Si vous aimez consulter les manuscrits anciens que nous possédons du Nouveau Testament, j'ai un site à vous suggérer qui en contient plusieurs. Le site n'est disponible qu'en anglais, mais ce n'est pas si important puisque, comme vous le savez surement, la plupart des manuscrits anciens sont écrits en grec. 

Ce qui est particulier sur ce site, c'est qu'en plus de faire la liste des manuscrits, plusieurs images scannées de ces manuscrits sont disponibles en ligne

Cette lettre date autour de l'an 110 et a été écrite lorsque Saint Ignace été sous escorte  romaine jusqu'à Rome pour y subir son martyr.

Ignace, dit aussi Théophore, à l'Église de Dieu le Père du Seigneur Jésus-Christ qui est à Philadelphie d'Asie, objet de la miséricorde, affermie dans la concorde qui vient  de Dieu, et pleine d'une inébranlable allégresse dans la passion de notre Seigneur, et pleinement convaincue, en toute miséricorde, de sa résurrection; je la salue dans le sang de Jésus-Christ. Elle est ma joie éternelle et durable, surtout s'ils restent unis avec l'évêque et avec les prêtres et les diacres qui sont avec lui, établis selon la pensée de Jésus-Christ, qui selon sa propre volonté les a fortifiés et affermis par son Saint-Esprit.


1 Cet évêque, je sais que ce n'est pas de lui-même, ni par les hommes (Ga 1, 1), qu'il a obtenu ce ministère qui est au service de la communauté, ni par vaine gloire, mais par la charité de Dieu le Père et du Seigneur Jésus-Christ. Je suis frappé de sa bonté: par son silence, il peut plus que les vains discoureurs. 2 Il est accordé aux commandements, comme la cithare à ses cordes. C'est pourquoi mon âme le félicite de ses sentiments envers Dieu –je sais qu'ils sont vertueux et parfaits– de son caractère inébranlable et sans colère, selon toute la bonté du Dieu vivant.


2 Ainsi, enfants de la lumière de vérité, fuyez les divisions et les mauvaises doctrines; là où est votre berger, suivez-le comme des brebis. 2 Car beaucoup de loups apparemment dignes de foi captivent par des plaisirs mauvais ceux qui courent de Dieu; mais ils n'auront pas place dans votre unité.


3 Abstenez-vous des plantes mauvaises que Jésus-Christ ne cultive pas, parce qu'elles ne sont pas une plantation du Père (cf. Mt 15, 13; Jn 15, 1; 1Co 3, 9). 2 Ce n'est pas que j'aie trouvé chez vous des divisions, mais une purification. Car tous ceux qui sont à Dieu et à Jésus-Christ, ceux-là sont avec l'évêque; et tous ceux qui se repentiront et viendront à l'unité de l'Église, ceux-là aussi seront à Dieu, pour qu'ils soient vivants selon Jésus-Christ. 3 ” Ne vous y trompez pas “, mes frères: si quelqu'un suit un fauteur de schisme, ” il n'aura pas l'héritage du royaume de Dieu ” (1Co 6, 9, 10); si quelqu'un marche selon une pensée étrangère, celui-là ne s'accorde pas avec la passion du Christ.


4 Ayez donc soin de ne participer qu'à une seule eucharistie; car il n'y a qu'une seule chair de notre Seigneur Jésus-Christ, et un seul calice pour nous unir en son sang, un seul autel, comme un seul évêque avec le presbyterium et les diacres, mes compagnons de service: ainsi, tout ce que vous ferez, vous le ferez selon Dieu.


5 Mes frères, je déborde d'amour pour vous, et c'est dans la joie la plus grande que je cherche à vous affermir, non pas moi, mais Jésus-Christ; étant enchaîné pour lui, je crains davantage, dans la pensée que je suis encore imparfait; mais votre prière me rendra parfait pour Dieu, afin que j'obtienne l'héritage dont j'ai reçu la miséricorde, me réfugiant dans l'Évangile comme dans la chair de Jésus-Christ, et dans les Apôtres comme au presbyterium de l'Église. 2 Et aimons aussi les prophètes, car eux aussi ont annoncé l'Évangile, ils ont espéré en lui, le Christ, et l'ont attendu; croyant en lui, ils ont été sauvés, et demeurant dans l'unité de Jésus-Christ, saints dignes d'amour et d'admiration, ils ont reçu le témoignage de Jésus-Christ et ont été admis dans l'Évangile de notre commune espérance.


6 Si quelqu'un vous interprète selon le judaïsme, ne l'écoutez pas. Car il est meilleur d'entendre le christianisme de la part d'un homme circoncis, que le judaïsme de la part d'un incirconcis. Si l'un et l'autre ne vous parlent pas de Jésus-Christ, ils sont pour moi des stèles et des tombeaux de morts, sur lesquels ne sont écrits que des noms d'hommes.  2 Fuyez donc les méchants artifices et les embûches du prince de ce monde, pour que ses calculs ne réussissent pas à vous accabler et à vous affaiblir dans la charité. Mais tous, rassemblez-vous dans un cœur sans partage. 3 Je rends grâces à mon Dieu de ce que j'ai une bonne conscience à votre sujet, et que personne ne peut se vanter, ni en secret ni ouvertement, de ce que j'ai été pour lui à charge en peu ou en beaucoup de choses (cf. 1Th 2, 7; 2Co 11, 9; 12, 13-16; Ac 20, 33-35). Et à tous ceux à qui j'ai parlé, je souhaite qu'ils ne l'aient pas reçu en témoignage contre eux.


7 Certains ont voulu me tromper selon la chair, mais on ne trompe pas l'Esprit, qui vient de Dieu. Car parce que je prévoyais la division de quelques-uns, il m'est témoin celui pour qui je suis enchaîné que je ne le savais pas d'une chair d'homme. 2 C'est l'Esprit qui me l'annonçait en disant: ” Ne faîtes rien sans l'évêque, gardez votre chair comme le temple de Dieu (cf. 1Co 3, 16; 6, 19), aimez l'union, fuyez les divisions, soyez les imitateurs de Jésus-Christ, comme lui aussi l'est de son Père ” (cf. 1Co 11,1).


8 1 J'ai donc fait tout ce qui est en moi, comme un homme fait pour l'union. Là où il y a division et colère, Dieu n'habite pas. Mais à tous ceux qui se repentent, le Seigneur pardonne, si ce repentir les amène à l'unité avec Dieu, et au sénat de l'évêque. J'ai foi en la grâce de Jésus-Christ qui vous délivrera de tout lien. 2 Je vous exhorte à ne rien faire par esprit de querelle, mais selon l'enseignement du Christ. J'en ai entendu qui disaient: ” Si je ne le trouve pas dans les archives, je ne le crois pas dans l'Évangile. ” Et quand je leur disais: ” C'est écrit “, ils me répondirent: ” C'est là la question. ” Pour moi, mes archives, c'est Jésus-Christ; mes archives inviolables, c'est sa croix, et sa mort, et sa résurrection et la foi qui vient de lui; c'est en cela que je désire, par vos prières, être justifié.


9 Les prêtres, eux aussi, étaient honorables, mais chose meilleure est le grand prêtre, à qui a été confié le Saint des saints, à qui seul ont été confiés les secrets de Dieu. Il est la porte du Père (cf. Jn 10, 7; 10, 9), par laquelle entrent Abraham, Isaac et Jacob, et les prophètes, et les Apôtres, et l'Église. Tout cela à l'unité avec Dieu. 2 Mais l'Évangile a quelque chose de spécial: la venue du Sauveur, notre Seigneur Jésus-Christ, sa passion et sa résurrection. Car les bien-aimés prophètes l'avaient annoncé, mais l'Évangile est la consommation de l'immortalité. Tout est également bon, si vous croyez dans la charité.


10 On m'a annoncé que grâce à votre prière et à la miséricorde que vous avez dans le Christ Jésus, l'Église d'Antioche de Syrie est en paix; il convient donc que vous, en tant qu'Église de Dieu, vous élisiez un diacre, pour qu'il y aille en messager de Dieu, pour se réjouir avec ceux qui sont rassemblés, et glorifier le Nom. 2 Heureux en Jésus-Christ celui qui sera jugé digne d'un tel ministère, et vous aussi vous serez glorifiés. Si vous le voulez bien, il n'est pas impossible de le faire pour le nom de Dieu, comme les Églises les plus proches qui ont envoyé les unes leurs évêques, d'autres des prêtres et des diacres.


11 Quant à Philon, le diacre de Cilicie, homme de bon renom, qui me seconde maintenant dans le ministère de la parole de Dieu avec Rhéos Agathopous, homme d'élite qui a renoncé à ce qui faisait sa vie pour m'accompagner depuis la Syrie, ils vous rendent témoignage, –et moi j'en rends grâce à Dieu pour vous,- - que vous les avez reçu comme le Seigneur vous a reçus vous- mêmes. Et ceux qui leur ont manqué de respect, puissent-ils être pardonnés par la grâce de Jésus-Christ ! 2 La Charité des frères qui sont à Troas vous salue. C'est de là que je vous écris par l'intermédiaire de Burrhus, qui a été envoyé avec moi par les Éphésiens et les Smyrniotes pour me faire honneur. Ils seront eux aussi honorés par le Seigneur Jésus-Christ, en qui ils espèrent de chair, d'âme et d'esprit, dans la foi, la charité, la concorde. Portez-vous bien en Jésus-Christ, notre commune espérance.

Comme vous pouvez voir, j'ai souligné en jaune les passages où l'on parle de l'Église et de l'importance de se garder en communion avec l'évêque et les autres positions d'autorité dans l'Église. Il y a aussi en bleu un passage sur l'eucharistie qui est intéressant puisqu'il fait mention d'un autel.  Cela inclut nécessairement l'idée que le repas eucharistique est un sacrifice, ce qui est toujours la doctrine catholique aujourd'hui.

Je n'ai pas l'intention de faire le tour de toutes les lettres de Saint Ignace car je risque de me répéter. Ses lettres parle souvent des mêmes sujets qui sont : la fidélité à l'évêque et au presbyterium, l'eucharistie, la réfutation du docétisme (doctrine selon laquelle Jésus n'avait pas de corps physique) et des principes de morale chrétienne. Je vous invite cependant à les lire car elles sont très instructives.
Les écrits des Pères apostoliques
Cette lettre date autour de l'an 110 et a été écrite lorsque Saint Ignace été sous escorte  romaine jusqu'à Rome pour y subir son martyr.

1. Ignace, dit aussi Théophore 
2. à l'Église qui a reçu miséricorde par la magnificence du Père très haut et de Jésus-Christ son Fils unique, bien-aimée et illuminée par la volonté de celui qui a voulu tout ce qui existe, selon la foi et l'amour pour Jésus-Christ notre Dieu ; < l'Église> qui préside dans la région des Romains, digne de Dieu, digne d'honneur, digne d'être appelée bienheureuse, digne de louange, digne de succès, digne de pureté, qui préside à la charité, qui porte la loi du Christ, qui porte le nom du Père ; je la salue au nom de Jésus-Christ, le fils du Père ; aux qui, de chair et d'esprit, sont unis à tous ses commandements, remplis inébranlablement de la grâce de Dieu, purifiés de toute coloration étrangère, je leur souhaite en Jésus-Christ notre Dieu toute joie irréprochable. 
I
1. Par mes prières j'ai obtenu de Dieu de voir vos saints visages, car j'avais demandé avec insistance de recevoir cette faveur ; car, enchaîné dans le Christ Jésus, j'espère vous saluer, si du moins c'est la volonté de Dieu que je sois trouvé digne d'aller jusqu'au terme. 
2. Car le commencement est facile ; si du moins j'obtiens la grâce de recevoir sans empêchement la part . Mais je crains que votre charité ne me fasse tort. Car à vous il est facile de faire ce que vous voulez, mais à moi il est difficile d'atteindre Dieu, si vous ne m'épargnez pas.
Il
1. Car je ne veux pas que vous plaisiez aux hommes, mais que vous plaisiez à Dieu, comme, en fait, vous lui plaisez. Pour moi, jamais je n'aurai une telle occasion d'atteindre Dieu, et vous, si vous gardez le silence, vous ne pouvez souscrire à une œuvre meilleure. Si vous gardez le silence à mon sujet, je serai à Dieu ; mais si vous aimez ma chair, il me faudra de nouveau courir. 
2. Ne me procurez rien de plus que d'être offert en libation à Dieu (cf. Ph 2, 17; 2 Tm 4, 6), tandis que l'autel est encore prêt, afin que, réunis en chœur dans la charité, vous chantiez au Père dans le Christ Jésus, parce que Dieu a daigné faire que l'évêque de Syrie fût trouvé < en lui >, l'ayant fait venir du levant au couchant. Il est bon de se coucher loin du monde vers Dieu, pour se lever en lui.
III
1. Jamais vous n'avez jalousé personne, vous avez enseigné les autres. Je veux, moi, que ce que vous commandez aux autres par vos leçons garde sa force. 
2. Ne demandez pour moi que la force intérieure et extérieure, pour que non seulement je parle, mais que je veuille, pour que non seulement on me dise chrétien, mais que je le sois trouvé < de fait >. Si je le suis de fait, je pourrai me dire tel, et être un < vrai > croyant, quand je ne serai plus visible au monde. 
3. Rien de ce qui est visible n'est bon. Car notre Dieu, Jésus-Christ, étant en son Père, se fait voir davantage. Car ce n'est pas une œuvre de persuasion que le christianisme, mais une œuvre de puissance, quand il est haï par le monde. 
IV
1. Moi, j'écris à toutes les Églises, et je mande à tous que moi c'est de bon cœur que je vais mourir pour Dieu, si du moins vous vous ne m'en empêchez pas. Je vous en supplie, n'ayez pas pour moi une bienveillance inopportune. Laissez-moi être la pâture des bêtes, par lesquelles il me sera possible de trouver Dieu. Je suis le froment de Dieu, et je suis moulu par la dent des bêtes, pour être trouvé un pur pain du Christ. 
2. Flattez plutôt les bêtes, pour qu'elles soient mon tombeau, et qu'elles ne laissent rien de mon corps, pour que, dans mon dernier sommeil, je ne sois à charge à personne. C'est alors que je serai vraiment disciple de Jésus-Christ, quand le monde ne verra même plus mon corps. Implorez le Christ pour moi, pour que, par l'instrument , je sois une victime à Dieu. Je ne vous donne pas des ordres comme Pierre et Paul : eux, ils étaient libres, et moi jusqu'à présent un esclave (cf. 1 Co 9, 1). Mais si je souffre, je serai un affranchi de Jésus-Christ (1 Co 7, 22) et je renaîtrai en lui, libre. Maintenant enchaîné, j'apprends à ne rien désirer.
V
1. Depuis la Syrie jusqu'à Rome, je combats contre les bêtes (cf. 1 Co 15, 32), sur terre et sur mer, nuit et jour, enchaîné à dix léopards, c'est-à-dire à un détachement de soldats ; quand on leur fait du bien, ils en deviennent pires. Mais, par leurs mauvais traitements, je deviens davantage un disciple, mais " je n'en suis pas pour autant justifié " (1 Co 4,4). 
2. Puissé-je jouir des bêtes qui me sont préparées. Je souhaite qu'elles soient promptes pour moi. Et je les flatterai, pour qu'elles me dévorent promptement, non comme certains dont elles ont eu peur, et qu'elles n'ont pas touchés. Et, si par mauvaise volonté elles refusent, moi, je les forcerai. 
3. Pardonnez-moi ; ce qu'il me faut, je le sais, moi. C'est maintenant que je commence à être un disciple. Que rien, des êtres visibles et invisibles, ne m'empêche par jalousie, de trouver le Christ. Feu et croix, troupeaux de bêtes, lacérations, écartèlements, dislocation des os, mutilation des membres, mouture de tout le corps, que les pires fléaux du diable tombent sur moi, pourvu seulement que je trouve Jésus-Christ.
VI
1. Rien ne me servira des charmes du monde ni des royaumes de ce siècle. Il est bon pour moi de mourir (cf. 1 Co 9, 15) au Christ Jésus, plus que de régner sur les extrémités de la terre. C'est lui que je cherche, qui est mort pour nous ; lui que je veux, qui est ressuscité pour nous. Mon enfantement approche, 
2. Pardonnez-moi, frères ; ne m'empêchez pas de vivre, ne veuillez pas que je meure. Celui qui veut être à Dieu, ne le livrez pas au monde, ne le séduisez pas par la matière. Laissez-moi recevoir la pure lumière ; quand je serai arrivé là, je serai un homme. 
3. Permettez-moi d'être un imitateur de la passion de mon Dieu. Si quelqu'un a Dieu en lui, qu'il comprenne ce que je veux, et qu'il ait compassion de moi, connaissant ce qui m'étreint (cf. Ph 1, 23)..
VII
1. Le prince de ce monde veut m'arracher, et corrompre les sentiments que j'ai pour Dieu. Que personne donc, parmi vous qui êtes là, ne lui porte secours ; plutôt soyez pour moi, c'est-à-dire pour Dieu. N'allez pas parler de Jésus-Christ, et désirer le monde. 
2. Que la jalousie n'habite pas en vous. Et si, quand je serai près de vous, je vous implore, ne me croyez pas. Croyez plutôt à ce que je vous écris. C'est bien vivant que je vous écris, désirant de mourir. Mon désir terrestre a été crucifié, et il n'y a plus en moi de feu pour aimer la matière, mais en moi une " eau vive " (cf. Jn 4, 10 ; 7, 38 ; Ap 14, 25) qui murmure et qui dit au-dedans de moi: " Viens vers le Père " (cf. Jn 14, 12, etc.). 
3. Je ne me plais plus à une nourriture de corruption ni aux plaisirs de cette vie ; c'est le pain de Dieu que je veux, qui est la chair de Jésus-Christ, de la race de David (Jn 7, 42 ; Rm 1, 3), et pour boisson je veux son sang, qui est l'amour incorruptible.
VIII
1.Je ne veux plus vivre selon les hommes. Cela sera, si vous le voulez. Veuillez-le, pour que vous aussi, vous obteniez le bon vouloir de Dieu. 
2. Je vous le demande en peu de mots : croyez-moi, Jésus-Christ vous fera voir que je dis vrai, il est la bouche sans mensonge par laquelle le Père a parlé en vérité. 
3. Demandez pour moi que je l'obtienne. Ce n'est pas selon la chair que je vous écris, mais selon la pensée de Dieu. Si je souffre, vous m'aurez montré de la bienveillance ; si je suis écarté, de la haine. 
IX
1. Souvenez-vous dans votre prière de l'Église de Syrie, qui, en ma place, a Dieu pour pasteur. Seul Jésus Christ sera son évêque, et votre charité. 
2. Pour moi, je rougis d'être compté parmi eux, car je n'en suis pas digne, étant le dernier d'entre eux, et un avorton (cf. 1. Co 14, 8, 9). Mais j'ai reçu la miséricorde d'être quelqu'un, si j'obtiens Dieu. 
3. Mon esprit vous salue, et la charité des Églises qui m'ont reçu, au nom de Jésus-Christ (cf. Mt 18, 40, 41), non comme un simple passant. Et celles-là mêmes qui n'étaient pas sur ma route selon la chair, allaient au-devant de moi de ville en ville.
X
1. Je vous écris ceci de Smyrne par l'intermédiaire d'Éphésiens dignes d'être appelés bienheureux. Il y a aussi avec moi, en même temps que beaucoup d'autres, Crocus, dont le nom m'est si cher. 
2. Quant à ceux qui m'ont précédé de Syrie jusqu'à Rome pour la gloire de Dieu, je crois que vous les connaissez maintenant : faites-leur savoir que je suis proche. Tous sont dignes de Dieu et de vous, et il convient que vous les soulagiez en toutes choses. 
3. Je vous écris ceci le neuf d'avant les calendes de septembre. Portez-vous bien jusqu'à la fin dans l'attente de Jésus-Christ.

Cette lettre aux romains, fait plusieurs fois mention de Jésus-Christ en équivalence avec Dieu (passages en jaune). Cela prouve bien que Jésus a été considéré comme Dieu dès le début du christianisme et cela n'est pas une invention du concile de Nicée ou d'un autre ajout doctrinal tardif. Rappelons-nous qu'Ignace est de la première génération de disciples après les Apôtres et a reçu de Jean ses enseignements.

Il y a aussi encore mention de l'Eucharistie, le pain de vie, qu'il décrit comme la chair de Jésus-Christ (passage en bleu) et aussi du sang du Christ comme réelle boisson.

Finalement, les passages en vert indique une certaine présidence de l'Église de Rome sur les autres églises. Ce qui est un des témoignages les plus primitifs du rôle de l'Évêque de Rome (le Pape) dans l'Église.
Cette lettre date autour de l'an 110 et a été écrite lorsque Saint Ignace était sous escorte  romaine jusqu'à Rome pour y subir son martyr.

Lettre d'Ignace d'Antioche aux Smyrniotes

Ignace, dit aussi Théophore, à l'Église de Dieu le Père et de son [fils] bien-aimé Jésus-Christ, qui a obtenu par miséricorde tous les dons, remplie de foi et de charité, qui n'est privée d'aucun don, divinement magnifique et porteuse des objets sacrés, qui est à Smyrne d'Asie, dans un esprit irréprochable et dans la parole de Dieu, toute sorte de joie.
I
1. Je rends grâces à Jésus-Christ Dieu, qui vous a rendus si sages. Je me suis aperçu, en effet, que vous êtes achevés dans une foi inébranlable, comme si vous étiez doués de chair et d'esprit à la croix de Jésus-Christ, et solidement établis dans la charité par le sang du Christ, fermement convaincus au sujet de notre Seigneur qui est véritablement de la race " de David selon la chair " (cf. Rm 1, 3), Fils de Dieu selon la volonté et la puissance de Dieu, véritablement né d'une vierge, baptisé par Jean " pour que ", par lui, " fût accomplie toute justice " (Mt 3, 15). 2. Il a été véritablement cloué pour nous dans sa chair sous Ponce Pilate et Hérode le tétrarque, — c'est grâce au fruit de sa croix, et à sa passion divinement bienheureuse que nous, nous existons, — pour " lever son étendard " (Is 5, 26 s) dans les siècles par sa résurrection, et pour [rassembler] ses saints et ses fidèles, [ venus ] soit des Juifs soit des gentils, dans l'unique corps de son Église.
II.
Tout cela, il l'a souffert pour nous, pour que nous soyons sauvés. Et il a véritablement souffert, comme aussi il s'est véritablement ressuscité, non pas, comme disent certains incrédules, qu'il n'ait souffert qu'en apparence: eux-mêmes n'existent qu'en apparence, et il leur arrivera un sort conforme à leurs opinions, d'être sans corps et semblables aux démons.
III
 1. Pour moi, je sais et je crois que même après sa résurrection il était dans la chair. 2. Et quand il vint a Pierre et à ceux qui étaient avec lui, il leur dit : " Prenez, touchez-moi, et voyez que je ne suis pas un démon sans corps. " Et aussitôt ils le touchèrent, étroitement unis à sa chair et à son esprit. C'est pour cela qu'ils méprisèrent la mort, et qu'ils furent trouvés supérieurs à la mort. 3. Et après sa résurrection, Jésus mangea et but avec eux comme un être de chair, étant cependant spirituellement uni à son Père.
IV
 1. Voilà ce que je vous recommande, bien-aimés, sachant bien que vous aussi vous pensez ainsi. Mais je veux vous mettre en garde contre ces bêtes à face humaine : non seulement il vous faut ne pas les recevoir, mais s'il est possible ne pas même les rencontrer et seulement prier pour eux, si jamais ils pouvaient se convertir, ce qui est difficile. Mais Jésus-Christ en a le pouvoir, [lui] notre véritable vie. 2. Car si c'est en apparence que cela a été accompli par notre Seigneur, moi aussi, c'est en apparence que je suis enchaîné. Pourquoi donc, moi aussi, me suis-je livré à la mort, pour le feu, pour le glaive, pour les bêtes ? Mais près du glaive, près de Dieu : avec les bêtes, avec Dieu ; seulement [que ce soit] au nom de Jésus-Christ. C'est pour souffrir avec lui que je supporte tout, et c'est lui qui m'en donne la force, lui qui s'est fait homme parfait.
V
1. Certains, par ignorance, le renient, mais ils ont plutôt été reniés par lui, avocats de la mort plus que de la vérité, eux qui n'ont réussi à persuader ni les prophéties ni la Loi de Moïse, ni même jusqu'à présent l'Évangile, ni les souffrances de chacun de nous. 2. Car ils pensent la même chose de nous. 2. Car que me sert que quelqu'un me loue, s'il blasphème mon Seigneur, en ne confessant pas qu'il a pris chair ? Celui qui ne dit pas cela le renie absolument, étant lui-même un croque-mort. 3. Leurs noms, puisqu'ils sont infidèles, il ne m'a pas plu de les écrire. Mais puissé-je même ne pas me souvenir d'eux, jusqu'à ce qu'ils se repentent pour croire à la passion, qui est notre résurrection.
VI
1. Que personne ne se trompe : même les êtres célestes, et la gloire des anges, et les archontes visibles et invisibles, s'ils ne croient pas au sang du Christ, pour eux aussi il y a un jugement : " Que celui qui peut comprendre, comprenne " (Mt 19, 12). Que personne ne s'enorgueillisse de son rang, car l'essentiel, c'est la foi et la charité, auxquelles rien n'est préférable. 2. Considérez ceux qui ont une autre opinion sur la grâce de Jésus-Christ qui est venue sur nous : comme ils sont opposés à la pensée de Dieu ! De la charité, ils n'ont aucun souci, ni de la veuve, ni de l'orphelin, ni de l'opprimé, ni des prisonniers ou des libérés, ni de l'affamé ou de l'assoiffé.
VII
1. Ils s'abstiennent de l'eucharistie et de la prière, parce qu'ils ne confessent pas que l'eucharistie est la chair de notre Sauveur Jésus-Christ, [chair] qui a souffert pour nos péchés, et que dans sa bonté le Père a ressuscitée. Ainsi ceux qui refusent le don de Dieu meurent dans leurs disputes. Il leur serait utile de pratiquer la charité pour ressusciter eux aussi. 2. Il convient de vous tenir à l'écart de ces gens-là, et de ne parler d'eux ni en privé ni en public, mais de vous attacher aux prophètes, et spécialement à l'Évangile, dans lequel la passion nous est montrée et la résurrection accomplie. Et les divisions, fuyez-les comme le principe de tous les maux.
VIII
1. Suivez tous l'évêque, comme Jésus-Christ suit son Père, et le presbyterium comme les Apôtres ; quant aux diacres, respectez-les comme la loi de Dieu. Que personne ne fasse, en dehors de l'évêque, rien de ce qui regarde l'Église. Que cette eucharistie seule soit regardée comme légitime, qui se fait sous la présidence de l'évêque ou de celui qu'il en aura chargé. 2. Là où paraît l'évêque, que là soit la communauté, de même que là où est le Christ Jésus, là est l'Église catholique. Il n'est pas permis en dehors de l'évêque ni de baptiser, ni de faire l'agape, mais tout ce qu'il approuve, cela est agréable à Dieu aussi Ainsi tout ce qui se fait sera sûr et légitime.
IX
1. Il est raisonnable de retrouver désormais notre bon sens, et, pendant que nous en avons encore le temps, de nous repentir pour retourner à Dieu. Il est bon de reconnaître Dieu et l'évêque. Celui qui honore l'évêque est honoré de Dieu ; celui qui fait quelque chose à l'insu de l'évêque sert le diable. 
2. Que la grâce vous fasse abonder en toutes choses, car vous en êtes dignes vous m'avez réconforté en toutes manières et que Jésus en fasse autant pour vous. Absent et présent, vous m'avez aimé : que Dieu vous le rende. Si vous supportez tout pour lui, vous arriverez à le posséder.
X
1. Vous avez bien fait de recevoir comme des diacres du Christ de Dieu Philon et Rhéos Agathopous, qui m'ont accompagné pour l'amour de Dieu. Eux aussi rendent grâces au Seigneur à votre sujet, parce que vous les avez réconfortés de toutes manières. Rien de cela n'est perdu pour vous. 2. Mon esprit est votre rançon, et mes liens que vous n'avez pas méprisés, et dont vous n'avez pas rougi. Jésus-Christ, qui est la foi parfaite, ne rougira pas non plus de vous.
XI
1. Votre prière est allée vers l'Église qui est à Antioche de Syrie. C'est de là que je suis parti enchaîné de chaînes très précieuses à Dieu, et je vous salue tous. Je ne suis pas digne d'être de [ cette Église], étant le dernier d'entre eux. Mais selon la volonté [de Dieu], j'en ai été jugé digne, non d'après [le jugement de] ma conscience, mais par la grâce de Dieu ; je souhaite qu'elle me soit donnée entière, pour qu'avec votre prière je puisse obtenir Dieu. 2. Afin donc que votre œuvre soit parfaite et sur terre et dans le ciel, il convient que, à l'honneur de Dieu, votre Église élise un envoyé de Dieu pour aller jusqu'en Syrie se réjouir avec eux de ce qu'ils possèdent la paix et ont retrouvé leur grandeur, et de ce que leur corps a été rétabli. 3. Il m'a paru que ce serait une chose digne si vous envoyiez quelqu'un des vôtres avec une lettre pour célébrer avec eux le calme qui leur est revenu grâce à Dieu, et de ce que [leur Église] a atteint le port grâce à vos prières. Étant parfaits, ayez aussi des pensées parfaites. Car si vous désirez faire le bien, Dieu est prêt à vous l'accorder.
XII
1. La charité des frères qui sont à Troas vous salue ; c'est de là que je vous écris par l'intermédiaire de Burrhus qu'avec les Éphésiens vos frères vous m'avez envoyé pour être avec moi ; il m'a réconforté de toutes manières. Il faudrait que tous l'imitassent, car il est un modèle du service de Dieu. La grâce le récompensera de toute manière. 2. Je salue votre évêque digne de Dieu, votre presbyterium si respectable, les diacres mes compagnons de services, et tous individuellement et en commun, au nom de Jésus-Christ, et en sa chair et en son sang, en sa passion et sa résurrection, en unité de chair et d'esprit avec Dieu et entre vous. A vous grâce, miséricorde, paix et patience pour toujours.
XIII
Je salue les familles de mes frères avec leurs femmes et leurs enfants, et les vierges appelées veuves. Soyez forts par la vertu de l'Esprit. Philon qui est avec moi vous salue. Je salue la maison de Tavia, je souhaite qu'elle soit affermie dans la foi et dans la charité de chair et d'esprit. Je salue Alcé, nom qui m'est cher, et Daphnos l'incomparable, et Eutecnos, et tous par leur nom. Portez-vous bien dans la grâce de Dieu.

Les chapitres VII à IX de cette lettre sont très significatifs dans notre recherche. Dans le chapitre VII, on peut voir qu'Ignace se plaint de certaines personnes qui s'abstiennent de l'eucharistie. Il faut comprendre qu'au départ, cette lettre commence par mettre en garde contre une hérésie appelée le docétisme. Cette hérésie, apparentée au gnosticisme, enseigne que Jésus n'a pas réellement souffert sa Passion car il n'avait pas réellement de corps mais seulement une apparence de corps. L'enseignement que donne Ignace sur l'eucharistie est assez précis et on peut y noter quatre caractéristiques importantes :

  1. L'eucharistie est déjà célébrée à son époque
  2. Il affirme que l'eucharistie est la chair de notre Sauveur Jésus-Christ
  3. Il affirme que l'eucharistie est un don de Dieu
  4. Il semble associer le refus de l'eucharistie aux disputes et aux divisions
Maintenant, pourquoi est-ce que la doctrine enseigné par Ignace sur l'eucharistie est si importante? Parce que pour les chrétiens Catholiques et Orthodoxes, le pain consacré devient réellement le corps du Christ lors de la consécration pendant la Messe. Nous croyons ainsi car, entre autre, nous interprétons le passage de Jean chapitre 6 de façon littérale. Les chrétiens protestants (issus de la Réforme) ne croient pas à cette réalité et interprètent généralement ce passage au sens figuré où le fait de « manger » le corps du Christ se limite à un acte de Foi donc plutôt à une forme d'absorption spirituelle. Maintenant, voilà pourquoi le témoignage d'Ignace est très important: il a été, selon la tradition, disciple directe de Saint-Jean qui a écrit l'Évangile de Jean. Croyez-vous réellement qu'il n'a jamais demandé à Jean comment on devait interpréter ce chapitre à la suite de la lecture de son Évangile? Croyez-vous qu'il n'a jamais vu Jean célébrer l'eucharistie? Puisque Jean était mort seulement depuis quelques années lorsqu'Ignace a écrit cette lettre, je crois qu'il est raisonnable d'affirmer que les enseignements d'Ignace sur l'eucharistie ont été reçus de Jean lui-même. Comme Jean était l'Apôtre sur la poitrine de Jésus (Jean 13,25 et Jean 21,20) pendant la dernière Cène, je crois qu'il était bien placé pour savoir les intentions de Jésus tant qu'à la signification de son dernier repas.

Le deuxième aspect important de cette lettre est l'enseignement en rapport avec la hiérarchie de l'Église aux chapitres VIII et IX. Nous voyons bien l'évêque, le presbyterium (les prêtres) et les diacres. Ces distinctions ne sont pas nouvelles car nous les remarquons déjà dans le Nouveau Testament (Philippiens, 1 Timothée, Romain). Ce qui est marquant dans ces chapitres, c'est la continuité d'autorité entre  Jésus-Christ, les Apôtres, les évêques et le presbyterium. «Que personne ne fasse, en dehors de l'évêque, rien de ce qui regarde l'Église ».  « Que cette eucharistie seule soit regardée comme légitime, qui se fait sous la présidence de l'évêque ou de celui qu'il en aura chargé ». Il est important de noter qu'à cette époque, généralement c'est l'évêque lui-même qui célèbre l'eucharistie. Cette liaison entre l'évêque et la volonté du Christ est très signifiante puisqu'il affirme aussi : « Celui qui honore l'évêque est honoré de Dieu ; celui qui fait quelque chose à l'insu de l'évêque sert le diable. » Je reviendrait sur la vision de l'autorité d'Ignace plus en profondeur dans les prochains articles. Nous avons aussi dans cette lettre, la première mention historique du terme « catholique » pour désigner l'Église : « Là où paraît l'évêque, que là soit la communauté, de même que là où est le Christ Jésus, là est l'Église catholique. » Il n'y a donc pas de doute, l'Église dont nous parle Ignace est véritablement une Église visible, tangible avec une hiérarchie et une autorité bien définie. Nous sommes là bien loin d'une église invisible et uniquement spirituelle.

Dans le prochain article, nous examinerons d'autre lettres de Saint Ignace.
Les lettres  des Pères de l'Église nous sont très utiles pour en découvrir davantage sur le christianisme primitif. Certains d'entre eux, que l'on appelle Pères Apostoliques, ont été en contact avec les Apôtres de Jésus-Christ et on laissé des écrits qui ont été rédigés seulement quelques années après ceux du Nouveau Testament. Leurs témoignages ont donc une grande valeur pour témoigner de la Foi des premiers chrétiens et de l'enseignement direct qu'on fait les Apôtres.

Dans les prochains articles, je vous propose d'examiner avec vous certaines lettres et d'en extraire quelques caractéristiques qui m'ont personnellement beaucoup éclairées dans ma recherche spirituelle. Je vais par cela pouvoir vous présenter certaines des raisons qui m'ont poussé à me tourner vers l'Église Catholique plutôt qu'à une autre église chrétienne.

Plusieurs des textes que je vais utiliser peuvent être trouvé sur le site de la bibliothèque du Cerf sous la section « Les Écrits des Pères apostoliques ».