Un lecteur m’a récemment posé une question sur la différence entre le jugement particulier et le jugement dernier, en rapport avec cet article sur la question de ce qui arrive après la mort.

Voici sa question : Pourquoi y a-t-il deux jugements, au fond? Est-ce que les péchés sont exposés et jugés à nouveau lors du 2e jugement (jugement final)? Est-ce qu'en théorie, le jugement sur quelqu'un pourrait changer?

Voici ma réponse :

Le jugement particulier est le jugement qui a lieu au moment de la mort. Il scelle la destinée éternelle de l’homme. Voici ce que dit le catéchisme sur le jugement particulier :

Le jugement particulier 
La mort met fin à la vie de l’homme comme temps ouvert à l’accueil ou au rejet de la grâce divine manifestée dans le Christ (cf. 2 Tm 1, 9-10). Le Nouveau Testament parle du jugement principalement dans la perspective de la rencontre finale avec le Christ dans son second avènement, mais il affirme aussi à plusieurs reprises la rétribution immédiate après la mort de chacun en fonction de ses œuvres et de sa foi. La parabole du pauvre Lazare (cf. Lc 16, 22) et la parole du Christ en Croix au bon larron (cf. Lc 23, 43), ainsi que d’autres textes du Nouveau Testament (cf. 2 Co 5, 8 ; Ph 1, 23 ; He 9, 27 ; 12, 23) parlent d’une destinée ultime de l’âme (cf. Mt 16, 26) qui peut être différente pour les unes et pour les autres. 
Chaque homme reçoit dans son âme immortelle sa rétribution éternelle dès sa mort en un jugement particulier qui réfère sa vie au Christ, soit à travers une purification (cf. Cc. Lyon : DS 857-858 ; Cc. Florence : DS 1304-1306 ; Cc. Trente : DS 1820), soit pour entrer immédiatement dans la béatitude du ciel (cf. Benoît XII : DS 1000-1001 ; Jean XXII : DS 990), soit pour se damner immédiatement pour toujours (cf. Benoît XII : DS 1002). Catéchisme de l’Église catholique, no 1021-1022

Le jugement dernier a lieu à la fin des temps, au retour du Christ, lors de la résurrection des corps. Voici ce que dit le catéchisme sur le jugement dernier :

Le Jugement dernier 
La résurrection de tous les morts, " des justes et des pécheurs " (Ac 24, 15), précédera le Jugement dernier. Ce sera " l’heure où ceux qui gisent dans la tombe en sortiront à l’appel de la voix du Fils de l’Homme ; ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour la vie, ceux qui auront fait le mal pour la damnation " (Jn 5, 28-29). Alors le Christ " viendra dans sa gloire, escorté de tous les anges (...). Devant lui seront rassemblés toutes les nations, et il séparera les gens les uns des autres, tout comme le berger sépare les brebis des boucs. Il placera les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche (...). Et ils s’en iront, ceux-ci à une peine éternelle, et les justes à la vie éternelle " (Mt 25, 31- 32. 46).
C’est face au Christ qui est la Vérité que sera définitivement mise à nu la vérité sur la relation de chaque homme à Dieu (cf. Jn 12, 49). Le jugement dernier révélera jusque dans ses ultimes conséquences ce que chacun aura fait de bien ou omis de faire durant sa vie terrestre : 
Tout le mal que font les méchants est enregistré – et ils ne le savent pas. Le Jour où " Dieu ne se taira pas " (Ps 50, 3) (...) Il se tournera vers les mauvais : " J’avais, leur dira-t-il, placé sur terre mes petits pauvres, pour vous. Moi, leur chef, je trônais dans le ciel à la droite de mon Père – mais sur la terre mes membres avaient faim. Si vous aviez donné à mes membres, ce que vous auriez donné serait parvenu jusqu’à la tête. Quand j’ai placé mes petits pauvres sur la terre, je les ai institués vos commissionnaires pour porter vos bonnes œuvres dans mon trésor : vous n’avez rien déposé dans leurs mains, c’est pourquoi vous ne possédez rien auprès de moi " (S. Augustin, serm. 18, 4, 4 : PL 38, 130-131). 
Le jugement dernier interviendra lors du retour glorieux du Christ. Le Père seul en connaît l’heure et le jour, Lui seul décide de son avènement. Par son Fils Jésus-Christ Il prononcera alors sa parole définitive sur toute l’histoire. Nous connaîtrons le sens ultime de toute l’œuvre de la création et de toute l’économie du salut, et nous comprendrons les chemins admirables par lesquels Sa Providence aura conduit toute chose vers sa fin ultime. Le jugement dernier révélera que la justice de Dieu triomphe de toutes les injustices commises par ses créatures et que son amour est plus fort que la mort (cf. Ct 8, 6). 
Le message du Jugement dernier appelle à la conversion pendant que Dieu donne encore aux hommes " le temps favorable, le temps du salut " (2 Co 6, 2). Il inspire la sainte crainte de Dieu. Il engage pour la justice du Royaume de Dieu. Il annonce la " bienheureuse espérance " (Tt 2, 13) du retour du Seigneur qui " viendra pour être glorifié dans ses saints et admiré en tous ceux qui auront cru " (2 Th 1, 10). Catéchisme de l’Église catholique, no 1038-1041

C’est donc le même verdict pour les deux jugements. Il ne peut donc pas y avoir de changement de verdict entre le jugement particulier et le jugement dernier. Le jugement particulier est personnel, tandis que le jugement dernier sera celui du dévoilement et de la compréhension.

Un aperçu du widget "bloc photo"

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Une des croyances les plus passionnément défendu parmi les athées et les agnostiques est qu'ils peuvent être moralement bons sans croire en Dieu. L'hypothèse sous-jacente à cette affirmation est que Dieu n’est pas nécessaire pour avoir une bonne morale. Mais est-ce vrai? Peut-on être bon sans reconnaître l'existence de Dieu?

Le bon athée

L'Église catholique enseigne que les incroyants peuvent vivre une vie de vertu relative sans croire en Dieu, c’est-à-dire qu’ils peuvent connaître les comportements qui respectent le bien de la nature humaine et vivre en conséquence. Par exemple, un athée peut savoir que tuer un être humain innocent viole le droit à la vie. Un athée peut également savoir que de mentir à une personne viole son droit à connaître la vérité.

Ces préceptes, entre autres, constituent ce qui est connu dans la tradition catholique comme étant la loi naturelle. C’est une loi morale naturelle intégrée à la nature de l'homme et qui est connaissable par la lumière naturelle de la raison humaine. Charles Rice, juriste américain et apologète catholique, définit comme ceci la loi naturelle :

Un ensemble de règles du fabricant inscrit dans notre nature de sorte que nous pouvons découvrir par la raison comment nous devons agir (50 Questions on the Natural Law, Kindle Location 218).

Saint Paul décrit cette loi dans sa lettre aux Romains, quand il réfléchit sur la capacité des nations à connaître la loi de Dieu sans avoir eu l'avantage de la révélation judéo-chrétienne:

Quand des païens, qui n'ont pas la loi, accomplissent naturellement ce que la Loi commande, n'ayant pas la loi, ils se tiennent lieu de loi à eux-mêmes; ils montrent que ce que la Loi ordonne est écrit dans leurs cœurs, leur conscience rendant en même temps témoignage par des pensées qui, de part et d'autre, les accusent ou les défendent (Romains 2, 14-15).

Parce que cette loi est accessible par la lumière naturelle de la raison humaine, les athées et les agnostiques peuvent connaître cette loi et vivre en conséquence sans reconnaître l'existence de Dieu.

Dieu et obligations morales

Cela ne signifie pas pour autant que Dieu n’est pas pertinent pour la morale. Outre la grâce de Dieu étant nécessaire pour vivre la loi morale parfaitement et mériter le ciel (Romains 8, 1-8; Jean 15, 5), Dieu est nécessaire pour que la loi soit moralement obligatoire.

Dans une vision du monde athée, il ne peut y avoir aucun fondement ultime à l'obligation morale de vivre en accord avec la nature humaine. Si ce n’est pas Dieu, alors qui a le pouvoir de dire: «Il faut agir de cette façon et si vous ne le faites pas, alors vous êtes une mauvaise personne? » Comme Thomas Merton écrit :

Au nom de qui ou de quoi est-ce que vous me demandez de me comporter ainsi? Pourquoi devrais-je choisir l'inconvénient de nier mes désirs et mes satisfactions personnelles au nom d'une norme qui existe seulement dans votre imagination? (The Ascent to Truth, 112).

Merton reconnaît que, sans Dieu, les préceptes moraux, y compris l'idée que nous devrions respecter le bien de la nature humaine, sont tout simplement des codes moraux personnels, de simples préférences, des opinions qui ne sont pas objectives et qui obligeraient toutes les personnes à les respecter. Ces préférences morales ne seraient pas plus contraignantes que celle de la préférence pour la crème glacée au chocolat plutôt que celle à la vanille. Et Dieu merci, parce que je préfère la vanille!

Francis Beckwith et Gregory Koukl, dans leur livre « Relativism: Feet Firmly Planted in Mid-Air », décrivent le caractère déraisonnable de la position morale de l'athée:

Une morale athée est comme quelqu'un assis à un dîner qui ne croit pas aux agriculteurs, aux éleveurs, aux pêcheurs ou aux cuisiniers. Il croit que la nourriture apparaît, sans aucune explication et aucune cause suffisante. C'est fou. Soit son repas est une illusion ou quelqu'un l'a fournie. De la même manière, si la morale existe vraiment… alors une cause suffisante pour en expliquer l'effet doit en rendre compte. Dieu est la solution la plus raisonnable (Relativism: Feet Firmly Planted in Mid-Air, p.169).

Beckwith et Koukl comprennent que nier l'existence de Dieu entraîne une explication insuffisante pour l’obligation morale. Comment la loi morale peut-elle être contraignante, s’il n'y a pas de Législateur moral qui surpasse toute autorité humaine derrière elle? La réponse est simplement que ça ne se peut pas.

Il y a beaucoup d'athées et d'agnostiques, que nous théistes, nous pourrions prendre comme exemple et travailler avec eux dans la poursuite d'une société plus juste et plus pacifique. Toutefois, seul le théiste est consistent avec sa vision du monde lorsqu’il affirme que les comportements justes et pacifiques sont moralement obligatoires. On peut avoir un code moral personnel sans Dieu, mais on ne peut pas avoir d'obligation morale sans Dieu.

Cet article est une traduction personnelle de l’article « Can Atheists Be Good Without Belief in God? » de Karlo Broussard.


C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel (c’est-à-dire : Dieu-avec-nous) (Isaïe 7, 14).


Noël approche à grands pas, avez-vous mis à profit cette période de l'Avent pour vous préparer à accueillir le Sauveur?

L'article publié par Miguel il y a quelques semaines expose quelques obstacles à la confession que nous rencontrons régulièrement. J'aimerais ajouter quelques commentaires d'ordre plus pratique.

Pourquoi se confesser?

D'abord, parce que c'est nécessaire. Sachez que le sacrement de la confession n'est pas optionnel. Si on veut progresser dans la vie chrétienne, il faut apprendre à reconnaître ses péchés et les défauts qui en sont la cause, apprendre à les combattre et apprendre à s'en désoler.


Selon moi, l'un des arguments les plus forts contre la papauté (ou au moins l'un des plus intéressants) est que le point de vue catholique nous oblige à considérer que les premiers papes après Pierre avaient autorité sur saint Jean l'évangéliste, même si ces papes n’étaient pas des Apôtres et que Jean en était un.

Comment pouvons-nous répondre à cette objection? Je crois que le plus simple est de se tourner vers l'histoire. Comme par exemple, en se demandant ce à quoi ressemblait l'Église lorsque Clément était en charge et que l'Apôtre Jean qui était encore vivant? Nous pouvons effectivement répondre à cette question dans une certaine mesure, parce que nous avons des écrits à la fois de Clément et de Jean. La réponse pourrait vous surprendre. Pour explorer cela, je propose trois questions: (1) Quand Saint Clément a-t-il écrit aux Corinthiens ? (2) Quand l'Apôtre Jean est-il mort ? et (3) Pourquoi est-ce important?

Pape saint Clément (Clément de Rome),
auteur de la première lettre de Clément
1. Quand Saint Clément a-t-il écrit aux Corinthiens ?

Réponse: en 95 ou 96 après Jésus-Christ

À l'Université d'Exeter, David G. Horrell explique: « Même si une datation précise et irréfutable de la première lettre de Clément est impossible, il est largement admis qu'elle a été écrite dans la dernière décennie du premier siècle, peut-être autour de l’an 95 ou 96 »

Sur cette question, le consensus scientifique moderne est en accord avec le témoignage des premiers chrétiens, qui disent que Clément était le troisième évêque de Rome (ou quatrième, si vous comptez Saint Pierre, qui était à la fois Apôtre et évêque). Tertullien, qui a écrit autour de l’an 200, décrit comment, contrairement aux sectes hérétiques, l'Église catholique a la succession apostolique. En décrivant cette succession, Tertullien note que Saint Clément a été ordonné par Saint Pierre et était évêque de Rome:

Montrez l'origine de vos Églises; déroulez la série de vos évêques se succédant depuis l'origine, de telle manière que le premier évêque ait eu comme garant et prédécesseur l'un des apôtres ou l'un des hommes apostoliques restés jusqu'au bout en communion avec les apôtres. Car c'est ainsi que les Églises apostoliques présentent leurs fastes. Par exemple, l'Église de Smyrne rapporte que Polycarpe fut installé par Jean; l'Église de Rome montre que Clément a été ordonné par Pierre. De même encore, d'une façon générale, les autres Églises exhibent les noms de ceux qui, établis par les apôtres dans l'épiscopat, possèdent la bouture de la semence apostolique. 

Eusèbe, le premier historien de l'Église, écrit que « Clément, qui a été nommé troisième évêque de l'église à Rome, était, comme Paul en témoigne [dans Philippiens 4, 3], son collaborateur et compagnon d'armes. »
Cela concorde également avec le texte lui-même. Le pape Clément réfère au martyre de Pierre et Paul comme des exemples de héros spirituels de « notre propre génération » :

Mais laissons là les faits anciens ; venons aux athlètes de nos jours ; prenons les beaux exemples que nous offre notre siècle. Nous verrons l’envie livrer les fidèles enfants de l’Église, ses véritables colonnes, à des persécutions qui ont été jusqu’à la mort. Portons nos regards sur les saints apôtres. L’injustice de l’envie a fait passer Pierre par d’innombrables épreuves, qui lui valurent cette couronne du martyre avec laquelle il est entré dans le séjour de la gloire due à ses combats. Elle a fait remporter le prix de la patience à Paul, qui fut jeté sept fois en prison, battu de verges et lapidé. Devenu le hérault de l’Évangile, du touchant à l’aurore, il reçut, en récompense de sa foi, une gloire incomparable. Après avoir éclairé le monde entier et s’être avancé jusqu’aux extrémités de l’Occident, il souffrit le martyre par l’ordre des magistrats. C’est ainsi qu’il abandonna la terre pour aller habiter le séjour même de la sainteté, nous laissant un sublime exemple de patience.

Clément commence aussi sa lettre en expliquant que son retard était dû « aux événements catastrophiques soudains et successifs qui ont nous sont arrivés », une référence apparente aux persécutions de l'empereur Domitien. Enfin, il invite ses lecteurs à « se souvenir » des paroles de Jésus, plutôt que de citer l'un des Évangiles, ce qui supporte une datation de l’an 95-96.

2. Quand l'Apôtre Jean est-il mort ?

1 Pontormo, Saint Jean l’Évangéliste (1525)
Réponse: Quelque temps après l’an 96.

Le site Christian Courier a fait un très bon résumé (en anglais) qui présente les raisons pourquoi le livre de l'Apocalypse date probablement de 96 après Jésus-Christ, plutôt que de 68 ou 69 (le point de vue prétériste). Aussi, L'Encyclopédie d'Oxford des livres de la Bible explique que l'Évangile de Jean n’est pas un document du deuxième siècle (en anglais), comme l'avaient revendiqué les adversaires du christianisme orthodoxe:

Durant le XIXe siècle, les savants ont datées l'Évangile [de Jean] jusqu’à la dernière moitié du deuxième siècle, en raison de leur perception de son influence hellénistique. Cependant, au XXe siècle, deux facteurs se sont combinés pour pousser la date de la composition un peu plus tôt. Premièrement, le John Rylands Library Papyrus (P52), un petit fragment d'un codex de papyrus avec quelques versets de Jean 18, a été découvert en 1935 et daté diversement entre 117 et 150, indiquant une date de composition au plus tard à la fin du premier siècle, étant donné le temps nécessaire pour que le texte se propage jusqu’à l'Égypte. Deuxièmement, les découvertes de la mer Morte à Qumrân en 1948 et leur analyse subséquente, ont fourni des preuves supplémentaires à la fois pour la diversité complexe et l’hellénisation approfondie du judaïsme du premier siècle et aussi pour l’arrière-plan juif des motifs johanniques, qu’on pensait auparavant tirées du monde des Gentils, tel que la dualité lumière / obscurité, au premier plan dans le prologue (Jean 1, 4-5). Une date raisonnable pour la composition de l'Évangile est alors avant l’an 100.

L'encyclopédie poursuit en affirmant que de postuler une date antérieure est plus difficile et que le consensus général est que l'Évangile de Jean remonte aux années 90.

Une fois de plus, nous trouvons un consensus scientifique émergent sur la datation de l'Évangile de Jean et de l'Apocalypse, qui correspondent à ce que nous trouvons dans les témoignages des Pères de l'Église, qui sont clairs sur le fait que Jean écrivit l'Apocalypse peu de temps après la mort de l'empereur Domitien, tandis que Jean était en exil. Saint Irénée de Lyon écrit dans Contre les hérésies (en 180) que l’Apocalypse a été écrite il y a peu, « presque à notre époque, vers la fin de du règne de Domitien ».

Clément d'Alexandrie (155-215) [ce n’est pas le même Clément que le pape Clément, mais plutôt l’évêque d'Alexandrie du deuxième siècle] est d'accord sur la date et note que l'apôtre Jean était encore actif en tant qu'apôtre au cours de cette période de temps:

Car, à la mort de du tyran [Domitien], il [l'apôtre Jean] revint à Éphèse de l'île de Patmos, il est parti, étant invité, aux territoires contigus des nations, ici pour nommer les évêques, tantôt pour mettre en ordre des Églises entières et tantôt pour ordonner ceux qui ont été marqués par l'Esprit. 

Donc, le pape Clément et l'apôtre Jean écrivent tous deux dans le contrecoup immédiat de la persécution de Domitien. Cela nous donne une date très précise : le 18 septembre 96, date de l'assassinat de l'empereur Domitien. Quant à la mort de saint Jean, il est évident qu'elle a eu lieu plus tard. L’an 100 est le consensus (accepté, même par ceux qui n’acceptent la datation de 96 pour l'Apocalypse), qui est en accord avec le témoignage patristique que Jean écrivit l'Apocalypse alors qu'il était un «vieil homme».

3. Pourquoi est-ce important?

Carte illustrant troisième voyage missionnaire de saint Paul, y compris à Corinto (Corinthe)
Les deux derniers points sont relativement non controversés: il est généralement admis que la première lettre de Clément a été écrite environ en 96 et que l'apôtre Jean mourut vers l’an 100. Et alors? Examiner maintenant comment débute la première lettre de Clément. Le pape Clément, parlant au nom de l'entière Église romaine, dit:

L’Église de Dieu qui est à Rome, à l’Église de Dieu qui est à Corinthe, aux élus sanctifiés, selon sa volonté, par Jésus-Christ, notre Seigneur : que la grâce, que la paix se multiplient sur vous, par le Dieu tout-puissant, en vertu des mérites de Jésus-Christ. 
C’est à cause des maux et des afflictions qui nous sont survenus tout à coup, et qui se sont succédé sans relâche, que nous avons si longtemps tardé à répondre aux diverses questions que vous nous avez proposées, et à nous occuper de cette division odieuse, impie, en horreur aux élus de Dieu, voyageurs ici-bas : division que des hommes irréfléchis et téméraires ont allumée parmi vous et poussée si loin, que votre nom vénérable, célèbre par toute la terre, digne de l’amour de tous les hommes, est indignement blasphémé.

Qu'est-ce que cela signifie?

Cela signifie que quand il y avait un schisme au sein de l'église de Corinthe, ils ont fait appel jusqu’à Rome pour obtenir assistance et consultation, même si l'apôtre Jean était encore vivant à l'époque. Nous ne savons pas exactement quand les Corinthiens ont écrit, mais c’était assez tôt pour que Clément soit désolé de sa réponse tardive en 96.

Mis à part le pape et les Apôtres, personne ne se faisait offrir ce genre de respect et de déférence à l'ère apostolique. Et quand Clément répond, il n'a pas peur d’ordonner aux schismatiques de revenir à la véritable Église:

Vous donc qui avez jeté les premières semences de division, soumettez-vous aux prêtres et recevez la correction fraternelle dans un véritable esprit de pénitence. Fléchissez l’orgueil de vos cœurs, apprenez à vous soumettre, quittez cette jactance de paroles si vaines et si superbes. Ne vaut-il pas mieux être petit et recommandable dans le troupeau de Jésus-Christ, que de se voir dépossédé de ses espérances par une trop haute opinion de soi-même ?

Donc, vous avez l'église romaine qui intervient dans le conflit d’une église locale et lui donner des ordres. Vous avez l'évêque de Rome qui parle au nom de toute l'Église de Rome. Et tout cela qui se passe pendant que l'apôtre Jean est encore vivant. L’ecclésiologie protestante courante aurait suggéré que cette question soit traitée entièrement au niveau de la congrégation locale, ou à défaut, en faisant appel à l'Apôtre encore vivant.

4. Quelle a été la réaction de l'Église à la première lettre de Clément?

L'autre Clément: Saint-Clément d'Alexandrie
Comment les premiers chrétiens répondirent-ils à cette intervention romaine dans les affaires de Corinthe? Est-ce qu'ils considèrent cela comme une usurpation papiste de l'autorité apostolique de Jean, ou comme une violation de l'autonomie de l'église locale? Non. Au contraire, le différend majeur suite à la lettre de Clément est de savoir si elle doit ou non être considérée comme faisant partie de l’Écriture Sainte.

Clément d'Alexandrie (l'autre Clément mentionné plus haut), après avoir cité des passages bibliques sur le martyre, continue:

En outre, dans l'épître aux Corinthiens, l'Apôtre Clément, dressant un portrait des gnostiques,  dit: [...]

Même à la fin du livre de Saint-Jérôme De Viris Illustribus (des Hommes Illustres), datant de la fin du IVe siècle, nous entendons que la lettre de Clément est encore lue dans la liturgie, comme si elle était dans les Écritures:

Il [Clément] écrivit, en la personne de l’église romaine à l’église de Corinthe, une lettre forte utile, dont on fait lecture publique dans plusieurs lieux. Pour moi, j’y vois une grande ressemblance avec l’épitre aux Hébreux qu’on a mise sous le nom de Paul. On y trouve en effet plusieurs fois, non seulement le même sens, mais encore le même ordre dans les mots. La ressemblance est très frappante dans les deux.

Bien sûr, cela ne veut pas dire que la première lettre de Clément (ou toute autre encyclique papale après la deuxième épitre de Pierre) doit être contenue dans l'Écriture. Au contraire, cela montre que l'Église primitive semble beaucoup plus « papale » que vous pourriez vous y en attendre.

Cela ouvre aussi une perspective différente sur l’Évangile de Jean. Jean fait plusieurs fois référence à l'autorité de Pierre; par exemple, au milieu de son récit de la Résurrection, Jean souligne qu'il attendait Pierre avant d'entrer dans le tombeau (Jean 20, 4-5). Dans le chapitre suivant, il raconte comment, sur le commandement du Christ, Pierre a pu tirer seul le filet de poisson (Jean 21, 11) que les autres apôtres étaient incapables de tirer (Jean 21, 6). Puis il raconte comment le Christ commissionna le rôle de Pierre comme berger du troupeau (Jean 21, 15-17). Dans chacun de ces cas, ce sont des détails que seul Jean nous raconte, et (en supposant que le consensus général sur la datation de son Évangile soit correct) il le fait ainsi plusieurs décennies après la mort de Pierre. Alors pourquoi insister ainsi sur l'autorité de Pierre? Parce que Jean n’était pas un rival à Clément ou d’aucun autre des successeurs de Pierre. Les deux hommes avaient un rôle à jouer dans le Corps du Christ et Jean édifia ce Corps, sur la papauté.


Cet article est une traduction personnelle de l’article «Did the Papacy Exist While John Was Alive?» de Joe Heschmeyer.


Est-ce que Dieu a encore de l'importance? Telle est la question qui semble être au cœur du débat moderne de l'existence de Dieu. Beaucoup de non-croyants qui se présentent comme étant des agnostiques-athées ne prétendent pas directement que Dieu n’existe pas. Ils prennent plutôt la position plus souple que Dieu n’existe probablement pas, et même s’il existe, qu’il est sans importance dans l'explication de l'univers. Comme le Dr Richard Dawkins, qui a déclaré dans un débat à l’université de Cambridge en 2013 avec l'ancien archevêque de Canterbury, le Dr Rowan Williams, «La religion est redondante et non pertinente ».

Mais pourquoi Dieu est considéré comme non pertinent? Pourquoi est-ce que les agnostiques-athées modernes pensent que la question de l’existence de Dieu n’est plus importante? Selon leurs revendications, une des raisons serait que la science est suffisante pour expliquer l'univers.

Par exemple, le physicien de renommée mondiale Dr Stephen Hawking, dans une interview sur le live show de Larry King en 2010, a déclaré: « Dieu pourrait exister, mais la science peut expliquer l'univers sans la nécessité de recourir à un créateur ». Mais, est-ce vrai? La science peut-elle donner une explication exhaustive de l'univers, qui conduirait à éliminer le besoin de recourir à Dieu? Je vais vous donner deux raisons pour lesquelles je pense que la réponse est non.

Les sciences et la méthode inductive

Premièrement, le pouvoir explicatif de la science ne suffit pas, car elle repose sur la méthode inductive pour valider ses hypothèses.

Contrairement à la méthode déductive, la méthode inductive part de la connaissance des faits particuliers pour en déduire des conclusions générales. Sans entrer dans les détails qui différencient les méthodes inductive et déductive, il suffit de dire que la certitude absolue au sujet de la conclusion est impossible lorsque l'on utilise la méthode inductive. Comme la science repose sur la méthode inductive, il en résulte que les scientifiques ne peuvent jamais être absolument certains que leurs théories expliquant l'univers sont complètes. Ils ne peuvent jamais être absolument certain qu'ils ont découvert et observé chaque élément de données nécessaires pour donner une explication complète de l'univers et encore moins une explication suffisante et complète qui éliminerait d’avoir besoin de recourir à Dieu.

Comme mon mentor et ami le Père Robert J. Spitzer aime le dire : « la science ne peut pas savoir ce qu'elle n'a pas encore découvert, parce qu'elle ne l'a pas encore découvert ». En d'autres termes, les scientifiques peuvent être certains que sur ce qu'ils ont déjà découvert par l'observation empirique. Ils ne peuvent pas avoir la certitude qu’il ne pourra jamais exister, ou s’il n’y a pas une information ensevelie dans le passé et qui n’a pas encore été découverte, qui pourrait nous forcer à changer nos paradigmes. Par conséquent, il existe nécessairement dans la science une ouverture perpétuelle à la découverte de quelque chose de nouveau, qui pourrait modifier sa théorie actuelle sur l'univers.

Si cela est vrai, alors on ne peut jamais prétendre rationnellement que la science pourrait donner une explication complète et exhaustive de l'univers et encore moins une explication assez complète où Dieu n’est plus nécessaire comme créateur. Donc, l'affirmation que Dieu n'a pas d'importance parce que la science peut suffisamment expliquer l'univers est sans fondement.

La science et de l'existence de l'Univers

Une autre façon de répondre à cette objection est en soulignant que la science, en principe, ne peut pas expliquer pourquoi l'univers existe plutôt que de ne pas exister.

Supposons pour les besoins de cet argument que la science pourrait donner une description complète de l'univers. Est-ce que cela anéantirait nécessairement le besoin de recourir à Dieu pour expliquer l'univers? Absolument pas! Pourquoi? La science a un pouvoir explicatif étant donné le fait que l'univers existe. Elle suppose un univers déjà existant pour pouvoir observer et expliquer. Par conséquent, la science ne peut pas expliquer pourquoi l'univers existe en premier lieu. Elle ne peut même pas expliquer pourquoi l'univers existe de cette façon plutôt que d'une autre manière. Donc, à la question « Qu'est-ce qui détermine qu’il existe un univers avec le temps, l'espace et la matière au lieu qu’aucun univers du tout », la science est muette.

À la question « Qu'est-ce qui détermine l'univers à être de cette façon (par exemple, le fait qu’il soit régi par la mécanique quantique) et pas d'une autre manière (par exemple, qu’il ne soit pas régis par la mécanique quantique) ? », la science est silencieuse. Ce sont des questions philosophiques auxquelles on peut répondre que par la philosophie. Par conséquent, la science ne peut pas prendre la place de Dieu pour nous donner une explication suffisante de l'univers.

En conclusion, parce que la science doit toujours être ouverte aux modifications en raison de sa dépendance à la méthode inductive et à son incapacité à expliquer pourquoi l'univers existe, plutôt que s’il n’existait pas, elle ne sera jamais en mesure de nous donner une description exhaustive de l'univers. Par conséquent, toute allégation selon laquelle la science ferait disparaître la nécessité d'un créateur transcendant pour expliquer l'univers est tout simplement déraisonnable.

Cet article est une traduction personnelle de l’article «Does Science Make God Irrelevant?» de Karlo Broussard.