noix-nature


Y a-t-il un Dieu? Non.
Quelle est la nature de la réalité? Ce que la physique nous en dit.
Quel est le but de l'univers? Il n'y en a pas.
Quel est le sens de la vie? Idem.
Pourquoi suis-je ici? Uniquement par chance.

Ce sont les réponses fournies par le philosophe athée Alex Rosenberg dans son livre « The Atheist's Guide to Reality: Enjoying Life without Illusions » à certaines de ce qu'il appelle « les questions persistantes de la vie ».

« Compte tenu de ce que nous savons des sciences », poursuit-il, « les réponses sont toutes assez évidentes ». Selon Rosenberg, la réalité ne consiste en rien au-delà de ce que la science identifie: espace, temps, matière et énergie. Il est matérialiste et, avec consistance, il nie certains aspects de notre expérience quotidienne tels que le libre arbitre et les vérités morales.

Ceux qui croient en Dieu auront peu de difficulté à accepter les conclusions de Rosenberg fondées sur ses prémisses. Si la réalité matérielle est tout ce qui existe et si l'homme n'est réellement que le « résultat de collisions accidentelles d'atomes », alors la plus grande partie de l'expérience humaine, y compris le but et le sens de la vie, est une illusion. Dieu, les anges, les esprits et les âmes ne sont que de simples constructions humaines. L'homme n’est qu’un amas de produits biochimiques.

Aucun but dans un monde sans Dieu

Le célèbre athée Bertrand Russell l'a exprimé avec éloquence dans sa sombre réflexion de 1903, « La profession de foi de l’homme libre »:

Que l'Homme soit le produit de causes qui ne prévoyaient nullement la fin qu'elles accomplissaient; que son origine, son développement, ses espoirs et ses peurs, ses amours et ses croyances ne soient rien d'autre que le résultat de collisions accidentelles d'atomes; qu'aucun feu, aucun héroïsme, aucune intensité de pensée et de sentiment ne peuvent préserver une vie individuelle de la tombe […] Ce n'est que sur l'échafaudage de ces vérités, sur le fondement ferme du désespoir inébranlable, que l'habitation de l'âme peut désormais être bâtie en toute sécurité.

L'univers du matérialiste exclut philosophiquement le but de l’humain. Sans un « donneur de but » transcendant, le désespoir est tout ce dont nous avons pour construire notre vie.

Le but n'est pas quelque chose qui provient de forces aveugles et indifférentes. Il doit être donné par un agent intentionnel, une personne, et il implique une fin qui a été prescrite. Par exemple, un billet de 100$ ne sert pas à l'échange de biens et de services, sauf si ce but a été intentionnellement prescrit. Sinon, on peut tout aussi bien dire que ces billets servent à allumer les feux. Bien entendu, nous savons que, dans des circonstances normales, l’allumage des feux n'est pas ce à quoi servent les billets de 100$. Ce n'est pas un fait aléatoire de la nature; au contraire, le papier-monnaie s’est intelligemment et intentionnellement fait donner un but.

Le sens: découvert ou inventé?

Probablement qu’aucun théiste moderne a argumenté de façon plus convaincante pour l'inutilité de la vie sans Dieu que le philosophe chrétien William Lane Craig. Dans son essai « L'absurdité de la vie sans Dieu », il écrit:

S’il n’y a pas de Dieu, alors l’homme et l’univers sont condamnés à mort.  Pour l'homme moderne, il n’y a pas de Dieu et l’immortalité n’existe pas.  Et quelle en est la conséquence? Cela signifie que la vie en elle-même devient absurde. Cela signifie que notre vie n'a ni sens, ni valeur, ni but absolu.

Certains athées répondent en suggérant que nous pouvons donner nous-mêmes une signification à notre vie. Qu'il croie en Dieu ou non, la vie d'un chercheur médical travaillant pour trouver un remède à une maladie mortelle n'a-t-elle pas un sens?

Bien sûr, n'importe qui peut expérimenter le « sens » de façon subjective; c'est-à-dire au niveau de l'opinion ou du sentiment. Mais l'argument est que le sens et le but objectif ne peuvent pas exister sans Dieu et c'est ce type de but que les humains cherchent intuitivement.

Comme l'a reconnu le célèbre philosophe athée Thomas Nagel: « Nous voulons être important de l'extérieur. Si nos vies dans leur ensemble semblent inutiles, alors une partie de nous est insatisfaite ». C'est pourquoi nous semblons plus enclins à demander « Quel est le sens de la vie? » plutôt que « Quel le sens de ma vie? ». Nous avons l'intuition qu'il existe une grande raison pour notre existence qui est destinée à être découverte et non pas simplement inventée.

Le but est tout autour de nous

Cependant, le monde réel semble être tout sauf un système sans but. Les grands philosophes païens de la Grèce antique ont vu que la finalité ou la téléologie était inhérente à la nature. Aristote avait observé que le monde naturel semblait être métaphysiquement construit autour d’un but.

Nous pouvons vérifier sa notion métaphysique de but ou de « causalité finale » dans la nature ici et maintenant par nous-mêmes. Les glands poussent dans les chênes, de manière prévisible. Les électrons repoussent d'autres particules chargées négativement, de manière prévisible. Les pommes n’ont pas de plumes et volent vers le sud pour l'hiver, de façon prévisible; parce que les pommes n'ont pas le potentiel de se faire pousser des plumes en raison du fait qu'elles sont, par nature, des pommes.

Heureusement pour nous, les choses dans la nature ont une préférence très forte à être elles-mêmes. Pour cette raison, nous vivons dans un monde ordonné, prévisible et déterminé. Le genre de monde sans lequel la science serait impossible.

Argumenter pour une Intelligence Suprême

Au-delà d'Aristote, saint Thomas d'Aquin a soutenu qu'un tel but inhérent dans le monde matériel nécessite l'existence de Dieu. Il a démontré que le moteur non mu, que lui et Aristote affirmaient, était la même Intelligence Suprême qui expliquait la régularité causale du monde naturel.

Malheureusement, l'argument téléologique de saint Thomas d’Aquin pour l'existence de Dieu a souvent été faussement assimilé à l'argument de l'horloger de William Paley et aux arguments plus modernes du dessein intelligent. Alors que les approches comme celle de Paley plaident en faveur d'un architecte qui impose un dessein « de l'extérieur », l'approche thomiste plaide pour une Intelligence Suprême qui guide les choses inconscientes vers leurs « causes finales » qui sont prescrites « de l'intérieur ». Simplement, les arguments de style Paley se concentrent sur le mécanisme imposé à la nature, tandis que les arguments thomistes se concentrent sur la métaphysique inhérente à la nature.

C'est pourquoi l'approche aristotélico-thomiste n'est nullement menacée par la théorie de l'évolution. En effet, une personne peut étudier les causes secondaires (ou physiques) dans l'univers en dehors de la cause première de l'univers. Comme l'écrit le philosophe Ed Feser, « l'Intelligence Suprême dirige les choses vers leurs fins, mais le système ainsi créé a une sorte d'indépendance dans la mesure où il peut être étudié sans référence à l'Intelligence Suprême elle-même ».

Quoi qu'il en soit, la théorie scientifique de l'évolution complète l'approche aristotélico-thomiste, puisque l'évolution elle-même présuppose une certaine direction vers un but (ou causalité finale) de la nature. Feser note :

Même s'il devait s'avérer que les espèces animales sont les sous-produits accidentels de divers processus causaux impersonnels convergents, l'existence de ces processus évolutionnaires eux-mêmes nécessiterait une explication en termes de causes finales.

Notre fin ultime

Si l'univers matériel est doté d'un but immanent, comme l'ont soutenu Aristote et saint Thomas, alors nous pouvons raisonnablement nous attendre à ce que la vie intelligente le soit aussi. Si la vie a un but immanent, il s'ensuit qu'elle est également significative, puisque chaque action que nous prenons est significative dans la mesure où elle nous rapproche ou nous éloigne de notre but final, ou notre bien final, comme l'appelait Aristote.

Quel est notre but ultime en tant que personne humaine? Dans l'ensemble, l'humanité a toujours fondamentalement trouvé la même réponse: nous existons pour être heureux. Mais arriver à une réponse plus concrète a toujours été plus difficile. En quoi, ou en qui, repose notre bonheur ultime? Où devons-nous arriver et que devons-nous posséder avant de pouvoir enfin et définitivement nous reposer?

Bien entendu, les chrétiens ont une réponse à cette question intemporelle. C'est le moteur non mu, l'Intelligence Suprême, de qui viennent toutes choses et en qui toutes choses tiennent ensemble. C'est en Jésus-Christ qui est, comme l'a dit Dante, le même « L’Amour qui meut le Soleil et les autres étoiles. ».



Cet article est une traduction personnelle de l’article « A purposeful kind of world » de Matt Nelson pour Catholic Answers.
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Une grande partie de ce que les chrétiens sont invités à croire n'est pas explicite dans l'Écriture. En fait, certaines de nos croyances ne sont pas du tout contenues dans les Écritures. Par exemple, les questions sur le canon de l'Écriture lui-même, la nature de l'inspiration biblique, sur qui peut écrire l'Écriture, pour savoir si le canon est fermé ou quand un couple est marié et par qui doit-il l’être, est-ce que la révélation publique continue toujours? etc.

L'Eucharistie ne tombe définitivement pas dans la catégorie ci-dessus. Il y a beaucoup de choses qui sont remarquablement claires dans les Écritures au sujet du Saint Sacrement, en particulier en ce qui concerne la présence réelle. Les récits de l'institution et bien sûr, Jean 6 et I Corinthiens 10, 15-18 me viennent immédiatement à l'esprit. Mais dans cet article, je voudrais traiter de ce qui pourrait bien être le texte le plus clair de tous. Si ce n'est pas le plus clair, c'est certainement le meilleur texte, mais il n'est presque jamais utilisé par les catholiques pour démontrer le fondement biblique de l'Eucharistie. Il s’agi de 1 Corinthiens 11, 27-29. Je sais que beaucoup, même la plupart, diraient que Jean 6 est le texte le plus fort et qu'ils ont d'assez bon argument. Néanmoins, voici 1 Corinthiens 11, 27-29:

C'est pourquoi celui qui mangera le pain ou boira le calice du Seigneur indignement, sera coupable envers le corps et le sang du Seigneur. Que chacun donc s'éprouve soi-même, et qu'ainsi il mange de ce pain et boive de ce calice; car celui qui mange et boit indignement, sans discerner le corps du Seigneur, mange et boit son propre jugement

Selon saint Paul, l’élément constitutif impliqué dans la préparation d'un chrétien à recevoir l'Eucharistie est de « discerner le corps ». De quel corps saint Paul parle-t-il et qu’il faut savoir « discerner »? Ce n'est vraiment pas difficile à dire. Il le dit au verset 27, « Celui qui mangera… indignement, sera coupable envers le corps et le sang du Seigneur »

Ces mots très simples ont été un rappel brutal aux Corinthiens il y a 2000 ans et ils devraient l’être pour nous aussi. Nous devons reconnaître non seulement ce que nous recevons dans l'Eucharistie, mais aussi de qui il s’agit: Jésus-Christ.

Et il y a plus!

Saint Paul utilise un langage sans équivoque pour décrire la nature de l'Eucharistie. Il utilise le langage de l'homicide quand il décrit le péché de ceux qui ne reconnaissent pas le corps du Christ dans ce sacrement et donc le reçoivent indignement. Il dit qu'ils seront « coupable du corps et du sang du Seigneur ». D'après Nombres 35, 27, Deutéronome 21, 8; 22, 8, Ézéchiel 35, 6, Apocalypse 18, 24; 19, 2, et ailleurs dans Les Écritures, être « coupable du sang » signifie que vous êtes coupable d'avoir versé le sang d’un innocent par le meurtre. Ce n'est pas le langage du symbolisme pur. C'est le langage de la présence réelle.

Pensez-y: si quelqu'un mettait une balle dans la photo d'une personne réelle, je suis sûr que la personne représentée sur la photo ne serait pas ravie à ce sujet, mais l'auteur ne serait pas « coupable du sang ». Si cette même personne devait mettre une balle à travers la personne réelle, vous feriez mieux de croire qu'il serait « coupable du sang ».

Ainsi, le langage utilisé ici dans 1 Corinthiens 11 est très fort. En fait, c’est le langage le plus fort que saint Paul aurait pu utiliser pour souligner cette vérité. Quand il dit que nous devons « discerner le corps » dans l'Eucharistie, il signifie que nous devons « discerner le corps » dans l'Eucharistie! Ceci est une preuve concluante de la présence réelle de notre Seigneur!

Objection!

Plusieurs pourraient voir et même céder le point de la Présence Réelle ici, en particulier nos amis luthériens, mais ils nous rappellent que Saint Paul parle aussi de sacrement comme étant du « pain »: « celui qui mangera le pain ou boira le calice… » Même si quelqu'un est d'accord avec la présence réelle, cette affirmation de Saint Paul pourrait-elle davantage correspondre à la conception luthérienne de la consubstantiation plutôt qu'à la transsubstantiation? En d'autres termes, même si le Christ est présent, la référence de Paul au sacrement comme étant du « pain » ne prouverait-elle pas que le « pain » est aussi présent « à côté » du corps et du sang du Christ?

Ce n'est pas une surprise pour les catholiques que saint Paul qualifie l'Eucharistie de « pain » et de « vin ». Nous le faisons aussi couramment dans l'Église pour au moins deux raisons. Premièrement, Jésus est « le vrai pain descendu du ciel » et « la vraie boisson » selon Jean 6,32 et le verset 55. Il est tout à fait approprié de se référer à l'Eucharistie en tant que telle parce que l'Eucharistie est Jésus. Deuxièmement, dans le discours humain, nous avons tendance à nous référer aux choses telles qu'elles apparaissent. C'est ce qu'on appelle le langage "phénoménologique". Nous disons « le soleil se lèvera à 5h45 demain », mais est-ce que cela signifie que nous sommes tous des géocentristes qui croient que le soleil tourne autour de la terre? J'espère que non!

Nous trouvons aussi des exemples de langage phénoménologique dans de nombreux textes de l'Écriture. Daniel 12, 2 dans l'Ancien Testament et Actes 7, 60 dans le Nouveau Testament se réfère à la mort comme l’acte de « s'endormir ». Je vous assure qu'il y a une différence essentielle entre mourir et faire une sieste, mais les auteurs inspirés utilisent ce langage parce qu’il était et est toujours commun de le faire. Quand quelqu'un meurt, son corps a l'air de s'être « endormi ». Ainsi, les morts sont souvent appelés « endormis ». Quand il s'agit de l'Eucharistie, elle retient les apparences du pain et du vin; on devrait donc s'attendre à ce qu'elle soit mentionnée à certains moments tel qu'elle nous apparaît.

Une critique de la consubstantiation

Le problème avec la consubstantiation se résume à deux points centraux:

1. Elle tente de prétendre que le Christ est « réellement présent », mais nie ensuite une composante physique de cette présence. Cela n'a aucun sens. Si le Christ est simplement « spirituellement » présent, ce que suggère la consubstantiation, alors il n'est pas entièrement présent. Christ peut « apparaître sous une autre forme » comme nous le voyons dans Marc 16, 12 quand il est apparu à Clopas et aux disciples sur le chemin d'Emmaüs, mais si c'est vraiment le Christ, corps, sang, âme et divinité, il faut que soit ce que le Pape Paul VI a appelé dans sa grande Lettre Encyclique Mysterium Fidei du 3 septembre 1965, une réalité véritablement « physique » à notre compréhension de cette « présence réelle ». Sinon, il n'y aurait pas de réelle distinction entre cette présence et la présence du Christ dans sa parole ou en nous en tant que chrétien.

2. La consubstantiation nie finalement la parole de Jésus-Christ qui a dit: « Ceci est mon corps… Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang » quand il a institué l'Eucharistie en Luc 22, 19-20. La "consubstantiation" prétend que Jésus tenait toujours du pain et du vin entre ses mains - même s'il revendique aussi une sorte de « présence réelle » à côté du pain - mais Jésus déclare que le « pain » et le « vin » sont son corps et son sang. À moins que nous ayons quelques problèmes avec la signification ou l'utilisation du mot « est », les mots du Christ dans ce contexte sont très clairs. Le Christ se présente comme étant l’« agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde » de la Nouvelle Alliance et qui doit être consommé pour que le peuple de Dieu participe à son sacrifice salvifique (Jean 6, 53). C'est le langage de la présence réelle, y compris la partie corporelle, pas le langage de la consubstantiation ou de symbolisme pur.


Cet article est une traduction adaptée de l’article « The Best Verses Never Used to Demonstrate the Truth of the Eucharist » de Tim Staple
Vidéo réalisée à partir d'une conférence sur la Vierge Marie donnée le 27 novembre 2017 dans une paroisse de Paris. Il s'agit d'une synthèse et d'un résumé sur le mystère de la Mère de Dieu qui est infiniment vaste, élevé, profond.