Les Témoins de Jéhovah et la Croix

Représentation de la crucifixion 
selon les Témoins de Jéhovah
Les Témoins de Jéhovah croient que le mot grec traduit par « croix » dans le Nouveau Testament, stauros, signifie en fait «pieu » ou, dans leurs mots, « poteau de supplice ». Ils affirment que Jésus a été cloué par les deux poignets sur un grand poteau vertical sans traverse horizontale (voir la photo ci-haut). Ils vont même jusqu'à affirmer que « les vrais chrétiens n'utilisent pas de croix dans leur culte ».

Curieusement, cette croyance n'était pas présente dans les doctrines des Témoins de Jéhovah à leur commencement. Leur deuxième président, Joseph Rutherford, a enseigné: « La croix du Christ est la plus grande vérité de l'arrangement divin, d'où rayonnent les espoirs des hommes. » [ traduction personnelle de Joseph Rutherford. The Harp of God (Brooklyn, NY: Watchtower Bible and Tract Society, 1921) 141] Il a fallu attendre la fin des années 1930 pour que Rutherford change la position des Témoins sur cette question.



Maintenant, parmi les désaccords que les Catholiques ont avec les Témoins, il s'agit d'un désaccord mineur. Mais il est important d'examiner les arguments apportés par les Témoins sur cette question. S'ils sont capables de convaincre les gens de renoncer à la croix, il devient plus facile alors de les convaincre aussi d'abandonner la foi chrétienne qui embrasse la croix.

Les preuves en faveur d’un poteau?

Dans l'article cité ci-dessus, les témoins font l'affirmation selon laquelle le terme stauros signifie seulement un poteau et qu’il ne signifie jamais deux pièces de bois jointes en croix. Ils disent aussi que dans d'autres passages (par exemple : Actes 5, 30, Galates 3, 13, 1 Pierre 2, 24), le mot grec xulon qui est utilisé, signifie simplement « pièce de bois ». Enfin, les Témoins soulignent que dans Galates 3, 13, Paul cite Deutéronome 21, 22-23 (« Maudit soit quiconque est pendu au bois ») en référence à la mort du Christ. Ils disent que cela montre que Jésus n'a pas été pendu sur une croix, parce que le passage dans le Deutéronome se réfère à la pendaison à des arbres, et non sur des croix.

Mais ces arguments ne parviennent pas à prouver leur conclusion.

Tout d'abord, le terme stauros peut signifier « poteau », mais ce n'est pas la seule signification de ce mot. Le Kittel’s Theological Dictionary dit du mot stauros  :
Sur la forme, nous trouvons trois formes de base. La croix était un pieu vertical (skolops, 409, 4 et suiv.), ou il s'agissait d'un montant avec une poutre transversale au-dessus (T, crux commissa), ou elle se composait de deux poutres croisées de longueur égale (†, crux immissa). [traduction personnelle de Gerhard Kittel, Theological Dictionary of the New Testament: Volume 7(1971) p. 572.]
Le philosophe romain du premier siècle Sénèque le Jeune a décrit les crucifixions comme étant très variées. Il écrit:
Je vois chez les tyrans des croix de plus d'une espèce, variées à leur fantaisie: l'un suspend ses victimes la tête en bas; l'autre leur traverse le corps d'un pieu qui va du tronc à la bouche, d'autres leur étendent les bras à une potence. [Sénèque le Jeune, Consolation a Marcia].
En ce qui concerne xulon, selon la Concordance de Strong #3586, un xulon peut se référer à quoi que ce soit fait en bois, que ce soit un poteau, un arbre ou une croix. Donc, son utilisation dans la citation de Paul dans Deutéronome 21, 22-23 n'exclut pas la possibilité que Jésus ait été exécuté sur une croix. Paul utilise simplement ce verset de préfigurer la mort du Christ, il ne cherche pas à la décrire explicitement.

En fait, l’argument des Témoins réfute leur propre point de vue qui dit qu’un poteau en bois a été utilisé, car Deutéronome 21, 22-23 se réfère plus naturellement à la pendaison de quelqu'un à un arbre (ou en hébreu ets), qu’à un poteau [Ce mot peut aussi référer à une potence, ou à une plate-forme utilisée pour pendre quelqu’un (voir Esther 2, 23).]. Si les témoins peuvent dire que Paul a utilisé un langage signifiant à un arbre comme étant une préfiguration d'un poteau, alors les chrétiens peuvent utiliser le même argument pour une préfiguration de la croix sur laquelle Jésus est vraiment mort. En fait, un arbre a plus en commun avec une croix qu’un poteau, parce que la plupart des arbres ont des branches.

Enfin, juste parce que quelque chose est décrit comme un poteau ou une pôle ne signifie pas qu'il s'agit d’une simple tige verticale. Par exemple, nous nous référons à ces choses qui soutiennent les lignes électriques au bord de la route comme étant des poteaux électriques, même s’ils sont souvent façonnés en forme de croix.

Les preuves en faveur de la Croix

Alors, pourquoi penser que Jésus a été crucifié sur une croix et non pas sur un poteau ?

Tout d'abord, si un poteau a été utilisé à la place d'une croix, un seul clou aurait été enfoncé dans les poignets de Jésus, qui se seraient alors chevauchés (une fois de plus, voir la photo ci-haut). Mais cela n'explique pas pourquoi Jean 20, 25 réfère aux clous qui servaient à fixer Jésus à la croix. Cela signifie que les bras de Jésus étaient étendus sur une croix et un clou a été enfoncé pour chaque bras et non pas un clou dans les deux bras comme sur un poteau.

En outre, Matthieu 27, 37 dit: « Au-dessus de sa tête ils mirent un écriteau indiquant la cause de sa condamnation : "Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs." » Mais si Jésus a été crucifié sur un poteau, l’écriteau serait alors placé directement au-dessus de ses mains, pas de sa tête.

Nous avons également des preuves que les premiers chrétiens croyaient que Jésus avait été crucifié sur une croix, pas un poteau. En l'an 100, l'épître de Barnabé a décrit comment les bras entendus de Jésus sur la croix étaient semblables aux bras étendus de Moïse pendant une bataille avec les Amalécites. [Épître de Barnabé 12, 2]

L'apologiste du IIe siècle, Justin Martyr, décrit avec éloquence les traverses utilisées pour crucifier Jésus. [Justin Martyr, Dialogue avec Tryphon, 40] Au IIIe siècle, Tertullien dit que les chrétiens ont utilisé la lettre grecque tau, ou «T», comme signe de croix. [Tertullien, Ad nationes, 1, 11]. Le bibliste Larry Hurtado a même démontré comment les écrivains chrétiens au deuxième siècle combiné les lettres grecques pour T et R pour créer un symbole représentant la crucifixion appelée staurogram. [Larry Hurtado, The Earliest Christian Artifacts:  Manuscripts and Christian Origins (Grand Rapids, MI: Eerdmans, 2006), 135-54]. Dans l'image ci-dessous, vous pouvez voir comment les lettres font penser à une personne avec ses bras tendus sur une croix.



Il y a aussi un dessin ancien, appelé le graffiti d’Alexamanos, qui montre un soldat romain adorer un homme crucifié avec une tête d’âne.


Il a été daté du début du IIIe siècle et il a probablement été destiné à se moquer des chrétiens qui adoraient une victime de la crucifixion. Le texte sous l’image dit : « Alexamanos adore [son] Dieu ». Tertullien fait même référence à ces parodies dans ses propres écrits. [Tertullien, Ad nationes, 1, 11]

Pour résumer, les Témoins de Jéhovah n'ont aucune preuve que les passages de l'Écriture concernant la croix doivent plutôt référer à un poteau. Également, cela ne tient pas, en vertu des preuves abondantes parmi les premiers chrétiens, qui croyaient que Jésus avait été exécuté sur une croix et non sur un poteau.

Cet article est une traduction personnelle de l’article «Jehovah’s Witnesses and the Cross» de Trent Horn. Vous pouvez consulter l’article original en anglais ici.

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