Ce dimanche: La présentation de Jésus Christ au Temple (Lc 2, 22-40)

22Puis, lorsque les jours de leur purification furent accomplis, selon la loi de Moïse, ils le menèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, 23selon qu'il est écrit dans la loi du Seigneur : Tout mâle premier-né sera regardé comme consacré au Seigneur, 24et pour offrir en sacrifice, ainsi qu'il est dit dans la loi du Seigneur, une paire de tourterelles ou deux petites colombes. 
Saint Cyrille
Après la cérémonie de la circoncision venait celle de la purification dont l'Évangéliste dit: « Lorsque le temps de la purification de Marie fut accompli, selon la loi », etc.
Bède le Vénérable
Si vous examinez avec attention le texte de cette loi, vous conclurez certainement que la Mère de Dieu était affranchie de cette prescription légale, comme elle l'avait été de toute union charnelle. Car ce n'est point toute femme qui enfante qui est déclarée immonde, mais celle qui enfante par les voies ordinaires, pour distinguer de toutes les autres femmes celle qui conçut et enfanta sans cesser d'être vierge. Cependant Marie, à l'exemple de Jésus-Christ son fils, se soumet d'elle-même à cette loi, pour nous délivrer du joug de la loi. Tite. Aussi l'Évangéliste se sert-il de cette expression pleine de justesse « Lorsque les jours de sa purification furent accomplis selon la loi ». Et en réalité la Vierge sainte n'avait nul besoin d'attendre le jour de sa purification, elle qui, ayant conçu de l'Esprit saint, n'avait contracté aucune souillure.
Saint Athanase
Mais quand donc le Seigneur cessa-t-il un seul instant d'être en la présence de son Père, de manière à échapper à ses regards? et quel est l'endroit de la terre qui ne soit pas soumis à son empire, et où le Fils soit séparé de son Père, à moins qu'on ne l'apporte à Jérusalem et qu'on le présente au temple? N'oublions pas que toutes ces circonstances sont écrites à cause de nous; car de même que ce n'est point pour lui que le Sauveur s'est fait homme, et qu'il a été circoncis, mais pour faire de nous comme autant de dieux par sa grâce, et nous donner l'exemple de la circoncision spirituelle; de même, il se présente à son Père, pour nous apprendre à nous offrir tout entiers au Seigneur.
Bède le Vénérable
C'est le trente-troisième jour après la circoncision qu'il est présenté au temple, pour nous apprendre dans un sens mystique, que pour être digne des regards du Seigneur, il faut avoir retranché tous les vices par la circoncision spirituelle, et qu'à moins d'être affranchi de tous les biens de la mortalité, on ne peut entrer pleinement dans les joies de la cité céleste. « Comme il est écrit dans la loi du Seigneur ».
Origène
Où sont ceux qui nient que Jésus-Christ ait prêché dans l'Évangile le Dieu de la loi? Admettra-t-on que le Dieu bon ait assujetti son Fils à la loi de son ennemi, que lui-même n'avait point donnée? En effet, il est écrit dans la loi de Moïse: « Tout mâle ouvrant le sein de sa mère sera appelé la chose sainte du Seigneur ». - Ces paroles: « Ouvrant le sein de sa mère », s'appliquent également au premier né de l'homme et des animaux, l'un et l'autre, selon la loi, devaient être offerts au Seigneur, et appartenir au prêtre, avec cette différence que pour le premier né de l'homme, il devait en recevoir le prix, et qu'il faisait racheter le premier né de tout animal immonde.
Saint Grégoire de Nysse
Cette prescription de la loi paraît s'accomplir dans le Dieu incarné d'une manière toute particulière et toute exceptionnelle. Il est le seul, en effet, dont la conception ineffable et la naissance incompréhensible n'ait point ouvert le sein virginal que le mariage avait respecté, et qui a conservé miraculeusement après ce divin enfantement le sceau de la chasteté.
Saint Ambroise
Car ce n'est point l'union conjugale qui a ouvert le chaste sein de la Vierge, mais l'Esprit saint qui a déposé dans ce sanctuaire inviolab le le principe d'une naissance immaculée. Celui qui avait sanctifié le sein d'une autre femme pour la rendre mère d'un prophète, ouvrit lui-même le sein de sa mère pour en sortir sain et sans aucune souillure.
Bède le Vénérable
L'Évangéliste, en disant: « Tout mâle qui ouvre le sein de sa mère », ne fait que s'accommoder au langage en usage pour les naissances ordinaires; car loin de nous la pensée que le Seigneur ait fait perdre par sa naissance la virginité au chaste sein qu'il avait sanctifié en y venant faire sa demeure.
Saint Grégoire de Nysse
C'est ici le seul enfant mâle qui, dans sa naissance, n'a rien contracté de la faute de la première femme. Aussi est-il appelé saint dans la force du terme, et l'ange Gabriel déclare pour ainsi dire que cette dénomination consacrée par la loi n'appartient qu'à lui seul, lorsqu'il dit: «Le fruit saint qui naîtra de vous sera appelé le Fils de Dieu ». Pour les autres premiers nés, ils sont appelés saints, dans le style des Écritures, parce qu'ils tiennent ce nom de leur consécration à Dieu; mais quant au premier né de toute créature, l'ange proclame qu'il naît saint d'une sainteté qui lui appartient en propre.
Saint Ambroise
Mais entre tous les enfants nés de la femme, Notre-Seigneur Jésus-Christ est le seul que le miracle inouï jusqu'alors de sa naissance immaculée ait préservé de la contagion de la corruption terrestre, qu'il a écarté par sa puissance toute divine. Si nous prenions les choses au pied de la lettre, comment pourrait-on dire que tout enfant mâle est saint, alors que nous savons qu'un grand nombre d'entre eux ont été les plus scélérats des hommes? Mais celui-là seul est véritablement saint, que les préceptes de la loi divine annonçaient d'avance en figure du mystère qui devait s'accomplir, parce que seul il devait ouvrir le sein mystérieux de la sainte Église vierge, pour engendrer tous les peuples à Dieu.
Saint Cyrille
O profondeur des conseils de la sagesse et de la science de Dieu ! celui qui est honoré avec son Père dans tous les sacrifices, lui offre lui-même des victimes; la vérité observe les cérémonies figuratives de la loi, celui qui comme Dieu est l'auteur de la loi, se soumet comme homme aux prescriptions de la loi: « Et pour offrir en sacrifice, ainsi que le prescrit la loi du Seigneur, deux tourterelles ou deux petits de colombes» ( Lv 16).
Bède le Vénérable
C'était l'offrande des pauvres; en effet, d'après la loi, ceux qui en avaient le moyen devaient offrir pour un enfant mâle ou pour une fille, un agneau, et en même temps une tourterelle ou une colombe: s'ils étaient pauvres et n'avaient pas le moyen d'offrir un agneau, ils offraient à la place deux tourterelles ou deux petits de colombe. Ainsi le Seigneur, de riche qu'il était, a daigné se faire pauvre, afin de nous faire entrer par sa pauvreté en participation de ses richesses.
Saint Cyrille
Examinons quelle est la signification mystérieuse de ces offrandes. La tourterelle est de tous les oiseaux celle dont le chant est le plus fréquent et le plus continu; et la colombe est un animal plein de douceur. Or, c'est sous ces deux qualités que notre Sauveur s'est présenté à nous, toute sa vie a été le modèle de la plus parfaite douceur, et comme la tourterelle il a attiré à lui tout l'univers, en remplissant son jardin de ses célestes mélodies (cf. Ct 2, 1). On immolait donc une tourterelle ou une colombe en figure de celui qui devait être immolé pour la vie du monde.
Bède le Vénérable
Ou bien la colombe est le symbole de la simplicité, et la tourterelle l'emblème de la chasteté, parce que la colombe aime par instinct la simplicité, et la tourterelle la chasteté. En effet, si la tourterelle vient à perdre sa compagne, elle n'en cherche pas une autre. C'est donc pour une raison mystérieuse qu'on offrait à Dieu une tourterelle et une colombe pour être immolés, parce que la vie simple et chaste des fidèles est aux yeux de Dieu un sacrifice agréable de justice.
Saint Athanase
La loi ordonnait d'offrir deux de ces oiseaux, parce que l'homme étant composé d'un corps et d'une âme, Dieu demande de nous deux choses, la chasteté et la douceur, non seulement du corps, mais aussi de l'âme; autrement l'homme ne serait à ses yeux qu'un hypocrite cherchant à dissimuler la malice secrète de son coeur, sous les dehors d'une innocente trompeuse.
Bède le Vénérable
Ces deux oiseaux, par l'habitude qu'ils ont de gémir, sont l'emblème des pieux gémissements des saints pendant la vie présente; ils diffèrent cependant en ce que la tourterelle recherche la solitude, tandis que la colombe aime à voler par compagnies. Aussi l'une représente plus particulièrement les larmes secrètes de l'oraison, et l'autre les assemblées publiques de l'Église.
Bède le Vénérable
Ou bien encore la colombe qui aime à voler par troupes, signifie le grand nombre de ceux qui mènent la vie active; la tourterelle qui recherche la solitude représente les âmes qui gravissent les hauteurs de la vie contemplative. Ces deux offrandes sont également agréables à Dieu, aussi est-ce avec dessein que saint Luc ne précise pas si on a offert au Seigneur des tourterelles ou des petits de colombes, pour ne point paraître donner la préférence à l'un de ces deux genres de vie, mais nous enseigner que nous devions suivre l'un et l'autre.
25Or, il y avait à Jérusalem un homme nommé Siméon; c'était un homme juste et pieux, qui attendait la consolation d'Israël, et l'Esprit-Saint était sur lui. 26L'Esprit-Saint lui avait révélé qu'il ne mourrait point avant d'avoir vu le Christ du Seigneur. 27Il vint donc dans le temple, poussé par l'Esprit. Et comme ses parents amenaient l'enfant Jésus pour observer les coutumes légales à son égard, 28lui-même le reçut en ses bras, et il bénit Dieu en disant : 
Saint Ambroise
Ce ne sont pas seulement les anges et les prophètes, les bergers et les parents eux-mêmes de Jésus, mais les vieillards et les justes qui viennent rendre témoignage à sa naissance: « Or il y avait à Jérusalem un homme appelé Siméon, il était juste et craignant Dieu ».
Bède le Vénérable
L'Évangéliste nous dit qu'il était juste et craignant Dieu, parce qu'il est difficile de conserver la justice sans la crainte, non pas cette crainte qui redoute de se voir enlever les biens de la terre (et que la charité parfaite chasse dehors), mais cette chaste crainte de Dieu qui demeure éternellement, et qui porte le juste à fuir toute offense de Dieu, d'autant plus soigneusement qu'il a pour lui un amour plus ardent.
Saint Ambroise
Oui il était véritablement juste, lui qui cherchait, non pas sa consolation, mais celle de son peuple: « Et il attendait la consolation d'Israël ».
Saint Grégoire de Nysse
Ce n'est point la félicité de ce monde que le sage Siméon attendait pour la consolation d'Israël, mais le vrai passage pour son peuple aux splendeurs de la vérité qui devaient l'arracher aux ombres de la loi, car il lui avait été révélé qu'il verrait le Christ du Seigneur avant de quitter la terre: « Et l'Esprit saint était en lui , et il lui avait été révélé », etc.
Saint Ambroise
Il désirait sans doute voir se briser les liens qui l'attachaient à ce corps fragile et périssable, mais il attendait de voir celui qui était promis, car il savait qu'heureux seraient les yeux qui mériteraient de le voir.
Saint Grégoire le Grand
Nous pouvons juger de là combien vifs et ardents étaient les désirs des saints du peuple d'Israël, pour voir le mystère de l'incarnation du Sauveur.
Bède le Vénérable
Voir la mort, c'est en subir les atteintes, mais h eureux mille fois celui qui, avant de voir la dissolution de son corps par la mort, se sera efforcé de voir auparavant des yeux du coeur, le Christ du Seigneur, en transportant par avance sa vie dans la céleste Jérusalem, en fréquentant la maison de Dieu, c'est-à-dire, en suivant les exemples des saints, dans lesquels Dieu a fixé sa demeure. Or, c'est la même grâce de l'Esprit saint, qui lui avait annoncé par avance l'avènement du Sauveur, qui lui fait connaître le moment de sa venue: « Et il vint au temple conduit par l'Esprit ».
Origène
Et vous aussi, si vous voulez tenir Jésus et le serrer entre vos bras, faites tous vos efforts pour que l'Esprit saint lui-même vous serve de guide au temple de Dieu: « Et comme la parenté de l'enfant Jésus , l'y apportaient, afin d'accomplir pour lui ce qu'ordonnait la loi, il le prit dans ses bras ».
Saint Grégoire de Nysse
Quelle est heureuse l'entrée de ce saint vieillard dans le temple, puisqu'elle l'approche du terme désiré de sa vie ! Heureuses ses mains qui ont mérité de toucher le Verbe de vie; heureux ses bras qu'il ouvrit pour recevoir l'enfant divin.
Bède le Vénérable
Cet homme qui était juste selon la loi, prit l'enfant Jésus dans ses bras, pour signifier que la justice des oeuvres légales figurées par les mains et par les bras, devait faire place à la grâce humble mais efficace et salutaire de la foi évangélique. Ce saint vieillard prit dans ses bras Jésus enfant, pour annoncer que ce siècle accablé, décrépit de vieillesse, allait revenir à l'enfance et à l'innocence de la vie chrétienne.
29" Maintenant, ô Maître, vous congédiez votre serviteur en paix, selon votre parole; 30car mes yeux ont vu le salut, 31que vous avez préparé à la face de tous les peuples, 32lumière qui doit éclairer les nations et gloire d'Israël, votre peuple. " 
Origène
S'il suffit à une femme malade de toucher simplement le bord du vêtement de Jésus pour être guérie, que devons-nous penser de Siméon, qui tint ce divin enfant dans ses bras? Quelle dut être sa joie de porter dans ses bras celui qui était venu pour briser les chaînes des captifs, et qui seul, il le savait, pouvait le tirer de la prison de son corps avec l'espérance de la vie future? « Et il bénit Dieu en disant: C'est maintenant, Seigneur, que vous laisserez aller en paix votre serviteur ».
Théophylactus
En disant: Seigneur, il reconnaît qu'il est le maître de la mort et de la vie, et il proclame la divinité de l'enfant qu'il reçoit dans ses bras.
Origène
Il semble dire: Tant que je ne tenais pas le Christ dans mes bras, j'étais captif et je ne pouvais briser mes liens.
Saint Basile
Si vous examinez les paroles des justes, vous trouverez que tous gémissent sur les misères de ce monde, et sur la triste prolongation de cette vie: « Malheur à moi , dit David, parce que mon exil s'est prolongé » ( Ps 119).
Saint Ambroise
Considérez ce juste qui désire voir tomber les murs épais de la prison de son corps pour commencer à être avec Jésus-Christ. Mais que celui qui veut sincèrement sa délivrance, vienne dans le temple, qu'il se rende à Jérusalem, qu'il attende la venue du Christ du Seigneur, qu'il reçoive dans ses mains le Verbe de Dieu, et qu'il le tienne embrassé pour ainsi dire dans les bras de sa foi; alors les liens se briseront, et il ne verra point la mort, parce qu'il aura vu de ses yeux celui qui est la vie.
Saint Ambroise
Siméon bénit Dieu de ce que surtout les promesses qui lui avaient été faites, avaient reçu leur plein accomplissement, car il mérita de voir de ses yeux et de porter dans ses bras celui qui était la consolation d'Israël, c'est pour cela qu'il dit: « Selon votre parole », c'est-à-dire, lorsque j'aurai vu l'accomplissement de ce qui m'a été promis. Mais maintenant que j'ai contemplé la présence visible de celui qui était l'objet de mes désirs, vous pouvez délivrer votre serviteur qui ne sera ni effrayé des approches de la mort, ni troublé par aucune pensée de défiance ou d'incertitude; aussi ajoute-t-il: « En paix ».
Saint Grégoire de Nysse
Dès que Jésus-Christ a détruit le péché qui nous rendait les ennemis de Dieu et qu'il nous a réconciliés avec son Père, les saints quittent cette vie dans une profonde paix. Quel est celui, en effet, qui sort de ce monde en paix, si ce n'est celui qui a compris que Dieu était en Jésus-Christ, se réconciliant le monde ( 2Co 5 ), qui n'a rien en lui de contraire à Dieu, mais qui, par ses bonnes oeuvres, a établi dans son âme une paix parfaite?
Origène
Il lui avait été promis qu'il ne mourrait point avant d'avoir vu le Christ du Seigneur, et il montre l'accomplissement de cette promesse dans les paroles suivantes: « Parce que mes yeux ont vu le Sauveur que vous nous donnez ».
Saint Grégoire de Nysse
Bienheureux les yeux et de votre âme et de votre corps, ceux-ci, parce qu'ils ont joui de la présence visible de Dieu; ceux-là, parce que sans s'arrêter à ce spectacle visible, ils ont été éclairés des splendeurs de l'Esprit et ont reconnu le Verbe de Dieu dans une chair mortelle, car ce Sauveur que vos yeux ont vu, c'est Jésus lui-même, dont le nom seul annonce le salut à la terre.
Saint Cyrille
Or l'avènement du Christ était ce mystère qui a été révélé dans les derniers temps, mais qui avait été préparé dès l'origine du monde, c'est pour cela que Siméon ajoute: « Que vous avez préparé devant la face de tous les peuples », etc.
Saint Athanase
Il veut parler ici du salut que Jésus-Christ est venu apporter à l'univers entier. Comment donc est-il dit plus haut que Siméon attendait l a consolation d'Israël? C'est que l'Esprit saint lui avait fait connaître, que le peuple d'Israël recevrait sa consolation, lorsque le salut serait révélé à tous les peuples de la terre.
Saint Athanase
Considérez la pénétration de ce saint et auguste vieillard: avant qu'il fût honoré de cette bienheureuse vision, il attendait la consolation d'Israël, mais aussitôt qu'il a contemplé l'objet de ses espérances, il s'écrie qu'il a vu le salut de tous les peuples, car les splendeurs qui environnent ce divin enfant l'inondent d'une si vive lumière, que les événements qui doivent arriver dans la suite des temps lui sont pleinement révélés.
Théophylactus
C'est d'une manière significative que Siméon dit: « Devant la face de tous les peuples », car l'incarnation du Sauveur devait apparaître à tous les hommes. Il ajoute que ce salut sera la lumière des nations et la gloire d'Israël: « Pour être la lumière qui éclairera les nations ».
Saint Athanase
En effet, avant l'avènement de Jésus-Christ, les nations étaient plongées dans les plus profondes ténèbres, privées qu'elles étaient de la connaissance du vrai Dieu.
Saint Cyrille
Mais Jésus-Christ, par son incarnation, est devenu la lumière de ceux qui étaient ensevelis dans les ténèbres de l'ignorance et de l'erreur, et sur l esquels la main du démon s'était appesantie; et ils ont été appelés par Dieu le Père à la connaissance de son Fils, qui est la vraie lumière.
Saint Athanase
Le peuple d'Israël était éclairé, quoique faiblement, par la loi, aussi le vieillard Siméon ne dit pas que le Sauveur est venu leur apporter la lumière, mais il ajoute: « Pour être la gloire d'Israël, votre peuple ». Il rappelle le souvenir de l'histoire des anciens temps, alors que Moise sortait de ses entretiens avec Dieu, la figure toute rayonnante de gloire; ainsi après avoir eux-mêmes contemplé la divine lumière que répand l'humanité du Verbe, ils devaient rejeter le voile ancien pour être transformés en la même image de clarté en clarté, et de gloire en gloire.
Saint Cyrille
Car bien qu'un certain nombre d'entre eux se soient montrés rebelles, cependant ceux que Dieu s'est réservés ont été sauvés, et sont parvenus à la gloire par Jésus-Christ notre Seigneur. Les saints Apôtres qui ont éclairé tout l'univers de la lumière de leur céleste doctrine, ont été les prémices de ce peuple. Jésus-Christ lui-même a été personnellement la gloire du peuple d'Israël, parce qu'il a daigné sortir de ce peuple selon la chair, lui qui comme Dieu est le maître de tous les hommes et béni dans tous les siècles.
Saint Grégoire de Nysse
Siméon dit avec dessein: « De votre peuple », parce que non seulement il en a été adoré, mais il a voulu naître de ce peuple selon la chair. - Béde. Il dit qu'il sera la lumière des nations, avant d'ajouter: « Et la gloire d'Israël », parce que tout Israël ne sera sauvé que lorsque la multitude des nations sera entrée dans l'Église ( Rm 11).
33Et son père et sa mère étaient dans l'étonnement pour les choses que l'on disait de lui. 34Et Siméon les bénit, et il dit à Marie, sa mère : " Voici qu'il est placé pour la chute et le relèvement d'un grand nombre en Israël, et pour être un signe en butte à la contradiction, 35vous-même, un glaive transpercera votre âme, afin que soient révélées les pensées d'un grand nombre de cœurs. " 
Saint Grégoire le Grand
Chaque fois que la connaissance des choses surnaturelles revient à la mémoire, chaque fois aussi elles produisent dans l'âme un nouveau sentiment d'admiration et d'étonnement: «Et le père et la mère de Jésus étaient dans l'admiration des choses que l'on disait de lui».
Origène
Des choses qui avaient été annoncées par l'ange et publiées par la multitude de l'armée céleste, aussi bien que par les bergers et par Siméon lui-même.
Bède le Vénérable
Joseph est appelé le père du Sauveur, non qu'il soit véritablement son père (comme les photiniens l'ont osé blasphémer), mais parce que Dieu voulait qu'il passât aux yeux de tous pour son père, afin de sauvegarder la réputation de Marie.
Saint Augustin
Il peut être appelé d'ailleurs le père de Jésus dans le même sens qu'il est appelé l'époux de Marie, sans avoir avec elle aucun rapport charnel, et par le seul fait de l'union conjugale; et à ce titre il est son père d'une manière plus étroite que s'il l'avait adopté pour son enfant. Car pourquoi refuser à Joseph le nom de père de Jésus-Christ, parce qu'il ne l'avait pas engendré, alors qu'il pourrait être appelé très-bien le père d'un enfant qu'il aurait adopté, sans même que son épouse en fût la mère?
Origène
Si l'on désire une raison plus élevée, voici ce que l'on peut répondre: La suite de la généalogie descend de David à Joseph; or, on ne verrait pas trop pourquoi le nom de Joseph s'y trouve, puisqu'il n'est pas le père du Sauveur; il est donc appelé le père du Seigneur, pour ne point déranger l'ordre de la généalogie.
Origène
Après avoir offert à Dieu un juste tribut de louanges, Siméon bénit à leur tour ceux qui ont apporté l'enfant au temple: «Et Siméon les bénit». Cette bénédiction s'adresse à tous les deux, mais il réserve pour la mère de Jésus la prédiction des secrets divins. La bénédiction commune à Joseph et à Marie, respecte les droits que lui donne son titre de père; mais la prédiction que Siméon fait à Marie sente proclame hautement qu'elle est la véritable mère de Jésus: «Et il dit à Marie, sa mère», etc.
Saint Ambroise
La grâce de Dieu se répand sur tous avec abondance par la naissance du Sauveur, et si le don de prophétie est refusé aux incrédules, il est accordé aux justes; Siméon prophétise que Jésus est venu pour la ruine et la résurrection de plusieurs.
Origène
D'après l'explication la plus simple, on peut dire que Jésus-Christ est venu pour la ruine des infidèles et pour le salut de ceux qui croient.
Saint Jean Chrysostome
La lumière, bien qu'elle fatigue et trouble les yeux débiles, ne laisse pas d'être toujours la lumière; ainsi le Sauveur ne cesse point d'être Sauveur, quoiqu'un grand nombre d'hommes se perdent. Leur ruine, en effet, n'est point son oeuvre, elle est l'oeuvre de leur folie. Aussi sa puissance éclate à la fois dans le salut des bons, et dans la ruine des méchants; car plus le soleil est brillant, plus il éblouit et trouble les yeux affaiblis.
Saint Grégoire de Nysse
Considérez attentivement avec quel heureux choix d'expressions il fait ressortir cette distinction; la révélation du salut doit se faire devant tout le peuple, mais la ruine et le salut ne sont le partage que d'un grand nombre. Dieu, en effet, se propose le salut de tous les hommes, et leur élévation à une gloire toute divine, mais le salut et la perte dépendent de la volonté d'un grand nombre, de ceux qui embrassent la foi, et de ceux qui la rejettent. Or, il n'y a rien d'absurde à croire que ceux qui sont abattus, et que les incrédules soient relevés.
Origène
Un interprète trop subtil objectera peut-être que nul ne peut tomber s'il n'était préalablement debout; qu'il me dise donc quel est celui que le Sauveur a trouvé debout, et pour la ruine duquel il serait venu.
Saint Grégoire le Grand
de Nysse. Le saint vieillard Siméon veut donc ici parler d'une ruine entière et profonde, c'est-à-dire que le châtiment des coupables ne devait pas être, après l'accomplissement du mystère de l'incarnation et la prédication de l'Évangile, le même qu'il était avant la venue du Sauveur. Et il a surtout en vue les enfants d'Israël qui devaient perdre tous les biens dont ils jouissaient, et encourir des châtiments plus terribles que toutes les autres nations, parce qu'ils ont refusé de recevoir celui que leurs prophètes avaient annoncé, celui qui a été adoré parmi eux, celui qui est né du milieu d'eux. Ils sont donc particulièrement menacés de ruine, non seulement parce qu'ils n'ont rien à espérer pour le salut de leurs âmes, mais parce qu'ils verront l'entière destruction de leur ville et de ses habitants. Au contraire, la résurrection est promise à tous ceux qui croient, tant à ceux qui sont comme abattus sous le joug de la loi et qui seront relevés de cette servitude, qu'à ceux qui sont ensevelis avec Jésus-Christ, et qui ressusciteront avec lui.
Saint Grégoire le Grand
De l'admirable concordance de ces paroles avec les oracles prophétiques, apprenez que c'est un seul et même Dieu, un seul et même législateur qui a parlé dans les prophètes et dans le Nouveau Testament. En effet, les prophètes ont annoncé que le Christ serait une pierre de chute, une pierre de scandale ( Ps 117, 22; Mt 21, 42; Is 8, 14 ; Rm 9, 33), afin qu e ceux qui croient en lui ne soient pas confondus. Il est donc une cause de ruine pour ceux qui sont scandalisés de l'humilité de sa chair, et un principe de résurrection pour ceux qui ont reconnu la certitude de l'accomplissement des conseils divins.
Origène
Il y a encore ici une leçon plus élevée à l'adresse de ceux qui se récrient contre le Dieu créateur en disant: «Voyez quel est ce Dieu de la loi et des prophètes: C'est moi, dit-il, qui fais mourir, et c'est moi qui rend la vie». ( Dt 32). Or, si à cause de ces paroles vous le traitez de juge cruel et de créateur barbare, il est on ne peut plus évident que Jésus est son fils; car l'Écriture ne s'explique pas autrement à son égard, en disant qu'il est venu pour la fume et la résurrection de plusieurs.
Saint Ambroise
C'est-à-dire qu'il est venu pour apprécier et juger les mérites des justes et des pécheurs, et nous décerner, en juge équitable et intègre, des châtiments ou des récompenses, selon la nature de nos oeuvres.
Origène
Il n'est peut-être pas inutile de remarquer que le Sauveur n'est pas venu à l'égard de tous pour la ruine et pour la résurrection, entendues dans le même sens. En effet, comme je me tenais debout dans le péché, il a été d'abord dans mon intérêt de tomber, et de mourir au péché; et les prophètes eux-mêmes, quand une vision auguste se révélait à leurs yeux, tombaient la face contre terre, afin de se purifier davantage de leurs péchés par cette chute volontaire. Le Sauveur vous accorde d'abord la même grâce. Vous étiez pécheur; que le pécheur qui est en vous, tombe et meure, pour que vous puissiez ressusciter et dire: «Si nous mourons avec lui, nous vivrons aussi avec lui». ( 2Tm 2 ).
Saint Jean Chrysostome
Or, la résurrection, c'est une vie toute nouvelle; lorsqu'un impudique devient chaste, un avare miséricordieux, un homme violent, plein de douceur, c'est une véritable résurrection, où nous voyons le péché frappé de mort, et la justice ressuscitée.
Saint Basile
La croix est appelée par l'Écriture, dans un sens véritable, un signe de contradiction; car il est dit que Moïse fit un serpent d'airain, et l'éleva pour être un signe. ( Nb 21).
Saint Grégoire de Nysse
L'ignominie se trouve ici mêlée à la gloire. Ce signe nous offre, à nous chrétiens, ce double caractère de contradiction, lorsque les uns n'y voient qu'un objet de dérision et d'horreur; de gloire, lorsqu'il est pour les autres un signe auguste et vénérable. Peut-être aussi est-ce Jésus-Christ lui-même qui est ce signe, lui qui est supérieur à toute la nature, et l'auteur de tous les signes miraculeux.
Saint Basile
En effet, un signe est comme un indice qui nous fait connaître une chose mystérieuse et cachée; les plus simples voient le signe extérieur, mais il n'est compris que de ceux qui ont l'intelligence exercée.
Origène
Or, tout ce que l'histoire évangélique nous raconte de Jésus-Christ est contredit, non pas, sans doute, par nous qui croyons en lui, et qui savons que tout ce qui est écrit de lui est la vérité, mais par les incrédules, pour lesquels tout ce que l'Écriture nous rapporte du Sauveur est un signe et un objet de contradiction.
Saint Grégoire de Nysse
Cette prédiction concerne le Fils, mais elle s'adresse aussi à sa mère qui partage tous ses dangers comme toutes ses gloires, et le vieillard Siméon ne lui prédit pas seulement des joies, mais des afflictions et des douleurs: «Et votre âme sera percée d'un glaive».
Bède le Vénérable
Nous ne voyons dans aucune histoire que Marie ait fini ses jours par le glaive, d'ailleurs ce n'est pas l'âme, mais le corps qui est accessible aux coups mortels du glaive. Il nous faut donc entendre ici ce glaive dont le Psalmiste a dit: «Ils ont un glaive sur leurs lèvres ( Ps 58), et c'est ce glaive, c'est-à-dire la douleur que Marie éprouva de la passion du Sauveur, qui transperça son âme. Car bien qu'elle sût que Jésus-Christ, comme Fils de Dieu, mourait, parce qu'il le voulait, et qu'elle ne doutât nullement qu'il triompherait de la mort, cependant elle ne put voir crucifier le propre fils de ses entrailles sans un vif sentiment de douleur.
Saint Ambroise
Ou bien peut-être Siméon veut-il nous apprendre par ces paroles, que Marie n'ignorait point le secret des célestes mystères; car le Verbe de Dieu est vivant et efficace, et plus pénétrant que le glaive le plus aigu et le plus tranchant ( Hb 4).
Saint Augustin
Ou bien enfin, peut-être veut-il signifier que Marie elle-même, par laquelle s'est accompli le mystère de l'incarnation, a eu à la mort du Seigneur, et sous l'impression de la douleur comme un moment de doute et d'hésitation, en voyant le Fils de Dieu réduit à ce degré d'humiliation qui le faisait mourir sur une croix. Et de même qu'un glaive qui ne fait qu'effleurer un homme, lui donne un vif sentiment de crainte, mais sans le blesser; ainsi le doute lui inspira un vif sentiment de tristesse, mais sans donner la mort, parce qu'il ne s'arrêta pas dans son âme, mais la traversa seulement comme une ombre.
Saint Grégoire de Nysse
La mère de Jésus n'est point la seule dont le vieillard Siméon nous prédit les sentiments au temps de la passion du Sauveur; il ajoute: «Afin que les pensées cachées dans le coeur de plusieurs soient découvertes». Cette manière de parler indique tout simplement le fait qui doit arriver, et nullement la cause qui le produit. En effet, à la suite de tous ces événements, le voile qui couvrait les intentions d'un grand nombre, fut découvert; les uns reconnaissaient un Dieu dans celui qui mourait sur la croix, les autres, malgré cet affreux supplice, ne cessaient de l'accabler d'injures et d'outrages. Ou bien ces paroles signifient qu'au temps de la passion, on vit à découvert les pensées d'un grand nombre de coeurs, à qui la résurrection inspira ensuite de meilleurs sentiments; ca r le doute de quelques instants fit bientôt place à une certitude inébranlable. Peut-être encore le mot révélation a ici le sens d'illumination, comme dans beaucoup d'autres endroits de l'Écriture.
Bède le Vénérable
Jusqu'à la fin du monde, l'âme de l'Église est toujours traversée par le glaive de la plus amère tribulation, lorsqu'elle voit, en gémissant, que le signe de la foi est en butte aux contradictions des méchants, lorsqu'à la prédication de la parole de Dieu, elle en voit un grand nombre ressusciter à la vie avec Jésus-Christ, mais un grand nombre aussi tomber des hauteurs de la foi dans l'abîme de l'incrédulité; lorsque, pénétrant les pensées cachées dans le coeur d'une multitude de chrétiens, elle s'aperçoit que là où elle avait semé la bonne semence de l'Évangile, l'ivraie des vices l'emporte sur cette bonne semence, et quelque fois l'étouffe et la remplace entièrement.
Origène
Ily avait dans les hommes bien des pensées mauvaises qui ont été révélées, pour être détruites par celui qui a voulu mourir pour nous; car tant qu'elles demeuraient cachées, il était impossible de les détruire entièrement. Si donc nous avons péché, nous devons dire avec le Roi-prophète: «Je n'ai point caché mon iniquité» ( Ps 31, 3; cf. Job 31, 33); car si nous découvrons nos péchés, non seulement à Dieu, mais à ceux qui ont le pouvoir de guérir les blessures de notre âme, nos péchés seront complètement effacés.
36Il y avait aussi une prophétesse, Anne, fille de Phanouel, de la tribu d'Aser; elle était fort avancée en âge, ayant vécu, depuis sa virginité, sept ans avec son mari, 37et veuve jusqu'à quatre-vingt-quatre ans. Elle ne quittait point le temple, servant Dieu nuit et jour par des jeûnes et des prières. 38Survenant à cette heure, elle se mit à louer Dieu et à parler de l'enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem. 
Saint Ambroise
Siméon avait prophétisé, une femme mariée avait prophétisé, une vierge avait prophétisé; il fallait qu'une veuve aussi eût part à ce don de prophétie, pour que chaque condition, comme chaque sexe fût représenté dans cette circonstance: « Il y avait aussi une prophétesse nommée Anne, fille de Phanuel », etc.
Théophylactus
L'Évangéliste entre dans tous les détails qui peuvent nous faire connaître cette sainte prophétesse, il nous dit quel était son père, sa tribu, et semble produire de nombreux témoins qui connaissaient son père et sa tribu.
Saint Grégoire de Nysse
Ou bien peut-être alors, d'autres personnes portaient le même nom. Il fallait donc, pour la désigner plus clairement, dire quel était son père, sa famille et sa condition.
Saint Ambroise
Anne, par le mérite d'une longue viduité et par ses vertus, se présente avec tous les titres qui la rendent digne d'annoncer le Rédempteur de tous les hommes: « Elle était avancée en âge, elle n'avait vécu que sept ans avec son mari », etc.
Origène
Ce n'est point fortuitement et sans mérite de sa part que l'Esprit saint avait fixé en elle sa demeure. La première et la plus excellente grâce, c'est la grâce de la virginité; mais si une femme n'a pu y atteindre, et qu'elle vienne à perdre son mari, qu'elle reste veuve, et qu'elle soit dans cette disposition, non seulement après la mort de son mari, mais lorsqu'il vit encore; ainsi, en supposant même qu'elle ne devienne pas veuve, Dieu couronnera sa bonne volonté et sa généreuse résolution. Voici donc le langage qu'elle doit tenir: Je fais voeu, je promets, si ce malheur m'arrive (ce que je suis loin de désirer), de ne plus songer qu'à rester veuve et chaste toute ma vie. C'est donc à juste titre que cette sainte femme mérita de recevoir l'esprit de prophétie, parce que tant d'années passées dans la pratique de la chasteté, dans les jeûnes et dans les prières, l'avaient élevé à ce haut degré de sainteté: « Elle ne quittait point le temple, servant Dieu », etc.
Saint Grégoire de Nysse
Nous voyons par cette énumération qu'elle possédait toutes les autres vertus. Et voyez quelle conformité de vertus avec Siméon. Ils étaient ensemble dans le temple, ils furent tous deux, au même moment, jugés dignes du don de prophétie: « Et, survenant à cette même heure, elle louait le Seigneur », c'est-à-dire qu'elle lui rendait grâce en voyant le salut du monde au milieu du peuple d'Israël, et elle proclamait que Jésus était à la fois Rédempteur et le Sauveur de tous les hommes: « Et elle parlait de lui à tous ceux qui attendaient la rédemption d'Israël ». Mais comme la prophétesse Anne parle peu du Christ, et en termes peu précis, l'Évangéliste n'a pas cru devoir rapporter ses propres expressions. Peut-être pourrait-on dire que Siméon a parlé le premier, parce qu'il représentait la loi (car son nom veut dire obéissance), tandis qu'Anne (suivant l'interprétation de son nom), représentait la grâce. Le Christ se trouvait entre les deux, il laisse donc mourir avec la loi le vieillard Siméon, tandis qu'il prolonge la vie de cette sainte veuve qui représente la vie de la grâce.
Bède le Vénérable
Dans le sens allégorique, Anne est la figure de l'Église qui, dans la vie présente, est comme veuve par la mort de son époux. Le nombre des années de sa viduité représente la durée du pèlerinage de l'Église loin du Seigneur. En effet, sept fois douze font quatre-vingt-quatre. Or, le nombre sept exprime la suite des siècles (qui sont compris dans l'espace de sept jours), et le nombre douze se rapporte à la perfection de la doctrine apostolique. On peut donc dire, soit de l'Église universelle, soit de toute âme fidèle qui, dans tout le cours de sa vie, demeure fidèle à la doctrine des Apôtres, qu'elle a servi le Seigneur pendant quatre-vingt-quatre ans. Les sept ans qu'elle avait passés avec son mari rentrent aussi dans cette interprétation; car c'est par suite d'un privilège particulier à la majesté du Seigneur, de sa vie mortelle, que le nombre de sept années a été choisi pour exprimer la perfection. La prophétesse Anne est également favorable à ces significations mystérieuses, qui ont l'Église pour objet; car Anne veut dire sa grâce, elle est fille de Phanuel, qui signifie face de Dieu, elle est de la tribu d'Aser, qui veut dire bienheureux.
39Lorsqu'ils eurent accompli tout ce qui était selon la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, à Nazareth, leur ville. 40L'enfant croissait et se fortifiait, étant rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui. 41Or ses parents se rendaient chaque année à Jérusalem, pour la fête de la Pâque. 
Bède le Vénérable
Saint Luc omet ici ce qu'il savait avoir été raconté par saint Matthieu, c'est-à-dire, la fuite en Égypte, où les parents de l'enfant Jésus le transportèrent pour le dérober aux recherches homicides du roi Hérode; et après la mort de ce tyran, le retour en Galilée, dans la ville de Nazareth, où le Sauveur fixa son séjour. Les Évangélistes ont coutume en effet d'omettre certains faits qu'ils savent avoir été racontés, ou qu'ils prévoient, en vertu de l'inspiration, devoir l'être par les autres Évangélistes. ils poursuivent donc la suite de leur récit comme s'ils n'avaient omis aucun fait intermédiaire. Toutefois, un lecteur attentif, en comparant avec soin le récit d'un autre Évangéliste, voit immédiatement où les faits qui ont été omis doivent trouver place. Saint Luc donc, passant sous silence plusieurs de ces faits intermédiaires, continue ainsi son récit: « Et après qu'ils eurent accomplis», etc.
Théophylactus
Bethléem était leur ville comme patrie, et Nazareth l'était comme lieu de leur domicile.
Saint Augustin
On peut être surpris que saint Matthieu donne pour motif du retour des parents avec l'enfant dans la Galilée, la crainte qu'ils avaient d'Archélaüs, et qui les empêchait de se fixer dans la Judée, tandis que le motif déterminant de leur retour en Galilée, c'est que Nazareth, située dans la Galilée, était leur ville, comme saint Luc le remarque en cet endroit. Voici l'explication de cette difficulté: Lorsque l'ange apparaît en Égypte à Joseph pendant son sommeil, pour lui dire: «Levez-vous, prenez l'enfant et sa mère, et allez dans la terre d'Israël»,on peut très bien entendre que Joseph crut que l'ange lui donnait l'ordre de retourner en Judée, qui put se présenter la première à son esprit sous le nom de terre d'Israël. Mais lorsqu'ensuite il eut appris qu'Archélaüs, fils d'Hérode, régnait en Judée, il ne voulut point s'exposer à un si grand danger, d'autant plus que par terre d'Israël, il pouvait aussi bien entendre la Galilée, puisque le peuple d'Israël l'habitait également.
Saint Augustin
Ou bien encore, on peut dire que saint Luc parle ici du temps qui précède la fuite en Egypte, car Joseph ne fut point parti avant le temps de la purification de Marie. Or, avant de fuir en Egypte, aucune révélation ne les avait avertis d'aller à Nazareth, et ils s'y rendaient naturellement pour habiter de préférence dans leur patrie. En effet, ils n'étaient venus à Bethléem que pour s'y faire inscrire, et après avoir satisfait à la loi du dénombrement qui avait déterminé leur voyage, ils retournent à Nazareth.
Théophylactus
Le Sauveur aurait pu naître et sortir du sein de sa mère dans la plénitude de l'âge, mais ce développement instantané eut paru dépourvu de réalité, il veut donc croître par degrés et en suivant les progrès de l'âge: « L'enfant croissait et se fortifiait ».
Bède le Vénérable
IL faut faire attention à la signification bien distincte de ces paroles; car Notre-Seigneur n'avait besoin de croître et de se fortifier, que parce qu'il s'était fait enfant, et qu'il avait revêtu notre nature fragile et mortelle.
Saint Athanase
Mais si, comme quelques-uns le prétendent, la chair avait été changée et absorbée par la nature divine, comment pouvait-elle prendre de l'accroissement? car on ne peut sans blasphème attribuer de l'accroissement à celui qui est incréé.
Saint Cyrille
L'Évangéliste joint l'accroissement de la sagesse aux progrès de l'âge, en disant: « Et il se fortifiait », c'est-à-dire en esprit, car la nature divine se déclarait par degrés en se proportionnant aux progrès de l'âge.
Théophylactus
S'il eût fait éclater toute sa sagesse dès sa plus tendre enfance, on eût vu là un prodige étonnant, il se révéla donc en suivant le progrès de l'âge, pour parcourir ainsi toutes les phases de la vie. Si du reste il est dit qu'il se fortifiait en esprit, ce n'est point dans ce sens qu'il reçut la sagesse comme par degrés, car comment celui qui, dès le commencement avait toute perfection, aurait-il pu devenir plus parfait? Aussi l'Évangéliste ajoute: «Il était plein de sagesse, et la gloire de Dieu était en lui».
Bède le Vénérable
Plein de sagesse, parce que la plénitude de la divinité habitait en lui corporellement ( Col 2 , 9); plein de grâce, parce que Jésus-Christ fait homme a reçu dès le premier moment de son incarnation cette grâce extraordinaire d'être aussi Dieu parfait. A plus forte raison, en tant que Verbe de Dieu, et Dieu lui-même, il n'avait besoin ni de croître, ni de se fortifier. On peut dire encore que la grâce de Dieu était en lui, tout petit enfant qu'il était, afin de donner ainsi à son enfance remplie de la sagesse de Dieu ce caractère admirable qui est empreint sur sa vie toute entière. « Or ses parents allaient tous les ans à Jérusalem à la fête de Pâques ».
Saint Jean Chrysostome
La loi obligeait les Israélites à célébrer les grandes solennités, non seulement dans le temps, mais dans le lieu marqué, aussi les parents du Seigneur ne voulaient point célébrer la fête de Pâques hors de Jérusalem.
Saint Augustin
Mais comment Marie et Joseph pouvaient-ils se rendre chaque année à Jérusalem pendant l'enfance de Jésus, alors que la crainte d'Archélaüs devait les en éloigner? Cette difficulté serait facile à résoudre, alors même qu'un des Évangélistes aurait précisé la durée du règne d'Archélaüs, car les parents de Jésus pouvaient très bien venir à Jérusalem sans être remarqués parmi cette grande multitude qui s'y rendait pour la fête de Pâques, d'autant plus qu'ils s'en retournaient aussitôt. Au contraire ils pouvaient craindre d'y fixer leur séjour dans un autre temps de l'année. Ils satisfaisaient ainsi les devoirs de religion que la loi leur imposait, et ils ne s'exposaient point à être remarqués par un séjour prolongé. Mais comme tous les Évangélistes se taisent sur la durée du règne d'Archélaüs, nous sommes autorisés à entendre ce passage de saint Luc: «Ils allaient tous les ans à Jérusalem», d'un temps où Archélaüs n'était plus à redouter.

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