29Le lendemain, Jean vit Jésus qui venait vers lui, et il dit: "Voici l'agneau de Dieu, voici celui qui ôte le péché du monde. 30C'est de lui que j'ai dit: un homme vient après moi, qui est passé devant moi, parce qu'il était avant moi." 31Et moi, je ne le connaissais pas, mais c'est afin qu'il fût manifesté à Israël que je suis venu baptiser dans l'eau."
Saint Jean Chrysostome
Ou bien, saint Matthieu raconte l'arrivée de Jésus-Christ sur les bords du Jourdain pour recevoir le baptême, et saint Jean une autre démarche du Sauveur pour se rendre près de Jean-Baptiste après son baptême, c'est ce que semble indiquer la suite de son récit: «J'ai vu l'Esprit descendre du ciel comme une colombe», etc. Les Évangélistes se sont comme partagé, en effet, les diverses époques de la vie de Jésus. Saint Matthieu passe sous silence tous les faits qui ont précédé la prison de Jean-Baptiste, et passe immédiatement aux événements qui l'ont suivie; tandis que saint Jean s'attache surtout à raconter les faits qui ont eu lieu avant que le saint Précurseur fût jeté dans les fers. C'est ce qu'il fait en ces termes: «Le lendemain, Jean vit Jésus», etc. Pourquoi Jésus vient-il trouver Jean-Baptiste une seconde fois après son baptême? parce que le Sauveur avait été baptisé avec un grand nombre d'autres, et qu'il ne voulait pas qu'on put soupçonner qu'il était venu trouver Jean-Baptiste pour le même motif, c'est-à-dire pour confesser ses péchés, ou recevoir dans le Jourdain le baptême de pénitence. Il revient donc trouver Jean-Baptiste, pour lui donner occasion de détruire cette fausse opinion, ce que Jean fait en ces termes: «Et il dit: Voici l'Agneau de Dieu», etc. Il était de toute évidence, en effet, que celui dont la sainteté infinie devait effacer les péchés des autres, ne venait pas pour confesser ses péchés, mais pour donner occasion à Jean-Baptiste de lui rendre témoignage. Disons encore qu'il vient une seconde fois pour confirmer la vérité des premiers témoignages dans l'esprit de ceux qui les avait entendus, et les préparer à en recevoir d'autres. Jean-Baptiste dit: «Voici l'Agneau de Dieu», pour signifier que c'est cet Agneau qui était autrefois attendu, pour rappeler la prophétie d'Isaïe, les symboles figuratifs de la loi ancienne, et conduire ainsi plus facilement les hommes à la vérité par les figures.
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Saint Augustin
Si un agneau est innocent, et que Jean soit un agneau, n'est-il pas innocent par là même? Mais tous les hommes descendent de cette race coupable dont David disait en gémissant: «Voici que j'ai été conçu dans l'iniquité» (Ps 50,7) Il n'y a donc que cet Agneau qui ne soit point né de cette race. Il n'a point été conçu dans l'iniquité, et sa mère ne l'a point nourri dans son sein d'un sang impur. Il a été conçu par une vierge, enfanté par une vierge, parce qu'elle l'a conçu par la foi, et que c'est par la foi qu'elle lui a donné le jour.
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Origène
On offrait dans le temple comme victimes cinq espèces d'animaux, trois choisies parmi les animaux terrestres, le veau, la brebis et la chèvre, deux parmi les oiseaux, la tourterelle et la colombe. L'espèce ovine en fournissait trois: le bélier, la brebis et l'agneau, et parmi ces trois derniers, Jean-Baptiste choisit l'agneau comme figure du Sauveur, parce que l'agneau était la victime des sacrifices qu'on offrait chaque jour, l'un le matin et l'autre le soir. Or, quel est ce sacrifice que la nature raisonnable doit offrir à Dieu chaque jour, si ce n'est le Verbe toujours plein de force, de vie et de beauté, et qui nous est ici représenté sous la figure d'un agneau? C'est lui qui sera notre sacrifice du matin, qui applique notre intelligence à la méditation des vérités divines, car notre âme ne peut toujours être appliquée à des choses aussi relevées, à cause de son étroite union avec ce corps mortel qui l'appesantit. De cette vérité que Jésus-Christ est un agneau, nous pourrions tirer encore plusieurs conséquences très-utiles, et nous arriverions ainsi jusqu'au sacrifice du soir, qui représente les choses corporelles. Or, celui qui a offert cet agneau en sacrifice, c'est Dieu qui était comme caché dans l'homme; c'est le grand-prêtre qui a dit: «Personne ne m'ôte la vie, mais je la donne de moi-même», (Jn 10,18) et c'est pour cela qu'il est appelé l'Agneau de Dieu; car il a pris sur lui toutes nos infirmités (Is 53); il a effacé tous les péchés du monde (1P 2); et a reçu la mort comme un baptême (Lc 12). Dieu, en effet, ne laisse passer sans les reprendre et les châtier aucune de nos actions contraires à sa loi, et ce n'est qu'au prix des plus grands efforts qu'elles peuvent être ramenées à cette règle divine.
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Théophylactus
Ou bien encore, Jésus-Christ est appelé l'Agneau de Dieu, en ce sens que sa mort a été acceptée par Dieu le Père pour notre salut, ou parce qu'il l'a livré lui-même à la mort pour nous sauver. C'est ainsi que nous avons coutume de dire: «Cette offrande est de tel homme», c'est-à-dire que cet homme l'a offerte; de même Jésus-Christ est appelé l'Agneau de Dieu, parce que Dieu a offert son Fils à la mort pour notre salut. L'agneau figuratif n'a effacé le péché d'aucun homme; l'Agneau véritable a effacé le péché du monde tout entier qu'il a délivré de la colère de Dieu, aux châtiments de laquelle il était exposé. C'est pour cela que Jean-Baptiste dit: «Voici celui qui efface le péché du monde». Il ne dit pas: Qui effacera, mais: «Qui efface les péchés du monde», c'est-à-dire qu'il continue toujours de le faire. Ce n'est pas seulement dans sa passion et sur la croix qu'il efface le péché du monde, il n'a cessé de l'effacer depuis sa mort jusqu'à présent, il n'est pas toujours crucifié, il est vrai, puisqu'il n'a offert qu'un seul sacrifice pour nos péchés, mais il ne cesse de les effacer par la vertu de ce sacrifice.
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Saint Grégoire le Grand
Il ôtera entièrement le péché du genre humain, lorsque notre corruption sera remplacée par la glorieuse incorruptibilité; car nous ne pouvons être affranchis de tout péché tant que nous sommes retenus captifs dans ce corps de mort.
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Théophylactus
Mais pourquoi dit-il: «Le péché du monde», et non pas: Les péchés du monde? C'est pour renfermer dans cette dénomination générale l'universalité des péchés, comme lorsque nous disons: l'homme a été chassé du paradis, c'est-à-dire le genre humain tout entier.
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Bède le Vénérable
Ou bien, le péché du monde signifie le péché originel, qui est commun au genre humain tout entier. Or, c'est ce péché originel, et tous ceux que les hommes y ont ajoutés, que Jésus-Christ efface par sa grâce.
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Saint Augustin
Celui qui, en prenant notre nature, n'a point pris notre péché, est celui-là même qui efface notre péché. Vous savez qu'il est des hommes qui tiennent ce langage: Nous remettons les péchés aux hommes, parce que nous sommes saints; car si celui qui baptise n'a pas la sainteté, comment peut-il effacer le péché d'un autre, lui dont l'âme est souillée par toute sorte de péchés? A ces prétentions, nous nous contentons d'opposer ces paroles: «Voici celui qui efface le péché du monde», paroles qui détruisent toute confiance présomptueuse dans les hommes.
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Origène
De même qu'au sacrifice de l'agneau figuratif les autres sacrifices prescrits par la loi se trouvaient joints par un lien étroit, ainsi au sacrifice de l'Agneau véritable, viennent s'unir par un lien non moins intime, d'autres sacrifices semblables, le sacrifice des martyrs qui répandent leur sang, et dont la patience, la foi et le zèle ardent détruisent et anéantissent tous les obstacles que les impies voudraient apporter au bien.
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Théophylactus
Jean-Baptiste avait dit précédemment à ceux qu'on lui avait envoyés: «Il y en a un au milieu de vous que vous ne connaissez pas», il le fait connaître maintenant à ceux qui l'ignoraient: «C'est celui dont j'ai dit: Un homme vient après moi», etc. Il appelle le Seigneur un homme, parce qu'il avait atteint la plénitude de l'âge, puisqu'il fut baptisé à l'âge de trente ans; ou encore, parce qu'il est le mari spirituel de l'âme et l'époux de l'Eglise, ce qui a fait dire à saint Paul: «Je vous ai fiancés à un seul homme qui est Jésus-Christ, pour vous présenter à lui comme une vierge toute pure» (2Co 2,2).
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Saint Augustin
Il est venu après moi, parce que sa naissance a suivi la mienne, mais «il a été fait avant moi», c'est-à-dire qu'il a été placé au-dessus de moi.
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Saint Grégoire le Grand
La raison de cette prééminence de Jésus, c'est, ajoute-t-il: «Qu'il était avant moi», c'est-à-dire, quoique ma naissance précède la sienne, il ne laisse pas d'être au-dessus de moi, parce que son existence n'est point limitée par l'époque de sa naissance, car celui qui a voulu naître d'une mère dans le temps, a été engendré par son Père on dehors de toute succession de temps.
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Théophylactus
Ecoutez ces paroles, ô Arius ! Jean ne dit pas: Il a été créé avant moi, mais: «Il était avant moi». Que les sectateurs de Paul de Samosate entendent aussi ces paroles, et qu'ils apprennent que Jésus ne tire pas sa première origine de Marie, car s'il avait reçu d'elle le principe de son existence, comment aurait-il pu exister avant son précurseur, puisqu'il est évident que la naissance de Jean-Baptiste précédait de six mois la naissance temporelle de Jésus-Christ ?
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Saint Jean Chrysostome
On pouvait soupçonner Jean-Baptiste d'obéir à la voix de l'amitié ou aux liens du sang qui l'unissaient à Jésus-Christ en lui rendant un si glorieux témoignage; aussi se hâte-t-il d'ajouter: «Et moi, je ne le connaissais pas», ce qui devait paraître vraisemblable, puisque Jean avait toujours vécu dans le désert. Les prodiges qui avaient entouré le berceau de Jésus enfant, par exemple, lors de l'adoration des mages, ou dans d'autres circonstances semblables, remontaient à une époque déjà éloignée, et au temps de la première enfance de Jean-Baptiste. Depuis, le Sauveur avait passé sa vie dans l'obscurité, et sans être connu de personne, comme le déclare Jean-Baptiste lui-même: «Mais c'est afin qu'il fût manifesté en Israël, que je suis venu baptiser dans l'eau». Donc tous ces prétendus miracles avec lesquels Jésus se serait joué dès son enfance, sont autant de fictions dénuées de fondement. Si Jésus avait fait des miracles dès sa première enfance, Jean l'aurait connu de quelque manière, et le peuple n'eût pas en besoin qu'on le lui fit connaître. Ce baptême n'était donc nullement nécessaire au Sauveur, et il n'avait d'autre raison que de préparer les hommes à croire en Jésus-Christ. Aussi Jean-Baptiste ne dit pas: Je suis venu pour purifier ceux qui reçoivent mon baptême, ou pour les délivrer de leurs péchés, mais: «Je suis venu, afin qu'il fût manifesté eu Israël». Mais ne pouvait-il donc faire connaître Jésus-Christ, et déterminer le peuple à croire en lui, sans qu'il fût nécessaire de baptiser? Oui, sans doute, mais il atteignait ainsi plus facilement ce but, car la foule ne se fût pas empressée d'accourir à lui, si la prédication n'eût pas été suivie du baptême.
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Saint Augustin
Mais dès que le Seigneur fut connu, il était inutile de lui préparer les voies, puisqu'il devenait lui-même la voie pour ceux qui le connaissaient. Aussi le baptême de Jean ne dura plus longtemps, et seulement jusqu'à ce qu'il eût fait connaître suffisamment le Sauveur, si humble dans tout son extérieur. (Tr. 5). C'est donc pour nous donner un exemple d'humilité, et nous engager à recevoir le baptême qui efface les péchés et nous donne le salut, que le Seigneur a daigné être baptisé des mains de son serviteur. Mais afin que le baptême du serviteur ne fût pas mis au-dessus du baptême du Seigneur, d'autres reçurent aussi le baptême du serviteur. Or ceux qui recevaient le baptême du serviteur, devaient encore nécessairement recevoir le baptême du Seigneur, tandis que ceux qui recevaient le baptême du Seigneur, n'avaient nul besoin du baptême du serviteur.
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32Et Jean rendit témoignage en disant: "J'ai vu l'Esprit descendre du ciel comme une colombe, et il s'est reposé sur lui. 33Et moi je ne le connaissais pas; mais celui qui m'a envoyé baptiser dans l'eau m'a dit: Celui sur qui tu verras l'Esprit descendre et se reposer, c'est lui qui baptise dans l'Esprit-Saint. 34Et moi j'ai vu et j'ai rendu témoignage que celui-là est le Fils de Dieu."
Saint Jean Chrysostome
Le témoignage que Jean-Baptiste avait rendu à Jésus, qu'il pouvait seul remettre les péchés du monde entier, avait pour objet un mystère si relevé qu'il pouvait jeter dans l'étonnement et la stupeur ceux qui l'entendaient, et c'est pour le rendre plus digne de foi qu'il le fait remonter jusqu'à Dieu et à l'Esprit saint. En effet, on pouvait dire à Jean: «Comment donc l'avez-vous connu ?» C'est, répond-il par l'Esprit saint qui est descendu sur lui: «Et Jean rendit encore ce témoignage: J'ai vu l'Esprit saint descendre sur lui», etc.
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Saint Augustin
Ce n'est pas cependant que Jésus n'ait reçu l'onction de l'Esprit saint, que lorsqu'il descendit sur lui, après son baptême, sous la forme d'une colombe. Le Sauveur daignait alors représenter son corps mystique, c'est-à-dire son Eglise, dans laquelle surtout ceux qui sont baptisés reçoivent l'Esprit saint. Il serait, en effet, de la dernière absurdité de croire que Jésus ne reçut l'Esprit saint qu'à l'âge de trente ans, puisqu'il avait cet âge lorsqu'il fut baptisé et qu'il vint recevoir le baptême de Jean sans aucun péché, mais aussi sans avoir reçu l'Esprit saint. Il est écrit de Jean, son serviteur et son précurseur: «Il sera rempli de l'Esprit saint dès le sein de sa mère» (Lc 1,15), et quoiqu'il eût un homme pour père, il reçut l'Esprit saint dès le sein de sa mère, que devrons-nous donc penser et croire de Jésus-Christ fait homme, lui dont la conception dans le sein de sa mère eut pour principe, non point la chair, mais l'Esprit ?
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Saint Augustin
Nous ne disons pas que Jésus-Christ seul avait un véritable corps, tandis que l'Esprit saint ne se manifesta aux yeux des hommes que sous une apparence trompeuse. Il est aussi indigne de l'Esprit saint que du Fils de Dieu, d'induire les hommes en erreur. Aussi disons-nous que Dieu, qui a créé tout de rien, a pu fort bien créer un véritable corps de colombe sans l'intermédiaire d'aucun oiseau de cette espèce, avec la même facilité qu'il forma un véritable corps dans le sein de la Vierge, sans le concours d'aucun homme.
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Saint Augustin
L'Esprit saint s'est manifesté aux hommes sous deux formes visibles différentes, sous la forme d'une colombe lorsqu'il descendit sur Notre-Seigneur après son baptême, et sous la forme de langues de feu quand il descendit sur les Apôtres réunis. D'un côté, c'est le symbole de la simplicité, de l'autre, l'emblème de la ferveur. La forme de la colombe apprend à ceux qui ont été sanctifiés par l'Esprit saint, à fuir toute duplicité; et le feu enseigne à la simplicité, à ne point faire ses actions avec froideur. Ne vous étonnez pas que les langues soient divisées. Ne craignez pas la division, reconnaissez dans la colombe le symbole de l'unité. Il fallait que l'Esprit saint descendît sur Notre-Seigneur sous la forme d'une colombe, pour apprendre à tous les chrétiens qu'on reconnaîtra qu'ils ont reçu l'Esprit saint, s'ils ont la simplicité de la colombe et s'ils vivent avec leurs frères dans cette paix véritable que figurent les baisers des colombes. Les corbeaux donnent aussi des baisers, mais en même temps ils déchirent; la colombe ne sait point déchirer, les corbeaux se nourrissent de corps qui ont été mis à mort, ce que ne fait pas la colombe, qui ne se nourrit que des fruits de la terre. Que si la colombe fait entendre des gémissements d'amour, ne soyons pas surpris que l'Esprit saint ait voulu apparaître sous la forme d'une colombe, lui qui prie pour nous par ses gémissements ineffables. (Rm 8,26) Ce n'est point en lui même, mais en nous que l'Esprit saint gémit par les gémissements qu'il nous inspire. Celui qui gémit d'être accablé sous le poids de ce corps mortel, et de vivre éloigné du Seigneur, gémit d'une manière agréable à Dieu. Mais il en est beaucoup qui gémissent d'être privés de la félicité de ce monde, ou d'être brisés par les épreuves, accablés sous le poids écrasant des infirmités du corps, ce ne sont pas là les gémissements de la colombe. Sous quelle forme devait se manifester l'Esprit saint pour représenter l'unité, si ce n'est sous la forme de la colombe, afin de pouvoir dire à l'Eglise, après lui avoir donné la paix; «Ma colombe est unique ?» (Ct 6,8)
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Saint Augustin
Quel symbole plus convenable de l'humilité, que cet oiseau simple et gémissant? La sainte et véritable Trinité apparut toute entière dans cette circonstance; le Père, dans cette voix qui dit: «Vous êtes mon Fils bien-aimé» (Lc 3,22). Le Fils dans celui qui est baptisé, et l'Esprit saint dans la colombe. C'est au nom de cette Trinité, que les Apôtres ont été envoyés pour baptiser au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit (Mt 28,19).
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Saint Grégoire le Grand
Jean-Baptiste ajoute: «Et demeurer sur lui», car l'Esprit descend, il est vrai, dans le coeur de tous les fidèles, mais c'est dans le médiateur seul qu'il demeure d'une manière spéciale, parce qu'il ne s'est jamais séparé de l'humanité de Jésus, de la divinité duquel il procède. Or le Sauveur parlant à ses disciples de cet Esprit, leur dit aussi: «Il demeurera en vous» (Jn 14,17). A quel titre particulier demeure-t-il donc en Jésus-Christ? C'est ce qu'il nous sera facile de reconnaître si nous faisons une distinction entre les dons de l'Esprit saint. S'agit-il des dons sans lesquels il est impossible de parvenir à la vie, comme la douceur, l'humilité, la foi, l'espérance et la charité, l'Esprit saint demeure dans tous les fidèles. Mais quant aux dons qui out pour objet la manifestation de l'Esprit saint, et qui tendent moins à conserver la vie spirituelle en nous qu'à l'établir dans les autres, l'Esprit saint ne demeure pas toujours en ceux qui ont reçu ces dons, et il se dérobe quelquefois à l'éclat des miracles pour rendre plus humbles les vertus qu'il a inspirées; Jésus-Christ, au contraire, a eu toujours et en toutes circonstances l'Esprit saint en lui.
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Saint Jean Chrysostome
Que personne ne pense que Jésus-Christ eut besoin de recevoir l'Esprit saint, comme nous avons besoin de le recevoir nous-mêmes; Jean-Baptiste détruit jusqu'à l'ombre de ce soupçon, en déclarant que l'unique motif de la descente du Saint-Esprit sur Jésus était de le faire connaître: «Et moi je ne le connaissais pas, mais celui qui m'a envoyé baptiser dans l'eau, m'a dit: Celui sur qui tu verras l'Esprit saint descendre et se reposer, c'est lui qui baptise dans l'Esprit saint».
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Saint Augustin
Mais qui donc a envoyé Jean-Baptiste? Si nous disons: le Père, nous disons vrai; si nous disons: le Fils, nous disons vrai encore, mais beaucoup plus vrai, si nous disons le Père et le Fils. Mais comment pouvait-il ne pas connaître celui qui l'avait envoyé? S'il ne connaissait pas celui des mains duquel il voulait recevoir le baptême, il parlait donc d'une manière inconsidérée, lorsqu'il lui disait: «C'est moi qui dois être baptisé par vous». Il le connaissait donc, pourquoi donc alors affirme-t-il qu'il ne le connaissait pas?
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Saint Jean Chrysostome
Jean-Baptiste, en disant: «Je ne le connaissais pas», veut parler d'une époque antérieure et non de celle du baptême, où il dit à Jésus: «C'est moi qui dois être baptisé par vous».
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Saint Augustin
Si nous lisons les autres évangélistes qui se sont étendus davantage sur le baptême du Sauveur, nous y verrons de la manière la plus claire que la colombe est descendue sur le Seigneur, lorsqu'il sortit de l'eau. Or, si la colombe n'est descendue qu'après le baptême, et que Jean-Baptiste ait dit à Jésus avant son baptême: «C'est moi qui dois être baptisé par vous», il le connaissait donc avant son baptême; et comment alors a-t-il pu dire: «Je ne le connaissais pas, mais celui qui m'a envoyé baptiser m'a dit: Celui sur lequel vous verrez descendre l'Esprit saint ?» etc. Sont-ce ces dernières paroles qui lui ont fait connaître celui qu'il ne connaissait pas? Jean-Baptiste savait que le Sauveur était le Fils de Dieu, il savait également qu'il baptiserait dans l'Esprit saint. Car avant que Jésus-Christ se rendît sur les bords du Jourdain, alors que le peuple venait en foule trouver Jean-Baptiste, il leur dit: «Celui qui vient après moi est plus grand que moi, c'est lui qui vous baptisera dans l'eau et dans le feu». Mais que ne savait donc pas Jean-Baptiste? Il ne savait pas que le pouvoir du baptême devait appartenir exclusivement en propre au Seigneur, qui devait le conserver, de manière à ce que ni Pierre ni Paul ne pussent dire: «Mon baptême», comme nous voyons que Paul a dit: «Mon Évangile»; et que l'administration de ce sacrement devait être confié également aux bons et aux mauvais. Que vous importe un mauvais ministre, alors que le Seigneur est bon? On a rebaptisé après le baptême de Jean-Baptiste, on n'a point rebaptisé après le baptême d'un homicide, parce que Jean n'a donné que son baptême, et que l'homicide a donné le baptême de Jésus-Christ, et que la sainteté de ce sacrement est si grande, qu'elle ne peut être souillée par un ministre coupable d'homicide. Le Seigneur aurait pu, s'il avait voulu, donner à l'un de ses serviteurs le pouvoir d'administrer le baptême en son propre nom, et attribuer au sacrement de baptême conféré au nom de son serviteur, une efficacité aussi grande que celle du baptême donné par le Seigneur lui-même. Il ne l'a pas voulu, afin que ceux qui reçoivent son baptême missent toute leur espérance en celui au nom duquel ils reconnaîtraient avoir été baptisés, et il n'a point voulu qu'un serviteur plaçât son espérance dans un autre serviteur. S'il avait transmis ce pouvoir à ses serviteurs, il y aurait autant de baptêmes qu'il y a de serviteurs; et comme on a dit le baptême de Jean, on aurait dit aussi le baptême de Pierre ou de Paul. Ce pouvoir que Jésus-Christ s'est exclusivement réservé, est le fondement de l'unité de l'Eglise, dont il est dit: «Une seule est ma colombe». (Ct 6,8) Il peut se faire que quelqu'un ait reçu le baptême d'un autre que de la colombe, mais il est impossible que ce baptême ait pour lui la moindre efficacité.
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Saint Jean Chrysostome
Le Père avait fait entendre sa voix pour proclamer son Fils, l'Esprit saint descend des cieux pour fixer les paroles du Père sur la tête de Jésus-Christ, afin que personne ne fût tenté d'attribuer à Jean ce qui ne convenait qu'à Jésus-Christ. Mais comment, me dira-t-on, les Juifs ne crurent-ils pas s'ils ont vu l'Esprit saint descendre sur Jésus? C'est que de telles apparitions n'exigent pas seulement les yeux du corps, mais encore ceux de l'âme. Lorsqu'ils furent témoins des miracles que faisait Jésus, l'envie égara leur raison à ce point qu'ils affirmaient le contraire de ce qu'ils avaient vu; comment donc veut-t-on que la seule apparition de l'Esprit saint ait pu dissiper leur incrédulité? Suivant quelques-uns, tous ne virent pas l'Esprit saint, mais seulement Jean-Baptiste, et ceux dont les dispositions étaient meilleures; car bien qu'il fût possible de voir des yeux du corps l'Esprit saint descendre sous la forme d'une colombe, il n'était pas nécessaire que tous fussent témoins de cette apparition miraculeuse. Le prophète Zacharie (Za 1-6); Daniel (Da 7-10); Ezéchiel (Ez 1 Ez 3 Ez 8 Ez 10-11 Ez 37 Ez 40; etc.), n'eurent-ils pas plusieurs visions sous des formes sensibles, sans qu'aucun autre en fût témoin? Moïse lui-même, n'a-t-il pas vu des choses qui n'ont été révélées à aucun autre? c'est pour cela que Jean-Baptiste ajoute: «J'ai vu et j'ai rendu témoignage que celui-ci est le Fils de Dieu». Il lui avait donné le nom d'Agneau de Dieu, il avait annoncé qu'il baptiserait dans l'Esprit saint, mais jusqu'ici il ne l'avait point appelé Fils de Dieu.
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Saint Augustin
C'était au Fils unique de Dieu, et non point à un Fils adoptif que devait être réservé le pouvoir de baptiser. Les fils adoptifs sont les ministres du Fils unique, le Fils unique a seul le pouvoir du baptême, les fils adoptifs n'eu ont que l'administration.
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