13Or, ce même jour, deux d'entre eux se rendaient à un bourg, nommé Emmaüs, distant de Jérusalem de soixante stades, 14et ils causaient entre eux de tous ces événements. 15tandis qu'ils causaient et discutaient, Jésus lui-même, s'étant approché, se mit à faire route avec eux; 16mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître. 17Il leur dit : " De quoi vous entretenez-vous ainsi en marchant? " Et ils s'arrêtèrent tout tristes. 18l'un d'eux, nommé Cléophas, lui dit : " Tu es bien le seul qui, de passage à Jérusalem, ne sache pas ce qui s'y est passé ces jours-ci ! " 19Il leur dit : " Quoi? " Ils lui dirent : " Ce qui concerne Jésus de Nazareth, qui fut un prophète puissant en œuvres et en parole devant Dieu et tout le peuple; 20et comment nos grands prêtres et nos chefs l'ont livré pour être condamné à mort et l'ont crucifié. 21quant à nous, nous espérions que ce serait lui qui délivrerait Israël; mais, en plus de tout cela, on est au troisième jour depuis que cela s'est passé. 22Aussi bien, quelques femmes, des nôtres, nous ont jetés dans la stupeur : étant allées de grand matin au sépulcre, 23et n'ayant pas trouvé son corps, elles sont venues dire même qu'elles avaient vu une apparition d'anges qui disaient qu'il est vivant. 24Quelques-uns de nos compagnons s'en sont allés au sépulcre et ont bien trouvé (toutes choses) comme les femmes avaient dit : mais lui, ils ne l'ont point vu. "
La Glose
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Théophylactus
Il en est qui prétendent que l'un de ces deux disciples était saint Luc lui-même, et que c'est la raison pour laquelle il a caché son nom.
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Saint Ambroise
Le Sauveur se manifeste sur le soir et séparément à ces deux disciples nommés Ammaon et Cléophas, comme il se manifesta plus tard séparément aux onze Apôtres.
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Saint Augustin
Saint Marc a pu sans absurdité appeler campagne le bourg d'Emmaüs. Saint Luc fait connaître ensuite la situation de ce bourg, en ajoutant: Il était éloigné d'environ soixante stades de Jérusalem et s'appelait Emmaüs.
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Bède le Vénérable
C'est aujourd'hui Nicopolis, ville célèbre de la Palestine, qui après que la Judée eut été réduite en servitude, fut rebâtie par l'empereur Marc-Aurèle, et changea d'aspect et de nom. Le stade qui, selon les Grecs, fut inventé par Hercule pour mesurer les distances, est la huitième partie du mille, ainsi soixante stades font sept mille cinq cents pas, ce fut la distance qu'eurent à parcourir ceux qui étaient certains de la mort et de la sépulture du Seigneur, mais qui doutaient encore de sa résurrection; on ne peut nier en effet que la résurrection qui eut lieu après le septième jour de la semaine, ne soit figurée par le nombre huit. Or, ces deux disciples qui marchaient en s'entretenant du Seigneur, avaient déjà parcouru six mille de chemin, parce qu'ils s'affligeaient qu'on eût mis à mort (le sixième jour), un homme innocent de tout crime. Ils avaient même parcouru le septième mille, parce qu'ils ne doutaient nullement que son corps n'eût reposé dans le sépulcre, mais ils n'avaient encore parcouru que la moitié du huitième, parce qu'ils ne croyaient qu'imparfaitement à la gloire de la résurrection qui s'était déjà accomplie.
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Théophylactus
Ces deux disciples s'entretenaient donc entre eux des choses qui étaient arrivées, sans y croire, et comme tout étonnés de ces événements extraordinaires «Et ils s'entretenaient de tout ce qui s'était passé».
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Bède le Vénérable
Pendant qu'ils s'entretiennent ainsi du Seigneur Jésus, il s'approche et fait route avec eux pour allumer dans leurs âmes la foi de sa résurrection, et accomplir cette promesse qu'il avait faite: «Là où deux où trois sont rassemblés en mon nom, je suis au milieu d'eux» ( Mt 18). «Pendant qu'ils discouraient et se communiquaient leurs pensées, Jésus lui-même vint les joindre et se mit à marcher avec eux».
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Théophylactus
Le corps de Jésus étant doué de spiritualité depuis sa résurrection, la distance des, lieux ne l'empêchait plus de se manifester au milieu de ceux auxquels il voulait apparaître; son corps n'était plus soumis aux lois naturelles, mais aux lois surnaturelles qui régissent les esprits. Voilà pourquoi saint Marc rapporte qu'il apparut aux deux disciples sous une autre forme qui ne leur permettait pas de le reconnaître ( Mc 16). «Et quelque chose empêchait que leurs yeux ne le reconnussent». Le Sauveur se conduit de la sorte à leur égard pour leur donner lieu de révéler le doute qui assiége leur esprit, et d'obtenir la guérison de leurs blessures en les découvrant à ce divin médecin. Son intention est encore de leur apprendre que bien que son corps ressuscité fût le même qui avait souffert, cependant il n'était plus dans un état où il pût être vu de tous indifféremment, mais seulement de ceux à qui il voulait se manifester. Il veut enfin qu'ils sachent pourquoi désormais il ne vit plus au milieu des hommes, c'est que depuis sa résurrection les hommes ne sont plus dignes de cette vie nouvelle et toute divine qui est une image de notre résurrection future, où notre vie sera celle des anges et des enfants de Dieu.
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Saint Grégoire le Grand
C'est par un dessein plein de sagesse que Jésus n'apparaît pas aux deux disciples sous une forme qui le fit reconnaître; il reproduit extérieurement pour les yeux du corps ce qui se passait intérieurement pour les yeux de leur âme. En effet, l'amour pour Jésus et le doute se partageaient à la fois leur coeur. Il leur manifeste donc sa présence, pendant qu'ils s'entretenaient de lui, mais il leur apparaît sous une forme qui ne leur permettait pas de le reconnaître, parce que leur âme est en proie au doute. Cependant il leur adresse la parole: «Et il leur dit: De quoi vous entretenez-vous ainsi en marchant et d'où vient votre tristesse ?»
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Saint Grégoire le Grand
Ils s'entretenaient ensemble comme ayant perdu toute espérance de revoir le Christ vivant, et ils s'affligeaient vivement de la mort du Sauveur: «L'un d'eux, nommé Cléophas, lui répondit: Êtes-vous seul si étranger dans Jérusalem que vous ne sachiez pas les choses qui y sont arrivées ces jours-ci ?»
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Théophylactus
C'est-à-dire, êtes-vous donc seul étranger, habitez-vous si loin de Jérusalem et vous inquiétez-vous si peu de ce qui s'est passé au milieu de cette ville que vous l'ignoriez complètement?
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Bède le Vénérable
Ils lui tiennent ce langage, parce qu'ils le prenaient pour un étranger dont le visage leur était inconnu; en effet, il était véritablement pour eux un étranger, la gloire de sa résurrection mettait entre lui et leur faible nature une distance immense, et il demeurait aussi comme un étranger pour leur foi qui ne pouvait croire à sa résurrection. Cependant il continue de les interroger: «Quelles choses, leur dit-il? Ils répondirent: Ce qui est arrivé au sujet de Jésus de Nazareth, qui était un prophète». Ils reconnaissent hautement qu'il est un prophète mais non qu'il est le Fils de Dieu, soit que leur foi sur ce point fût encore imparfaite, soit par crainte de tomber dans les mains persécutrices des Juifs. Ils ne savaient donc qui il était, ou ils dissimulaient ce qu'ils regardaient comme la vérité: ils ajoutent cependant à sa louange: «Puissant en oeuvres et en paroles».
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Théophylactus
Les oeuvres d'abord, ensuite les paroles; aucune doctrine, en effet, n'est acceptable, si celui qui l'enseigne ne commence par la mettre en pratique; les oeuvres doivent précéder les considérations, et si vous ne purifiez pas vos bo nnes oeuvres, le miroir de votre intelligence, elle n'aura pas l'éclat que vous désirez. Ils ajoutent encore: «Devant Dieu et devant tout le peuple»,car nous devons chercher avant tout à plaire à Dieu, et veiller ensuite autant qu'il est possible, à ce que notre vertu édifie les hommes, c'est-à-dire, que nous devons mettre au premier rang le service de Dieu, et éviter ensuite tout ce qui peut scandaliser nos frères.
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Théophylactus
Ils font connaître ensuite la cause de leur tristesse, c'est la passion du Christ livré à la fureur de ses ennemis: «Et comment les princes des prêtres et nos anciens l'ont livré pour être condamné à mort». Et ils laissent ensuite échapper cette parole de désespoir: «Nous espérions qu'il était celui qui doit délivrer Israël» Nous espérions, disent-ils, nous n'espérons plus, comme si la mort de Jésus-Christ était semblable à la mort des autres hommes.
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Théophylactus
Lorsqu'ils espéraient, en effet, que le Christ délivrerait le peuple d'Israël des maux qui l'accablaient et de la servitude des Romains, ils croyaient qu'il serait roi à la manière des rois de la terre, et qu'il aurait pu par conséquent échapper à la sentence de mort portée contre lui.
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Bède le Vénérable
C'est donc avec raison qu'ils sont dans la tristesse, ils se reprochent pour ainsi dire d'avoir placé leurs espérances de rédemption dans celui qu'ils ont vu mourir sur la croix, et à la résurrection duquel ils ne peuvent croire, et ils s'affligent de la mort injuste de celui dont ils connaissaient l'innocence.
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Théophylactus
Les paroles qui suivent prouvent toutefois qu'ils ne sont pas complètement incrédules: «Et cependant après tout cela, c'est aujourd'hui le troisième jour que ces choses se sont passées». Ils avaient donc quelque souvenir de ce que le Seigneur leur avait dit qu'il ressusciterait le troisième jour.
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Théophylactus
Ils rapportent même le bruit que les saintes femmes avaient répandu de la résurrection de Jésus: «A la vérité, quelques-unes des femmes qui sont avec nous, nous ont fort étonnés», etc. ils rapportent ce bruit sans y croire, la seule impression qu'il ait produite sur eux, c'est l'étonnement, la frayeur, car ils ne pouvaient supposer la vérité de ce qui leur était raconté ni croire à l'apparition des anges, cette nouvelle les jetait donc dans l'étonnement et le trouble. Le témoignage de Pierre lui-même ne leur paraissait pas certain, car il n'affirmait pas qu'il avait vu le Seigneur, mais de ce que son corps n'était plus dans le sépulcre, il conjecturait qu'il pouvait être ressuscité: «Quelques-uns des nôtres sont allés au sépulcre, et ont trouvé toutes choses comme les femmes les leur avaient rapportées, mais pour lui, ils ne l'ont point trouvé».
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Saint Augustin
Saint Luc vient de dire précédemment que Pierre courut au sépulcre, et en rapportant les paroles de Cléophas: «Quelques-uns des nôtres sont allés au sépulcre», il confirme le récit de Jean, d'après lequel deux disciples ( Jn 20 ) allèrent au sépulcre; mais saint Luc n'a parlé d'abord que de Pierre, comme étant le premier à qui Marie annonça ce qu'elle avait vu.
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25Et lui leur dit : " O (hommes) sans intelligence et lents de cœur pour croire à tout ce qu'ont dit les prophètes ! 26Ne fallait-il pas que le Christ souffrit cela pour entrer dans sa gloire? " 27Et commençant par Moïse et (continuant) par tous les prophètes, il leur expliqua, dans toutes les Ecritures, ce qui le concernait. 28Ils approchèrent du bourg où ils se rendaient, et lui feignit de se rendre plus loin. 29Mais ils le contraignirent, disant : " Reste avec nous, car on est au soir et déjà le jour est sur son déclin. " Et il entra pour rester avec eux. 30Or, quand il se fut mis à table avec eux, il prit le pain, dit la bénédiction, puis le rompit et le leur donna. 31Alors leurs yeux s'ouvrirent, et ils le reconnurent; et il disparut de leur vue. 32Et ils se dirent l'un à l'autre : " Est-ce que notre cœur n'était pas brûlant en nous, lorsqu'il nous parlait sur le chemin, tandis qu'il nous dévoilait les Ecritures? " 33Sur l'heure même, ils partirent et retournèrent à Jérusalem; et ils trouvèrent réunis les Onze et leurs compagnons, 34qui disaient : " Réellement le Seigneur est ressuscité, et il est apparu à Simon. " 35Et eux de raconter ce qui (s'était passé) sur le chemin, et comment il avait été reconnu par eux à la fraction du pain.
Théophylactus
Notre-Seigneur voyant l'âme de ses deux disciples en proie à d'aussi grands doutes, les en reprend avec sévérité: «Alors il leur dit: O insensés (ils venaient en effet de tenir le même langage que les Juifs au pied de la croix: Il a sauvé les autres, il ne peut se sauver lui-même) et lents de coeur, à croire tout ce qu'ont dit les prophètes !» On en voit, en effet, qui croient à quelques-uns des oracles prophétiques, mais non pas à toutes les prophéties; ainsi ils ajouteront foi aux prophéties qui ont pour objet la croix de Jésus-Christ, à celle-ci par exemple: «ils ont percé mes pieds et mes mains»; ( Ps 21) mais ils ne croiront pas à celles qui ont annoncé sa résurrection, comme à cette autre du même Roi-prophète: «Vous ne souffrirez point que votre saint soit sujet à la corruption» ( Ps 15 ). Or, nous devons croire indistinctement à toutes les prophéties, à celles qui ont prédit ses gloires, comme à celles qui ont annoncé ses humiliations; car c'est justement par ses humiliations et ses souffrances qu'il est entré dans sa gloire: «Ne fallait-il pas que le Christ souffrît ces choses, et qu'il entrât ainsi dans sa gloire ?» ce qu'il faut entendre de son humanité.
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Saint Isidore
Mais bien qu'il fallût que le Christ passât par les souffrances, ceux qui l'ont crucifié n'en sont pas moins coupables; car ils ne cherchaient point à accomplir les desseins de Dieu; aussi leur action a-t-elle été souverainement impie, tandis que la providence de Dieu s'est montrée pleine de sagesse en faisant servir leur iniquité au salut du genre humain, comme on se sert de la chair des vipères pour composer un antidote efficace et salutaire.
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Saint Jean Chrysostome
Aussi le Sauveur leur explique comment les choses ne sont pas arrivées naturellement, mais par un dessein depuis longtemps prémédité de Dieu: «Et parcourant tous les prophètes, en commençant par Moïse, il leur expliquait ce qui le concerne dans toutes les Écritures». Il semble leur dire: Puisque vous êtes ai lents à croire, je vais vous rendre une sainte activité en vous expliquant les mystères des Écritures; ainsi le sacrifice d'Abraham, immolant un bélier à la place d'Isaac, a été la figure du sacrifice de la croix ( Gn 22, 12), et c'est ainsi que les mystères de la croix et de la résurrection de Jésus-Christ se trouvent annoncés ça et là dans tous les oracles prophétiques.
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Bède le Vénérable
Or, si Moise et les prophètes ont parlé de Jésus-Christ et prédit qu'il n'entrerait dans sa gloire que par le chemin des souffrances, comment peut-on se glorifier d'être chrétien, et ne point examiner avec soin le rapport que les Écritures ont avec Jésus-Christ, et surtout ne point vouloir obtenir par les souffrances la gloire qu'on désire partager avec Jésus-Christ ?
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Bède le Vénérable
L'Évangéliste nous a fait observer précédemment que les yeux des deux disciples étaient comme fermés, et qu'ils ne purent le reconnaître, jusqu'à ce que les paroles du Sauveur eurent disposé leur âme à la foi; il raconte maintenant comment Jésus se découvrit à eux après les avoir préparés par ses enseignements: «Cependant ils approchèrent du village où ils allaient, et Jésus feignit d'aller plus loin».
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Saint Augustin
Il n'y a point ici de mensonge de la part du Sauveur, car toute feinte n'est pas un mensonge. il y a mensonge toutes les fois que l'action que nous, feignons de faire ne signifie absolument rien, mais lorsque cette action a une signification, ce n'est plus un mensonge, mais une figure de la vérité; autrement il faudrait regarder comme autant de mensonges tout ce que les saints et Notre-Seigneur lui-même ont dit en termes figurés, puisque ces paroles, prises dans leur sens naturel et ordinaire, n'ont rien de vrai. On peut donc sans mensonge user de feinte dans ses actions aussi bien que dans ses paroles, en se proposant, dans ces actions, la signification d'une vérité quelconque.
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Saint Augustin
Jésus feint d'aller plus loin, parce qu'il était encore étranger pour leurs coeurs qui avaient si peu de foi en lui. Feindre veut dire façonner, de là vient le nom que nous donnons à ceux qui façonnent l'argile. La vérité qui est simple, n'a donc rien fait ici par duplicité, elle s'est montrée extérieurement aux yeux de leur corps, telle qu'elle était pour les yeux de leur âme. Cependant comme ils ne pouvaient rester étrangers à la charité, alors qu'ils avaient pour compagnon de voyage la charité elle-même, ils lui offrent l'hospitalité comme à un étranger: «Et ils le pressèrent». Apprenons par cet exemple, que nous devons non seulement inviter les étrangers, mais encore les forcer à accepter l'hospitalité.
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La Glose
Non contents de le forcer, ils lui apportent une raison déterminante: «Ils le pressèrent, en disant: Demeurez avec nous, car il se fait tard, et le jour est déjà sur son déclin».
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Saint Grégoire le Grand
Lorsque Jésus-Christ est reçu dans la personne de ses membres, il s'approche lui-même de ceux qui le reçoivent: «Et il entra avec eux».Ils dressent la table, servent les aliments, et ils vont reconnaître dans la fraction du pain le Dieu qu'ils n'ont pas reconnus quand il leur expliquait les saintes Écritures: «Etant avec eux à table, il prit le pain et le bénit, et l'ayant rompu, il le leur donna. Alors leurs yeux s'ouvrirent, et ils le reconnurent».
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Saint Jean Chrysostome
Ils le reconnurent non pas des yeux du corps, mais des yeux de l'âme.
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Saint Augustin
Ce n'est pas qu'ils eussent les yeux fermés en marchant avec lui, mais quelque chose les empêchait de reconnaître ce qu'ils voyaient par un effet semblable à celui que produit un brouillard, ou une humeur répandue sur les yeux). Notre-Seigneur aurait pu sans doute transformer son corps et lui donner une autre forme apparente que eau, qu'ils avaient coutume de voir, lui qui, avant sa passion, s'était transfiguré sur la montagne, et avait donné à son visage la splendeur du soleil. Mais il n'en fut point ainsi, et nous sommes fondés à croire que ç'est le démon qui avait placé ce bandeau sur leurs yeux, pour les empêcher de reconnaître Jésus-Christ. Or le Sauveur ne laissa ce bandeau sur leurs yeux que jusqu'au moment où il leur distribua le sacrement du pain, pour nous faire comprendre que la communion à son corps sacré, a la puissance d'écarter les obstacles qui nous empêchent de reconnaître Jésus-Christ.
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Théophylactus
Il veut encore nous apprendre que la participation au pain sacré nous ouvre les yeux, pour que nous puissions le reconnaître, tant est grande et ineffable la vertu de la chair de Jésus-Christ.
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Saint Augustin
Lorsque le Seigneur, marchant avec ses disciples qui ne le reconnaissent pas, et leur expliquant les Écritures, feint ensuite d'aller plus loin, il veut nous enseigner. encore qu'en pratiquant les devoirs de l'hospitalité, les hommes peuvent arriver à le connaître, et qu'il sera toujours avec ceux qui exerceront l'hospitalité à l'égard de ses serviteurs, lors même qu'il se sera plus éloigné des hommes en remontant dans les cieux. Celui donc qui, après avoir été instruit des choses de la foi, communique tous ses biens à celui qui l'a instruit (Ga 6), est sûr de retenir Jésus-Christ et de l'empêcher de s'éloigner de lui. En effet, les disciples d'Emmaüs avaient reçu l'enseignement de la parole, lorsque le Sauveur leur expliquait les Écritures. Et c'est parce qu'ils ont pratiqué à son égard l'hospitalité, qu'ils ont mérité de connaître lors de la fraction du pain celui qu'ils n'avaient pas reconnu lorsqu'il leur expliquait les Écritures, «car ce ne sont pas ceux qui écoutent la loi, qui sont justes aux yeux de Dieu, mais ce sont ceux qui la pratiquent qui seront justifiés. ( Rm 2).
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Saint Grégoire le Grand
Que celui donc qui veut comprendre les enseignements qu'il a reçus, se hâte de mettre en pratique ce qu'il a déjà pu comprendre. Voyez, le Seigneur n'a pas été connu pendant qu'il parlait, et il daigne se faire connaître lorsqu'il se donne en nourriture. L'Évangéliste ajoute: «Et il disparut de devant leurs yeux».
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Théophylactus
La nature de son corps ressuscité ne lui permettait pas de demeurer plus longtemps avec eux, et il voulait aussi par là augmenter leur amour: «Aussi ils se dirent alors l'un à l'autre: N'est-il pas vrai que notre coeur était tout brûlant au dedans de nous, lorsqu'il nous parlait dans le chemin, et qu'il nous expliquait les Écritures ?»
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Origène
Nous voyons ici que les paroles du Sauveur embrasaient du feu de l'amour divin ceux qui les écoutaient.
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Saint Grégoire le Grand
Lorsque la parole divine se fait entendre, le coeur s'enflamme, la froide langueur disparaît, et l'âme est comme agitée par les saintes inquiétudes du désir des cieux. Elle se plaît à entendre les divins préceptes, et les enseignements qu'elle reçoit sont comme autant de feux qui l'embrasent.
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Théophylactus
Leur coeur était donc brûlant, soit du feu des paroles du Sauveur qu'ils recevaient comme la vérité, soit parce qu'en l'écoutant expliquer les Écritures, ils comprenaient à la vive émotion de leurs coeur qu'il était le Seigneur. Aussi leur joie était si grande que, sans tarder, ils retournèrent aussitôt à Jérusalem: «Et se levant à l'heure même, ils retournèrent à Jérusalem». Ils partirent à l'heure même, mais ils n'arrivèrent que quelques heures après, car ils avaient à parcourir une distance de soixante stades.
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Saint Augustin
Déjà le bruit que Jésus. était ressuscité avait été répandu et par les saintes femmes, et par Simon Pierre, à qui il était apparu, et les deux disciples, étant arrivés à Jérusalem, trouvèrent les Apôtres qui s'entretenaient de ce grand événement: «Et ils trouvèrent assemblés les onze, et ceux qui étaient avec eux, disant: Le Seigneur est vraiment ressuscité, et il est apparu à Simon».
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Bède le Vénérable
C'est donc à saint Pierre, le premier de tous, que Notre-Seigneur est apparu d'après le témoignage des quatre Évangélistes et de l'Apôtre saint Paul. Il ne se manifestait, pas à tous, parce qu'il voulait jeter les semences de la foi; en effet, celui à qui le Seigneur apparaissait le premier, et qu'il rendait ainsi certain de sa résurrection, racontait cette apparition aux autres; et ce récit, se propageant, préparait ceux qui l'entendaient à voir le Sauveur lui-même. C'est donc pour cette raison qu'il apparut d'abord au plus digne et au plus fidèle de tous ses Apôtres. Il fallait, en effet, une âme dont la fidélité fût à toute épreuve pour recevoir cette apparition sans être troublé d'une vision aussi inattendue. Il apparaît donc à Pierre qui méritait d'être le premier témoin de la résurrection, parce qu'il avait confessé le premier qu'il était le Christ. Il lui apparaît encore le premier, parce que Pierre l'avait renié, et qu'il voulait ainsi le consoler et le préserver du désespoir. Il apparût ensuite à d'autres, tantôt plus, tantôt moins nombreux, au rapport des deux disciples: «Eux-mêmes, à leur tour, racontèrent ce qui leur était arrivé en chemin, et comment ils l'avaient reconnu dans la fraction du pain».
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Saint Augustin
Saint Marc dit, il est vrai, que les Apôtres ne crurent pas au rapport des deux disciples, tandis que d'après saint Luc, ils déclarent eux-mêmes que le Seigneur est vraiment ressuscité; mais cette contradiction apparente s'explique en disant que quelques-uns seulement de ceux. qui étaient présents refusèrent de croire au récit des deux disciples.
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