Les indices pensables : 24-Réponse au courriel d'un lycéen

Résumé : Avant d’aller plus loin dans enquête, nous allons revenir sur une question fondamentale, posée par un jeune de Terminale, à la suite d’une de mes conférences dans un lycée parisien, à propos de la série d’albums Bd : Les Indices pensables.

Bonjour monsieur, élève en terminale, je fus plus qu'attentif à la conférence que vous avez tenue jeudi dernier. Je voulais simplement savoir quelle place donnez-vous à la découverte du boson de Higgs ? Cette  micro particule, apparue après le big bang, est le ciment des particules qui permettent de former une vache comme une pierre, il y a donc bien ici une unité entre les choses vivantes et non-vivantes. 

Amicalement. Luc



Bonjour Luc et merci pour votre question qui est d’actualité puisque la découverte du fameux Boson de Higgs est récente. C’est en juillet 2012 que le CERN* a annoncé la découverte d’une particule dont la masse paraissait compatible avec les théories concernant l’existence de ce boson que l’on avait imaginée en théorie, mais pas encore pu trouver. Puis en mars 2013, le CERN a confirmé qu’il s’agissait bien de ce boson dont l’existence avait donc  été « prédite » depuis 50 ans par Peter Higgs et d’autres chercheurs. Un grand moment historique, puisque l’on passait de la théorie scientifique à sa confirmation grâce à la confrontation au réel.

(Rappel : c’est précisément sur cette méthode de confrontation au réel que s’appuie notre enquête. C’est cela qui la rend possible et transmissible, parce qu’elle est vérifiable.)

Cette découverte semble donc avoir validé l'hypothèse qui concernait cette particule fondamentale pour le  modèle standard de la physique des particules.

Nous savons donc aujourd’hui que ce boson appelé également BEH, est une des bases de la construction des atomes. On notera que les atomes ne sont pas éternels : Nous apprenons que les premiers atomes (d’Hydrogène)  sont apparus 380 000 ans après ce que nous appelons le Big Bang, ils ne sont donc pas du tout éternels **.

 Or les atomes  sont également un des points communs entre le "vivant" et le "non vivant". Nous sommes donc d'accord, cher Luc, qu'il y a une unité comme vous dites, « entre la vache et la pierre". Et je partage votre conclusion : « il y a donc bien ici une unité entre les choses vivantes et non-vivantes. »

Tout le monde est d'accord sur ce point. Précisément la grande question intervient juste après, quand on commence à se demander : Sachant que tant de "choses vivantes et non-vivantes» sont construites avec les même atomes, ( à partir des mêmes particules)  pour quelles raisons certaines de ces « choses » sont vivantes et d'autres non ???

La vie vient-elle des atomes ? On pourrait se demander à présent : la vie vient-elle des bosons de Higgs ? Si c’était le cas, tout deviendrait vivant tôt ou tard, puisque ces bosons et ces atomes sont la base de tout ce qui est matériel… Entre l’inerte et le vivant, il y aurait des passerelles, des ponts, des autoroutes…

C’est ce que l’humanité a longtemps cru, avec la croyance philosophique en la « génération spontanée ».

Des penseurs comme Diderot, ont pensé qu’il y avait des passages, des passerelles naturelles entre le non vivant et le vivant. Entre le caillou et la fougère, entre la statue de marbre et la statue vivante. Formulé ainsi cela peut sembler humoristique, mais ces réflexions « vitalistes » étaient inspirées par la croyance en la « génération spontanée » (voir chronique 8). On croyait sincèrement que des bestioles vivantes pouvaient naître spontanément, sans parents, de la matière inanimée, inerte. Car on observait ce phénomène en ouvrant des sacs de farine sur des navires, après des mois de traversée, des bestioles en sortaient, qui n’étaient pas là au départ !

Il a fallu attendre 1861, pour qu’à l’occasion d’un grand concours organisé par l’Académie des sciences, Louis Pasteur apporte enfin une réfutation à cette fausse croyance pseudo scientifique visant à faire valider une philosophie. C’est la confrontation au réel, qui a permis de faire cette démonstration. Et désormais, on sait que la vie n’apparait pas spontanément de la matière inerte, elle n’émerge pas, comme disait Empédocle, elle se transmet.

Alors, qu'est-ce qui fait la différence entre le non vivant et le vivant ?

La différence ne peut pas venir des bosons ni des atomes, puisqu'ils sont les mêmes dans les "choses" vivantes et non-vivantes... Il faut donc chercher ailleurs…

Aristote a proposé une réponse qui semble bien être confirmée par la découverte du message génétique : il y a un "principe " non matériel, non visible qu’il appelle psyché (anima), c'est ce principe qui communique de l'information aux atomes.

Personne ne pouvait vérifier si l’hypothèse d’Aristote était vraie ou fausse.

Mais depuis 1953 (découverte de l’ADN), nos scientifiques nous apprennent quelque chose qui va exactement dans le sens d’Aristote : si des instructions sont transmises par un message génétique, alors les atomes vont pouvoir être constitués en organisme vivant et construire, comme dans votre exemple, une vache.

S'il n'y a pas d'instructions ADN, il n’y a pas de vie (pierre, caillou ou cristal, ou autre...)

C'est d'ailleurs de cette façon que tous nos biologistes répondent à la question : telle "chose" est-elle du vivant ou pas ?

Réponse : il suffit de voir s'il y a un message génétique.

S'il n'y a pas de message génétique, alors la "chose" est "inerte" = non animée, et elle ne  sera jamais animée. C’est la pierre.

S’il y a un message génétique, alors cette "matière" est animée et elle le sera, durant la durée de la vie de l'organisme en question. Car les atomes sont organisés en organisme grâce aux instructions contenues dans le message génétique que nous pouvons voir selon nos préférences comme un véritable plan d’architecte, un  livre d’instructions ou encore, une partition de musique.

On peut même, aujourd'hui, "lire" son message génétique (c’est le séquençage de l’ADN) et connaitre la couleur des yeux, le sexe, l'espèce animale dont ce message est le plan de construction. Et cette lecture du message peut être effectuée dès la fécondation, c’est-à-dire dès la création du nouveau message génétique réalisé lors de la rencontre des deux messages des deux parents. Ce qui est d’ailleurs assez dangereux tant que des gens envisageront de pratiquer la sélection appelée eugénisme.

On notera au passage que nous n’avons pas affaire à de la « matière vivante », ces mots ne veulent rien dire du tout,  car il n’existe pas de  « matière vivante ». Ce qui existe c’est : de la matière « animée » ce qui est très différent, comme l’a montré Aristote contre Platon. Un vivant est d’abord un « psychisme » qui subsiste alors que toute la matière, les atomes, sont remplacés sans cesse. Les atomes ne font rien par eux-mêmes, ils entrent dans une composition, ils ne font que passer.

L’information est première, le message est premier, la Parole, comme disent les Hébreux Bibliques.

On pourrait développer cela longtemps, j'espère que ces quelques lignes auront répondu à votre question. Bon We et bonne route pour le bac.

Bien amicalement.
Brunor

*Conseil Européen pour la Recherche Nucléaire

** Une information qui met en danger le matérialisme athée, qui affirme que la matière, les atomes sont  l’Être Absolu, puisqu’ils ne sont pas créées par un Dieu et qu’ils sont donc éternels. Ce qui est erroné, depuis que nous savons qu’ils ont eu un commencement.

Cette chronique est écrite par Mr Bruno Brunor, auteur des bandes dessinées « Les indices pensables ». Les images que vous voyez sont tirées des bandes dessinées.

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