24Il leur proposa une autre parabole, disant : " Le royaume des cieux est semblable à un homme qui avait semé de bonne semence dans son champ. 25Or, pendant que les hommes dormaient, son ennemi vint et sema de l'ivraie au milieu du froment par dessus, et il s'en alla. 26Quand l'herbe eut poussé et donné son fruit, alors apparut aussi l'ivraie. 27Et les serviteurs du maître de maison vinrent lui dire : " Maître, n'avez-vous pas semé de bonne semence dans votre champ? d'où (vient) donc qu'il s'y trouve de l'ivraie? " 28Il leur dit : " C'est un ennemi qui a fait cela. " Les serviteurs lui disent : " Voulez-vous que nous allions la ramasser? 29Non, dit-il, de peur qu'en ramassant l'ivraie vous n'arrachiez aussi le froment. 30Laissez croître ensemble l'un et l'autre jusqu'à la moisson, et au temps de la moisson je dirai aux moissonneurs : Ramassez d'abord l'ivraie, et liez-la en bottes pour la brûler; quand au froment, amassez-le dans mon grenier. "
Saint Jean Chrysostome
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Saint Jérôme
Notre-Seigneur agit comme un homme riche qui sert à ses convives une table couverte de mets variés, où chacun peut choisir dans cette variété ce qui convient à son estomac. L'Évangéliste ne dit pas «l'autre parabole», mais «une autre parabole», car s'il avait dit «l'autre», nous n'aurions pu en espérer une troisième, tandis qu'en disant «une autre», il nous fait entendre que d'autres paraboles doivent la suivre. Il nous explique ensuite le sujet de cette parabole en disant: « Le royaume des cieux est sem blable à un homme qui sème de bon grain »,etc.
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Saint Rémi
Le royaume des cieux, c'est le Fils même de Dieu, et le royaume est semblable à un homme qui a semé de bon grain dans son champ.
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Saint Jean Chrysostome
Il nous apprend ensuite de quelle manière le démon tend ses embûches: «Pendant que les hommes dormaient, son ennemi vint et sema de l'ivraie au milieu du blé, et il s'en alla». Notre-Seigneur nous en seigne par là que l'erreur ne vient qu'après la vérité, ce que l'expérience ne prouve que trop. En effet, ce n'est qu'après les prophètes que sont venus les faux prophètes; après les Apôtres, les faux apôtres; après le Christ, l'Antéchrist. Si le démon ne voit rien qu'il puisse imiter, s'il ne voit personne qu'il puisse faire tomber dans le piége, il s'abstient de tenter; mais comme il voit ici que l'un rend cent pour un, l'autre soixante, l'autre trente, et qu'il n'a pu enlever ou étouffer ce qui a pris racine, il a recours à d'autres artifices, il mêle les erreurs à la vérité; il leur en donne autant qu'il peut la couleur et la ressemblance pour tromper plus facilement ceux sur qui la séduction exerce depuis longtemps son empire. C'est pour cela que Notre-Seigneur ne dit pas qu'il y sème une autre semence, mais de l'ivraie, parce qu'elle a quelque ressemblance pour la forme avec le grain de froment. Le démon fait éclater encore sa malignité en ne répan dant l'ivraie que lorsque les semailles étaient terminées, afin de nu ire davantage aux travaux du la boureur.
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Saint Augustin
Il ajoute: «Lorsque les hommes dormaient».C'est en effet lorsque les premiers pasteurs de l'Église se laissèrent aller à la négligence, ou bien lorsque les Apôtres se sont endormis du sommeil de la mort, que le démon est venu et qu'il a semé par-dessus la bonne semence ceux que le Seigneur appelle les mauvais enfants. On peut demander avec rai son s'il a voulu désigner par là les hérétiques, ou bien les catholiques dont la vie n'est pas conforme à leur foi. Il nous dit qu'ils ont été semés au milieu du froment, il semble donc qu'il a voulu désigner ceux qui appartiennent à une même communion. Cependant, comme lui-même nous déclare que ce champ est non-seulement l'Église, mais le monde entier, on peut très-bien voir dans cette ivraie les hérétiques qui dans ce monde se trouvent mêlés aux justes. Ceux qui conservent la vraie foi tout en la déshonorant par leur vie sont plutôt semblables à la paille qu'à l'ivraie, parce que la paille a la même origine et la même racine que le froment. Quant aux schismatiques, ils ressemblent bien plus aux pailles brisées ou coupées que l'on sépare de la moisson. Il ne faut pas en conclure cependant que tout hérétique et tout schismatique soient extérieurement séparés de l'Église; l'Église en renferme un grand nombre dans son sein qui n'attirent pas l'attention de la multitude en défendant leurs erreurs d'une manière éclatante. S'ils le faisaient, l'Église les retrancherait de la communion. - Et plus bas: Lors donc que le démon en répandant ses détestables erreurs et ses fausses doctrines eut semé de l'ivraie au mi lieu du blé, c'est-à-dire eut jeté les hérésies sur la vérité en se couvrant du nom du Christ, il se cacha avec plus de soin et se rendit invisible; c'est ce que Notre-Seigneur veut exprimer par ce mot: «Et il s'en alla». Il faut cependant admettre, comme il l'explique lui-même, que sous le nom d'ivraie il a voulu comprendre non pas seulement quelques scandales, mais tous les scan dales et tous ceux qui opèrent l'iniquité.
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Saint Jean Chrysostome
Notre-Seigneur, dans ce qui suit, nous trace avec soin le portrait des hérétiques: «Lorsque l'herbe eut poussé et qu'elle fut montée en épis, alors l'ivraie parut elle-même». Les hérétiques dissimulent d'abord leur présence, mais lorsque leur confiance s'est accrue, qu'ils sont parvenus à se faire écouter, et qu'ils ont fait quelques prosélytes, ils répandent leur venin.
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Saint Augustin
Ou bien dans un autre sens, lorsque l'homme spirituel commence à juger toutes choses, alors les erreurs se dessinent à ses yeux, il voit clairement que ce qu'il a entendu, ce qui a fait l'objet de ses lectures s'éloignait de la règle de la vérité; mais tant qu'il n'a pas atteint la perfection spirituelle, la vue de tant d'erreurs, de tant d'hérétiques qui se sont couverts du nom du Christ, peut faire impression sur lui, comme nous le voyons dans la suite de la parabole: «Alors les serviteurs du père de famille vinrent le trouver, et lui dirent: Seigneur, n'avez-vous pas semé de bon grain dans votre champ? D'où vient donc qu'il y a de l'ivraie ?» Ces servi teurs sont-ils les moissonneurs dont il sera bientôt question? Notre-Seigneur lui-même, dans l'explication de la parabole, nous dit que les moissonneurs sont les anges, et comme on ne peut dire que les anges ignoraient quel était celui qui avait semé l'ivraie au milieu du blé, il faut en tendre par ces serviteurs les fidèles eux-mêmes; et il n'y a rien d'étonnant s'il les désigne en même temps comme étant la bonne semence, car une même chose peut être représentée sous différentes figures, suivant le rapport sous lequel on la considère; c'est ainsi que le Sauveur a dit de lui-même qu'il était la porte, et aussi qu'il était le pasteur.
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Saint Rémi
Ils s'approchent de Dieu, non par le mouvement du corps, mais par le coeur et par le désir de l'âme, et Notre-Seigneur leur apprend que cela est arrivé par la malice du démon: «C'est l'homme ennemi qui a fait cela».
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Saint Jérôme
Le démon est appelé l'homme ennemi, parce qu'il a cessé d'être Dieu; et c'est de lui qu'il est écrit au psaume neuvième: «Levez-vous, Seigneur, que l'homme ne s'affermisse pas dans sa puissance».Aussi celui qui est placé à la tête de l'Église ne doit pas se laisser aller au sommeil, de peur que l'homme ennemi ne profite de sa négligence pour semer par dessus le bon grain l'ivraie, c'est-à-dire les erreurs des hérétiques.
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Saint Jean Chrysostome
Notre-Seigneur l'appelle l'homme ennemi, à cause du mal qu'il fait aux hommes. C'est sur nous que tombent les effets de sa haine, quoique la cause du mal qu'il nous fait soit non pas son inimitié contre nous, mais son opposition contre Dieu.
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Saint Augustin
Lorsque le serviteur de Dieu aura compris que le démon n'avait recours à cette manoeuvre frauduleuse que parce qu'il sentait qu'il ne pouvait rien contre la puissance d'un nom si grand, et qu'il était obligé de couvrir ses fourberies du prestige de ce nom, il peut sentir en lui le désir de faire disparaître de tels hommes du commerce des choses humaines, s'il en avait le temps; mais il consulte la justice de Dieu, pour savoir s'il doit le faire. «Les servi teurs lui dirent Voulez-vous que nous allions l'arracher ?»
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Saint Jean Chrysostome
Nous pouvons admirer ici le zèle et la charité de ces serviteurs: ils ont hâte d'aller arracher l'ivraie, preuve de leur sollicitude pour la semence; ils n'ont en vue qu'une chose, ce n'est pas de faire punir qui que ce soit, mais que les semences ne soient pas perdues. Quelle fut la réponse du Seigneur? «Et il leur répondit: Non».
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Saint Jérôme
Dieu veut laisser le temps au repentir, et il nous enseigne à ne pas nous hâter de retrancher un de nos frères de la communion des fidèles, car il peut arriver que celui-là même, dont l'esprit est perverti par un e erreur dangereuse, se convertisse et devienne un zèle défen seur de la vérité; c'est pour cela qu'il ajoute: «De crainte qu'en arrachant l'ivraie, vous ne déraciniez en même temps le froment».
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Saint Augustin
Cette réponse est des plus propres à les calmer et à leur inspirer une grande patience. Le père de famille répond de la sorte, parce que les bons qui sont encore faibles ont besoin dans certaines circonstances d'être mêlés aux méchants, soit afin que ce mélange serve d'épreuve à leur vertu, ou afin que ce rap prochement soit pour les méchants une exhortation puissante à devenir meilleurs. Ou bien peut-être le blé est déraciné lorsqu'on arrache l'ivraie, parce qu'il en est beaucoup qui ne sont d'abord que de l'ivraie et qui deviennent ensuite froment. Or, si on ne les supportait avec pa tience lorsqu'ils sont mauvais, on ne verrait jamais en eux ce changement admirable; si donc on les arrache, on déracine en même temps le froment, puisqu'ils devaient devenir froment si on les eût épargnés. Dieu veut donc qu'on ne les arrache pas de cette vie, car en s'efforçant de faire périr les méchants on s'exposerait à faire périr les bons, puisqu'ils deviendront peut-être bons; ou à nuire aux bons eux-mêmes puisque les méchants sont pour eux une occasion invo lontaire de vertu. Ce retranchement se fera donc bien plus à propos lorsqu'à la fin ils n'auront plus le temps de changer de vie, et que le spectacle de leurs erreurs ne pourra plus être pour les bons une occasion de progrès dans la vérité; c'est pour cela qu'il ajoute: «Laissez croître l'un et l'autre jusqu'à la moisson», c'est-à-dire jusqu'au jugement.
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Saint Jérôme
Cette recommandation paraît en opposition avec ce précepte: «Faites disparaître le mal du milieu de vous» ( 1Co 5,13 ). Car s'il nous est défendu d'arracher, et si nous devons attendre avec patience la moisson, comment pouvons-nous en retrancher quelques-uns du mi lieu de nous? Le froment et l'ivraie (en latin lolium) se ressemblent beaucoup tant qu'ils sont en herbe et que leur tige n'est pas encore couronnée d'épis, et il est très difficile, pour ne pas dire impossible, de les distinguer. Le Seigneur nous recommande donc de ne pas nous hâter de prononcer la sentence sur ce qui est douteux, et de laisser le jugement à Dieu, qui, au jour du jugement, rejettera de l'assemblée des saints, non pas sur de simples conjectures, mais pour des crimes évidents.
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Saint Augustin
Lorsqu'un chrétien, dans le sein de l'Église, est reconnu coupable d'un crime qui mérite anathème, et qu'on n'a pas à craindre le schisme, qu'il soit soumis à l'anathème, avec un sentiment de charité qui se pro pose, non pas de le déraciner, mais de le corriger. S'il ne reconnaît pas sa faute, s'il n'en fait pas pénitence, il sera mis hors de l'Église, et séparé par sa propre volonté de la communion des fidèles. C'est pour cela que le Seigneur, après avoir dit: «Laissez croître l'un et l'autre jus qu'à la moisson», en donne cette raison: «De crainte qu'en arrachant l'ivraie, vous ne déraci niez en même temps le froment».Il est donc évident que, lorsqu'on n'a pas à craindre cet in convénient, et qu'on est tout à fait certain que le bon grain ne court aucun danger, c'est-à-dire lorsque le crime est connu de tous, et qu'il inspire une telle horreur qu'il ne trouve point de défenseur, ou au moins de défenseur qui puisse devenir l'auteur d'un schisme, on ne doit pas laisser dormir la sévérité de la discipline. La répression du crime sera d'autant plus efficace, que les lois de la charité auront été plus respectées; mais si le mal a gagné la multitude, la seule chose utile à faire, c'est de s'affliger et de gémir. Il faut donc reprendre avec miséricorde ce qu'on peut corriger; et ce qui est incorrigible, il faut le supporter avec patience, pleurer et gémir par un sentiment de charité jusqu'à ce que Dieu lui-même se charge de reprendre et de corriger, et attendre jusqu'à la moisson pour arracher l'ivraie et pour jeter la paille au vent. Mais lorsqu'on peut élever la voix au milieu du peuple, il faut atteindre la multitude des coupa bles par des reproches généraux, surtout si un fléau envoyé du Ciel nous offre l'occasion favo rable de leur rappeler qu'ils ont reçu le châtiment qu'ils méritaient. Alors le malheur qui les frappe leur fait écouter avec humilité la parole qui leur démontre la nécessité de changer de vie, et cette parole inspire à leurs coeurs affligés les gémissements d'une confession pleine de re pentir plutôt que les murmures de la résistance. Mais alors même qu'aucune calamité ne serait venu frapper les coupables, on peut, toutes les fois que l'occasion s'en présente, reprendre les vices de la multitude en s'adressant à elle directement; car de même que les hommes s'irritent de ce qui leur est reproché en particulier, les reproches qui sont adressés à la multitude dont ils font partie excitent en eux des gémissements salutaires.
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Saint Jean Chrysostome
Le Seigneur fait cette recommandation pour défendre les meurtres; car mettre à mort les hérétiques, ce serait donner naissance à une guerre implacable dans l'univers. Et c'est pour cela qu'il a dit: «De peur que vous n'arrachiez le blé», c'est-à-dire si vous re courez aux armes, si vous mettez à mort les hérétiques, vos coups atteindront nécessairement un grand nombre de saints. Ce qu'il défend, ce n'est donc point de jeter en prison les héréti ques, et de s'opposer à la licence de leurs prédications, à la réunion de leurs synodes, et de rendre inutiles leurs efforts, mais de les mettre à mort.
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Saint Augustin
C'était d'abord mon sentiment qu'il ne fallait forcer personne d'embrasser l'unité du Christ, mais agir simplement par la parole, combattre par la discussion, vaincre par la raison, afin d'éviter d'avoir pour catholiques hypocrites ceux que nous avions pour hérétiques déterminés. Cependant mon opinion était combattue, si non par des raisons, du moins par des exemples contraires. En effet, la frayeur qu'inspirent ces lois promulguées par des rois qui servent le Seigneur avec crainte, produit les plus heureux effets (cf. Ps 2,10-11 ). Ainsi les uns disent: C'était depuis longtemps notre volonté, mais grâces soient rendues à Dieu qui nous a fourni l'occasion favorable, et ôté tout prétexte de différer; d'autres: Nous savions que c'était la vérité, mais nous étions retenus par je ne sais quelles habitudes; grâces à Dieu qui a brisé nos liens; d'autres: Nous ne savions pas que telle était la vérité et nous n'avions aucun désir de l'apprendre, mais la crainte nous a forcés d'y être atten tifs et de prendre les moyens de la connaître; grâces au Seigneur qui a secoué notre négligence avec l'aiguillon de la terreur; d'autres encore: Nous craignions d'entrer dans l'Église, retenus par de faux bruits dont nous n'aurions pas reconnu la fausseté si nous n'y étions pas entrés, et nous n'y serions pas entrés si une contrainte salutaire ne nous eût forcés; grâces à Dieu qui par cette sévérité a fait cesser nos hésitations et nous a fait connaître par expérience la futilité et la fausseté des bruits que des voix trompeuses répandaient sur son Église; d'autres enfin: Nous pensions qu'il importait peu de croire en Jésus-Christ dans une religion ou dans une autre; mais grâces au Seigneur qui a mis un terme à notre séparation et nous a enseigné que le seul culte agréable à Dieu est celui qui lui est rendu dans l'unité. Que les rois de la terre se montrent donc les serviteurs du Christ en publiant des lois en faveur de la religion du Christ.
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Saint Augustin
Quel est celui d'entre vous qui voudrait, je ne dis pas qu'un hérétique périsse, mais qu'il éprouvât même la moindre perte? Cependant la maison de David ne put recouvrer la paix qu'après que son fils Absalon eut été enseveli dans la guerre impie qu'il faisait contre son père ( 2S 18 ); quoique David eût recommandé avec le plus grand soin aux chefs de son armée de prendre tous les moyens pour conserver la vie à son fils et que son coeur de père n'attendît que son repentir pour lui pardonner. Mais lorsqu'il fut tombé victime de sa rébellion, que resta-t-il à son père que de pleurer sa mort et de se consoler par la pensée que son royaume avait recouvré la paix? C'est ainsi que notre mère, la sainte Église catholique, lorsqu'elle rassemble dans son sein un grand nombre de ses enfants au prix de la perte de quel ques-uns, adoucit et ca lme la douleur de son coeur maternel par le spectacle de tant de peuples affranchis et délivrés de l'erreur. Que veut donc dire ce qu'ils ne cessent de crier: N'est-on pas libre de croire ou de ne pas croire? A qui donc le Christ a-t-il fait violence? Quel est celui qu'il a contraint d'embrasser la vérité? Nous leur répondons par l'exemple de l'apôtre saint Paul, qui les force de reconnaître que Jésus-Christ a usé de violence à son égard avant de l'enseigner, qu'il l'a frappé avant de le consoler. Et il est remarquable que celui que Dieu a forcé par un châtiment extérieur de se soumettre à l'Évangile a travaillé à la propagation de l'Évangile plus que ceux dont la vocation n'avait été déterminée que par une seule parole. Pourquoi donc l'Église ne forcerait-elle pas ses enfants égarés de revenir dans son sein, alors que ces mêmes enfants en ont forcé tant d'autres à périr ?
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Saint Rémi
La moisson c'est le temps où l'on recueille, c'est-à-dire le jour du jugement où les bons seront séparés d'avec les mauvais.
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Saint Jean Chrysostome
Mais pourquoi dit-il: «Arrachez d'abord l'ivraie ?» C'est pour ôter aux bons toute crainte que le blé ne partage le sort de l'ivraie.
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Saint Jérôme
Or, en commandant d'arracher l'ivraie pour la jeter au feu, et d'amasser le blé dans les greniers, il déclare ouvertement que les hérétiques et les hypocrites sont destinés à brûler dans les feux de l'enfer, et que les saints qu'il appelle le blé ou le bon grain seront recueillis dans les greniers, c'est-à-dire dans les demeures éternelles.
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Saint Augustin
On peut demander pourquoi il ne commande pas de faire une seule botte ou un seul tas de toute l'ivraie; c'est peut-être à cause des différentes sortes d'hérétiques qui non-seulement sont séparés du bon grain, mais qui sont encore séparés entre eux. Il a donc voulu exprimer par ces bottes d'ivraie les conventicules de chaque hérésie, dont tous les mem bres sont unis entre eux par des liens communs. Or, ils sont liés ensemble et destinés au feu du moment qu'ils se séparent de la communion catholique et qu'ils commencent à former des Églises particulières. Mais ils ne seront jetés au feu qu'à la fin des temps, bien que depuis, longtemps ils soient réunis en bottes. Cependant s'il en était ainsi, il n'y en aurait pas un si grand nombre qui regretteraient leurs erreurs et les abjureraient pour rentrer dans l'Église ca tholique. Ce n'est donc qu'à la fin que les bottes seront liées, afin que leur opiniâtreté ne soit point punie sans discernement, mais que chacun d'eux soit puni d'une manière proportionnée à sa perversité.
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Rabanus Maurus
Remarquez qu'en disant: «Il a semé du bon grain», il nous fait connaître la bonne volonté dont les élus sont l'objet et qui est en eux; en ajoutant: «L'ennemi vient»,etc., il nous avertit d'avoir à nous tenir sur nos gardes; lorsque l'ivraie ayant crû, il dit: «C'est l'homme ennemi qui a fait cela»,il nous recommande la patience; et en ajoutant plus bas: «De peur qu'en arrachant l'ivraie», il nous donne l'exemple du discernement dont nous devons faire usage. Les paroles suivantes: «Laissez-les croître l'un et l'autre jusqu'à la moisson»,nous font un devoir de la longanimité, et il nous recommande la justice par celles qui terminent: «Liez-la en bottes pour la brûler».
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31Il leur proposa une autre parabole, disant : " Le royaume de cieux est semblable à un grain de sénevé, qu'un homme a pris et a semé dans son champ. 32C'est la plus petite de toutes les semences; mais, lorsqu'il a poussé, il est plus grand que les plantes potagères et devient un arbre, de sorte que les oiseaux du ciel viennent nicher dans ses branches. "
Saint Jean Chrysostome
Notre-Seigneur venait de dire que trois parties de la semence étaient perdues et qu'une seule produisait du fruit et que dans cette dernière la perte est encore consi dérable à cause de l'ivraie qu'on a semée par dessus. Ses disciples pouvaient lui dire: Mais quels seront donc les fidèles, et quel sera leur nombre? Il va au-devant de cette crainte en leur proposant la parabole du grain de sénevé: « Il leur dit encore cette autre parabole: Le royaume des cieux est semblable à un grain de sénevé »,etc.
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Saint Jérôme
Le royaume des cieux, c'est la prédication de l'Évangile et la connaissance des Écritures, qui conduisent à la vie et dont Notre-Seigneur dit aux Juifs: «Le royaume de Dieu vous sera enlevé ».Or, ce royaume du ciel est semblable à un grain de sénevé.
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Saint Augustin
Le grain de sénevé figure la ferveur de la foi, à cause de la vertu qu'on lui attribue d'expulser le poison, c'est-à-dire tous les dogmes pervers des hérétiques. « Qu'un homme prend et sème dans son champ ».
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Saint Jérôme
Cet homme qui sème dans son champ, c'est, d'après le sentiment le plus commun, le Sauveur qui sème la vérité dans l'âme des fidèles. Selon quelques autres, c'est l'homme lui-même qui sème dans son champ, c'est-à-dire dans son coeur. Or, quel est celui qui sème en nous si ce n'est notre intelligence et notre sentiment? Ils reçoivent le grain de la prédication, et le nourrissant avec le suc de la foi, ils lui donnent la force de se développer dans le champ de notre coeur. « Ce grain est la plus petite de toutes les semences ».La prédication de l'Évangile est la plus humble de toutes les doctrines, car au premier coup d'oeil elle n'obtient pas la croyance due à la vérité, en prêchant un homme-Dieu, un Dieu mort, et le scandale de la croix. Rapprochez-la des doctrines et des écrits des philosophes, de l'éclat de leur éloquence, de leurs discours étu diés, et vous reconnaîtrez combien la semence de l'Évangile est inférieure aux autres semen ces.
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Saint Jean Chrysostome
Ou bien la semence de l'Évangile est la plus petite, parce que les disci ples étaient les plus faibles des hommes; mais comme ils avaient en eux une grande vertu, leur prédication s'est répandue par toute la terre, comme l'indique la suite de la parabole: « Mais lorsqu'il a crû, il est le plus grand de tous les légumes », c'est-à-dire de tous les dogmes.
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Saint Augustin
Les dogmes des sectes sont leurs propres sentiments, c'est-à-dire les opinions dont elles sont convenues.
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Saint Jérôme
La doctrine des philosophes, lorsqu'elle se développe, ne présente rien de piquant et n'a aucune apparence de vie, et sa nature molle et languissante ne produit que des plantes et des herbes que l'on voit bientôt se dessécher et périr. Au contraire, la prédication évangélique, qui paraissait peu de chose dans ses commencements lorsqu'elle fut semée, soit dans l'âme des fidèles, soit dans tout l'univers, n'a point produit de simples plantes, mais s'est élevée jusqu'à la hauteur d'un arbre, et sur les branches sont venus habiter les oiseaux du ciel, c'est-à-dire les âmes des fidèles ou les vertus qui sont consacrées au service de Dieu. « Et il devient un arbre, de sorte que les oiseaux du ciel viennent se reposer sur ses branches ». Je suis porté à croire que ces branches de l'arbre évangélique, qui sont sor ties du grain de sénevé, figurent la variété des dogmes, sur lesquels chacun des oiseaux dont nous avons parlé vient se reposer. Prenons donc aussi nous-mêmes les ailes de la colombe (cf. Ps 55,7 ) et élevons-nous bien haut, afin de pouvoir habiter sur les branches de cet arbre, nous construire un nid au milieu des vérités divines, et nous hâter de fuir la terre et de gagner le ciel.
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Saint Hilaire
Ou bien encore le Seigneur se compare lui-même à ce grain de sénevé qui est d'un goût très piquant, la plus petite de toutes les semences, et dont la force augmente lorsqu'il est broyé.
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Saint Grégoire le Grand
Il est en effet ce grain de sénevé qui, après avoir été semé dans le jardin de sa sépulture, s'est élevé comme un grand arbre; c'était un grain lorsqu'il mourut, ce fut un arbre lorsqu'il ressuscita; c'était un grain par l'humilité de la chair, il devint un arbre par la puissance de sa majesté.
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Saint Hilaire
Lorsque ce grain eut été semé dans la terre, c'est-à-dire lorsque le Sauveur fut tombé au pouvoir de la multitude, qu'il eut été livré par elle à la mort et que son corps eut été enseveli dans le tombeau comme un grain qu'on sème dans un champ, il devint plus grand que tous les légumes et surpassa de beaucoup la gloire des prophètes. La prédication des prophètes fut donnée comme une herbe salutaire au peuple d'Israël encore faible et infirme, mais aujourd'hui les oiseaux du ciel se reposent sur les branches de l'arbre. Ces branches de l'arbre, ce sont les Apôtres qui par la puissance du Christ se sont étendus sur toute la surface du monde pour lui donner un doux ombrage. C'est sur ces bran ches que toutes les nations de la terre viendront dans l'espérance d'y trouver la vie et un lieu de repos comme sur les branches d'un arbre, contre la violence des vents, c'est-à-dire contre les orages que soulève le souffle du démon.
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Saint Grégoire le Grand
Sur ces branches se reposent les oiseaux du ciel; en effet, les saintes âmes qui s'élèvent au-dessus des pensées de la terre sur les ailes des vertus, se reposent des fatigues de la vie dans leurs saintes conversations et dans les consolations dont elles sont la source.
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33Il leur dit une autre parabole : " Le royaume des cieux est semblable au levain qu'une femme prit et mélangea dans trois mesures de farine, jusqu'à ce que le tout eût fermenté. "
Saint Jean Chrysostome
C'est pour établir la même vérité que Notre-Seigneur propose la parabole du levain: «Il leur dit encore cette autre parabole: Le royaume des cieux est semblable au levain»,etc., c'est-à-dire: de même que le levain change et modifie une grande quantité de farine, en lui communiquant sa saveur; ainsi vous changerez le monde entier. Et remarquez ici la sagesse du Sauveur; il emprunte ses comparaisons à des faits naturels et il montre ainsi que de même qu'il est impossible que ces faits ne se produisent pas suivant leur nature, ainsi en est-il du royaume des cieux. Or, il ne dit pas simplement: Le levain qu'elle place, mais «qu'elle cache, qu'elle mêle», paroles dont voici le sens: C'est ainsi que vous-mêmes vous triomphe rez de vos persécuteurs après vous être mêlés et confondus avec eux. Car de même que le levain, bien qu'il soit comme perdu dans la masse, n'est point détruit, mais communique insensi blement sa force à toute la pâte, ainsi en sera-t-il de votre prédication. Ne craignez donc pas les persécutions que je vous ai prédites, car elles ne serviront qu'à vous rendre plus éclatants et à vous faire triompher de tous vos ennemis. Notre-Seigneur prend ici les trois mesures de fa rine pour une grande quantité, et il donne au nombre trois la signification d'un nombre consi dérable et indéterminé.
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Saint Jérôme
La mesure dont il est ici question est une mesure en usage dans la Palestine et qui représente un boisseau et demi.
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Saint Augustin
Ou bien le levain c'est la charité, parce qu'elle excite et qu'elle échauffe: la femme représente la sagesse. Ces trois mesures de farine sont ces trois choses qui se trouvent dans l'homme et qui sont exprimées par ces paroles: «De tout votre coeur, de toute votre âme et de tout votre esprit» ( Mt 22 ). Ou bien elles représentent les trois récoltes qui donnent: l'une cent, l'autre soixante et l'autre trente; ou bien les trois espèces d'hommes dont il est parlé dans Ezéchiel: Noé, Daniel et Job ( Ez 14,14-16 ).
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Rabanus Maurus
Il dit: «Jusqu'à ce que toute la pâte soit levée», parce que la charité cachée dans notre âme doit s'y développer jusqu'à ce qu'elle ait communiqué sa perfection à l'âme tout entière, ce qui se commence dans cette vie et s'achève dans l'autre.
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Saint Jérôme
Ou bien encore cette femme qui prend du levain et le met dans trois mesures de farine, c'est la prédication des Apô tres, ou l'Église formée de différentes nations. Elle prend le levain, c'est-à-dire l'intelligence des Écritures, et elle le cache dans trois mesures de farine: l'esprit, l'âme et le corps, afin de les ramener à l'unité, et qu'il n'y ait entre eux aucun désaccord. Ou bien encore, nous lisons dans Platon qu'il y a trois parties dans l'âme: la partie raisonnable, la partie irascible et la par tie concupiscible; si donc nous avons reçu le levain évangélique des saintes Écritures, nous devons posséder la prudence dans la partie raisonnable, la haine contre le mal dans la partie irascible, le désir des vertus dans la partie concupiscible, et tout cela doit être le fruit de la doctrine évangélique que notre mère la sainte Église nous a communiquée. Je crois devoir rap porter également l'interprétation de quelques auteurs, d'après laquelle cette femme est aussi l'Église, qui a mêlé la foi à trois mesures de farine, c'est-à-dire à la croyance dans le Père, dans le Fils et dans le Saint-Esprit, et lorsque ce précieux levain de la foi a fait fermenter toute la masse, elle nous conduit à la connaissance non pas de trois Dieux, mais d'un seul et même Dieu. C'est une pieuse interprétation; mais ni les paraboles, ni l'explication douteuse d'un discours énigmatique ne peuvent servir d'appui et de preuve aux dogmes de la foi.
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Saint Hilaire
Ou bien encore le Seigneur se compare lui-même au levain; le levain est fait avec de la farine et il rend à la masse d'où il est sorti la vertu qu'il en a reçue. Or, c'est ce le vain qu'une femme, la synagogue, a pris et a caché par la condamnation à mort qu'elle a pro noncée contre le Seigneur. Ce levain, mélangé avec trois mesures de farine, c'est-à-dire mêlé dans des proportions égales à la loi, aux prophètes, à l'Évangile, ne fait qu'une seule chose de ces trois éléments, parce que la propagation de l'Évangile vient accomplir les prescriptions de la loi et les prédictions des prophètes. Je me rappelle cependant en avoir entendu plusieurs qui interprétaient ces trois mesures de farine de la vocation des nations sorties de Sem, de Cham et de Japhet. Mais je ne sais si cette interprétation est fondée en raison, car quoique toutes les nations aient été appelées à l'Évangile, on ne peut dire que Jésus-Christ y ait été caché; puis qu'au contraire il s'y est manifesté avec éclat; et d'ailleurs ce céleste levain n'a point commu niqué sa vertu à toute la masse des infidèles.
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34Jésus dit aux foules toutes ces choses en paraboles, et il ne leur disait rien sans parabole, 35pour que s'accomplît la parole dite par le prophète : J'ouvrirai ma bouche en paraboles, je proférerai des choses cachées depuis la création du monde.
Saint Jean Chrysostome
Après avoir rapporté ces paraboles, l'Évangéliste, voulant prouver que Notre-Seigneur n'introduisait pas en cela de nouveautés, cite le prophète qui avait prédit ce mode d'enseignement. «Or Jésus dit toutes ces choses», etc. Saint Marc dit qu'il parlait en paraboles pour se mettre à la portée de leur intelligence ( Mc 4 ). Ne soyez donc pas surpris si, en parlant du royaume des cieux, il emprunte les comparaisons de la semence et du levain; il s'adressait à des hommes ignorants et qu i avaient besoin de cette méthode simple pour être amenés à la vérité.
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Saint Rémi
Le mot parabole, en grec comme en latin, signifie comparaison qui sert à démontrer la vérité, car elle nous découvre dans les différentes parties de la compa raison des expressions figurées et des images de la vérité.
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Saint Jérôme
Ce n'est pas aux disciples, mais au peuple qu'il parlait en paraboles, et encore au jourd'hui c'est le langage que le peuple entend volontiers; aussi l'Évangéliste ajoute-t-il: «Et il ne leur parlait point sans paraboles».
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Saint Jean Chrysostome
Cependant il a parlé souvent au peuple sans paraboles, mais dans cette circonstance il ne leur parla qu'en paraboles.
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Saint Augustin
Ou bien l'Évangéliste s'exprime ainsi, non que le Seigneur n'ait jamais parlé dans le sens littéral, mais parce qu'il n'a presque jamais fait de discours où il n'ait enseigné quelque vérité sous le voile de la parabole, bien qu'il y ait parlé en même temps dans le sens littéral; c'est-à-dire que souvent son discours est tout entier composé de paraboles, tandis qu'on n'en trouve aucun qui soit tout entier dans le sens littéral. Par discours entiers et com plets, j'entends ceux que le Seigneur faisait suivant que l'occasion se présentait, jusqu'à ce que la matière qu'il traitait, étant terminée, il passait à un autre sujet. On ne peut nier du reste que souvent un évangéliste présente en un seul discours ce qu'un autre évangéliste rapporte comme ayant été dit en plusieurs circonstances différentes, parce qu'il s'attache dans sa narration, non pas à l'ordre historique des faits, mais à l'ordre dans lequel ils se présentent à son souvenir. Or, l'auteur sacré nous apprend pourquoi il parlait en paraboles: «C'est afin que cette parole du Prophète fût accomplie».
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Saint Jérôme
Ce témoignage est em prunté au Ps 77. Dans quelques manuscrits, au lieu de la traduction de la Vulgate que nous avons rapportée: «Afin que cette parole du prophète fut accomplie»,on lit: «Cette parole du prophète Isaïe».
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Saint Rémi
Porphyre prend occasion de là pour faire cette objection aux chrétiens: Votre Évangéliste a poussé la sottise jusqu'à attribuer à Isaïe ce qui se trouve dans les psaumes et à citer ce témoignage comme venant du prophète Isaïe.
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Saint Jérôme
Comme cette citation ne se trouvait nullement dans Isaïe, j'avais d'abord pensé que des hommes instruits avaient fait dis paraître le nom du prophète. Mais je crois maintenant que le texte portait primitivement: «Ce qui a été écrit par le prophète Asaph». En effet, le Ps 72, auquel est emprunté ce témoignage, a pour titre: «Au prophète Asaph».Les premiers copistes n'auront pas compris ce nom d'Asaph et, croyant que c'était une faute d'écriture, ils auront remplacé ce nom par le nom plus connu d'Isaïe; car il faut se rappeler que non-seulement David, mais tous les autres dont les noms se trouvent en tête des psaumes, des hymnes et des divins cantiques, tels qu'Asaph, Idithun, Eman, Ezarite et d'autres dont l'Écriture fait mention, méritent le nom de prophète. Quant à ce qui est dit de la personne du Christ: «J'ouvrirai ma bouche en parabo les», etc., si nous considérons attentivement ces paroles, nous y verrons la description de la sortie d'Israël de la terre d'Égypte, et le récit de tous les miracles qui sont contenus dans l'Exode; d'où nous devons conclure que tout ce qui se trouve écrit dans ce livre doit être pris dans un sens allégorique et nous révèle des mystères cachés. Ce sont ces vérités mystérieuses que le Seigneur promet de dévoiler, lorsqu'il dit: «J'ouvrirai ma bouche en paraboles».
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La Glose
Ces paroles veulent dire: J'ai parlé autrefois par les prophètes; je parlerai maintenant moi-même en paraboles, et je ferai sortir du trésor de mes secrets des mystères qui s'y trouvaient cachés depuis la création du monde.
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36Alors, ayant quitté les foules, il revint dans la maison, et ses disciples s'approchèrent de lui et dirent : " Expliquez-nous la parabole de l'ivraie du champ. " 37Il répondit : " Celui qui sème la bonne semence, c'est le Fils de l'homme; 38le champ, c'est le monde; la bonne semence, ce sont les fils du royaume; l'ivraie, ce sont les fils du Malin; 39l'ennemi qui l'a semée, c'est le diable; la moisson, c'est consommation du siècle; les moissonneurs, ce sont les anges. 40Comme on ramasse l'ivraie et qu'on la brûle dans le feu, ainsi en sera-t-il à la consommation du siècle. 41Le Fils de l'homme enverra ses anges, et ils enlèveront de son royaume tous les scandales et ceux qui commettent l'iniquité, 42et ils les jetteront dans la fournaise du feu : c'est là qu'il y aura les pleurs et le grincement de dents. 43Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père. Que celui qui a des oreilles entende !
Saint Jean Chrysostome
Le Seigneur avait parlé au peuple en paraboles pour lui donner l'occasion de l'interroger; mais quoiqu'il leur eût dit beaucoup de choses en paraboles, personne cependant ne lui adressait la parole. Il renvoya donc la multitude, comme le remarque l'Évangéliste: «Alors, ayant renvoyé le peuple, il revint dans la maison».Aucun des scribes ne l'y suit, ce qui prouve clairement qu'ils ne le suivaient auparavant que pour le surprendre dans ses discours.
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Saint Jérôme
Or, Jésus renvoie le peuple e t rentre dans la maison pour donner à ses disciples la facilité de s'approcher de lui, et de lui faire en secret des questions sur ce que le peuple ne méritait ni n'était capable d'entendre.
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Rabanus Maurus
Dans le sens mystique, c'est après avoir congédié la foule tumultueuse des Juifs qu'il entre dans l'Église formée des nations, et c'est là qu'il expose aux fidèles les mystères du royaume des cieux: «Et alors ses disciples s'approchèrent»,etc.
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Saint Jean Chrysostome
Autrefois, pleins du désir d'apprendre, ils craignaient de l'interroger; maintenant, ils le font librement et avec confiance, parce qu'il leur a dit: «Il vous a été donné de connaître les mystères du royaume des cieux».C'est pour cela qu'ils l'interrogent en particulier, c'est-à-dire en secret et non point par un sentiment de jalousie contre la multitude qui n'avait pas reçu la même faveur. Ils laissent de côté la parabole du levain et celle du sénevé comme plus claire, et ils l'interrogent sur la parabole de l'ivraie, parce qu'elle a de l'analogie avec la parabole de la semence et qu'elle contient quelques particularités de plus. Le Seigneur leur explique donc cette parabole: «Et leur répondant, il leur dit: Celui qui sème le bon grain, c'est le Fils de l'homme».
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Saint Rémi
Notre-Seigneur s'est appelé le Fils de l'homme pour nous laisser un exemple d'humilité, ou bien parce qu'il devait se rencontrer des hérétiques qui nieraient son humanité. Ou bien en core, c'est afin que par la foi à son humanité, nous puissions nous élever jusqu'à la connais sance de sa divinité.
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Saint Jean Chrysostome
Comme c'est lui-même qui sème son champ, il faut en conclure que le monde actuel lui appartient. «La bonne semence, ce sont les enfants du royaume».
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Saint Rémi
C'est-à-dire les saints et les élus qui sont mis au nombre des enfants de Dieu.
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Saint Augustin
L'ivraie, d'après l'explication du Sauveur, ce ne sont pas quelques erreurs mêlées à la vérité des saintes Écritures (suivant l'interprétation des Manichéens), mais ce sont tous les enfants de l'esprit mauvais, c'est-à-dire les imitateurs des mensonges du démon. «L'ivraie, dit Notre-Seigneur, ce sont les enfants d'iniquité», dénomination qui comprend tous les impies et tous les méchants.
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Saint Augustin
Toutes les mauvaises herbes qui se trouvent dans les moissons reçoivent le nom d'ivraie. L'ennemi qui la sème, c'est le démon.
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Saint Jean Chrysostome
C'est en effet une des ruses du démon de mêler toujours l'erreur à la vérité. «La moisson, c'est la fin du monde». Notre-Seigneur dit dans un autre endroit, mais en parlant des Samaritains: «Levez vos yeux et regardez les campagnes comme elles blanchissent déjà pour la moisson» (Jn 4). Et ailleurs: «La moisson est grande, mais il y a peu d'ouvriers», paroles qui signi fient que le temps de la moisson est arrivé. Pourquoi donc déclare-t-il qu'elle n'aura lieu que plus tard? C'est qu'il l'entend ici dans un autre sens. Aussi, tandis que dans les paroles qui précèdent il dit que l'un sème et que l'autre moissonne, il déclare ici que c'est le même qui sème et qui moissonne; car lorsqu'il dit que celui qui sème n'est pas celui qui moissonne, ce n'est pas entre lui et les prophètes, mais entre les prophètes et les Apôtres qu'il veut établir une distinction, puisque c'est le Christ qui a semé lui-même par les prophètes dans la Judée et dans la Samarie. C'est donc sous deux sens différents qu'il prend dans ces deux circonstances les mots de semence et de moisson. Lorsqu'il parle d'obéissance et de soumission à la foi, il se sert du nom de moisson, parce qu'elle est le principe et la cause de toute perfection; mais lorsqu'il est question du fruit qu'on doit retirer de la parole de Dieu, comme dans cet endroit, il appelle la moisson la consommation de toutes choses.
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Saint Rémi
La moisson désigne le jour du juge ment où les bons seront séparés des méchants par le ministère des Anges, ainsi qu'il le dira plus bas: «Le Fils de l'homme viendra juger le monde avec ses anges»; et c'est pour cela qu'il dit: «Les moissonneurs sont les anges».
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Saint Augustin
Est-ce donc de ce royaume où il n'y a plus de scandales? Non, c'est de ce royaume qui est sur la terre, c'est-à-dire de l'Église, qu'ils les feront disparaître.
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Saint Augustin
L'ivraie qu'on met d'abord de côté signifie que c'est après que les persécutions auront exercé leur empire que les bons seront séparés des méchants; ce sont les bons anges qui feront cette séparation, car ils peuvent s'acquitter de cette oeuvre de justice avec une intention droite et pure, tandis que les méchants sont incapables d'accomplir le ministère de la miséricorde.
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Saint Jean Chrysostome
Ou bien on peut entendre par ce royaume l'Église du ciel, et Notre-Seigneur nous révèle ici la double peine des réprouvés, la privation de la gloire, par ces paroles: «Et ils enlèveront tous les scan dales de son royaume», pour les en bannir à tout jamais, et le supplice du feu par ces autres: «Et ils les précipiteront dans la fournaise du feu».
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Saint Jérôme
Tous les scandales sont figurés ici par l'ivraie; mais en disant: «Ils enlèveront de son royaume tous les scandales, et tous ceux qui font l'iniquité»,Notre-Seigneur veut distinguer entre les hérétiques et les schismatiques. Ceux qui sont une cause de scandale sont les hérétiques, ceux qui commettent l'iniquité repré sentent les schismatiques.
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La Glose
Ou bien dans un autre sens, il faut entendre par les scandales tous ceux qui sont pour le prochain une occasion de chute ou de ruine, et par ceux qui commettent l'iniquité, les pécheurs quels qu'ils soient.
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Rabanus Maurus
Remarquez que Notre-Seigneur dit: «Ceux qui font»,et non pas ceux qui ont fait l'iniquité; car ce ne sont pas ceux qui font pénitence, mais ceux qui persévèrent dans leurs péchés qui seront livrés aux supplices éternels.
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Saint Jean Chrysostome
Considérez ici l'amour ineffable de Dieu pour les hommes, il est toujours prêt à répandre sur nous ses bienfaits et il ne punit qu'à la dernière extrémité. Lorsqu'il s'agit de semer, c'est lui-même qui sème, et lorsqu'il faut qu'il punisse, il se décharge de ce soin sur les anges.
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Saint Rémi
«C'est là qu'il y aura des pleurs et des grincements de dents». Ces paroles sont une preuve de la résurrection véritable des corps et nous y voyons annoncés la double peine de l'enfer, une excessive chaleur et un froid des plus rigoureux. Or, de même que l'ivraie représente tous les scandales, ainsi tous ceux dont Notre-Seigneur dit ici: «Alors les justes brilleront comme le soleil dans le royaume de leur Père»,seront mis au nom bre des enfants du royaume. Dans ce monde, la lumière que répandent les saints brille aux yeux des hommes; après la consommation des siècles, les justes brilleront eux-mêmes comme le soleil dans le royaume de leur Père.
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Saint Jean Chrysostome
Notre-Seigneur ne veut pas dire que leur éclat sera tout juste égal à l'éclat du soleil, mais il se sert de cette comparaison parce que parmi les astres qui nous éclai rent, il n'en est point qui brille d'un plus vif éclat que le soleil.
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Saint Rémi
Ces paroles: «Alors ils brilleront», signifient que les saints brillent sur cette terre par leurs exemples, mais qu'ils brille ront alors comme le soleil pour la plus grande gloire de Dieu.
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Saint Rémi
«Que celui-là entende qui a des oreilles pour entendre». C'est-à-dire que celui qui a de l'intelligence comprenne, parce que toutes ces paroles doivent être entendues dans un sens mystérieux.
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