Ce dimanche: Apparition du Christ huit jours après Pâques (Jn 20, 19-31)

19Le soir de ce même jour, le premier de la semaine, les portes du lieu où se trouvaient les disciples étant fermées, parce qu'ils craignaient les Juifs, Jésus vint, et se présentant au milieu d'eux, il leur dit: "Paix avec vous!" 20Ayant ainsi parlé, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. 21Il leur dit une seconde fois: "Paix avec vous !" Comme mon Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie." 22Après ces paroles, il souffla sur eux et leur dit: "Recevez l'Esprit-Saint." 23"Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis; et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus." 24Mais Thomas, l'un des douze, celui qu'on appelle Didyme, n'était pas avec eux lorsque Jésus vint. 25Les autres disciples lui dirent donc: "Nous avons vu le Seigneur." Mais il leur dit: "Si je ne vois dans ses mains la marque des clous, et si je ne mets mon doigt à la place des clous et ma main dans son côté, je ne croirai point." 
Saint Jean Chrysostome
En apprenant de la bouche de Marie-Madeleine la nouvelle de la résurrection, les disciples devaient ou refuser d'y croire, ou en y ajoutant foi, s'attrister de ce que le Seigneur ne les avait pas jugés dignes de le voir eux-mêmes ressuscité. Jésus ne les laisse pas une seule journée dans ces pensées, et comme la nouvelle qu'ils avaient apprise qu'il était ressuscité, partageait leur esprit entre le désir de le voir et la crainte, lorsque le soir fut venu, il se présenta au milieu d'eux: «Sur le soir du même jour, qui était le premier de la semaine, les portes du lieu où les disciples se trouvaient rassemblés, étant fermées», etc.
Bède le Vénérable
Nous avons ici une preuve de la grande timidité des Apôtres qui les tient rassemblés les portes fermées de peur des Juifs, dont la crainte les avait déjà dispersés: «Jésus vint et se tint au milieu d'eux». Il leur apparaît le soir, parce que leur crainte devait alors être plus grande encore.
Théophylactus
Peut-être aussi voulut-il attendre ce moment pour les trouver tous réunis. Il entre les portes fermées, pour leur montrer qu'il était ressuscité de la même manière, en traversant la pierre qui recouvrait le sépulcre.
Saint Augustin
Il en est quelques-uns que ce fait étonne au point de mettre leur foi en péril, ils opposent aux miracles divins les préjugés de leurs raisonnements, et argumentent ainsi: Si c'était vraiment un corps, si le corps qui a été attaché à la croix est véritablement sorti du sépulcre, comment a-t-il pu traverser les portes qui étaient fermées? Si vous compreniez le comment, ce ne serait plus un miracle, là où la raison fait défaut, la foi commence à s'élever.
Saint Augustin
Les portes fermées ne purent faire obstacle à un corps où habitait la Divinité, et celui dont la naissance laissa intacte la virginité de sa Mère, put entrer dans ce lieu sans que les portes fussent ouvertes.
Saint Jean Chrysostome
Il est surprenant que la pensée ne soit point venue aux disciples que c'était un fantôme, mais Marie-Madeleine, en leur annonçant que Jésus était ressuscité, avait animé et développé leur foi. Il se manifesta lui-même ensuite à leurs yeux, et par ses paroles il affermit leur âme encore chancelante: «Et il leur dit: La paix soit avec vous», c'est-à-dire, ne vous troublez point. Il rappelle ici ce qu'il leur avait dit avant sa passion: «Je vous donne ma paix»; et encore: «C'est en moi que vous aurez la paix».
Saint Grégoire le Grand
Comme la foi de ses disciples avait encore quelque doute sur la vérité du corps qu'ils avaient devant les yeux, Notre-Seigneur, ajoute l'Évangéliste, leur montra aussitôt ses mains et son côté.
Saint Augustin
Les clous avaient percé ses mains, la lance avait ouvert son côté, et il avait voulu conserver les cicatrices de ses blessures pour guérir de la plaie du doute le coeur de ses disciples.
Saint Jean Chrysostome
Il accomplit la prédiction qu'il leur avait faite avant sa passion: «Je vous verrai de nouveau, et votre coeur se réjouira». Aussi l'Évangéliste remarque, «qu'ils furent remplis de joie voyant le Seigneur».
Saint Augustin
Cette gloire éclatante comme le soleil dont les justes brilleront dans le royaume de leur Père ( Mt 13), demeura voilée dans le corps de Jésus-Christ ressuscité, mais n'en fut point séparée. La faiblesse des yeux de l'homme n'aurait pu le considérer dans cet éclat, et il suffisait d'ailleurs alors à ses disciples de le voir de manière à pouvoir le reconnaître.
Saint Jean Chrysostome
Toutes ces circonstances donnaient à leur foi une certitude absolue; mais comme ils devaient avoir à soutenir contre les Juifs une lutte acharnée, il leur souhaite du nouveau la paix: «Il l eur dit de nouveau: La paix soit avec vous».
Bède le Vénérable
Ce souhait redoublé est une confirmation de la paix qu'il leur souhaite; et il le répète à deux fois parce que la vertu de charité a un double objet, ou bien parce que c'est lui «qui des deux peuples n'en a fait qu'un» ( Ep 2, 14).
Saint Jean Chrysostome
Il nous montre en même temps l'efficacité de la croix qui a dissipé toutes les causes de tristesse et a été pour nous la source de tous les biens, et c'est là la véritable paix. C'est ainsi qu'il avait fait porter précédemment aux saintes femmes ces paroles de joie, parce que ce sexe était comme dévoué à la tristesse par suite de cette malédiction prononcée contre lui: «Vous enfanterez dans la douleur» ( Gn 3). Mais maintenant que tous les obstacles sont renversés et toutes les difficultés aplanies, le Sauveur ajoute: «Comme mon Père m'a envoyé, moi-même je vous envoie».
Saint Grégoire le Grand
Le Père a envoyé son Fils lorsqu'il a décrété qu'il s'incarnerait pour la rédemption du genre humain. C'est pour cela qu'il dit à ses disciples: «Comme mon Père m'a envoyé, moi-même je vous envoie». C'est-à-dire en vous envoyant au milieu de tous les pièges que vous tendront les persécuteurs, je vous aime du même amour dont mon Père m'a aimé lorsqu'il m'a envoyé pour supporter toutes les souffrances que j'ai eu à endurer.
Saint Augustin
Nous savons que le Fils est égal à son Père, mais nous reconnaissons à ces paroles le langage du Médiateur. Il nous montre en effet qu'il est Médiateur en leur disant: «Mon Père m'a envoyé, et moi je vous envoie».
Saint Jean Chrysostome
C'est ainsi qu'il relève leur courage par la pensée des événements qui ont eu lieu et de la dignité de celui qui les envoie. Il n'adresse plus ici de prière à son Père, c'est de sa propre autorité qu'il leur communique une puissance toute divine: «Ayant dit ces paroles, il souffla sur eux et leur dit: Recevez l'Esprit saint».
Saint Augustin
Ce souffle extérieur ne fut point la substance de l'Esprit saint, mais une figure propre à nous faire comprendre que l'Esprit saint procédait non-seulement du Père, mais aussi du Fils. Car, qui serait assez dénué de raison pour prétendre que l'Esprit saint que Jésus donna à ses disciples en soufflant sur eux est différent de celui qu'il leur a envoyé après sa résurrection?
Saint Grégoire le Grand
Mais pourquoi le donne-t-il d'abord étant sur la terre à ses disciples, avant de le leur envoyer du ciel? C'est parce qu'il y a deux préceptes de la charité, le précepte de la charité de Dieu, le précepte de la charité du prochain. L'Esprit saint nous est donné sur la terre pour nous porter à l'amour du prochain; il nous est envoyé du haut du ciel pour nous inspirer l'amour de Dieu. De même que la charité est une, bien qu'elle ait deux préceptes pour objet, ainsi il n'y a qu'un seul esprit donné dans deux circonstances différentes, la première fois par le Sauveur, lorsqu'il était encore sur la terre; la seconde fois lorsqu'il fut envoyé du ciel, car c'est l'amour du prochain qui nous apprend à nous élever jusqu'à l'amour de Dieu.
Saint Jean Chrysostome
Quelques-uns prétendent que Notre-Seigneur n'a point donné l'Esprit saint à ses disciples, mais qu'il les prépara, en soufflant sur eux, à recevoir l'Esprit saint. En effet, si à la vue seule d'un ange Daniel fut saisi d'effroi, que n'auraient pas éprouvé les disciples en recevant ce don ineffable, si Jésus n'avait pris soin de les y préparer? On ne se trompera point du reste en disant qu'ils reçurent alors la puissance d'une grâce toute spirituelle, non point pour ressusciter les morts et faire des miracles, mais pour remettre les péchés, comme paraissent l'indiquer les paroles suivantes: «Les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez, et ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez».
Saint Augustin
La charité de l'Eglise que l'Esprit saint répand dans nos coeurs ( Rm 5) remet les péchés de ceux qui entrent en participation de cette divine charité, mais elle les retient à ceux qui n'y ont aucune part. C'est pour cela qu'après avoir dit: «Recevez l'Esprit saint», le Sauveur parle aussitôt du pouvoir de remettre et du retenir les péchés.
Saint Grégoire le Grand
Il faut remarquer que ceux qui ont reçu d'abord l'Esprit saint pour vivre dans l'innocence et prêcher d'une manière utile à quelques-uns, ont reçu ensuite visiblement ce même Esp rit, pour que les effets de leur zèle fussent moins restreints et s'étendissent à un plus grand nombre. J'aime à considérer à quel degré de gloire Jésus élève ceux qu'il avait appelé à de si grands devoirs d'humilité. Voici que non-seulement il leur donne toute espèce de sécurité pour eux-mêmes, mais ils reçoivent en partage la magistrature du jugement suprême et le pouvoir de remettre les péchés aux uns et de les retenir aux autres. Les évêques qui sont appelés au gouvernement de l'Eglise tiennent maintenant leur place et ont aussi le pouvoir de lier et de délier. C'est un grand honneur, mais c'est en même temps un bien lourd fardeau, car quelle charge plus pénible pour celui qui ne sait tenir les rênes de sa propre vie, de prendre en main la direction de la vie des autres !
Saint Jean Chrysostome
Le prêtre qui se contente de bien régler sa vie personnelle, mais ne prend point un soin vigilant de la vie des autres, est condamné au feu de l'enfer avec les impies. En considérant la grandeur du danger auquel les prêtres sont exposés, ayez donc pour eux beaucoup debienveillance et d'égards, quand même ils ne seraient point de condition très élevés, car il n'est pas juste qu'ils soient jugés sévèrement par ceux qui sont soumis à leur pouvoir. Quand même leur vie serait souverainement coupable, vous n'avez aucun dommage à craindre dans la distribution des grâces dont ils sont les dispensateurs, car dans les dons qui viennent de Dieu, ce n'est point le prêtre, ce n'est ni un ange, ni un archange qui peuvent agir; c'est du Père, du Fils et du Saint-Esprit que découlent toutes les grâces. Le prêtre ne fait que prêter sa langue et sa main. Il n'eût pas été juste, en effet, que par suite de la conduite criminelle des ministres de Dieu, les sacrements de notre salut perdissent de leur efficacité pour ceux qui ont embrassé la foi.
Saint Jean Chrysostome
Tous les disciples étant rassemblés, Thomas seul manquait, depuis le moment où ils s'étaient tous dispersés. «Or Thomas, un des douze, appelé Didyme, n'était pas avec eux lorsque Jésus vint».
Alcuin d'York
Le mot grec Didyme veut dire double en latin, et ce disciple est ainsi appelé à cause de ses doutes dans la foi. Le mot Thomas signifie abîme, parce qu'il a pénétré ensuite avec une foi certaine les profondeurs de la divinité. Or, ce n'était point par l'effet du hasard que ce disciple était alors absent, car la conduite de la divine bonté paraît ici d'une manière merveilleuse, elle voulait que ce disciple incrédule, en touchant les blessures du corps du Sauveur, guérît en nous les blessures de l'incrédulité. En effet, l'incrédulité de Thomas nous a plus servi pour établir en nous la foi que la foi elle-même des disciples qui crurent sans hésiter. L'exemple de ce disciple qui revient à la foi en touchant le corps du Sauveur chasse de notre âme toute espèce de doute et nous affermit à jamais dans la foi.
Bède le Vénérable
On peut demander pourquoi saint Jean nous dit que Thomas était alors absent, tandis que saint Luc rapporte que les deux disciples qui revenaient d'Emmaüs à Jérusalem trouvèrent les onze réunis. Cette difficulté s'explique en admettant qu'il y eut un intervalle pendant lequel Thomas sortit pour un instant, et que ce fut alors que Jésus se présenta au milieu de ses disciples.
Saint Jean Chrysostome
C'est la marque d'un esprit léger de croire trop facilement et sans examen, mais c'est le caractère d'un esprit peu intelligent de porter ses recherches au delà de toute mesure et de vouloir trop approfondir, et c'est en quoi Thomas se rendit coupable. Les apôtres lui disent: «Nous avons vu le Seigneur», et il refuse de le croire, moins encore par défiance de ce qu'ils lui disaient que parce qu'il regardait la chose comme impossible. «Les autres disciples lui dirent donc: Nous avons vu le Seigneur. Il leur répondit: Si je ne vois dans ses mains la marque des clous qui les ont percées, et si je ne mets mon doigt dans le trou des clous et ma main dans la plaie de son côté, je ne le croirai point». Son esprit, plus grossier que celui des autres, voulait arriver à la foi par le sens le plus matériel, c'est-à-dire par le toucher. Le témoignage de ses yeux ne lui suffisait même pas; aussi ne se contente-t-il pas de dire: Si je ne vois, mais il ajoute: «Si je ne mets mon doigt», etc.
26Huit jours après, les disciples étant encore dans le même lieu, et Thomas avec eux, Jésus vint, les portes étant fermées, et se tenant au milieu d'eux, il leur dit: "Paix avec vous!" 27Puis il dit à Thomas: "Mets ici ton doigt, et regarde mes mains; approche aussi ta main, et mets-la dans mon côté; et ne sois plus incrédule, mais croyant." 28Thomas lui répondit: "Mon Seigneur, et mon Dieu!" 29Jésus lui dit: "parce que tu m'as vu, Thomas, tu as cru. Heureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru." 30Jésus a fait encore en présence de ses disciples beaucoup d'autres miracles qui ne sont pas écrits dans ce livre. 31Mais ceux-ci ont été écrits, afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu'en croyant vous ayez la vie en son nom. 
Saint Jean Chrysostome
Considérez la bonté du divin Maître; il daigne apparaître et montrer ses blessures pour le salut d'une seule âme. Les disciples qui lui avaient appris que le Sauveur était ressuscité étaient assurément bien dignes de foi, aussi bien que le Sauveur lui-même qui l'avait prédit; cependant comme Thomas exige une nouvelle preuve, Jésus ne veut pas la lui refuser. Toutefois il ne lui apparaît pas aussitôt, mais huit jours après, afin que le témoignage des disciples rendît ses désirs plus vifs , et que sa foi fût plus affermie dans la suite: «Huit jours après, dit l'Évangéliste, les disciples étaient encore dans le même lieu, et Thomas avec eux, Jésus vint, les portes étant fermées, et il se tint au milieu d'eux et leur dit: La paix soit avec vous».
Saint Augustin
Vous me demandez: Puisqu'il est entré les portes étant fermées, que sont devenues les propriétés naturelles du corps? Et moi je vous réponds: Lorsqu'il a marché sur la mer, qu'était devenue la pesanteur de son corps? Le Seigneur se conduisait ainsi comme étant le souverain Maître; a-t-il donc cessé de l'être parce qu'il est ressuscité ?
Saint Jean Chrysostome
Jésus apparaît donc, et il n'attend pas que Thomas l'interroge, et pour lui montrer qu'il était présent lorsqu'il exprimait ses doutes aux autres disciples, il se sert des mêmes paroles. Il commence par lui faire les reproches qu'il méritait: «Il dit ensuite à Thomas: Portez ici votre doigt et considérez mes mains; approchez aussi votre main et mettez-la dans mon côté». Puis il l'instruit en ajoutant: «Et ne soyez plus incrédule, mais fidèle». Vous voyez qu'ils étaient travaillés par le doute de l'incrédulité avant d'avoir reçu l'Esprit saint, mais ils furent ensuite affermis pour toujours dans la foi. Ce serait une question digne d'intérêt d'examiner comment un corps incorruptible pouvait porter la marque des clous, mais n'en soyez pas surpris, c'était un effet de la bonté du Sauveur qui voulait ainsi convaincre ses disciples que c'était bien lui qui avait été crucifié.
Saint Augustin
Jésus aurait pu, s'il avait voulu, faire disparaître de son corps ressuscité et glorifié toute marque de cicatrice, mais il savait les raisons pour lesquelles il conservait ces cicatrices dans son corps. De même qu'il les a montrées à Thomas, qui ne voulait point croire à moins d'avoir touché et d'avoir vu, ainsi il montrera un jour ces mêmes blessures à ses ennemis, non plus pour leur dire: «Parce que vous avez vu, vous avez cru», mais pour qu'ils soient convaincus par la vérité qui leur dira: «Voici l'homme que vous avez crucifié, vous voyez les blessures que vous avez faites; vous reconnaissez le côté que vous avez percé, c'est par vous et pour vous qu'il a été ouvert, et cependant vous n'avez pas voulu y entrer».
Saint Augustin
Je ne sais pourquoi l'amour que nous avons pour les saints martyrs nous fait désirer de voir sur leur corps, dans le royaume des cieux, les cicatrices des blessures qu'ils ont reçues pour le nom de Jésus-Christ, et j'espère que ce désir sera satisfait. Car ces blessures, loin d'être une difformité, seront un signe de gloire, et bien qu'empreintes sur leur corps, elles feront éclater la beauté, non point du corps, mais de leur courage et de leur vertu. Et quand même les martyrs auraient eu quelques-uns de leurs membres coupés ou retranchés, ils ne ressusciteront pas sans que ces membres leur soient rendus, car il leur a été dit: «Un cheveu de votre tête ne périra pas» ( Lc 21, 18). Si donc il est just e que dans cette vie nouvelle, on voie les marques de ces glorieuses blessures dans leur chair douée de l'immortalité, les cicatrices de ces blessures apparaîtront sur les membres qui leur seront rendus, à l'endroit même où ils ont été frappés ou coupés pour être retranchés. Tous les défauts du corps disparaîtront alors, il est vrai, mais on ne peut considérer comme des défauts ou des taches les témoignages du courage des martyrs.
Saint Grégoire le Grand
Notre-Seigneur offre au toucher cette même chair, avec laquelle il était entré les portes demeurant fermées. Nous voyons ici deux faits merveilleux et qui paraissent devoir s'exclure, à ne consulter que la raison; d'un côté, le corps de Jésus ressuscité est incorruptible, et de l'autre cependant, il est access ible au toucher. Or, ce qui peut se toucher doit nécessairement se corrompre, et ce qui est impalpable ne peut être sujet à la corruption. Notre-Seigneur, en montrant dans son corps ressuscité ces deux propriétés de l'incorruptibilité et de la tangibilité, nous fait voir que sa nature est restée la même, mais que sa gloire est différente.
Saint Grégoire le Grand
Après la gloire de la résurrection, notre corps deviendra subtil par un effet de la puissance spirituelle dont il sera revêtu, mais il demeurera palpable en vertu de sa nature première, et il ne sera pas, comme l'a écrit Eutychius, impalpable et plus subtil que l'air et les vents.
Saint Augustin
Thomas ne voyait et ne touchait que l'homme, et il confessait le Dieu qu'il ne pouvait ni voir ni toucher; mais ce qu'il voyait et ce qu'il touchait le conduisait à croire d'une foi certaine ce dont il avait douté jusqu'alors: «Thomas répondit et lui dit: Mon Seigneur et mon Dieu».
Théophylactus
Celui qui avait d'abord été un incrédule, après l'épreuve du toucher, se montre un parfait théologien, en proclamant en Jésus-Christ deux natures et une seule personne, en disant: «Mon Seigneur», il reconnaît la nature humaine, et en ajoutant: «Mon Dieu», la nature divine, et ces deux natures dans un seul et même Dieu, et Seigneur.
Saint Augustin
Il ne lui dit pas: Vous m'avez touché, mais vous m'avez vu, parce que la vue est comme un sens général qui, dans le langage ordinaire, comprend les quatre autres sens. C'est ainsi que nous disons: Ecoutez et voyez quel son harmonieux, sentez et voyez quelle odeur agréable, touchez et voyez quelle chaleur? C'est ainsi que Notre-Seigneur lui-même dit à Thomas: «Mettez-là votre doigt, et voyez mes mains», ce qui ne veut dire autre chose que: «Touchez et voyez». Thomas cependant n'avait pas les yeux au bout du doigt. Les deux opérations de la vue et du toucher sont donc exprimées dans ces paroles du Sauveur: «Parce que vous m'avez vu, vous avez cru». On pourrait dire encore que Thomas n'osa pas toucher le corps de Jésus, bien qu'il le lui offrît.
Saint Grégoire le Grand
L'Apôtre nous dit: «La foi est le fondement des choses que l'on doit espérer, et une pleine conviction de celles qu'on ne voit point» ( He 11, 1). Il est donc évident que ce que l'on voit clairement n'est pas l'objet de la foi, mais de la connaissance. Pourquoi donc le Sauveur dit-il à Thomas, qui avait vu et touché: «Parce que vous avez vu, vous avez cru ?» C'est qu'il crut autre chose que ce qu'il voyait. Ses yeux ne voyaient qu'un homme, et il confessait un Dieu. Les paroles qui suivent: «Bienheureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru», répandent une grande joie dans notre âme, car c'est nous que Notre-Seigneur a eus particulièrement en vue, nous qui croyons dans notre esprit en celui que nous n'avons pas vu de nos yeux, si toutefois nos oeuvres sont conformes à notre foi. Car la vraie foi est celle qui se traduit et se prouve par les oeuvres.
Saint Augustin
Le Sauveur parle ici au passé, parce que dans les décrets de sa prédestination, il regardait comme déjà fait ce qui devait arriver.
Saint Jean Chrysostome
Lors donc qu'un chrétien est tenté de dire: Que n'ai-je été dans ces temps heureux pour voir de mes yeux les miracles de Jésus-Christ, qu'il se rappelle ces paroles: «Bienheureux ceux qui n'ont point vu et qui ont cru».
Théophylactus
Notre-Seigneur désigne ici ceux de ses disciples qui ont cru sans toucher les blessures faites par les clous et la plaie du côté.
Saint Jean Chrysostome
Comme le récit de saint Jean est moins étendu que celui des autres évangélistes, il ajoute: «Jésus fit encore devant ses disciples beaucoup d'autres miracles qui ne sont pas écrits dans ce livre». Les autres évangélistes n'ont pas non plus raconté tout ce qu'ils ont vu, mais simplement tout ce qui suffisait pour amener les hommes à la foi. Je crois du reste que saint Jean ne veut parler ici que des miracles qui ont eu lieu après la résurrection, c'est pour cela qu'il dit: «En présence de ses disciples» avec lesquels seuls il eût des rapports après sa résurrection. Ne croyez pas du reste que ces miracles n'étaient faits que dans l'intérêt des disciples, car ajoute l'Évangéliste: «Ceux-ci sont écrits afin que vous croyiez que Jésus est le Christ Fils de Dieu», et il parle ici de tous les hommes. Et remarquez que cette foi est utile, non pas à celui qui en est l'objet, mais à nous-mêmes qui croyons: «Afin que croyant, vous ayez la vie en son nom».

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