive sur toute l’histoire. Nous connaîtrons le sens ultime de toute l’œuvre de la création et de toute l’économie du salut, et nous comprendrons les chemins admirables par lesquels Sa Providence aura conduit toute chose vers sa fin ultime. Le jugement dernier révélera que la justice de Dieu triomphe de toutes les injustices commises par ses créatures et que son amour est plus fort que la mort (cf. Ct 8, 6). 
Le message du Jugement dernier appelle à la conversion pendant que Dieu donne encore aux hommes " le temps favorable, le temps du salut " (2 Co 6, 2). Il inspire la sainte crainte de Dieu. Il engage pour la justice du Royaume de Dieu. Il annonce la " bienheureuse espérance " (Tt 2, 13) du retour du Seigneur qui " viendra pour être glorifié dans ses saints et admiré en tous ceux qui auront cru " (2 Th 1, 10). Catéchisme de l’Église catholique, no 1038-1041

C’est donc le même verdict pour les deux jugements. Il ne peut donc pas y avoir de changement de verdict entre le jugement particulier et le jugement dernier. Le jugement particulier est personnel, tandis que le jugement dernier sera celui du dévoilement et de la compréhension.

Un aperçu du widget "bloc photo"

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Une des croyances les plus passionnément défendu parmi les athées et les agnostiques est qu'ils peuvent être moralement bons sans croire en Dieu. L'hypothèse sous-jacente à cette affirmation est que Dieu n’est pas nécessaire pour avoir une bonne morale. Mais est-ce vrai? Peut-on être bon sans reconnaître l'existence de Dieu?

Le bon athée

L'Église catholique enseigne que les incroyants peuvent vivre une vie de vertu relative sans croire en Dieu, c’est-à-dire qu’ils peuvent connaître les comportements qui respectent le bien de la nature humaine et vivre en conséquence. Par exemple, un athée peut savoir que tuer un être humain innocent viole le droit à la vie. Un athée peut également savoir que de mentir à une personne viole son droit à connaître la vérité.

Ces préceptes, entre autres, constituent ce qui est connu dans la tradition catholique comme étant la loi naturelle. C’est une loi morale naturelle intégrée à la nature de l'homme et qui est connaissable par la lumière naturelle de la raison humaine. Charles Rice, juriste américain et apologète catholique, définit comme ceci la loi naturelle :

Un ensemble de règles du fabricant inscrit dans notre nature de sorte que nous pouvons découvrir par la raison comment nous devons agir (50 Questions on the Natural Law, Kindle Location 218).

Saint Paul décrit cette loi dans sa lettre aux Romains, quand il réfléchit sur la capacité des nations à connaître la loi de Dieu sans avoir eu l'avantage de la révélation judéo-chrétienne:

Quand des païens, qui n'ont pas la loi, accomplissent naturellement ce que la Loi commande, n'ayant pas la loi, ils se tiennent lieu de loi à eux-mêmes; ils montrent que ce que la Loi ordonne est écrit dans leurs cœurs, leur conscience rendant en même temps témoignage par des pensées qui, de part et d'autre, les accusent ou les défendent (Romains 2, 14-15).

Parce que cette loi est accessible par la lumière naturelle de la raison humaine, les athées et les agnostiques peuvent connaître cette loi et vivre en conséquence sans reconnaître l'existence de Dieu.

Dieu et obligations morales

Cela ne signifie pas pour autant que Dieu n’est pas pertinent pour la morale. Outre la grâce de Dieu étant nécessaire pour vivre la loi morale parfaitement et mériter le ciel (Romains 8, 1-8; Jean 15, 5), Dieu est nécessaire pour que la loi soit moralement obligatoire.

Dans une vision du monde athée, il ne peut y avoir aucun fondement ultime à l'obligation morale de vivre en accord avec la nature humaine. Si ce n’est pas Dieu, alors qui a le pouvoir de dire: «Il faut agir de cette façon et si vous ne le faites pas, alors vous êtes une mauvaise personne? » Comme Thomas Merton écrit :

Au nom de qui ou de quoi est-ce que vous me demandez de me comporter ainsi? Pourquoi devrais-je choisir l'inconvénient de nier mes désirs et mes satisfactions personnelles au nom d'une norme qui existe seulement dans votre imagination? (The Ascent to Truth, 112).

Merton reconnaît que, sans Dieu, les préceptes moraux, y compris l'idée que nous devrions respecter le bien de la nature humaine, sont tout simplement des codes moraux personnels, de simples préférences, des opinions qui ne sont pas objectives et qui obligeraient toutes les personnes à les respecter. Ces préférences morales ne seraient pas plus contraignantes que celle de la préférence pour la crème glacée au chocolat plutôt que celle à la vanille. Et Dieu merci, parce que je préfère la vanille!

Francis Beckwith et Gregory Koukl, dans leur livre « Relativism: Feet Firmly Planted in Mid-Air », décrivent le caractère déraisonnable de la position morale de l'athée:

Une morale athée est comme quelqu'un assis à un dîner qui ne croit pas aux agriculteurs, aux éleveurs, aux pêcheurs ou aux cuisiniers. Il croit que la nourriture apparaît, sans aucune explication et aucune cause suffisante. C'est fou. Soit son repas est une illusion ou quelqu'un l'a fournie. De la même manière, si la morale existe vraiment… alors une cause suffisante pour en expliquer l'effet doit en rendre compte. Dieu est la solution la plus raisonnable (Relativism: Feet Firmly Planted in Mid-Air, p.169).

Beckwith et Koukl comprennent que nier l'existence de Dieu entraîne une explication insuffisante pour l’obligation morale. Comment la loi morale peut-elle être contraignante, s’il n'y a pas de Législateur moral qui surpasse toute autorité humaine derrière elle? La réponse est simplement que ça ne se peut pas.

Il y a beaucoup d'athées et d'agnostiques, que nous théistes, nous pourrions prendre comme exemple et travailler avec eux dans la poursuite d'une société plus juste et plus pacifique. Toutefois, seul le théiste est consistent avec sa vision du monde lorsqu’il affirme que les comportements justes et pacifiques sont moralement obligatoires. On peut avoir un code moral personnel sans Dieu, mais on ne peut pas avoir d'obligation morale sans Dieu.

Cet article est une traduction personnelle de l’article « Can Atheists Be Good Without Belief in God? » de Karlo Broussard.


C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel (c’est-à-dire : Dieu-avec-nous) (Isaïe 7, 14).


Noël approche à grands pas, avez-vous mis à profit cette période de l'Avent pour vous préparer à accueillir le Sauveur?

L'article publié par Miguel il y a quelques semaines expose quelques obstacles à la confession que nous rencontrons régulièrement. J'aimerais ajouter quelques commentaires d'ordre plus pratique.

Pourquoi se confesser?

D'abord, parce que c'est nécessaire. Sachez que le sacrement de la confession n'est pas optionnel. Si on veut progresser dans la vie chrétienne, il faut apprendre à reconnaître ses péchés et les défauts qui en sont la cause, apprendre à les combattre et apprendre à s'en désoler.


Selon moi, l'un des arguments les plus forts contre la papauté (ou au moins l'un des plus intéressants) est que le point de vue catholique nous oblige à considérer que les premiers papes après Pierre avaient autorité sur saint Jean l'évangéliste, même si ces papes n’étaient pas des Apôtres et que Jean en était un.

Comment pouvons-nous répondre à cette objection? Je crois que le plus simple est de se tourner vers l'histoire. Comme par exemple, en se demandant ce à quoi ressemblait l'Église lorsque Clément était en charge et que l'Apôtre Jean qui était encore vivant? Nous pouvons effectivement répondre à cette question dans une certaine mesure, parce que nous avons des écrits à la fois de Clément et de Jean. La réponse pourrait vous surprendre. Pour explorer cela, je propose trois questions: (1) Quand Saint Clément a-t-il écrit aux Corinthiens ? (2) Quand l'Apôtre Jean est-il mort ? et (3) Pourquoi est-ce important?

Pape saint Clément (Clément de Rome),
auteur de la première lettre de Clément
1. Quand Saint Clément a-t-il écrit aux Corinthiens ?

Réponse: en 95 ou 96 après Jésus-Christ

À l'Université d'Exeter, David G. Horrell explique: « Même si une datation précise et irréfutable de la première lettre de Clément est impossible, il est largement admis qu'elle a été écrite dans la dernière décennie du premier siècle, peut-être autour de l’an 95 ou 96 »

Sur cette question, le consensus scientifique moderne est en accord avec le témoignage des premiers chrétiens, qui disent que Clément était le troisième évêque de Rome (ou quatrième, si vous comptez Saint Pierre, qui était à la fois Apôtre et évêque). Tertullien, qui a écrit autour de l’an 200, décrit comment, contrairement aux sectes hérétiques, l'Église catholique a la succession apostolique. En décrivant cette succession, Tertullien note que Saint Clément a été ordonné par Saint Pierre et était évêque de Rome:

Montrez l'origine de vos Églises; déroulez la série de vos évêques se succédant depuis l'origine, de telle manière que le premier évêque ait eu comme garant et prédécesseur l'un des apôtres ou l'un des hommes apostoliques restés jusqu'au bout en communion avec les apôtres. Car c'est ainsi que les Églises apostoliques présentent leurs fastes. Par exemple, l'Église de Smyrne rapporte que Polycarpe fut installé par Jean; l'Église de Rome montre que Clément a été ordonné par Pierre. De même encore, d'une façon générale, les autres Églises exhibent les noms de ceux qui, établis par les apôtres dans l'épiscopat, possèdent la bouture de la semence apostolique. 

Eusèbe, le premier historien de l'Église, écrit que « Clément, qui a été nommé troisième évêque de l'église à Rome, était, comme Paul en témoigne [dans Philippiens 4, 3], son collaborateur et compagnon d'armes. »
Cela concorde également avec le texte lui-même. Le pape Clément réfère au martyre de Pierre et Paul comme des exemples de héros spirituels de « notre propre génération » :

Mais laissons là les faits anciens ; venons aux athlètes de nos jours ; prenons les beaux exemples que nous offre notre siècle. Nous verrons l’envie livrer les fidèles enfants de l’Église, ses véritables colonnes, à des persécutions qui ont été jusqu’à la mort. Portons nos regards sur les saints apôtres. L’injustice de l’envie a fait passer Pierre par d’innombrables épreuves, qui lui valurent cette couronne du martyre avec laquelle il est entré dans le séjour de la gloire due à ses combats. Elle a fait remporter le prix de la patience à Paul, qui fut jeté sept fois en prison, battu de verges et lapidé. Devenu le hérault de l’Évangile, du touchant à l’aurore, il reçut, en récompense de sa foi, une gloire incomparable. Après avoir éclairé le monde entier et s’être avancé jusqu’aux extrémités de l’Occident, il souffrit le martyre par l’ordre des magistrats. C’est ainsi qu’il abandonna la terre pour aller habiter le séjour même de la sainteté, nous laissant un sublime exemple de patience.

Clément commence aussi sa lettre en expliquant que son retard était dû « aux événements catastrophiques soudains et successifs qui ont nous sont arrivés », une référence apparente aux persécutions de l'empereur Domitien. Enfin, il invite ses lecteurs à « se souvenir » des paroles de Jésus, plutôt que de citer l'un des Évangiles, ce qui supporte une datation de l’an 95-96.

2. Quand l'Apôtre Jean est-il mort ?

1 Pontormo, Saint Jean l’Évangéliste (1525)
Réponse: Quelque temps après l’an 96.

Le site Christian Courier a fait un très bon résumé (en anglais) qui présente les raisons pourquoi le livre de l'Apocalypse date probablement de 96 après Jésus-Christ, plutôt que de 68 ou 69 (le point de vue prétériste). Aussi, L'Encyclopédie d'Oxford des livres de la Bible explique que l'Évangile de Jean n’est pas un document du deuxième siècle (en anglais), comme l'avaient revendiqué les adversaires du christianisme orthodoxe:

Durant le XIXe siècle, les savants ont datées l'Évangile [de Jean] jusqu’à la dernière moitié du deuxième siècle, en raison de leur perception de son influence hellénistique. Cependant, au XXe siècle, deux facteurs se sont combinés pour pousser la date de la composition un peu plus tôt. Premièrement, le John Rylands Library Papyrus (P52), un petit fragment d'un codex de papyrus avec quelques versets de Jean 18, a été découvert en 1935 et daté diversement entre 117 et 150, indiquant une date de composition au plus tard à la fin du premier siècle, étant donné le temps nécessaire pour que le texte se propage jusqu’à l'Égypte. Deuxièmement, les découvertes de la mer Morte à Qumrân en 1948 et leur analyse subséquente, ont fourni des preuves supplémentaires à la fois pour la diversité complexe et l’hellénisation approfondie du judaïsme du premier siècle et aussi pour l’arrière-plan juif des motifs johanniques, qu’on pensait auparavant tirées du monde des Gentils, tel que la dualité lumière / obscurité, au premier plan dans le prologue (Jean 1, 4-5). Une date raisonnable pour la composition de l'Évangile est alors avant l’an 100.

L'encyclopédie poursuit en affirmant que de postuler une date antérieure est plus difficile et que le consensus général est que l'Évangile de Jean remonte aux années 90.

Une fois de plus, nous trouvons un consensus scientifique émergent sur la datation de l'Évangile de Jean et de l'Apocalypse, qui correspondent à ce que nous trouvons dans les témoignages des Pères de l'Église, qui sont clairs sur le fait que Jean écrivit l'Apocalypse peu de temps après la mort de l'empereur Domitien, tandis que Jean était en exil. Saint Irénée de Lyon écrit dans Contre les hérésies (en 180) que l’Apocalypse a été écrite il y a peu, « presque à notre époque, vers la fin de du règne de Domitien ».

Clément d'Alexandrie (155-215) [ce n’est pas le même Clément que le pape Clément, mais plutôt l’évêque d'Alexandrie du deuxième siècle] est d'accord sur la date et note que l'apôtre Jean était encore actif en tant qu'apôtre au cours de cette période de temps:

Car, à la mort de du tyran [Domitien], il [l'apôtre Jean] revint à Éphèse de l'île de Patmos, il est parti, étant invité, aux territoires contigus des nations, ici pour nommer les évêques, tantôt pour mettre en ordre des Églises entières et tantôt pour ordonner ceux qui ont été marqués par l'Esprit. 

Donc, le pape Clément et l'apôtre Jean écrivent tous deux dans le contrecoup immédiat de la persécution de Domitien. Cela nous donne une date très précise : le 18 septembre 96, date de l'assassinat de l'empereur Domitien. Quant à la mort de saint Jean, il est évident qu'elle a eu lieu plus tard. L’an 100 est le consensus (accepté, même par ceux qui n’acceptent la datation de 96 pour l'Apocalypse), qui est en accord avec le témoignage patristique que Jean écrivit l'Apocalypse alors qu'il était un «vieil homme».

3. Pourquoi est-ce important?

Carte illustrant troisième voyage missionnaire de saint Paul, y compris à Corinto (Corinthe)
Les deux derniers points sont relativement non controversés: il est généralement admis que la première lettre de Clément a été écrite environ en 96 et que l'apôtre Jean mourut vers l’an 100. Et alors? Examiner maintenant comment débute la première lettre de Clément. Le pape Clément, parlant au nom de l'entière Église romaine, dit:

L’Église de Dieu qui est à Rome, à l’Église de Dieu qui est à Corinthe, aux élus sanctifiés, selon sa volonté, par Jésus-Christ, notre Seigneur : que la grâce, que la paix se multiplient sur vous, par le Dieu tout-puissant, en vertu des mérites de Jésus-Christ. 
C’est à cause des maux et des afflictions qui nous sont survenus tout à coup, et qui se sont succédé sans relâche, que nous avons si longtemps tardé à répondre aux diverses questions que vous nous avez proposées, et à nous occuper de cette division odieuse, impie, en horreur aux élus de Dieu, voyageurs ici-bas : division que des hommes irréfléchis et téméraires ont allumée parmi vous et poussée si loin, que votre nom vénérable, célèbre par toute la terre, digne de l’amour de tous les hommes, est indignement blasphémé.

Qu'est-ce que cela signifie?

Cela signifie que quand il y avait un schisme au sein de l'église de Corinthe, ils ont fait appel jusqu’à Rome pour obtenir assistance et consultation, même si l'apôtre Jean était encore vivant à l'époque. Nous ne savons pas exactement quand les Corinthiens ont écrit, mais c’était assez tôt pour que Clément soit désolé de sa réponse tardive en 96.

Mis à part le pape et les Apôtres, personne ne se faisait offrir ce genre de respect et de déférence à l'ère apostolique. Et quand Clément répond, il n'a pas peur d’ordonner aux schismatiques de revenir à la véritable Église:

Vous donc qui avez jeté les premières semences de division, soumettez-vous aux prêtres et recevez la correction fraternelle dans un véritable esprit de pénitence. Fléchissez l’orgueil de vos cœurs, apprenez à vous soumettre, quittez cette jactance de paroles si vaines et si superbes. Ne vaut-il pas mieux être petit et recommandable dans le troupeau de Jésus-Christ, que de se voir dépossédé de ses espérances par une trop haute opinion de soi-même ?

Donc, vous avez l'église romaine qui intervient dans le conflit d’une église locale et lui donner des ordres. Vous avez l'évêque de Rome qui parle au nom de toute l'Église de Rome. Et tout cela qui se passe pendant que l'apôtre Jean est encore vivant. L’ecclésiologie protestante courante aurait suggéré que cette question soit traitée entièrement au niveau de la congrégation locale, ou à défaut, en faisant appel à l'Apôtre encore vivant.

4. Quelle a été la réaction de l'Église à la première lettre de Clément?

L'autre Clément: Saint-Clément d'Alexandrie
Comment les premiers chrétiens répondirent-ils à cette intervention romaine dans les affaires de Corinthe? Est-ce qu'ils considèrent cela comme une usurpation papiste de l'autorité apostolique de Jean, ou comme une violation de l'autonomie de l'église locale? Non. Au contraire, le différend majeur suite à la lettre de Clément est de savoir si elle doit ou non être considérée comme faisant partie de l’Écriture Sainte.

Clément d'Alexandrie (l'autre Clément mentionné plus haut), après avoir cité des passages bibliques sur le martyre, continue:

En outre, dans l'épître aux Corinthiens, l'Apôtre Clément, dressant un portrait des gnostiques,  dit: [...]

Même à la fin du livre de Saint-Jérôme De Viris Illustribus (des Hommes Illustres), datant de la fin du IVe siècle, nous entendons que la lettre de Clément est encore lue dans la liturgie, comme si elle était dans les Écritures:

Il [Clément] écrivit, en la personne de l’église romaine à l’église de Corinthe, une lettre forte utile, dont on fait lecture publique dans plusieurs lieux. Pour moi, j’y vois une grande ressemblance avec l’épitre aux Hébreux qu’on a mise sous le nom de Paul. On y trouve en effet plusieurs fois, non seulement le même sens, mais encore le même ordre dans les mots. La ressemblance est très frappante dans les deux.

Bien sûr, cela ne veut pas dire que la première lettre de Clément (ou toute autre encyclique papale après la deuxième épitre de Pierre) doit être contenue dans l'Écriture. Au contraire, cela montre que l'Église primitive semble beaucoup plus « papale » que vous pourriez vous y en attendre.

Cela ouvre aussi une perspective différente sur l’Évangile de Jean. Jean fait plusieurs fois référence à l'autorité de Pierre; par exemple, au milieu de son récit de la Résurrection, Jean souligne qu'il attendait Pierre avant d'entrer dans le tombeau (Jean 20, 4-5). Dans le chapitre suivant, il raconte comment, sur le commandement du Christ, Pierre a pu tirer seul le filet de poisson (Jean 21, 11) que les autres apôtres étaient incapables de tirer (Jean 21, 6). Puis il raconte comment le Christ commissionna le rôle de Pierre comme berger du troupeau (Jean 21, 15-17). Dans chacun de ces cas, ce sont des détails que seul Jean nous raconte, et (en supposant que le consensus général sur la datation de son Évangile soit correct) il le fait ainsi plusieurs décennies après la mort de Pierre. Alors pourquoi insister ainsi sur l'autorité de Pierre? Parce que Jean n’était pas un rival à Clément ou d’aucun autre des successeurs de Pierre. Les deux hommes avaient un rôle à jouer dans le Corps du Christ et Jean édifia ce Corps, sur la papauté.


Cet article est une traduction personnelle de l’article «Did the Papacy Exist While John Was Alive?» de Joe Heschmeyer.


Est-ce que Dieu a encore de l'importance? Telle est la question qui semble être au cœur du débat moderne de l'existence de Dieu. Beaucoup de non-croyants qui se présentent comme étant des agnostiques-athées ne prétendent pas directement que Dieu n’existe pas. Ils prennent plutôt la position plus souple que Dieu n’existe probablement pas, et même s’il existe, qu’il est sans importance dans l'explication de l'univers. Comme le Dr Richard Dawkins, qui a déclaré dans un débat à l’université de Cambridge en 2013 avec l'ancien archevêque de Canterbury, le Dr Rowan Williams, «La religion est redondante et non pertinente ».

Mais pourquoi Dieu est considéré comme non pertinent? Pourquoi est-ce que les agnostiques-athées modernes pensent que la question de l’existence de Dieu n’est plus importante? Selon leurs revendications, une des raisons serait que la science est suffisante pour expliquer l'univers.

Par exemple, le physicien de renommée mondiale Dr Stephen Hawking, dans une interview sur le live show de Larry King en 2010, a déclaré: « Dieu pourrait exister, mais la science peut expliquer l'univers sans la nécessité de recourir à un créateur ». Mais, est-ce vrai? La science peut-elle donner une explication exhaustive de l'univers, qui conduirait à éliminer le besoin de recourir à Dieu? Je vais vous donner deux raisons pour lesquelles je pense que la réponse est non.

Les sciences et la méthode inductive

Premièrement, le pouvoir explicatif de la science ne suffit pas, car elle repose sur la méthode inductive pour valider ses hypothèses.

Contrairement à la méthode déductive, la méthode inductive part de la connaissance des faits particuliers pour en déduire des conclusions générales. Sans entrer dans les détails qui différencient les méthodes inductive et déductive, il suffit de dire que la certitude absolue au sujet de la conclusion est impossible lorsque l'on utilise la méthode inductive. Comme la science repose sur la méthode inductive, il en résulte que les scientifiques ne peuvent jamais être absolument certains que leurs théories expliquant l'univers sont complètes. Ils ne peuvent jamais être absolument certain qu'ils ont découvert et observé chaque élément de données nécessaires pour donner une explication complète de l'univers et encore moins une explication suffisante et complète qui éliminerait d’avoir besoin de recourir à Dieu.

Comme mon mentor et ami le Père Robert J. Spitzer aime le dire : « la science ne peut pas savoir ce qu'elle n'a pas encore découvert, parce qu'elle ne l'a pas encore découvert ». En d'autres termes, les scientifiques peuvent être certains que sur ce qu'ils ont déjà découvert par l'observation empirique. Ils ne peuvent pas avoir la certitude qu’il ne pourra jamais exister, ou s’il n’y a pas une information ensevelie dans le passé et qui n’a pas encore été découverte, qui pourrait nous forcer à changer nos paradigmes. Par conséquent, il existe nécessairement dans la science une ouverture perpétuelle à la découverte de quelque chose de nouveau, qui pourrait modifier sa théorie actuelle sur l'univers.

Si cela est vrai, alors on ne peut jamais prétendre rationnellement que la science pourrait donner une explication complète et exhaustive de l'univers et encore moins une explication assez complète où Dieu n’est plus nécessaire comme créateur. Donc, l'affirmation que Dieu n'a pas d'importance parce que la science peut suffisamment expliquer l'univers est sans fondement.

La science et de l'existence de l'Univers

Une autre façon de répondre à cette objection est en soulignant que la science, en principe, ne peut pas expliquer pourquoi l'univers existe plutôt que de ne pas exister.

Supposons pour les besoins de cet argument que la science pourrait donner une description complète de l'univers. Est-ce que cela anéantirait nécessairement le besoin de recourir à Dieu pour expliquer l'univers? Absolument pas! Pourquoi? La science a un pouvoir explicatif étant donné le fait que l'univers existe. Elle suppose un univers déjà existant pour pouvoir observer et expliquer. Par conséquent, la science ne peut pas expliquer pourquoi l'univers existe en premier lieu. Elle ne peut même pas expliquer pourquoi l'univers existe de cette façon plutôt que d'une autre manière. Donc, à la question « Qu'est-ce qui détermine qu’il existe un univers avec le temps, l'espace et la matière au lieu qu’aucun univers du tout », la science est muette.

À la question « Qu'est-ce qui détermine l'univers à être de cette façon (par exemple, le fait qu’il soit régi par la mécanique quantique) et pas d'une autre manière (par exemple, qu’il ne soit pas régis par la mécanique quantique) ? », la science est silencieuse. Ce sont des questions philosophiques auxquelles on peut répondre que par la philosophie. Par conséquent, la science ne peut pas prendre la place de Dieu pour nous donner une explication suffisante de l'univers.

En conclusion, parce que la science doit toujours être ouverte aux modifications en raison de sa dépendance à la méthode inductive et à son incapacité à expliquer pourquoi l'univers existe, plutôt que s’il n’existait pas, elle ne sera jamais en mesure de nous donner une description exhaustive de l'univers. Par conséquent, toute allégation selon laquelle la science ferait disparaître la nécessité d'un créateur transcendant pour expliquer l'univers est tout simplement déraisonnable.

Cet article est une traduction personnelle de l’article «Does Science Make God Irrelevant?» de Karlo Broussard.
Giovanni Lanfranco (1582-1647), Moïse et les messagers de Canaan (1624)
Avant d'entrer dans la Terre Promise, Moïse envoya douze hommes en éclaireurs dans les environs. Quand ils sont revenus, ils ont annoncé que le pays était comme Dieu l'avait promis, mais qu'il était occupé par des guerriers féroces, vivants dans des villes fortifiées (Nombres 13, 25-29):

Au bout de quarante jours, ils revinrent d'explorer le pays. Ils allèrent et se rendirent auprès de Moïse et d'Aaron, et de toute l'assemblée des enfants d'Israël, à Cadès, dans le désert de Pharan. Ils leur firent un rapport, ainsi qu'à toute l'assemblée, et leur montrèrent les fruits du pays. Voici le récit qu'ils firent à Moïse: «Nous sommes allés dans le pays où tu nous as envoyés. C'est vraiment un pays où coulent le lait et le miel, et en voici les fruits. Mais le peuple qui habite le pays est puissant, et les villes sont fortifiées et très grandes; nous y avons même vu des enfants d'Enac. Amalec habite la contrée du Négeb; le Héthéen, le Jébuséen et l'Amorrhéen habitent dans la montagne, et le Chananéen habite au bord de la mer et le long du Jourdain.»

Il y a donc un obstacle devant eux avant de recevoir le pays que Dieu a promis. En entendant cela, cet obstacle est rapidement devenu hors de proportions pour eux. Alors que Caleb, l'un des douze espions, essaie de les raisonner un peu, la plupart des autres espions viennent alimenter leurs craintes en donnant des versions exagérées de ce qu'ils ont vu (Nombres 13, 30-33):

Caleb fit taire le peuple au sujet de Moïse: «Monton, dit-il, emparons-nous du pays, car nous pouvons nous en rendre maîtres.» Mais les hommes qui y étaient montés avec lui, dirent: «Nous ne sommes pas capables de monter contre ce peuple: il est plus fort que nous.» Et ils décrièrent devant les enfants d'Israël le pays qu'ils avaient exploré, en disant: «Le pays que nous avons parcouru pour l'explorer, est un pays qui dévore ses habitants; tout le peuple que nous y avons vu est formé de gens de haute taille; et nous y avons vu les géants, fils d'Énac, de la race des géants: nous étions à nos yeux et aux leurs comme des sauterelles.»

D'une certaine manière, l'ensemble de ces géants et de ces terres dévoreuses d’hommes avaient été oubliés dans le rapport initial. À la fin, ils désespèrent de la promesse de Dieu, en disant: « Ah! Si nous étions morts dans le pays d'Égypte! Ou si nous étions morts dans désert! Pourquoi Yahweh nous fait-il aller dans ce pays, pour que nous tombions par l'épée? Nos femmes et nos enfants deviendront une proie. Ne vaut-il pas mieux pour nous retourner en Égypte? (Nombres 14, 2-3)». Ils décidérent de choisir leur propre chef et de retourner vers l'Égypte, prêts à retourner en esclavage pour éviter d'affronter leurs peurs (Nombres 14, 4). En conséquence, la plupart de cette génération n'a jamais atteint la Terre Promise.

Sommes-nous si différents?

Il me semble que nous avons tous ce genre de craintes: nous savons que nous sommes censés faire quelque chose, mais nous le redoutons pour une raison quelconque. Si nous ne faisons pas attention, cet obstacle devient de plus en plus important dans nos esprits, jusqu'à ce qu'il ressemble à un géant imbattable. Notre voix intérieur, nous disant de faire confiance à Dieu et que nous serons en mesure de surmonter ces obstacles, risque de se faire noyer par la voix qui nous dit que nous ne pouvons pas, que nos problèmes sont plus forts que nous. Voilà la voix du découragement et du désespoir et elle ne vient jamais de Dieu. Nous adorons « le Dieu de l'espérance » (Romains 15, 13) et le diable cherche à saper cet espoir en se nourrissant de nos craintes.

Il y a un terrain en particulier dans lequel ces géants se déchaînent: le péché. Avant que nous ne péchions, le diable essaie de nous convaincre que ce n’est pas si grave. Ensuite, il essaie de nous convaincre que le péché est si grand que Dieu ne nous le pardonnera jamais et que nous devrions alors aussi bien abandonner. Il va alors utiliser cela comme une excuse pour vous faire pêcher encore plus: puisque vous êtes déjà une cause perdue, aussi bien avoir du plaisir, non? Puisque nous ne pouvons pas battre nos géants, pourquoi ne pas nous résigner à retourner en Égypte, la place de l'esclavage, où nous pouvons au moins avoir un certain plaisir?

Tous ces éléments sont des distorsions démoniaques: nous devons être prudents pour éviter le péché et non de le rationaliser; mais nous devons aussi faire attention de nous rappeler que le Dieu de la Miséricorde est infiniment plus grand que notre péché. C’est une insulte à la majesté de Dieu que de penser que nous avons une dette si grande qu’Il ne peut pas la payer, tout comme il était une insulte à Dieu pour les Israélites, de suggérer que la Terre Promise pourrait être occupé par des soldats trop grands et trop forts pour que Dieu ne puisse les vaincre.

Si vous vous trouvez aux prises avec ces géants, ne pas marcher pas, courrez jusqu’au confessionnal le plus proche. Si votre gêne ou la honte de votre péché vous empêche d'aller à la confession, ne les laissez pas vous faire cela. Ce serait comme éviter d’aller chez le médecin parce que vous êtes gêné de la gravité de votre maladie. Voici quatre choses que vous devez savoir:

Giuseppe Molteni, La Confession (1838)
1) Le prêtre a probablement déjà entendu tout cela. Si vous faites affaire avec un prêtre qui confesse depuis un certain temps, il y a de bonnes chances que vous ne lui direz pas grand-chose de nouveau. Il y a seulement un certain nombre de péchés dans le monde. Embarrassé par certains péchés sexuels auxquels vous êtes confronté, comme la masturbation, la pornographie, l'adultère, la fornication? Vous n'êtes pas le premier à lutter avec ces péchés. Idem pour les péchés comme l'avortement, le vol et même le meurtre. Certains prêtres entendent des confessions dans des prisons, de sorte que vous allez difficilement choquer le prêtre avec un nouveau péché. (Cette voix qui vous dit que vos péchés sont les pires péchés jamais commis ne vient pas de Dieu).

2) Il est heureux que vous soyez là. J’ai dîné avec un prêtre qui m'a raconté récemment la première fois qu'une femme est venue pour lui avouer avoir eu un avortement (en raison du secret de confession, je vais garder cela vague). Cette femme n’avait pas été à la confession depuis plus longtemps de ce prêtre avait été vivant. Il était visiblement ému en racontant la façon dont Dieu l’avait choisi pour apporter Sa miséricorde à cette femme, qui esouffrait seule depuis des décennies. Les hommes deviennent prêtres pour être des instruments de la miséricorde de Dieu. Quand vous allez à la confession, vous laissez le prêtre être un prêtre.

3) Au fond, la réaction du prêtre n'a pas vraiment d'importance. Disons que je me trompe et que vous tombez sur un prêtre qui est choqué ou scandalisé. Qu’est-ce que cela importe? En échange de quelques moments d'embarras, vous obtiendrez la réconciliation avec le Dieu Très-Haut et la libération de tous vos péchés. Le Christ a pensé que vous libérer de vos péchés méritait qu’Il aille à la Croix. Vous ne croyez pas que ça vaut un peu d’embarras?

4) Le péché est facile à corriger. Le sacrement vous libère réellement de vos péchés. Il faut se rappeler que les Israélites avaient construit ces géants dans leur esprit. Dans la vraie vie, ils ne sont pas si mauvais. Rappelez-vous Caleb, l'espion qui a gardé sa tête et n’a pas cédé à ses craintes? Dieu l'a récompensé avec une partie de la Terre Promise ... la partie occupée par les fils d'Anak que tout le monde redoutait. Voici comment Josué 15, 14 décrit Caleb prenant le pays : « Caleb en chassa les trois fils d'Énac, Sésaï, Ahiman et Tholmaï, descendants d'Énac. » C’est tout? On ne dirait même pas que cela avait été difficile pour lui. La crainte des fils d'Anak était totalement exagérée.

Pour moi, l'un des géants auquel j’ai dû faire face récemment était le don de sang: je déteste les aiguilles. La semaine dernière, je donnais du sang pour la première fois et ma réaction a été: c’est tout? Il s’est avéré que ce n’était pas si mal. Le péché c’est la même chose. Si vous ne l'avez pas fait depuis un certain temps, vous redoutez d’aller vous confesser. Ensuite, vous allez vous demander pourquoi vous vous en faisiez tant. Lorsque l'emprise du diable se desserra à nouveau sur vous, ne soyez pas surpris si vous vous dites « c’est tout? ».

Donc, mon encouragement d’aujourd'hui est de lutter contre les géants dans votre vie: ces choses que vous avez évité de faire (mais que vous savez que vous devez faire) parce que vous avez peur d'eux. Combattez ces géants et chassez-les de votre vie pour réclamer la vie que Dieu vous a promise.


Cet article est une traduction personnelle de l’article «Facing Our Giants: A Call to Come Back to Confession» de Joe Heschmeyer.
James Tissot, Jésus enseigne dans les synagogues (1886)
Dans son encyclique de 2010 Verbum Domini (« La Parole du Seigneur »), le pape Benoît XVI a plaidé pour une approche particulière de l'Écriture comme étant la clé, à la fois de notre sanctification personnelle et de l'œcuménisme chrétien:

En effet, écouter ensemble la Parole de Dieu, pratiquer la lectio divina de la Bible, se laisser surprendre par la nouveauté, qui jamais ne vieillit ou ne s’épuise, de la Parole de Dieu, dépasser notre surdité par ces paroles qui ne s’accordent pas avec nos opinions et nos préjugés, écouter et étudier dans la communion avec les croyants de tous les temps : tout cela constitue un chemin à parcourir pour atteindre l’unité de la foi, en tant que réponse à l’écoute de la Parole.

En particulier, Benoît fait appel aux séminaristes pour développer cette relation avec l'Écriture, par l'intermédiaire de la lectio divina, comme préparation à la prêtrise:

Les aspirants au sacerdoce ministériel sont appelés à une profonde relation personnelle avec la Parole de Dieu, en particulier dans la lectio divina, pour que leur vocation elle-même se nourrisse de cette relation: c’est dans la lumière et dans la force de la Parole de Dieu que chacun peut découvrir, comprendre, aimer et suivre sa vocation propre et accomplir sa mission, faisant grandir dans le cœur les pensées de Dieu, de sorte que la foi, en tant que réponse à la Parole, devienne le nouveau critère de jugement et d’évaluation des hommes et des choses, des événements et des problèmes.

Alors, qu’est-ce que la lectio divina? Littéralement, cela signifie « Divine lecture » et elle se réfère à la façon dont les moines ont médité l'Écriture pendant des siècles. Il y a cinq étapes de base, dans lequel nous répondons à quatre questions, puis nous nous décidons à agir à partir de ces réponses:

Étape 1: Lectio (Qu'est-ce que le texte biblique dit en lui-même?)


Elle s’ouvre par la lecture (lectio) du texte qui provoque une question portant sur la connaissance authentique de son contenu : que dit en soi le texte biblique ? Sans cette étape, le texte risquerait de devenir seulement un prétexte pour ne jamais sortir de nos pensées.

Souvent, nous avons tellement hâte d'arriver à la deuxième étape, qui est de déterminer ce que le passage signifie pour nous (ou ce que cela signifie selon nous), que nous ne prenons pas assez le temps de nous concentrer sur ce que signifie réellement le passage en lui-même.

Là est le problème avec l’utilisation de certains passages comme des « textes-preuves » : une certaine question est au centre de nos préoccupations et nous scrutons les Écritures à la recherche de soutien. Cette approche risque de réduire la Parole de Dieu à un outil dans notre arsenal pour nos plans personnels, nous élevant au détriment de la révélation divine.

Alors,  la première chose est : quel est le sens initial de ce passage? C’est seulement une fois que nous avons répondu à cela que nous sommes prêts pour la prochaine étape:

Étape 2: Meditatio (Qu'est-ce que le texte biblique nous dit?)


S’en suit la méditation (meditatio) qui pose la question suivante : que nous dit le texte biblique ? Ici, chacun personnellement, mais aussi en tant que réalité communautaire, doit se laisser toucher et remettre en question.

Heinrich Hofmann, le Christ parmi les enseignants (1897)
La parole de Dieu n’est pas une lettre morte, un texte antique à lire tout simplement pour son importance historique. Elle est plutôt « vivante et active » (He 4, 12), un des moyens par lequel Notre Seigneur continue de se révéler à nous et nous guide. Quand des vies sont transformées par une rencontre avec l'Écriture, c’est parce que des gens ont réalisé que Dieu leur parle à travers la Bible. Il nous parle encore à vous et à moi. Allons-nous prendre la peine d'écouter ce qu'Il a à nous dire?

Gardez à l'esprit que quand Dieu parle à chacun de nous par l'Écriture, il ne nous traite pas de façon atomistique. Le Corps du Christ « n'est pas un seul membre, mais il est formé de plusieurs » (1 Co 12, 14) et « si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui; si un membre est honoré, tous les membres s'en réjouissent avec lui »(1 Co 12, 26). Donc, Dieu vient à nous à travers Sa parole en tant que membres de l'Église, Corps du Christ, que Benoît nous rappelle être « la maison de la Parole ».

Ceci a des implications sur la façon dont nous comprenons la liturgie. Benoît XVI nous rappelle que « la liturgie est le lieu privilégié où Dieu nous parle dans notre vie actuelle, où il parle aujourd’hui à son peuple qui écoute et qui répond. Chaque action liturgique est par nature nourrie par les Saintes Écritures». Alors, pour le chrétien, « l’herméneutique de la foi basée sur les Saintes Écritures, doit toujours avoir comme point de référence la liturgie, où la Parole de Dieu est célébrée comme une parole actuelle et vivante : « Ainsi, dans la liturgie, l’Église suit fidèlement la manière de lire et d’interpréter l’Écriture qui fut celle du Christ, lui qui, depuis l’ ‘aujourd’hui’ de sa venue, exhorte à scruter attentivement toutes les Écritures »

Étape 3: Oratio (Que disons-nous au Seigneur en réponse à Sa parole?)

L’on arrive ainsi à la prière (oratio) qui suppose cette autre demande : que disons-nous au Seigneur en réponse à sa parole ? La prière comme requête, intercession, action de grâce et louange, est la première manière par laquelle la Parole nous transforme 

La parole de Dieu exige une réponse et cette réponse commence par la prière. Au paragraphe 86, Benoît cite cette phrase venant de l'Exposition des Psaumes de Saint-Augustin: «Ta prière est ta parole adressée à Dieu. Quand tu lis, c’est Dieu qui te parle ; quand tu pries, c’est toi qui parles avec Dieu ».

Étape 4: Contemplatio (Quelle conversion de l'esprit, de cœur et de vie le Seigneur nous demande) 

Enfin, la lectio divina se termine par la contemplation (contemplatio), au cours de laquelle nous adoptons, comme don de Dieu, le même regard que Lui pour juger la réalité, et nous nous demandons : quelle conversion de l’esprit, du cœur et de la vie le Seigneur nous demande-t-il ? Saint Paul, dans la Lettre aux Romains affirme : « Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour savoir reconnaître quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait » (Rm 12, 2). La contemplation, en effet, tend à créer en nous une vision sapientielle de la réalité, conforme à Dieu, et à former en nous « la pensée du Christ » (1 Co 2, 16). La Parole de Dieu se présente ici comme un critère de discernement : « elle est vivante, (…) énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ; elle pénètre au plus profond de l’âme, jusqu’aux jointures et jusqu’aux moelles ; elle juge des intentions et des pensées du cœur » (He 4, 12)


Alphonse Legros, La Vocation de saint François (1861)
Ici encore, nous rencontrons l'Écriture comme étant vivante, mais maintenant, nous sommes à la recherche de quelque chose de plus spécifique. Avant, dans la meditatio, nous avons pris connaissance que Dieu nous parle à travers sa Parole. Mais maintenant, nous apprenons ce que cela signifie plus concrètement.

Saint François d'Assise a été inspiré pour commencer sa vie de mendiant et a finalement fondé l'Ordre franciscain, après avoir entendu une homélie sur Matthieu 10, 7-19. De même, saint Augustin a raconté la conversion radicale qu’il a subie après avoir lu Romains 13, 13-14, tandis que saint Antoine a été converti après avoir lu Matthieu 19, 21.

Lorsque saint Antoine a entendu « va, vends tout ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel; viens et suis-moi », il ne l'a pas simplement pris comme quelque chose de généralement adressé à lui. Il l’a plutôt saisi comme un appel spécifique pour aller vivre une vie monastique dans le désert. Probablement que vous n’aurez pas cette incitation par la lectio divina (même si cela est sûrement possible). Mais pour savoir ce que Dieu a comme plan pour vous, vous devriez l'écouter attentivement, avec l’oreille tendue vers les changements qui doivent être faits dans votre vie.

Étape 5: Actio (Vivre la Lectio divina)

Il est bon, ensuite, de rappeler que la lectio divina ne s’achève pas comme dynamique tant qu’elle ne débouche pas dans l’action (actio), qui porte l’existence croyante à se faire don pour les autres dans la charité. 

Une fois que vous savez ce que Dieu vous invite à faire, la prochaine étape est simple: le faire.

Conclusion

Si tous les chrétiens entreprenaient la lecture priante de l'Écriture de cette façon, les blessures de la Réforme auraient presque certainement commencé à guérir. Il y a quelques raisons à cela.

  1. Tout d'abord, les différends sur l'Écriture seraient ancrés dans le sens original du texte. La première étape, la lectio, assure cela. Mais certainement, cela limite le potentiel de la perversion textuelle ou des « textes-preuves ».
  2. Deuxièmement, parce que l'Écriture ne serait plus considérée comme quelque chose qui peut être, d'une certaine manière, contraire à l'Église ou à la Liturgie. L’Écriture assume la norme qu'il sera lue liturgiquement (Apocalypse 1, 3). Jésus est le modèle de la démarche, interprétant l’Écriture dans un contexte liturgique dans la synagogue (voir par exemple Luc 4, 16-21).
  3. Enfin, parce qu'il n'y aurait davantage de saints. En nous rapprochant du Christ, nous ne pouvons pas nous empêcher de nous rapprocher les uns des autres, tout comme les rayons se rapprochent lorsqu’ils s’approchent du moyeu.


Cet article est une traduction personnelle de l’article «The Awesome Power of the Five-Step “Lectio Divina” Method to Scripture» de Joe Heschmeyer.

L'un des passages les plus chaudement disputés dans les dialogues entre les catholiques et les protestants est le passage « sur cette pierre » de Matthieu 16, 18. Après que l'apôtre Simon confessa la foi en Jésus comme étant le Messie (le Christ), Jésus lui dit: « Et moi je te dis que tu es Pierre [Petros], et sur cette pierre [Petra] je bâtirai mon Église, et les portes de l'enfer [Hadès] ne prévaudront point contre elle ». Alors, est-ce que Jésus fonda son Église sur Pierre, le premier pape, comme le disent les catholiques? Ou serait-il plus juste de dire que l'Église sera construite sur ceux qui confessent la foi en Jésus comme étant le Christ, comme beaucoup de protestants le prétendent?

Le site protestant GotQuestions? fait un bon travail de présentation des arguments des deux côtés:

Peter Paul Rubens, la remise des clés (1616
Le débat fait rage quant à savoir si « la pierre » sur lequel le Christ va bâtir son Église est Pierre lui-même ou la confession de Pierre que Jésus est «le Christ, le Fils du Dieu vivant» (Matthieu 16, 16). En toute honnêteté, il est impossible pour nous d'être à 100% certain de savoir quel point de vue est correct. La construction grammaticale permet les deux points de vue. Le premier point de vue est que Jésus déclarait que Pierre serait la « pierre » sur lequel il bâtirait son Église. Jésus utilise un jeu de mots. « Tu es Pierre (Petros) et sur cette pierre (petra) je bâtirai mon église ». Comme le nom de Pierre signifie la pierre (ou roc) et que Jésus va construire son église sur Pierre - il semble que le Christ lie les deux ensemble. Dieu a beaucoup utilisé Pierre dans la fondation de l'église. C’était Pierre qui a proclamé le premier l'Évangile le jour de la Pentecôte (Actes 2,  14-47). Pierre a également été le premier à porter l'Évangile aux païens (Actes 10, 1-48). 
Dans un sens, Pierre était la pierre de «fondation» de l'église.
L'autre interprétation populaire est que la pierre que Jésus parlait n’était pas Pierre, mais la confession de foi de Pierre au verset 16 : «Tu es le Christ, le fils du Dieu vivant ». Jésus n’avait jamais enseigné explicitement  la plénitude de son identité à Pierre et aux autres disciples et il a reconnu que Dieu avait souverainement ouvert les yeux de Pierre et lui a révélé qui était vraiment Jésus. Sa confession du Christ comme Messie sorti de lui, comme une déclaration sincère de la foi personnelle de Pierre en Jésus. C’est cette foi personnelle en Christ qui est la marque du vrai chrétien. Ceux qui ont placé leur foi dans le Christ, comme Pierre, sont l'église.

J’ai déjà présenté des arguments pour l'interprétation catholique avant [traductions de ces excellents articles à  venir], mais ce n'est pas ce que je vais faire aujourd'hui. Dans cet article, je tiens à montrer pourquoi l'interprétation habituelle des protestants ne fonctionne pas.

Tout d'abord, examinons le passage biblique dans son contexte (Matthieu 16, 13-19):

Jésus, étant venu dans la région de Césarée de Philippe, interrogeait ainsi ses disciples : " Qui dit-on qu'est le Fils de l'homme? " Ils dirent : " Les uns Jean le Baptiste, d'autres Élie, d'autres Jérémie ou l'un des prophètes. " Il leur dit : " Et vous, qui dites-vous que je suis? " Simon Pierre, prenant la parole, dit : " Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant. " Jésus lui répondit : " Tu es heureux, Simon Bar-Jona, car ce n'est pas la chair et le sang qui te l'ont révélé, mais mon Père qui est dans les cieux. Et moi, je te dis que tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l'enfer ne prévaudront point contre elle. Et je te donnerai les clefs du royaume des cieux : tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. "

En l'espace de seulement trois de ces versets, Jésus s’adresse à Pierre personnellement dix fois. Pourtant, en vertu de l'interprétation protestante, nous serions censés croire que ce passage ne devrait pas s’appliquer à Pierre personnellement. Il serait prétendument adressé à tout chrétien qui ferait une profession de foi comme celle de Pierre: « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ».

Il y a quelques problèmes flagrants avec cette théorie. Tout d'abord, nous entendons Marthe faire cette même déclaration dans Jean 11, 27: «"Oui, Seigneur", lui dit-elle, "je crois que vous êtes le Christ, le Fils de Dieu, qui devait venir en ce monde ». Voyez-vous ce que le Christ ne fait pas? Changer son nom pour Pierre et lui promettre de construire l'Église sur elle. Aussi, nous ne voyons pas aucun des autres chrétiens du Nouveau Testament être renommé Pierre. La seule personne dans l'Écriture qui a été rénommé « Pierre » est l'apôtre Simon. C'est un peu comme si Jésus voulait dire qu’il voulait construire l'Église sur Pierre et pas seulement sur quelqu'un prêt à le déclarer comme étant le Messie.

Mais bon, nous ne savons pas laquelle des confessions de foi de Marthe ou de Pierre est arrivée en premier. Alors, peut-être que Jésus s'adresse à Pierre dans Matthieu 16, 18, parce c’est Pierre qui a eu cette foi en premier ?

Eh bien, cela soulève un autre problème encore plus flagrant: la confession de foi de Pierre n'est pas arrivée en premier. Jean 1, 32-49 élimine toute possibilité de l'interprétation protestante du passage « sur cette pierre ». Voici le passage :

Et Jean rendit témoignage en disant: "J'ai vu l'Esprit descendre du ciel comme une colombe, et il s'est reposé sur lui. Et moi je ne le connaissais pas; mais celui qui m'a envoyé baptiser dans l'eau m'a dit: Celui sur qui tu verras l'Esprit descendre et se reposer, c'est lui qui baptise dans l'Esprit-Saint. Et moi j'ai vu et j'ai rendu témoignage que celui-là est le Fils de Dieu." 
Mathis Grünewald Gothart, retable d'Issenheim (1516, détail - Jean-Baptiste)
Le lendemain, Jean se trouvait encore là, avec deux de ses disciples. Et ayant regardé Jésus qui passait, il dit: "Voici l'Agneau de Dieu." Les deux disciples l'entendirent parler, et ils suivirent Jésus. Jésus s'étant retourné, et voyant qu'ils le suivaient, leur dit: "Que cherchez-vous?" Ils lui répondirent: "Rabbi (ce qui signifie Maître), où demeurez-vous? Il leur dit: "Venez et vous verrez." Ils allèrent et virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. Or c'était environ la dixième heure. Or, André, le frère de Simon-Pierre, était l'un des deux qui avaient entendu la parole de Jean, et qui avaient suivi Jésus. Il rencontra d'abord son frère Simon, et lui dit: "Nous avons trouvé le Messie (ce qui se traduit Christ)." Et il l'amena à Jésus. Jésus, l'ayant regardé dit: "Toi, tu es Simon, fils de Jean; tu seras appelé Céphas (ce qui se traduit Pierre).
Le jour suivant, Jésus résolut d'aller en Galilée. Et il rencontra Philippe. Et Jésus lui dit: "Suis-moi." Philippe était de Bethsaïde, la ville d'André et de Pierre. Philippe rencontra Nathanaël et lui dit: "Nous avons trouvé celui dont Moïse a écrit dans la Loi, ainsi que les Prophètes: c'est Jésus, fils de Joseph de Nazareth." Nathanaël lui répondit: " Peut-il sortir de Nazareth quelque chose de bon?" Philippe lui dit: "Viens et vois." Jésus vit venir vers lui Nathanaël, et dit en parlant de lui: "Voici vraiment un Israélite, en qui il n'y a nul artifice." Nathanaël lui dit: "d'où me connaissez-vous?" Jésus repartit et lui dit: "Avant que Philippe t'appelât, lorsque tu étais sous le figuier, je t'ai vu." Nathanaël lui répondit: "Rabbi, vous êtes le Fils de Dieu, vous êtes le Roi d'Israël."

Ce passage est fantastique. Nous entendons une série de proclamations de foi:

  1. Jean-Baptiste proclame Jésus comme étant le Fils de Dieu (Jean 1, 34) et l'Agneau de Dieu (Jean 1, 36).
  2. L'apôtre André, frère de Simon, proclame Jésus comme étant le Messie, le Christ (Jean 1, 41).
  3. L'apôtre Philippe proclame Jésus comme étant «celui dont Moïse a écrit dans la Loi et dont les prophètes ont écrit », ce qui veut dire le Messie (Jean 1, 45).
  4. L'apôtre Nathaniel proclame Jésus comme étant le «Fils de Dieu» et «le roi d'Israël» (Jean 1, 49).

En fait, la seule personne nommée dans ce passage qui ne professe pas la foi dans le Christ est Simon-Pierre. On nous rapporte ce récit comme s’il n’avait rien dit. Et pourtant, en plein milieu de cette avalanche de proclamations messianiques, Jésus fait quelque chose de stupéfiant. Il se tourne vers Simon et comme s'il l'attendait, lui dit: «Toi, tu es Simon, fils de Jean; tu seras appelé Céphas ». Il est remarquable que Jésus fasse cela. Il appelle Simon par son nom, y compris son nom de famille (selon la façon de faire habituelle à cette époque). Il fait exactement la même chose dans Matthieu 16:18. Cela est aussi personnel que l’on puisse l’être. Et comme saint Jean le note, Céphas est le mot araméen pour pierre, qui est traduit en grec Petros et en français par «Pierre».

Alors Jean 1 nous montre essentiellement que: (1) tout le monde sauf Simon a proclamé que Jésus est le Messie; (2) Jésus a ensuite annoncé que Simon, le fils de Jean, était celui qu'il choisirait pour être la pierre (le roc) (3) les protestants essaient depuis maintenant cinq cents ans d'expliquer pourquoi ce passage ne signifie pas que Simon est vraiment la pierre, ou qu’il n’est pas personnellement la pierre, etc.

Gardez à l'esprit que cet événement se produit au tout début du ministère public de Jésus, bien avant les événements de Matthieu 16. Cela élimine toute chance que Simon soit appelé Pierre parce qu'il est le premier à déclarer que Jésus est le Christ. Jésus a été déclaré comme étant le Messie avant que Pierre ne l’ait ne serait-ce que rencontré. Au lieu de cela, Jésus a clairement fait comprendre que Lui, le Dieu souverain, a spécifiquement choisi Pierre pour être la pierre.

Pierre a été choisi parmi la foule, même quand il est entouré par des hommes qui nous semblent être de meilleurs candidats. C’est un autre rappel qu’« Il ne s'agit pas de ce que l'homme voit; l'homme regarde le visage, mais Yahweh regarde le cœur.» (1 Samuel 16, 7). Et Pierre seulement voit son nom changé. Nous pouvons tous être des pierres (Pierre nous appelle les « pierres vivantes » dans 1 Pierre 2, 5), mais Jésus (la « pierre vivante » dans le sens le plus large de 1 Pierre 2, 4) en a choisi un parmi nous, l'Apôtre Pierre, pour être la pierre sur lequel Il construit l'Église.

Deux remarques suites à certains commentaires

1) Beaucoup de protestants fondent leur rejet de la vision catholique sur la prétendue différence de sens entre Petros et Petra. Cette différence de sens n’existe pas vraiment dans le grec parlé à l'époque du Christ. Mais entous les cas, comme Jean 1, 43 le montre, Jésus nomme Pierre « Céphas » en araméen, ce qui est exactement le même mot en araméen que « pierre ». Traduit littéralement en  Grec, cela donnerait Petra et petra, ce qui est un problème, puisque Petra est un mot féminin et il ne peut pas être utilisé pour le nom d'un homme. Alors saint Matthieu le rend sous sa forme masculine « Petros » à la place.

2) Même si les protestants avaient raison à propos de l'interprétation correcte de « la pierre » dans Matthieu 16, le sens large du passage soutient toujours la papauté, car il montre la fondation d'une Église institutionnelle ainsi que le don de pouvoirs spécifiques (les clés et le pouvoir de lier / délier) à Pierre individuellement. Pour cette raison, vous pouvez avoir des Pères de l’Église comme saint Augustin, qui ne sont pas certains de l'interprétation correcte de « la pierre », mais qui sont fermes dans leur croyance en la papauté, basée sur l’autorité pétrinienne. En fait, même si Matthieu 16 n'avait pas été écrit, il y aurait toujours un soutien abondant pour la papauté dans le reste de l'Écriture et dans le témoignage des premiers chrétiens.

Cet article est une traduction personnelle de l’article «Is “The Rock” of Matthew 16:18 St. Peter? Or His Confession of Faith?» de Joe Heschmeyer.


Une des critiques les plus fréquentes de l'Église catholique est qu'elle enseignerait à ses membres à lui faire confiance, au lieu de faire confiance aux Saintes Écritures. Ou encore, que la Bible et l'Église catholique seraient parfois en désaccord et que les catholiques seraient obligés de choisir l'Église plutôt que la Bible. Une autre variante de cet argument est que nous donnerions plus d’importance aux « Pères de l'Église » ou  la « tradition » qu’aux Écritures.

Afin de voir pourquoi ces arguments sont faux, considérons ces quatre propositions :
  1. Interprétation ou exégèse biblique : « La Bible peut sembler enseigner X, mais elle enseigne en fait Y ».
  2. Tradition extrabiblique : « La Bible ne dit pas si X ou Y est vrai, mais nous savons par la Tradition que la vérité est Y ».
  3. Disciplines ou pratiques de l’Église : «La Bible laisse place à une politique X ou Y et nous allons choisir Y ».
  4. Enseignements anti-bibliques : « La Bible enseigne X, mais je vais rejeter X en faveur de Y ».
En tant que catholiques, nous croyons qu'il est dans l'autorité magistérielle de l'Église de faire (1), (2) et (3). Cependant, nous ne croyons pas que l'Église peut faire (4). Le Magistère de l'Église catholique en a compris autant, en reconnaissant ses propres limites au paragraphe 10 de Dei Verbum, la déclaration du Concile Vatican II sur la Parole de Dieu (qui traite la Bible et la Tradition apostolique):

Vincent Van Gogh, Nature morte avec Bible (1885
La sainte Tradition et la Sainte Écriture constituent un unique dépôt sacré de la Parole de Dieu, confié à l’Église ; en s’attachant à lui, le peuple saint tout entier uni à ses pasteurs reste assidûment fidèle à l’enseignement des Apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières (cf. Ac 2, 42 grec), si bien que, pour le maintien, la pratique et la profession de la foi transmise, s’établit, entre pasteurs et fidèles, un remarquable accord.
La charge d’interpréter de façon authentique la Parole de Dieu, écrite ou transmise, a été confiée au seul Magistère vivant de l’Église dont l’autorité s’exerce au nom de Jésus Christ. Pourtant, ce Magistère n’est pas au-dessus de la Parole de Dieu, mais il est à son service, n’enseignant que ce qui a été transmis, puisque par mandat de Dieu, avec l’assistance de l’Esprit Saint, il écoute cette Parole avec amour, la garde saintement et l’expose aussi avec fidélité, et puise en cet unique dépôt de la foi tout ce qu’il propose à croire comme étant révélé par Dieu.
Il est donc clair que la sainte Tradition, la Sainte Écriture et le Magistère de l’Église, selon le très sage dessein de Dieu, sont tellement reliés et solidaires entre eux qu’aucune de ces réalités ne subsiste sans les autres, et que toutes ensemble, chacune à sa manière, sous l’action du seul Esprit Saint, elles contribuent efficacement au salut des âmes.

Donc, l'Église n'a pas la capacité de l'emporter sur la Parole de Dieu. Mais, habilitée par la Commission Divine et perpétuellement guidé par l'Esprit Saint, nous ne devons pas craindre ce conflit, ni même sa possibilité. Le Christ a envoyé l'Église pour enseigner l'Évangile au monde entier (Mt 28, 19-20) et Il l’a envoyé avec le Saint-Esprit pour réaliser la tâche qu’il lui a été confié.

Ironiquement, alors que les protestants critiquent l'Église pour (1), (2) et (3), ils ont finalement eux aussi fini par faire chacun de ces points:

  1. En corrigeant de mauvaises interprétations de l'Écriture qu’ils jugent hérétiques, ils s’engagent dans (1), en montrant que « La Bible peut sembler enseigner X, mais enseigne en fait Y ».
  2. En disant, par exemple, que l’Évangile de Matthieu (anonyme d’un point de vue interne) a été écrit par saint Matthieu, ils s’engagent dans (2), en jugeant que « la Bible ne dit pas si X ou Y est vrai, mais nous savons par tradition que la vérité est Y ». 
  3. En décidant d'avoir le culte à un moment précis le dimanche matin (et peut-être aussi le mercredi soir), ils  s’engagent dans (3): «La Bible laisse place à la politique X ou Y et nous allons prendre Y ».

La seule différence pour nous les catholiques, c'est que nous avons une ecclésiologie cohérente qui explique pourquoi l'Église a la capacité faire ces choses. Les protestants ont tendance à nier que l'Église possède cette capacité, mais dans les faits, ils sont bien obligés de le faire de toute façon.

Je ne pense pas que cette explication sera immédiatement dissoudre tous les arguments contre l'Église catholique. Mais je souhaite qu'elle contribue à mettre ces arguments en perspective: vous plaignez-vous que l'Église catholique fait quelque chose que la Bible interdit? Ou simplement qu'elle fait quelque chose que la Bible (à votre avis) ne nécessite pas? Et, si c’est ce dernier cas, en quoi exactement est-ce un argument contre l'Église catholique ?


> Cet article est une traduction personnelle de l’article «The Catholic Church Against the Bible?» de Joe Heschmeyer.
Voici une image qui montre comment la Nouvelle Alliance en Jésus accomplit l’Ancienne Alliance d'Abraham, de Moïse et de David


Pieter Lastman, Jonas et la baleine (1621)

Dans l'Évangile de Luc 11, 29-32, Jésus mentionne le «signe de Jonas»:

Comme les foules s'amassaient, il se mit à dire : " Cette génération est une génération mauvaise; elle demande un signe, et il ne lui sera point donné d'autre signe que le signe du prophète Jonas. Car, de même que Jonas a été un signe pour les Ninivites, ainsi le Fils de l'homme en sera aussi un pour cette génération. La reine du Midi se lèvera, au (jour du) jugement, avec les hommes de cette génération, et les fera condamner, car elle est venue des extrémités de la terre pour entendre la sa gesse de Salomon, et il y a ici plus que Salomon. Les hommes de Ninive se dresseront, au (jour du) jugement, avec cette génération et la feront condamner, car ils ont fait pénitence à la prédication de Jonas, et il y a ici plus que Jonas.

Il y a une triple signification à ce signe:

  • La première est une prophétie à propos de la mort et de la résurrection du Christ. Jonas a passé trois jours dans le ventre du poisson et il retourne ensuite à la terre (Jonas 2, 1), préfigurant la mort et la résurrection de Jésus-Christ. Jésus fait cette liaison de façon assez explicite dans Matthieu 12, 40.
  • La deuxième est une prophétie à propos de la destruction de Jérusalem, quarante ans après le rejet du Christ. Le message de Jonas à Ninive était : « Encore quarante jours et Ninive sera détruite! » (Jonas 3, 4). Le Christ met en garde les habitants de Jérusalem de leur méchanceté (y compris dans Luc 11, 29, cité ci-dessus) et il dit que le Temple sera détruit (Matthieu 24, 1-2). Jérusalem ne s’est pas converti et quarante ans après la mort du Christ, Jérusalem (y compris le Temple) a été détruit par les Romains. Cela accomplit aussi le Psaume 95, 10-11.
  • La troisième est une prophétie sur le salut des nations et sur le ressentiment que cela va entraîner. Lorsque les habitants de Ninive se sont repentis, Dieu a eu pitié d'eux (Jonas 3, 10). Jonas n’apprécie pas trop cela, parce qu'ils sont des Gentils (Jonas 4, 1). Lorsque la même miséricorde est offerte aux païens dans Actes 10, cela conduit au même ressentiment chez certains croyants juifs (Actes 11, 1-3).

L'Écriture est vraiment incroyable!


Cet article est une traduction personnelle de l’article «Three Meanings of “the Sign of Jonah”» de Joe Heschmeyer.

Un des principaux arguments soulevés contre les dévotions catholiques comme le Rosaire est que les catholiques prient toujours les mêmes prières encore et encore et que l'Écriture condamnerait la prière répétitive. Après tous, dans Matthieu 6, 7, le Christ dit: « Dans vos prières, ne multipliez pas les paroles vides, comme font les païens, qui s'imaginent devoir être exaucés à force de paroles », ou comme le dit la Bible Louis Segond « En priant, ne multipliez pas de vaines paroles, comme les païens, qui s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés ».

La réponse à cela est simple: le Christ condamne les répétitions vaines et les paroles vides. Les prières répétitives, y compris l'utilisation de formules de  prières, sont encouragées par l'Écriture et elles sont pratiquées par l'Église primitive. Regardons la prière répétitive d'abord, puis ensuite les formules de prières.

La Bible encourage la prière répétitive

Un des exemples les plus frappants de cela provient de l'agonie de Jésus au jardin de Gethsémani (Matthieu 26, 39-44):

Carl Bloch, Gethsémani (1805)
Et s'étant un peu avancé, il tomba sur sa face, priant et disant : " Mon Père, s'il est possible, que ce calice s'éloigne de moi ! Cependant non pas comme je veux, mais comme vous (voulez) ! "  
Et il vient vers les disciples et il les trouve endormis; et il dit à Pierre : " Ainsi, vous n'avez pas eu la force de veiller une heure avec moi ! Veillez et priez, afin que vous n'entriez point en tentation. L'esprit est ardent, mais la chair est faible. "  
Il s'en alla une seconde fois et pria ainsi : " Mon Père, si ce (calice) ne peut passer sans que je le boive, que votre volonté soit faite ! " Étant revenu, il les trouva endormis, car leurs yeux étaient appesantis. Il les laissa et, s'en allant de nouveau, il pria pour la troisième fois, redisant la même parole.

Ainsi,  Jésus a prié la même prière trois fois de suite. Voilà certainement une prière répétitive. Mais ce ne sont pas de vaines répétitions ou des paroles vides. Jésus a supplié son Père intensément. De même, nous sommes invités à prier Dieu sans relâche pour certaines choses, en allant même jusqu’à le harceler. Cette invitation vient de la parabole de Jésus de la veuve persistante (Luc 18, 1-8):

Et il leur disait une parabole sur la nécessité de toujours prier et de ne pas se lasser. Il dit : " Il y avait dans une ville un juge qui ne craignait point Dieu et n'avait point égard aux hommes. Et il y avait dans cette ville une veuve qui venait à lui et disait : " Fais-moi justice de mon adversaire. "  
Et pendant un temps il ne le voulait pas. Après quoi cependant il se dit en lui-même : " Encore que je ne craigne pas Dieu et que je n'aie pas égard aux hommes, néanmoins, parce que cette veuve m'importune, je lui ferai justice, pour qu'elle ne vienne pas me rompre la tête éternellement. "  
Et le Seigneur dit : " Écoutez ce que dit le juge inique ! Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus qui crient à lui nuit et jour, lui qui use de patience envers eux? Je vous le dis, il leur fera justice promptement. Seulement, quand le Fils de l'homme viendra, trouvera-t-il la foi sur terre?"

Ainsi, le modèle de la prière continuelle que Jésus nous présente est celui d’une femme qui demande exactement la même chose (« Rends-moi justice contre mon adversaire»), encore et encore, jusqu’à en devenir insupportable.

La Bible encourage les formules de prières

Psaume 1, du Psautier de Florian (c. 1400)
L'idée que la Bible condamne les formules de prières (ou les prières pré-écrites) est stupide. Après tout, le livre des Psaumes n’est-il pas rien d'autre qu'un ensemble de 150 formules de prières, qui peuvent être priées dans une grande variété d'occasions et que cite abondamment le Christ durant sa vie terrestre.

De plus, Jésus nous a laissé lui-même sa propre formule de prière. Immédiatement après le passage de Matthieu 6, 7, dans lequel il dénonce les vaines paroles, le Christ nous donne le Notre Père (la Prière du Seigneur, Mt. 6, 9-13), en l’introduisant comme ceci : « Vous prierez donc ainsi... ». Voilà une formule de prière que nous devrions de prier souvent.

De plus, la Prière du Seigneur a été reconnue comme une formule de prière priée à plusieurs reprises par l'Église primitive. La Didachè est peut-être le plus ancien document chrétien en dehors de la Bible, datant environ du milieu à la fin du premier siècle. Les parties les plus anciennes de la Didachè sont probablement plus anciennes que les dernières portions du Nouveau Testament. Il s'agit en quelque sorte d'un manuel de l’Église, qui explique les croyances et les pratiques du christianisme aux convertis et aux nouveaux initiés. Dans le chapitre 8, les chrétiens sont chargés de prier le Notre Père trois fois par jour. Dans le chapitre suivant, les formules de prières pour la préface eucharistique sont données. De plus, la Didachè décrit ce qui est déjà pratique courante dans l'Église, ce qui signifie que nous pouvons dater en toute sécurité la prière répétitive de la Prière du Seigneur à l'époque des Apôtres.

Conclusion

Le Christ condamne le fait de dire ses prières sans les penser et le fait de répéter machinalement des paroles vides. Nous ne devrions pas le faire. Mais le remède à cela n’est de ne pas rejeter toutes formules de prières, ou de rejeter  toutes prières répétitives. C’est parce qu'il faut prier avec sincérité. Parfois, cela est difficile, en particulier quand nous sommes fatigués ou lorsque nous avons des choses qui nous tracassent l'esprit. Mais nous devrions essayer de faire de notre mieux quand même. Pour retourner à l'exemple du jardin de Gethsémani. Les apôtres étaient manifestement fatigués et c’est un euphémisme de dire que Jésus avait l’esprit tracassé. Mais, alors que les Apôtres délaissent la prière en faveur du sommeil, il est allé de l'avant et il a prié de toute façon, en répétant la même prière passionnée trois fois. Et cela a fait toute la différence.

Cet article est une traduction personnelle de l’article «Does the Bible Condemn Repetitive Prayer?» de Joe Heschmeyer.