Il m'est arrivé souvent de pouvoir lire sur des documents chrétiens issus de la Réforme que le concile Catholique de Trente au 16e siècle avait ajouté 7 livres ou parties de livres au canon des Écritures qui composent la Bible. Cet enseignement me semble faux. C'est surtout sous l'influence de Martin Luther, un personnage important de la Réforme au 16e siècle, que ces livres ou parties de livres ont été rangés parmi les apocryphes (non-inspirés) pour être par la suite souvent complètement retranchés de la Bible. Les sept livres en questions sont les livres complets de Judith, Tobie, Sagesse, Ecclésiastique (aussi appelé Siracide), Baruch, 1 Macchabées et 2 Macchabées. Il y a aussi les portions rédigées en grecs d'Esther et de Daniel.
En plus des nombreux conciles qui ont eu lieu au 4e et 5e siècles (Hippone, Carthage...), un des témoignage des plus significatif que nous avons de ce fait se situe dans un texte de Saint-Augustin qui a vécu lui aussi à cette période où il énumère les livres du canon et donnes aussi des pistes de la réflexion qui a mener à ce canon. Vous verrez que vous ne verrez pas le livre de Baruch dans cette liste car il était à l'époque souvent fusionné avec le livre de Jérémie (Baruch était son secrétaire).
Voici l'extrait de Saint-Augustin, datant d'environ mille ans avant la Réforme :
CHAPITRE VIII. LIVRES CANONIQUES.
12. Revenons maintenant au troisième degré, dont nous nous sommes proposé de traiter spécialement, suivant les lumières qu'il plaira à Dieu de nous accorder. La règle la plus sage à suivre pour pénétrer dans les profondeurs des divines Écritures, est de commencer par les lire tout entières afin d'en acquérir au moins la connaissance que peut en donner cette lecture, si l'on n'arrive pas encore à les comprendre. On se bornera d'abord à celles qui sont réputées canoniques. Il y aura moins de danger à lire les autres, lorsqu'on sera instruit des vérités de la foi; il serait à craindre que, s'emparant d'un esprit encore faible, et le prévenant de leurs fables et de leurs dangereuses erreurs, elles ne lui inspirassent des préjugés contraires à une saine interprétation.
Pour les Écritures canoniques, on suivra l'autorité du plus grand nombre des Églises catholiques, au premier rang desquelles on devra mettre celles qui ont eu le privilège d'être le siège des apôtres et d'en recevoir des lettres. On aura pour principe et pour règle en cette matière, de préférer celles que reçoivent toutes les Églises catholiques à celles qui sont rejetées de quelques-unes; et parmi celles que toutes les Églises n'admettent pas, on préférera celles que reçoivent des Églises plus nombreuses et plus considérables, à celles qui n'ont l'assentiment que de quelques Églises de moindre autorité. Si l'on rencontre certains livres admis par un plus grand nombre d'Églises, et d'autres par des Églises plus considérables, circonstance d'ailleurs difficile à se produire, je pense qu'on doit leur reconnaître le même degré d'autorité.
13. Le canon entier des Écritures, auquel se rapportent les considérations que nous venons d'exposer, se compose des livres suivants : les cinq livres de Moïse : la Genèse, l'Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome; le livre de Josué, le livre des Juges, le petit livre de Ruth, qui semble plutôt faire partie du commencement de l'histoire des Rois, et les deux livres des Paralipomènes, qui sont, non une suite dés précédents, mais comme des suppléments qui en suivent l'ordre et la marche. Tels sont les Livres historiques, où les époques s'enchaînent les unes aux autres, et où se déroule la suite naturelle des évènements. Il en est d'autres dont les faits n'ont aucun lien qui les rattache à cet ordre naturel ni entre eux. Ce sont les livres de Job, de Tobie, d'Esther, de Judith, les deux livres des Macchabées, et les deux livres d'Esdras, qui semblent plutôt continuer l'histoire suivie des livres des Rois ou des Paralipomènes. Viennent ensuite parmi les prophètes, le livre des psaumes de David, les trois livres de Salomon : les Proverbes, le Cantique des Cantiques et l'Ecclésiaste. Une certaine ressemblance de forme et de style a fait attribuer à Salomon les deux livres de la Sagesse et de l’Ecclésiastique, mais une tradition constante leur donne pour auteur Jésus Sirach ; toutefois l'autorité qu'on leur a reconnue dans l'Église doit les faire ranger au nombre des livres prophétiques. Les autres livres sont ceux des prophètes proprement dits; les livres des douze prophètes qu'on n'a jamais séparés ne forment ensemble qu'un seul livre. Ces prophètes sont Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habacuc, Sophonie, Aggée, Zacharie, Malachie. Ensuite les quatre livres des quatre grands prophètes, Isaïe, Jérémie, Daniel et Ezéchiel. Tels sont les quarante-quatre livres qui font autorité dans l’Ancien Testament. Le Nouveau comprend les quatre livres de l'Évangile selon Mathieu, selon Marc, selon Luc et selon Jean; les quatorze épîtres de l'apôtre Paul une aux Romains, deux aux Corinthiens, une aux Galates, une aux Éphésiens, une aux Philippiens, deux aux Thessaloniciens, une aux Colossiens, deux à Timothée, une à Tite, une à Philémon et une aux Hébreux; deux épîtres de saint Pierre, trois de saint Jean, une de saint Jacques, le livre des Actes des apôtres, le livre de l'Apocalypse de saint Jean.
Source : De la doctrine chrétienne, Œuvres complètes de Saint-Augustin, traduites pour la première fois en français sous la direction de M. Raulx, Tome IV, p. 23-24. BAR-LE-DUC,1866.
En plus des nombreux conciles qui ont eu lieu au 4e et 5e siècles (Hippone, Carthage...), un des témoignage des plus significatif que nous avons de ce fait se situe dans un texte de Saint-Augustin qui a vécu lui aussi à cette période où il énumère les livres du canon et donnes aussi des pistes de la réflexion qui a mener à ce canon. Vous verrez que vous ne verrez pas le livre de Baruch dans cette liste car il était à l'époque souvent fusionné avec le livre de Jérémie (Baruch était son secrétaire).
Voici l'extrait de Saint-Augustin, datant d'environ mille ans avant la Réforme :
CHAPITRE VIII. LIVRES CANONIQUES.
12. Revenons maintenant au troisième degré, dont nous nous sommes proposé de traiter spécialement, suivant les lumières qu'il plaira à Dieu de nous accorder. La règle la plus sage à suivre pour pénétrer dans les profondeurs des divines Écritures, est de commencer par les lire tout entières afin d'en acquérir au moins la connaissance que peut en donner cette lecture, si l'on n'arrive pas encore à les comprendre. On se bornera d'abord à celles qui sont réputées canoniques. Il y aura moins de danger à lire les autres, lorsqu'on sera instruit des vérités de la foi; il serait à craindre que, s'emparant d'un esprit encore faible, et le prévenant de leurs fables et de leurs dangereuses erreurs, elles ne lui inspirassent des préjugés contraires à une saine interprétation.
Pour les Écritures canoniques, on suivra l'autorité du plus grand nombre des Églises catholiques, au premier rang desquelles on devra mettre celles qui ont eu le privilège d'être le siège des apôtres et d'en recevoir des lettres. On aura pour principe et pour règle en cette matière, de préférer celles que reçoivent toutes les Églises catholiques à celles qui sont rejetées de quelques-unes; et parmi celles que toutes les Églises n'admettent pas, on préférera celles que reçoivent des Églises plus nombreuses et plus considérables, à celles qui n'ont l'assentiment que de quelques Églises de moindre autorité. Si l'on rencontre certains livres admis par un plus grand nombre d'Églises, et d'autres par des Églises plus considérables, circonstance d'ailleurs difficile à se produire, je pense qu'on doit leur reconnaître le même degré d'autorité.
13. Le canon entier des Écritures, auquel se rapportent les considérations que nous venons d'exposer, se compose des livres suivants : les cinq livres de Moïse : la Genèse, l'Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome; le livre de Josué, le livre des Juges, le petit livre de Ruth, qui semble plutôt faire partie du commencement de l'histoire des Rois, et les deux livres des Paralipomènes, qui sont, non une suite dés précédents, mais comme des suppléments qui en suivent l'ordre et la marche. Tels sont les Livres historiques, où les époques s'enchaînent les unes aux autres, et où se déroule la suite naturelle des évènements. Il en est d'autres dont les faits n'ont aucun lien qui les rattache à cet ordre naturel ni entre eux. Ce sont les livres de Job, de Tobie, d'Esther, de Judith, les deux livres des Macchabées, et les deux livres d'Esdras, qui semblent plutôt continuer l'histoire suivie des livres des Rois ou des Paralipomènes. Viennent ensuite parmi les prophètes, le livre des psaumes de David, les trois livres de Salomon : les Proverbes, le Cantique des Cantiques et l'Ecclésiaste. Une certaine ressemblance de forme et de style a fait attribuer à Salomon les deux livres de la Sagesse et de l’Ecclésiastique, mais une tradition constante leur donne pour auteur Jésus Sirach ; toutefois l'autorité qu'on leur a reconnue dans l'Église doit les faire ranger au nombre des livres prophétiques. Les autres livres sont ceux des prophètes proprement dits; les livres des douze prophètes qu'on n'a jamais séparés ne forment ensemble qu'un seul livre. Ces prophètes sont Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habacuc, Sophonie, Aggée, Zacharie, Malachie. Ensuite les quatre livres des quatre grands prophètes, Isaïe, Jérémie, Daniel et Ezéchiel. Tels sont les quarante-quatre livres qui font autorité dans l’Ancien Testament. Le Nouveau comprend les quatre livres de l'Évangile selon Mathieu, selon Marc, selon Luc et selon Jean; les quatorze épîtres de l'apôtre Paul une aux Romains, deux aux Corinthiens, une aux Galates, une aux Éphésiens, une aux Philippiens, deux aux Thessaloniciens, une aux Colossiens, deux à Timothée, une à Tite, une à Philémon et une aux Hébreux; deux épîtres de saint Pierre, trois de saint Jean, une de saint Jacques, le livre des Actes des apôtres, le livre de l'Apocalypse de saint Jean.
Source : De la doctrine chrétienne, Œuvres complètes de Saint-Augustin, traduites pour la première fois en français sous la direction de M. Raulx, Tome IV, p. 23-24. BAR-LE-DUC,1866.
Commentaires
Publier un commentaire