Mais Dieu seul peut pardonner les péchés!

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Gebhard Fugel, le Christ guérit les malades (1885)
L'Église catholique enseigne que les apôtres ont reçu la capacité de pardonner les pénitents de leurs péchés. L'une des objections fréquentes à cela est : « c’est un blasphème! Qui peut pardonner les péchés, sinon Dieu seul? » (Marc 2, 7; Luc 5, 21; Matthieu 9, 3). Cette phrase est de la Bible, mais ce sont les Scribes et les Pharisiens qui soulèvent l'objection. Donc, cela revient un peu à utiliser la phrase « Mangez, buvez et soyez joyeux! » sans être conscient que Jésus a cité cette phrase négativement (Luc 12, 19).

Néanmoins, le simple fait que cette objection protestante était à l'origine une objection pharisaïque ne suffit pas à la réfuter.

Matt Slick du CARM reconnaît les origines de l'expression, mais il prétend (à tort) que Jésus l’affirmait:

Jésus a pardonné les péchés et les Scribes, les étudiants de la loi, lui répondent à juste titre que seul Dieu peut pardonner les péchés. S'ils ont eu tort à ce sujet, alors pourquoi Jésus ne les a-t-il pas corrigés? Au lieu de cela, il affirme ce qu’ils disent, déclarant qu'il a le pouvoir de pardonner les péchés, puis guérit le paralytique. [....] Donc, Jean 20, 23 ne dit pas que les prêtres catholiques ont le pouvoir de pardonner les péchés. Il dit que les disciples chrétiens ont l'autorité de prononcer quels péchés « ont été pardonnés ».

John MacArthur tient un argument similaire, mais en énonçant quelques raisons:

Seul Dieu peut le faire. C’est une abomination. C’est une perversion. Il est péché pour nous de pervertir ce qui est bien et ce qui est mal, ce qui est juste et ce qui est injuste, ce qui est innocent et ce qui est coupable. Car nous n’avons aucun moyen de couvrir le péché. Seul Dieu peut être le « pardonneur » parce qu'il a fourni le sacrifice de substitution. Il est le Saint qui est offensé. Il est le juge, le législateur, le bourreau, le seul à avoir le pouvoir et l'autorité de pardonner au pécheur coupable. Tel est le message du christianisme. Voilà le cœur et l'âme de l'Évangile, la bonne nouvelle, que Dieu pardonnera vos péchés.

Nous allons donc jeter un coup d'œil au passage de la Bible et vous pourrez voir par vous-même si les apôtres ont reçu le pouvoir de pardonner les péchés. Matthieu 9, 2-8 est écrit de cette façon:

Et voilà qu'on lui présentait un paralytique, étendu sur un lit. Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique : " Aie confiance, mon fils, tes péchés te sont remis. " Et voici que quelques scribes se dirent en eux-mêmes : " Cet homme blasphème. " Jésus, ayant connaissance de leurs pensées, leur dit : " Pourquoi pensez-vous à mal dans vos cœurs? Lequel est le plus aisé de dire : Tes péchés te sont remis; ou de dire : Lève-toi et marche? Mais pour que vous sachiez que le Fils de l'homme a, sur la terre, le pouvoir de remettre les péchés : Lève-toi, dit-il alors au paralytique, prends ton lit, et va dans ta maison. " Et il se dressa et s'en retourna dans sa maison. A cette vue les foules furent saisies de crainte et glorifièrent Dieu d'avoir donné une telle puissance aux hommes.

Donc, récapitulons:


  1. Jésus pardonne au paralytique ses péchés.
  2. Les scribes (Luc mentionne aussi les pharisiens) objectent que cette idée des hommes pardonnant les péchés est blasphématoire.
  3. Jésus ne répond pas en révélant sa divinité.
  4. Au contraire, il répond en affirmant qu'il a le pouvoir de pardonner les péchés.
  5. Jésus propose un test pour prouver qu'il a la capacité de pardonner les péchés: sa capacité visible à effectuer des miracles de guérisons physiques pointe donc vers sa capacité à pardonner les péchés de façon invisible.
  6. Après avoir guérit avec succès le paralytique de ses maux physiques, le peuple rend gloire à Dieu pour avoir donné un tel pouvoir aux hommes.


Donc, si les Apôtres et leurs successeurs peuvent pardonner les péchés, que devrions-nous chercher? Tout d'abord, nous devrions chercher quelque signe où Jésus aurait fait passer son autorité. Deuxièmement, nous devrions chercher pour voir si oui ou non les apôtres pourraient justifier leur capacité présumée de pardonner les péchés. Ainsi, voyons si nous pouvons trouver ces deux choses.

I. Est-ce que le Christ transmet sa propre autorité?

Après la résurrection, nous voyons au moins trois cas où le Christ confie aux Apôtres sa propre autorité. Premièrement, il y a à la fin de l'évangile de Matthieu (Matthieu 28, 18-20):

Et Jésus s'approchant leur parla ainsi : " Toutes puissance m'a été donnée dans le ciel et sur la terre. Allez donc, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous toujours jusqu'à la fin du monde. "

À la Grande Commission, les apôtres sont (et par extension l'Église) envoyé en mission par l'autorité du Christ.

Deuxièmement, immédiatement avant l'Ascension, il leur dit (Actes 1: 6-8):

Eux donc, s'étant réunis, lui demandèrent : " Seigneur, est-ce en ce temps-ci que vous allez rétablir la royauté pour Israël? " Il leur dit : " Ce n'est pas à vous de connaître les temps ni les moments que le Père a fixés de sa propre autorité. Mais, lorsque le Saint-Esprit descendra sur vous, vous recevrez de la force, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'à l'extrémité de la terre. "

Jésus dit de l'Esprit Saint, « Quand le Consolateur, l'Esprit de vérité, sera venu, il vous guidera dans toute la vérité. Car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu'il aura entendu, et il vous annoncera les choses à venir. » (Jean 16, 13) Ainsi, le Christ confère son autorité par l'Esprit Saint à la Pentecôte.

Ce point ne doit pas être négligé: bien que le Saint-Esprit Lui-même soit divin, puisqu’étant la troisième personne de la Sainte Trinité, le Christ le présente comme agissant par l'autorité du Christ. Comparez cela avec Jean 8, 28, où il dit: « Lorsque vous aurez élevé le Fils de l'homme, alors vous connaîtrez qui je suis, et que je ne fais rien de moi-même, mais que je dis ce que mon Père m'a enseigné ».  Donc, la deuxième personne de la Trinité agit sur l'autorité de la première et la troisième agit sur l'autorité de la deuxième et rien de tout cela n’implique que la deuxième ou la troisième personne sont moins omnipotente ou souveraine. C’est l'humilité divine et peut-être une partie de l'explication de la raison pour laquelle le Christ se présente comme agissant par son autorité, plutôt que de se réclamer directement l'autorité souveraine de pardonner les péchés.

Enfin, plus précisément, nous voyons Jésus donne le pouvoir et la mission aux Apôtres le dimanche même de Pâques, en leur donnant notamment le pouvoir de pardonner les péchés (Jean 20, 19-23):

Le soir de ce même jour, le premier de la semaine, les portes du lieu où se trouvaient les disciples étant fermées, parce qu'ils craignaient les Juifs, Jésus vint, et se présentant au milieu d'eux, il leur dit: "Paix avec vous!" Ayant ainsi parlé, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Il leur dit une seconde fois: "Paix avec vous !" Comme mon Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie." Après ces paroles, il souffla sur eux et leur dit: "Recevez l'Esprit-Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis; et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus."

Pourquoi le Christ se revendique le pouvoir de pardonner les péchés? Parce que cette autorité lui  a été donnée, comme il est envoyé par le Père. Et ici, Il envoie les apôtres et Il leur donne le pouvoir de pardonner les péchés.

Voilà donc la première des deux choses que nous devrions rechercher. Qu'en est-il de l'autre?

II. Les apôtres ont-ils fait des miracles?

Si vous avez lu le livre des Actes, vous connaissez déjà la réponse à cette question. Les apôtres sont à plusieurs reprises présentés comme faisant des miracles, mais il y a un en particulier qu’il faut bien noter, Actes 3, 1-10 :

Or Pierre et Jean montaient au temple à l'heure de la prière, la neuvième. Et il y avait un homme, boiteux de naissance, qu'on apportait et posait chaque jour près de la porte du temple appelée la Belle, pour demander l'aumône à ceux qui entraient dans le temple. Lui, voyant Pierre et Jean qui allaient entrer dans le temple, leur demanda l'aumône. Mais Pierre, le fixant, avec Jean, (lui) dit : " Regarde-nous. " Et il tenait (les yeux) sur eux, s'attendant à recevoir d'eux quelque chose. Mais Pierre (lui) dit : " Je n'ai ni argent ni or; mais ce que j'ai, je te le donne : au nom de Jésus-Christ de Nazareth, marche ! " Et le prenant par la main droite, il le souleva. A l'instant les plantes de ses pieds et ses chevilles devinrent fermes; d'un bond il fut debout, et il marchait, et il entra avec eux dans le temple, marchant, sautant et louant Dieu. Tout le peuple le vit qui marchait et qui louait Dieu. Ils le reconnaissaient comme étant celui-là qui s'asseyait près de la Belle Porte du temple pour (demander) l'aumône, et ils furent remplis d'étonnement et de stupeur pour ce qui lui était arrivé.

Donc, au nom de Jésus-Christ - qui est le nom de celui qui leur a donné l'autorité - Pierre guérit miraculeusement un homme. Maintenant, rappelez-vous les paroles du Christ: « Lequel est le plus aisé de dire : Tes péchés te sont remis; ou de dire : Lève-toi et marche? »

Même les scribes et les pharisiens ont reconnu qu'il serait absurde de dire que Jésus puisse accomplir des miracles de guérison, mais qu’il ne puisse pas pardonner les péchés: les miracles de guérison étant des signes des transformations miraculeuses internes apportés par le pardon. Mais cela est exactement le genre de contorsion mentale absurde que vous auriez à faire si vous revendiquez que les Apôtres auraient pu faire en sorte qu’un homme boiteux marche, mais qu’ils ne pouvaient pas pardonner ses péchés. En d'autres termes, à la question de Jésus, de toute évidence rhétorique, « lequel est le plus aisé », vous auriez à donner la réponse qu’il n'aurait évidemment pas voulu; c’est-à-dire un refus de croire dont nous ne voyons même pas les scribes ou les pharisiens prêts à s’engager publiquement.

Conclusion

Les scribes, les pharisiens et les protestants ont raison de dire qu'il appartient à Dieu, de droit, de pardonner les péchés, tout comme il appartient à Dieu, de droit, de guérir les boiteux. Mais ce serait une restriction arbitraire sur la souveraineté de Dieu s'il ne pouvait pas donner aux autres le pouvoir d'agir en son nom. Le Père donne un tel pouvoir au Fils. Le Fils donne un tel pouvoir à l'Esprit Saint, aux Apôtres et à l'Église (il est intéressant de noter ici en passant que dans Luc 10, 16, Jésus dit au soixante-dix, il envoie: «Celui qui vous écoute m’écoute, celui qui vous rejette me rejette et celui qui me rejette rejette celui qui m'a envoyé »).

Les péchés ne sont pas pardonnés au nom du prêtre, tout comme les miracles ne sont pas effectuées au nom du prêtre. Voici la formule pour l'absolution:

Que Dieu notre Père vous montre sa miséricorde ! Par la mort et la Résurrection de son Fils, il a réconcilié le monde avec lui et il a envoyé l’Esprit Saint pour la rémission des péchés ; par le ministère de l’Église, qu’il vous donne le pardon et la paix ! Et moi, au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, je vous pardonne tous vos péchés.

En d'autres termes, tout comme Pierre a opéré la guérison de l'homme boiteux au Nom de Jésus, le prêtre opère la guérison de l'âme blessée au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.


Cet article est une traduction personnelle de l’article « But Only God Can Forgive Sins! » de Joe Heschmeyer.

Commentaires

  1. Le pardon a fait de moi l'enfant du miracle.

    Par Sa Passion, Jésus nous a donné Sa Vie Par-Don pour nous apprendre à vivre le pardon.

    Il vaut mieux quitter cette vie avec cent pardons dans le coeur que de quitter cette vie sans pardon.

    Quand tu fermes la porte de ton coeur au pardon, tu oublies peut-être que de l'autre côté de cette porte, il y a plein de richesses qui t'attendent en dons. Alors qu'attends-tu pour ouvrir la porte de ton coeur pour puiser dans les trésors de Dieu?

    À bien y réfléchir, l'Enfant Prodigue a reçu deux fois sa part. Une fois en quittant la maison de Son Père et l'autre fois en y revenant. Sa première part était matérielle et sa deuxième part était spirituelle. C'est sa première part matérielle, qui lui était due, qui lui aurait fait perdre sa vie, mais heureusement qu'il y a eu un retour vers Son Père, pour accueillir Son Pardon inconditionnel afin d’y découvrir sa deuxième part d'héritage, dont la clef pour ouvrir son coeur était l'Amour Inconditionnel du Père.

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