L'un des passages les plus chaudement disputés dans les dialogues entre les catholiques et les protestants est le passage « sur cette pierre » de Matthieu 16, 18. Après que l'apôtre Simon confessa la foi en Jésus comme étant le Messie (le Christ), Jésus lui dit: « Et moi je te dis que tu es Pierre [Petros], et sur cette pierre [Petra] je bâtirai mon Église, et les portes de l'enfer [Hadès] ne prévaudront point contre elle ». Alors, est-ce que Jésus fonda son Église sur Pierre, le premier pape, comme le disent les catholiques? Ou serait-il plus juste de dire que l'Église sera construite sur ceux qui confessent la foi en Jésus comme étant le Christ, comme beaucoup de protestants le prétendent?

Le site protestant GotQuestions? fait un bon travail de présentation des arguments des deux côtés:

Peter Paul Rubens, la remise des clés (1616
Le débat fait rage quant à savoir si « la pierre » sur lequel le Christ va bâtir son Église est Pierre lui-même ou la confession de Pierre que Jésus est «le Christ, le Fils du Dieu vivant» (Matthieu 16, 16). En toute honnêteté, il est impossible pour nous d'être à 100% certain de savoir quel point de vue est correct. La construction grammaticale permet les deux points de vue. Le premier point de vue est que Jésus déclarait que Pierre serait la « pierre » sur lequel il bâtirait son Église. Jésus utilise un jeu de mots. « Tu es Pierre (Petros) et sur cette pierre (petra) je bâtirai mon église ». Comme le nom de Pierre signifie la pierre (ou roc) et que Jésus va construire son église sur Pierre - il semble que le Christ lie les deux ensemble. Dieu a beaucoup utilisé Pierre dans la fondation de l'église. C’était Pierre qui a proclamé le premier l'Évangile le jour de la Pentecôte (Actes 2,  14-47). Pierre a également été le premier à porter l'Évangile aux païens (Actes 10, 1-48). 
Dans un sens, Pierre était la pierre de «fondation» de l'église.
L'autre interprétation populaire est que la pierre que Jésus parlait n’était pas Pierre, mais la confession de foi de Pierre au verset 16 : «Tu es le Christ, le fils du Dieu vivant ». Jésus n’avait jamais enseigné explicitement  la plénitude de son identité à Pierre et aux autres disciples et il a reconnu que Dieu avait souverainement ouvert les yeux de Pierre et lui a révélé qui était vraiment Jésus. Sa confession du Christ comme Messie sorti de lui, comme une déclaration sincère de la foi personnelle de Pierre en Jésus. C’est cette foi personnelle en Christ qui est la marque du vrai chrétien. Ceux qui ont placé leur foi dans le Christ, comme Pierre, sont l'église.

J’ai déjà présenté des arguments pour l'interprétation catholique avant [traductions de ces excellents articles à  venir], mais ce n'est pas ce que je vais faire aujourd'hui. Dans cet article, je tiens à montrer pourquoi l'interprétation habituelle des protestants ne fonctionne pas.

Tout d'abord, examinons le passage biblique dans son contexte (Matthieu 16, 13-19):

Jésus, étant venu dans la région de Césarée de Philippe, interrogeait ainsi ses disciples : " Qui dit-on qu'est le Fils de l'homme? " Ils dirent : " Les uns Jean le Baptiste, d'autres Élie, d'autres Jérémie ou l'un des prophètes. " Il leur dit : " Et vous, qui dites-vous que je suis? " Simon Pierre, prenant la parole, dit : " Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant. " Jésus lui répondit : " Tu es heureux, Simon Bar-Jona, car ce n'est pas la chair et le sang qui te l'ont révélé, mais mon Père qui est dans les cieux. Et moi, je te dis que tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l'enfer ne prévaudront point contre elle. Et je te donnerai les clefs du royaume des cieux : tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. "

En l'espace de seulement trois de ces versets, Jésus s’adresse à Pierre personnellement dix fois. Pourtant, en vertu de l'interprétation protestante, nous serions censés croire que ce passage ne devrait pas s’appliquer à Pierre personnellement. Il serait prétendument adressé à tout chrétien qui ferait une profession de foi comme celle de Pierre: « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ».

Il y a quelques problèmes flagrants avec cette théorie. Tout d'abord, nous entendons Marthe faire cette même déclaration dans Jean 11, 27: «"Oui, Seigneur", lui dit-elle, "je crois que vous êtes le Christ, le Fils de Dieu, qui devait venir en ce monde ». Voyez-vous ce que le Christ ne fait pas? Changer son nom pour Pierre et lui promettre de construire l'Église sur elle. Aussi, nous ne voyons pas aucun des autres chrétiens du Nouveau Testament être renommé Pierre. La seule personne dans l'Écriture qui a été rénommé « Pierre » est l'apôtre Simon. C'est un peu comme si Jésus voulait dire qu’il voulait construire l'Église sur Pierre et pas seulement sur quelqu'un prêt à le déclarer comme étant le Messie.

Mais bon, nous ne savons pas laquelle des confessions de foi de Marthe ou de Pierre est arrivée en premier. Alors, peut-être que Jésus s'adresse à Pierre dans Matthieu 16, 18, parce c’est Pierre qui a eu cette foi en premier ?

Eh bien, cela soulève un autre problème encore plus flagrant: la confession de foi de Pierre n'est pas arrivée en premier. Jean 1, 32-49 élimine toute possibilité de l'interprétation protestante du passage « sur cette pierre ». Voici le passage :

Et Jean rendit témoignage en disant: "J'ai vu l'Esprit descendre du ciel comme une colombe, et il s'est reposé sur lui. Et moi je ne le connaissais pas; mais celui qui m'a envoyé baptiser dans l'eau m'a dit: Celui sur qui tu verras l'Esprit descendre et se reposer, c'est lui qui baptise dans l'Esprit-Saint. Et moi j'ai vu et j'ai rendu témoignage que celui-là est le Fils de Dieu." 
Mathis Grünewald Gothart, retable d'Issenheim (1516, détail - Jean-Baptiste)
Le lendemain, Jean se trouvait encore là, avec deux de ses disciples. Et ayant regardé Jésus qui passait, il dit: "Voici l'Agneau de Dieu." Les deux disciples l'entendirent parler, et ils suivirent Jésus. Jésus s'étant retourné, et voyant qu'ils le suivaient, leur dit: "Que cherchez-vous?" Ils lui répondirent: "Rabbi (ce qui signifie Maître), où demeurez-vous? Il leur dit: "Venez et vous verrez." Ils allèrent et virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. Or c'était environ la dixième heure. Or, André, le frère de Simon-Pierre, était l'un des deux qui avaient entendu la parole de Jean, et qui avaient suivi Jésus. Il rencontra d'abord son frère Simon, et lui dit: "Nous avons trouvé le Messie (ce qui se traduit Christ)." Et il l'amena à Jésus. Jésus, l'ayant regardé dit: "Toi, tu es Simon, fils de Jean; tu seras appelé Céphas (ce qui se traduit Pierre).
Le jour suivant, Jésus résolut d'aller en Galilée. Et il rencontra Philippe. Et Jésus lui dit: "Suis-moi." Philippe était de Bethsaïde, la ville d'André et de Pierre. Philippe rencontra Nathanaël et lui dit: "Nous avons trouvé celui dont Moïse a écrit dans la Loi, ainsi que les Prophètes: c'est Jésus, fils de Joseph de Nazareth." Nathanaël lui répondit: " Peut-il sortir de Nazareth quelque chose de bon?" Philippe lui dit: "Viens et vois." Jésus vit venir vers lui Nathanaël, et dit en parlant de lui: "Voici vraiment un Israélite, en qui il n'y a nul artifice." Nathanaël lui dit: "d'où me connaissez-vous?" Jésus repartit et lui dit: "Avant que Philippe t'appelât, lorsque tu étais sous le figuier, je t'ai vu." Nathanaël lui répondit: "Rabbi, vous êtes le Fils de Dieu, vous êtes le Roi d'Israël."

Ce passage est fantastique. Nous entendons une série de proclamations de foi:

  1. Jean-Baptiste proclame Jésus comme étant le Fils de Dieu (Jean 1, 34) et l'Agneau de Dieu (Jean 1, 36).
  2. L'apôtre André, frère de Simon, proclame Jésus comme étant le Messie, le Christ (Jean 1, 41).
  3. L'apôtre Philippe proclame Jésus comme étant «celui dont Moïse a écrit dans la Loi et dont les prophètes ont écrit », ce qui veut dire le Messie (Jean 1, 45).
  4. L'apôtre Nathaniel proclame Jésus comme étant le «Fils de Dieu» et «le roi d'Israël» (Jean 1, 49).

En fait, la seule personne nommée dans ce passage qui ne professe pas la foi dans le Christ est Simon-Pierre. On nous rapporte ce récit comme s’il n’avait rien dit. Et pourtant, en plein milieu de cette avalanche de proclamations messianiques, Jésus fait quelque chose de stupéfiant. Il se tourne vers Simon et comme s'il l'attendait, lui dit: «Toi, tu es Simon, fils de Jean; tu seras appelé Céphas ». Il est remarquable que Jésus fasse cela. Il appelle Simon par son nom, y compris son nom de famille (selon la façon de faire habituelle à cette époque). Il fait exactement la même chose dans Matthieu 16:18. Cela est aussi personnel que l’on puisse l’être. Et comme saint Jean le note, Céphas est le mot araméen pour pierre, qui est traduit en grec Petros et en français par «Pierre».

Alors Jean 1 nous montre essentiellement que: (1) tout le monde sauf Simon a proclamé que Jésus est le Messie; (2) Jésus a ensuite annoncé que Simon, le fils de Jean, était celui qu'il choisirait pour être la pierre (le roc) (3) les protestants essaient depuis maintenant cinq cents ans d'expliquer pourquoi ce passage ne signifie pas que Simon est vraiment la pierre, ou qu’il n’est pas personnellement la pierre, etc.

Gardez à l'esprit que cet événement se produit au tout début du ministère public de Jésus, bien avant les événements de Matthieu 16. Cela élimine toute chance que Simon soit appelé Pierre parce qu'il est le premier à déclarer que Jésus est le Christ. Jésus a été déclaré comme étant le Messie avant que Pierre ne l’ait ne serait-ce que rencontré. Au lieu de cela, Jésus a clairement fait comprendre que Lui, le Dieu souverain, a spécifiquement choisi Pierre pour être la pierre.

Pierre a été choisi parmi la foule, même quand il est entouré par des hommes qui nous semblent être de meilleurs candidats. C’est un autre rappel qu’« Il ne s'agit pas de ce que l'homme voit; l'homme regarde le visage, mais Yahweh regarde le cœur.» (1 Samuel 16, 7). Et Pierre seulement voit son nom changé. Nous pouvons tous être des pierres (Pierre nous appelle les « pierres vivantes » dans 1 Pierre 2, 5), mais Jésus (la « pierre vivante » dans le sens le plus large de 1 Pierre 2, 4) en a choisi un parmi nous, l'Apôtre Pierre, pour être la pierre sur lequel Il construit l'Église.

Deux remarques suites à certains commentaires

1) Beaucoup de protestants fondent leur rejet de la vision catholique sur la prétendue différence de sens entre Petros et Petra. Cette différence de sens n’existe pas vraiment dans le grec parlé à l'époque du Christ. Mais entous les cas, comme Jean 1, 43 le montre, Jésus nomme Pierre « Céphas » en araméen, ce qui est exactement le même mot en araméen que « pierre ». Traduit littéralement en  Grec, cela donnerait Petra et petra, ce qui est un problème, puisque Petra est un mot féminin et il ne peut pas être utilisé pour le nom d'un homme. Alors saint Matthieu le rend sous sa forme masculine « Petros » à la place.

2) Même si les protestants avaient raison à propos de l'interprétation correcte de « la pierre » dans Matthieu 16, le sens large du passage soutient toujours la papauté, car il montre la fondation d'une Église institutionnelle ainsi que le don de pouvoirs spécifiques (les clés et le pouvoir de lier / délier) à Pierre individuellement. Pour cette raison, vous pouvez avoir des Pères de l’Église comme saint Augustin, qui ne sont pas certains de l'interprétation correcte de « la pierre », mais qui sont fermes dans leur croyance en la papauté, basée sur l’autorité pétrinienne. En fait, même si Matthieu 16 n'avait pas été écrit, il y aurait toujours un soutien abondant pour la papauté dans le reste de l'Écriture et dans le témoignage des premiers chrétiens.

Cet article est une traduction personnelle de l’article «Is “The Rock” of Matthew 16:18 St. Peter? Or His Confession of Faith?» de Joe Heschmeyer.


Une des critiques les plus fréquentes de l'Église catholique est qu'elle enseignerait à ses membres à lui faire confiance, au lieu de faire confiance aux Saintes Écritures. Ou encore, que la Bible et l'Église catholique seraient parfois en désaccord et que les catholiques seraient obligés de choisir l'Église plutôt que la Bible. Une autre variante de cet argument est que nous donnerions plus d’importance aux « Pères de l'Église » ou  la « tradition » qu’aux Écritures.

Afin de voir pourquoi ces arguments sont faux, considérons ces quatre propositions :
  1. Interprétation ou exégèse biblique : « La Bible peut sembler enseigner X, mais elle enseigne en fait Y ».
  2. Tradition extrabiblique : « La Bible ne dit pas si X ou Y est vrai, mais nous savons par la Tradition que la vérité est Y ».
  3. Disciplines ou pratiques de l’Église : «La Bible laisse place à une politique X ou Y et nous allons choisir Y ».
  4. Enseignements anti-bibliques : « La Bible enseigne X, mais je vais rejeter X en faveur de Y ».
En tant que catholiques, nous croyons qu'il est dans l'autorité magistérielle de l'Église de faire (1), (2) et (3). Cependant, nous ne croyons pas que l'Église peut faire (4). Le Magistère de l'Église catholique en a compris autant, en reconnaissant ses propres limites au paragraphe 10 de Dei Verbum, la déclaration du Concile Vatican II sur la Parole de Dieu (qui traite la Bible et la Tradition apostolique):

Vincent Van Gogh, Nature morte avec Bible (1885
La sainte Tradition et la Sainte Écriture constituent un unique dépôt sacré de la Parole de Dieu, confié à l’Église ; en s’attachant à lui, le peuple saint tout entier uni à ses pasteurs reste assidûment fidèle à l’enseignement des Apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières (cf. Ac 2, 42 grec), si bien que, pour le maintien, la pratique et la profession de la foi transmise, s’établit, entre pasteurs et fidèles, un remarquable accord.
La charge d’interpréter de façon authentique la Parole de Dieu, écrite ou transmise, a été confiée au seul Magistère vivant de l’Église dont l’autorité s’exerce au nom de Jésus Christ. Pourtant, ce Magistère n’est pas au-dessus de la Parole de Dieu, mais il est à son service, n’enseignant que ce qui a été transmis, puisque par mandat de Dieu, avec l’assistance de l’Esprit Saint, il écoute cette Parole avec amour, la garde saintement et l’expose aussi avec fidélité, et puise en cet unique dépôt de la foi tout ce qu’il propose à croire comme étant révélé par Dieu.
Il est donc clair que la sainte Tradition, la Sainte Écriture et le Magistère de l’Église, selon le très sage dessein de Dieu, sont tellement reliés et solidaires entre eux qu’aucune de ces réalités ne subsiste sans les autres, et que toutes ensemble, chacune à sa manière, sous l’action du seul Esprit Saint, elles contribuent efficacement au salut des âmes.

Donc, l'Église n'a pas la capacité de l'emporter sur la Parole de Dieu. Mais, habilitée par la Commission Divine et perpétuellement guidé par l'Esprit Saint, nous ne devons pas craindre ce conflit, ni même sa possibilité. Le Christ a envoyé l'Église pour enseigner l'Évangile au monde entier (Mt 28, 19-20) et Il l’a envoyé avec le Saint-Esprit pour réaliser la tâche qu’il lui a été confié.

Ironiquement, alors que les protestants critiquent l'Église pour (1), (2) et (3), ils ont finalement eux aussi fini par faire chacun de ces points:

  1. En corrigeant de mauvaises interprétations de l'Écriture qu’ils jugent hérétiques, ils s’engagent dans (1), en montrant que « La Bible peut sembler enseigner X, mais enseigne en fait Y ».
  2. En disant, par exemple, que l’Évangile de Matthieu (anonyme d’un point de vue interne) a été écrit par saint Matthieu, ils s’engagent dans (2), en jugeant que « la Bible ne dit pas si X ou Y est vrai, mais nous savons par tradition que la vérité est Y ». 
  3. En décidant d'avoir le culte à un moment précis le dimanche matin (et peut-être aussi le mercredi soir), ils  s’engagent dans (3): «La Bible laisse place à la politique X ou Y et nous allons prendre Y ».

La seule différence pour nous les catholiques, c'est que nous avons une ecclésiologie cohérente qui explique pourquoi l'Église a la capacité faire ces choses. Les protestants ont tendance à nier que l'Église possède cette capacité, mais dans les faits, ils sont bien obligés de le faire de toute façon.

Je ne pense pas que cette explication sera immédiatement dissoudre tous les arguments contre l'Église catholique. Mais je souhaite qu'elle contribue à mettre ces arguments en perspective: vous plaignez-vous que l'Église catholique fait quelque chose que la Bible interdit? Ou simplement qu'elle fait quelque chose que la Bible (à votre avis) ne nécessite pas? Et, si c’est ce dernier cas, en quoi exactement est-ce un argument contre l'Église catholique ?


> Cet article est une traduction personnelle de l’article «The Catholic Church Against the Bible?» de Joe Heschmeyer.
Voici une image qui montre comment la Nouvelle Alliance en Jésus accomplit l’Ancienne Alliance d'Abraham, de Moïse et de David


Pieter Lastman, Jonas et la baleine (1621)

Dans l'Évangile de Luc 11, 29-32, Jésus mentionne le «signe de Jonas»:

Comme les foules s'amassaient, il se mit à dire : " Cette génération est une génération mauvaise; elle demande un signe, et il ne lui sera point donné d'autre signe que le signe du prophète Jonas. Car, de même que Jonas a été un signe pour les Ninivites, ainsi le Fils de l'homme en sera aussi un pour cette génération. La reine du Midi se lèvera, au (jour du) jugement, avec les hommes de cette génération, et les fera condamner, car elle est venue des extrémités de la terre pour entendre la sa gesse de Salomon, et il y a ici plus que Salomon. Les hommes de Ninive se dresseront, au (jour du) jugement, avec cette génération et la feront condamner, car ils ont fait pénitence à la prédication de Jonas, et il y a ici plus que Jonas.

Il y a une triple signification à ce signe:

  • La première est une prophétie à propos de la mort et de la résurrection du Christ. Jonas a passé trois jours dans le ventre du poisson et il retourne ensuite à la terre (Jonas 2, 1), préfigurant la mort et la résurrection de Jésus-Christ. Jésus fait cette liaison de façon assez explicite dans Matthieu 12, 40.
  • La deuxième est une prophétie à propos de la destruction de Jérusalem, quarante ans après le rejet du Christ. Le message de Jonas à Ninive était : « Encore quarante jours et Ninive sera détruite! » (Jonas 3, 4). Le Christ met en garde les habitants de Jérusalem de leur méchanceté (y compris dans Luc 11, 29, cité ci-dessus) et il dit que le Temple sera détruit (Matthieu 24, 1-2). Jérusalem ne s’est pas converti et quarante ans après la mort du Christ, Jérusalem (y compris le Temple) a été détruit par les Romains. Cela accomplit aussi le Psaume 95, 10-11.
  • La troisième est une prophétie sur le salut des nations et sur le ressentiment que cela va entraîner. Lorsque les habitants de Ninive se sont repentis, Dieu a eu pitié d'eux (Jonas 3, 10). Jonas n’apprécie pas trop cela, parce qu'ils sont des Gentils (Jonas 4, 1). Lorsque la même miséricorde est offerte aux païens dans Actes 10, cela conduit au même ressentiment chez certains croyants juifs (Actes 11, 1-3).

L'Écriture est vraiment incroyable!


Cet article est une traduction personnelle de l’article «Three Meanings of “the Sign of Jonah”» de Joe Heschmeyer.

Un des principaux arguments soulevés contre les dévotions catholiques comme le Rosaire est que les catholiques prient toujours les mêmes prières encore et encore et que l'Écriture condamnerait la prière répétitive. Après tous, dans Matthieu 6, 7, le Christ dit: « Dans vos prières, ne multipliez pas les paroles vides, comme font les païens, qui s'imaginent devoir être exaucés à force de paroles », ou comme le dit la Bible Louis Segond « En priant, ne multipliez pas de vaines paroles, comme les païens, qui s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés ».

La réponse à cela est simple: le Christ condamne les répétitions vaines et les paroles vides. Les prières répétitives, y compris l'utilisation de formules de  prières, sont encouragées par l'Écriture et elles sont pratiquées par l'Église primitive. Regardons la prière répétitive d'abord, puis ensuite les formules de prières.

La Bible encourage la prière répétitive

Un des exemples les plus frappants de cela provient de l'agonie de Jésus au jardin de Gethsémani (Matthieu 26, 39-44):

Carl Bloch, Gethsémani (1805)
Et s'étant un peu avancé, il tomba sur sa face, priant et disant : " Mon Père, s'il est possible, que ce calice s'éloigne de moi ! Cependant non pas comme je veux, mais comme vous (voulez) ! "  
Et il vient vers les disciples et il les trouve endormis; et il dit à Pierre : " Ainsi, vous n'avez pas eu la force de veiller une heure avec moi ! Veillez et priez, afin que vous n'entriez point en tentation. L'esprit est ardent, mais la chair est faible. "  
Il s'en alla une seconde fois et pria ainsi : " Mon Père, si ce (calice) ne peut passer sans que je le boive, que votre volonté soit faite ! " Étant revenu, il les trouva endormis, car leurs yeux étaient appesantis. Il les laissa et, s'en allant de nouveau, il pria pour la troisième fois, redisant la même parole.

Ainsi,  Jésus a prié la même prière trois fois de suite. Voilà certainement une prière répétitive. Mais ce ne sont pas de vaines répétitions ou des paroles vides. Jésus a supplié son Père intensément. De même, nous sommes invités à prier Dieu sans relâche pour certaines choses, en allant même jusqu’à le harceler. Cette invitation vient de la parabole de Jésus de la veuve persistante (Luc 18, 1-8):

Et il leur disait une parabole sur la nécessité de toujours prier et de ne pas se lasser. Il dit : " Il y avait dans une ville un juge qui ne craignait point Dieu et n'avait point égard aux hommes. Et il y avait dans cette ville une veuve qui venait à lui et disait : " Fais-moi justice de mon adversaire. "  
Et pendant un temps il ne le voulait pas. Après quoi cependant il se dit en lui-même : " Encore que je ne craigne pas Dieu et que je n'aie pas égard aux hommes, néanmoins, parce que cette veuve m'importune, je lui ferai justice, pour qu'elle ne vienne pas me rompre la tête éternellement. "  
Et le Seigneur dit : " Écoutez ce que dit le juge inique ! Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus qui crient à lui nuit et jour, lui qui use de patience envers eux? Je vous le dis, il leur fera justice promptement. Seulement, quand le Fils de l'homme viendra, trouvera-t-il la foi sur terre?"

Ainsi, le modèle de la prière continuelle que Jésus nous présente est celui d’une femme qui demande exactement la même chose (« Rends-moi justice contre mon adversaire»), encore et encore, jusqu’à en devenir insupportable.

La Bible encourage les formules de prières

Psaume 1, du Psautier de Florian (c. 1400)
L'idée que la Bible condamne les formules de prières (ou les prières pré-écrites) est stupide. Après tout, le livre des Psaumes n’est-il pas rien d'autre qu'un ensemble de 150 formules de prières, qui peuvent être priées dans une grande variété d'occasions et que cite abondamment le Christ durant sa vie terrestre.

De plus, Jésus nous a laissé lui-même sa propre formule de prière. Immédiatement après le passage de Matthieu 6, 7, dans lequel il dénonce les vaines paroles, le Christ nous donne le Notre Père (la Prière du Seigneur, Mt. 6, 9-13), en l’introduisant comme ceci : « Vous prierez donc ainsi... ». Voilà une formule de prière que nous devrions de prier souvent.

De plus, la Prière du Seigneur a été reconnue comme une formule de prière priée à plusieurs reprises par l'Église primitive. La Didachè est peut-être le plus ancien document chrétien en dehors de la Bible, datant environ du milieu à la fin du premier siècle. Les parties les plus anciennes de la Didachè sont probablement plus anciennes que les dernières portions du Nouveau Testament. Il s'agit en quelque sorte d'un manuel de l’Église, qui explique les croyances et les pratiques du christianisme aux convertis et aux nouveaux initiés. Dans le chapitre 8, les chrétiens sont chargés de prier le Notre Père trois fois par jour. Dans le chapitre suivant, les formules de prières pour la préface eucharistique sont données. De plus, la Didachè décrit ce qui est déjà pratique courante dans l'Église, ce qui signifie que nous pouvons dater en toute sécurité la prière répétitive de la Prière du Seigneur à l'époque des Apôtres.

Conclusion

Le Christ condamne le fait de dire ses prières sans les penser et le fait de répéter machinalement des paroles vides. Nous ne devrions pas le faire. Mais le remède à cela n’est de ne pas rejeter toutes formules de prières, ou de rejeter  toutes prières répétitives. C’est parce qu'il faut prier avec sincérité. Parfois, cela est difficile, en particulier quand nous sommes fatigués ou lorsque nous avons des choses qui nous tracassent l'esprit. Mais nous devrions essayer de faire de notre mieux quand même. Pour retourner à l'exemple du jardin de Gethsémani. Les apôtres étaient manifestement fatigués et c’est un euphémisme de dire que Jésus avait l’esprit tracassé. Mais, alors que les Apôtres délaissent la prière en faveur du sommeil, il est allé de l'avant et il a prié de toute façon, en répétant la même prière passionnée trois fois. Et cela a fait toute la différence.

Cet article est une traduction personnelle de l’article «Does the Bible Condemn Repetitive Prayer?» de Joe Heschmeyer.

L'argument le plus fort contre l'athéisme est probablement l'argument de la contingence. Dans sa forme la plus simple, il ressemble à ceci:

A. Toute chose, sans exception, se divise en deux catégories possibles: (1) ce qui est contingent, et (2) ce qui n’est pas contingent.

Permettez-moi de vous expliquer ce que je veux dire en utilisant les termes « chose » et « contingent ».  J’utilise le terme «chose» dans son sens le plus large possible: un objet physique, une loi scientifique, peu importe. Si une chose requiert quelque chose d’autre pour exister, alors il est « contingent ».

Arbre généalogique
Vous et moi sommes radicalement contingents. Sans nos parents (et leurs parents, les parents de leurs parents, etc.), nous n’existerions pas. Même le moindre changement: votre arrière-arrière-arrière-grand-parent meurt avant de rencontrer votre arrière-arrière-arrière-arrière-grand-mère (ou se déplace, ou n'est pas attiré par elle, ou quelqu'un d'autre la marie à sa place, etc., etc., etc.), et vous n’existez pas. Mais il y a encore plus que cela, d’innombrables facteurs ont dû s'aligner afin que nous ayons pu vivre sur une planète avec toutes les conditions rendant la vie humaine (et la procréation) possible, pour avoir le bon type d'univers et ainsi de suite.

Je ne suis pas intéressé à débattre ici de savoir si la coalescence de ces facteurs était probable ou improbable, ou si cela est dû au hasard ou à un Grand Dessein.

Mon argument est simple: pour que vous puissiez exister, d'autres conditions doivent logiquement précéder votre existence. Votre existence est logiquement dépendante de ces autres conditions. Par conséquent, si je sais que vous vous trouvez dans un univers particulier, je peux alors déduire toutes sortes d'autres choses à propos de cet univers: qu'il vous maintient en vie, qu’il contient (ou a déjà contenu) vos parents, etc.

C’est ce que nous entendons par une chose contingente. Grâce à certaines conditions particulières, vous existez. Si ces conditions n’avaient pas été là, vous ne seriez pas là non plus.

Toutes les choses créées sont dans la catégorie # 1: elles sont toutes contingentes. Elles n’émergent pas  nécessairement. Parfois, cette vérité est affirmée sous la forme : «tout ce qui commence à exister a une cause ».

Donc, toutes les choses créées sont contingentes. Mais l'inverse n’est pas vrai: une chose pourrait être infiniment vieille et aussi logiquement contingente. Donc, comme vous vous en doutez, la catégorie 1 est énorme. Elle comprend tout l'univers.

B) Vous ne pouvez tout simplement pas avoir une série infinie de causes contingentes; puisqu’une cause sans cause est logiquement nécessaire.

Les causes contingentes requièrent quelque chose d'autre pour exister: cette chaîne ne peut simplement pas se poursuivre indéfiniment. Si A nécessite l'existence de B, B nécessite l'existence de C, et que C nécessite l'existence de A, vous ne pouvez pas postuler A, B, ou C comme cause de l'existence de l'ensemble comprenant A, B, et C . Un professeur de philosophie m'a donné deux illustrations utiles de ce principe: l'un impliquant la théorie des ensembles et l’autre impliquant un train.

Commençons par la théorie des ensembles. Toutes les causes peuvent être divisés entre les [Causes causées] et les [Causes sans cause]. Peu importe la taille de l'ensemble [Causes causées], même infiniment grand, il ne peut pas être sa propre cause. Il a besoin d'une cause sans cause pour commencer à exister. Nous avons tendance à concevoir cela de façon temporelle (que la cause sans cause doit préexister la cause causée), mais cela serait vrai même si la cause sans cause et les causes causées seraient toutes infiniment vieilles.

Cette illustration est claire et simple, mais elle ne l’est pas pour tout le monde. Pour cette raison, il a aussi donné l'illustration du train. L'image ci-dessous montre deux wagons : le wagon de droite est une locomotive, qui a un moteur; tandis que le wagon de gauche est un wagon de train ordinaire, qui n’en a pas.



Si vous êtes à un passage à niveau et que vous voyez un wagon de train ordinaire passer, vous pouvez être certain qu'il est tiré par une locomotive, même si vous ne pouvez pas voir l'avant du train. Le wagon peut être tiré directement par la locomotive, ou par un autre wagon de train ou par une série de wagons de train qui sont eux-mêmes tirés par une locomotive.

Un train qui comprendrait uniquement des wagons, sans locomotive, ne pourrait jamais se déplacer. Cela n’a aucune importance que le train comprenne un seul wagon, ou mille, ou un million, ou une infinité de wagons de longs. Sans quelque chose pour le bouger, il ne bougera pas d'un pouce.

Il en est ainsi des réalités contingentes: elles sont finalement mises en mouvement, pour ainsi dire, par ce qui est nécessaire. Cela n'a pas d'importance que vous ayez une seule réalité contingente, ou mille, ou un nombre infini: ils exigent l'existence d'une réalité non contingente.

Par ailleurs, cela explique aussi pourquoi l'argument athée « Qui a créé Dieu? » est un non-sens philosophique. C’est comme se demander: « Eh bien, si tous les wagons des trains doivent être bougés par une locomotive, alors qu’est-ce qui fait bouger la locomotive? »

C) Cette réalité est nécessaire est ce que nous appelons « Dieu ».

À ce stade, nous pouvons dire avec certitude que quelqu'un ou quelque chose de nécessaire a créé l'univers entier. Nous pouvons dire avec une certitude absolue que l'univers entier - de toute personne, à chaque particule, à chaque loi scientifique - remonte à une origine commune, une sorte de Créateur. Cela nous donne un point de départ pour pouvoir explorer le genre de Créateur dont nous parlons. Mais ici se termine la preuve.

Cela ne prouve pas immédiatement la vérité du catholicisme (qui peut être connue grâce à une combinaison de la raison et de la révélation divine), mais il réfute la possibilité de l'athéisme. Il n'y a tout simplement aucun moyen de commencer sans une cause sans cause et de se retrouver finalement avec quelque chose, que ce soit les lois physiques, les réalités matérielles ou toute autre chose.

P-S : Quelle sorte de Créateur?

La preuve pourrait suggérer que l'univers a une cause, mais qu’elle est totalement impersonnelle. Il se trouve qu’en utilisant cette preuve, nous pouvons aussi déterminer beaucoup de choses sur notre Créateur. Vous voyez, rien ne peut exister dans un effet qui n’existe pas (au moins en puissance) dans la somme totale des causes. Vous ne pouvez pas mettre deux et deux ensembles et obtenir cinq. Cette notion viole la causalité.

Puisque toutes les autres causes découlent de la même cause nécessaire, nous pouvons dire que rien ne peut exister dans l'univers ne vient pas du Créateur. Par exemple, nous existons dans un univers qui contient (et permet) la personnalité et la sensibilité. Mais les effets de la personnalité et la sensibilité ne peuvent pas exister sans la cause ultime possédant elle-même la personnalité et la sensibilité. Donc, nous savons tout de suite que nous avons affaire à un Dieu personnel

Cet article est une traduction personnelle de l’article «How Train Cars and Set Theory Prove the Existence of God» de Joe Heschmeyer.