L'Office tire son origine de la pratique juive de réciter les psaumes plusieurs fois par jour à des heures déterminées et remonte à la liturgie du Temple. Les psaumes ont toujours été au cœur de la prière chrétienne et on peut prétendre que ce sont les prières les plus authentiques que nous avons, puisqu'elles sont divinement inspirées.
L'Office chrétien a été mis au point par des communautés monastiques au quatrième siècle. La forme que nous connaissons est le fruit d'un processus évolutif qui s'est déroulé sur de nombreux siècles. Au moyen âge, dans les cathédrales et les monastères, on avait recours à plusieurs livres pour réciter l'Office: le psautier, le lectionnaire, l'hymnaire, l'antiphonaire, etc. Cette complexité a conduit à la création du bréviaire, qui est une compilation à l'intérieur d'un seul livre des textes nécessaires pour prier l'Office. Le cœur du bréviaire est le psautier, qui se trouve généralement au milieu du livre. Le psautier est divisé en plusieurs jours et chaque jour est divisé en plusieurs heures ou offices, dont les principales sont les Laudes et les Vêpres.
Les prêtres et les religieux sont tenus de prier l'Office. Lorsqu'ils accomplissent ce devoir, leur prière a une valeur liturgique particulière, selon le concile Vatican II:
Lorsque cet admirable cantique de louange est accompli selon la règle par les prêtres ou par d’autres, délégués à cela par l’institution de l’Église, ou par les fidèles priant avec le prêtre selon la forme approuvée, alors c’est vraiment la voix de l’Épouse elle-même qui s’adresse à l’Époux ; et mieux encore, c’est la prière du Christ que celui-ci, uni à son Corps, présente au Père. (Sacrosanctum Concilium, 84).Les fidèles laïcs sont encouragés à prier l'Office (ibid., 100). Ce faisant, ils s'unissent à la prière de l'Église. L'Office est en effet la prière de toute l'Église, tant des clercs que des laïcs. Voici ce qu'écrit le bienheureux Paul VI:
L'Office, puisqu'il est la prière de tout le peuple de Dieu, a été conçu est disposé de façon à ce que non seulement les clercs, mais aussi les religieux et, mieux encore, les laïcs, puissent y participer. On a tenu compte de la diversité d'ordre et de degré des hommes et de leurs particularités en offrant diverses formes de célébration pour l'accomoder à une variété de groupes qui se servent de la Liturgie des Heures, selon leur condition et leur vocation. (constitution apostolique Laudis Canticum, ma traduction)Au moyen âge, l'Office était récité par quiconque pouvait lire et avait les moyens de se procurer un bréviaire ou un livre d'heures, comme on appelait les éditions faites spécialement pour les laïcs. Pour ceux qui ne savaient pas lire, le chapelet a été conçu comme une sorte de substitution à l'Office divin. Remarquez que le chapelet comporte 150 ave Maria (si on exclut les Mystères Lumineux de Jean-Paul II) qui correspondent aux 150 psaumes du psautier. Comme la plupart des laïcs étaient analphabètes, on les exhortait à réciter le chapelet. À une certaine époque, avec la montée du cléricalisme, on a commencé à décourager même les laïcs qui savaient lire de prier l'Office. Le concile Vatican II a apporté une réforme très attendue en cette matière, rendant l'Office plus accessible et le redonnant à l'Église entière plutôt que concentrer ce trésor entre les mains des clercs seulement. Malheureusement, même aujourd'hui où pratiquement tout le monde sait lire, l'Office divin demeure méconnu par bon nombre de fidèles laïcs.
Quelle que soit la valeur des dévotions privées comme le chapelet, il n'y a qu'une seule prière publique et officielle de l'Église. L’Office divin, écrit le Concile Vatican II, en tant que prière publique de l’Église, est la source de la piété et l’aliment de la prière personnelle (ibid., par. 90). L'Office a une valeur incomparable du point de vue spirituel et n'importe quel chrétien profiterait de l'intégrer dans sa prière personnelle. Si on ne peut pas le prier au complet, on est encouragé de prier les Laudes et les Vêpres qui sont les heures les plus importantes, ou n'importe quelle autre partie selon sa disponibilité. L'Office procure une stabilité et une régularité qui permet au chrétien d'avoir une vie de prière complète, en harmonie avec le calendrier liturgique. En 2011, le pape émérite Benoit XVI a fait une série de catéchèses sur la prière des psaumes, qu'il a terminée en disant ce qui suit:
Je voudrais renouveler mon appel à chacun de prier les psaumes, de devenir coutumiers de l'usage de la Liturgie des Heures, les Laudes, les Vêpres, et les Complies. Notre relation avec Dieu ne peut qu'être enrichie par notre cheminement avec Lui jour après jour.La plupart des chrétiens ont déjà lutté avec la prière. Tout le monde sait qu'il est difficile d'avoir une vie de prière régulière. Et pourtant c'est l'activité la plus importante du chrétien. Si vous êtes conscient de l'importance de prier mais vous n'arrivez pas à être fidèle dans la prière à tous les jours, une excellente solution est de vous mettre à prier une partie de l'Office.
L'Office a connu plusieurs formes au cours de son histoire et plusieurs offices continuent de coexister aujourd'hui. Certaines communautés monastiques ont leur propre office, tel que l'office bénédictin, et certains rites ont leur propre office, tel que l'office byzantin. À l'intérieur du rite romain, il existe actuellement deux formes: la Liturgie des Heures et le bréviaire romain.
La Liturgie des Heures est la forme la plus courante et sans doute la mieux adaptée aux laïcs. Elle est plus brève, plus simple et disponible en français. Le bréviaire romain est la forme de l'Office qui était en vigueur avant le concile Vatican II, mais qui continue de coexister avec la Liturgie des Heures grâce au motu proprio Summorum Pontificum de 2007. On le trouve surtout en latin, mais il existe des traductions non officielles.
Personnellement, j'emploie l'une ou l'autre forme selon mon humeur. Le plus souvent, je prie la Liturgie des Heures parce qu'elle est mieux adaptée à mon rythme de vie de père de famille. Si je me force un peu, j'arrive à prier tous les offices de la journée, ce qui serait plus difficile avec le bréviaire romain. Aussi, je profite beaucoup des lectures patristiques qui sont plus variées, mieux choisies et plus complètes dans la Liturgie des Heures que celles du bréviaire romain. Cela dit, le bréviaire romain a ses propres avantages, dont celui d'être plus en continuité avec la tradition en ce qui concerne la forme des offices.
Dans le prochain article de cette série, je passerai en revue les différentes éditions de la Liturgie des Heures et du bréviaire romain pour ceux qui pourraient s'intéresser à prier l'Office.
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