"La réalité du péché, et plus particulièrement du péché des origines, ne s’éclaire qu’à la lumière de la Révélation divine. Sans la connaissance qu’elle nous donne de Dieu on ne peut clairement reconnaître le péché, et on est tenté de l’expliquer uniquement comme un défaut de croissance, comme une faiblesse psychologique, une erreur, la conséquence nécessaire d’une structure sociale inadéquate, etc. C’est seulement dans la connaissance du dessein de Dieu sur l’homme que l’on comprend que le péché est un abus de la liberté que Dieu donne aux personnes créées pour qu’elles puissent l’aimer et s’aimer mutuellement." (Catéchisme de l'Église catholique, paragraphe 387)

Suite aux nouveaux enseignements de Vatican II, certains catholiques ont adopté une conception brouillée du mal, et donc de l'enfer. À partir d'une prémisse légitime, à savoir que la théologie ne doit pas restreindre la portée de la miséricorde divine, on glisse vers une pensée quasi-universaliste selon laquelle le salut est aisément accessible à tous. On présume que la bonté divine implique un pardon inconditionnel.  On peine alors à parler de l'enfer. On peine à croire que Dieu permet aux âmes de souffrir éternellement en enfer. On présume que l'enfer est vide, ou sinon qu'il est réservé à quelques monstres exceptionnels tels que Hitler et Staline.

Pourtant, les catholiques des époques passées craignaient vivement pour le salut des âmes. C'est pourquoi les missionnaires risquaient d'être torturés et assassinés afin d'annoncer les évangiles aux contrées éloignées. C'est pourquoi les fidèles étaient disposés à tous les sacrifices afin de se détourner du péché. Ce zèle n'était pas sans raison. En effet, les paroles de Jésus-Christ au sujet du salut des âmes humaines sont alarmantes: "Entrez par la porte étroite. Car large est la porte, spacieux est le chemin qui mènent à la perdition, et il y en a beaucoup qui entrent par là. Mais étroite est la porte, resserré le chemin qui mènent à la vie, et il y en a peu qui les trouvent." (Matthieu 7,13-14). Voilà une mise en garde troublante que les catholiques d'aujourd'hui oublient parfois.

Malgré les discours optimistes qui confortent cet oubli en invoquant les enseignements de Vatican II, il importe de rappeler que ces mêmes enseignements reprennent la mise en garde de Jésus-Christ. Immédiatement après avoir affirmé que la Providence divine ne refuse pas les secours nécessaires au salut de ceux qui ne sont pas encore parvenus à une connaissance expresse de Dieu, le pape Paul VI précise que "Bien souvent, malheureusement, les hommes, trompés par le démon, se sont égarés dans leurs raisonnements, ils ont délaissé le vrai Dieu pour des êtres de mensonge, servi la créature au lieu du Créateur ou bien, vivant et mourant sans Dieu dans ce monde, ils sont exposés aux extrémités du désespoir." (Lumen Gentium, n. 16)

Pour comprendre cette mise en garde, il faut reconnaître que le mal n'est pas réductible à la souffrance et à l'incapacité à aimer. Le mal, au sens théologique, relève d'une malice viscérale. C'est la malveillance foncière qui habite le cœur humain et qui entraîne une culpabilité absolue envers Dieu. C'est la folie qui nous dissocie de Dieu et qui nous conduit en enfer. C'est l'esclavage dont nous a libéré Jésus-Christ sur la croix.

Avant de pouvoir envisager ce mal chez qui que ce soit, il faut d’abord le discerner en soi-même. On en prend conscience en réalisant qu'on peut céder, ne serait-ce qu’un instant, à une pensée mauvaise alors même qu'on reconnaît qu'elle est mauvaise. Voilà ce qui révèle en nous une faille, un désordre, une servitude, un aveuglement, une complicité intime avec le mal, au point où nous ressentons une complaisance face à ce qui nie notre propre conscience.

Aux yeux de Dieu, nous ne sommes pas seulement des malades et des handicapés, nous sommes des criminels et des coupables. À la lumière de la justice divine, nos fautes ne sont pas catégoriquement moins graves que celles des violeurs et des tueurs. Nous sommes également coupables de désirer ce que notre conscience condamne. Si nous avions eu le même parcours de vie que les violeurs et les tueurs, nous aurions peut-être commis les mêmes crimes. Au fond de notre cœur, nous sommes peut-être aussi mauvais qu'eux.

Nous pouvons espérer le salut de toute personne comme nous y invite l'Église depuis Vatican II. Nous devons admettre que la miséricorde de Dieu n'est limitée par aucune doctrine théologique.  Ainsi, nous évitons les conceptions identitaires ou pharisiennes du salut qui ont prévalu dans certains contextes passés. Mais cette invitation ne doit pas nous entraîner dans un optimisme excessif quant au salut des âmes, puisque cela ne peut que mener à une forme de nonchalance spirituelle qui n'a rien de chrétien.

Si on proclame la Bonne Nouvelle, c'est pour remédier à une mauvaise condition. Et si cette mauvaise condition est niée ou ignorée, il faut mettre en évidence les ténèbres qui règnent sur le monde et dans nos cœurs, comme un médecin doit expliquer à son patient qu'il est malade afin de le convaincre d'accepter sa médication. Le christianisme n'a pas traversé les cultures et imprégné les civilisations en se présentant comme la recette d'une vie heureuse. L'histoire du christianisme est l'histoire du salut qui réconcilie l'humanité avec son Créateur.

On répète que Dieu est miséricordieux, mais on oublie que Dieu est juste. On ne prend pas mieux conscience de sa miséricorde en occultant sa justice, puisque notre conscience de sa miséricorde ne peut pas être plus grande que notre conscience de sa justice. On ne peut pas reconnaître l'immensité du pardon divin si on ne reconnaît pas l'immensité de notre péché. Si on n'admet pas que nous sommes réellement mauvais, que nous méritons réellement une mort éternelle, on ne peut pas comprendre que le salut est vraiment nécessaire. On ne peut pas intérioriser en quoi la croix est vraiment salutaire.

Mériter l'enfer


"Le péché est présent dans l’histoire de l’homme : il serait vain de tenter de l’ignorer ou de donner à cette obscure réalité d’autres noms. Pour essayer de comprendre ce qu’est le péché, il faut d’abord reconnaître le lien profond de l’homme avec Dieu, car en dehors de ce rapport, le mal du péché n’est pas démasqué dans sa véritable identité de refus et d’opposition face à Dieu, tout en continuant à peser sur la vie de l’homme et sur l’histoire." (Catéchisme de l'Église catholique, paragraphe 386)

On peut méconnaître la notion de péché en la confondant avec la notion de faute. Selon cette confusion, un péché serait simplement une faute envisagée d'un point de vue théologique. Mais si c'était aussi simple, aucun péché ne pourrait mériter l'enfer puisque celui-ci est une peine infinie. En toute justice, pour qu'une faute mérite une peine infinie, il faut que sa gravité soit également infinie. Pourtant, les êtres humains sont des créatures fragiles et blessées. Ils ne peuvent pas commettre des fautes dont la gravité est infinie.

C'est mal comprendre le péché. Le péché est bel et bien une faute, mais il est une faute bien particulière. Ce n'est pas une faute qui cause une blessure à autrui, c'est une faute qui rompt notre relation avec Dieu. Utilisons l'analogie conjugale pour explorer cette distinction.

Si un époux néglige son épouse, s'il l'insulte et s'il la violente, il lui cause des blessures. S'il divorce son épouse, il ne lui cause pas une blessure : il met fin à leur union. Un divorce est normalement lié à des blessures, mais pas forcément. On peut subir des blessures sans divorcer, et on peut divorcer sans blessures. Quand on rompt un mariage valide, on commet une faute même en l'absence de blessure puisqu'on brise une relation vouée au bonheur.

La peine que mérite une telle faute relationnelle est distincte de la peine que mérite une faute qui blesse autrui. La justice rétributive ne peut pas infliger une blessure équivalente puisqu'il n'y a pas de blessure. La justice ne peut pas non plus imposer une peine dissuasive ou réformatrice, puisque ces peines visent à prévenir les blessures... et qu'il n'est pas question de blessure! Il est question de relation.

Ainsi, la peine méritée par une faute relationnelle est simplement l'absence de la personne avec laquelle on a rompu. Le malheur que l'on subit est la privation du bonheur que cette personne procure. Peu importe les motifs qui amènent un époux à divorcer de son épouse, il mérite la peine qu'est la privation du bonheur que lui procure son épouse. Cette peine n'est pas optionnelle, elle n'est pas le fruit d'une évaluation juridique, elle est nécessaire: elle est intrinsèquement liée à la faute.

Il serait absurde de prétendre que, un époux ayant divorcé de son épouse pour des motifs excusables, la justice exige qu'il puisse continuer à jouir du bonheur qu'elle lui procure. Dans ce sens, une faute relationnelle n'est jamais excusable. Si la présence d'une personne me procure du bonheur, je dois savoir que son absence me causera du malheur. Si je décide de rompre une relation avec une personne, je mérite forcément la peine de son absence.

Une faute relationnelle est d'autant plus grave que la relation qu'elle brise est importante. Plus la personne envers laquelle je commets cette faute me procure du bonheur, plus la peine que je mérite en rompant cette relation sera grande. C'est à partir de cette prémisse que la gravité du péché face à Dieu commence à se révéler.

En effet, nous avons été créés par Dieu et toute notre vie dépend de lui ; il est notre Père dans les cieux, il est l'époux de l'Église que nous formons (Éphésiens 5, 32). Le lien qui nous unit à lui est le plus absolu qui soit. Si nous rompons cette relation avec notre Créateur, nous commettons une faute relationnelle dont la gravité est infinie. Cette faute est le péché qui mérite une peine infinie.

Le péché qui mène à l'enfer est la rupture de la relation avec Dieu, et la peine de l'enfer est l'absence de Dieu. "La peine principale de l’enfer consiste en la séparation éternelle d’avec Dieu en qui seul l’homme peut avoir la vie et le bonheur pour lesquels il a été créé et auxquels il aspire." (Catéchisme de l'Église catholique, paragraphe 1035) Si on comprend que la peine de l'enfer n'est rien d'autre que l'effet du péché, on perçoit mieux sa justice. Pour nier la justice de l'enfer, il faut dissocier la cause de son effet. Il faut exiger la présence d'une personne dont on a choisi de se séparer.

Comme pour un enfant qui se laisse distraire par des bruits ambiants alors que son parent mourant lui confie ses dernières paroles, il nous est difficile de surmonter nos distractions afin de nous concentrer sur ce qui mérite de l'importance. C'est pourquoi il nous est contre-intuitif de reconnaître toute la gravité du péché. Comme un époux insensé qui divorce de son épouse par frivolité pour ensuite s'affliger des tourments qu'il subit à cause de son absence, nous nous aveuglons à l'importance de notre relation avec l'Éternel invisible.

Dieu est invisible mais sa majesté est reflétée par l'univers visible. Quand on lève les yeux vers le ciel et qu'on imagine la magnitude écrasante des phénomènes cosmiques, face auxquels la Terre entière est plus petite qu’un grain de sable, et qu'on se remémore notre dépendance existentielle absolue envers notre Créateur, l'esprit humain commence tout juste à goûter les miettes de la majesté de Dieu. Sa majesté est ineffable ; nos mots ne peuvent pas évoquer toute sa grandeur.

Ce Dieu, dont la majesté est ineffable et auquel nous sommes liés de façon absolue, on l'ignore et on le rejette. On vit comme s'il n'existait pas ou comme s'il n'était pas important. On tente d'inventer un sens à notre vie qui ne repose que sur notre propre volonté, on tente d'élaborer une morale qui nous est propre ; "tu ne mangeras pas de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras" (Genèse 2, 17). Nous sommes de minuscules animaux faibles et stupides qui tentons de nous rebeller contre notre Créateur dont la majesté est infinie.

Pourquoi sommes-nous habités par un tel désir d'être infidèle à Dieu? Quelle est cette folie par laquelle nous sommes vainement tentés de nous suffire à nous-mêmes? Pourquoi Dieu permet-il de telles défaillances dans ses créatures chéries? Nous n'avons pas d'explications suffisantes pour répondre à ces questions. Il s'agit d'un mystère terrible.

Mystère de l'iniquité

"Si Dieu le Père Tout-puissant, Créateur du monde ordonné et bon, prend soin de toutes ses créatures, pourquoi le mal existe-t-il ? A cette question aussi pressante qu’inévitable, aussi douloureuse que mystérieuse, aucune réponse rapide ne saura suffire. C’est l’ensemble de la foi chrétienne qui constitue la réponse à cette question : la bonté de la création, le drame du péché, l’amour patient de Dieu qui vient au devant de l’homme par ses alliances, par l’Incarnation rédemptrice de son Fils, par le don de l’Esprit, par le rassemblement de l’Église, par la force des sacrements, par l’appel à une vie bienheureuse à laquelle les créatures libres sont invitées d’avance à consentir, mais à laquelle elles peuvent aussi d’avance, par un mystère terrible, se dérober. Il n’y a pas un trait du message chrétien qui ne soit pour une part une réponse à la question du mal." (Catéchisme de l'Église catholique, paragraphe 309)

Lorsqu'une personne demande pourquoi Dieu permet le mal, on lui répond que Dieu nous laisse libres afin que nous puissions vraiment aimer et être aimés. Un amour sans liberté serait faux ; une personne obligée d'aimer n'aime pas vraiment. La liberté est donc nécessaire à la possibilité d'un vrai amour. Et la liberté implique la possibilité du mal. Cette explication est adéquate en réponse à un questionnement abstrait, mais elle ne l'est pas à l'égard du scandale personnel.

Une personne qui souffre, ou qui a vu la souffrance d'autrui de près, ne peut pas comprendre pourquoi Dieu permet la souffrance alors qu'il pourrait l'empêcher. La souffrance est une réalité si horrible, si insupportable qu'aucune explication ne peut la justifier. Au contraire, quand on tente d'expliquer la souffrance par un plus grand bien, on crée l'impression que Dieu est un tortionnaire calculateur qui se fout du désespoir humain alors qu'il accomplit son plan. C'est pourquoi la liberté est une clé d'explication au scandale du mal mais elle ne constitue pas une explication suffisante.

Cela étant dit, il y a une réponse au scandale du mal : cette réponse est toute l'histoire du salut qui culmine avec Jésus-Christ sur la croix. Dieu lui-même, incarné en Jésus-Christ, a subi la souffrance et le désespoir avec nous et pour nous : "Jésus s'écria d'une voix forte: Éli, Éli, lama sabachthani? c'est-à-dire: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?" (Matthieu 27, 46). Dieu ne permet pas notre souffrance en présumant que nous aurons la clairvoyance pour en discerner la justice : lui-même a partagé notre souffrance et il sait à quel point cette souffrance est d'autant plus affligeante qu'elle dépasse notre compréhension. Dieu nous assure que la souffrance est justifiée mais nous ne pouvons pas comprendre pourquoi elle est justifiée.

Un livre entier de la Bible s'adresse au scandale du mal : le livre de Job. Job est un homme saint qui subit toutes sortes de souffrances qui lui paraissent injustes, et il demande une explication pour ses souffrances. On y offre d'abord trois mauvaises explications du mal, et ensuite une meilleure. Mais le tout demeure insatisfaisant, alors Dieu lieu-même intervient avec un discours étonnant : à la fois grandiloquent, provocateur et sarcastique.

Par ce discours, Dieu n'offre aucune explication à Job, pas même un début d'indice. Il lui fait uniquement valoir en quoi l'esprit de Dieu dépasse celui de Job, et donc à quel point il est vain pour un être humain de demander à comprendre le dessein divin. Au final, l'Écriture nous enseigne qu'on peut connaître Dieu et avoir confiance en lui, car il s'est révélé à nous et il est mort pour nous, mais on ne peut pas comprendre sa volonté. On peut connaître Dieu, mais on ne peut pas le comprendre.

"L'Éternel répondit à Job du milieu de la tempête et dit: qui est celui qui obscurcit mes desseins par des discours sans intelligence? Ceins tes reins comme un vaillant homme; je t'interrogerai, et tu m'instruiras. Où étais-tu quand je fondais la terre? Dis-le, si tu as de l'intelligence. Qui en a fixé les dimensions, le sais-tu? Ou qui a étendu sur elle le cordeau? Sur quoi ses bases sont-elles appuyées? Ou qui en a posé la pierre angulaire, alors que les étoiles du matin éclataient en chants d'allégresse, et que tous les fils de Dieu poussaient des cris de joie? Qui a fermé la mer avec des portes, quand elle s'élança du sein maternel; quand je fis de la nuée son vêtement, et de l'obscurité ses langes; quand je lui imposai ma loi, et que je lui mis des barrières et des portes; quand je dis: tu viendras jusqu'ici, tu n'iras pas au delà; ici s'arrêtera l'orgueil de tes flots? Depuis que tu existes, as-tu commandé au matin? As-tu montré sa place à l'aurore, pour qu'elle saisisse les extrémités de la terre, et que les méchants en soient secoués; pour que la terre se transforme comme l'argile qui reçoit une empreinte, et qu'elle soit parée comme d'un vêtement; pour que les méchants soient privés de leur lumière, et que le bras qui se lève soit brisé? As-tu pénétré jusqu'aux sources de la mer? T'es-tu promené dans les profondeurs de l'abîme? Les portes de la mort t'ont-elles été ouvertes? As-tu vu les portes de l'ombre de la mort? As-tu embrassé du regard l'étendue de la terre? Parle, si tu sais toutes ces choses. 
[...] 
L'Éternel, s'adressant à Job, dit: Celui qui dispute contre le Tout-Puissant est-il convaincu? Celui qui conteste avec Dieu a-t-il une réplique à faire? Job répondit à l'Éternel et dit: Voici, je suis trop peu de chose; que te répliquerais-je? Je mets la main sur ma bouche. J'ai parlé une fois, je ne répondrai plus; deux fois, je n'ajouterai rien. L'Éternel répondit à Job du milieu de la tempête et dit: ceins tes reins comme un vaillant homme; je t'interrogerai, et tu m'instruiras. Anéantiras-tu jusqu'à ma justice? Me condamneras-tu pour te donner droit? As-tu un bras comme celui de Dieu, une voix tonnante comme la sienne? Orne-toi de magnificence et de grandeur, revêts-toi de splendeur et de gloire! Répands les flots de ta colère, et d'un regard abaisse les hautains! D'un regard humilie les hautains, écrase sur place les méchants, cache-les tous ensemble dans la poussière, enferme leur front dans les ténèbres! Alors je rends hommage à la puissance de ta droite.
[...] 
Job répondit à l'Éternel et dit: je reconnais que tu peux tout, et que rien ne s'oppose à tes pensées. [...] Oui, j'ai parlé, sans les comprendre, de merveilles qui me dépassent et que je ne conçois pas. [...] Mon oreille avait entendu parler de toi; mais maintenant mon œil t'a vu. C'est pourquoi je me condamne et je me repens sur la poussière et sur la cendre."
(Job 38, 1-18; 40, 1-14; 42, 1-6)

L’Église catholique enseigne que l’Eucharistie est à la fois une action de grâce et de louange au Père, un mémorial sacrificiel du Christ et de son Corps, ainsi qu’une présence du Christ par la puissance de Sa Parole et de Son Esprit. En prenant connaissance de cet aspect sacrificiel, certains non-catholiques croient que les catholiques re-sacrifient le Christ à chaque fois qu’ils célèbrent l’Eucharistie. Est-ce bien ce que nous faisons?

Non, nous ne re-sacrifions pas le Christ. Nous faisons le mémorial du seul et unique sacrifice du Christ, fait une fois pour toutes, pour la rédemption des péchés du monde. C’est un mémorial qui rend réellement présent ce même sacrifice, parce qu’il s’agit de la même victime et qu’il est offert par la même personne : le Christ. Pour plus de détail, voici ce qu’en dit le catéchisme de l’Église catholique (#1362-1372) :

L’Eucharistie est le mémorial de la Pâque du Christ, l’actualisation et l’offrande sacramentelle de son unique sacrifice, dans la liturgie de l’Église qui est son Corps. Dans toutes les prières eucharistiques nous trouvons, après les paroles de l’institution, une prière appelée anamnèse ou mémorial. 
Dans le sens de l’Écriture Sainte le mémorial n’est pas seulement le souvenir des événements du passé, mais la proclamation des merveilles que Dieu a accomplies pour les hommes (cf. Ex 13, 3). Dans la célébration liturgique de ces événements, ils deviennent d’une certaine façon présents et actuels. C’est de cette manière qu’Israël comprend sa libération d’Égypte : chaque fois qu’est célébrée la pâque, les événements de l’Exode sont rendus présents à la mémoire des croyants afin qu’ils y conforment leur vie. 
Le mémorial reçoit un sens nouveau dans le Nouveau Testament. Quand l’Église célèbre l’Eucharistie, elle fait mémoire de la Pâque du Christ, et celle-ci devient présente : le sacrifice que le Christ a offert une fois pour toutes sur la Croix demeure toujours actuel (cf. He 7, 25-27) : " Toutes les fois que le sacrifice de la croix par lequel le Christ notre pâque a été immolé se célèbre sur l’autel, l’œuvre de notre rédemption s’opère " (LG 3). 
Parce qu’elle est mémorial de la Pâque du Christ, l’Eucharistie est aussi un sacrifice. Le caractère sacrificiel de l’Eucharistie est manifesté dans les paroles mêmes de l’institution : " Ceci est mon Corps qui va être donné pour vous " et " Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon Sang, qui va être versé pour vous " (Lc 22, 19-20). Dans l’Eucharistie le Christ donne ce corps même qu’il a livré pour nous sur la croix, le sang même qu’il a " répandu pour une multitude en rémission des péchés " (Mt 26, 28). 
L’Eucharistie est donc un sacrifice parce qu’elle représente (rend présent) le sacrifice de la croix, parce qu’elle en est le mémorial et parce qu’elle en applique le fruit : [Le Christ] notre Dieu et Seigneur, s’offrit lui-même à Dieu le Père une fois pour toutes, mourant en intercesseur sur l’autel de la Croix, afin de réaliser pour eux (les hommes) une rédemption éternelle. Cependant, comme sa mort ne devait pas mettre fin à son sacerdoce (He 7, 24. 27), à la dernière Cène, " la nuit où il fut livré " (1 Co 11, 13), il voulait laisser à l’Église, son épouse bien-aimée, un sacrifice visible (comme le réclame la nature humaine), où serait représenté le sacrifice sanglant qui allait s’accomplir une unique fois sur la croix, dont la mémoire se perpétuerait jusqu’à la fin des siècles (1 Co 11, 23) et dont la vertu salutaire s’appliquerait à la rédemption des péchés que nous commettons chaque jour (Cc. Trente : DS 1740). 
Le sacrifice du Christ et le sacrifice de l’Eucharistie sont un unique sacrifice : " C’est une seule et même victime, c’est le même qui offre maintenant par le ministère des prêtres, qui s’est offert lui-même alors sur la Croix. Seule la manière d’offrir diffère " (Cc. Trente, sess. 22a, Doctrina de ss. Missae sacrificio, c. 2 : DS 1743). " Et puisque dans ce divin sacrifice qui s’accomplit à la messe, ce même Christ, qui s’est offert lui-même une fois de manière sanglante sur l’autel de la Croix, est contenu et immolé de manière non sanglante, ce sacrifice est vraiment propitiatoire " (ibid.). 
L’Eucharistie est également le sacrifice de l’Église. L’Église, qui est le Corps du Christ, participe à l’offrande de son Chef. Avec Lui, elle est offerte elle-même tout entière. Elle s’unit à son intercession auprès du Père pour tous les hommes. Dans l’Eucharistie, le sacrifice du Christ devient aussi le sacrifice des membres de son Corps. La vie des fidèles, leur louange, leur souffrance, leur prière, leur travail, sont unis à ceux du Christ et à sa totale offrande, et acquièrent ainsi une valeur nouvelle. Le sacrifice du Christ présent sur l’autel donne à toutes les générations de chrétiens la possibilité d’être unis à son offrande. Dans les catacombes, l’Église est souvent représentée comme une femme en prière, les bras largement ouverts en attitude d’orante. Comme le Christ qui a étendu les bras sur la croix, par lui, avec lui et en lui, elle s’offre et intercède pour tous les hommes. 
Toute l’Église est unie à l’offrande et à l’intercession du Christ. Chargé du ministère de Pierre dans l’Église, le Pape est associé à toute célébration de l’Eucharistie où il est nommé comme signe et serviteur de l’unité de l’Église Universelle. L’évêque du lieu est toujours responsable de l’eucharistie, même lorsqu’elle est présidée par un prêtre ; son nom y est prononcé pour signifier sa présidence de l’Église particulière, au milieu du presbyterium et avec l’assistance des diacres. La communauté intercède aussi pour tous les ministres qui, pour elle et avec elle, offrent le sacrifice eucharistique : Que cette eucharistie seule soit regardée comme légitime, qui se fait sous la présidence de l’évêque ou de celui qu’il en a chargé (S. Ignace d’Antioche, Smyrn. 8, 1). C’est par le ministère des prêtres que se consomme le sacrifice spirituel des chrétiens, en union avec le sacrifice du Christ, unique Médiateur, offert au nom de toute l’Église dans l’Eucharistie par les mains des prêtres, de manière non sanglante et sacramentelle, jusqu’à ce que vienne le Seigneur lui-même (PO 2). 
A l’offrande du Christ s’unissent non seulement les membres qui sont encore ici-bas, mais aussi ceux qui sont déjà dans la gloire du ciel : C’est en communion avec la très Sainte Vierge Marie et en faisant mémoire d’elle, ainsi que de tous les saints et toutes les saintes, que l’Église offre le sacrifice eucharistique. Dans l’Eucharistie l’Église, avec Marie, est comme au pied de la Croix, unie à l’offrande et à l’intercession du Christ.
Le sacrifice eucharistique est aussi offert pour les fidèles défunts " qui sont morts dans le Christ et ne sont pas encore pleinement purifiés " (Cc. Trente : DS 1743), pour qu’ils puissent entrer dans la lumière et la paix du Christ : Enterrez ce corps n’importe où ! Ne vous troublez pas pour lui d’aucun souci ! Tout ce que je vous demande, c’est de vous souvenir de moi à l’autel du Seigneur où que vous soyez " (S. Monique, avant sa mort, à S. Augustin et son frère ; conf. 9, 11, 27). Ensuite, nous prions [dans l’anaphore] pour les saints pères et évêques endormis, et en général pour tous ceux qui se sont endormis avant nous, en croyant qu’il y aura très grand profit pour les âmes, en faveur desquelles la supplication est offerte, tandis que se trouve présente la sainte et si redoutable victime... En présentant à Dieu nos supplications pour ceux qui se sont endormis, fussent-ils pécheurs, nous ... présentons le Christ immolé pour nos péchés, rendant propice, pour eux et pour nous, le Dieu ami des hommes (S. Cyrille de Jérusalem, catech. myst. 5, 9. 10 : PG 33, 1116B-1117A) 
S. Augustin a admirablement résumé cette doctrine qui nous incite à une participation de plus en plus complète au sacrifice de notre Rédempteur que nous célébrons dans l’Eucharistie : Cette cité rachetée tout entière, c’est-à-dire l’assemblée et la société des saints, est offerte à Dieu comme un sacrifice universel par le Grand Prêtre qui, sous la forme d’esclave, est allé jusqu’à s’offrir pour nous dans sa passion, pour faire de nous le corps d’un si grand Chef ... Tel est le sacrifice des chrétiens : " à plusieurs, n’être qu’un seul corps dans le Christ " (Rm 12, 5). Et ce sacrifice, l’Église ne cesse de le reproduire dans le Sacrement de l’autel bien connu des fidèles, où il lui est montré que dans ce qu’elle offre, elle est elle-même offerte (S. Augustin, civ. 10, 6)

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Les catholiques (et également les orthodoxes) croient que pendant la messe, le pain et le vin deviennent le Corps et le Sang du Christ lorsqu’ils sont consacrés. Ensuite, pendant la communion, nous mangeons ce Corps du Christ. Certains non-catholiques y voient là un acte de cannibalisme. Est-ce vraiment le cas ?

Avant de répondre à la question. J’aimerais faire un petit rappel sur ce que les catholiques croient sur l’Eucharistie. Pendant la consécration, le pain et le vin deviennent le Corps, le Sang, l’Âme et la Divinité du Christ sous les apparences du pain et du vin. Dans un langage philosophique plus précis, on dit que la substance du pain et du vin sont transformés (d’où le terme transsubstantiation), tandis que les accidents du pain et du vin demeurent.

Alors sans plus tarder, voici 6 raisons* de penser que l’acte de consommer l’Eucharistie est substantiellement différente du cannibalisme.

1. Dans le cannibalisme, la victime est généralement tuée

Dans le cannibalisme, la personne consommée est, en général, tué. Dans l’Eucharistie, Jésus n’est pas tué. Nous le recevons dans son corps ressuscité et cela ne l'affecte pas le moins du monde. En fait, Il ne subit aucun changement. C’est plutôt Lui qui nous nous change!

2. Dans le cannibalisme, seule une partie de la victime est consommée

Dans le cannibalisme, seule une partie de la victime est consommée. On ne mange pas les os, les tendons, etc. Dans l'Eucharistie, nous consommons le Seigneur entièrement : les yeux, les cheveux, le sang, les os, etc. Mais, encore une fois, je souligne que nous le faisons sous les apparences du pain et du vin. Ceci est essentiellement différent du cannibalisme, ce qui conduit à mon prochain point:

3. Dans le cannibalisme, les accidents du sang et de la chair sont consommés

Dans le cannibalisme, les accidents du sang et de la chair sont consommés. Il faut déchirer la chair, boire le sang, etc. Dans l'Eucharistie, nous consommons les accidents du pain et du vin.

4. Dans le cannibalisme, on consomme un corps, pas une personne

Dans le cannibalisme, on consomme seulement un corps, pas une personne. La personne et l'âme de la victime l’ayant déjà quitté. Dans l'Eucharistie, nous consommons toute la personne de Jésus-Christ, Son Corps, Son Sang, Son Âme et Sa Divinité. On ne peut pas séparer le Corps du Christ de sa Personne divine. Ainsi, c’est une communion spirituelle en plus d'être une consommation physique. Par ce sacrement, nous devenons un avec le Christ sur le plan mystique.

5. Dans le cannibalisme, on ne reçoit une nourriture temporelle éphémère

Dans le cannibalisme, on ne reçoit qu’une nourriture temporelle qui est éphémère. Dans l'Eucharistie, nous recevons la vie divine de Dieu par la foi et, en recevant notre Seigneur bien disposé, nous savons que nous recevons la vie éternelle (voir Jean 6, 52-55). Ceci est essentiellement différent du cannibalisme.

6. Dans le cannibalisme, une fois la chair de la victime mangée, elle est détruite 

Dans le cannibalisme, une fois que l'on mange la chair de la victime, elle est détruite pour toujours. Cependant, nous pouvons consommer l'Eucharistie tous les jours et, comme mentionné dans le point 1, le Christ n’est pas changé d’un brin. Il reste toujours le même.

Vous voyez donc qu’il y a plusieurs différences importantes qui font que de consommer l’Eucharistie n’est pas un acte cannibale, mais plutôt le moyen choisi par Dieu pour nous nourrir de Sa vie divine.


*Ces raisons sont tirées de l’article « Are Catholics Cannibals? » de Tim Staples
tombeau-jesus-christ
Carl Bloch, L’enterrement du Christ (19e siècle)

Le titre n’est pas une faute de frappe. Saint Matthieu et saint Jean prennent soin tous les deux de préciser que le tombeau du Christ n’avait encore jamais été utilisé. Matthieu  27, 59-61 nous dit :

Joseph prit le corps, l'enveloppa d'un linceul blanc, et le déposa dans son sépulcre neuf, qu'il avait fait tailler dans le roc; puis, ayant roulé une grosse pierre à l'entrée du sépulcre, il s'en alla. Or Marie la Magdaléenne et l'autre Marie étaient là, assises en face du tombeau.

Jean 19, 41 est encore plus explicite: « Or, au lieu où Jésus avait été crucifié, il y avait un jardin, et dans le jardin un sépulcre neuf, où personne n'avait encore été mis ». Mais, pourquoi prennent-ils tous deux le temps de spécifier ce détail en apparence mondain?

Parce que cela montre que le tombeau est saint. Certaines choses sont données à Dieu seul et on ne les touche pas. Voilà le sens original du mot grec hagios, utilisé près de 100 fois dans le Nouveau Testament. Le dictionnaire de concordances de Strong le définit comme signifiant « mis à part par (ou pour) Dieu; saint; sacré ». Une chose est sainte en étant donnée à Dieu d'une manière spéciale. Il y a un bon exemple de cela dans Ezéchiel 44, 1-3, dans une vision prophétique du Nouveau Temple:

Puis il me fit revenir dans la direction du portique extérieur du sanctuaire qui regardait l'orient; il était fermé. Et Yahweh me dit: "Ce portique sera fermé; il ne s'ouvrira point, et personne n'entrera par là, car Yahweh, le Dieu d'Israël, est entré par là; et il sera fermé. Quant au prince, comme étant le prince, il s'y assoira pour manger les mets devant Yahweh; il entrera par le chemin du vestibule du portique et sortira par le même chemin."

Le portique du Temple est à Dieu seul - personne d'autre n’arrive à passer au travers, parce que Dieu a passé à travers lui. Le Tombeau du Christ est de même aussi à Dieu seul. Personne d'autre n’a jamais été enterré là, parce qu'il a été mis de côté par Dieu seul (pas même par Joseph d'Arimathie) pour son Fils Jésus. Et bien sûr, les apôtres sont en mesure de continuer à pointer vers la réalité du tombeau vide (Actes 2, 29-31, 13, 29-31) précisément parce que personne d’autre n’a jamais été déposé dans ce tombeau à nouveau.

Si vous comprenez cela - si vous comprenez pourquoi il était important pour les Juifs que personne d'autre n’était allé (ou irait) à travers le portique du Temple et pourquoi il importait pour les évangélistes que personne d'autre n’eût été enterré (ou sera enterré) dans le tombeau - alors vous devriez être en mesure de voir pourquoi les premiers chrétiens ont tellement insisté sur la naissance virginale et sur la virginité perpétuelle de Marie.

Ce n’est pas parce que les relations conjugales sont pécheresses ou sales. Matthieu et Jean ne sont pas en train de dénigrer les enterrements quand ils mettent l'accent sur la nouveauté du tombeau. Ezéchiel ne dénigre pas le fait d’entrer dans le Temple, pas plus que les premiers chrétiens ont dénigré l'union entre mari et femme. Toutes ces choses sont bonnes et saintes. Au contraire, ces choses veulent mettre l'accent sur le fait que certaines choses sont saintes, en ce sens qu'ils appartiennent totalement et uniquement à Dieu. En fait, certains des premiers commentaires chrétiens sur Ezéchiel 44 montrent clairement que la Vierge Marie est le portique du Temple d'Ezéchiel. Par exemple, saint Grégoire le Thaumaturge (213-270) proclame:

La Sainte Vierge est elle-même à la fois le temple honorable de Dieu et un sanctuaire fait pur, un autel d'or d’holocauste. En raison de sa grande pureté [elle est] l'encens divin de l'oblation, l'huile de la sainte grâce et un vase précieux portant en elle-même le vrai nard; le diadème sacerdotal révélant le bon plaisir de Dieu, dont elle seule s’approche de la sainteté du corps et de l’âme. [Elle est] le portique qui regarde vers l'est, dont par ses allées et venues toute la terre est illuminée. (Saint Grégoire le Thaumaturge 205-240, Homélie sur la Mère de Dieu, toujours vierge).

Ce langage rend certains protestants mal à l'aise, mais il ne devrait pas. Saint Grégoire dit que la Vierge Marie, comme le Temple ou le tombeau dans lequel le Christ a été enseveli, est totalement et permanemment consacrée à Dieu. Qui peut le nier? Ou qui peut imaginer que ce genre de consécration totale à Dieu le déshonore ou diminue Sa gloire de quelconque façon?

Le tombeau et les entrailles perpétuellement vierges du Christ sont parallèles l’un à l’autre et ils nous disent tous deux quelque chose sur Jésus: à savoir qu'il est Dieu et que Lui seul peut commander ce type de consécrations radicales. Par son Son Incarnation et Sa Résurrection, Jésus émerge dans le monde d'une manière radicale et ces « portails » entre le temps et l'éternité sont consacrés à Lui de façon absolue et complète.


Cet article est une traduction personnelle de l’article « The Virgin Tomb of Christ » de Joe Heschmeyer.


Le document très attendu du pape François sur la famille a maintenant été publié.

Voici 12 choses à savoir et à partager.

1. Qu’est-ce que ce document?

Il est appelé Amoris Laetitia (en latin, « la joie de l'amour ») et il est ce qu'on appelle une «exhortation apostolique post-synodale ».

Une exhortation apostolique est un document pastoral dans lequel le pape exhorte l'Église. Bien qu'il contienne des éléments doctrinaux, son objectif principal est pastoral. Les exhortations apostoliques sont différentes des encycliques, qui elles se concentrent sur la doctrine.

Quand un pape publie une exhortation apostolique en réponse à une réunion du synode des évêques (un rassemblement d'évêques du monde entier), elle est appelée exhortation apostolique post-synodale (qui signifie « après le synode »).

Amoris Laetitia a été écrit en réponse à deux réunions du synode des évêques, une tenue en 2014 et une en 2015, tous les deux ont été consacrés à la question de la famille.

2. Quels sont les sujets couverts par le document?

Il contient 255 pages, de sorte qu'il couvre un large éventail de sujets liés à la famille. Dans le résumé de son contenu, le pape François explique:

Dans le développement du texte, je commencerai par une ouverture inspirée par les Saintes Écritures, qui donne un ton approprié. 
De là, je prendrai en considération la situation actuelle des familles en vue de garder les pieds sur terre. 
Ensuite, je rappellerai certains éléments fondamentaux de l’enseignement de l’Église sur le mariage et la famille, pour élaborer ainsi les deux chapitres centraux, consacrés à l’amour. 
Pour continuer, je mettrai en exergue certains parcours pastoraux qui nous orientent pour la construction de foyers solides et féconds selon le plan de Dieu, et je consacrerai un chapitre à l’éducation des enfants. 
Après, je m’arrêterai sur une invitation à la miséricorde et au discernement pastoral face à des situations qui ne répondent pas pleinement à ce que le Seigneur nous propose, et enfin je tracerai de brèves lignes de spiritualité familiale. (AL 6)

Aux deux synodes des évêques, les deux sujets de discussion étaient le soin pastoral de ceux qui sont divorcés et remariés civilement et des personnes ayant une orientation sexuelle homosexuelle.

Bien qu’Amoris Laetitiae ne focalise pas sur ces sujets (ils ne représentent qu'une petite partie de ses propos), ce sont les sujets que les gens seront plus intéressés à connaître et c’est alors ce que nous allons couvrir ici.

3. Qu'est-ce que le document dit sur l'homosexualité?

Il en dit très peu. Il note que les unions de même sexe « ne peuvent pas être placidement comparées au mariage » (AL 52). Il dit aussi:


Avec les Père synodaux, j’ai pris en considération la situation des familles qui vivent l’expérience d’avoir en leur sein des personnes manifestant une tendance homosexuelle, une expérience loin d’être facile tant pour les parents que pour les enfants.  
C’est pourquoi, nous désirons d’abord et avant tout réaffirmer que chaque personne, indépendamment de sa tendance sexuelle, doit être respectée dans sa dignité et accueillie avec respect, avec le soin d’éviter  ‘‘toute marque de discrimination injuste » et particulièrement toute forme d’agression et de violence.  
Au cours des débats sur la dignité et la mission de la famille, les Pères synodaux ont fait remarquer qu’en ce qui concerne le « projet d’assimiler au mariage les unions entre personnes homosexuelles, il n’y a aucun fondement pour assimiler ou établir des analogies, même lointaines, entre les unions homosexuelles et le dessein de Dieu sur le mariage et la famille ».  
Il est inacceptable que « les Églises locales subissent des pressions en ce domaine et que les organismes internationaux conditionnent les aides financières aux pays pauvres à l’introduction de lois qui instituent le “mariage” entre des personnes de même sexe » (AL 250-251).

C'est tout. Contrairement aux espoirs de certains, le document n'a pas tenté de reformuler l'enseignement de l'Église sur les activités ou les unions entre des personnes du même sexe.

4. Qu'est-ce que le document dit au sujet de la proposition du cardinal Walter Kasper pour donner la sainte communion à des gens qui sont divorcés et remariés civilement après une «période pénitentielle»?

Rien. Cette proposition n'a pas été soulevée.

5. Est-ce que le document propose une solution concrète spécifique au problème des divorcés et remariés civilement?

Non. Après avoir examiné une variété de situations conjugales déficientes dans lesquels les gens peuvent se trouver, le document indique:

Si l’on tient compte de l’innombrable diversité des situations concrètes, comme celles mentionnées auparavant, on peut comprendre qu’on ne devait pas attendre du Synode ou de cette Exhortation une nouvelle législation générale du genre canonique, applicable à tous les cas (AL 300).

Au lieu de cela, le document énonce une série de principes à appliquer pour la pastorale de ces personnes.

6. Quels sont ces principes?

Le chapitre qui en discute est long. Nous ne pourrons pas le couvrir entièrement, mais ils comprennent:


  • Ne pas diluer l'enseignement de l'Église sur le mariage
  • Aider les gens à grandir vers la réalisation de l'enseignement de l'Église sur le mariage dans leur propre vie
  • Reconnaitre que les personnes dans les situations déficientes ne sont pas toutes dans la même situation
  • Aider à intégrer ces personnes dans la vie de l'Église, sur la base de ce qui est possible dans leurs cas individuels


7. Que dit le document sur le fait de ne pas diluer l'enseignement de l'Église sur le mariage?

En articulant l'enseignement de base de l'Église, il déclare:

Le mariage chrétien, reflet de l’union entre le Christ et son Église, se réalise pleinement dans l’union entre un homme et une femme, qui se donnent l’un à l’autre dans un amour exclusif et dans une fidélité libre, s’appartiennent jusqu’à la mort et s’ouvrent à la transmission de la vie, consacrés par le sacrement qui leur confère la grâce pour constituer une Église domestique et le ferment d’une vie nouvelle pour la société (AL 292).

Ensuite, il déclare:

Afin d’éviter toute interprétation déviante, je rappelle que d’aucune manière l’Église ne doit renoncer à proposer l’idéal complet du mariage, le projet de Dieu dans toute sa grandeur : « Les jeunes baptisés doivent être encouragés à ne pas hésiter devant la richesse que le sacrement du mariage procure à leurs projets d’amour, forts du soutien qu’ils reçoivent de la grâce du Christ et de la possibilité de participer pleinement à la vie de l’Église ». 
La tiédeur, toute forme de relativisme, ou un respect excessif quand il s’agit de le proposer, seraient un manque de fidélité à l’Évangile et également un manque d’amour de l’Église envers ces mêmes jeunes. 
Comprendre les situations exceptionnelles n’implique jamais d’occulter la lumière de l’idéal dans son intégralité ni de proposer moins que ce que Jésus offre à l’être humain (AL 307).

8. Que dit le document au sujet d’aider les gens à grandir vers la réalisation de l'enseignement de l'Église sur le mariage dans leur propre vie?

Il dit:

Les Pères se sont également penchés sur la situation particulière d’un mariage seulement civil ou même, toute proportion gardée, d’une pure cohabitation où « quand l’union atteint une stabilité consistante à travers un lien public, elle est caractérisée par une affection profonde, confère des responsabilités à l’égard des enfants, donne la capacité de surmonter les épreuves et peut être considérée comme une occasion à accompagner dans le développement menant au sacrement du mariage » (AL 293).

Il dit aussi:

Dans ce sens, saint Jean-Paul II proposait ce qu’on appelle la « loi de gradualité », conscient que l’être humain « connaît, aime et accomplit le bien moral en suivant les étapes d'une croissance ». 
Ce n’est pas une « gradualité de la loi », mais une gradualité dans l’accomplissement prudent des actes libres de la part de sujets qui ne sont dans des conditions ni de comprendre, ni de valoriser ni d’observer pleinement les exigences objectives de la loi. 
En effet, la loi est aussi un don de Dieu qui indique le chemin, un don pour tous sans exception qu’on peut vivre par la force de la grâce, même si chaque être humain « va peu à peu de l'avant grâce à l'intégration progressive des dons de Dieu et des exigences de son amour définitif et absolu dans toute la vie personnelle et sociale de l'homme » (AL 295).

9. Que dit le document au sujet des personnes dans des situations défectueuses n’étant pas toutes dans la même situation?

Il dit:

Les divorcés engagés dans une nouvelle union, par exemple, peuvent se retrouver dans des situations très différentes, qui ne doivent pas être cataloguées ou enfermées dans des affirmations trop rigides sans laisser de place à un discernement personnel et pastoral approprié. 
Une chose est une seconde union consolidée dans le temps, avec de nouveaux enfants, avec une fidélité prouvée, un don de soi généreux, un engagement chrétien, la conscience de l’irrégularité de sa propre situation et une grande difficulté à faire marche arrière sans sentir en conscience qu’on commet de nouvelles fautes. 
L’Église reconnaît des situations où « l'homme et la femme ne peuvent pas, pour de graves motifs - par exemple l'éducation des enfants -, remplir l'obligation de la séparation ». Il y aussi le cas de ceux qui ont consenti d’importants efforts pour sauver le premier mariage et ont subi un abandon injuste, ou celui de « ceux qui ont contracté une seconde union en vue de l'éducation de leurs enfants, et qui ont parfois, en conscience, la certitude subjective que le mariage précédent, irrémédiablement détruit, n'avait jamais été valide ». 
Mais autre chose est une nouvelle union provenant d’un divorce récent, avec toutes les conséquences de souffrance et de confusion qui affectent les enfants et des familles entières, ou la situation d’une personne qui a régulièrement manqué à ses engagements familiaux. 
Il doit être clair que ceci n’est pas l’idéal que l’Évangile propose pour le mariage et la famille (AL 298).

10. Que dit le document au sujet d'aider à intégrer ces personnes dans la vie de l'Église, sur la base de ce qui est possible dans leurs cas individuels?

Il dit:

J’accueille les considérations de beaucoup de Pères synodaux, qui sont voulu signaler que « les baptisés divorcés et remariés civilement doivent être davantage intégrés dans les communautés chrétiennes selon les diverses façons possibles, en évitant toute occasion de scandale [...]
Leur participation peut s’exprimer dans divers services ecclésiaux : il convient donc de discerner quelles sont, parmi les diverses formes d’exclusion actuellement pratiquées dans les domaines liturgique, pastoral, éducatif et institutionnel, celles qui peuvent être dépassées. 
Non seulement ils ne doivent pas se sentir excommuniés, mais ils peuvent vivre et mûrir comme membres vivants de l’Église, la sentant comme une mère qui les accueille toujours, qui s’occupe d’eux avec beaucoup d’affection et qui les encourage sur le chemin de la vie et de l’Évangile. 
Cette intégration est nécessaire également pour le soin et l’éducation chrétienne de leurs enfants, qui doivent être considérés comme les plus importants » (AL 299).

Il dit aussi:

Bien entendu, si quelqu’un fait ostentation d’un péché objectif comme si ce péché faisait partie de l’idéal chrétien, ou veut imposer une chose différente de ce qu’enseigne l’Église, il ne peut prétendre donner des cours de catéchèse ou prêcher, et dans ce sens il y a quelque chose qui le sépare de la communauté (cf. Mt 18, 17). 
Il faut réécouter l’annonce de l’Évangile et l’invitation à la conversion. 
Cependant même pour celui-là, il peut y avoir une manière de participer à la vie de la communauté, soit à travers des tâches sociales, des réunions de prière ou de la manière que, de sa propre initiative, il suggère, en accord avec le discernement du Pasteur (AL 297).

Il dit aussi :

Le colloque avec le prêtre, dans le for interne, concourt à la formation d’un jugement correct sur ce qui entrave la possibilité d’une participation plus entière à la vie de l’Église et sur les étapes à accomplir pour la favoriser et la faire grandir. 
Étant donné que, dans la loi elle-même, il n’y a pas de gradualité (cf. Familiaris consortio, n. 34), ce discernement ne pourra jamais s’exonérer des exigences de vérité et de charité de l’Évangile proposées par l’Église. 
Pour qu’il en soit ainsi, il faut garantir les conditions nécessaires d’humilité, de discrétion, d’amour de l’Église et de son enseignement, dans la recherche sincère de la volonté de Dieu et avec le désir de parvenir à y répondre de façon plus parfaite ». 
Ces attitudes sont fondamentales pour éviter le grave risque de messages erronés, comme l’idée qu’un prêtre peut concéder rapidement des ‘‘exceptions’’, ou qu’il existe des personnes qui peuvent obtenir des privilèges sacramentaux en échange de faveurs (AL 300).

11. Est-ce que le document entrevoit la possibilité d’absoudre sacramentellement et de donner la communion aux personnes qui se sont remariées civilement si elles ne vivent pas comme frère et sœur?

Oui il le fait. Dans le texte principal du document, il commence par noter certains principes à prendre en compte, en précisant:

Pour comprendre de manière appropriée pourquoi un discernement spécial est possible et nécessaire dans certaines situations dites ‘‘irrégulières’’, il y a une question qui doit toujours être prise en compte, de manière qu’on ne pense jamais qu’on veut diminuer les exigences de l’Évangile. 
L’Église a une solide réflexion sur les conditionnements et les circonstances atténuantes. 
Par conséquent, il n’est plus possible de dire que tous ceux qui se trouvent dans une certaine situation dite ‘‘irrégulière’’ vivent dans une situation de péché mortel, privés de la grâce sanctifiante. 
Les limites n’ont pas à voir uniquement avec une éventuelle méconnaissance de la norme. Un sujet, même connaissant bien la norme, peut avoir une grande difficulté à saisir les « valeurs comprises dans la norme » ou peut se trouver dans des conditions concrètes qui ne lui permettent pas d’agir différemment et de prendre d’autres décisions sans une nouvelle faute […] 
En ce qui concerne ces conditionnements, le Catéchisme de l’Église catholique s’exprime clairement : « L’imputabilité et la responsabilité d’une action peuvent être diminuées, voire supprimées par l’ignorance, l’inadvertance, la violence, la crainte, les habitudes, les affections immodérées et d’autres facteurs psychiques ou sociaux ». 
Dans un autre paragraphe, il se réfère de nouveau aux circonstances qui  atténuent la responsabilité morale, et mentionne, dans une gamme variée, « l’immaturité affective, […] la force des habitudes contractées, […] l’état d’angoisse ou [d’]autres facteurs psychiques ou sociaux ». 
C’est pourquoi, un jugement négatif sur une situation objective n’implique pas un jugement sur l’imputabilité ou la culpabilité de la personne impliquée (AL 301-302).

Le document prévoit ainsi le cas où une personne qui peut vivre dans une situation objective de péché, mais qui n’est pas mortellement coupable à cause d'une variété de facteurs de nature cognitive ou psychologique.

Cet enseignement n’est en fait rien de nouveau. L'Église a reconnu depuis longtemps que des personnes peuvent vivent objectivement dans un état de péché grave et ne pas être en état de péché mortel. Par conséquent, le document poursuit en indiquant:

À cause des conditionnements ou des facteurs atténuants, il est possible que, dans une situation objective de péché – qui n’est pas subjectivement imputable ou qui ne l’est pas pleinement – l’on puisse vivre dans la grâce de Dieu, qu’on puisse aimer, et qu’on puisse également grandir dans la vie de la grâce et dans la charité, en recevant à cet effet l’aide de l’Église. (AL 305).

Sur ce point, le texte contient une note qui indique:

Dans certains cas, il peut s’agir aussi de l’aide des sacrements. 
Voilà pourquoi, « aux prêtres je rappelle que le confessionnal ne doit pas être une salle de torture, mais un lieu de la miséricorde du Seigneur » : Exhort. ap. Evangelii gaudium (24 novembre 2013), n. 44 : AAS 105 (2013), p. 1038. 
Je souligne également que l’Eucharistie «  n’est pas un prix destiné aux parfaits, mais un généreux remède et un aliment pour les faibles »  (Ibid., n. 47 : p. 1039). (AL, note 351).

Le document envisage donc d'administrer l'absolution sacramentelle et la sainte communion à ceux qui vivent dans des situations objectivement pécheresses, mais qui ne sont pas mortellement coupables de leurs actes en raison de diverses conditions cognitives ou psychologiques.

Comme ils ne sont pas mortellement coupables, ils pourraient être valablement absous en confession et, étant dans l'état de grâce, ils pourraient ensuite recevoir, en principe, la communion.

12. Est-ce que le document dit comment communes sont de telles situations?

Non, mais le fait que cette application des principes énoncés figure seulement dans une note suggère que de telles situations ne sont pas communes et qu'elles ne doivent pas être présumées.

La même chose est indiquée par le grand nombre de mises en garde contenues dans le texte, concernant des choses telles que:


  • L'obligation de proclamer la vision complète de Dieu du mariage, pas de nivellement par le bas avec  « la tiédeur, toute forme de relativisme, ou un respect excessif quand il s’agit de le proposer » (AL 307).
  • Que les gens dans de telles situations devraient devenir soit sacramentellement mariés (AL 293) ou séparés (AL 298) ou vivre comme frère et sœur (cf. note AL 329).
  • Les gens qui ne respectent pas l'enseignement de l’Église sur le mariage doivent écouter le message de l'Évangile et se convertir (AL 297).
  • Ce malentendu, comme un « prêtre peut rapidement accorder 'exceptions' » doit être évité (AL 300).
  • Que les conditions cognitives ou psychologiques qui empêchent le péché grave objectif d'une personne de devenir mortel doivent exister (AL 301-302, 307).
  • La nécessité d'éviter le scandale (AL 299).



Cet article est une traduction personnelle de l’article « Pope Francis's New Document on Marriage: 12 Things to Know and Share » de Jimmy Akin.

Lorsqu’un catholique explique à un chrétien non catholique (ni orthodoxe) que les saints peuvent intercéder pour nous par la prière, on nous fait à l’occasion la remarque suivante : « Mais pourtant, les saints ne sont pas omniscients ou omniprésents comme Dieu pour pouvoir entendent nos prières ». Que pouvons-nous répondre à cela ?

Tout d’abord, il est important de noter que cette remarque a tout de même le mérite d’être fondée sur un danger bien réel : celui de prêter des attributs réservés à Dieu (comme l’omniscience ou l’omniprésence) aux saints. La question à se poser est alors : est-ce que l’intercession des saints nécessite vraiment qu’on leur assigne des attributs divins, comme l’omniscience ou l’omniprésence, ou est-ce que cela peut s’accomplir autrement sans que l’on ait à assigner aux créatures ce qui doit demeurer réservé à Dieu seul ?

Il y a dans la communion des saints un mystère sur lequel la Bible ne nous donne pas beaucoup de détails sur le « comment ». Nous savons par révélation divine que lorsque nous serons avec Dieu, nous connaîtrons davantage de choses que nous n’en connaissons maintenant (voir 1 Corinthiens 13, 9-12) et que nous serons au courant ce qui se passe sur terre (voir Apocalypse 5, 8). Cependant, nous savons aussi que même après avoir été sanctifié et vivant dans la vision béatifique avec Dieu au Ciel, nous ne serons jamais omniscients ou omniprésents comme Dieu.

L’opinion la plus répandue est que c’est par cette vision béatifique en Dieu, par le fait que les saints voient en Dieu ce qui leur ait communiqué par l’omniscience de Dieu, que les saints peuvent connaître nos prières. On comprend alors que les saints n’ont pas par eux-mêmes ni l’omniscience, ni l’omnipotence, mais que c’est par l’omniscience de Dieu qu’ils sont au fait de nos prières.

À la lueur de cela, on voit qu’il serait trompeur de concevoir les saints comme étant eux-mêmes omniscients, alors que les saints comptent en fait sur la seule omniscience de Dieu pour que leur soient communiquées les prières des fidèles d’ici-bas.