1En ce jour là, Jésus sortit de la maison et s'assit au bord de la mer. 2Des foules s'assemblèrent autour de lui si nombreuses qu'il monta dans une barque, où il s'assit, tandis que toute la foule se tenait sur le rivage. 3Et il leur parla de beaucoup de choses en paraboles, disant : " Voici que le semeur sortit pour semer. 4Et pendant qu'il semait, des (grains) tombèrent le long du chemin, et les oiseaux vinrent et les mangèrent. 5d'autres tombèrent sur les endroits pierreux, où ils n'avaient pas beaucoup de terre, et ils levèrent aussitôt, parce que la terre était peu profonde; 6mais, le soleil s'étant levé, ils furent brûlés et, parce qu'ils n'avaient pas de racine, ils se desséchèrent. 7d'autres tombèrent parmi les épines, et les épines montèrent et les étouffèrent. 8d'autres tombèrent dans la bonne terre, et ils donnèrent du fruit, l'un cent, l'autre soixante, l'autre trente. 9Que celui qui a des oreilles entende ! "
Saint Augustin
Cette expression: «Ce jour-là» indique suffisamment que ce fait eut lieu immédiatement après ce qui précède ou peu de temps après, à moins que l'on ne donne ici au mot jour le sens qu'il a quelquefois dans l'Écriture, c'est-à-dire qu'on le prenne pour un temps indéfini ( Jn 14 Jn 16,23 Jn 16,25 ).
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Rabanus Maurus
Non-seulement les paroles et les actions du Seigneur, mais encore ses courses et les lieux témoins de ses prédications et de ses miracles sont pleins d'enseignements mystérieux. Après le discours qu'il avait prononcé dans cette maison où d'horribles blasphémateurs l'avaient appelé possédé du démon, il sort pour enseigner sur le bord de la mer; il montre ainsi qu'il abandonne la Judée pour la punir de sa perfidie et qu'il va porter le salut aux nations. En effet, les coeurs des infidèles, longtemps dominés par l'orgueil et l'incrédulité, sont comparés aux flots amers et soulevés de l'Océan. Quant à la maison du Seigneur, qui ne sait que c'était la Judée qui l'était devenue pour la foi ?
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Saint Jérôme
Remarquons encore que le peuple ne pouvait entrer dans la maison de Jésus, ni s'y joindre aux Apôtres pour y entendre ses mystérieuses leçons. C'est pour cela que le Seigneur, plein de miséricorde, sort de la maison et s'assied sur le rivage de la mer de ce siècle pour ré unir autour de lui la foule, pour lui adresser sur le rivage les enseignements qu'elle n'était pas digne d'entendre dans l'intérieur de la maison. «Et il s'assembla autour de lui une grande foule de peuple».
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Saint Jean Chrysostome
Ce n'est pas sans raison que l'Évangéliste rapporte cette circons tance; il veut nous faire remarquer l'intention expresse du Sauveur, qui voulait réunir une grande multitude et l'avoir tout entière devant les yeux, sans laisser une seule personne derrière lui.
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Saint Hilaire
La suite du récit nous explique pourquoi Notre-Seigneur s'assied dans la barque, tandis que le peuple reste sur le rivage. Il allait parler en paraboles, et, en agis sant de la sorte, il nous apprend d'une manière figurée que ceux qui sont hors de l'Église ne peuvent avoir aucune intelligence de la parole divine. Cette barque représente l'Église, la pa role de la vie qu'elle renferme dans son sein est prêchée à ceux qui sont au d ehors; mais, semblables au sable stérile, ils ne peuvent la comprendre.
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Saint Jérôme
Jésus est au milieu des flots, la mer vient battre tout autour de lui; tranquille dans sa majesté, il fait approcher la bar que du rivage, afin que le peuple, libre de toute crainte et affranchi des épreuves qui eussent été au-dessus de ses forces, se tienne ferme sur le rivage pour entendre de là ses paroles.
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Rabanus Maurus
Ou bien il monte dans cette barque et s'y assied au milieu de la mer pour figurer que le Christ devait monter par la foi dans les âmes des Gentils et rassembler son Église au milieu de la mer, c'est-à-dire au milieu des peuples qui devaient le contredire. Cette foule qui se tient sur le rivage et qui n'est ni sur la mer ni dans la barque, nous représente ceux qui reçoivent la pa role de Dieu et qui sont séparés par la foi des flots de la mer, c'est-à-dire des réprouvés, sans être encore pénétrés des mystères du royaume des cieux.
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Saint Jean Chrysostome
Il n'avait pas suivi cette méthode dans son discours sur la montagne, qui n'était point ainsi composé de paraboles, car il ne s'adressait alors qu'à la multitude seule et à des esprits simples et sans déguisement, tandis qu'il comptait ici parmi ses auditeurs des scribes et des pharisiens. Mais ce n'est pas le seul motif pour lequel il parle en paraboles, il veut encore donner plus de clarté à ses enseignements, les graver plus profondément dans la mémoire en les plaçant pour ainsi dire sous les regards.
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Saint Jérôme
Remarquez que tous ses enseignements ne sont pas en paraboles, mais une grande partie seulement, car s'il n'avait parlé qu'en paraboles, le peuple n'en eût retiré aucun fruit; mais en mêlant des choses claires à des choses moins évidentes, l'intelligence des unes excite à pénétrer l'obscurité des autres. La foule, d'ailleurs, n'est pas animée des mêmes senti ments, mais elle est composée de volonté diverses: il lui adresse donc un grand nombre de paraboles pour satisfaire par la diversité de l'enseignement à la diversité des désirs et des be soins.
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Saint Jean Chrysostome
Il commence par la parabole qui devait rendre ses auditeurs plus atten tifs; car, comme il devait leur parler en figures, il éveille tout d'abord leur attention par ces paroles: «Celui qui sème sortit pour semer».
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Saint Jérôme
Or, ce semeur qui répand sa se mence, c'est le Fils de Dieu qui est venu semer parmi les peuples la parole de son Père.
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Saint Jean Chrysostome
Mais d'où a pu sortir celui qui est présent en tous lieux, et comment est-il sorti? Il n'est pas sorti comme on sort d'un endroit que l'on quitte, mais il s'est rapproché de nous par son incarnation et par la nature humaine dont il s'était revêtu. Nous ne pouvions arri ver jusqu'à lui, nos péchés étaient pour nous un obstacle insurmontable; il est venu jusqu'à nous.
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Rabanus Maurus
Ou bien il est sorti lorsque dans la personne de ses Apôtres, il a abandonné la Judée pour aller évangéliser les Gentils.
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Saint Jérôme
Ou bien encore il était au dedans, lorsque, dans l'intérieur de la maison il dévoilait à ses disciples les mystères du royaume des cieux. Il sort donc de cette maison pour répandre la semence au milieu de la foule.
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Saint Jean Chrysostome
Lorsque vous entendez Notre-Seigneur vous dire: «Celui qui sème sortit pour semer», ne regardez pas ces deux expres sions comme identiques. Le semeur sort bien souvent, et pour d'autres motifs; par exemple, pour labourer la terre, pour couper les mauvaises herbes, pour arracher les épines ou pour d'autres travaux semblables. Mais ici il sort pour semer. Et que deviendra cette semence? Trois parties sont perdues, une seule est conservée, non pas d'une manière égale, mais avec quelque diffé rence: «Et pendant qu'il sème, une partie de la semence tomba sur le chemin».
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Saint Jérôme
Valentin se sert de cette parabole pour établir son hérésie et appuyer son système des trois natures: la nature spirituelle, la nature naturelle ou animale, et la nature terrestre. Or nous voyons ici quatre espèces différentes de terre: l'une qui est le long du chemin, l'autre qui est un terrain pierreux, la troisième couverte d'épines, et la quatrième qui est une bonne terre.
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Saint Jean Chrysostome
Mais quelle apparence de raison dans la conduite de celui qui sèmerait au milieu des épines, sur les pierres ou le long du chemin? Si l'on prend la semence et la terre dans leur sens matériel et ordinaire, ce serait folie d'agir de la sorte, car il n'est au pouvoir ni de la pierre de devenir terre, ni du chemin de ne pas être un chemin, ni des épines de ne pas être des épines. Mais lorsqu'on entend la terre et la semence de la terre des âmes et de la se mence de la parole de Dieu, cette conduite est on ne peut plus louable, car dans ce sens il est possible à la pierre de devenir une terre fertile, au chemin de ne plus être foulé aux pieds, et aux épines d'être arrachées. Quant au surplus de la semence qui est perdu, la faute n'en est pas à celui qui sème, mais à la terre qui reçoit la semence, c'est-à-dire à l'âme, car le semeur ne fait aucune distinction entre le pauvre et le riche, entre le sage et l'ignorant; il s'adresse à tous, faisant de son côté tout ce qui dépend de lui, tout en prévoyant ce qui doit arriver et motiver ce reproche: «Qu'ai-je dû faire que je n'aie pas fait ?» Or, s'il ne dit pas clairement qu'une par tie de la semence est tombée sur les âmes négligentes qui l'ont laissé enlever, une autre sur les riches qui l'ont étouffée, une autre sur les âmes molles qui l'ont perdue, c'est qu'il ne veut pas blesser trop vivement les Juifs et les jeter dans le découragement. Cette parabole apprend en core à ses disciples à ne point négliger le ministère de la prédication, bien qu'un grand nombre de leurs auditeurs ne laissent pas de se perdre, puisque ce triste résultat n'a pas empêché le Seigneur qui prévoyait toutes choses, de répandre la semence de sa parole dans les coeurs.
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Saint Jérôme
Remarquez encore que c'est ici la première parabole que Notre-Seigneur fait suivre de son explication, et toutes les fois qu'il explique lui-même ses paroles, gardez-vous de les en tendre autrement ou de leur donner un sens plus ou moins étendu que l'explication donnée par le Seigneur lui-même.
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Rabanus Maurus
Disons quelques mots de ce que le Sauveur nous laisse libres d'interpréter. Le chemin c'est l'âme pleine de zèle foulée et desséchée sous les pas des mauvai ses pensées; la pierre, c'est la dureté d'une âme audacieuse; la terre, c'est la douceur d'une âme obéissante; le soleil, c'est l'ardeur de la persécution qui sévit. La profondeur de la terre, c'est la droiture de l'âme formée par les célestes enseignements. Nous avons déjà fait observer que les choses n'ont pas toujours un seul et même sens dans l'interprétation allégorique.
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Saint Jérôme
Toutes les fois que Notre-Seigneur nous donne cet avertissement: «Que celui qui a des oreilles pour entendre, qu'il entende», nous sommes prévenus de donner toute notre attention pour comprendre ses divines paroles.
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10Alors les disciples s'approchant lui dirent : " Pourquoi leur parlez-vous en paraboles? " 11Il leur répondit : " A vous, il a été donné de connaître les mystères du royaume des cieux; mais à eux, cela n'a pas été donné. 12Car on donnera à celui qui a, et il y aura (pour lui) surabondance; mais à celui qui n'a pas, on lui ôtera même ce qu'il a. 13C'est pourquoi je leur parle en paraboles, parce que voyant ils ne voient pas, et entendant ils n'entendent ni ne comprennent. 14Pour eux s'accomplit la prophétie d'Isaïe qui dit : Vous entendrez de vos oreilles et vous ne comprendrez point; vous verrez de vos yeux, et vous ne verrez point. 15Car le cœur de ce peuple s'est épaissi, et ils sont durs d'oreilles, et ils ferment leurs yeux : de peur que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n'entendent, que leur cœur ne comprenne, qu'ils ne se convertissent et que je ne les guérisse. 16Pour vous, heureux vos yeux parce qu'ils voient, et vos oreilles parce qu'elles entendent ! 17Je vous le dis en vérité, beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez, et ils ne l'ont pas vu; entendre ce que vous entendez, et ils ne l'ont pas entendu.
La Glose
Les disciples, remarquant qu'il y avait de l'obscurité dans le discours que le Seigneur adressait au peuple, voulurent lui conseiller de ne plus parler en paraboles: «Et ses disciples, s'approchant de lui, lui dirent»,etc.
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Saint Jean Chrysostome
La conduite des Apô tres est vraiment digne d'admiration; malgré le désir qu'ils ont de s'instruire, ils choisissent le moment pour interroger, et ils ne le font pas publiquement, ce que saint Matthieu nous indique par ces paroles: «Alors ses disciples s'approchant»,etc. Saint Marc est encore plus explicite, et dit clairement qu'ils vinrent le trouver en particulier.
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Saint Jérôme
On peut se demander com ment ils purent s'approcher du Seigneur, puisqu'il se trouvait alors dans la barque. Il faut l'entendre dans ce sens qu'ils étaient montés avec lui dans cette barque, et que c'est là qu'ils lui demandèrent l'explication de la parabole.
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Saint Rémi
L'Évangéliste dit qu'ils s'approchèrent pour marquer qu'ils l'interrogèrent; ou bien ils ont pu s'approcher réellement de lui, bien qu'il n'y eût qu'une légère distance qui les en séparât.
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Saint Jean Chrysostome
Remarquez aussi avec quelle vive affection ils se préoccupent du soin et des intérêts du prochain, avant de penser à ce qui les concerne, car ils ne lui disent pas: «Pourquoi nous parlez-vous en paraboles», mais: «Pourquoi leur parlez-vous en paraboles ?» «C'est, leur répond-il, que pour vous autres, il vous a été donné de connaître les mystè res du royaume des cieux».
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Saint Rémi
Pour vous, dis-je, qui me suivez, et qui croyez en moi. Les mystères du royaume des cieux, c'est la doctrine évangélique; mais pour eux, c'est-à-dire pour ceux qui sont au dehors et ne veulent pas croire en lui (les scribes, les pharisiens et tous les autres qui persévèrent dans leur infidélité), il ne leur a pas été donné de les comprendre. Joignons-nous donc aux disciples pour approcher du Seigneur avec un coeur pur, afin qu'il daigne nous expliquer la doctrine de l'Évangile, selon cette parole du Deutéronome ( Dt 33 ): «Ceux qui se tiennent à ses pieds recevront sa doctrine».
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Saint Jean Chrysostome
En parlant de la sorte, Notre-Seigneur n'établit pas le système de la nécessité ou de la fatalité; il veut simplement montrer que ceux qui n'ont pas reçu cette faveur sont eux-mêmes la cause de tous leurs maux, et que la connaissance des mystères divins est un don de Dieu et une grâce qui descend du ciel. Cependant le libre arbitre n'est pas pour cela détruit, ces paroles et celles qui suivent le prouvent évidemment. En effet, pour ne pas jeter dans le désespoir ceux qui n'ont pas reçu cette grâce, ou dans la négligence ceux à qui elle a été donnée, il nous dit clairement que la raison première de ces dons vient de nous: «Celui qui a déjà, on lui donnera encore»,etc., parole s dont voici le sens: Celui qui est plein d'ardeur et de zèle recevra en abondance tous les dons de Dieu, mais s'il en est dépourvu et qu'il ne prête en aucune manière son concours, il ne recevra pas les dons de Dieu, et il perdra même ce qu'il a; non pas que Dieu le lui enlève, mais parce qu'il se rend indigne de conserver ce qu'il possède. Si donc nous voyons un de nos frères entendre la parole de Dieu avec négli gence, et que nos efforts soient impuissants pour réveiller son attention, gardons le silence; car en insistant davantage, nous ne ferions qu'accroître sa négligence. Mais pour celui qui a le désir de s'instruire, nous l'attirons facilement, et nous ne craignons pas de prolonger nos dis cours. Notre-Seigneur a bien raison de dire: «Ce qu'il paraît avoir»; car il ne possède pas même ce qu'il a.
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Saint Rémi
Celui qui a le désir de la lecture recevra le don de l'intelligence, et celui qui n'a pas ce désir, se verra enlever jusqu'aux dons qu'il tenait de la nature. Ou bien, celui qui a la charité recev ra toutes les autres vertus; mais celui qui n'a pas la charité en sera dépouillé, parce qu'il n'y a pas de bien possible sans la charité.
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Saint Jérôme
Ou bien encore, les Apôtres qui ont cru en Jésus-Christ, n'eussent-ils qu'une vertu médiocre, en recevront l'accroissement; mais les Juifs, qui n'ont pas voulu croire en lui, bien qu'il fût le Fils de Dieu, se verront enlever même les biens naturels qu'ils paraissent avoir; car ils ne peuvent rien comprendre avec sagesse, parce qu'ils n'ont pas en eux le principe de la sagesse.
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Saint Hilaire
Ajoutons que les Juifs, n'ayant pas la foi, ont perdu la loi qu'ils avaient reçue; car la foi chrétienne renferme tout don parfait; dès qu'on l'a reçue, elle s'enrichit de nouveaux fruits; mais si on la rejette, elle enlève jusqu'aux dons qu'on avait reçus précédemment.
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Saint Jean Chrysostome
Notre-Seigneur veut rendre encore plus claire cette vérité, et il ajoute: «Je leur parle en paraboles, parce qu'en voyant ils ne voient point». Si cet aveuglement ve nait de la nature, le Sauveur aurait dû leur ouvrir les yeux; mais comme il était volontaire, il ne dit pas simplement: Ils ne voient pas, mais «en voyant, ils ne voient pas». Ils l'ont vu, en effet, chasser les démons, et ils ont dit: «C'est par Béelzébub qu'il chasse les démons» ( Mt 12,24 ). Ils entendaient dire qu'il attirait tout le monde à Dieu, et ils disaient: «Cet homme ne vient pas de Dieu» ( Jn 9,16 ). Mais comme ils affirmaient le contraire de ce qu'ils voyaient et de ce qu'ils entendaient, ils perdent la faculté de voir et d'entendre. En effet, cette faculté, ne leur a servi de rien qu'à rendre leur condamnation plus terrible. Aussi dans le commencement il ne leur parlait pas en paraboles, mais en termes clairs et sans énigme, et il ne se sert de paraboles que parce qu'ils dénaturent tout ce qu'ils voient et tout ce qu'ils entendent.
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Saint Rémi
Et remarquez que non-seulement ses paroles, mais encore ses actions elles-mêmes, étaient autant de paraboles, c'est-à-dire des symboles des choses spirituelles, ce que prouvent évidemment les paroles suivantes: «Parce qu'en voyant ils ne voient point»; car on ne peut voir les paroles, mais seulement les entendre.
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Saint Jérôme
Notre-Seigneur parle ainsi de ceux qui sont sur le rivage, et qui, autant par suite de la distance qui les sépare de Jésus, que du bruit des flots, n'entendaient pas clairement ce qu'il disait.
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Saint Jean Chrysostome
Afin qu'ils ne pussent dire: C'est notre ennemi qui nous accuse, il leur cite le Prophète qui rend pleinement témoignage à ce qu'il vient de dire: «Et la prophétie d'Isaïe s'accomplit en eux: vous entendrez de vos oreilles, et vous ne comprendrez pas, et en voyant, vous ne verrez pas», c'est-à-dire vous entendrez de vos oreilles des paroles, mais vous n'en comprendrez pas le sens; vous verrez de vos yeux mon humanité, et vous ne verrez pas, c'est-à-dire vous ne comprendrez pas ma divinité.
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Saint Jean Chrysostome
Il leur parle de la sorte, parce qu'ils se sont privés eux-mêmes de la faculté de voir et d'entendre en fermant leurs oreilles et leurs yeux, et en laissant leur coeur s'appesantir; car leur crime n'était pas seulement de ne pas entendre, mais d'être contrariés d'entendre; c'est pour cela qu'il ajoute: «Leur coeur s'est appesanti».
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Rabanus Maurus
Le coeur des Juifs s'est appesanti sous le poids de leur malice, et c'est la multitude de leurs péchés qui leur a fait entendre avec peine les paroles du Seigneur qu'ils recevaient avec une superbe ingratitude.
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Saint Jérôme
De peur que nous ne pensions que cet appesantissement du coeur et cette surdité de l'ouïe étaient un vice de la nature et non de la volonté, il prouve que c'était la suite du mauvais usage de leur liberté en ajoutant: «Et ils ont fermé les yeux».
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Saint Jean Chrysostome
Jusqu'ici il a fait voir l'étendue de leur malice et leur éloignement affecté à l'égard de Dieu; mais comme son désir est de les attirer à lui, il ajoute: «Et que s'étant convertis, je ne les guérisse», paroles qui prouvent que s'ils voulaient se convertir, il les guéri rait. Ainsi lorsqu'on dit d'une personne quelconque: S'il m'en avait prié, je lui aurais immédia tement pardonné, on déclare à quelles conditions le pardon est offert; de même en disant: «De peur que s'étant convertis je ne les guérisse»,Notre-Seigneur montre et qu'il leur est possible de se convertir, et qu'en faisant pénitence ils seront sauvés.
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Saint Augustin
Ou bien encore, ils ont fermé les yeux afin de ne pas voir de leurs yeux, c'est-à-dire qu'eux-mêmes ont été cause que Dieu leur a fermé les yeux, comme le dit un autre Évangéliste ( Jn 12,40 ): «Il a aveuglé leurs yeux». Est-ce de telle sorte qu'ils ne voient jamais, ou bien est-ce afin qu'ils ne voient point en regrettant et en déplorant leur aveuglement, de manière qu'étant profondément humiliés de cet état, ils soient amenés à confesser leurs pé chés et à chercher Dieu avec amour? C'est ainsi que saint Marc l'entend: «De peur qu'ils ne viennent à se convertir, et que leurs péchés ne leur soient pardonnés» ( Mc 4,12 ). Nous voyons donc clairement que par leurs péchés ils se sont rendus indignes de comprendre, et que cependant, par un effet de la miséricorde de Dieu, ils ont pu connaître leurs péchés, et en obte nir le pardon par leur conversion. Mais la manière dont saint Jean rapporte ce passage: «Ils ne pouvaient croire, parce que, Isaïe a dit encore: Il a aveuglé leurs yeux, et il a endurci leur coeur, de peur qu'ils ne voient de leurs yeux, et ne comprennent du coeur, et qu'ils se conver tissent, et que je les guérisse», paraît contredire cette explication, et nous force d'entendre ces paroles: «De peur qu'ils ne voient de leurs yeux», non pas d'un aveuglement qui leur per mettra de voir un jour, mais dans ce sens que cet aveuglement sera perpétuel. En effet, saint Jean dit clairement: «Afin qu'ils ne voient pas de leurs yeux», et en ajoutant: «C'est pour cela qu'ils ne pouvaient pas croire»,il montre assez que cet aveuglement n'a pas eu lieu, afin que, vivement touchés de cet état et regrettant de ne pas comprendre, ils se convertissent en faisant pénitence (car c'est ce qu'ils ne pourraient faire sans croire tout d'abord, puisque la foi est ce principe de leur conversion, comme la conversion est le principe de leur guérison, et leur guérison la condition nécessaire pour comprendre); mais cet Évangéliste nous déclare, au contraire, qu'ils ont été aveuglés, de manière que la foi leur fût impossible, puisqu'il dit ouvertement: «C'est pour cela qu'ils ne pouvaient croire». Or, s'il en est ainsi, qui ne prendrait la défense des Juifs et ne proclamerait qu'ils ne sont nullement coupables de n'avoir pas cru? Car s'ils n'ont pas cru, c'est que Dieu a aveuglé leurs yeux. Mais comme nous ne devons point supposer l'ombre de faute en Dieu, il nous faut reconnaître que certains autres péchés ont été causes de cet aveuglement qui leur a rendu la foi impossible. Car voici comme s'exprime saint Jean: «Ils ne pouvaient croire, parce qu'Isaïe a dit encore: Il a aveuglé leurs yeux».C'est donc en vain que nous nous efforçons de comprendre qu'ils ont été aveuglés à cette fin qu'ils pussent se conver tir, puisqu'au contraire ils ne pouvaient pas se convertir parce qu'ils ne croyaient pas, et qu'ils ne pouvaient croire parce qu'ils étaient aveugles. Toutefois on peut dire, avec quelque appa rence de raison, qu'un certain nombre de Juifs auraient pu être guéris, mais que cependant l'excès de leur orgueil était monté à un tel point, qu'il leur était avantageux de ne pas croire tout d'abord. Ils ont donc été aveuglés pour ne pas comprendre les paraboles du Seigneur; ne les comprenant pas, ils ne crurent pas en lui, et ne croyant pas en lui, ils le crucifièrent avec les autres Juifs qui étaient perdus sans espoir. Mais après la résurrection ils se convertirent, alors que profondément humiliés du crime du déicide qu'ils avaient commis, ils aimèrent avec plus d'ardeur celui qu'ils reconnaissaient avec joie leur avoir pardonné un si grand crime; car il fallait que la grandeur de leur orgueil fût abattue par cet excès d'humiliation. Cette explication pourrait paraître singulière si les faits ne lui donnaient raison, comme nous le lisons expressé ment au livre des Actes (2, 37). La manière dont saint Jean s'exprime: «C'est pour cela qu'ils ne pouvaient croire, parce qu'il a aveuglé leurs yeux, afin qu'ils ne voient point»,ne lui est pas contraire; nous disons, en effet, qu'ils ont été aveuglés, afin qu'ils pussent se convertir, c'est-à-dire que les paroles du Seigneur leur furent d'abord cachées sous le voile des paraboles, afin qu'après sa résurrection, ils fussent ramenés à lui par une pénitence salutaire. Aveuglés d'abord par l'obscurité de ce langage, ils ne comprirent pas les paroles du Seigneur; ne les comprenant pas, ils ne crurent pas en lui, et ne croyant pas en lui, ils le crucifièrent. Mais après sa résurrection, saisis d'épouvante à la vue des miracles qui se faisaient en son nom, ils furent touchés jusqu'au fond du coeur de l'énormité d'un si grand crime, et donnèrent les preuves du plus humble repentir, et lorsqu'ils eurent reçu le pardon de leurs péchés, leur obéissance fut d'autant plus grande que leur amour était plus ardent; mais cet aveuglement ne fût pas ainsi pour tous le principe de leur conversion.
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Saint Rémi
Cette phrase peut être entendue en ce sens qu'à chaque membre on sous-entende la particule négative; afin qu'ils ne voient pas de leurs yeux, qu'ils n'entendent pas de leurs oreilles, qu'ils ne comprennent pas de leur coeur, et qu'ils ne se convertissent, et que je ne les guérisse.
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La Glose
Les yeux de ceux qui voient et ne veulent pas croire sont donc bien malheureux. Mais pour vous, vos yeux sont heureux, parce qu'ils voient, et vos oreilles, parce qu'elles en tendent».
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Saint Jérôme
Si nous n'avions pas lu plus haut que, pour exciter l'attention de ceux qui l'écoutaient, le Sauveur avait dit: «Que celui-là entende qui a des oreilles pour entendre», nous aurions pu croire que ce sont les yeux et les oreilles du corps qu'il proclame bienheureux. Mais pour moi, ces yeux sont heureux qui peuvent connaître les mystères de Jésus-Christ, et heureuses ces oreilles dont Isaïe a dit: «Le Seigneur m'a donné une oreille pour l'écouter».La Glose. En effet, l'âme est véritablement un oeil, parce qu'elle s'applique par son énergie naturelle à l'intelligence des choses; l'âme est aussi l'oreille parce qu'elle peut recevoir les enseignements des autres.
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Saint Hilaire
Ou bien il veut parler ici du bonheur des Apô tres, à qui il fut donné de voir de leurs yeux et d'entendre de leurs oreilles le salut de Dieu, que les prophètes et les justes avaient désiré voir et entendre, et qui ne devait être révélé que dans la plénitude des temps, comme Notre-Seigneur le dit en termes exprès: «Car je vous dis en vérité, que beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l'ont pas vu, entendre ce que vous ent endez, et ne l'ont point entendu.
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Saint Jérôme
Ce que le Sauveur dit ici paraît contraire à ce qu'il dit ailleurs: «Abraham a désiré voir mon jour, et il l'a vu, et il en a été réjoui».
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Rabanus Maurus
Isaïe lui-même, Michée et d'autres prophètes ont vu la gloire du Seigneur, et c'est pour cela qu'ils ont été appelés voyants.
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Saint Jérôme
Aussi ne dit-il pas: Tous les prophètes et tous les justes, mais plusieurs, car dans ce nombre, les uns ont pu voir, et les autres être privés de cette faveur. Toutefois cette interpréta tion n'est pas sans danger, car elle paraît établir entre les saints différents degrés de mérite (quant à la foi qu'ils avaient en Jésus-Christ). Abraham vit sous des emblèmes, sous des nua ges obscurs; mais vous avez sous vos yeux et vous possédez votre Seigneur, vous l'interrogez comme vous voulez, et vous vivez avec lui.
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Saint Jean Chrysostome
Ce que les Apôtres voient et entendent, c'est sa présence, ses miracles, sa voix, sa doctrine, et en cela il proclame leur sort préférable non-seulement à celui des méchants, mais encore à celui des bons qui les ont précédés, et il les déclare plus heureux que les anciens justes, parce qu'ils voient non-seulement ce que les Juifs ne voient point, mais encore ce que les prophètes et les justes ont désiré voir et n'ont pas vu. En effet, les anciens justes n'ont vu le Christ que par la foi, tandis que les Apô tres le voient de leurs yeux et sans obscurité. Admirez le parfait accord de l'Ancien Testament avec le Nouveau. Si les prophètes avaient été les serviteurs d'un dieu étranger ou opposé au vrai Dieu, jamais ils n'auraient désiré voir le Christ.
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18Vous donc, écoutez (le sens de) la parabole du semeur : 19Quiconque entend la parole du royaume et ne la comprend pas, le Malin vient, et il enlève ce qui a été semé dans son cœur : c'est (le grain) qui a été semé le long du chemin. 20Celui qui a été semé sur des endroits pierreux, c'est celui qui entend la parole et la reçoit aussitôt avec joie; 21mais il n'y a pas en lui de racines et il est éphémère; des que survient la tribulation ou la persécution à cause de la parole, aussitôt il trébuche. 22Celui qui a été semé dans les épines, c'est celui qui entend la parole, mais les sollicitudes du siècle et la séduction des richesses étouffent la parole, et elle devient stérile. 23Celui qui a été semé dans la bonne terre, c'est celui qui entend la parole et la comprend; il porte du fruit, et donne l'un cent, l'autre soixante, l'autre trente (pour un).
La Glose
Notre-Seigneur avait déclaré plus haut qu'il n'a pas été donné aux Juifs, mais seulement aux Apôtres, de connaître le royaume de Dieu. Comme conséquence de ces paroles, il leur dit: «Pour vous, écoutez donc la parabole de celui qui sème»,vous à qui sont commu niqués les mystères du ciel.
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Saint Augustin
Ce que l'Évangéliste raconte, c'est-à-dire que le Seigneur a parlé de la sorte, a véritablement eu lieu; mais le récit du Seigneur n'a été qu'une parabole, et dans ce genre de récit on n'exige pas que toutes les circonstances qui le composent aient leur application littérale.
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La Glose
Notre-Seigneur explique ensuite cette parabole: «Celui qui écoute la parole du royaume et ne la comprend pas», phrase qu'il faut entendre ainsi: «Tout homme qui entend la parole», c'est-à-dire ma prédication, laquelle donne les moyens de mériter le royaume des cieux, et qui ne comprend pas. Or, d'où vient ce défaut d'intelligence? Le voici: «L'esprit malin, c'est-à-dire le démon, vient, et il enlève ce qui avait été semé dans son coeur. Or, tout homme à qui ce malheur arrive, c'est celui qui a été semé le long du chemin. Remarquez aussi que le mot semer s'entend de différentes manières: on dit d'une semence qu'elle a été semée, et aussi d'un champ qu'il a été semé, et nous voyons ici cette double signification. Dans cette phrase: «Il enlève ce qui a été semé»,c'est de la se mence qu'il est ques tion; dans cette autre: «Celui qui a été semé le long du chemin», ce n'est pas de la semence, mais du lieu où elle été répandue, c'est-à-dire de l'homme, qui est le champ ensemencé par la parole de Dieu.
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Saint Rémi
Dans ces paroles, Notre-Seigneur nous explique ce que c'est que la semence, c'est-à-dire la parole du royaume ou de la doctrine évangélique. Il en est qui reçoivent la parole de Dieu sans aucune affection; aussi les démons enlèvent aussitôt la semence de la parole divine répandue dans leur coeur, comme une semence tombée sur un chemin battu. «Celui qui est semé sur la pierre écoute la parole, mais il n'a pas de racines». En effet, la semence ou la pa role de Dieu qui tombe sur la pierre, c'est-à-dire sur un coeur dur et indompté, ne peut fructi fier; sa dureté est trop grande, son désir du ciel trop faible, et cette excessive dureté ne lui permet pas d'avoir de racines.
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Saint Jérôme
Faites attention à cette parole: «Il est aussitôt scan dalisé». Il y a donc une différence entre celui que l'excès des tribulations et de la douleur force pour ainsi dire de renier Jésus-Christ, et celui que le premier vent de la persécution scandalise et fait tomber. - «Celui qui est semé au milieu des épines», etc. Ce qui a été dit autrefois à Adam dans un sens littéral: «Tu mangeras ton pain au milieu des ronces et des épines ( Gn 3,18-19 ) » s'entend ici dans le sens allégorique de tout homme qui se livre aux voluptés du siècle et aux soins de ce monde et qui par là mange le pain céleste et l'aliment de la vérité au milieu des épines.
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Rabanus Maurus
C'est avec raison que Notre-Seigneur appelle ces plaisirs des épines, parce qu'ils déchirent l'âme avec les pointes aiguës de leurs pensées, étouffent dans leur germe les fruits spirituels des vertus et ne leur permettent pas de se développer.
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Saint Jérôme
Cette expression: «La séduction des richesses étouffe la parole»est aussi élégante que vraie, car les richesses sont séduisantes, et elles ne tiennent pas ce qu'elles ont promis. Rien de plus fragile que leur possession; elles portent tantôt d'un côté, tantôt de l'autre leur faveur inconstante, ou bien elles abandonnent celui qui les possédait, ou bien elles viennent enrichir ceux qui en étaient dépourvus: aussi le Seigneur affirme-t-il qu'il est difficile aux riches d'entrer dans le royaume des cieux ( Mc 10,23 Lc 15,34 ), parce que les richesses étouffent la parole de Dieu et amollissent la vigueur des vertus.
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Saint Rémi
Ces trois natures de terre différentes représentent tous ceux qui peuvent entendre la parole de Dieu, mais qui ne peuvent lui faire produire des fruits de salut, à l'exception des Gentils, qui n'ont pas même mérité de l'entendre. «Enfin celui qui reçoit la semence dans la bonne terre». La bonne terre, c'est la conscience pure des élus, l'âme des saints qui reçoit la parole de Dieu avec joie, avec désir, avec amour, qui la conserve courageusement dans la prospérité comme dans l'adversité, et lui fait produire des fruits. «Et il porte du fruit, et rend cent, ou soixante, ou trente pour un».
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Saint Jérôme
Remarquez que comme il y a trois sortes de mauvaises terres, le chemin, la pierre et le champ couvert d'épines, il y a de même trois espèces différentes de bonnes terres: celle qui rend cent pour un, celle qui rend soixante, celle qui rend trente. Et ce qui fait cette différence, ce n'est pas la nature de la terre, qui est la même d'un côté comme de l'autre, mais la volonté. Or, dans les incrédules comme dans ceux qui croient, c'est le coeur qui reçoit la semence; c'est pour cela que Notre-Seigneur a dit de la première espèce de terre: «L'esprit malin vient et enlève ce qui a été semé dans son coeur»,et des deux autres: «C'est celui qui reçoit la parole».Lorsqu'il en vient à la bonne terre, il dit également: «C'est celui qui reçoit la parole». Nous devons donc d'abord entendre, puis comprendre, et, après avoir compris, produire les fruits des enseignements que nous avons reçus, et rendre ou cent, ou soixante, on trente pour un.
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Saint Augustin
Il en est qui entendent ce passage dans ce sens que les saints, suivant la diversité de leurs mérites, pourront délivrer, les uns trente âmes, les autres soixante, d'autres enfin cent, au jour du jugement, et non dans les temps qui suivront. Or, un sage, voyant que les hommes abusaient pour faire le mal de cette opinion et se promettaient l'impunité au jour du jugement, parce que tous pourraient être sauvés par cette voie, leur répondit qu'il était bien plus prudent de vivre de manière à se trouver parmi ceux dont l'intercession devait délivrer les autres. En effet, ils pourraient être si peu nombreux que, lorsque chacun d'eux aurait délivré le nombre qui lui est assigné, il en restât un plus grand nombre qui ne pourraient être sauvés par leur intercession, et parmi ces derniers se trouve raient tous ceux qui, par une témérité sans fondement, avaient mis toute leur confiance dans les mé rites des autres.
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Saint Rémi
Celui qui prêche la foi en la sainte Trinité rend trente pour un; soixante pour un, celui qui recommande la perfection dans les bonnes oeuvres, car c'est en six jours que l'oeuvre de la création fut achevée ( Gn 2 ); et cent pour un, celui qui promet la vie éternelle, car le nom bre cent passe de la gauche à la droite. Or, par la gauche, il faut entendre la vie présente, et par la droite la vie future. Da ns un autre sens, la parole de Dieu rend trente pour un lorsqu'elle fait germer les bonnes pensées; soixante, lorsqu'elle produit les bonnes paroles; cent, lors qu'elle fait arriver jusqu'aux fruits des bonnes oeuvres.
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Saint Augustin
Ou bien le nombre cent, c'est le fruit que produisent les mar tyrs ou par la sainteté de leur vie ou par le mépris qu'ils font de la mort; le nombre soixante, c'est le fruit que rendent les vierges qui, goûtant les douceurs du repos intérieur, n'ont plus à soutenir les combats de la chair; en effet, on donne la retraite après l'âge de soixante ans aux soldats ou aux fonctionnaires publics; le nombre trente est celui des époux, car c'est l'âge de ceux qui sont appelés à combattre, et ils ont en effet les plus rudes assauts à soutenir pour ne pas être vaincus par leurs passions. Ou bien il faut lutter contre l'amour des biens temporels pour lui disputer la victoire; ou bien il faut le tenir dompté et soumis pour réprimer avec faci lité ses moindres mouvements, lorsqu'il veut se soulever; ou enfin, il faut l'éteindre entière ment de manière à ce qu'il ne puisse plus exciter la moindre émotion dans notre âme. Voilà pourquoi nous voyons les uns affronter la mort avec courage pour la défense de la vérité, les autres sans s'émouvoir, d'autres enfin avec joie. Ces trois degrés de vertu correspondent aux fruits que peuvent donner les trois espèces de terre: l'une trente, l'autre soixante, l'autre cent pour un, et il faut au moment de la mort faire partie d'une de ces trois espèces de terre si l'on veut sortir de cette vie dans les conditions qui assurent la récompense.
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Saint Jérôme
Ou bien encore la terre qui rend cent pour un, signifie les vierges; celle qui rend soixante, les veuves; celle qui rend trente ceux qui mènent une vie chaste dans l'état du ma riage. Ou bien enfin le nombre trente est une figure du mariage, parce que
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