Les premiers chrétiens ont-ils cru aux miracles parce qu’ils vivaient dans une culture préscientifique et ignorante ?


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La Résurrection du Christ par Paolo Veronese, 1570

De nombreux sceptiques affirment que les premiers chrétiens croyaient aux miracles parce qu’ils vivaient dans une culture préscientifique, primitive et où les gens ignoraient les enchaînements naturels des choses. Les sceptiques en déduisent alors que les premiers chrétiens n’étaient pas en mesure de percevoir un miracle comme étant quelque chose de contraire à la nature et c’est pourquoi ils croyaient plus facilement aux miracles.

Par exemple, David Hume, un philosophe écossais sceptique du dix-huitième siècle, dans son œuvre « Enquête sur l'entendement humain », plaide pour une forte présomption contre le surnaturel et les miracles, basée sur l'idée que les miracles « abondent surtout parmi les nations ignorantes et barbares ».

Il y a trois façons de répondre à cette critique.

La première

Le plan de saint Joseph, qui était de divorcer Marie discrètement quand elle est devenue enceinte, a montré qu'il savait aussi bien que tout gynécologue moderne que, selon le cours normal de la nature, une femme n’enfante pas de bébés sans avoir eu des relations sexuelles avec un homme. C’est seulement après que l'ange lui ait apparu et qu’il lui a dit que le bébé était de l'Esprit-Saint qu'il a pris Marie chez lui. Comme l'écrit C.S. Lewis :

Lorsque saint Joseph a finalement accepté l'idée que la grossesse de sa fiancée était due non pas à l'impudicité, mais à un miracle, il a accepté le miracle comme quelque chose de contraire au cours normal de la nature (Miracles, 74).

Il n’est donc pas raisonnable de croire que Joseph ne savait pas qu’il est contraire au cours normal de la nature pour une vierge d'avoir un enfant.

La seconde

Le témoignage des premiers chrétiens à propos des miracles eux-mêmes implique nécessairement qu'ils comprenaient les lois de la nature. Comment peut-on reconnaître quelque chose comme étant un miracle ou un événement extraordinaire, sans d’abord savoir ce qui est ordinaire?

Les Évangiles parlent d’audiences réagissant avec craintes et émerveillements aux actes extraordinaires de Jésus (Marc 6, 2. 51 ; 7, 37 ; Luc 5, 26, 7, 16). Pourquoi auraient-ils eu cette réaction, à moins qu’elles aient reconnu que de tels actes étaient contraires au cours normal de la nature? Encore une fois, C.S. Lewis note:

S’ils [ses actes] n’étaient pas connus pour être contraires aux lois de la nature, comment pourraient-ils suggérer la présence de quelque chose de surnaturel? Comment pouvaient-ils être surprenants à moins qu'ils aient été considérés comme des exceptions à la règle? Et comment quelque chose peut-il être vu comme étant une exception jusqu'à ce que les règles soient connues? (Miracles, 74-75).

Le fait est que si les premiers chrétiens ne connaissaient pas les lois fondamentales de la nature, ils n’auraient pas pu alors avoir aucune idée de ce qui constitue un miracle et par conséquent, de tels événements n’auraient jamais piqué leur intérêt.

La troisième

Le doute du miraculeux que l’on retrouve dans les récits évangéliques est un autre exemple qui réfute que les premiers chrétiens aient acceptés miracles parce qu'ils étaient un peuple préscientifique.

Prenons par exemple le récit de saint Luc sur la rencontre de Zacharie avec l'ange (Luc 1, 18). Zacharie, qui était prêtre et donc un homme religieux, a refusé de croire à l'annonce de l'ange, qui disait que sa femme, Élizabeth, concevrait un fils. Pourquoi ce doute? Parce qu’Élizabeth était âgée bien au-delà des années de procréation. Zacharie savait que la conception d'un enfant à un tel âge irait à l'encontre des lois de la nature. Telle est précisément la raison pour laquelle il a d'abord refusé de croire à ce miracle. Saint Luc nous montre donc avec évidence que les Juifs du premier siècle n’ignoraient pas les lois de la nature, de sorte qu'ils étaient prêts à croire à toute sorte de miracles.

Le récit de saint Luc sur la résurrection constitue un autre exemple. Selon Luc, les premiers à s’opposer au message chrétien de la résurrection n'étaient pas les athées, mais les Sadducéens, les grands prêtres (voir Actes 4, 1-24). Ils étaient des juifs craignant Dieu et les chefs religieux de l’époque. S’ils ne savaient pas que les morts demeurent morts, alors pourquoi rejettent-ils la croyance chrétienne en la résurrection de Jésus?

Nous voyons aussi le doute au sujet de la résurrection dans les autres évangiles. Marc raconte que les apôtres ont douté de la résurrection à deux occasions différentes (voir Marc 16, 9-13). Selon Matthieu, quelques-uns des apôtres doutaient quand Jésus est apparu sur la montagne en Galilée, juste avant son Ascension (Matthieu 28, 16-17). Enfin, saint Jean raconte comment Thomas doutait et ne voulait pas croire à moins qu'il voit le Christ ressuscité : « Si je ne vois dans ses mains la marque des clous, et si je ne mets mon doigt à la place des clous et ma main dans son côté, je ne croirai point » (Jean 20, 25).

Il est donc amplement prouvé que, contrairement à l'affirmation des sceptiques, les gens du judaïsme du premier siècle étaient loin d'être ignorants du cours ordinaire de la nature. L'idée que les premiers chrétiens croyaient miracles parce qu'ils étaient préscientifiques est donc sans fondement.


Cet article est une traduction personnelle de l’article « Defending the Early Christians’ Belief in Miracles » de Karlo Broussard.

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