Parmi
les gens qui ne croient pas en l’existence de l’âme, il y a un type de preuve
qui revient souvent lorsqu’on discute au sujet du cerveau humain. Leur argument
peut se résumer comme suit : « Lorsqu’une personne a une blessure qui
lui détruit une partie du cerveau, toute sa personnalité peut changer, jusqu’à
en devenir méconnaissable ou même complètement légume. Cela prouve donc qu’il
n’y a pas d’âme et que c’est le cerveau qui est le support et la cause de la pensée
et de la personnalité humaine. » Nous allons donc examiner si ce type de
raisonnement prouve réellement l’inexistence de l’âme?
L’analogie
Avant
de répondre à la question, j’aimerais faire une analogie* pour vous aider à
visualiser l’argument. Prenons par exemple une radio et un lecteur MP3. Dans le
lecteur MP3, musique est déjà enregistrée dans l’appareil en question. Il n’est
donc pas dépendant d’une source extérieure pour pouvoir produire de la musique,
car les informations musicales sont déjà enregistrées dans le lecteur MP3. Ce
lecteur MP3 représente la vision matérialiste de l’être humain. C'est-à-dire
que le cerveau est capable de produire la pensé de lui-même puisque toutes
notre pensé et notre volonté prennent origine dans notre cerveau.
Dans
la radio, la musique n’est pas préenregistrée. La radio convertit la musique au
fur et à mesure qu’elle reçoit les informations par ondes radio. Elle
est donc dépendante de cette source continue d’information musicale. Cette
radio représente la vision spirituelle de l’être humain. C'est-à-dire que la pensée,
qui s’opère aussi dans le cerveau, tire son origine de l’âme humaine, qui lui
est extérieure, et que le cerveau retransmet physiquement dans le corps humain.
Tout comme la radio, le fonctionnement du cerveau est nécessaire au bon
fonctionnement de la pensée, mais il demeure aussi dépendant d’une source
extérieure.
Voici
un tableau des différents éléments de cette analogie afin de s’assurer qu’on en
comprend bien les distinctions :
Cerveau et âme
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Analogie du lecteur
MP3 et de la radio
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Cerveau (vision matérialiste: sans âme)
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Lecteur MP3
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Cerveau (vision spirituelle: avec une âme)
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Radio
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Existence de l’âme
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Présence d’ondes radio
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Production de la pensée
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Production de musique
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L’expérience
Faisons
maintenant une petite expérience avec cette analogie. Supposons que vous démarrez
votre radio et qu'elle produit de la musique. Ensuite, quelqu’un arrive et donne un bon coup de masse sur votre
radio. Évidemment, la radio va se briser et va cesser de produire de la
musique. Que répondrez-vous alors à cette personne qui a donné le coup de masse
si elle s’exclamait en disant : «Vous voyez, les ondes radio n’existent
pas, car la radio ne fait plus de musique après avoir été endommagée! ».
Conclusion
On
se rend bien compte alors de l’absurdité de cette affirmation. Tout ce que cela
prouve c’est qu’une radio endommagée ne produit plus de musique et cela ne nous
apprend rien sur l’existence des ondes radio. Et combien plus absurde cela deviendrait-il
si cette même personne osait affirmer que ce que vous croyiez être votre radio était
en fait un lecteur MP3 sous l’apparence d’une radio, car selon lui, la musique
que l’on entendait auparavant était nécessairement déjà enregistrée dedans,
parce qu’il vient de prouver que les ondes radio n’existent pas. C’est le même
principe lorsque quelque vous dit que l’âme n’existe pas parce qu’un cerveau
endommagé cesse de produire la pensé. Cela ne nous apprend rien du tout sur l’existence
de l’âme et ce fait à lui seul ne peut pas justifier la vision matérialiste du
cerveau par rapport à la vision spirituelle.
Bien
entendu, cette démonstration ne fait que réfuter l’argument matérialiste et ne
prouve pas non plus l’existence de l’âme. Cependant, on entend tellement
souvent cet argument que je trouvais utile de présenter cette analogie qui nous
aide à déceler plus facilement les erreurs logiques derrière cet argument.
*Cette
analogie a été développée par Jean Staune et elle utilisait un lecteur CD au
lieu du lecteur MP3. Voir le livre de Benjamin Libet, Mind time, Harvard University
Press, 2004 pour plus d’information.