L'Église catholique est-elle contre la Bible?


Une des critiques les plus fréquentes de l'Église catholique est qu'elle enseignerait à ses membres à lui faire confiance, au lieu de faire confiance aux Saintes Écritures. Ou encore, que la Bible et l'Église catholique seraient parfois en désaccord et que les catholiques seraient obligés de choisir l'Église plutôt que la Bible. Une autre variante de cet argument est que nous donnerions plus d’importance aux « Pères de l'Église » ou  la « tradition » qu’aux Écritures.

Afin de voir pourquoi ces arguments sont faux, considérons ces quatre propositions :
  1. Interprétation ou exégèse biblique : « La Bible peut sembler enseigner X, mais elle enseigne en fait Y ».
  2. Tradition extrabiblique : « La Bible ne dit pas si X ou Y est vrai, mais nous savons par la Tradition que la vérité est Y ».
  3. Disciplines ou pratiques de l’Église : «La Bible laisse place à une politique X ou Y et nous allons choisir Y ».
  4. Enseignements anti-bibliques : « La Bible enseigne X, mais je vais rejeter X en faveur de Y ».
En tant que catholiques, nous croyons qu'il est dans l'autorité magistérielle de l'Église de faire (1), (2) et (3). Cependant, nous ne croyons pas que l'Église peut faire (4). Le Magistère de l'Église catholique en a compris autant, en reconnaissant ses propres limites au paragraphe 10 de Dei Verbum, la déclaration du Concile Vatican II sur la Parole de Dieu (qui traite la Bible et la Tradition apostolique):

Vincent Van Gogh, Nature morte avec Bible (1885
La sainte Tradition et la Sainte Écriture constituent un unique dépôt sacré de la Parole de Dieu, confié à l’Église ; en s’attachant à lui, le peuple saint tout entier uni à ses pasteurs reste assidûment fidèle à l’enseignement des Apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières (cf. Ac 2, 42 grec), si bien que, pour le maintien, la pratique et la profession de la foi transmise, s’établit, entre pasteurs et fidèles, un remarquable accord.
La charge d’interpréter de façon authentique la Parole de Dieu, écrite ou transmise, a été confiée au seul Magistère vivant de l’Église dont l’autorité s’exerce au nom de Jésus Christ. Pourtant, ce Magistère n’est pas au-dessus de la Parole de Dieu, mais il est à son service, n’enseignant que ce qui a été transmis, puisque par mandat de Dieu, avec l’assistance de l’Esprit Saint, il écoute cette Parole avec amour, la garde saintement et l’expose aussi avec fidélité, et puise en cet unique dépôt de la foi tout ce qu’il propose à croire comme étant révélé par Dieu.
Il est donc clair que la sainte Tradition, la Sainte Écriture et le Magistère de l’Église, selon le très sage dessein de Dieu, sont tellement reliés et solidaires entre eux qu’aucune de ces réalités ne subsiste sans les autres, et que toutes ensemble, chacune à sa manière, sous l’action du seul Esprit Saint, elles contribuent efficacement au salut des âmes.

Donc, l'Église n'a pas la capacité de l'emporter sur la Parole de Dieu. Mais, habilitée par la Commission Divine et perpétuellement guidé par l'Esprit Saint, nous ne devons pas craindre ce conflit, ni même sa possibilité. Le Christ a envoyé l'Église pour enseigner l'Évangile au monde entier (Mt 28, 19-20) et Il l’a envoyé avec le Saint-Esprit pour réaliser la tâche qu’il lui a été confié.

Ironiquement, alors que les protestants critiquent l'Église pour (1), (2) et (3), ils ont finalement eux aussi fini par faire chacun de ces points:

  1. En corrigeant de mauvaises interprétations de l'Écriture qu’ils jugent hérétiques, ils s’engagent dans (1), en montrant que « La Bible peut sembler enseigner X, mais enseigne en fait Y ».
  2. En disant, par exemple, que l’Évangile de Matthieu (anonyme d’un point de vue interne) a été écrit par saint Matthieu, ils s’engagent dans (2), en jugeant que « la Bible ne dit pas si X ou Y est vrai, mais nous savons par tradition que la vérité est Y ». 
  3. En décidant d'avoir le culte à un moment précis le dimanche matin (et peut-être aussi le mercredi soir), ils  s’engagent dans (3): «La Bible laisse place à la politique X ou Y et nous allons prendre Y ».

La seule différence pour nous les catholiques, c'est que nous avons une ecclésiologie cohérente qui explique pourquoi l'Église a la capacité faire ces choses. Les protestants ont tendance à nier que l'Église possède cette capacité, mais dans les faits, ils sont bien obligés de le faire de toute façon.

Je ne pense pas que cette explication sera immédiatement dissoudre tous les arguments contre l'Église catholique. Mais je souhaite qu'elle contribue à mettre ces arguments en perspective: vous plaignez-vous que l'Église catholique fait quelque chose que la Bible interdit? Ou simplement qu'elle fait quelque chose que la Bible (à votre avis) ne nécessite pas? Et, si c’est ce dernier cas, en quoi exactement est-ce un argument contre l'Église catholique ?


> Cet article est une traduction personnelle de l’article «The Catholic Church Against the Bible?» de Joe Heschmeyer.

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