Règle 1 : Les auteurs humains de la Bible n’étaient pas des sténographes divins

Tout ce qui est affirmé dans l'Écriture est affirmé par l'Esprit-Saint, mais Dieu a permis aux auteurs humains des Écritures d’y incorporer leurs propres mots, leurs idées et leurs visions du monde dans les textes sacrés.

Règle 2 : Les auteurs humains de la Bible n’ont pas écrit des manuels scientifiques

L’Écriture ne revendique pas de donner une description scientifique du monde, de sorte que les détails de la Bible qui utilisent « le langage des apparences » ne sont pas erronés.

Règle 3 : La Bible contient beaucoup de genres littéraires différents

La Bible contient de nombreux genres différents, dont certains communiquent de véritables faits historiques à travers l'utilisation de la poésie ou un langage non littéral.

Règle 4 : Vérifiez la langue d'origine

Certains passages de l'Écriture sont seulement difficiles parce qu'ils ont été mal traduits. L'examen de la langue d'origine peut nous aider à mieux comprendre le sens de l'intention de l'auteur sacré.

Règle 5 : La Bible est autorisée à être le seul témoin de l'histoire

Les historiens antiques non bibliques auraient pu faire des erreurs ou ne pas parvenir à enregistrer tous les événements. Par conséquent, il n’est pas nécessaire d'exiger que tous les événements bibliques soient corroborés par des sources non bibliques.

Règle 6 : Lisez en contexte!

Parfois, certains passages bibliques sonnent mals parce qu'ils sont isolés de leur contexte d'origine. Prenez le temps d’étudier le contexte du passage et vous trouverez généralement avec lui l'explication du passage.

Règle 7 : Consultez des commentaires fiables

Les commentaires fournissent des détails ou des faits qui ne se trouvent pas dans les Écritures et qui peuvent aider à expliquer les difficultés de la Bible.

Règle 8 : Évaluer l'Écriture selon l'ensemble de la Révélation divine

Interprétez l'Écriture à la lumière de ce que Dieu a révélé dans la loi naturelle, ainsi que par son Église sous la forme de la sainte Tradition et de l'enseignement du Magistère.

Règle 9 : Description différente n’impliquent pas contradiction

Les auteurs de l'Écriture peuvent proposer des descriptions différentes des détails d'un événement, mais pas dans les vérités essentielles qu'ils affirment à propos de ces événements.

Règle 10 : Incomplet n’est pas inexact 

Le fait qu’un auteur sacré n'ait pas rapporté quelque chose qu’un autre auteur nous a rapporté ne signifie pas que son texte est dans l'erreur.

Règle 11 : Seuls les textes originaux sont inspirés et pas nécessairement leurs copies

Les erreurs qui sont survenues à travers le processus de copie ne relèvent pas de la doctrine de l'inerrance et peuvent généralement être localisées et corrigées avec facilité.

Règle 12 : Le fardeau de la preuve est sur le critique s’il prétend qu’il y a erreur

Si un critique affirme que l'Écriture est dans l'erreur, il a la charge du fardeau de la preuve pour prouver que c’est le cas. Si le croyant ne démontre ne serait-ce qu’il est possible de résoudre cette erreur, alors l'objection du critique au fait qu’il y aurait une contradiction insoluble est réfutée.

Règle 13 : Quand la Bible parle de Dieu, elle le fait d’une manière non littérale

Parce que Dieu est si différent à nous, l'Écriture doit parler de lui avec un langage anthropomorphe qui ne devrait pas être pris à la lettre.

Règle 14 : Le fait que la Bible rapporte quelque chose ne signifie pas que Dieu le recommande

La Bible n’est pas un livre d'instructions pour nous enseigner la façon dont nous devrions vivre, bien que parfois elle nous enseigne des leçons de vie à travers des histoires qui nous montrent ce qu’on ne doit pas faire.

Règle 15 : Le fait que la Bible réglemente quelque chose ne signifie pas que Dieu le recommande

Dieu s’est révélé progressivement à l'humanité au cours de plusieurs siècles. Au cours de cette progression, les auteurs de l'Écriture ont réglementé pratiques pécheresses afin d'aider le peuple de Dieu à finir par les rejeter dans l'avenir.

Règle 16 : La vie est un don de Dieu et il a pleine autorité sur elle

Dieu n’est pas moralement répréhensible s’il choisit de nous enlever la vie mortelle qu’il nous a donnée librement.

Comme notre discussion tire à sa fin, je voudrais vous laisser avec une dernière règle bonus : Donnez à la Parole de Dieu le bénéfice du doute.

Dans « Hard sayings », nous avons appris que même si nous ne pouvons pas résoudre une difficulté à l'heure actuelle, cela ne signifie pas que la Bible est dans erreur ou qu'elle est sans inspiration. Cela signifie simplement que nous ne savons pas comment résoudre la difficulté en question. Cette attitude est constatée chez plusieurs Pères de l'Église comme Justin Martyr, qui a dit aux critiques du deuxième siècle : « [Depuis] que je suis entièrement convaincu que personne dans l'Écriture n’en contredit une autre, j'admettrais plutôt que je ne comprends pas ce qui est rapporté et m’efforcerais de persuader ceux qui s’imaginent que les Écritures sont contradictoires, plutôt qu’à être de cet avis moi-même. »

Si vous avez apprécié cet article et que vous voulez apprendre à connaître l'Écriture davantage [et que vous pouvez lire l’anglais], vous pouvez vous procurer votre exemplaire de « Hard sayings : A Catholic Approach to Answering Bible Difficulties today! »


Cet article est une traduction personnelle du courriel de promotion « Sixteen Bible-Reading Rules Everyone Should Know (Plus One) » de Catholic Answers pour le livre « Hard Sayings » de Trent Horn.


Dans les prochains mois, je vous propose d’étudier avec moi les 5 voies de l’existence de Dieu (« quinque viae » en latin) écrite par saint Thomas d’Aquin dans sa Somme Théologique.

Pourquoi les 5 voies?

La raison pour laquelle j’ai choisi les 5 voies de saint Thomas, au lieu d’autres preuves pour l’existence de Dieu, est que je me rends compte que les 5 voies de saint Thomas sont malheureusement trop souvent mal comprises sur internet. On se contente souvent de présenter le contenu des 5 voies, sans aucune autre explication, et cela peut faire paraitre ces arguments assez faibles pour ceux qui ne sont pas préalablement familiers avec la philosophie antique ou médiévale. Une autre erreur très répandue est d’attribuer un sens moderne aux termes utilisés par saint Thomas et qui ne reflètent pas le sens que ce mot avait au temps de saint Thomas. Comme nous le verrons dans les prochains articles, ces erreurs peuvent grandement affaiblir ces arguments et leur compréhension.

Notes avant de commencer

Comme le sujet des 5 voies est assez vaste, il sera échelonné sur plusieurs articles qui se retrouveront dans les catégories « philosophie » et « existence de Dieu » du blogue. Avant d’étudier les différentes voies en tant que telles, il faudra d’abord éclaircir certaines notions philosophiques. Ces débuts peuvent être un peu plus arides et un peu ennuyeux pour ceux qui auraient mieux aimé commencer par examiner immédiatement les voies elles-mêmes. Cependant, je vous promets que ce « sacrifice » de départ vous permettra de pouvoir saisir avec beaucoup plus de clarté les arguments de saint Thomas et aussi de répondre plus efficacement aux objections soulevées contre eux.
Tous les articles en rapport avec cette étude seront placés ci-dessous au fur et à mesure de leur publication. Je vous invite donc à ajouter cette page dans vos signets de favoris, car cela pourra vous servir de portail pour cette étude.

Articles de cette étude :

1. Acte, puissance et mouvement

big-bang-univers


Dans un précédent article « maisqui a causé Dieu? », un internaute m’a posé une question qui m’a fait penser à une objection que l’on rencontre couramment lorsque l’on présente des arguments pour l’existence de Dieu, comme celui de la cause première ou celui de la contingence : celle qui affirme que de parler du commencement de l’univers est un non-sens. Voici l’extrait de son commentaire qui m’a fait penser à cette objection :

Il n'y a pas de "avant l'univers" ou "après l'univers" puisque le temps n'existe pas en dehors de l'univers.

Au sujet du commencement de l’univers, la position de la majorité des scientifiques est que l’univers est issue du Big-bang il y a environ 13.7 milliards d’années et que c’est à ce moment qu’aurait débuté la matière, l’espace et le temps.

 Cependant, comme le fait d’avoir un commencement est un stigmate assez flagrant de contingence, certains athées ont proposé l’idée que de dire que l’univers a un commencement ne fait pas de sens, puisque que le temps a commencé à exister avec le début de l’univers et qu’il ne peut donc pas avoir un « temps » avant ce temps où l’univers n’existait pas. Qu'un commencement peut s'appliquer aux choses qui sont dans le temps, mais pas au temps lui-même. On ne pourrait donc pas alors proprement parler du « commencement » de l’univers. Ils acceptent donc sans trop de problème la théorie du Big-bang, mais ils cherchent en même temps à en nier les conséquences. Comme si l’univers pouvait avoir un passé fini, mais sans pourtant avoir de commencement.

Le but de la manœuvre est bien entendu de prétendre par là qu’il n’aurait alors pas besoin de cause. Nous savons que, même si elle réussissait, cette tentative serait vaine, puisqu’un univers même éternel serait toujours aussi contingent et aurait tout de même besoin d’une cause. Formalisons maintenant cet argument pour un peu plus de clarté :

  1. Toute chose qui a un commencement doit être précédé d’un temps où elle n’existait pas
  2. L’univers n’a pas été précédé d’un temps où il n’existait pas
  3. Donc, l’univers n’a pas de commencement

Du point de vue de la forme, c’est un argument valide, mais le problème réside ici dans la définition des choses qui ont un commencement dans la deuxième prémisse. En fait, c’est tout l’argument qui s’écroule si l’on donne une définition légèrement différente des choses qui ont un commencement. Il suffit seulement de définir les choses qui ont un commencement comme quelque chose qui n’est précédée d’aucun temps où elle existait. Reformuler de cette façon, on voit non seulement que l’objection s’effondre, mais que l’argument nous mène à la conclusion inévitable du commencement de l’univers… ce qui nous laisse entrevoir une cicatrice incontestable de sa contingence. Reformulons maintenant l’argument précédant avec cette nouvelle définition :

  1. Toutes les choses qui ne sont précédées d’aucun temps où elles existaient ont un commencement*
  2. L’univers n’a été précédé d’aucun temps où il existait
  3. Donc, l’univers a un commencement


Nous voyons alors que le fait de parler du commencement de l’univers n’est pas un sophisme et que ce commencement amène à nous poser la question de la cause de cet univers… une cause qui doit nécessaire être intemporel, immatériel et non spatiale, puisque le temps, la matière et l’espace sont apparus avec lui.


* Comme me le faisait remarquer un internaute dans son commentaire, cette définition des choses ayant un commencement est incomplète. Pour être rigoureuse, il faudrait y ajouter quelques précisions, qui sont formulées ainsi par le Dr W.L. Craig  : Pour une entité e et un temps t, e commence à exister à t seulement et seulement si (1) e existe à t, (2) t est le premier moment où e existe, (3) il n’y a aucun état des choses dans le monde actuel où e existe hors du temps, et (4) e existe à t est un fait temporel [en anglais : tense fact]. On voit donc que Dieu, étant par essence existant (donc éternellement existant hors du temps, ne correspond pas aux choses qui ont commencé à exister, car il enfreint les conditions 2 et 3 de cette définition.