J'ai lu ce texte du philosophe Guillaume Bignon avec grand intérêt. D'une part, la compréhension calviniste de la prédestination est une doctrine qui me paraît aberrante, et pourtant cet argumentaire m'a semblé rigoureux. D'autre part, j'ai plusieurs fois tenu un argumentaire similaire, c'est-à-dire que j'ai prôné une profonde déférence face à la révélation divine, en discutant avec des chrétiens à tendance universaliste ; le parallèle à ce sujet m'a donc semblé bien choisi. Malgré tout, je continue à croire que l'Écriture ne révèle pas un Dieu qui condamne des âmes sans égard pour quelque forme de libre-arbitre que ce soit.

Guillaume Bignon écrit que "Après tout, la meilleure façon de démontrer que deux propositions sont compatibles, est de montrer que ces deux propositions sont vraies!". Pourtant, si on démontre que deux propositions sont incompatibles, on doit reconnaître que l'une d'elles est fausse. A priori, deux propositions vraies qui paraissent incompatibles ne constituent pas un problème moins sérieux que deux propositions incompatibles qui paraissent vraies. L'apparence de véracité peut être aussi trompeuse que l'apparence d'incompatibilité.

Pourquoi les calvinistes concluent-ils qu'il n'y a pas d'incompatibilité entre la justice de Dieu et une condamnation inévitable? À ce que j'en comprends, c'est parce qu'ils sont plus certains que leur sotériologie est vraie qu'ils ne sont certains que la justice de Dieu est incompatible avec une condamnation inévitable. Ils sont certains que leur interprétation de l'Écriture est exacte, mais ils ne sont pas certains qu'un Dieu juste s'abstient d'instrumentaliser la plupart des âmes humaines en les prédestinant à des souffrances éternelles afin d'augmenter sa gloire. Là est notre point de rupture.

J'admets que Dieu est un grand mystère, et que mon sens de la justice est dépassé par la justice divine. Si la révélation est limpide sur une question donnée, mon jugement personnel se soumet à la Parole. Mais lorsqu'une question est vaste et complexe, lorsque l'interprétation biblique doit incorporer la révélation divine de façon cohérente, lorsque vient le temps d'adhérer à une sotériologie qui rend bien compte de tous les attributs divins, je vois mal en quoi le calvinisme offre la sotériologie la plus fidèle à l'Écriture.

En effet, la sotériologie catholique incorpore tous les éléments bibliques dont se réclame la théologie calviniste. Le paragraphe 600 du Catéchisme catholique explique que "À Dieu tous les moments du temps sont présents dans leur actualité. Il établit donc son dessein éternel de "prédestination" en y incluant la réponse libre de chaque homme à sa grâce : "Oui, vraiment, ils se sont rassemblés dans cette ville contre ton saint serviteur Jésus, que tu as oint, Hérode et Ponce Pilate avec les nations païennes et les peuples d’Israël (cf. Ps 2, 1-2), de telle sorte qu’ils ont accompli tout ce que, dans ta puissance et ta sagesse, tu avais prédestiné" (Ac 4, 27-28). Dieu a permis les actes issus de leur aveuglement (cf. Mt 26, 54 ; Jn 18, 36 ; 19, 11) en vue d’accomplir son dessein de salut (cf. Ac 3, 17-18)."

Cette sotériologie est compatible autant avec l'omnipotence de Dieu qu'avec sa volonté de sauver tous les hommes. La volonté de Dieu n'écrase pas la liberté humaine, elle l'incorpore. Comme un père veut que son fils nettoie sa chambre mais, voulant faire de lui un adulte, le laisse libre de la nettoyer ou pas, Dieu veut que l'homme soit sauvé mais, voulant faire de lui un saint, le laisse libre de recevoir la grâce salvifique ou pas.

La volonté du souverain n'est pas incompatible avec la liberté du sujet. La vie regorge d'exemples où le souverain accorde une liberté à ses sujets : la volonté du souverain permet, dans une certaine mesure, aux sujets d'agir selon leur propre volonté. Toutes les manifestations de la souveraineté divine - prédestination, élection, miséricorde et endurcissement - peuvent être envisagées en harmonie avec la liberté humaine. Là se trouve la distinction entre l'élection conditionnelle des catholiques et l'élection inconditionnelle des calvinistes.

Par contraste, a-t-on seulement un début d'exemple d'un être juste qui inflige une punition inévitable? A-t-on un seul exemple de punition inévitable qui n'est pas infligée par un être injuste? La justice de Dieu nous dépasse et peut nous surprendre mais, si elle paraît être le contraire de tout ce qu'on peut connaître dans la révélation générale, il y a matière à douter si cette apparence est due à une interprétation erronée.

Ainsi, pour soutenir la sotériologie calviniste, il n'est pas seulement nécessaire de démontrer que la révélation divine nous révèle la souveraineté absolue de Dieu sur sa création, ce qui est admis par tous. Il est plutôt nécessaire de démontrer que cette souveraineté est incompatible avec la liberté humaine. Il faut démontrer que la souveraineté divine est telle que, contrairement aux maints exemples de souveraineté que l'on trouve dans la révélation générale, elle ne peut laisser aucune place à la liberté humaine.

Cette démonstration est d'autant plus délicate que les calvinistes sont obligés de reconnaître que la souveraineté divine est complexe et mystérieuse. L'éminent pasteur calviniste John Piper affirme ce qui suit en élaborant sa pensée au sujet du premier péché commis par Satan:

"I do not know how Lucifer came to feel his first inclination to rebel against God. But here is what I do know. God is sovereign. Nothing comes to pass apart from his plan, which includes things he more or less causes directly, and things he more or less permits indirectly, and there is no doubt in my mind that Satan’s fall and all of the redemptive plan of God for the glory of his grace afterwards was according to God’s eternal plan. But it is precisely at this point that the how of the causality of Satan’s first sin worked we do not know. I have a category in my thinking, in other words, for the fact that God can see to it that something come to pass which he hates."

La souveraineté divine doit être conçue de façon complexe et mystérieuse afin d'expliquer la chute de Satan. Malgré cela, les calvinistes maintiennent qu'elle ne laisse aucune place à la liberté humaine. Afin de soutenir cette conclusion, Guillaume Bignon cite un passage de Romains 9 où Paul semble défendre la position calviniste en utilisant l'analogie du potier : "Le potier n’est-il pas maître de l’argile, pour faire avec la même masse un vase d’honneur et un vase d’un usage vil?". Pourtant, cette analogie se réfère à Jérémie 18, 6-10 où le potier divin adapte son plan en réponse à la réaction humaine, ce qui correspond plutôt à la sotériologie catholique:

"Est-ce que je ne puis pas vous faire comme a fait ce potier, maison d'Israël? Ce que l'argile est dans la main du potier, vous l'êtes dans ma main, maison d'Israël. Tantôt je parle, touchant une nation et touchant un royaume, d'arracher, d'abattre et de détruire. Mais cette nation, contre laquelle j'ai parlé, revient-elle de sa méchanceté, alors je me repens du mal que j'avais voulu lui faire. Tantôt je parle, touchant une nation et touchant un royaume, de bâtir et de planter, mais cette nation fait-elle ce qui est mal à mes yeux, en n'écoutant pas ma voix, alors je me repens du bien que j'avais dit que je lui ferais."

De même, dans Matthieu 23, 37, le Christ s'écrie : "Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l'avez pas voulu!" Dieu est absolument souverain ; rien ne peut se produire sans qu'il ne le veuille. Pourtant, les humains agissent parfois à l'encontre de sa volonté. Si on s'en tient à une conception unidimensionnelle de la souveraineté divine, ces passages bibliques présentent une contradiction insoluble. Mais si on envisage la souveraineté divine en considérant l'exemple du père qui veut que son fils nettoie sa chambre, tout s'éclaire.

Dieu est un souverain qui permet la liberté de ses sujets. Dieu veut que l'homme soit libre. Dieu veut que l'homme puisse refuser de faire ce que Dieu veut. Dieu veut que l'homme soit plus qu'un pantin qui exécute obligatoirement son plan prédéterminé puisqu'il l'a créé à son image afin de s'en glorifier. Dieu ne veut pas d'une obéissance obligée, il veut une obéissance libre. Dieu est mieux glorifié par l'amour de ses créatures si elles peuvent ne pas l'aimer. La noblesse des anges - toute à la gloire de Dieu - est d'autant plus grande qu'ils eurent la possibilité de devenir des démons.

Ainsi donc, on peut admettre une sotériologie qui concilie la souveraineté divine et la liberté humaine en vue de la plus grande gloire de Dieu, ou une sotériologie qui nous enjoint de croire, à l'encontre tous les exemples connus et malgré les difficultés d'interprétation biblique qu'elle implique, que la justice divine est compatible avec une condamnation inévitable. Guillaume Bignon m'a fait voir que cette deuxième sotériologie n'est pas aussi absurde que je ne l'imaginais, mais je ne crois pas qu'elle soit vraie pour autant.

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La Résurrection du Christ par Paolo Veronese, 1570

De nombreux sceptiques affirment que les premiers chrétiens croyaient aux miracles parce qu’ils vivaient dans une culture préscientifique, primitive et où les gens ignoraient les enchaînements naturels des choses. Les sceptiques en déduisent alors que les premiers chrétiens n’étaient pas en mesure de percevoir un miracle comme étant quelque chose de contraire à la nature et c’est pourquoi ils croyaient plus facilement aux miracles.

Par exemple, David Hume, un philosophe écossais sceptique du dix-huitième siècle, dans son œuvre « Enquête sur l'entendement humain », plaide pour une forte présomption contre le surnaturel et les miracles, basée sur l'idée que les miracles « abondent surtout parmi les nations ignorantes et barbares ».

Il y a trois façons de répondre à cette critique.

La première

Le plan de saint Joseph, qui était de divorcer Marie discrètement quand elle est devenue enceinte, a montré qu'il savait aussi bien que tout gynécologue moderne que, selon le cours normal de la nature, une femme n’enfante pas de bébés sans avoir eu des relations sexuelles avec un homme. C’est seulement après que l'ange lui ait apparu et qu’il lui a dit que le bébé était de l'Esprit-Saint qu'il a pris Marie chez lui. Comme l'écrit C.S. Lewis :

Lorsque saint Joseph a finalement accepté l'idée que la grossesse de sa fiancée était due non pas à l'impudicité, mais à un miracle, il a accepté le miracle comme quelque chose de contraire au cours normal de la nature (Miracles, 74).

Il n’est donc pas raisonnable de croire que Joseph ne savait pas qu’il est contraire au cours normal de la nature pour une vierge d'avoir un enfant.

La seconde

Le témoignage des premiers chrétiens à propos des miracles eux-mêmes implique nécessairement qu'ils comprenaient les lois de la nature. Comment peut-on reconnaître quelque chose comme étant un miracle ou un événement extraordinaire, sans d’abord savoir ce qui est ordinaire?

Les Évangiles parlent d’audiences réagissant avec craintes et émerveillements aux actes extraordinaires de Jésus (Marc 6, 2. 51 ; 7, 37 ; Luc 5, 26, 7, 16). Pourquoi auraient-ils eu cette réaction, à moins qu’elles aient reconnu que de tels actes étaient contraires au cours normal de la nature? Encore une fois, C.S. Lewis note:

S’ils [ses actes] n’étaient pas connus pour être contraires aux lois de la nature, comment pourraient-ils suggérer la présence de quelque chose de surnaturel? Comment pouvaient-ils être surprenants à moins qu'ils aient été considérés comme des exceptions à la règle? Et comment quelque chose peut-il être vu comme étant une exception jusqu'à ce que les règles soient connues? (Miracles, 74-75).

Le fait est que si les premiers chrétiens ne connaissaient pas les lois fondamentales de la nature, ils n’auraient pas pu alors avoir aucune idée de ce qui constitue un miracle et par conséquent, de tels événements n’auraient jamais piqué leur intérêt.

La troisième

Le doute du miraculeux que l’on retrouve dans les récits évangéliques est un autre exemple qui réfute que les premiers chrétiens aient acceptés miracles parce qu'ils étaient un peuple préscientifique.

Prenons par exemple le récit de saint Luc sur la rencontre de Zacharie avec l'ange (Luc 1, 18). Zacharie, qui était prêtre et donc un homme religieux, a refusé de croire à l'annonce de l'ange, qui disait que sa femme, Élizabeth, concevrait un fils. Pourquoi ce doute? Parce qu’Élizabeth était âgée bien au-delà des années de procréation. Zacharie savait que la conception d'un enfant à un tel âge irait à l'encontre des lois de la nature. Telle est précisément la raison pour laquelle il a d'abord refusé de croire à ce miracle. Saint Luc nous montre donc avec évidence que les Juifs du premier siècle n’ignoraient pas les lois de la nature, de sorte qu'ils étaient prêts à croire à toute sorte de miracles.

Le récit de saint Luc sur la résurrection constitue un autre exemple. Selon Luc, les premiers à s’opposer au message chrétien de la résurrection n'étaient pas les athées, mais les Sadducéens, les grands prêtres (voir Actes 4, 1-24). Ils étaient des juifs craignant Dieu et les chefs religieux de l’époque. S’ils ne savaient pas que les morts demeurent morts, alors pourquoi rejettent-ils la croyance chrétienne en la résurrection de Jésus?

Nous voyons aussi le doute au sujet de la résurrection dans les autres évangiles. Marc raconte que les apôtres ont douté de la résurrection à deux occasions différentes (voir Marc 16, 9-13). Selon Matthieu, quelques-uns des apôtres doutaient quand Jésus est apparu sur la montagne en Galilée, juste avant son Ascension (Matthieu 28, 16-17). Enfin, saint Jean raconte comment Thomas doutait et ne voulait pas croire à moins qu'il voit le Christ ressuscité : « Si je ne vois dans ses mains la marque des clous, et si je ne mets mon doigt à la place des clous et ma main dans son côté, je ne croirai point » (Jean 20, 25).

Il est donc amplement prouvé que, contrairement à l'affirmation des sceptiques, les gens du judaïsme du premier siècle étaient loin d'être ignorants du cours ordinaire de la nature. L'idée que les premiers chrétiens croyaient miracles parce qu'ils étaient préscientifiques est donc sans fondement.


Cet article est une traduction personnelle de l’article « Defending the Early Christians’ Belief in Miracles » de Karlo Broussard.
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Récemment, un lecteur m’a posé cette question sur cet article au sujet des prières adressées aux saints :

Prier les saints n'est-il pas en contradiction avec ce verset ?

Qu'on ne trouve chez toi personne qui fasse passer par le feu son fils ou sa fille, qui s'adonne à la divination, aux augures, aux superstitions et aux enchantements, qui ait recours aux charmes, qui consulte les évocateurs et les sorciers, et qui interroge les morts. Car tout homme qui fait ces choses est en abomination à Yahweh, et c'est à cause de ces abominations que Yahweh, ton Dieu, va chasser ces nations devant toi. Deutéronome 18, 10-12


Non, les demandes de prières que nous faisons aux saints ne sont pas en contradiction avec ce qu’a interdit Dieu dans ce passage du Deutéronome. Voici pourquoi :

Nous, les catholiques, prenons très au sérieux cette condamnation et nous croyons que de participer à des actes de divination, de superstitions, de magie ou de nécromancie, est une sévère offense au premier commandement de Dieu. En passant, on retrouve aussi ces condamnations dans l’Ancien Testament dans le livre du Lévitique (voir Lévitique 19, 31 et 20, 27). Maintenant, il nous reste à voir si les prières faites aux saints, comme celles que l’on fait dans l’Église catholique, font partie de ce qui est sanctionné dans ces avertissements.

Si on examine ces actes plus attentivement les actes mentionnés dans le passage cité plus haut, nous découvrons qu’ils ont tous une chose en commun : ce sont des actes où l’homme veut s’approprier quelque chose (le pouvoir de connaître le futur, de guérir, etc.) sans avoir à passer par Dieu ou à attendre qu’Il agisse. C’est à partir de cette prise de conscience que l’on se rend compte qu’il s’agit de pratiques opposées à l’objectif des prières faites aux saints.

Les prières qui sont adressées aux saints ont pour but l’adoration et la gloire de Dieu. Ce ne sont pas des prières ou des actes où on aurait l’intention de s’approprier quelque chose en écartant Dieu et Sa volonté. Cela fait toute la différence. Par exemple, lorsque je prie saint Joseph pour m’aider avec ma vie de famille, c’est comme lorsque je demande à un ami de prier pour moi. Le fait qu’une personne prie avec moi ne change pas le fait que nous sommes toujours tous les deux en train de prier l’unique Dieu de m’aider. C’est la même chose avec les prières que je pourrais faire à saint Joseph, qui lui est très proche de Dieu au Ciel. Comme le dit saint Jacques : « Confessez donc vos fautes l'un à l'autre, et priez les uns pour les autres, afin que vous soyez guéris ; car la prière fervente du juste a beaucoup de puissance. » (Jacques 5, 16). Comme les saints au Ciel sont justes, alors leurs prières sont puissantes devant Dieu et c’est pourquoi leur recours est précieux pour notre salut et pour la gloire de Dieu.
Les athées ont souvent tendance à utiliser le problème du mal pour réfuter l’existence de Dieu. Lorsqu’ils le font, ça ressemble généralement à ceci :

  1. Si Dieu était tout-puissant (omnipotent), il pourrait arrêter le mal.
  2. Si Dieu était tout-aimant (omnibénévolent), il arrêterait le mal s'il le pouvait.
  3. Par conséquent, si un Dieu omnipotent et omnibénévolent existait, le mal n’existerait pas.
  4. Le mal existe; par conséquent, un Dieu omnipotent et omnibénévolent n’existe pas.

Une autre variante de l'argument a été présentée par le philosophe grec Épicure, plusieurs siècles avant l'époque du Christ:

probleme-du-mal-epicureContre les chrétiens, cet argument est plus fort rhétoriquement que logiquement, mais contre les athées, il est ironiquement dévastateur. Permettez-moi d'expliquer ce que je veux dire par là.

I. Le problème du mal pour les chrétiens

Logiquement, cet argument méconnaît ce que signifie l'omnipotence de Dieu. L’omnipotence signifie que Dieu ne peut être plus puissant qu’Il ne l’est actuellement. Sa puissance est parfaite. Mais, dans ces limites traditionnelles, nous reconnaissons que Dieu ne peut pas faire ce qui est logiquement impossible. Il ne peut pas, par exemple, faire ce qui est contraire à Sa volonté. Pourquoi? Parce que c’est une déclaration dépourvue de sens.

Là est la réponse la plus simple au problème du mal:

  1. Dieu nous donne le libre arbitre, parce que le libre arbitre est intrinsèquement bon.
  2. Le libre arbitre implique la possibilité de faire ce qui est contraire à la volonté de Dieu (ce que nous savons être le mal).
  3. Ainsi, le mal existe, en raison des actions de l'homme, plutôt qu'à cause de Dieu.

Ainsi, la notion d'un Dieu omnibénévolent est compatible avec le libre arbitre et le libre arbitre est compatible avec la présence du mal. Vous pouvez être en désaccord avec cette solution – par exemple, vous pourriez ne pas voir pourquoi un monde où il y a le libre arbitre est mieux qu’un monde où Dieu nous oblige à faire le bien sur commande - mais cela démontre au moins qu'il n'y a pas de problème logique avec l'existence simultanée d'un Dieu omnipotent et omnibénévolent et du mal.

II. Le problème du mal pour les athées

Mais aujourd'hui, je voulais montrer pourquoi il s'agit d'un argument particulièrement mauvais pour l'athéisme. Le problème se trouve (dans le quatrième point de l'argument exposé ci-dessus) dans la proposition « le mal existe ». Il y a deux choses qui pourraient être impliquées en affirmant cela :

  • Le mal subjectif existe: Ce qui signifie qu’il y a des choses qui existent et que je n’aime pas. Mais si tel était le cas, toute l’argumentation du problème du mal tombe en miette. De toute évidence, un Dieu omnipotent et omnibénévolent pourrait bien faire ou permettre des choses que je déteste. L'existence du brocoli et des Yankees de New York ne discrédite pas Dieu, à moins que je sois narcissique au point de penser qu'un Dieu omnibénévolent créerait l'univers qui conviendrait le mieux à mes propres caprices.
  • Le mal objectif existe: Évidement, c’est cela qui est sous-entendu par le problème du mal. Qu’il y a des choses qui ne sont pas tout simplement contraires à mes goûts personnels (comme le brocoli), mais qui sont contraires à ce que toutes les personnes morales savent être bonnes (comme le génocide).

Mais voilà le problème. La morale objective, y compris le mal objectif, ne peut pas exister sans Dieu. Bien entendu, cela ne signifie pas que les athées ne peuvent pas être des personnes morales. Le catholicisme enseigne qu'une grande partie de la moralité objective est connaissable par la loi naturelle. Les athées peuvent et reconnaissent généralement implicitement la loi morale et lui obéisse. Le problème est que ce comportement semble complètement irrationnel.

Plus précisément, le problème est qu'il n'y a aucun moyen de déterminer comment le monde devrait être à partir des descriptions sur la façon dont le monde est, sans imposer un système de valeurs. Pour dire que quelque chose est objectivement mal – qui objectivement ne doit pas être – vous devez croire en des valeurs objectives qui lient tout le monde (y compris, dans le cas du problème du mal, Dieu lui-même). Cela doit être quelque chose d'infiniment plus grand que tout ce que vos valeurs personnelles pourraient être.

Ceci, comme vous pouvez le voir, est un problème sérieux pour l'athéisme, puisque le naturalisme athée nie ces lois morales universellement contraignantes (car ils nécessitent une origine divine). William Lane Craig, en argumentant contre Christopher Hitchens, a posé le problème de la façon suivante :

  1. Si Dieu n'existe pas, des valeurs morales objectives n'existent pas.
  2. Les valeurs morales objectives existent.
  3. Par conséquent, Dieu existe.

Hitchens a mal compris l'argument de Craig et il a pas mal bâclé sa réponse. J’ai donc cherché une autre réponse athée. Un autre athée a répondu en prétendant que les deux prémisses  de Craig sont fausses:

Tout d'abord, les valeurs morales objectives pourraient bien exister sans Dieu. Elles pourraient être câblées dans nos gènes, comme mécanisme de survie évolutive. Il est donc clair que la première prémisse de Craig est incorrecte.

D'autres ont utilisé cet argument, mais il est en fait mauvais. Un homme peut simultanément être attiré sexuellement à une femme non consentante et être conscient que le viol est immoral. D'un point de vue strictement biologique, pourquoi est-ce qu’un homme devrait écouter son câblage génétique quand celui-ci lui dit le viol est mauvais et non pas quand il lui donne une envie de commettre un viol? La réponse à cette question est une question morale, qui par définition, ne peut pas provenir de simples pulsions évolutives. Les pulsions sont le problème et non pas la solution.

Vous pouvez voir cela pratiquement dans tous les péchés: l'homme désire le péché, tout en sachant que c’est mal. Si le désir et l'aversion morale ne sont rien de plus que le conditionnement de l'évolution, alors pourquoi écouter le côté désagréable? Pourquoi ne pas agir simplement comme un autre membre du règne animal, un monde plein de viols, de vols et de meurtres.

Mais pour cette question, est-il moralement mauvais d'aller contre notre câblage génétique? Si le câblage n’est rien de plus que le résultat du hasard sur des millions d'années, alors ce n’est pas du tout clair pour moi pourquoi ça le serait. Votre corps peut également décider de commencer à produire des cellules cancéreuses à un rythme remarquable, mais vous ne sentez aucune allégeance morale à le laisser faire ainsi. Nous assujettissons constamment nos corps pour les rendre plus performants, plus endurant ou autre.

Et en effet, les athées vont constamment contre leur câblage génétique. Par exemple, je me risquerais de dire que la plupart des athées utilisent le contrôle des naissances et ne semblent pas trouver cela immoral, même si cela est contraire autant à notre câblage génétique qu'à nos mécanismes évolutifs de survie. Ils sont littéralement alors en train d’arrêter le travail de  l'évolution: une violation plus directe de câblage évolutif est presque impensable (sauf, peut-être, le célibat).

Donc, au plus, l'évolution peut expliquer les pulsions que nous avons pour ou contre certains comportements. Certaines de ces pulsions valent que l’on y agisse, certaines ne le valent pas. Mais de savoir auxquelles obéir et lesquelles ignorer est une question morale et non pas une question biologique.

De manière significative, lorsque Hitchens a finalement compris l'argument de Craig, il a concédé la première prémisse - parce qu’elle est indéniable. Cela nous amène à la seconde prémisse, qui dit que la moralité objective existe:

Cependant, les valeurs morales objectives n'existent pas de facto. Ce n’est pas tout le monde qui a les mêmes normes morales. Notre perception de ce qui est bien ou mal a changé au fil des siècles, ce que Richard Dawkins a appelé le décalage du « Zeitgeist moral ». En effet, les pratiques dans d'autres parties du monde qui sont considérées comme étant la fine pointe de la piété semblent aujourd'hui barbares aux Occidentaux. Il suffit de regarder à l'intérieur des livres de nos religions et de voir ce que leurs déclarations nous imposent pour voir que tel est le cas.

Si cela est vrai, nous ne pouvons pas critiquer les nazis pour avoir tué des millions de Juifs, pas plus que nous pouvons critiquer les Yankees de battre les Tigers. Nous ne nous souciions tout simplement pas du génocide nazi, c’est que leurs pratiques culturelles étaient simplement différentes de nos valeurs américaines.

Plus directement, si la moralité objective n’existe pas, alors le problème du mal tombe en miettes. Comme je l'ai dit plus haut, si par « mal » vous ne signifiez rien de plus que ce qu’il vous arrive d'aimer ou de ne pas aimer, ce terme n'a pas de sens. Alors, quand les athées posent le problème du mal, ils ont déjà admis l'existence du mal objectif, et donc, de la moralité objective.

Donc les athées peuvent soit croire que la morale n’est rien de plus qu'un « Zeitgeist moral » qui n’a pas plus d'importance que la dernière mode, ou ils peuvent critiquer ce qui est « dans les livres de nos religions ». Mais ils ne peuvent pas faire les deux de façon cohérente.


III. Le mal objectif existe

Juste au cas où certaines personnes qui liraient ceci seraient enclines à abandonner le problème du mal en échange de ne pas avoir à admettre l'existence d’une morale universellement contraignante, permettez-moi d'être clair. Nous pouvons constater que la morale objective existe. On n’a pas à nous enseigner que de violer, torturer et tuer des gens innocents est désagréable ou que c’est à contre-culture. C’est mal. Même si nous n'avons jamais appris ces choses en grandissant, nous savons ces choses par nature.

Incroyablement, même les sociétés les plus mauvaises - même les sociétés qui ont le plus cruellement perverti la loi naturelle pour leurs propres fins - professent encore cette morale universelle. L'Allemagne nazie, par exemple, avait encore des lois contre l’assassinat, le vol et le viol. Il n'y avait pas une certaine illusion qui faisait en sorte que ces choses étaient en quelque sorte moralement bonnes: c’est une fiction de penser le contraire. Tout le monde, à l'exception peut-être des sévèrement retardés ou des malades mentaux graves, reconnaissent que ces choses sont mal, qu’elles aient été formellement enseignées de ces vérités ou non.

Conclusion

Alors, est-ce que le problème du mal est un problème pour les chrétiens? Certainement. Il y a des réponses satisfaisantes sur le plan intellectuel, mais ce n’est pas pour rien que saint Thomas d'Aquin l’énumère comme l'un des deux arguments en faveur de l'athéisme dans sa Somme. Mais nous ne devrions pas laisser ce fait nous aveugler à cette vérité paradoxale: le problème du mal est considérablement plus grand pour les athées:

  1. Pour se plaindre du problème du mal, il faut reconnaître le mal.
  2. Pour reconnaître le mal, vous devez reconnaître un système objectif de lois morales.
  3. Les lois morales universelles objectives nécessitent un Législateur capable de dicter le comportement à tout le monde.
  4. Ce Législateur est celui que nous appelons Dieu.

Ironie du sort, cette preuve jette les bases pour établir non seulement que Dieu existe, mais qu’Il se soucie du bien et du mal.

Cet article est une traduction personnelle de l’article « Turning the Problem of Evil On Its Head » de Joe Heschmeyer.
christ-pardonne-peche
Gebhard Fugel, le Christ guérit les malades (1885)
L'Église catholique enseigne que les apôtres ont reçu la capacité de pardonner les pénitents de leurs péchés. L'une des objections fréquentes à cela est : « c’est un blasphème! Qui peut pardonner les péchés, sinon Dieu seul? » (Marc 2, 7; Luc 5, 21; Matthieu 9, 3). Cette phrase est de la Bible, mais ce sont les Scribes et les Pharisiens qui soulèvent l'objection. Donc, cela revient un peu à utiliser la phrase « Mangez, buvez et soyez joyeux! » sans être conscient que Jésus a cité cette phrase négativement (Luc 12, 19).

Néanmoins, le simple fait que cette objection protestante était à l'origine une objection pharisaïque ne suffit pas à la réfuter.

Matt Slick du CARM reconnaît les origines de l'expression, mais il prétend (à tort) que Jésus l’affirmait:

Jésus a pardonné les péchés et les Scribes, les étudiants de la loi, lui répondent à juste titre que seul Dieu peut pardonner les péchés. S'ils ont eu tort à ce sujet, alors pourquoi Jésus ne les a-t-il pas corrigés? Au lieu de cela, il affirme ce qu’ils disent, déclarant qu'il a le pouvoir de pardonner les péchés, puis guérit le paralytique. [....] Donc, Jean 20, 23 ne dit pas que les prêtres catholiques ont le pouvoir de pardonner les péchés. Il dit que les disciples chrétiens ont l'autorité de prononcer quels péchés « ont été pardonnés ».

John MacArthur tient un argument similaire, mais en énonçant quelques raisons:

Seul Dieu peut le faire. C’est une abomination. C’est une perversion. Il est péché pour nous de pervertir ce qui est bien et ce qui est mal, ce qui est juste et ce qui est injuste, ce qui est innocent et ce qui est coupable. Car nous n’avons aucun moyen de couvrir le péché. Seul Dieu peut être le « pardonneur » parce qu'il a fourni le sacrifice de substitution. Il est le Saint qui est offensé. Il est le juge, le législateur, le bourreau, le seul à avoir le pouvoir et l'autorité de pardonner au pécheur coupable. Tel est le message du christianisme. Voilà le cœur et l'âme de l'Évangile, la bonne nouvelle, que Dieu pardonnera vos péchés.

Nous allons donc jeter un coup d'œil au passage de la Bible et vous pourrez voir par vous-même si les apôtres ont reçu le pouvoir de pardonner les péchés. Matthieu 9, 2-8 est écrit de cette façon:

Et voilà qu'on lui présentait un paralytique, étendu sur un lit. Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique : " Aie confiance, mon fils, tes péchés te sont remis. " Et voici que quelques scribes se dirent en eux-mêmes : " Cet homme blasphème. " Jésus, ayant connaissance de leurs pensées, leur dit : " Pourquoi pensez-vous à mal dans vos cœurs? Lequel est le plus aisé de dire : Tes péchés te sont remis; ou de dire : Lève-toi et marche? Mais pour que vous sachiez que le Fils de l'homme a, sur la terre, le pouvoir de remettre les péchés : Lève-toi, dit-il alors au paralytique, prends ton lit, et va dans ta maison. " Et il se dressa et s'en retourna dans sa maison. A cette vue les foules furent saisies de crainte et glorifièrent Dieu d'avoir donné une telle puissance aux hommes.

Donc, récapitulons:


  1. Jésus pardonne au paralytique ses péchés.
  2. Les scribes (Luc mentionne aussi les pharisiens) objectent que cette idée des hommes pardonnant les péchés est blasphématoire.
  3. Jésus ne répond pas en révélant sa divinité.
  4. Au contraire, il répond en affirmant qu'il a le pouvoir de pardonner les péchés.
  5. Jésus propose un test pour prouver qu'il a la capacité de pardonner les péchés: sa capacité visible à effectuer des miracles de guérisons physiques pointe donc vers sa capacité à pardonner les péchés de façon invisible.
  6. Après avoir guérit avec succès le paralytique de ses maux physiques, le peuple rend gloire à Dieu pour avoir donné un tel pouvoir aux hommes.


Donc, si les Apôtres et leurs successeurs peuvent pardonner les péchés, que devrions-nous chercher? Tout d'abord, nous devrions chercher quelque signe où Jésus aurait fait passer son autorité. Deuxièmement, nous devrions chercher pour voir si oui ou non les apôtres pourraient justifier leur capacité présumée de pardonner les péchés. Ainsi, voyons si nous pouvons trouver ces deux choses.

I. Est-ce que le Christ transmet sa propre autorité?

Après la résurrection, nous voyons au moins trois cas où le Christ confie aux Apôtres sa propre autorité. Premièrement, il y a à la fin de l'évangile de Matthieu (Matthieu 28, 18-20):

Et Jésus s'approchant leur parla ainsi : " Toutes puissance m'a été donnée dans le ciel et sur la terre. Allez donc, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous toujours jusqu'à la fin du monde. "

À la Grande Commission, les apôtres sont (et par extension l'Église) envoyé en mission par l'autorité du Christ.

Deuxièmement, immédiatement avant l'Ascension, il leur dit (Actes 1: 6-8):

Eux donc, s'étant réunis, lui demandèrent : " Seigneur, est-ce en ce temps-ci que vous allez rétablir la royauté pour Israël? " Il leur dit : " Ce n'est pas à vous de connaître les temps ni les moments que le Père a fixés de sa propre autorité. Mais, lorsque le Saint-Esprit descendra sur vous, vous recevrez de la force, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'à l'extrémité de la terre. "

Jésus dit de l'Esprit Saint, « Quand le Consolateur, l'Esprit de vérité, sera venu, il vous guidera dans toute la vérité. Car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu'il aura entendu, et il vous annoncera les choses à venir. » (Jean 16, 13) Ainsi, le Christ confère son autorité par l'Esprit Saint à la Pentecôte.

Ce point ne doit pas être négligé: bien que le Saint-Esprit Lui-même soit divin, puisqu’étant la troisième personne de la Sainte Trinité, le Christ le présente comme agissant par l'autorité du Christ. Comparez cela avec Jean 8, 28, où il dit: « Lorsque vous aurez élevé le Fils de l'homme, alors vous connaîtrez qui je suis, et que je ne fais rien de moi-même, mais que je dis ce que mon Père m'a enseigné ».  Donc, la deuxième personne de la Trinité agit sur l'autorité de la première et la troisième agit sur l'autorité de la deuxième et rien de tout cela n’implique que la deuxième ou la troisième personne sont moins omnipotente ou souveraine. C’est l'humilité divine et peut-être une partie de l'explication de la raison pour laquelle le Christ se présente comme agissant par son autorité, plutôt que de se réclamer directement l'autorité souveraine de pardonner les péchés.

Enfin, plus précisément, nous voyons Jésus donne le pouvoir et la mission aux Apôtres le dimanche même de Pâques, en leur donnant notamment le pouvoir de pardonner les péchés (Jean 20, 19-23):

Le soir de ce même jour, le premier de la semaine, les portes du lieu où se trouvaient les disciples étant fermées, parce qu'ils craignaient les Juifs, Jésus vint, et se présentant au milieu d'eux, il leur dit: "Paix avec vous!" Ayant ainsi parlé, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Il leur dit une seconde fois: "Paix avec vous !" Comme mon Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie." Après ces paroles, il souffla sur eux et leur dit: "Recevez l'Esprit-Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis; et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus."

Pourquoi le Christ se revendique le pouvoir de pardonner les péchés? Parce que cette autorité lui  a été donnée, comme il est envoyé par le Père. Et ici, Il envoie les apôtres et Il leur donne le pouvoir de pardonner les péchés.

Voilà donc la première des deux choses que nous devrions rechercher. Qu'en est-il de l'autre?

II. Les apôtres ont-ils fait des miracles?

Si vous avez lu le livre des Actes, vous connaissez déjà la réponse à cette question. Les apôtres sont à plusieurs reprises présentés comme faisant des miracles, mais il y a un en particulier qu’il faut bien noter, Actes 3, 1-10 :

Or Pierre et Jean montaient au temple à l'heure de la prière, la neuvième. Et il y avait un homme, boiteux de naissance, qu'on apportait et posait chaque jour près de la porte du temple appelée la Belle, pour demander l'aumône à ceux qui entraient dans le temple. Lui, voyant Pierre et Jean qui allaient entrer dans le temple, leur demanda l'aumône. Mais Pierre, le fixant, avec Jean, (lui) dit : " Regarde-nous. " Et il tenait (les yeux) sur eux, s'attendant à recevoir d'eux quelque chose. Mais Pierre (lui) dit : " Je n'ai ni argent ni or; mais ce que j'ai, je te le donne : au nom de Jésus-Christ de Nazareth, marche ! " Et le prenant par la main droite, il le souleva. A l'instant les plantes de ses pieds et ses chevilles devinrent fermes; d'un bond il fut debout, et il marchait, et il entra avec eux dans le temple, marchant, sautant et louant Dieu. Tout le peuple le vit qui marchait et qui louait Dieu. Ils le reconnaissaient comme étant celui-là qui s'asseyait près de la Belle Porte du temple pour (demander) l'aumône, et ils furent remplis d'étonnement et de stupeur pour ce qui lui était arrivé.

Donc, au nom de Jésus-Christ - qui est le nom de celui qui leur a donné l'autorité - Pierre guérit miraculeusement un homme. Maintenant, rappelez-vous les paroles du Christ: « Lequel est le plus aisé de dire : Tes péchés te sont remis; ou de dire : Lève-toi et marche? »

Même les scribes et les pharisiens ont reconnu qu'il serait absurde de dire que Jésus puisse accomplir des miracles de guérison, mais qu’il ne puisse pas pardonner les péchés: les miracles de guérison étant des signes des transformations miraculeuses internes apportés par le pardon. Mais cela est exactement le genre de contorsion mentale absurde que vous auriez à faire si vous revendiquez que les Apôtres auraient pu faire en sorte qu’un homme boiteux marche, mais qu’ils ne pouvaient pas pardonner ses péchés. En d'autres termes, à la question de Jésus, de toute évidence rhétorique, « lequel est le plus aisé », vous auriez à donner la réponse qu’il n'aurait évidemment pas voulu; c’est-à-dire un refus de croire dont nous ne voyons même pas les scribes ou les pharisiens prêts à s’engager publiquement.

Conclusion

Les scribes, les pharisiens et les protestants ont raison de dire qu'il appartient à Dieu, de droit, de pardonner les péchés, tout comme il appartient à Dieu, de droit, de guérir les boiteux. Mais ce serait une restriction arbitraire sur la souveraineté de Dieu s'il ne pouvait pas donner aux autres le pouvoir d'agir en son nom. Le Père donne un tel pouvoir au Fils. Le Fils donne un tel pouvoir à l'Esprit Saint, aux Apôtres et à l'Église (il est intéressant de noter ici en passant que dans Luc 10, 16, Jésus dit au soixante-dix, il envoie: «Celui qui vous écoute m’écoute, celui qui vous rejette me rejette et celui qui me rejette rejette celui qui m'a envoyé »).

Les péchés ne sont pas pardonnés au nom du prêtre, tout comme les miracles ne sont pas effectuées au nom du prêtre. Voici la formule pour l'absolution:

Que Dieu notre Père vous montre sa miséricorde ! Par la mort et la Résurrection de son Fils, il a réconcilié le monde avec lui et il a envoyé l’Esprit Saint pour la rémission des péchés ; par le ministère de l’Église, qu’il vous donne le pardon et la paix ! Et moi, au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, je vous pardonne tous vos péchés.

En d'autres termes, tout comme Pierre a opéré la guérison de l'homme boiteux au Nom de Jésus, le prêtre opère la guérison de l'âme blessée au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.


Cet article est une traduction personnelle de l’article « But Only God Can Forgive Sins! » de Joe Heschmeyer.
J’ai la grande joie de vous annoncer l’ajout d’un nouveau collaborateur sur le blogue. Il s’agit de Mr Sylvain Aubé de Québec.
Sylvain est fasciné par l’histoire humaine. Il aspire à éclairer notre regard en explorant les questions politiques et philosophiques. Il s’intéresse également à l’apologétique chrétienne et à l'évangélisation. Avocat pratiquant le droit de la famille, son travail l’amène à côtoyer et à comprendre les épreuves qui affligent les familles d’aujourd’hui.

Vous pourrez bientôt découvrir ses articles sur le blogue. 
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William Blake, l’Ancien des Jours (1794)
Le célèbre comédien George Carlin était un athée fervent et il avait un mépris particulier pour la prière chrétienne. Il a défendu l’idée qu'il était arrogant pour nous de demander au Dieu de l'Univers quoi que ce soit. Si Dieu a déjà un plan divin, pourquoi oserions-nous Lui demander des faveurs spéciales?

Carlin a aussi présenté la prière comme étant destructrice ou inutile. Après tout, le Dieu de l'Univers est tout-puissant, omniscient, bon et Il a un plan divin. Si nos prières lui font changer ce plan, cela ne pourrait alors que faire empirer les choses, argumente Carlin. Si nos prières ne Lui font pas changer Ses plans, alors à quoi servent-elles?

Que pouvons-nous répondre à cela? Est-ce que prier est arrogant?

Pas du tout. La prière est une reconnaissance de notre propre faiblesse et de notre dépendance totale à Dieu. C'est l'exact opposé de l'arrogance et c’est pourquoi celui qui est vraiment arrogant ne peut pas prier. Rappelez-vous la parabole du Christ au sujet du pharisien et du collecteur d'impôts qui vont au Temple. Le pharisien est suffisant et arrogant. Jésus dit qu’ « il priait pour lui ». Il faisait une prière où il se réjouissait de ne pas être comme  le collecteur d’impôt ... et pendant ce temps, dit Notre-Seigneur, il était en train de se prier lui-même. Son orgueil l'avait empêché d'admettre qu'il avait besoin de Dieu, qu'il avait besoin de pardon et cela l’a empêché de prier. Quand nous prions, nous reconnaissons que nous avons besoin de Dieu et que nous sommes absolument désespérées sans Lui. Ce n'est pas arrogant de crier à l'aide.

Il y a une deuxième raison pour laquelle ce n’est pas arrogant de prier. Parce que Dieu nous invite à le faire. Dans Isaïe 7, Dieu dit au roi de demander un signe, grand ou petit, et qu’Il va lui donner. Mais le roi refuse ... même si Dieu lui a demandé. Ce n’est pas de la vraie humilité. Dieu nous invite à prier et il n’est pas arrogant pour nous de Lui obéir. Au contraire, le but de notre existence est d'aller à Lui.

Mais Dieu fait plus que cela. Par le baptême, Il fait de nous Ses fils et Ses filles, et il n’est pas désagréable pour un enfant de dire à ses parents comment se passe leur journée, ce dont ils ont besoin ou qu'ils aiment leurs parents. Le problème est que Carlin s’imagine Dieu comme un tyran lointain, quand Dieu est vraiment un Père aimant et intime.

C’est également la raison pour laquelle la deuxième objection de Carlin - l'idée que la prière est dangereuse, car elle interfère avec le plan divin - est complètement fausse. Vous et moi, nous faisons partie du plan divin. Nous ne sommes pas seulement les pièces d’une grosse machine cosmique que Dieu a imaginée. Nous sommes les fils et les filles de Dieu et l'un des principaux éléments du Plan Divin est pour nous de grandir dans l'intimité avec Dieu. Alors, il répond à nos prières.

Il est notre Père et les parents disent des choses comme : « si vous le demandez gentiment, vous pourrez avoir du dessert ». Ce n’est pas parce que vous, en tant que parent, vous voulez vraiment donner ou refuser le dessert. Ce n’est pas non plus parce que vous avez besoin que vos enfants vous disent qu'ils aiment le dessert. C’est parce qu’en élevant vos enfants à demander poliment, vos enfants deviennent meilleurs. Dieu aussi nous enseigne à prier, parce que la prière nous fait de meilleures personnes. Elle nous rend plus humbles et elle fait de nous de meilleurs fils et filles de Dieu.

Bien sûr, après avoir dit cela, nous devons être conscients que la réponse à nos prières ne sera pas toujours « oui ». Dans l'Évangile d'hier, Jésus dit que personne à qui son fils lui demande un poisson lui donnera un serpent. Mais parfois, nous demandons un serpent. Nous prions pour quelque chose qui n’est pas bon pour nous et nous devrions être reconnaissants que Dieu ne réponde pas à nos prières en nous donnant un serpent.

Nous devrions aussi être conscients que Dieu ne nous donnera pas nécessairement ce que nous voulons quand nous le voulons. Tout comme il sait ce qui est mieux pour nous, Il sait aussi quand ce sera meilleur pour nous. Quand votre fils vous demande un poisson et une miche de pain, vous n’allez pas lui donner une pierre et un serpent, mais vous pourriez le faire attendre pour le dîner. Dieu fait parfois cela pour nous Lui aussi, comme tout bon Père.

Alors nous devrions tous suivre les instructions de Jésus: ayez confiance en Dieu. Ayez confiance qu'Il a un plan divin et qu'Il sait ce qui est le mieux pour nous, mais cette partie de ce plan, cette partie de ce qui est le mieux pour nous, c’est de prier. Donc, priez hardiment!


Cet article est une traduction personnelle de l’article « How George Carlin Misunderstood Prayer » de Joe Heschmeyer.