14Alors l'un des Douze, appelé Judas Iscariote, alla trouver les grands prêtres, 15et dit : " Que voulez-vous me donner, et je vous le livrerai? " Et ils lui fixèrent trente pièces d'argent. 16Depuis ce moment, il cherchait une occasion favorable pour livrer Jésus.
La Glose
Après nous avoir fait connaître quelle fut l'occasion de la trahison de Judas, l'Évangéliste en vient au fait même de cette trahison: «Alors l'un des douze s'en alla».
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Saint Jean Chrysostome
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Saint Augustin
Voici la suite du discours de Notre-Seigneur: «Vous savez que la Pâque se fera dans deux jours. - Alors les princes des prêtres s'assemblèrent. - Alors l'un des douze s'en alla», etc. Entre ces paroles: «De peur qu'il ne s'élève quelque tumulte parmi le peuple, et ces autres: «Alors l'un des douze s'en alla»,etc.; l'Évangéliste raconte le fait qui s'est passé à Béthanie, et qu'il place ici par récapitula tion.
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Origène
Pour trahir l'unique prince des prêtres qui a été consacré prêtre pour l'éternité ( Ps 110,4 ), il alla trouver tous ces princes des prêtres afin de leur vendre à prix d'argent celui qui voulait racheter le monde entier.
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Rabanus Maurus
L'auteur sacré dit qu'il s'en alla, c'est-à-dire que c'est sans y être forcé, sans y être sollicité, mais de son plein gré qu'il conçut ce criminel des sein.
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Saint Jean Chrysostome
Il dit: «L'un des douze», c'est-à-dire l'un de ceux qui les premiers ont été l'objet d'une vocation sublime, et il ajoute pour le distinguer: «Appelé Judas Iscariote»; car il y avait un autre Judas.
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Saint Rémi
Iscariote était le village où Judas était né.
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Saint Rémi
Ce n'est point l'impression du trouble produit par la crainte qui lui fait abandonner Jésus-Christ, mais l'amour de l'argent; car pour cette passion, aucune affection n'a de prix, une âme dominée par l'amour du gain ne craint pas de s'exposer à sa perte pour un misérable profit, et il n'y a plus de trace de justice dans un coeur où l'avarice a fixé sa demeure. Enivré de ce poison, le perfide Judas, dévoré par la soif de l'argent, pousse l'excès de sa folle impiété jusqu'à vendre son Seigneur et son Maître. «Et il dit aux princes des prêtres: Que voulez-vous me donner, et je vous le livrerai ?»
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Saint Jérôme
L'infortuné Ju das veut se dédommager par la vente de son Maître de la perte qu'il croit avoir faite en voyant ce parfum répandu. Il ne fixe pas de chiffre précis de manière à ce que cette trahison fût pour lui une affaire lucrative, mais comme s'il s'agissait d'un vil esclave, il laisse aux acheteurs de déterminer le prix qu'ils veulent y mettre.
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Origène
Or, voilà ce que font tous ceux qui reçoi vent les biens de la terre et les avantages du monde pour livrer et chasser de leur âme le Sau veur et la parole de vérité qui était en eux. «Et ils lui promirent trente pièces d'argent». Ils semblent établir le prix de la vente sur le nombre d'années que le Sauveur avait passées dans le monde.
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Saint Jérôme
Joseph ne fut pas, comme quelques-uns le pensent d'après la version des Septante, vendu trente pièces d'or, mais trente pièces d'argent d'après le texte hébreu qui est authentique. Car le serviteur ne pouvait être estimé à un plus haut prix que le Maître.
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Saint Augustin
Judas, vendant le Seigneur trente pièces d'argent, représente les Juifs infidèles, qui, en poursuivant les biens terrestres et périssables (qui sont l'objet des cinq sens du corps), ont rejeté le Christ; et comme ils ont commis ce crime au sixième âge du monde, ils ont reçu pour prix du Seigneur qu'ils ont vendu, une somme figurative composée du chiffre six multiplié par cinq; et parce qu'il est écrit que la parole du Seigneur est pure comme l'argent, et qu'ils n'ont eu de la loi qu'une intelligence charnelle, ils ont comme gravé sur l'argent l'effigie de ce pouvoir terrestre, auquel ils ont été soumis après avoir perdu le Seigneur.
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Origène
Saint Luc nous explique plus clairement quelle était cette occasion que cherchait Judas en di sant: «Il cherchait l'occasion de leur livrer sans exciter de troubles, c'est-à-dire au moment où le peuple ne l'entourait pas, et où il se trouvait seul avec ses disciples. C'est ce qu'il fit en le livrant après la cène, lorsqu'il était seul dans le jardin de Gethsémani. Et voyez si aujourd'hui encore ce n'est pas cette même occasion favorable que cherchent ceux qui veulent trahir le Verbe de Dieu dans les temps de persécution, c'est-à-dire alors que la parole de vérité n'est pas entourée et défendue par la multitude des fidèles.
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17Le premier jour des Azymes, les disciples vinrent trouver Jésus, et lui dirent : " Où voulez-vous que nous vous fassions les préparatifs pour manger la pâque? " 18Il leur dit : " Allez à la ville, chez un tel, et dites-lui : Le maître (te) fait dire : Mon temps est proche, je ferai chez toi la pâque avec mes disciples. " 19Les disciples firent ce que Jésus leur avait commandé, et ils firent les préparatifs de la pâque.
La Glose
L'Évangéliste vient d'exposer les préludes de la passion de Jésus-Christ, c'est-à-dire la prédiction qu'il en fait lui-même, le conseil tenu par les princes des prêtres, et le traité conclu par le traître Judas, il va maintenant raconter toute la suite de l'histoire de la passion. «Or, le premier jour des azymes».
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Saint Jérôme
Le premier jour des azymes est le, quatorzième du premier mois, où l'on immole l'agneau pascal; c'est le jour où la lune est dans son plein, et où il était défendu de conserver de levain.
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Saint Rémi
Il faut remarquer que, chez les Juifs, la Pâque se célébrait au premier jour, et les sept jours qui suivaient étaient les jours des azymes; mais maintenant le jour de Pâques est également appelé le jour des azymes ( Ac 12 ).
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Saint Jean Chrysostome
Ou bien, le Sauveur appelle ce jour le premier jour des azymes, parce qu'il y avait sept jours des azymes. Or, c'était l'usage chez les Juifs de compter les jours en partant de la veille au soir; l'Évangéliste rappelle donc ce jour au soir duquel la Pâque devait être immolée, c'est-à-dire le cinquième jour de la semaine.
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Saint Rémi
Peut-être nous fera-t-on cette objection: Si cet agneau figuratif était le symbole du véritable agneau, pourquoi Jésus-Christ n'a-t-il pas souffert la nuit même où on immolait cet agneau? Nous répondons que c'est cette nuit là même qu'il a donné à ses disciples le pouvoir de célébrer les mystères de son corps et de son sang, et c'est immé diatement après que les Juifs se sont saisis de sa personne, l'ont chargé de chaînes, et qu'il a ainsi consacré le commencement de son immolation, c'est-à-dire de sa passion.
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Saint Rémi
«Les disciples vinrent trouver Jésus, et lui dirent: Où voulez-vous que nous vous préparions ce qu'il faut pour manger la Pâque? Je pense que le traître Judas se trouvait parmi les disciples qui s'approchèrent de Jésus pour lui faire cette question.
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Saint Jean Chrysostome
Nous voyons clairement par là, que le Sauveur n'avait à lui, ni maison ni asile, et je suis porté à croire que ses disciples n'en avaient pas non plus; car ils l'eussent prié d'y venir pour y célébrer la Pâque. «Jésus leur répondit: Allez dans la ville chez un tel», etc.
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Saint Augustin
C'est celui que saint Marc et saint Luc appellent le père de famille ou le maître de la maison. Si donc saint Matthieu dit: «Allez chez un tel»,c'est de lui-même et pour abréger son récit; car chacun sait que personne ne peut formuler un ordre de cette manière: «Allez chez untel». Saint Matthieu, après avoir rapporté les paroles du Seigneur: «Allez dans la ville, ajoute donc de lui-même: «Chez un tel»,non que le Seigneur se soit exprimé de la sorte, mais pour nous faire entendre qu'il y avait un homme dans la ville à qui le Seigneur adressait ses disciples pour lui préparer la Pâque. Car il est hors de doute que les disciples du Sauveur ne furent pas adressés au premier venu, mais à un homme qu'il leur désignait d'une manière spéciale.
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Saint Jean Chrysostome
Ou bien en leur disant: «Allez chez un tel», il veut montrer qu'il les adresse à un homme inconnu, et leur apprendre ainsi qu'il était en son pouvoir de ne pas souffrir, car celui qui pouvait déterminer un inconnu à les recevoir, que n'aurait-il pu sur l'esprit de ceux qui devaient le crucifier, s'il avait voulu se soustraire au sup plice de la croix? Pour moi, ce que j'admire dans cet homme, ce n'est pas seulement qu'un homme qui ne connaissait pas Jésus-Christ l'ait reçu chez lui, mais qu'il ait méprisé, en le rece vant, la haine générale à laquelle il s'exposait.
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Saint Hilaire
Ou bien, il ne nomme pas celui chez lequel il devait célébrer la Pâque, parce qu'il n'avait pas encore accordé à ceux qui croyaient en lui, la gloire du nom chrétien.
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Rabanus Maurus
Ou bien encore, il passe son nom sous silence, pour nous apprendre qu'il donne à tous ceux qui le veulent, le pouvoir de célébrer la vraie Pâque, et de recevoir Jésus-Christ dans la demeure de leur âme.
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Saint Jérôme
Les écrivains du Nouveau Testament se conforment ici à l'usage suivi par les écrivains de l'Ancien Testament qui s'expriment souvent de cette manière: «Celui-ci lui dit: Dans ce lieu-ci, dans celui-là»,sans désigner autrement le nom des personnes et des lieux.
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Saint Jean Chrysostome
L'intention du Sauveur est ici de rappeler sa passion à ses disciples, et de les exercer pour ainsi dire par ces prédictions répétées de ses souffrances, pour qu'elles devinssent l'objet continuel de leurs méditations, et aussi pour leur prouver que c'était volontairement qu'il allait souffrir: «Je viens faire la Pâque chez vous avec mes disciples», paroles qui montrent d'ailleurs qu'il voulait jusqu'au dernier jour de sa vie se conformer à la loi. Il ajoute: «Avec mes disciples»,afin qu'il fît tous les préparatifs nécessaires, et que cet homme à qui il adressait ses disciples ne s'imaginât pas qu'il avait l'intention de se cacher dans sa maison.
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Origène
Peut-être voudra-t-on s'autoriser de ce que Jésus a célébré la Pâque selon l'usage des Juifs, pour prétendre que nous, imitateurs de Jésus-Christ, nous devons agir de même. Mais ce serait oublier que Jésus ne s'est pas assujetti à la loi pour laisser sous le joug de la loi, mais, au contraire, pour délivrer de ce joug ceux qui étaient sous la loi ( Ga 4,4 ). A combien plus forte raison donc ne convient-il pas à ceux qui vivaient en dehors de la loi, de se soumettre à ses prescriptions. Les chrétiens doivent donc se contenter d'accomplir d'une manière spirituelle ce que la loi prescrivait d'accomplir extérieurement; et c'est ainsi que nous devons célébrer la Pâque avec les azymes de la sincérité et de la vérité pour nous conformer à la volonté de l'Agneau qui nous dit: «Si vous ne mangez ma chair, et si vous ne buvez mon sang, vous n'aurez point la vie en vous».
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20Le soir venu, il se met à table avec les douze [disciples]. 21Pendant qu'ils mangeaient, il dit : " Je vous le dis en vérité, un de vous me trahira " 22Et, profondément attristés, ils se mirent à lui dire, chacun de son côté : " Serait-ce moi, Seigneur? " 23Il répondit : " Celui qui a mis avec moi la main au plat celui-là me trahira ! 24Le Fils de l'homme s'en va, selon ce qui est écrit de lui; mais malheur à l'homme par qui le Fils de l'homme est trahi ! Mieux vaudrait pour cet homme-là qu'il ne fût pas né. " 25Judas, qui le trahissait, prit la parole et dit : " Serait-ce moi, Rabbi? Tu l'as dit, " répondit-il
Saint Jérôme
Le Sauveur, non content d'avoir annoncé sa passion à ses disciples, leur prédit mainte nant celui qui doit le trahir; il lui offre ainsi l'occasion de faire pénitence; car en lui montrant qu'il connaissait ses pensées, et les secrets desseins de son coeur, il voulait l'amener à se re pentir de son criminel projet: «Le soir donc étant venu, il se mit à table avec ses douze disci ples»
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Saint Rémi
Il dit: «Avec les douze»,car Judas était encore du nombre des Apôtres, bien qu'il en fût déjà séparé par les dispositions de son âme.
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Saint Jérôme
Judas se conduit en tout de manière à éloigner de lui le soupçon de trahison.
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Saint Rémi
Et voyez par quel rapprochement touchant Notre-Seigneur, selon le récit de l'Évangéliste, se met à table lorsque le soir fut venu; car c'était vers le soir que l'agneau de vait être immolé.
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Rabanus Maurus
C'est le soir qu'il se met à table avec ses disciples, car c'est dans la passion du Sauveur, lorsque le soleil véritable approchait de son déclin, que l'éternel festin fut préparé à tous les fidèles.
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Saint Jean Chrysostome
L'Évangéliste nous fait remarquer que c'est pendant qu'ils étaient à ta ble, que Jésus parle de la trahison de Judas, pour faire ressortir la noirceur de ce traître par les circonstances du temps, et de ce repas auquel il participe lui-même. «Et pendant qu'ils man geaient, il leur dit: «Je vous dis en vérité que l'un d'eux doit me trahir», etc.
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Saint Léon le Grand
Il montre par là que la conscience du traître lui était connue. Il ne le confond point par un repro che sévère et direct, mais il se contente de lui donner un avertissement indirect et plein de dou ceur, pour amener plus facilement à se repentir de ses criminels desseins celui que le mépris n'aurait pas encore flétri.
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Origène
Ou bien, il parle en termes généraux, pour en appeler au témoignage de leur cons cience, et faire ainsi connaître les dispositions intérieures de chacun d'eux. Il veut aussi dévoi ler la méchanceté de Judas qui ne se rendait même pas à la voix de celui qui connaissait ses projets. Il avait cru d'abord, je pense, pouvoir en dérober la connaissance à Jésus-Christ comme à un homme, mais lorsqu'il vit que sa conscience était à découvert devant lui, il voulut profiter du secret dont le Sauveur avait comme enveloppé ses paroles, joignant ainsi au crime de l'incrédulité le crime de l'impudence. Notre-Seigneur veut enfin faire éclater la délicatesse de conscience de ses disciples qui s'en rapportaient bien plus aux paroles de leur Maître qu'au témoignage de leur propre coeur: «Et ils furent contristés, et chacun d'eux commença à lui dire: «Est-ce moi Seigneur ?»Car les enseignements de Jésus avaient appris à chacun d'eux que la nature humaine peut facilement tourner au mal, et qu'elle est toujours en lutte avec les princes de ce monde de ténèbres. Aussi la crainte s'empare de leur âme, et sous cette impres sion, chacun d'eux interroge le Sauveur; ainsi devons-nous, à leur exemple, craindre tout de l'avenir, nous qui sommes si faibles. Or, le Seigneur, les voyant ainsi pleins de la crainte d'eux-mêmes, désigne le traître à l'aide d'un témoignage prophétique «Celui qui mangeait mon pain à ma table a fait éclater sa trahison contre moi» ( Ps 41,10 ).
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Saint Jérôme
O patience admirable de Jésus-Christ ! Il avait commencé par dire: «Un de vous me trahira»,le traître persévère dans ses criminels desseins, il le désigne plus clairement, sans toutefois le nommer. Et cependant, alors que tous les autres sont attristés, qu'ils retirent leur main, et n'osent porter les mets à leur bouche, judas pousse la témérité et l'impudence qui doivent bientôt faire de lui un traître, jusqu'à mettre la main dans le plat avec son Maître, pour se couvrir audacieusement de l'apparence hypocrite d'une bonne conscience.
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Saint Jean Chrysostome
Pour moi, je crois que le Sauveur a permis que Judas portât la main avec lui dans le plat, pour lui inspirer une salutaire confusion, et réveiller dans son coeur le sentiment de l'amour qu'il lui devait.
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Rabanus Maurus
Saint Matthieu désigne ce plat par l'expression in parop side, saint Marc, par cette autre, in catino. Or, le premier est un plat quadrangulaire sur lequel on sert les mets solides, et qui est ainsi appelé des quatre côtés égaux dont il est composé ( paribus assibus); et le second est un vase de terre destiné à contenir les mets liquides. Or, il est très-possible qu'il y eût sur la table un plat de terre, de forme quadrangulaire.
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Origène
C'est le caractère particulier des hommes parvenus aux dernières limites du mal, de dresser après un repas pris en commun, des embûches à des hommes qui n'ont jamais nourri contre eux aucun sentiment de haine; c'est ainsi qu'après cette cène toute spirituelle, vous verrez éclater toute la noirceur de la malice du traître Judas, qui trahit son Maître sans se souvenir de son amour qui lui avait tant de fois prodigué, d'un côté ses bienfaits extérieurs, de l'autre ses divins enseignements. Tels sont dans l'Église tous ceux qui tendent des embûches à leurs frères après s'être approchés souvent avec eux de la même table du corps de Jésus-Christ.
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Saint Jérôme
Judas ne se rend ni au premier ni au second avertissement pour se retirer de la voie où il est engagé; c'est pourquoi le Seigneur lui prédit son châtiment pour essayer de convertir par la menace des supplices qui l'attendent, celui dont la honte n'a pu triompher: «Pour ce qui est du Fils de l'homme, il s'en va», etc.
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Saint Rémi
C'est le propre de l'humanité d'aller et de revenir, mais la divinité reste toujours ce qu'elle est, et comme dans le Sauveur l'humanité a pu souffrir et mourir d'une manière divine, il dit avec raison: «Le Fils de l'homme s'en va». Il ajoute clairement: «Selon ce qui a été écrit de lui»; car tout ce que le Christ a souffert a été prédit par les prophètes.
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Saint Jean Chrysostome
Son dessein, en parlant de la sorte, est de consoler ses disciples et de prévenir la pensée qu'il souffrait par faiblesse et par impuissance. Il veut aussi convertir le traître Judas; car bien que la passion de Jésus fut prédite, Judas n'en est pas moins coupable; en effet, ce n'est pas la trahison de Judas qui a opéré notre salut, mais la sagesse de Jésus-Christ qui se servait de la méchanceté des hommes pour notre bien, aussi ajoute-t-il: «Mais malheur à l'homme par le moyen duquel il sera trahi», etc.
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Origène
Il ne dit pas: Malheur à l'homme par qui, mais: «Par le moyen duquel» le Fils de l'homme sera trahi, pour nous montrer qu'il y en avait un autre qui le trahissait, c'est-à-dire le démon ( Jn 13,2 ), et que Judas n'était que l'instrument de sa trahison. Or, malheur à tous ceux qui trahissent le Christ, et tous ceux qui trahissent les disciples de Jésus-Christ trahissent Jésus-Christ lui-même.
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Saint Rémi
Malheur aussi à tous ceux qui s'approchent de la table de Jésus-Christ avec une conscience mauvaise et souillée par le péché; car bien qu'ils ne livrent pas Jésus-Christ aux Juifs pour être crucifié, ils le livrent cependant à leurs membres d'iniquité pour se l'incorporer. Il ajoute pour faire ressortir davantage l'énormité du crime de Judas: «Il vaudrait mieux pour lui qu'il ne fût jamais né».
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Saint Jérôme
Il ne faut cependant pas conclure de ces paroles que Judas ait pu exister avant de naître, par la raison que le bien ne peut arriver qu'à celui qui existe; le Sauveur veut donc dire simplement qu'il vaut beaucoup mieux ne pas exister, que de vivre d'une vie livrée au mal.
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Saint Augustin
Et si quelqu'un prétend qu'il y a une vie antérieure à celle-ci, il sera forcé de convenir qu'il n'était pas avantageux de naître non-seulement pour Judas, mais pour aucun autre. Ou bien, Jésus dit-il qu'il ne lui était pas avantageux de naître au démon, c'est-à-dire pour le péché? Ou était-il bon pour Judas de ne pas naître en Jésus-Christ par sa vocation, pour ne pas devenir un apostat ?
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Origène
Après que tous les Apôtres eurent interrogé le Sauveur, et qu'il eut désigné indirecte ment le traître, Judas hasarde la même question dans une intention pleine de fourberie, et pour cacher son projet de trahison, en interrogeant Jésus comme les autres Apôtres, car la vraie tristesse ne peut souffrir de retard: «Judas qui fut celui qui le trahit, p renant la parole, dit: Est-ce moi, maître ?»
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Saint Jérôme
C'est ici ou le témoignage d'une flatterie hypocrite, ou l'expression de son incrédulité, car tandis que les autres Apôtres, qui ne devaient pas le trahir, lui disent: «Est-ce moi, Seigneur ?»Judas, qui va consommer le crime de trahison, l'appelle «Maître», et non pas Seigneur, comme si c'était pour lui une excuse de n'avoir trahi que son maître, puisqu'il niait qu'il fût son Seigneur.
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Origène
Ou bien, il s'exprime ainsi par esprit de moquerie, appelant Maître celui qu'il croyait indigne de porter ce nom.
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Saint Jean Chrysostome
Le Seigneur aurait pu lui dire: Vous êtes convenu de la somme d'argent que vous devez recevoir, et vous osez encore me faire cette question? Mais Jésus plein d'une ineffable dou ceur ne lui dit rien de semblable, pour nous tracer à nous-même la ligne de conduite et les rè gles que nous devons suivre: «Il lui répondit: Vous l'avez dit».
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Saint Rémi
Ce qui peut s'entendre de la sorte: C'est vous qui le dites, et vous dites vrai, ou bien, c'est vous qui le dites et non pas moi. Jésus offrait ainsi à Judas l'occasion de se repentir, en ne dévoilant pas entièrement la perversité de ses desseins.
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Rabanus Maurus
Judas put encore faire cette question et Jé sus lui répondre de la sorte pour ne point attirer l'attention des autres Apôtres sur ce qui venait d'avoir lieu.
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26Pendant le repas, Jésus prit du pain et après avoir dit la bénédiction, il le rompit et le donna à ses disciples, en disant : " Prenez et mangez, ceci est mon corps. "
Saint Jérôme
Après qu'il eut célébré la Pâque figurative et mangé la chair de l'agneau avec ses dis ciples, le Sauveur en vient au véritable mystère de la Pâque, et de même que Melchisédech, prêtre du Dieu tout-puissant, avait offert du pain et du vin, il nous donna, sous les mêmes ap parences, la réalité de son corps et de son sang. «Or, pendant qu'ils soupaient, Jésus prit du pain»,etc.
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Saint Augustin
Cette circonstance prouve clairement que les disciples n'étaient pas à jeun lorsqu'ils reçurent, pour la première fois, le corps et le sang du Seigneur. Doit-on pour cela blâmer l'usage de l'Église universelle, qui prescrit de ne recevoir l'Eucharistie qu'à jeun? Non sans doute, car il a plu à l'Esprit saint que, par respect pour un si grand Sacrement, le corps du Seigneur entrât dans la bouche du chrétien avant toute autre nourriture. Ce fut pour faire ressortir plus fortement la grandeur de ce mystère que notre-Seigneur voulut l'imprimer en dernier lieu dans le coeur et dans le souvenir de ses disciples, dont il allait se séparer pour aller à la mort; et, s'il n'établit pas lui-même la manière de rece voir dans la suite ce Sacrement, c'était pour laisser aux Apôtres, qui devaient en son nom gou ver ner l'Église, le soin de la déterminer eux-mêmes.
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La Glose
Notre-Seigneur Jésus-Christ donne son corps et son sang sous une autre forme, et commande ensuite de les recevoir ainsi, afin de donner plus de mérite à la foi qui s'exerce sur les choses qui ne se voient point.
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Saint Ambroise
C'est encore pour prévenir tout sentiment d'horreur et de répul sion pour le sang, et nous donner cependant le véritable prix de notre rédemption.
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Saint Augustin
Or, le Seigneur nous a donné son corps et son sang sous les apparences de substances qui sont le résultat de plusieurs choses réduites en une seule, car le pain est le produit de plusieurs grains de blé, et le vin le produit de plusieurs grains de raisin mêlés et confondus ensemble. C'est ainsi qu'il a figuré l'union qui doit régner entre nous, et qu'il a consacré dans son banquet divin le mystère de notre paix et de notre unité.
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Saint Rémi
Une autre raison également juste pour laquelle il choisit les fruits de la terre, c'était pour nous apprendre qu'il était venu faire disparaître cette malédiction prononcée contre la terre, à la suite du péché du premier homme ( Gn 3,17 ). Enfin, un motif non moins sage du précepte qu'il nous fait d'offrir les fruits de la terre, qui sont l'objet principal des travaux des hommes, c'était qu'ils n'eussent aucune difficulté pour se les procurer, et que le travail de leurs mains leur fournît la matière du sacrifice qu'ils devaient offrir à Dieu.
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Saint Ambroise
Vous devez conclure de là que les mystères des chrétiens sont antérieurs à ceux des Juifs, car Melchisédech offrit du pain et du vin, comme étant en tout la figure du Fils de Dieu ( He 7,2-3 ), à qui il est dit: «Vous êtes prêtre pour l'éternité selon l'ordre de Melchisédech» ( Ps 110,4 ), et dont l'Évangéliste dit ici: «Jésus prit du pain», etc.
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La Glose
Ce pain était du pain de froment, car c'est au grain de froment que le Seigneur s'est comparé par ces paroles: «Si le grain de froment tombant dans la terre», etc. ( Jn 12,24 ). Ce pain convient d'ailleurs à ce sacrement, parce qu'il est d'un usage plus commun, et que les autres espèces de pains ne se font que pour le remplacer. Or, comme Jésus-Christ n'avait cessé jusqu'au dernier jour d'établir qu'il n'était pas opposé à la loi, ainsi que ses paroles précédentes le prouvent; et que, le soir du jour où on immolait la Pâque, on ne devait manger que des pains azymes et jeter toute pâte fermentée. Il est in contestable que le pain, que prit le Seigneur pour le distribuer à ses disciples, était du pain azyme.
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Saint Grégoire le Grand
Il en est plusieurs qui s'étonnent de voir que, dans L'Église, les uns offrent des pains azymes et d'autres des pains fermentés; or, l'Église de Rome offre des pains azymes, parce que le Seigneur a pris une chair sans mélange d'aucune souillure, tandis que d'autres Églises offrent du pain fermenté, parce que le Verbe du Père s'est revêtu d'une chair humaine, et qu'il est à la fois vrai Dieu et vrai homme, car le pain fermenté ou levain est mélangé avec la farine. Mais que nous recevions du pain azyme ou du pain fermenté, nous nous unissons intimement au vrai corps de notre Sauveur.
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Saint Ambroise
Ce pain, avant les paroles sacramentelles, n'est que du pain ordinaire; après la consécration, ce pain devient la chair de Jésus-Christ. Or, de quelles paroles se compose la consécration, si ce n'est des paroles du Seigneur Jésus? Car si ces paroles ont une puissance si grande qu'elles font sortir du néant ce qui n'existait pas, à combien plus forte raison pourront-elles changer en une autre substance celles qui existent déjà, tout en leur conservant leur apparence extérieure. Pourquoi, en effet, la parole céleste, qui s'est montrée si efficace dans les autres choses, le serait-elle moins dans les divins sacrements? Le pain devient donc le corps de Jésus-Christ, et le vin devient son sang parla consécration de la parole divine. Vous demandez comment cela se fait? Le voici: N'est-ce pas l'ordinaire que l'homme ne naisse que de l'union de l'homme avec la femme? Et cependant, parce que telle a été la volonté du Seigneur, le Christ est né de l'Esprit saint et de la Vierge.
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Saint Augustin
De même que l'Esprit saint a créé une véritable chair sans union conjugale, ainsi le même Esprit consacre et change le pain et le vin au corps et au sang de Jé sus-Christ, et comme cette consécration se fait par la parole du Seigneur, l'Évangéliste ajoute: «Et il le bénit».
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Saint Rémi
il nous apprend encore par là qu'avec le Père et le Saint-Esprit, il a rempli la nature humaine de la grâce de la vertu divine, et l'a enrichie pour l'éternité du don de l'immortalité, Mais, pour nous montrer en même temps que ce n'est pas sans sa volonté que son corps a été soumis aux souffrances de sa passion, il ajoute: «Et il le rompit».
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Saint Augustin
Lors donc que l'hostie est rompue, et que le sang coule du calice sur les lèvres des fidèles, quel mystère nous est représenté, si ce n'est l'immolation du corps du Seigneur sur la croix et l'effusion de son sang qui sortit de son côté ?
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Saint Denys
Nous voyons encore ici que le Verbe de Dieu, un et simple dans son essence, est devenu un être composé par son incarnation, et s'est rendu visible en descendant jusqu'à nous, et qu'il a recherché avec bienveillance notre société, pour nous ren dre participants des biens spirituels qu'il est venu répandre sur la terre «Et il le donna à ses disciples».
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Saint Léon le Grand
Il n'éloigne pas même le traître de ce mystère, afin qu'il fût démontré qu'aucune offense ne motivait la haine de Judas, dont l'impiété toute vo lontaire lui était connue d'avance, et qui devait y persévérer volontairement.
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Saint Augustin
Le même pain fut donné à Pierre et à Judas; mais Pierre le reçut pour la vie, et Judas pour la mort. C'est ce qu'indiquent ces paroles de saint Jean «Et quand il eut prit ce morceau, Satan entra en lui». Car ce qui augmenta l'énormité de son crime, c'est qu'il osa s'approcher des saints mystères dans des dispositions aussi coupables, et, qu'après les avoir reçus, il n'en devint pas meilleur, insensible à la crainte, à la reconnaissance et à l'honneur qui lui était fait. Jésus-Christ ne lui défendit pas de s'en approcher, bien qu'il connût toutes choses, pour nous apprendre qu'il n'a rien omis de ce qui pouvait le faire changer de sentiment.
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Saint Rémi
Par cette conduite, il laisse à son Église l'exemple de ne retrancher personne de sa société ou de la communion du corps et du sang du Seigneur, si ce n'est pour des crimes manifestes et publics.
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Saint Jérôme
Ou bien, on peut dire que Notre-Seigneur, ayant rompu le pain et pris le calice, consacra la vraie Pâque lorsque Judas fut sorti, car il n'était pas digne de participer aux sacrements éternels, Or, une preuve qu'il était sorti du cénacle, c'est que nous le voyons revenir avec la foule.
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Saint Augustin
Le Seigneur invite ses serviteurs à ce festin, où il se donne lui-même à eux en nourriture. Mais qui osera se nourrir de la chair de son maître? Or, remarquez que, lorsqu'il est mangé, il répare les forces sans défaillir lui-même; il vit lorsqu'il est mangé, parce qu'il est ressuscité après qu'il eut été mis à mort. Observez encore que, lorsque nous le mangeons, nous ne le partageons pas. Voici ce qui arrive dans ce sacrement, et les fidèles savent la manière dont ils mangent la chair du Christ: chacun d'eux reçoit sa part de cet aliment divin, il est mangé comme par parties dans ce sacrement, et cependant il demeure tout entier dans le ciel et tout entier dans votre coeur. On appelle ce mystère sacrement, parce que ce qui paraît aux yeux est tout différent de ce que l'on com prend; ce que l'on voit a une apparence corporelle, ce que l'esprit comprend produit des fruits tout spirituels.
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Saint Augustin
Ne nous contentons pas de manger la chair de Jésus-Christ, ce que font beaucoup de mauvais chrétiens; mais allons dans cette manducation jus qu'à la participation de l'Esprit, afin de rester unis à Jésus-Christ, comme les membres à leur corps et d'être vivifiés par son esprit.
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Saint Augustin
Avant d'être consacré, c'est du pain; mais, aussitôt que Jésus-Christ a prononcé ces paroles: «Ceci est mon corps», c'est le corps du Christ.
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27Il prit ensuite une coupe et, après avoir rendu grâces, il la leur donna, en disant : " Buvez-en tous, 28car ceci est mon sang, (le sang) de l'alliance, répandu pour beaucoup en rémission des péchés. 29Je vous le dis, je ne boirai plus désormais de ce produit de la vigne jusqu'à ce jour où je le boirai nouveau avec vous dans le royaume de mon Père. "
Saint Rémi
Après avoir donné son corps à ses disciples sous les apparences du pain; par une raison également pleine de convenance, le Sauveur leur présente le calice de son sang. «Et, prenant le calice, il rendit grâces, et le leur donna», etc. Il nous montre ainsi combien notre salut lui donne de joie, puisqu'il veut répandre son sang pour nous.
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Saint Jean Chrysostome
Il rend grâces encore, pour nous apprendre dans quels sentiments nous devions célébrer ce mystère, et pour prouver que ce n'est pas malgré lui qu'il approche du moment de sa passion. Il nous en seigne ainsi à supporter avec actions de grâces toutes les épreuves qui nous arrivent, et il nous donne en même temps les plus belles espérances; car si la figure de ce sacrifice, c'est-à-dire l'immolation de l'agneau pascal, a délivré le peuple juif de la servitude d'Egypte, à combien plus forte raison la vérité délivrera-t-elle l'univers entier: «Et il le leur donna en disant: Bu vez-en tous». Et pour prévenir le trouble que pouvaient produire ses paroles, il boit son sang le premier, et les amène sans étonnement à la communion des divins mystères.
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Saint Jérôme
C'est ainsi que le Seigneur fut à la fois le convive et le festin, le convive qui mange, et, l'aliment qui est mangé.
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Saint Jean Chrysostome
C'est-à-dire le sang de la promesse de la nouvelle loi. En effet, l'Ancien Testament promettait ce que pos sède le Nouveau, car de même que l'Ancien Testament fut consacré par le sang des boeufs et des brebis, ainsi le Nouveau est consacré par le sang du Seigneur.
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Saint Rémi
Nous lisons, en effet, dans l'Exode ( Ex 24,8 ), que Moïse prit le sang d'un agneau, le versa dans une coupe, et après y avoir trempé un bouquet d'hysope, il le répandit sur le peuple en disant: «Voici le sang de l'alliance que le Seigneur à faite avec vous».
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Saint Jean Chrysostome
En leur pré sentant son sang, le Sauveur prédit de nouveau sa passion par ces paroles: «Qui sera répandu pour plusieurs»,et il leur rappelle également la cause de sa mort en ajoutant: «Pour la rémission des péchés».Comme s'il disait: Le sang de l'agneau a été répandu dans l'Egypte, pour sauver les premiers-nés du peuple juif; celui-ci sera répandu pour la rémission des péchés de toute la terre.
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Saint Rémi
Et remarquez qu'il ne dit pas: Pour un petit nombre, ou pour tous, mais «Pour plusieurs»; car il n'était pas venu pour ra cheter seulement une nation, mais un grand nombre d'hommes de toutes les nations de la terre.
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Saint Jean Chrysostome
Il nous apprend encore, par ces paroles, que sa passion est le mystère du salut des hommes, et c'est une consolation qu'il offre à ses disciples. Et de même que Moïse avait dit: «Ce sera pour vous un souvenir éternel», Notre-Seigneur dit aussi, comme le rapporte saint Luc: «Faites ceci en mémoire de moi».
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Saint Rémi
Notre-Seigneur nous a enseigné que nous devions offrir non-seulement du pain, mais encore du vin, pour nous apprendre que ceux qui avaient faim et soif de la justice apaiseraient l'une et l'autre en recevant ce mystère.
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La Glose
Car, de même que notre corps répare ses forces par le boire et le manger, ainsi les forces de notre âme se raniment dans ce banquet spirituel que le Seigneur nous a préparé sous les apparences du pain et du vin. Il était convena ble d'ailleurs que ce sacrement qui devait représenter la passion du Seigneur fut institué sous la double espèce du pain et du vin, car son sang fut répandu dans sa passion et fut ainsi séparé de son corps. Il était donc nécessaire, pour reproduire le mystère de la passion du Sauveur, d'offrir séparément le pain et le vin, qui sont les signes de son corps et de son sang.
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Saint Ambroise
Nous célébrons ce mystère sous les deux espèces, car ce que nous recevons sert à protéger à la fois notre corps et notre âme.
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Saint Cyprien
Le calice du Seigneur ne contient pas de l'eau seule ou du vin seul, mais l'un et l'autre mêlés ensemble, de même que ce qui doit être changé au corps du Seigneur n'est pas de la farine seule ou de l'eau seule, mais ces deux substances unies et mélangées.
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Saint Ambroise
Mais puisque Melchisédech a offert du pain et du vin ( Gn 14,18 ), que signifie ce mélange d'eau avec le vin? En voici la raison: Moïse frappa la pierre et en fit ainsi jaillir l'eau en abondance ( Ex 17,6 ); or, cette pierre, c'était le Christ ( 1Co 10,4 ); et l'un des soldats perça de sa lance le côté du Christ, et de ce côté sortit du sang et de l'eau: l'eau, pour nous purifier, le sang pour nous racheter.
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Saint Rémi
Rappelons-nous encore que les grandes eaux, au témoignage de saint Jean ( Ap 17,1 ), sont les peuples, et comme nous devons toujours demeurer en Jésus-Christ, et Jésus-Christ en nous, on offre du vin mêlé avec de l'eau, pour montrer que la tête et les membres, c'est-à-dire Jésus-Christ et l'Église ne font qu'un seul corps; ou bien encore que le Christ n'a point souffert sans l'amour qui l'a porté à nous racheter, et que nous ne pouvons nous-mêmes avoir part à sa rédemption sans les mérites de sa passion.
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Saint Jean Chrysostome
Comme il venait de parler de sa passion et de sa croix, par une conséquence naturelle il fait aussi allusion à sa résurrection: «Or, je vous dis que je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne», etc. Ce royaume, c'est sa résurrection. Or, en parlant de sa résurrection, il affirme qu'alors il boira avec ses Apôtres, pour qu'on ne pût croire que sa ré surrection n'était qu'imaginaire. Aussi, lorsque les Apôtres prêchèrent la résurrection de Jésus-Christ, disent-ils ouvertement: «Nous avons mangé et bu avec lui, après qu'il fut ressuscité d'entre les morts» ( Ac 10,41 ). Il leur donne ainsi l'assurance qu'ils le verront ressuscité et qu'il sera de nouveau au milieu d'eux. Ce vin nouveau doit s'entendre d'une manière nouvelle de le boire, c'est-à-dire avec un corps qui ne sera plus soumis ni à la souffrance, ni au besoin de nourriture; car, si nous le voyons manger et boire après sa résurrection, ce, ne fut point par nécessité, mais pour nous donner une preuve qu'il était vraiment ressuscité. Mais comme il devait y avoir des hérétiques qui, dans la célébration de ce mystère, n'useraient que d'eau à l'exclusion du vin, il prouve par ces paroles que dans l'institution de ces augustes mystères il s'est servi du vin qu'il a bu après sa résurrection. C'est pour cela qu'il dit en termes précis: «De ce fruit de la vigne», car la vigne produit, du vin et non pas de l'eau.
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Saint Jérôme
Ou bien, dans un autre sens, Notre-Seigneur passe des choses matérielles aux choses spirituelles. La sainte Écriture déclare que la vigne qui a été transplantée de l'Egypte, c'est le peuple d'Israël. Le Seigneur déclare qu'il ne boira plus du fruit de cette vigne que dans le royaume de son Père. Or, comme le royaume de son Père est à mon avis la foi des fidèles, le Seigneur ne boira du vin des Juifs que lorsqu'ils auront reconnu et accepté le royaume de son Père. Remarquez aussi qu'il dit: «Dans le royaume de mon Père»,et non pas de Dieu, car tout père donne son nom à son fils, et c'est comme s'il disait: Lorsqu'ils auront cru en Dieu le Père, et que le Père les aura conduits jusqu'au Fils.
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Saint Rémi
Ou bien encore: «Je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne», c'est-à-dire: Je ne me complairai plus dans les sacrifi ces charnels de la synagogue, parmi lesquels l'immolation de l'agneau pascal occupait la pre mière place. Mais viendra le temps de ma résurrection, et le jour où ayant pris possession du royaume de mon Père, c'est-à-dire, étant revêtu de la l'éternelle immortalité, je boirai avec vous ce vin nouveau, c'est-à-dire je me réjouirai comme d'une joie toute nouvelle du salut de ce peuple qui aura été renouvelé dans les eaux du baptême.
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Saint Augustin
Ou bien enfin, ces paroles: «Je boirai ce vin nouveau»,veu lent dire que celui-ci est ancien. Notre-Seigneur avait pris de la race d'Adam, qui est appelée le vieil homme ( Rm 6 ), ce corps qu'il devait livrer à la mort dans sa passion; c'est pourquoi il nous donne son sang sous l'apparence du vin. Mais que signifie ce vin nouveau, si ce n'est l'immortalité de nos corps qui doivent être renouvelés? Quant à ces paroles: «Je le boirai avec vous», elles sont la promesse que leurs corps ressusciteront pour revêtir l'immortalité. Toutefois ces paroles: «Avec vous»,ne doivent pas s'entendre de la même époque, mais du même renouvellement. C'est ainsi que l'Apôtre déclare, que nous sommes ressuscités avec Jésus-Christ, afin que l'espérance de ce bonheur à venir soit pour nous une source de joie dès cette vie. Il appelle nouveau ce fruit de la vigne, pour nous apprendre que ces mêmes corps que leur vétusté terrestre condamne à la mort ressusciteront un jour par un principe de renou vellement tout céleste.
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Saint Hilaire
De ce que Judas n'a pas été admis à boire avec lui de cette coupe, on conclut qu'il ne devait pas boire un jour dans le royaume, puisque le Sauveur promet à tous ceux qui participent à cette coupe qu'ils boiront un jour avec lui de ce fruit de la vigne.
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La Glose
Mais en admettant avec les autres saints docteurs que Judas avait reçu le sacrement de l'Eucharistie des mains de Jésus-Christ, nous dirons que ces paroles: «Avec vous» s'adressent, non pas à tous, mais à la plupart d'entre eux.
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30Après le chant de l'hymne, ils s'en allèrent au mont des Oliviers. 31Alors Jésus leur dit : " Je vous serai à tous, cette nuit-ci, une occasion de chute, car il est écrit : Je frapperai le pasteur, et les brebis du troupeau seront dispersées. 32Mais, après que je serai ressuscité, je vous précéderai en Galilée. " 33Pierre, prenant la parole, lui dit : " Quand vous seriez pour tous une occasion de chute, vous ne le serez jamais pour moi. " 34Jésus lui dit : " Je te le dis, en vérité, cette nuit-ci, avant que le coq ait chanté trois fois tu me renieras. " 35Pierre lui dit : " Quand même il me faudrait mourir avec vous, je ne vous renierai pas. " Et tous les disciples dirent de même.
Origène
Notre-Seigneur voulait enseigner à ses disciples, qui venaient de recevoir le pain de bénédiction, de manger le corps du Verbe et de boire le calice d'actions de grâces, à dire à Dieu le Père un hymne de reconnaissance: «Et après avoir chanté l'hymne ( Ps 116 Ps 119 ), ils allèrent à la montagne des Oliviers»; c'est-à-dire que d'une hau teur, il les élève à une autre hauteur, car le vrai fidèle ne peut rien opérer de grand tant qu'il reste dans la vallée. C'est par une disposition admirable qu'il condui t sur le mont des Oliviers ses disciples, tout pénétrés encore des mystères de son corps et de sOn sang, et qu'il a recom mandés à son Père par un hymne de pieuse intercession, car il voulait nous apprendre que l'action de ses sacrements, jointe au secours de sa médiation, devait nous faire parvenir aux dons des plus sublimes vertus et à ces grâces de l'Esprit saint qui répandent l'onction dans nos coeurs.
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Rabanus Maurus
On peut admettre que cet hymne fut celui que, d'après saint Jean, le Seigneur adresse à son Père pour lui rendre grâces, et dans lequel il priait, les yeux élevés vers le ciel, pour lui-même, pour ses disciples et pour tous ceux qui devaient croire en lui.
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La Glose
C'est que le Roi-prophète avait prédit: «Les pauvres mangeront et ils seront rassasiés, et ils loueront le Seigneur», etc.
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Saint Jean Chrysostome
Qu'ils entendent ces paroles, ceux qui, ne songeant qu'à manger comme des pourceaux, se lèvent ivres de table, tandis qu'ils devraient rendre grâces et terminer leur repas par l'hymne de la reconnaissance. Qu'ils les entendent aus si, ceux qui, dans la célébration des saints mystères, n'attendent pas la dernière oraison de la Messe, qui est un souvenir de cet hymne. Jésus rendit grâces avant de distribuer les saints mystères à ses disciples, pour nous apprendre à rendre grâces nous-mêmes, et il récite l'hymne après avoir mangé, afin que nous imitions son exemple.
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Saint Jérôme
D'après cet exemple du Sauveur, celui qui a été rassasié du pain de Jésus-Christ et comme enivré de son sang, peut louer Dieu et gravir le mont des Oliviers, où il trouvera le repos de ses fatigues, la consolation de ses douleurs et la connaissance de la vraie lumière.
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Saint Hilaire
Nous voyons en core par là que les hommes, après avoir pratiqué toutes les vertus dont les divins mystères sont la source, sont élevés dans la gloire céleste pour y participer à la joie et à l'allégresse com mune à tous les saints.
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Origène
C'est par une raison pleine de sagesse que Jésus choisit le mont de la miséricorde pour y faire connaître le scandale de la faiblesse des apôtres, déjà prêt à ne pas repousser ceux de ses disciples qui se sont séparés de lui, et à les accueillir lorsqu'ils reviendront à lui. «Alors Jésus leur dit: Je vous serai à tous cette nuit une occasion de scandale». Il leur prédit la faiblesse à laquelle ils doivent succomber, afin qu'après avoir fait cette triste expérience, ils ne désespèrent pas de leur salut, mais qu'ils cherchent leur délivrance dans un sincère repentir.
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Saint Jean Chrysostome
Il nous apprend encore par là ce que furent les disciples avant sa passion, et ce qu'ils devinrent après sa mort. En effet, ces mêmes disciples qui n'avaient pu rester près de Jésus-Christ pendant qu'on le crucifiait, devinrent plus forts que le diamant après sa mort. Or, la fuite des disciples, leur épouvante, sont une démonstration évidente de la mort de Jésus-Christ, et une réponse qui doit couvrir de confusion ceux qui sont malades de l'hérésie de Mar cion; car si Jésus-Christ n'a été ni chargé de chaînes, ni crucifié, quelle a été la cause de cette crainte excessive de Pierre et des autres disciples?
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Saint Jérôme
Et c'est avec dessein qu'il ajoute: «Pendant cette nuit»,car de même que ceux qui s'enivrent, s'enivrent pendant la nuit ( 1Th 5,7 ), ainsi ceux qui sont scandalisés le sont dans la nuit et au sein des ténèbres.
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Saint Hilaire
Cette prédiction était confirmée par une ancienne prophétie, car il est écrit: «Je frapperai le pasteur, et les brebis du troupeau seront dispersées».
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Saint Jérôme
Cette prophétie se trouve dans le prophète Zacharie en d'autres termes; le prophète s'adresse lui-même à Dieu et lui dit: «Frappez le pasteur, et les brebis seront dispersées»
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Saint Jean Chrysostome
Le Sauveur cite cette prophétie pour engager ses disciples à avoir toujours les yeux fixés sur les saintes Écritures, pour leur prouver que c'était par un dessein bien arrêté de Dieu qu'il était crucifié, et leur montrer en même temps qu'il n'était pas étranger à l'Ancien Testament et au Dieu qu'il proclame. Toutefois, il ne veut pas les laisser dans la tristesse, et il se hâte de leur faire des prédictions plus agréables: «Mais lorsque je serai ressuscité, je vous précéderai en Galilée».Ce n'est point du haut du ciel qu'il leur apparaît aussitôt sa résurrection; il ne va pas non plus dans une région lointaine pour se manifester à eux, mais c'est dans la même nation et presque dans le même pays, afin qu'ils ne pussent douter que c'était bien lui, le même qui avait été crucifié, qui était ressuscité. Il leur annonce encore qu'il ira en Galilée, afin que n'étant plus sous l'impression de la crainte des Juifs, ils fussent plus disposés à croire ce qu'il leur disait.
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Origène
Il leur fait encore cette prédiction, afin qu'ils sachent qu'après avoir été dispersés pour un moment à la suite du scandale qu'ils avaient souffert, il les réunirait aussitôt sa résurrection, et les précéderait dans la Galilée des nations. - Ou bien encore, si l'on demande com ment les disciples, après avoir vu tant de miracles et de prodiges, ont pu être scandalisés par une seule parole, nous répondrons que Notre-Seigneur veut nous apprendre par là que de même que personne ne peut dire: «Jésus est le Seigneur, Sinon par l'Esprit saint», ainsi personne ne peut être sans scandale, c'est-à-dire inaccessible au scandale, sans le secours de l'Esprit saint. Mais lorsque ces paroles du Sauveur: «Je vous serai à tous cette nuit un sujet de scandale», reçurent leur accomplissement, l'Esprit saint n'était pas encore donné, parce que Jésus n'était pas encore glorifié. Pour nous, au contraire, si après avoir confessé le Seigneur Jésus par l'Esprit saint, il nous devient un sujet de scandale ou que nous venions à le renoncer, nous sommes tout à fait inexcusables. Ajoutons que les disciples ont été scandalisés, comme des hommes qui étaient encore au milieu de la nuit, tandis que pour nous, la nuit a disparu pour faire place au jour qui s'est approché. Enfin, les disciples ont été scandalisés pendant la nuit, parce que le Père n'a pas épargné son Fils unique, mais l'a livré pour nous à la mort, de ma nière que les brebis du troupeau ont été dispersées pour un peu de temps, après avoir été scan dalisées, mais pour être ensuite réunies par Jésus-Christ dans la Galilée, où il précédera ceux qui voudront le suivre, afin que le peuple des Gentils qui, auparavant, «était assis dans les té nèbres, voie briller une grande lumière», etc.
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Saint Hilaire
Mais Pierre était tellement transporté par son affection, par son amour pour Jésus-Christ, qu'il oublia la faiblesse de sa chair et la croyance que méritent les paroles du Seigneur; comme si ces paroles ne devaient pas avoir leur effet: «Pierre, prenant la parole, lui dit: Quand tous les autres», etc.
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Saint Jean Chrysostome
Que dites-vous, ô Pierre? Le prophète a dit: «Les brebis seront dispersées», et Jésus-Christ a confirmé ce témoignage, et vous osez dire: Non, il n'en sera pas ainsi? Lorsque Jésus a dit: «Un de vous me trahira», vous trembliez d'être vous-même ce traître, quoique votre conscience ne vous reprochât rien de semblable; et maintenant qu'il déclare ouvertement qu'il sera pour vous tous un sujet de scandale, vous osez le contredire? Pierre était délivré de l'anxiété que lui avait causé l'idée qu'il pourrait trahir son Maître, et plein désormais d'une confiance exagérée, il s'écrie: «Pour moi, je ne me scandaliserai jamais».
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Saint Jérôme
Ce n'est point cependant témérité ni mensonge de la part de cet Apôtre, mais l'effet de son ardent amour pour le Sauveur son maître.
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Saint Rémi
Il nie donc, par un effet de son amour, ce que le Seigneur avait prédit par un effet de sa prescience, et nous devons apprendre de là que la fragilité de notre chair doit nous donner autant de crainte que la vivacité de notre foi peut nous inspirer de confiance. Cependant Pierre est inexcusable et pour avoir contredit le Seigneur, et pour s'être préféré aux autres, et en troisième lieu pour avoir cru qu'il trouverait en lui seul la force nécessaire pour persévérer. Afin de guérir cette présomption et cet orgueil, le Seigneur permit la chute de son disciple, non pas qu'il l'ait poussé à ce hon teux renoncement, mais il l'abandonna à lui-même et convainquit ainsi la nature humaine de fragilité.
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Origène
Aussi les autres disciples sont scandalisés au sujet de la personne de Jésus, tandis que Pierre est non-seulement scandalisé, mais abandonné plus complètement par la grâce, de manière à renier trois fois son Maître: «Et Jésus lui repartit: Je vous dis en vérité que cette nuit, avant que le coq ait chanté, vous me renierez trois fois».
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Saint Augustin
On peut s'étonner de ce que les Évangélistes ont rapporté si diversement non seulement quant aux expressions, mais quant au fond même des choses, cette présomption de Pierre, qui, malgré les avertissements qui lui sont donnés, affirme qu'il est prêt à mourir avec le Seigneur ou pour défendre sa cause. Aussi est-on forcé d'admettre que cet Apôtre a renouvelé sa promesse présomptueuse en réponse à différentes parties du (rentes) de Jésus-Christ, et que le Sauveur lui a déclaré par trois fois qu'avant le chant du coq, il le renierait trois fois. C'est ainsi qu'après sa résurrection il lui demande par trois fois s'il l'aimait, lui donne par trois fois le précepte de paître ses brebis. Qu'ont en effet de semblable les paroles ou les pensées rapportées par saint Matthieu avec celles dont saint Jean ( Jn 13,37 ) et saint Luc ( Lc 22,33 ) se servent pour exprimer la réponse présomptueuse de Pierre? Saint Marc, au contraire ( Mc 14,29-31 ), rapporte ce fait à peu près dans les mêmes termes que saint Matthieu, avec cette différence que dans saint Marc, le Seigneur prédit d'une manière plus explicite ce qui devait arriver: «Je vous dis en vérité qu'aujourd'hui, dès cette nuit, avant que le coq ait chanté deux fois, vous me renoncerez trois fois». Aussi en est-il quelques-uns qui, n'y regardant pas de bien près, prétendent que saint Marc ne peut se concilier ici avec les autres Évangélistes. Car, disent-ils, Pierre a renié trois fois son Maître, et s'il a commencé après le premier chant du coq, le récit des trois Évangélistes n'est pas conforme à la vérité, puisqu'ils rapportent que le Seigneur a déclaré qu'avant que le coq chantât, Pierre le renierait trois fois. D'ailleurs, si les trois renon cements de saint Pierre ont eu lieu avant que le coq ait commencé à chanter, pourquoi Notre-Seigneur aurait-il dit d'après saint Marc: «Avant que le coq ait chanté deux fois, vous me renoncerez trois fois? ta Nous répondons que le triple renoncement de saint pierre ayant commencé avant le premier chant du coq, les évangélistes ont considéré non pas le moment où il devait être consommé, mais celui où il devait se produire et commencer, c'est-à-dire avant le chant du coq. On peut même dire, en considérant les dispositions intérieures de saint Pierre, que ce triple renoncement eut lieu avant le chant du coq, car avant cette heure, son âme était en proie à une crainte si grande qu'elle pouvait le conduire jusqu'à renoncer trois fois son maî tre. A plus forte raison, on ne doit pas s'étonner que ces trois renoncements successifs et dis tincts aient commencé avant le chant du coq, bien qu'ils n'aient pas été consommés avant le premier chant du coq. Car si l'on disait à quelqu'un: «Avant que le coq ait chanté, vous m'écrirez une lettre dans laquelle vous m'outragerez trois fois», cette prédiction ne se trouve rait pas fausse, si la lettre, commencée avant le premier chant du coq, était achevée après que le coq aurait chanté pour la première fois.
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Origène
Vous demanderez peut-être s'il était possible que Pierre ne fût pas scandalisé après cette déclaration du Sauveur: «Je vous serai à tous une occasion de scandale». Les uns répondent que ce que Jésus avait prédit devait nécessairement arriver; les autres, que celui qui, à la prière de Jonas, consentit à ne pas accomplir la prédiction qu'il avait faite par ce prophète, aurait pu aussi, si Pierre l'en eût prié, éloigner de lui ce scandale; tandis que cette promesse téméraire, faite sous l'impression d'un amour généreux, mais irréfléchi, fut cause qu'à la honte du scan dale il joignit le crime d'un triple renoncement. Mais, dira-t-on, puisque Jésus, lui avait affirmé avec serment qu'il le renoncerait, il fallait nécessairement que ce renoncement eût lieu. Car si ces paroles du Sauveur: «Je vous le dis en vérité», renfermaient un serment, ce serment eût confirmé un mensonge si Pierre avait pu dire vrai en affirmant: «Pour moi, je ne vous renon cerai pas». Or, à mon avis, les autres disciples me paraissent. préoccupés de ces premières paroles: «Je vous serai à tous une occasion de scandale». Il s'adresse ensuite à Pierre en par ticulier et lui fait cette prédiction qui ne comprenait pas les autres disciples: «Je te le dis en vérité», etc. Et Pierre lui répond: «Quand il me faudrait mourir avec vous, je ne vous renierai point. Et tous les autres disciples dirent la même chose». Ici encore, Pierre ne sait pas ce qu'il dit ( Lc 9,33 ), car il n'appartenait pas aux hommes de mourir avec Jésus, qui donnait sa vie pour tous les hommes. En effet, tous les hommes étaient ensevelis dans leurs péchés; tous avaient donc besoin qu'un autre mourût pour eux, et eux-mêmes ne pouvaient mourir pour leurs semblables.
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Rabanus Maurus
Pierre avait compris que le Seigneur lui avait prédit qu'il le renoncerait par la crainte qu'il aurait de la mort, il lui affirme donc que le danger d'une mort certaine ne pourrait le sépa rer de la foi qu'il avait en lui. Les autres Apôtres, emportés également par l'ardeur de leur af fection, promettent tous d'affronter la mort sans crainte; mais cette présomption toute hu maine, abandonnée de la protection divine, fut sans effet.
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Saint Jean Chrysostome
Je pense que ce fut quelque mouvement d'ambition et de vanité qui inspira ces paroles présomptueuses à l'apôtre saint Pierre; car, pendant la Cène, il s'était élevé parmi eux une contestation, lequel d'entre eux était le plus grand, tant l'amour de la vaine gloire troublait et agitait violemment leur âme; et c'est parce qu'il voulait les délivrer de ces malheureuses passions que Jésus-Christ leur retira le secours de sa grâce. Or, voyez comment, après la résurrection du Sauveur, instruit par cette leçon, Pierre. répond à Jésus avec beaucoup plus d'humilité, et n'ose plus contredire les assertions de son Maître. Cette chute a produit en tout les plus heureux effets. Auparavant, il s'attribuait tout à lui-même, lorsqu'il, aurait dû s'exprimer de la sorte: «Je ne vous renonce rai pas, si votre grâce vient à mon secours»; dans la suite, au contraire, il proclame qu'il faut tout renvoyer à Dieu: «Pourquoi nous regardez-vous comme si c'était par notre puissance que nous ayons fait marcher cet homme ?»Nous apprenons donc de là cette grande vérité que le désir de l'homme ne suffit pas, s'il n'est d'ailleurs aidé par un secours divin.
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36Alors Jésus arrive avec eux en un domaine appelé Gethsémani, et il dit à ses disciples : " Demeurez ici, tandis que je m'en vais là pour prier. " 37Ayant pris avec lui Pierre et les deux fils de Zébédée, il commença à éprouver de la tristesse et de l'angoisse. 38Alors il leur dit : " Mon âme est triste jusqu'à la mort; restez ici et veillez avec moi. "
Saint Rémi
L'Évangéliste nous a raconté un peu plus haut qu'après avoir dit avec ses disciples l'hymne d'action de grâces, Jésus était allé avec eux vers le mont des Oliviers, et c'est pour désigner l'endroit de cette montagne où il se retira, qu'il ajouté: «Alors Jésus vint avec eux un lieu appelé», etc.
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Rabanus Maurus
Saint Luc dit: «Sur le mont des Oliviers»; saint Jean: «Au delà du torrent de Cédron», ce qui est la même chose que Gethsémani, lieu situé au pied du mont des Oliviers, où se trouve un jardin et où fut bâtie depuis une église.
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Saint Jérôme
Le nom de Gethsémani veut dire vallée très fertile, et c'est là que Jésus ordonne à ses disciples de se reposer un instant, et d'y attendre qu'il revienne les trouver lorsqu'il aurait prié seul pour tous les hommes.
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Origène
Il ne convenait pas que le Sauveur fut pris dans le lieu même où il avait mangé la pâques avec ses disciples. Il fallait aussi qu'il priât avant d'être trahi, et qu'il choisît un lieu convenable et propre à la prière: «Et il dit à ses disciples: Asseyez-vous ici pendant que j'irai là, et que je prierai».
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Saint Jean Chrysostome
Jésus leur fait cette recommandation, parce qu'ils le suivaient sans jamais se séparer de lui; il avait aussi l'habitude de prier sans ses disciples, ce qu'il faisait pour nous apprendre à rechercher le repos et la solitude dans nos prières. Mais puisque la prière est l'élévation de notre âme vers Dieu et la de mande faite à Dieu de choses justes et légitimes, comment le Sauveur pouvait-il prier? Son âme n'avait pas besoin de s'élever à Dieu, unie qu'elle était au Verbe de Dieu en unité de per sonne; il n'avait non plus besoin de rien demander à Dieu, car Jésus-Christ est tout à la fois Dieu et homme. Mais le Sauveur voulut en cela nous donner dans sa personne l'exemple de la conduite que nous devons suivre, nous enseigner à prier Dieu son Père, et à nous élever jus qu'à lui. Lorsqu'il s'est soumis aux souffrances, c'était pour en triompher et nous obtenir d'en triompher nous-mêmes ainsi, lorsqu'il prie, c'est pour nous ouvrir la voie par laquelle nous pouvons nous élever jusqu'à Dieu; c'est encore afin d'accomplir pour nous toute justice, de nous réconcilier avec son Père, de l'honorer comme le principe de toutes choses et de nous montrer qu'il n'est point lui-même contraire à Dieu. - Remi, En priant sur la montagne, Notre-Seigneur nous enseigne à demander à Dieu dans la prière les choses du ciel, et en priant dans cet endroit appelé Gethsémani, il nous apprend à pratiquer toujours avec soin l'humilité dans la prière.
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Rabanus Maurus
C'est par un dessein admirable qu'à la veille de sa passion le Sauveur prie dans la vallée de l'abondance, pour nous montrer que c'était par la vallée de l'humilité et par l'abondance de sa charité qu'il a souffert la mort pour nous. Il nous avertit en même temps de ne point porter en nous un coeur stérile et privé de la fécondité que donne la charité.
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Saint Rémi
C'est parce qu'il avait été témoin de l'expression de la foi de ses disciples et de leur dévouement à toute épreuve, et qu'il prévoyait leur effroi et leur dispersion qu'il leur ordonne de s'asseoir en ce lieu, car on s'assoie pour se reposer, et il devait leur en coûter bien de la peine pour le renoncer. L'Évangéliste nous apprend comment il s'éloigna d'eux, en ajoutant: «Et ayant pris avec lui Pierre et les deux fils de Zébédée, il commença à être triste et dans l'affliction».Il prend avec lui ceux qu'il avait rendus témoins, sur la montagne, de la splendeur de sa majesté.
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Saint Hilaire
Mais les hérétiques ne veulent entendre ces paroles: «Il commença à s'attrister et à s'affliger» que dans le sens qui assujettit le Fils de Dieu à la crainte de la mort, parce qu'ils affirment, d'ailleurs, qu'il n'est point né de toute éternité, et qu'il n'est point sorti de la substance infinie de son. Père, mais qu'il a été tiré du néant par le Créateur de toutes choses. Donc, ajoutent-ils, il a été accessible aux angoisses de la douleur, à la crainte de la mort, et, puisqu'il a pu craindre la mort, il a pu mourir; or, s'il a pu mourir, bien qu'il doive maintenant vivre éternellement, il n'est cependant point éternel par sa nais sance dans le passé. Nous leur répondrons que, si la foi leur avait donné l'intelligence des Évangiles, ils auraient appris que le Verbe était Dieu dès le commencement, qu'il était en Dieu dès le commencement, et que celui qui engendre, comme celui qui a été engendré, ont la même éternité. Mais si la chair qu'il a prise a pu vicier, par suite de l'infirmité qui lui est inhérente, la vertu de cette substance incorruptible, jusqu'à la soumettre aux atteintes de la douleur, aux agitations de la crainte, elle devra aussi être soumise à la corruption, et si cette substance éter nelle peut subir un changement qui l'assujettisse à la crainte, elle pourra perdre, dans un mo ment donné, les propriétés qu'elle possède aujourd'hui. Mais Dieu est toujours le même, sans qu'on puisse mesurer son existence, et il est de toute éternité tout ce qu'il est; rien donc en Dieu n'a pu être sujet à la mort, rien en lui n'a pu être accessible à la crainte.
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Saint Jérôme
Pour nous, nous disons que le Fils de Dieu s'est revêtu de notre humanité sujette aux souffrances, mais sans que la divinité ait cessé d'être impassible, car le Fils de Dieu a souffert, non pas d'une manière imaginaire, mais en réalité, tout ce que l'Écriture atteste qu'il a souffert dans la nature qui pouvait souffrir en lui, c'est-à-dire dans la nature humaine dont il s'était revêtu.
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Saint Hilaire
Il en est, ce me semble, qui ne donnent d'autre cause à cette crainte du Sauveur que les approches de sa passion et de sa mort. Mais je demanderai à ceux qui sont dans cette opinion si l'on peut raisonnablement admettre que la crainte de la mort ait pu trou ver place chez celui qui bannissait toute crainte de la mort de l'esprit de ses Apôtres, et les exhortait à conquérir la gloire du martyre? Peut-on d'ailleurs supposer qu'il ait pu envisager la mort avec effroi, lui qui donne la vie pour récompense à ceux qui meurent pour lui. Quelle est encore la douleur qu'il pourrait craindre dans la mort, lui qui ne devait mourir que par un acte librement consenti de sa toute-puissance? Et si enfin ses souffrances devaient être pour lui une source de gloire, comment la crainte de sa passion pouvait-elle l'attrister.
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Saint Hilaire
Mais, puisque nous lisons que Notre-Seigneur a été accablé par la tristesse, recherchons-en les causes. Il avait prévenu plus haut ses disciples que tous seraient scandalisés, et il avait déclaré à Pierre qu'il renierait trois fois son maître. Or, c'est après avoir pris avec lui cet Apôtre, ainsi que Jacques et Jean, qu'il commence à s'attrister. Ce n'est donc point avant de les avoir pris avec lui qu'il est triste; mais toute cette crainte ne paraît en lui qu'après qu'il s'est fait suivre de ses disciples. Cette tristesse ne prend donc point naissance à son sujet, mais à l'occasion de ceux qu'il avait pris avec lui.
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Saint Jérôme
Le Seigneur s'attristait donc, non dans la crainte de souffrir, puisque sa passion était l'objet de sa venue sur la terre, et qu'il avait reproché à Pierre son appréhension ( Mt 14,3 ), mais en pensant à l'infortuné Judas, au scandale dont sa mort allait être l'occasion pour tous ses Apôtres, à l'abandon et à la réprobation de tout le peuple juif, et à la ruine de la malheureuse Jérusalem.
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Saint Jérôme
Ou bien, dans un autre sens, toutes les créatures qui n'existaient pas, et à qui Dieu a donné l'être, ont le désir naturel de l'existence, et fuient natu rellement ce qui pourrait la leur ravir. Donc, Dieu le Verbe, s'étant fait homme, eut aussi ce désir qu'il fit paraître, en recherchant la nourriture, la boisson, le sommeil nécessaires à la conservation de la vie, parce qu'il était soumis, par sa nature humaine, à ces différentes néces sités, et en fuyant, au contraire, tout ce qui pouvait être, pour cette nature, un principe de dis solution. Ainsi, au temps de sa passion qu'il a soufferte par un effet de sa volonté, il fut soumis à une crainte de la mort et à une tristesse qui étaient naturelles, car il est naturel à l'âme de craindre d'être séparée du corps, à cause de l'union intime que le Créateur a établie dès le commencement entre ces deux substances.
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Saint Jérôme
Notre-Seigneur, pour prouver la vérité de la nature qu'il avait prise, éprouve une tris tesse réelle; mais pour ne point laisser cette passion dominer dans son âme: «Il commence, dit l'Évangéliste, à s'attrister». Ce n'est pas en effet la même chose d'être triste, ou de com mencer à s'attrister.
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Saint Rémi
Ce passage condamne l'erreur, et des Manichéens, qui ont pré tendu qu'il n'avait pris qu'un corps fantastique, et de ceux qui ont soutenu qu'il n'avait pas eu d'âme véritable, mais que la divinité lui en avait tenu lieu.
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Saint Augustin
Nous avons, en effet, les récits des évangélistes, qui nous rapportent que Jésus-Christ est né de la bienheureuse Vierge Marie, qu'il a été pris parles Juifs, flagellé, crucifié, mis à mort et enseveli dans un tombeau, toutes choses qu'on ne peut comprendre dans leur réalité sans qu'il ait eu un corps véritable. Quel est l'homme, si insensé qu'il fût d'ailleurs, qui oserait dire qu'il faut prendre toutes ces choses dans un sens figuré, alors que les évangélistes ont ra conté ces faits d'après leurs propres souvenirs? Si donc ces faits incontestables prouvent jus qu'à l'évidence que Jésus a eu un corps, ces passions, qui ne peuvent exister que dans l'âme, prouvent également qu'il avait une âme véritable, et nous trouvons cette preuve dans le même récit des évangélistes, qui nous disent: «Et Jésus fut dans l'admiration, et il fut irrité, et il s'attrista».
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Saint Augustin
Puisque tous ces faits nous sont racontés dans l'Évangile, ce ne sont point des récits controuvés, et Notre-Seigneur, par l'effet d'une écono mie toute divine, a réellement éprouvé ces sentiments lorsqu'il l'a voulu, de même qu'il s'est fait homme par un acte également libre de sa volonté. Nous éprouvons aussi ces sentiments comme une des infirmités de notre condition humaine; mais il n'en a pas été ainsi du Seigneur Jésus, dont l'infirmité même a été un effet de sa nouvelle puissance.
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Saint Augustin
Toutes nos passions naturelles ont donc existé en Jésus-Christ, naturellement, et d'une manière supérieure à la nature; naturellement, parce qu'il laissait la chair souffrir ce qui était inhérent à sa condition; d'une manière supérieure à la nature, parce que les mouvements de la nature ne précédaient pas en lui la volonté. En effet, rien en Jésus-Christ n'était soumis à la coaction; mais tout était volontaire; ainsi, c'est par un effet de sa volonté qu'il éprouva le besoin de la faim, les sentiments de crainte et de tristesse, sentiments qu'il exprime par ces paroles: «Mon âme est triste jusqu'à la mort».
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Saint Ambroise
Ce n'est pas lui qui est triste, mais son âme, car la tristesse ne peut atteindre la sagesse, la nature divine, mais son âme seulement, car il s'est uni mon âme, il s'est uni mon corps.
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Saint Jérôme
Il dit que son âme est triste, non à cause de la mort, mais jusqu'à la mort, jusqu'à ce qu'il ait délivré ses Apôtres par sa passion. Que ceux-là donc qui prétendent que Jésus a pris une âme sans intelligence nous disent comment cette âme a pu s'attrister, et comment elle a pu connaître les heures de la tristesse, car si les animaux sans raison peuvent éprouver de la tristesse, ils ne peuvent cependant en connaître ni les causes, ni le temps, ni le terme.
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Origène
Ou bien, dans un autre sens, ces paroles: «Mon âme est triste jusqu'à la mort», signifient: La tristesse a commencé en moi, non pour toujours, mais jusqu'à l'heure de ma mort, et, lorsque je serai mort au péché, je mourrai à toute espèce de tristesse, dont le com mencement seul a trouvé, place en moi. «Demeurez ici», etc. C'est-à-dire, j'ai commandé aux autres de rester plus loin comme, étant plus faibles, et pour leur épargner la vue de ce triste combat; pour vous, je vous ai pris avec moi, comme étant plus forts, et pour prendre part avec moi aux fatigues de la veille et de la prière. Cependant, demeurez aussi en cet endroit, car il faut que chacun s'arrête au degré de sa vocation, et toute grâce, quelque grande qu'elle soit, en a toujours une qui lui est supérieure.
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Saint Jérôme
Ou bien, on peut dire qu'il ne leur défend pas de se livrer au sommeil, car ce n'en était guère le temps à l'approche de ce moment décisif, mais qu'il veut les prémunir contre l'assoupissement de l'âme et le sommeil de l'infidélité.
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39Et s'étant un peu avancé, il tomba sur sa face, priant et disant : " Mon Père, s'il est possible, que ce calice s'éloigne de moi ! Cependant non pas comme je veux, mais comme vous (voulez) ! " 40Et il vient vers les disciples et il les trouve endormis; et il dit à Pierre : " Ainsi, vous n'avez pas eu la force de veiller une heure avec moi ! 41Veillez et priez, afin que vous n'entriez point en tentation. L'esprit est ardent, mais la chair est faible. " 42Il s'en alla une seconde fois et pria ainsi : " Mon Père, si ce (calice) ne peut passer sans que je le boive, que votre volonté soit faite ! " 43Etant revenu, il les trouva endormis, car leurs yeux étaient appesantis. 44Il les laissa et, s'en allant de nouveau, il pria pour la troisième fois, redisant la même parole.
Origène
Notre-Seigneur emmène avec lui Pierre, celui de tous qui avait le plus de confiance en lui-même, ainsi que les deux autres Apôtres, qui paraissaient comme lui plus fidèles et plus courageux, afin qu'ils v issent de leurs yeux leur divin Maître prosterné le visage contre terre, et qu'ils apprissent à n'avoir jamais d'eux-mêmes une opinion avantageuse, mais des sentiments pleins d'humilité, et à être moins prompts à promettre et plus empressés de recourir à la prière. C'est pour cela qu'il est dit: «Et s'en allant un peu plus loin». Il ne voulait pas s'éloigner d'eux, mais, au contraire, en être rapproché pour prier, et après leur avoir dit autrefois: «Apprenez de moi que je suis doux et humble de coeur» ( Mt 11,29 ), il confirme cette doctrine par son exemple, en s'humiliant honorablement le premier, et en se prosternant le visage contre terre: «Et il tomba la face contre terre en priant et en disant: Mon Père, s'il est possible, que ce calice s'éloigne de moi».Il fait éclater dans cette prière toute sa piété, et comme le Fils bien-aimé, et qui met toute son affection à obéir aux dispositions de son Père, il ajoute: «Néanmoins, non comme je veux, mais comme vous voulez»,nous enseignant ainsi à deman der que la volonté de Dieu s'accomplisse et non pas la nôtre, il demande que le calice de sa passion s'éloigne, non pas selon sa volonté, mais comme le veut son Père, de la même manière qu'il a commencé à craindre et à s'attrister, c'est-à-dire non pas dans sa nature divine et impas sible, mais dans sa nature humaine et sujette à l'infirmité, car, en se revêtant de cette nature, il en a subi toutes les conditions, pour ne point laisser croire qu'il n'avait que l'apparence et non la réalité d'une chair mortelle. Or, le premier sentiment qu'éprouve l'homme fidèle, c'est d'abord de ne pas vouloir de la douleur, surtout de celle qui peut le conduire à la mort, parce qu'il est revêtu d'une chair mortelle; mais si telle est la volonté de Dieu, il ne demande qu'à s'y conformer, parce qu'il est avant tout plein de foi. Car de même que nous devons nous gar der d'une confiance excessive, pour ne point paraître faire montre de notre force, nous devons également ne pas nous laisser aller à une défiance qui semblerait accuser d'impuissance le Dieu qui est notre soutien. Remarquons que cette circonstance nous est rapportée par saint Marc et par saint Luc; mais saint Jean ne nous dit point que Jésus ait prié son Père que ce calice s'éloignât de lui; ces premiers, en effet, ont insisté davantage, dans leur récit, sur ce qui concernait la nature humaine, et saint Jean sur ce qui faisait ressortir sa nature divine. Dans un autre sens, on peut dire que Jésus, voyant toutes les calamités qui devaient fondre sur les Juifs pour avoir demandé sa mort, s'écrie: «Mon Père, s'il est possible, que ce calice s'éloigne de moi».
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Saint Jérôme
C'est d'une manière significative qu'il dit: «Ce calice», c'est-à-dire le ca lice du peuple Juif, qui ne peut s'excuser sur son ignorance en me mettant à mort, puisqu'il a entre les mains la loi et les prophètes qui m'ont annoncé.
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Origène
Mais il considère de nou veau les immenses avantages que le monde entier devait retirer de sa passion, et il ajoute: «Toutefois, non ma volonté, mais la vôtre», c'est-à-dire si tous ces biens dont ma passion doit être la source peuvent se réaliser sans qu'elle ait lieu, qu'elle s'éloigne de moi, afin que le monde soit sauvé sans que les Juifs expient par leur ruine le crime de m'avoir mis à. mort; mais si le salut d'un grand nombre ne peut avoir lieu sans la perte de quelques-uns, que ce calice ne s'éloigne pas. Or ce calice, qu'il faut boire, est l'expression dont se sert l'Écriture en plusieurs endroits, pour désigner les souffrances, et, en particulier, les souffrances des martyrs, comme dans ce passage du psaume 15: «Je prendrai le calice du salut» ( Ps 16,4 ). Celui qui, pour rendre témoignage à la foi ( He 11,39 ), souffre tous les mauvais traitements qu'on peut lui faire, boit ce calice tout entier; mais celui qui se dérobe à toute souffrance le renverse en le prenant.
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Saint Augustin
Et pour ne point paraître diminuer la puissance de son Père, il ne dit point: Si vous le pouvez, mais «Si cela se peut faire», ou «Si cela est possi ble», c'est-à-dire, Si vous le voulez. En effet, tout ce qu'il veut est possible, et c'est ce que saint Luc exprime d'une manière plus claire, car il ne dit pas: Si cela est possible, mais «Si vous voulez».
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Saint Hilaire
Ou bien encore, dans un autre sens, il ne dit pas: Que ce calice s'éloigne, car ce serait la prière d'un homme qui craint pour lui-même; mais il demande que ce calice passe au delà de lui. Il demande donc, non d'être exempté de le boire, mais de le voir passer à d'autres après qu'il se sera éloigné de lui. Toute la crainte qu'il éprouve se concentre donc sur ceux qui doivent souffrir après lui, et c'est pour eux qu'il adresse à Dieu cette prière: «Que ce calice s'éloigne de moi», c'est-à-dire qu'ils le boivent comme je le bois moi-même, sans aucune défiance, sans aucun sentiment de douleur, sans aucune crainte de la mort, Il dit: «Si cela est possible», parce que la chair et le sang redoutent les souffrances, et qu'il est diffi cile que des corps mortels soient à l'épreuve de leurs cruelles atteintes. Il ajoute: Non comme je veux, mais «comme vous voulez». Il voudrait en effet les affranchir de la nécessité de souffrir, dans la crainte de les voir succomber à la souffrance, si toutefois ils peuvent devenir les cohéritiers de sa gloire, sans passer par la rude épreuve de sa passion. «Non pas comme je le veux, mais comme vous le voulez», parce que la volonté du Père est que la force nécessaire pour boire ce calice passe de Jésus-Christ dans ses Apôtres, car, d'après l'ordre des conseils divins, le démon devait être vaincu directement, plus par les disciples de Jésus-Christ que par Jésus-Christ lui-même.
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Saint Augustin
Jésus-Christ, revêtu de notre humanité, fit donc paraître en lui une volonté particulière à l'homme, et qui figurait à la fois sa volonté et la nôtre, puisqu'il était notre chef en disant: «Que ce calice s'éloigne de moi»,car c'était là. l'expression de la vo lonté humaine, qui a des désirs qui lui sont propres; mais comme elle veut en même temps que la justice règne dans l'homme, et qu'il ait toujours Dieu en vue, elle ajoute: «Cependant, non pas comme je veux, mais comme vous le voulez», c'est-à-dire: Ne considérez que vous en moi, car la volonté humaine peut avoir des désirs personnels qui soient contraires à la volonté de Dieu, et que Dieu pardonne à la fragilité humaine.
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Saint Augustin
Cette parole de notre chef est le salut de tout le corps; cette voix a instruit tous les fidèles, enflammé tous les confesseurs, et a couronné tous les martyr s, car qui pourrait braver les haines, de ce monde, les orages des tentations, les terreurs des persécutions, si Jésus-Christ ne disait en tous et pour tous à son Père: «Que votre volonté soit faite». Que tous les enfants de l'Église ap prennent donc à répéter cette parole, afin que, lorsque l'adversité vient fondre sur eux comme une violente tempête, ils puissent triompher de la crainte qu'elle inspire et se montrer animés du courage nécessaire pour la supporter.
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Origène
Jésus s'étant éloigné tant soit peu de ses disciple, ils ne purent veiller même une heure en son absence; prions donc que Jésus ne nous quitte pas, ne fût-ce que pour un instant. «Il vient ensuite vers ses disciples, et il les trouva endormis».
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Saint Jean Chrysostome
Car la nuit était profonde, et d'ailleurs leurs yeux étaient appesantis par la tristesse.
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Saint Hilaire
Lorsqu'il revient trouver ses disciples et qu'il les trouve endormis, c'est à Pierre qu'il adresse particuliè rement ses reproches: «Et il dit à Pierre: Quoi, vous n'avez pu veiller une heure avec moi ?» il fait ce reproche à Pierre plutôt qu'aux deux autres, parce que c'était celui de tous ses Apô tres qui s'était le plus vanté de ne point se laisser scandaliser.
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Saint Jean Chrysostome
Mais comme ils avaient fait tous la même promesse, il leur reproche justement à tous leur faiblesse; car après avoir pris la résolution de mourir tous ensemble avec Jésus-Christ, ils n'eurent même pas la force de veiller avec lui.
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Origène
Les ayant trouvés endormis, il les réveille pour les rendre attentifs à sa parole, et il leur recommande la vigilance: «Veillez et priez, afin de ne point tomber dans la tentation», ainsi nous devons d'abord veiller, et ensuite prier. On pratique la vigilance en faisant de bonnes oeuvres, et en se tenant so igneusement en garde contre toute doctrine de ténèbres, c'est par là que celui qui veille assure le succès de sa prière.
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Saint Jérôme
Il est impossible que l'âme humaine soit exempte de tentation; aussi le Sauveur ne dit pas: Veillez et priez pour ne pas être tentés, mais: «Pour ne pas tomber dans la tentation», c'est-à-dire pour n'en être pas victime.
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Saint Hilaire
Il leur découvre ensuite les raisons du précepte qu'il leur donne de prier pour ne point tomber dans la tentation; «car l'esprit est prompt, et la chair est faible», paroles qui ne s'appliquent point au Sauveur, puisqu'il s'adresse maintenant à ses disciples.
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Saint Jérôme
Il condamne ici la conduite de ces esprits téméraires qui pensent pouvoir obtenir tout ce qu'ils croient et ce qu'ils espèrent. Que la fragilité de notre chair nous inspire donc autant de crainte que la ferveur de notre âme nous inspire de confiance.
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Origène
Il nous faut examiner ici si dans tous les hommes la chair est faible de même que l'esprit est prompt; ou bien si tous ont une chair faible, sans que tous aient l'esprit prompt, à l'exception des saints; quant aux infidèles, leur esprit est faible en même temps que leur chair est sans force. Dans un autre sens, on peut dire qu'il n'y a que ceux dont l'esprit est prompt qui aient une chair faible; car leur esprit s'empresse de mortifier les oeuvres de la chair. ( Rm 8,13 ). C'est donc à eux que Jésus commande de veiller et de prier pour ne point entrer en tentation; car plus on est avancé dans la vie spirituelle, et plus on doit être attentif à ne point exposer une si haute vertu à une lourde chute.
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Saint Rémi
Ou bien encore, le Sauveur prouve par ces paroles qu'il a pris une chair véri table dans le sein de la Vierge Marie, et qu'il a eu aussi une âme véritable, et c'est dans ce sens qu'il dit que son esprit est prompt pour souffrir, mais que sa chair faible appréhende les dou leurs de sa passion.
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Origène
Je pense que ce calice devait passer loin de Jésus-Christ, mais avec cette différence, que s'il le buvait, il passait loin de lui, et ensuite loin de tout le genre humain; au contraire, s'il ne le buvait pas, ce calice passait loin de lui, mais ne passait pas loin des hommes. Or, il voulait que ce calice s'éloignât de lui, et qu'il ne fût point obligé d'en goûter l'amertume, si toutefois la justice de Dieu pouvait y consentir; mais si cela n'était pas possible, il aimait mieux épuiser ce calice, et le voir ainsi passer loin de lui et de tout le genre humain, que d'en détourner les lèvres contrairement à la volonté de son Père.
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Saint Jean Chrysostome
En priant une deuxième et une troisième fois, sous l'impression de l'infirmité humaine qui lui f aisait craindre la mort, il atteste qu'il s'était réellement fait homme. Car lorsqu'un acte se répète une deuxième et une troisième fois, c'est dans le langage des Écritures la plus haute démonstration de la vérité, voilà pourquoi Joseph dit à Pharaon: «Quant au songe que vous avez eu en second lieu, et qui a le même sens, c'est un signe certain qu'il aura son effet». ( Gn 41,32 )
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Saint Jérôme
Ou bien, il prie une seconde fois, pour témoigner à Dieu que si Ninive, c'est-à-dire la Gentilité, ne peut être sauvée, qu'à la condition que l'arbrisseau se dessèche ( Jon 4,7 ), il consent que la volonté de son Père soit faite, volonté qui n'est pas contraire à celle du Fils, selon ces paroles du Roi-prophète; «Je suis venu pour faire votre volonté, c'est aussi, mon Dieu, ce que j'ai voulu» ( Ps 40,8-9 )
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Saint Hilaire
Ou bien encore, en faveur de ses disciples, qui devaient passer par les souffrances, il a pris sur lui toutes les faiblesses de notre corps, il a cloué à la croix toutes nos infirmités; et c'est pourquoi ce calice ne peut s'éloigner de lui sans qu'il le boive, parce que nous ne pouvons souffrir qu'en vertu de sa passion.
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Saint Jérôme
Or, Jésus-Christ est le seul qui prie pour tous les hommes, de même qu'il est le seul qui souffre pour tous sans exception. «Et il vint de nouveau, et il les trouva endormis; car leurs yeux étaient appesantis». Les Apôtres étaient comme atteints de langueur, et leurs yeux étaient accablés par les approches de leur renoncement.
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Origène
Je pense que c'était moins les yeux de leur corps que ceu x de leur âme qui étaient appesantis; car ils n'avaient pas encore reçu l'Esprit saint, aussi le Sauveur ne leur fait-il point de nouveaux reproches, mais il retourne prier une troisième fois, pour nous enseigner à ne point nous décourager, mais à persévérer dans la prière jusqu'à ce que nous ayons obtenu ce que nous avons commencé à demander. «Et les ayant quittés, il s'en alla de nouveau, et il pria une troisième fois disant les mêmes paroles».
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Saint Jérôme
Il pria une troisième fois, comme pour se conformer à ce précepte des livres saints: «Que tout soit assuré par la déposition de deux ou trois témoins ( Dt 19,15 Mt 18,16 , et 2Co 13,1 ).
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Rabanus Maurus
Ou bien, le Seigneur prie à trois reprises différentes, pour nous apprendre à demander à Dieu le pardon de nos péchés passés, la délivrance de nos maux présents, et la protection divine contre les dangers à venir. Il nous enseigne encore à adresser toutes nos prières au Père, au Fils et au Saint-Esprit, et à leur demander de conserver sans tache notre esprit, notre âme et notre corps. ( 1Th 5,23 )
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Saint Augustin
On peut encore raisonnablement admettre que le Seigneur a prié par trois fois en vue de la triple tentation de sa passion; car de même qu'il y a trois tentations de la concupiscence, la crainte nous tente ainsi de trois manières différentes. Ainsi à la concu piscence des yeux ou de la curiosité, correspond la crainte de la mort; car de même que la première est un désir ardent de connaître toutes choses, de même la seconde est la crainte de perdre cette connaissance. A la concupiscence ou au désir de l'honneur et de la louange, correspond la crainte de l'ignominie et des outrages, et à la concupiscence du plaisir, la crainte de la douleur.
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Saint Rémi
Ou bien, il prie par trois fois pour les Apôtres, et surtout pour Pierre qui devait le renier trois fois,
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45Alors il vient vers les disciples et leur dit : " Désormais dormez et reposez-vous; voici que l'heure est proche où le Fils de l'homme va être livré aux mains des pécheurs. 46Levez-vous, allons ! Voici que celui qui me trahit est proche. "
Saint Hilaire
Après ces prières multipliées, après ces démarches répétées, il bannit la crainte de l'âme de ses disciples, il leur rend la sécurité, et les invite à prendre du repos «Alors il revint trouver ses disciples», etc.
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Saint Jean Chrysostome
Au contraire, c'est alors qu'il fallait veiller; mais il leur parle de la sorte pour leur faire comprendre qu'ils ne pourraient sup porter la vue des maux qui allaient fondre sur lui, et que d'ailleurs, il n'avait pas besoin de leur secours, puisqu'il fallait nécessairement qu'il fût livré à ses ennemis.
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Saint Hilaire
Ou bien, il s'exprime ainsi, parce qu'il attendait désormais avec confiance l'effet de la volonté de son Père sur ses disciples, d'après la prière qu'il lui avait faite: «Que votre volonté soit faite», assuré qu'il était qu'en buvant le premier le calice qui devait passer jusqu'à nous, il absorbait pour ainsi dire, en sa personne, les infirmités de notre corps, les sollicitudes de la crainte, et la dou leur elle-même de la mort.
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Origène
Ou bien, ce sommeil qu'il commande maintenant à ses disciples de prendre, n'est pas le même auquel ils ont succombé précédemment; en effet, lors que Jésus vint les trouver alors, ils dormaient, il est vrai, et avaient leurs yeux appesantis, mais ils ne se reposaient pas; maintenant, au contraire, il leur commande, non plus simplement de dormir, mais de dormir d'un sommeil qui les repose, pour que l'ordre naturel des choses soit observé. C'est ainsi que nous devons d'abord veiller et prier pour ne point tomber dans la ten tation, afin de pouvoir ensuite nous livrer au sommeil et au repos. Ainsi tout homme qui a trouvé une demeure au Seigneur, un tabernacle au Dieu de Jacob peut monter sur le lit de son repos, et accorder le sommeil à ses yeux ( Ps 132,4 ) Peut-être aussi l'âme qui ne peut tou jours supporter la fatigue, accablée qu'elle est sous le poids du travail, obtiendra quelques moments de relâche que l'on compare au sommeil, et qu'elle pourra goûter sans crainte de reproche, afin de pouvoir se lever toute renouvelée après ces quelques instants de repos.
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Saint Hilaire
Lorsque Notre-Seigneur revient vers ses disciples, et qu'il les trouve endormis, la première fois, il leur en fait un reproche; la seconde fois, il se tait; la troisième fois, il leur or donne de se reposer. Voici la raison de cette conduite: premièrement, après sa résurrection, il les trouva dispersés, pleins de défiance et de crainte; secondement, lorsqu'il les visita en leur envoyant l'Esprit saint, leurs yeux étaient appesantis et ne pouvaient contempler la liberté de l'Évangile; car l'amour de la loi, qui les retenait encore tant soit peu, les laissait comme plongés dans le som meil par rapport à la foi; troisièmement enfin, lorsqu'il reviendra dans l'éclat de sa majesté, il leur rendra la sécurité et le repos.
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Origène
Après les avoir tirés de leur sommeil, Jésus, voyant en esprit Judas qui s'approchait pour le trahir, sans que ses disciples pussent encore l'apercevoir, leur dit: «Voici l'heure qui appro che»,etc.
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Saint Jean Chrysostome
Ces paroles: «L'heure approche», prouvent que tout se faisait par suite d'une disposition toute divine, et ces autres: «Le Fils de l'homme va être livré entre les mains des pécheurs», que sa passion était l'oeuvre de leur méchanceté, et qu'il n'était coupable d'aucun crime qui pût en être la cause.
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Origène
Maintenant encore, Jésus est livré entre les mains des pécheurs, lorsque ceux qui paraissent croire en lui l'ont entre les mains, tout pécheurs qu'ils sont. De même, toutes les fois qu'un juste qui possède Jésus en soi, devient esclave du péché, Jésus est encore livré entre les mains des pécheurs.
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Saint Jérôme
Après avoir prié pour la troisième fois, et obtenu pour ses Apôtres que leur repentir pût expier leurs craintes, sans inquiétude de sa passion, il se dirige vers ses persécuteurs, et se présente de lui-même à la mort: «Levez-vous, allons», c'est-à-dire, afin qu'ils ne vous trouvent pas en proie aux appréhensions et à la crainte, marchons de nous-mêmes à la mort, et qu'ils soient témoins de l'assurance et de la joie de celui qu'ils vont faire souffrir. «Voici qu'approche celui qui me doit livrer». - Orna. Il ne dit pas: Il s'approche de moi; car le traître disciple ne s'approchait pas de Jésus, lui qui s'en était éloigné par ses péchés.
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Saint Augustin
Ce récit de saint Matthieu paraît contradictoire; car com ment a-t-il pu dire: «Dormez maintenant et reposez-vous», et ajouter presque immédiate ment: «Levez-vous, allons ?» Cette contradiction apparente a porté quelques interprètes à soutenir que ces paroles du Sauveur: «Dormez maintenant et reposez-vous», sont un repro che qu'il leur fait, plutôt qu'une permission qu'il leur donne, explication qu'on pourrait très-bien admettre, si elle était nécessaire; mais comme dans le récit de saint Marc après que Jésus a dit: «Dormez maintenant et reposez-vous», il ajoute: «C'est assez», et puis ensuite: «L'heure est venue, le Fils de l'homme va être livré», nous devons comprendre qu'après avoir dit: «Dormez maintenant et reposez-vous»,le Seigneur a gardé quelque temps le silence, pour laisser s'accomplir ce qu'il avait promis, et qu'ensuite il ajoute: «Voici que l'heure ap proche». D'après saint Ma rc, le Sauveur leur dit: «C'est assez», c'est-à-dire vous vous êtes reposés suffisamment.
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47Comme il parlait encore, voilà que Judas, l'un des Douze, arriva, et avec lui une foule nombreuse armée de glaives et de bâtons, envoyée par les grands prêtres et les anciens du peuple. 48Celui qui le trahissait leur avait donné un signe : " Celui à qui je donnerai un baiser, c'est lui : arrêtez-le. " 49Et aussitôt, s'avançant vers Jésus, il dit : " Salut, Rabbi ! ", et il lui donna un baiser. 50Jésus lui dit : " Ami, tu es là pour cela ! " Alors ils s'avancèrent, mirent la main sur Jésus et le saisirent.
La Glose
L'Évangéliste vient de nous dire que le Seigneur avait été lui-même au-devant de ses persécuteurs; il nous raconte maintenant comment ils se saisirent de sa personne: «il par lait encore, lorsque Judas, un des douze», etc.
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Saint Rémi
Un des douze, c'est-à-dire qu'il était numériquement un des douze, mais qu'il ne méritait pas d'en faire partie, circonstance que l'auteur sacré relève pour faire ressortir l'énormité du crime de Judas qui, d'apôtre, était deve nu un traître: «Et avec lui une grande troupe de gens armés d'épées et de bâtons». Pour nous montrer que c'était l'envie qui avait ordonné de se saisir de Jésus, l'Évangéliste ajoute: «Qui avaient été envoyés par les princes des prêtres, et par les anciens du peuple».
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Origène
On pourrait dire qu'ils avaient envoyé cette grande troupe pour se saisir de lui, à cause du grand nombre de ceux qui croyaient en lui, et dans la crainte que cette multitude ne vînt à le délivrer de leurs mains. Mais pour moi, je pense que ce fut pour un autre motif, et parce qu'étant per suadés qu'il chassait les démons par Béelzébub, ils s'imaginaient qu'il pourrait, à l'aide de quelques maléfices, s'échapper des mains de ceux qui venaient s'emparer de lui. Il en est en core beaucoup qui combattent contre Jésus, armés de glaives spirituels, c'est-à-dire répandant sur Dieu des erreurs nombreuses et variées. «Or, celui qui le trahit leur avait donné ce si gne: «Celui que je baiserai», etc. il n'est pas inutile de rechercher pourquoi Judas donna un signe pour faire connaître Jésus, alors que sa figure était connue de tous les habitants de la Judée. Or, d'après une tradition qui est parvenue jusqu'à nous, Jésus se manifestait sous deux formes extérieures, l'une sous laquelle tout le monde le voyait; l'autre, sous laquelle il apparut lors de sa transfiguration sur la montagne. De plus, il se manifestait à chacun selon qu'il en était digne, et de même qu'il est écrit de la manne qu'elle avait pour chacun le goût qu'il sou haitait, ainsi le Verbe de Dieu ne se manifeste pas à tous de la même manière. Ce sont ces di verses transfigurations qui rendaient nécessaire un signe pour le faire reconnaître.
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Saint Jean Chrysostome
Ou bien, il leur donna un signe, parce que souvent il s'était échappé de leurs mains, sans qu'ils s'en aperçussent, et c'est ce qu'il eût encore fait, s'il l'eût voulu.
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Rabanus Maurus
Le Sauveur reçoit le baiser du traître, non pour nous apprendre à user de feinte et de dissimulation, mais parce qu'il ne voulait point paraître se dérober à la trahison.
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Origène
Si l'on demande pourquoi Judas a trahi Jésus par un baiser, nous répondons que selon quelques-uns ce fut pour conserver les marques extérieures de respect à l'égard de son maître, sur lequel il n'osait se jeter publiquement; selon d'autres, c'est parce qu'il craignit qu'en se déclarant ouvertement son ennemi, il ne fût cause qu'il ne lui échappât, puisque dans sa pensée le Sauveur pouvait se dérober au danger qui le menaçait et se rendre invisible. Pour moi, je pense que tous ceux qui trahissent la vérité, la trahissent par un baiser et en affectant un amour hypocrite pour elle. Tous les hérétiques disent aussi à Jésus, comme Judas: «Je vous salue, Maître». Or, Jésus lui fait une réponse pleine de douceur: «Et Jésus lui répondit: Mon ami, dans quel dessein êtes-vous venu ?» Il l'appelle «mon ami», pour lui reprocher son hypocrisie, car nous ne voyons dans l'Écriture aucun juste appelé de ce nom ( Ct 5 2Ch 20 Jdt 8 Is 41 ), tandis que le Père de famille dit au convive qui n'avait pas la robe nuptiale: «Mon ami, comment êtes-vous entré ici ?» ( Mt 22,12 ); et ailleurs, à l'un des ouvriers qui murmu raient: «Mon ami, je ne vous fais pas de tort» ( Mt 20,13 )
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Saint Augustin
Jésus lui dit: «Dans quel dessein êtes-vous venu ici ?» C'est-à-dire, vous me donnez un baiser et vous me trahissez. J e sais pourquoi vous êtes venu, vous feignez d'être mon ami, alors que vous n'êtes qu'un traître.
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Saint Rémi
Ou bien, en lui disant: «Ami, qu'êtes-vous venu faire ici»,il sous-entend: Faites ce pourquoi vous êtes venu. «Alors ils s'avancèrent, se jetèrent sur Jésus et se saisirent de lui». Alors, c'est-à-dire quand il le leur permit, car bien souvent ils en eurent le désir sans pouvoir l'exécuter.
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Rabanus Maurus
Tressaille de joie, ô chrétien, tu as gagné au trafic de tes ennemis, et tu as acquis ce que Judas a vendu et ce que le Juif a acheté.
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51Et voilà qu'un de ceux qui étaient avec Jésus, mettant la main à son glaive, le tira et, frappant le serviteur du grand prêtre, lui emporta l'oreille. 52Alors Jésus lui dit : " Remets ton glaive à sa place; car toux ceux qui prennent le glaive périront par le glaive. 53Ou penses-tu que je ne puisse pas recourir à mon Père, qui me fournirait sur l'heure plus de douze légions d'anges? 54Comment donc s'accompliraient les Ecritures, d'après lesquelles il doit en être ainsi? "
Saint Jean Chrysostome
Saint Luc nous rapporte que le Seigneur avait dit pendant la Cène à ses disciples: Que celui qui a un sac le prenne, de même que sa bourse, et que celui qui n'en a pas vende sa tunique et achète un glaive: «Et les disciples répondirent: Il y a deux glaives ici» ( Lc 22 ). On comprend qu'ils aient eu des glaives avec eux, puisqu'ils venaient de manger l'Agneau pascal. D'ailleurs, comme ils savaient que les ennemis de Jésus-Christ s'approchaient pour se saisir de lui, ils prirent, au sortir du cénacle, des glaives pour défendre leur Maître contre ses persécuteurs ou comme s'ils allaient combattre pour lui. «Alors, un de ceux qui étaient avec Jésus, portant la main à son épée, la tira».
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Saint Jérôme
On lit dans un autre évan géliste que ce fut Pierre, et qu'il agit avec la même ardeur qu'il fait paraître en toute circons tance «Et, frappant un des serviteurs du grand-prêtre, il lui coupa une oreille».Ce serviteur du grand-prêtre s'appelait Malchus, et l'oreille qui lui fut coupée était la droite. Or, nous di rons en passant que ce Malchus (c'est-à-dire qui était autrefois roi des Juifs),est devenu es clave de l'impiété et de la cupidité des prêtres, et a perdu l'oreille droite pour ne plus entendre que de l'oreille gauche la pauvreté du sens littéral de la loi.
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Origène
Car, bien que les Juifs paraissent encore entendre aujourd'hui la loi, ce n'est pas la vérité, mais l'ombre de la tradition de la loi qu'ils entendent de l'oreille gauche. Au contraire, le peuple qui a embrassé la foi parmi les Gentils est ici représenté par Pierre, et par le fait même qu'ils ont cru en Jésus-Christ, ils ont été cause que les Juifs ont cessé d'entendre de l'oreille droite.
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Rabanus Maurus
Ou bien on peut dire que Pierre n'enlève pas à ceux qui écoutent, le sens de la perception de la vérité, mais qu'il ne fait que manifester le juste jugement de Dieu qui ôte ce sens à ceux qui négligent de s'en servir, tandis que l'usage de cette même oreille droite est rendu par un effet de la miséricorde divine à tous ceux qui, parmi le peuple juif, ont embrassé la foi.
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Saint Hilaire
Ou bien, dans un autre sens, l'oreille coupée par Pierre au valet du grand-prêtre figure le sens indocile de l'ouïe, qui est retranché par le disciple de Jésus-Christ au peuple esclave du sacerdoce judaïque et qui devient incapable de recevoir la vérité qu'il a refusé d'entendre.
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Saint Léon le Grand
Le Seigneur ne souffre pas que le pieux élan de son zélé disciple aille plus loin: «Alors Jésus lui dit: Remets ton glaive en son lieu».En effet, il eut été contraire au mystère de la rédemption que celui qui venait mourir pour tous les hommes ne consentît pas à se laisser prendre par ses ennemis. Il donna donc à ces furieux le pouvoir d'assouvir leur rage contre lui, pour ne point prolonger, par le retard du glorieux triomphe de la croix, l'empire du démon et la captivité du genre humain.
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Rabanus Maurus
Il fallait aussi que l'auteur de la grâce enseignât par son exemple la patience aux fidèles, et qu'il leur apprît à sup porter courageusement la persécution, plutôt que de les exciter à la vengeance.
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Saint Jean Chrysostome
Il use même de menaces pour persuader plus facilement son disciple: «Car tous ceux qui prendront le glaive périront par le glaive».
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Saint Augustin
C'est-à-dire, quiconque se sera servi du glaive. Celui qui prend le glaive est celui qui le fait servir à répandre le sang sans l'ordre, le consentement ou la permission de l'autorité supérieure et légitime; car le Seig neur avait bien ordonné à ses disciples de porter un glaive, mais non pas de s'en servir pour frapper. En quoi donc est-ce une indignité qu'après cette faute, Pierre soit devenu le chef de l'Église, de même que Moïse devint le chef et le prince de la synagogue après avoir tué un Egyptien? ( Ex 2,11-14 ). L'un et l'autre outrepassèrent la règle, non par une cruauté détestable, mais par un sentiment de colère bien digne de pardon; l'un et l'autre agi rent sous l'impression de la haine contre l'injustice commise sous leurs yeux, bien que l'un ait péché par un excès d'amour fraternel, et le second par une affection vive, quoique charnelle encore, pour son Maître.
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Saint Hilaire
Mais la mort par le glaive n'est point le châtiment de tous ceux qui se servent du glaive, car la fièvre ou d'autres accidents en emportent beaucoup de ceux qui ont fait usage du glaive, ou en remplissant les fonctions de juge, ou en résistant néces sairement aux voleurs. Si cependant, d'après la sentence du Sauveur, tout homme qui se sert du glaive doit périr par le glaive, c'est avec justice qu'on faisait mourir par le glaive ceux qui s'en servaient pour commettre quelque crime.
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Saint Jérôme
Or, quel est le glaive qui fera périr ce lui qui se sera servi du glaive? le glaive de feu qui flamboie à la porte du paradis ( Gn 3,24 ), et le glaive de l'esprit qui se trouve décrit dans l'armure de Dieu ( Ep 6,11 ).
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Saint Hilaire
Le Seigneur ordonne que le glaive soit remis dans le fourreau, parce qu'il devait faire périr ses ennemis, non sous les coups d'un glaive matériel, mais par le glaive de sa bouche.
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Saint Rémi
Ou bien enfin, dans un autre sens, celui qui se sert du glaive pour tuer son semblable, périt tout le premier, victime du glaive de sa malice.
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Saint Jean Chrysostome
Non-seulement le Sauveur modère le zèle de ses disciples par cette menace, mais encore en leur montrant que c'était volontairement qu'il souffrait cet attentat: «Penses-tu que je ne puisse prier mon Père, et qu'il ne m'enverra pas à l'heure même plus de douze légions d'anges ?» Comme il avait donné de si nombreuses marques de la faiblesse na turelle à l'homme, ils auraient eu peine à le croire s'il leur avait dit qu'il pouvait lui-même se défaire de ses ennemis; c'est pour cela qu'il ajoute: «Penses-tu que je ne puisse pas prier mon Père ?»
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Saint Jérôme
C'est-à-dire: je n'ai nul besoin d'être défendu par douze apôtres, quand ils devraient tous s'armer pour ma cause, moi qui puis avoir douze légions d'anges à mon service. Une légion, chez les anciens, était composée de six mille hommes; ces douze légions, par conséquent, formeraient un total de soixante-douze mille anges, correspondant au nombre des nations qui se dispersèrent après la division des langues.
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Origène
Nous voyons par là que de même qu'il existe des légions dans la milice de la terre, il y a aussi, dans la milice du ciel, des légions d'anges pour combattre les légions des démons ( Mc 4 Lc 8 ), car toute milice est formée dans le dessein de l'opposer aux attaques de l'ennemi. Toutefois, s'il s'exprime de la sorte, ce n'est pas qu'il ait besoin du secours des anges, mais c'est pour se conformer à la manière de voir de Pierre, qui voulait lui porter secours, car les anges ont plus besoin du secours du Fils unique de Dieu, qu'il n'a besoin lui-même de leur appui.
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Saint Rémi
Nous pouvons en tendre aussi par ces légions d'anges l'armée des Romains; car, avec Titus et Vespasien, on vit les peuples de toute langue se déclarer contre la Judée, et alors fut accomplie cette prédiction: «L'univers combattra contre les insensés» ( Sg 5,21 ).
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Saint Jean Chrysostome
Ce n'est pas seulement par cette considération qu'il dissipe la crainte de ses Apôtres, mais encore en leur apportant le témoignage des Écritures: «Comment donc s'accomplirent les Écritures, qui dé clarent qu'il doit être fait ainsi ?»
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Saint Jérôme
Ces paroles prouvent combien il tardait à son âme de souffrir ce que les prophètes auraient inutilement prédit s'il n'avait confirmé par sa passion la vérité de leurs prophéties.
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55En ce même moment Jésus dit aux foules : " Comme contre un brigand, vous êtes sortis avec des glaives et des bâtons pour me prendre ! Chaque jour j'étais assis dans le temple, où j'enseignais, et vous ne m'avez pas arrêté. 56Mais tout cela est arrivé afin que fussent accomplies les Ecritures prophétiques. " Alors tous les disciples l'abandonnèrent et prirent la fuite. 57Ceux qui avaient arrêté Jésus l'emmenèrent chez Caïphe, le grand prêtre, où se réunirent les scribes et les anciens. 58Or Pierre le suivait de loin jusqu'au palais du grand prêtre; y étant entré, il était assis avec les satellites pour voir la fin.
Origène
Après avoir dit à Pierre: «Remettez votre épée», et nous avoir ainsi montré toute sa patience; après avoir donné une preuve de sa souveraine bonté et de sa puissance toute divine en guérissant l'oreille que Pierre avait coupée, comme le rapporte un autre Évangéliste ( Lc 22,51 ) l'auteur sacré continue son récit «En même temps Jésus dit à cette troupe», etc. Si elle avait perdu le souvenir de ses anciens bienfaits, Jésus voulait lui faire au moins reconnaître ceux dont elle venait d'être témoin «Vous êtes venus ici armés d'épées et de bâtons pour me prendre comme si j'étais un voleur».
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Saint Rémi
C'est-à-dire, c'est le propre des voleurs de cher cher à nuire et de se cacher; mais pour moi, je n'ai cherché à nuire à personne, au contraire, j'ai guéri un grand nombre de malades, et j'ai toujours enseigné dans les synagogues: «J'étais tous les jours assis parmi vous, enseignant dans le temple, et vous ne m'avez pas pris».
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Saint Jérôme
Il semble leur dire: C'est une absurdité de venir prendre avec des bâtons et des épées un homme qui se livre lui-même entre vos mains, e t de chercher de nuit, sous la conduite d'un traître, celui qui enseignait tous les jours dans le temple, comme s'il voulait se dérober à vos recherches.
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Saint Jean Chrysostome
Or, ils ne s'étaient point emparé de lui dans le temple, parce qu'ils n'avaient pas osé le faire, dans la crainte de la foule, et c'est pour leur offrir le lieu et l'occasion favorable pour se saisir de lui, que le Sauveur sortit hors de la ville. Il nous apprend ainsi que s'il ne l'avait permis par un acte libre de sa volonté, ils n'auraient jamais pu s'emparer de sa personne. L'Évangéliste explique ensuite la raison pour laquelle le Seigneur a consenti à être pris en ajoutant: «Tout cela s'est fait afin que s'accomplissent les oracles des prophè tes».
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Saint Jérôme
«Ils ont percé mes mains et mes pieds». ( Ps 22,17 ) Et ailleurs: «Il a été conduit à la mort comme une brebis ( Is 53,7 ); et plus loin: «Il a été conduit à la mort à cause des iniquités de mon peuple».
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Saint Rémi
Comme tous les prophètes ont prédit la mort du Christ, le Sauveur ne cite pas un témoignage particulier, mais il dit d'une manière gé nérale que les oracles des prophètes doivent être accomplis.
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Saint Jean Chrysostome
Les dis ciples qui étaient restés au moment où l'on s'était saisi du Seigneur, s'enfuirent lorsqu'ils eu rent entendu ces paroles: «Alors tous les disciples l'abandonnèrent et s'enfuirent». Car ils savaient bien qu'il n'était plus possible de le délivrer, puisqu'il se livrait volontairement entre les mains de ses ennemis.
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Saint Rémi
Cette conduite prouve, toutefois, la fragilité des Apôtres. Ils avaient promis dans l'ardeur de leur foi de mourir avec leur divin Maître, et ils furent maintenant pleins d'effroi, sans se souvenir de leur promesse. C'est ce que nous voyons encore se renouveler dans ceux qui promettent d'exécuter de grandes choses pour l'amour de Dieu, et qui n'en accomplissent aucune, cependant ils ne doivent pas désespérer, mais se relever avec les Apôtres et se renouveler par le repentir.
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Rabanus Maurus
Dans le sens mystique, de même que Pierre qui a lavé la tache de son renoncement dans les larmes du repentir, figure le retour de ceux qui succombent dans l'épreuve du martyre, ainsi les autres disciples qui s'enfuient, enseignent à ceux qui ne se sentent pas assez forts pour affronter les supplices, de chercher pru demment leur salut dans la fuite.
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Saint Augustin
Cependant il fut conduit en premier lieu chez Anne, beau-père de Caïphe, comme le raconte saint Jean. Il fut amené lié, car il y avait dans cette foule un tribun à la tête d'une cohorte, au témoignage du même Évangéliste.
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Saint Jérôme
Josèphe rapporte que Caïphe avait acheté à prix d'argent le pontificat pour cette année-là, contrairement à ce que Moïse avait ordonné de la part de Dieu, que les enfants des grands-prêtres succéderaient à leurs pères dans le pontificat, par ordre de naissance. Qu'y a-t-il d'étonnant qu'un pontife inique ait rendu des jugements d'iniquité?
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Rabanus Maurus
Il y a aussi un rapport entre le nom de Caïphe et sa conduite, Caïphe signifie investigateur ou habile dans l'accomplissement de ses mauvais desseins, ou bien, qui vomit de sa bouche; car il lit éclater son impudence dans les mensonges qu'il proféra, et dans l'homicide qu'il ne craignit pas de commettre. Or, ils amenèrent Jésus chez lui, pour ne paraître agir en tout que par l'autorité du conseil, «ou les scribes, les pharisiens et les anciens étaient assemblés». Là où se trouvent Caïphe et les grands-prêtres, là se rassemblent aussi les scribes, c'est-à-dire les secrétaires, dont le ministère est de copier et de garder la lettre qui tombe, et les anciens qui ont vieilli, non dans la vérité, mais dans la vétusté de la lettre. «Or, Pierre le suivait de loin». Il ne pouvait le suivre de près, mais de loin seulement, sans cependant s'éloigner tout à fait de lui.
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Saint Jean Chrysostome
Le zèle de Pierre était bien ardent, puisque, après avoir été témoin de la fuite des autres, il ne s'enfuit pas lui-même, mais qu'il tient ferme, et entre dans la cour du grand-prêtre. Il est vrai que saint Jean y entre aussi, mais il était connu du prince des prêtres. Or, Pierre ne le suivait que de loin, parce qu'il devait bientôt le trahir.
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Saint Rémi
Il n'aurait jamais pu renier son Seigneur, s'il fût toujours resté près de lui. Cette circonstance signifie que Pierre devait suivre et imiter le Seigneur jusque dans sa passion.
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Saint Augustin
Nous y voyons encore que l'Église doit suivre, c'est-à-dire imiter les souffrances du Seigneur, mais d'une manière bien différente; car l'Église souffre pour elle-même, tandis que le Sauveur souffre pour l'Église.
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Saint Jérôme
C'était par attachement pour son Maître, ou bien par une curiosité toute naturelle, et parce qu'il dési rait savoir le jugement que le grand-prêtre prononcerait contre lui, s'il le condamnerait à mort, ou s'il le renverrait après l'avoir flagellé.
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59Les grands prêtres et tout le Sanhédrin cherchaient un faux témoignage contre jésus afin de le faire mourir; 60et ils n'en trouvèrent point, quoique beaucoup de faux témoins se fussent présentés. Finalement il s'en présenta deux qui 61dirent : " Ces homme a dit : Je puis détruire le sanctuaire de Dieu et le rebâtir en trois jours. " 62Le grand prêtre se leva et dit à Jésus : " Tu ne réponds rien ! Qu'est-ce que ces hommes déposent contre toi? " 63Mais Jésus gardait le silence. Et le grand prêtre lui dit : " Je t'adjure par le Dieu vivant de nous dire, si tu es le Christ, le Fils de Dieu? " 64Jésus lui dit : " Tu l'as dit. Du reste, je vous le dis, à partir de maintenant vous verrez le Fils de l'homme assis à la droite de la Puissante et venant sur les nuées du ciel. " 65Alors le grand prêtre déchira ses vêtements, en disant : " Il a blasphémé ! qu'avons-nous encore besoin de témoins? Voici que vous venez d'entendre [son] blasphème : 66que vous ensemble? " Ils répondirent : " Il mérite la mort. " 67Alors ils lui crachèrent au visage et le frappèrent avec le poing; d'autres le souffletèrent, en disant : 68" Prophétise-nous, Christ ! Quel est celui qui t'a frappé? "
Saint Jean Chrysostome
Les princes des prêtres s'étant assemblés, cette réunion d'hommes cor rompus voulut donner aux criminels desseins qu'ils tramaient contre le Sauveur, les formes légales de la justice: «Cependant les princes des prêtres et tout le conseil cherchaient un faux témoignage contre Jésus», etc. Mais ce qui suit prouve jusqu'à l'évidence qu'il n'y avait là qu'un simulacre de jugement, et que toutes leurs délibérations n'étaient que tumulte et confusion: «Et ils n'en trouvèrent point, quoique plusieurs faux témoins se fussent présentés.
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Origène
Les faux témoignages ne sont possibles que lorsqu'on peut leur donner quelque semblant de vérité. Mais on ne pouvait même pas trouver ces apparences qui seraient venues fortifier les mensonges qu'ils inventaient contre Jésus-Christ, bien qu'il y eût beaucoup de gens qui eussent voulu être agréable en cela aux princes des prêtres. C'est là, du reste, une gloire éclatante pour Jésus, que toutes ses paroles, que toutes ses actions aient été irrépréhensibles jusque là que ces hommes pervers et consommés dans la malice, n'aient pu trouver l'ombre même d'une faute dans sa conduite.
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Saint Jérôme
Comment peut-on les appeler faux témoins, puisqu'ils ne rapportent que ce que le Sauveur a dit lui-même d'après le récit des Évangélis tes? C'est que pour être faux témoin, il suffit de ne pas rapporter les choses dans le sens où elles ont été dites. Le Seigneur avait ainsi parlé du temple de son corps, mais ils dénaturent ses paroles, et à l'aide d'une légère addition, ou d'un léger changement, ils semblent formuler contre lui une accusation fondée. Le Sauveur avait dit: «Détruisez ce temple»; ils dénaturent le sens de ses paroles, et lui font dire: «Je puis détruire le temple de Dieu». Détruisez vous-même ce temple, leur dit-il, ce n'est pas moi qui le détruirai». En effet, il ne nous est pas per mis de nous donner la mort. ils ajoutent ensuite: «Et après trois jours je le rebâtirai», de ma nière que ces paroles parussent se rapporter directement au temple de Jérusalem, tandis que le Sauveur, pour montrer qu'il voulait parler d'un temple vivant et animé, avait dit: «Et dans trois jours je le ressusciterai»; car rebâtir, n'est pas la même chose que ressusciter.
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Saint Jean Chrysostome
Mais pourquoi ne l'accusent-ils pas d'avoir violé le jour du sabbat? C'est parce que bien des fois il les avait confondus sur ce point.
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Saint Jérôme
La colère aveugle et impatiente de ne point trouver de fondement à ces calomnies, soulève le grand-prêtre de son siége, et trahit la fureur de son âme par les brusques mouve ments de son corps: «Et le grand-prêtre, se levant, lui dit: Vous ne répondez rien à ce que déposent ceux-ci contre vous ?»
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Saint Jean Chrysostome
Il lui parle de la sorte pour lui arracher une réponse répréhensible, et qui pût être tournée contre lui. Or, il était parfaitement inutile au Sauveur de répondre, puisque personne n'était disposé à l'écouter, c'est pour. quoi l'Évangéliste ajoute: «Mais Jésus se taisait»; car il n'y avait là que les apparences de la jus tice, et en réalité, c'était une troupe de brigands se jetant sur leur proie comme dans une ca verne, et c'est pour cela qu'il garde le silence.
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Origène
Cet exemple nous apprend à mépriser les calomnies et les faux témoignages, et à ne pas même juger dignes de réponse ceux qui tien nent des discours injustes contre nous, surtout alors qu'il est plus digne de se taire librement et courageusement, que de se défendre sans profit.
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Saint Jérôme
Car comme Dieu, Jésus savait que l'on tournerait contre lui tout ce qu'il pourrait dire. Mais plus Jésus persiste à garder le silence devant ces faux témoins et ces prêtres impies, indignes de recevoir une réponse, et plus le grand-prêtre, transporté de fureur, le presse de répondre, afin de trouver dans ses paroles, quoi qu'il puisse dire, matière à l'accuser «Et le grand-prêtre lui dit: Je vous adjure par le Dieu vivant de nous dire», etc.
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Origène
La loi nous offre quelques exemples d'adjuration ( Gn 24 Gn 50 Ex 13 Nb 5 Jos 17 1S 14 1R 4 2R 11 2Ch 18,34 2Ch 18,36 Esd 10 Is 5 Is 12 Tb 18-19 Ct 2-3 ), mais pour moi, je pense qu'un homme qui veut vivre conformément à l'Évangile, ne doit point en adjurer un autre; car s'il est défendu de jurer, il l'est également d'adjurer. Si l'on objecte que Jésus commandait aux démons, et qu'il donnait à ses disciples le pouvoir de les chasser, nous répondrons que le pouvoir donné par le Sauveur sur les démons, n'est pas une véritable adjuration. Or, le grand-prêtre était grandement coupable de tendre ainsi des piéges à Jésus, et en cela, il imitait son propre père (le démon) qui, dans le doute, avait fait deux fois cette question au Sauveur: «Si vous êtes le Christ, Fils de Dieu» ( Mt 4,3 Mt 4,6 ); et l'on peut en conclure avec raison que douter si le Christ est le Fils de Dieu, c'est faire l'oeuvre du démon. Or, il ne convenait pas que le Seigneur répondit à l'adjuration du grand-prêtre, comme s'il y était forcé. Aussi s'il ne nie pas qu'il fût le Fils de Dieu, il ne le confesse pas non plus ouvertement «Jésus lui répondit: C'est vous qui l'avez dit».Le grand-prêtre n'était pas digne d'entendre les divins enseignements de Jésus-Christ, aussi ne cherche-t-il pas à l'instruire, mais il prend ses propres paroles, et s'en sert pour le convaincre et le condamner. «De plus, je vous le déclare, vous verrez un jour le Fils de l'homme assis»,etc. Cette figure, par laquelle Notre-Seigneur se re présente assis, me paraît signifier une royauté fortement établie; et en effet, c'est par la puis sance de Dieu, qui seul est la véritable puissance, qu'a été fondé le trône de Jésus, qui a reçu de Dieu le Père toute puissance dans le ciel comme sur la terre. Or, il viendra un temps où ses ennemis seront témoins de l'affermissement de son trône, et cette prédiction a reçu un com mencement d'exécution dans le temps même de l'incarnation du Sauveur, alors que ses disci ples le virent ressusciter d'entre les morts, et solidement établi à la droite de la puissance di vine, ou bien, comme en comparaison de cette durée éternelle qui est en Dieu, le temps qui s'écoule depuis le commencement du monde jusqu'à la fin est comme un seul jour, il n'est pas étonnant que le Sauveur emploie cette expression: «tout à l'heure, bientôt», pour montrer la brièveté du temps qui nous sépare de la fin du monde. Or, il ne leur prédit pas seulement qu'ils le verront assis à la droite de la puissance divine, mais encore qu'ils le verront venir sur les nuées du ciel. «Et, venant sur les nuées du ciel». Les nuées sont les prophètes et les Apôtres de Jésus-Christ, auxquels il commande de répandre la pluie lorsqu'elle est nécessaire ( Ps 77 ). Ce sont des nuées qui ne passent pas, car elles portent en elles l'image de l'homme céleste ( 1Co 15,47 ), et elles sont dignes, comme héritières de Dieu et cohéritières du Christ, d'être le siége de Dieu. ( Rm 8,17 )
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Saint Jérôme
Le même accès de fureur qui vient d'arracher le grand-prêtre à son siége, le pousse à déchirer ses vêtements: «Alors le grand-prêtre déchira ses vêtements en disant: il a blasphé mé». C'était un usage chez les Juifs ( Ac 15 ) (?) de déchirer ses vêtements lorsqu'on entendait une parole de blasphème, et outrageante pour la divinité.
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Saint Jean Chrysostome
Le grand-prêtre fait cette démonstration pour aggraver le crime dont il veut charger le Sauveur, et confirmer par cet acte la vérité de ses paroles.
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Saint Jérôme
Mais en déchirant ses vêtements, il déclare que les Juifs ont perdu la gloire du sacerdoce, et que le siége de leurs pontifes est désormais vide; car par cette action, il déchire aussi le voile qui recouvrait la loi.
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Saint Jean Chrysostome
Après avoir ainsi déchiré ses vêtements, il ne veut pas, ce semble, prononcer la sentence de sa propre autorité, mais il demande aux autres de la porter eux-mêmes: «Que vous en semble ?» Comme s'il s'agissait d'un crime évident, et d'un blasphème manifeste; et il leur fait ainsi dire vio lence, en devançant leur jugement, et en les forçant de prononcer la sentence de condamna tion: «Qu'avons-nous encore besoin de témoins? Vous venez d'entendre vous-mêmes le blasphème» Or, quel était ce blasphème? Dans une circonstance précédente où ils étaient ve nus le trouver en grand nombre, il leur avait cité ces paroles du Roi-prophète: «Le Seigneur a dit à mon Seigneur», et leur en avait donné l'explication. Or, ils avaient tous gardé le silence et n'osèrent plus depuis le contredire; Comment se fait-il donc qualifient de blasphème ce qu'ils viennent d'entendre? «Et ils répondirent: il mérite la mort», c'est-à-dire qu'ils sont tout à la fois les accusateurs, les témoins et les juges.
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Origène
Quelle erreur monstrueuse que de pro clamer digne de mort la vie par excellence, et malgré des témoignages si imposants de résur rection, de ne pas reconnaître la source même de la vie, d'où elle se répandait sur toue les hommes.
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Saint Jean Chrysostome
Mais non, ils font éclater leur liesse et leurs transports insensés, comme s'ils avaient rencontré une proie.
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Saint Jérôme
s'accomplissait ce qui avait été prédit: «J'ai présenté ma joue aux soufflets, et je n'ai pas détourné mon visage des outrages et des crachats de l'ignominie». « D'autres lui donnèrent des soufflets en disant: Christ, pro phétise-nous»,etc. C'est pour l'outrager qu'ils lui tiennent ce langage, et parce qu'il avait voulu passer aux yeux du peuple pour un prophète. Il eût été contre la raison de répondre à ceux qui le frappaient, et de deviner qui le souffletait, alors que la rage de ceux qui le maltraitaient était si manifeste.
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Saint Jean Chrysostome
Remarquez que l'Évangéliste rap porte avec le plus grand soin les outrages les plus ignominieux, ne dissimulant rien, n'ayant honte de rien, mais regardant, au contraire, comme le comble de la gloire que le souverain Maître de l'univers ait souffert pour nous d'aussi indignes traitements. Méditons donc conti nuellement ces tristes détails, gravons-les dans notre âme, faisons-en le sujet de notre gloire.
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Saint Jean Chrysostome
Ceux qui lui crachent au visage représentent ceux qui rejet tent la présence de sa grâce; il est encore frappé à coups de poing par ceux qui lui préfèrent leur propre gloire; et ceux qui lui donnent des soufflets sont ceux que la perfidie aveugle, qui nient sa venue, et qui voudraient repousser et détruire sa présence sur la terre.
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69Or Pierre était assis, dehors, dans la cour. Une servante s'approcha de lui et dit : " Toi aussi, tu étais avec Jésus le Galiléen ! " 70Mais il nia devant tous en disant : " Je ne sais ce que tu veux dire. " 71Comme il se dirigerait vers la porte, une autre le vit et dit à ceux (qui se trouvaient) là : " Celui-là était avec Jésus de Nazareth ! " 72Et de nouveau il nia avec serment : " Je ne connais pas cet homme. " 73Un peu après, ceux qui étaient présents s'approchèrent et dirent à Pierre : " Pour sûr, toi aussi tu en es; aussi bien, ton langage te fait reconnaître. " 74Alors il se mit à faire des imprécations et à jurer : " Je ne connais pas cet homme ! " Et aussitôt un coq chanta. 75Et Pierre se souvint de la parole de Jésus, qui lui avait dit : " Avant que le coq ait chanté, tu me renieras trois fois. " Et étant sorti, il pleura amèrement.
Saint Augustin
Le triple renoncement de Pierre eut lieu pendant que le Seigneur était en butte aux outrages dont on vient de parler. Les évangélistes ne le rappor tent pas tous dans le même ordre: saint Luc raconte la chute de cet Apôtre avant les indignes traitements qu'on fit à Jésus, tandis que saint Matthieu et saint Marc ne rapportent le renonce ment de Pierre qu'après ces scènes d'ignominie. «Pierre cependant était au dehors, assis dans la cour»
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Saint Jérôme
Il était assis dehors pour attendre le dénouement de cette affaire, et il ne s'approchait pas de Jésus pour n'inspirer aucun soupçon aux serviteurs du grand prêtre. Pierre, lorsqu'on ne faisait que se saisir de son maître, s'était montré enflammé de zèle jusqu'à tirer son épée et couper l'oreille d'un des serviteurs du grand-prêtre, et maintenant qu'il est témoin des opprobres de Jésus-Christ, il devient apostat et ne peut supporter les questions pressantes d'une pauvre jeune fille: «Et une servante s'approcha de lui et lui dit: Vous étiez aussi avec Jésus de Galilée».
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Rabanus Maurus
Comment se fait-il que soit par une femme que Pierre soit d'abord reconnu, alors que les hommes qui étaient là auraient dû bien plus facilement le reconnaître, si ce n'est pour nous montrer que ce sexe concourait aussi par ses péchés à la passion du Sau veur, et devait être racheté par sa mort. «Mais il le nia devant tous en disant: Je ne sais ce que vous dites».Il nia devant tout le monde, parce qu'il craignait d'être découvert; et, en décla rant qu'il ne connaît pas le Sauveur, il montre ainsi qu'il n'est pas disposé à mourir pour lui.
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Rabanus Maurus
Or, Dieu permit cette hésitation coupable, pour nous ap prendre, par l'exemple du chef des Apôtres, à trouver dans la pénitence le remède de nos fau tes, et à ne jamais nous confier dans notre vertu, puisque saint Pierre lui-même n'a pu échapper aux tristes suites de la mutabilité naturelle à l'homme.
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Saint Jean Chrysostome
Dans un si court espace de temps, Pierre renonce son maître, non-seulement une fois, mais deux et trois fois, «Et comme il sortait dans le vestibule», etc.
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Saint Augustin
Il faut comprendre que le coq chanta pour la première fois, lorsque Pierre sortit dehors, après le premier renoncement.
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Saint Jean Chrysostome
Nous voyons par là que le chant du coq ne l'arrêta pas dans cette voie de renoncement, et ne le fit pas se souvenir de sa promesse.
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Saint Augustin
Ce n'est pas dehors et devant la porte qu'il renia son maître une seconde fois, mais après qu'il fut revenu près du feu, car cette autre, servante n'était pas sortie, et ne l'avait pas vue dehors; mais elle le vit lorsqu'il sortait, c'est-à-dire lorsqu'il se levait pour se diriger vers la porte, et elle dit à ceux qui étaient présents et autour du feu avec elle: «Celui-ci était aussi avec Jésus de Nazareth». Or, Pierre, qui venait de sortir, revint sur ses pas pour se justifier, en niant ce que cette femme venait de dire. Ou bien, ce qui est plus vraisemblable, il n'avait pas entendu ces paroles en sortant, et c'est lorsqu'il rentra que la servante et un autre, dont parle saint Luc, lui dirent: «Certainement, vous êtes aussi de ces gens-là».Ou bien, d'après saint Jean: «N'êtes-vous pas aussi des disciples de cet homme».
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Saint Jérôme
Je sais qu'il en est qui, par un sentiment de pieuse affection pour l'apôtre saint Pierre, ont entendu ce passage dans ce sens: que Pierre n'avait pas nié en Jésus-Christ le Dieu, mais l'homme, et que sa réponse signifie: Je ne connais pas l'homme, car je connais le Dieu. Un lecteur intelligent comprendra facilement la futilité de cette explication, car si Pierre n'a pas renié son maître, le Seigneur a donc menti en lui di sant: «Vous me renoncerez trois fois».
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Saint Ambroise
J'aime mieux que Pierre ait renié le Sauveur que de soutenir que le Sauveur s'est trompé.
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Rabanus Maurus
Or, ce renon cement de Pierre nous autorise à dire qu'on ne renonce pas seulement Jésus-Christ, lorsqu'on soutient qu'il n'est pas le Christ, mais en niant qu'on soit chrétien, lorsqu'on l'est en effet.
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Saint Augustin
Examinons maintenant le troisième renoncement: «Peu après ceux qui étaient là s'approchèrent et dirent à Pierre: Assurément, vous êtes aussi de ces gens-là». Saint Luc dit que ce fut une heure après; et comme preuve convaincante, ils ajoutent: «Car votre langage vous fait assez connaître».
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Saint Jérôme
Ce n'est pas que Pierre parlât une autre langue, ou appartînt à une autre nation (car celui qu'on voulait convaincre et ceux qui le questionnaient étaient tous hébreux), mais c'est que chaque province, chaque contrée a son dialecte particulier, et qu'on ne peut jamais éviter en parlant l'accent naturel de son pays ( Jg 12,5 ).
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Saint Rémi
Voyez combien sont funestes les entretiens avec les méchants, puisqu'ils forcent Pierre à renoncer le Seigneur, qu'il avait au trefois proclamé le Fils de Dieu. «Alors il se mit à faire des imprécations et à jurer»,etc.
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Rabanus Maurus
Remarquez qu'en premier lieu, Pierre s'est contenté de répondre: «Je ne sais pas ce que vous dites», qu'en second lieu il nie avec serment, qu'enfin il se met à faire des imprécations et à jurer qu'il ne connaît pas cet homme. C'est ainsi que la persévérance dans le péché devient une cause de crimes plus énormes, et que celui qui méprise les fautes légères tombe nécessairement dans les grandes.
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Saint Rémi
Dans le sens spirituel, Pierre, qui renonce Jésus avant que le coq ait chanté, figure ceux qui, troublés par sa mort, ne croyaient pas à sa divinité avant sa résurrection. Lorsqu'il, le re nonce une seconde fois après le chant du coq, il est la figure de ceux qui ont des idées fausses sur les deux natures de Jésus-Christ, sa nature divine et sa nature humaine. La première ser vante représente la cupidité; la seconde, la délectation charnelle; et ceux qui étaient présents, les démons, car ce sont les démons qui excitent les hommes à renier Jésus-Christ.
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Origène
Ou bien, par la première servante, on peut entend re la synagogue des Juifs, qui contraignit souvent les fidèles à renier Jésus-Christ; par la seconde, la réunion des peuples qui ont persé cuté les chrétiens; et par ceux qui se tiennent dans la cour, les ministres des diverses hérésies.
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Saint Augustin
Pierre a renié trois fois le Seigneur, et l'erreur des hérétiques s'est toujours renfermée dans ces trois objets: la divinité de Jésus-Christ, ou son humanité, ou les deux natures à la fois.
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Rabanus Maurus
Après le troisième renoncement, le chant du coq se fait entendre: «Et aussitôt le coq chanta».Ce coq est la figure du docteur de l'Église, qui réprimande ceux qui sont endormis, et leur dit: «Réveillez-vous, justes, et ne péchez pas» ( 1Co 15,34 ). Or, la sainte Écriture a la coutume d'exprimer le mérite des actions dont elle parle, par le temps où elles se font; c'est ainsi que Pierre, qui a renié son maître au milieu des ténè bres, s'est repenti au chant du coq. «Et Pierre se ressouvint de la parole que Jésus lui avait dite :Avant que le coq ait chanté, vous me renoncerez trois fois».
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Saint Jérôme
Nous lisons dans un autre Évangile ( Lc 22,61 ), qu'après le renoncement de Pierre et le chant du coq, le Seigneur regarda Pierre, et, par ce regard, lui fit verser des larmes amères. Il n'était pas possible en effet qu'il restât dans les ténèbres, après avoir été regardé par la lumière du monde; aussi l'Évangéliste ajoute: «Et étant sorti, il pleura amèrement». Il ne pouvait faire pénitence en restant dans la cour de Caïphe, et il sort du milieu de l'assemblée des impies, pour laver, dans des larmes amères, la honte de ce timide et lâche renoncement.
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Saint Jérôme
Heureuses sont vos larmes, ô saint Apôtre, puisqu'elles eurent, pour effacer le crime de votre renoncement, la vertu des eaux du baptême. Vous avez été soutenu par la droite du Seigneur Jésus-Christ, qui vous reçut lors de votre chute, avant que vous fussiez tombé dans l'abîme, et qui vous rendit inébranlable au moment même où vous alliez tomber sans retour. Pierre recouvra donc aussitôt sa fermeté, avec la force toute divine qui lui fût communiquée, et après avoir tremblé à la vue de la passion de Jésus-Christ, il fut sans crainte et resta inébranla ble devant son propre supplice.
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1Le matin venu, tous les grands prêtres et les anciens du peuple prirent une délibération contre Jésus pour le faire mourir. 2Et, après l'avoir lié, ils l'emmenèrent et le remirent à Ponce Pilate, le gouverneur. 3Alors Judas, qui l'avait trahi, voyant qu'il était condamné, fut pris de remords et rapporta les trente pièces d'argent aux grands prêtres et aux anciens, 4disant : " J'ai péché en livrant un sang innocent. " Ils dirent : " Qu'est-ce que cela nous fait? A toi de voir ! " 5Alors, ayant jeté les pièces d'argent dans le sanctuaire, il se retira et alla se pendre. 6Mais les grands prêtres prirent les pièces d'argent et dirent : " Il n'est pas permis de les mettre dans le trésor, puisque c'est le prix du sang. "
Saint Augustin
Le récit qui précède comprend tout ce que Notre-Seigneur a eu à souffrir depuis le soir jus-qu'au matin; l'Évangéliste revient ensuite sur ses pas, pour raconter le renoncement de Pierre, et il reprend son récit au matin du même jour pour le continuer. «Or, le matin étant venu, tous les princes des prêtres et les anciens du peu ples tinrent conseil contre Jésus pour le faire mourir».
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Origène
Ils espéraient, par sa mort, anéantir ses enseignements et éteindre la foi dans le coeur de ceux qui avaient cru en lui comme étant le Fils de Dieu. Dans le dessein d'exécuter contre lui ce projet sanguinaire, ils firent charger de chaînes Celui qui brise les chaînes des autres captifs ( Is 61,1 ): «Et l'ayant lié, ils l'emmenèrent et le livrèrent au gouverneur Ponce-Pilate.
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Saint Jérôme
Voyez la criminelle sollicitude des prêtres: ils se concertent pendant toute la nuit sur les moyens de commettre cet homicide, et ils envoient Jésus chargé de chaînes à Pilate, car c'était leur cou tume de livrer ainsi garrotté au gouverneur celui qu'ils avaient condamné à morte
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Rabanus Maurus
Remarquons cependant qu'ils ne l'enchaînèrent pas alors pour la première fois; ils l'avaient lié et enchaîné aussitôt qu'ils se furent saisis de lui, comme le rapporte saint Jean ( Jn 18,12 ).
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Saint Jean Chrysostome
Ils ne voulurent pas le mettre à mort secrètement, parce qu'ils voulaient le couvrir d'opprobres, et qu'un grand nombre était rempli pour lui d'admiration. Ils s'efforcent donc de le faire mettre à mort publiquement et aux yeux de tout le peuple, et c'est dans ce dessein qu'ils l'amènent au gouverneur.
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Saint Jérôme
Or, Judas, voyant que le Sauveur était condamné à mort, rapporte aux prêtres le prix de sa trahison, comme s'il était en son pouvoir de changer la sentence inique rendue par les enne mis de Jésus: «Alors Judas, qui l'avait trahi, voyant qu'il était condamné, fut touché de re pentir, et reporta les trente pièces d'argent aux princes des prêtres et aux anciens du peuple, en disant: J'ai péché, en livrant le sang innocent».
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Origène
Que ceux qui inventent des fables sur les natures essentiellement différentes, nous di sent d'où vient que Judas, après avoir reconnu son crime, s'écrie: «J'ai péché, en livrant le sang innocent», si ce n'est en vertu du bon plant et des semences de vertu que Dieu répand dans toute âme raisonnable, mais que Judas ne prit pas soin de cultiver, ce qui fut cause qu'il commit ce crime affreux. Mais s'il est dans la nature de certains hommes de se perdre, qui plus que Judas appartint à cette nature? Si Judas avait tenu ce langage après la résurrection du Sauveur, on aurait pu dire que c'était la gloire et la puissance de la résurrection qui l'avait porté à se repentir; mais c'est au moment qu'il voit Jésus livré à Pilate qu'il est touché de re pentir. Peut-être se rappelle-t-il alors les prédictions fréquentes que Jésus a faites de sa résur rection; peut-être aussi Satan, qui était entré en lui, ne le quitta point que Jésus ne fût livré à Pilate? Mais, après avoir obtenu ce qu'il voulait, il se retira de lui, et c'est alors que le repentir pût avoir accès dans son âme. Mais comment Judas pût-il savoir la condamnation de Jésus? car Pilate ne l'avait pas encore interrogé. On peut répondre que, le voyant entre les mains de ses ennemis, il vit dans les prévisions de son esprit, quels en seraient les résultats. Il en est qui prétendent que ces paroles: «Judas voyant qu'il était condamné»,se rapportent, non pas à Jésus, mais à Judas lui-même, car c'est alors qu'il mesura toute l'étendue du crime qu'il venait de commettre, et qu'il comprit qu'il était condamné.
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Origène
Bien qu'il dise: «J'ai péché en livrant le sang innocent», il persévère dans la perfidie de son impié té, en continuant de croire, jusque dans les derniers moments de sa vie, et aux approches de la mort, que Jésus n'était pas le Fils de Dieu, mais seulement un homme d'une condition sembla ble à la nôtre, car il aurait certainement fléchi sa miséricorde, s'il n'avait pas refusé de recon naître sa toute-puissance.
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Saint Jean Chrysostome
Remarquez qu'il se repent lorsque son crime est consommé et qu'il a produit tous ses effets, car le démon ne permet pas à ceux qui ne veillent pas sur eux-mêmes de voir le mal avant qu'il soit consommé.
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Saint Rémi
C'est-à-dire: «Que nous importe qu'il soit innocent, cela vous regarde», c'est-à-dire on verra quelle est la nature de votre action. Il en est qui prétendent qu'on doit réunir ces deux membres de phrase en tradui sant de cette manière: «Que paraissez-vous à nos yeux? qu'êtes-vous pour nous ?» c'est-à-dire que devons-nous penser de vous qui confessez l'innocence de celui que vous avez trahi.
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Origène
Lorsque le démon se retire d'un homme, il épie le moment favorable pour rentrer, et lorsqu'il a saisi ce moment, et qu'il a entraîné cet infortuné dans un second péché, il étudie avec soin l'occasion de le tromper une troisième fois. C'est ainsi que le Corinthien ( 1Co 5,1-2 2Co 2,7 ), qui abusa de l'épouse de son père, se repentit de ce crime affreux, mais le démon voulut ensuite lui faire porter cette tristesse jusqu'à l'excès pour accabler ce malheureux sous le poids de son chagrin. Il arriva quelque chose de semblable à Judas; car après s'être repenti, il ne sut pas mettre son coeur à l'abri du désespoir, et il y laissa entrer cette tristesse excessive, que le démon lui inspira pour l'accabler entièrement: «Et il se retira, et alla se pendre». S'il eût pris le temps de se repentir et qu'il eût épié le temps favorable pour faire pénitence, il aurait, sans doute, rencontré celui qui a dit: «Je ne veux pas la mort du pécheur». ( Ez 33,11 ). Ou bien, peut-être pensa-t-il à devancer son Maître qui allait mourir, et à se présenter devant lui avec son âme dépouillée par la mort, pour mériter son pardon par ses aveux et par ses prières; et il ne comprit pas que le vrai serviteur de Dieu ne doit point s'ôter à lui-même la vie, mais qu'il doit attendre le jugement de Dieu.
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Rabanus Maurus
Or, Judas se pendit pour témoigner par ce genre de mort qu'il était en horreur au ciel et à la terre.
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Saint Augustin
Mais puisque les princes des prêtres étaient occupés depuis le matin jusqu'à la neuvième heure à presser l'exécution de la mort du Sauveur, comment peut-on admettre que Judas leur aurait reporté avant la passion du Seigneur le prix de sa trahison, et qu'il leur aurait dit dans le temple: «J'ai péché, en livrant le sang innocent ? » Il est constant, en effet, que tous les princes des prêtres et les anciens du peuple ne se trouvaient pas dans le temple avant la mort du Sauveur, et la preuve, c'est qu'ils l'insultaient lorsqu'il était sur la croix. On ne peut pas le conclure non plus de ce que ce fait est raconté avant la passion de Notre-Seigneur, puisqu'il est certain qu'il est un grand nombre de faits qui, bien que s'étant passés antérieurement, sont cependant ra contés en dernier lieu. Peut-être pourrait-on dire que ce fait a eu lieu à la neuvième heure, et que Judas, voyant le Sauveur mis à mort, le voile du temple déchiré, la terre trembler, les ro chers se briser, les éléments dans la consternation, il aurait conçu, sous l'inspiration de la crainte, le repentir de son crime. Mais après la neuvième heure, les anciens et les princes des prêtres étaient tout entiers, ce me semble, à la célébration de la Pâque. D'ailleurs la loi défen dait de porter de l'argent le jour du sabbat. Je crois donc qu'on ne peut fixer d'une manière vraisemblable ni le jour ni l'heure où Judas mit fin à sa vie en se pendant.
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7Et, après avoir pris une délibération, ils achetèrent avec (cet argent) le champ du potier pour la sépulture des étrangers. 8C'est pourquoi ce champ fut appelé Champ du sang, (et l'est) encore aujourd'hui. 9Alors fut accomplie la parole du prophète Jérémie : Ils ont pris les trente pièces d'argent, prix de celui qui a été mis à prix, qu'ont mis à prix des enfants d'Israël, 10et ils les ont données pour le champ du potier, comme le Seigneur me l'a ordonné.
Saint Augustin
En reconnaissant qu'ils avaient acheté le sang qu'ils voulaient répandre, les princes des prêtres se condamnèrent par le témoignage de leur propre conscience: «Les princes des prêtres, ayant pris l'argent, dirent: Il ne nous est pas permis de le mettre dans le trésor, parce que c'est le prix du sang».
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Saint Jérôme
Voilà bien les gens qui filtrent et rejettent le moucheron, et qui ne craignent pas d'avaler un chameau ( Mt 23,24 ). Car s'ils n'osent mettre l'argent dans le trésor du temple, avec les offrandes faites à Dieu, sous prétexte qu'il est le prix du sang, pourquoi n'ont-ils pas horreur de répandre ce sang lui-même ?
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Origène
Ils jugèrent que le meilleur emploi qu'ils pussent faire de cet argent était de le consacrer aux morts, parce que c'était le prix du sang. Mais comme il y a différents lieux de sépultures pour les morts, ils employèrent le prix du sang de Jésus pour acheter le champ d'un potier, afin d'y ensevelir les étrangers, qui ne pourraient, suivant leurs désirs, être ensevelis dans les tom beaux de leurs aïeux: «Et ayant délibéré là dessus, ils en achetèrent le champ d'un potier pour la sépulture des étrangers.
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Saint Augustin
Je regarde comme un effet par ticulier de la providence divine, que le prix de la vente du Sauveur n'ait pas tourné au profit des pécheurs, mais ait servi à procurer un lieu de repos aux étrangers, pour montrer que Jésus-Christ rachetait ainsi les vivants par le sang de sa passion, et qu'il sauvait aussi les morts au prix du même sang répandu. Le champ du potier est donc acheté avec le prix du sang du Seigneur. Or, nous lisons dans les Écritures que le genre humain tout entier a été racheté par le sang du Sauveur. Par ce champ, il faut donc entendre le monde enfler, et ce potier, qui doit avoir l'empire sur tout l'univers, est celui qui a formé du limon de la terre les vases de notre corps. C'est le champ de ce potier qui a été acheté avec le prix du sang de Jésus-Christ pour les étrangers sans famille, sans patrie, exilés, et errants sur toute la terre, et à qui le sang du Sau veur prépare un lieu de repos. Ces étrangers sont les chrétiens pleins de dévouement qui, re nonçant au siècle, et ne possédant rien dans le monde, trouvent leur repos dans le sang de Jé sus-Christ, car la sépulture de Jésus-Christ est le vrai repos du chrétien. «Nous avons été ensevelis avec lui par le baptême pour la mort du péché, dit l'Apôtre» ( Rm 6,4 ). Nous sommes donc des voyageurs en ce monde, et comme des étrangers sur cette terre.
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Saint Jérôme
On peut dire aussi que nous étions étrangers à la loi et aux prophètes, et que les mauvaises dispositions des Juifs ont été pour nous une cause de salut.
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Origène
Ou bien, nous appelons ici étrangers, ceux qui demeurent séparés de Dieu jusqu'à la fin; car si les justes ont été ensevelis avec Jé sus-Christ dans le sépulcre neuf qui a été taillé dans le roc, ceux qui demeurent jusqu'à la fin étrangers à Dieu, sont ensevelis dans le champ de ce potier qui façonne la boue, champ qui a été acheté avec le prix du sang et qui est appelé pour cela le champ du sang: «C'est pourquoi ce champ est encore aujourd'hui appelé haceldama, c'est-à-dire le champ du sang».
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La Glose
Ce qu'il faut rapporter au temps où l'Évangéliste écrivait.
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La Glose
Il apporte ensuite à l'appui de ce fait, le témoignage du prophète: «ils ont reçu les trente pièces d'argent, prix de celui qui a été mis à prix suivant l'appréciation des enfants d'Israël, et ils les ont données pour en acheter le champ d'un potier, ainsi que me l'a prescrit le Seigneur».
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Saint Jérôme
On ne trouve aucune trace de cette prophétie dans Jéré mie, mais nous lisons quelque chose de semblable dans Zacharie, le dernier des douze petits prophètes ( Za 11,12 ); c'est-à-dire que le sens est à peu près le même, bien que la contexture de la phrase et les expres sions soient différentes.
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Saint Augustin
Si l'on prétendait s'autoriser de cette difficulté pour contester l'autorité de l'Évangéliste, nous rappel lerions d'abord qu'on ne lit pas dans tous les exemplaires de l'Évangile, que ces paroles aient été dites «par le prophète Jérémie», mais simplement «par le prophète». Toutefois, je ne puis admettre cette solution, car un grand nombré d'exemplaires, et des plus anciens, portent le nom de Jérémie, et il n'y a aucune raison qui ait pu faire ajouter ce nom et altérer ainsi le texte. On explique parfaitement, au contraire, le retranchement de ce nom, en l'attribuant à une igno rance téméraire, que troublait, peut-être, le passage en question. Or, il a. pu arriver, que tandis que saint Mat thieu écrivait son Évangile, le nom de Jérémie se soit présenté à son esprit à la place de celui de Zacharie, comme il arrive souvent, erreur qu'il aurait certainement corrigée sur l'observation qui a dû lui en être faite de son vivant par les lecteurs de cet Évangile, s'il n'avait pensé que le nom d'un prophète ne s'était pas présenté à son esprit pour un autre au moment où il écrivait sous l'inspiration de l'Esprit saint, sans que Dieu l'eût ainsi voulu. Quel les sont les raisons de cette conduite? La première, c'est que Dieu montrait ainsi que tous les prophètes avaient parlé sous l'inspiration du même esprit, et que l'accord le plus admirable régnait entre eux; prodige bien plus étonnant que si tous les oracles prophétiques avaient été annoncés par un seul homme, et d'où il résulte que l'on doit considérer toutes les paroles que l'Esprit saint a prononcées par leur bouche, comme si chacune d'elles appartenait à tous, et toutes à chacun d'eux. Car, encore aujourd'hui, il peut arriver qu'une personne, qui veut citer les paroles de quelqu'un, les cite sous le nom d'un de ses amis intimes, et que s'apercevant aussitôt de sa méprise, elle se reprenne, en ajoutant toutefois: mais j'ai bien dit, parce qu'elle ne considère que la parfaite union qui existe entre les deux amis. Or, à bien plus forte raison, on doit raisonner ainsi des saints prophètes. Il y a encore une autre raison pour laquelle l'Esprit saint a permis, ou plutôt a voulu positivement que le nom de Jérémie fut conservé à la place de celui de Zacharie. On lit dans Jérémie ( Jr 33 ) qu'il acheta un champ au fils de son frère, et qu'il lui en donna l'argent, mais non pas le même prix des trente pièces d'argent qui se trouve indiqué dans Zacharie ( Jr 32,9 ). Or, il est évident que l'Évangéliste a voulu appliquer la prophétie des trente pièces d'argent à ce fait qui vient de s'accomplir dans la personne du Seigneur. Mais on peut voir aussi au sens spirituel une preuve que la prophétie de Jérémie, à l'occasion du champ qu'il achète, s'applique au même événement, dans le nom de Jérémie qui parle du champ acheté, mis à la place du nom de Zacharie qui précise les trente pièces d'argent. Le dessein de Dieu en cela, est que celui qui lit l'Évangile, et qui, en voyant cité Jé rémie, n'y trouve cependant rien des trente pièces d'argent, mais seulement ce qui concerne le champ qu'il achète, soit amené à comparer les deux prophètes, et à éclaircir le vrai sens de la prophétie en l'appliquant à ce qui s'est accompli dans la personne du Seigneur. Quant à ce que saint Matthieu ajoute à ces paroles «Suivant l'appréciation des enfants d'Israël, et ils les don nèrent pour le champ du potier comme le Seigneur l'a ordonné», on ne le trouve ni dans Jéré mie ni dans Zacharie. D'où nous devons conclure que c'est l'Évangéliste lui-même qui a fait cette addition dans un sens spirituel, parce qu'il connaissait, par une révélation divine, que cette prophétie s'appliquait au prix que Jésus-Christ a été vendu.
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Saint Augustin
Loin de nous la pensée qu'on puisse ac cuser d'erreur un fidèle compagnon de Jésus-Christ, qui se préoccupa bien plus du sens dog matique, que des mots et des syllabes.
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Saint Jérôme
J'ai lu dernièrement dans un texte hébreu apocryphe de Jérémie, qu'un juif de la secte des Nazaréens m'avait procuré, et j'y ai trouvé la reproduction littérale de cette citation. Mais il me paraît plus vraisemblable qu'elle a été empruntée au prophète Zacharie, selon la coutume des Évangélistes et des prophètes qui, sans tenir compte de la suite des paroles, ne citent que le sens de l'Ancien Testament à l'appui des faits qu'ils racontent.
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11Jésus comparut devant le gouverneur, et le gouverneur l'interrogea, en disant : " Es-tu le roi des Juifs? " Jésus dit : " Tu le dis. " 12Mais il ne répondait rien aux accusations des grands prêtres et des anciens. 13Alors Pilate lui dit : " N'entends-tu pas combien de témoignages ils portent contre toi? " 14Mais il ne lui répondit sur aucun point, de sorte que le gouverneur était dans un grand étonnement.
Saint Augustin
Après avoir achevé de raconter ce qui concerne le traître Judas, saint Matthieu reprend la suite de son récit: «Or, Jésus comparut devant le gou verneur».
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Origène
Considérez combien celui que Dieu le Père a établi le juge de toute créature, s'est humilié en consentant à comparaître devant un homme qui était alors un simple juge de la terre de Judée, et à s'entendre adresser une question que Pilate lui fait pour se mo quer de lui, ou sans croire à la vérité qu'elle contient. «Et le gouverneur l'interrogea en ces termes: Êtes-vous le roi des Juifs ?»
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Saint Jean Chrysostome
Pilate interroge Jésus sur ce qui était le sujet continuel des récriminations de ses ennemis; car comme ils savaient que Pilate n'avait nul souci des questions purement légales, ils formulent contre lui une accusation en matière politique.
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Saint Jean Chrysostome
Jésus confesse qu'il est roi, mais roi du ciel, comme nous le lisons plus clai rement dans un autre évangile: «Mon royaume, dit-il, n'est pas de ce monde» ( Jn 18,36 ), afin que Pilate et les Juifs soient inexcusables d'insister sur ce chef d'accusation.
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Saint Hilaire
Ou bien, lorsque le grand-prêtre lui a demandé s'il était le Christ, il lui a répondu «Vous l'avez dit», parce qu'il avait dû apprendre de la loi, que le Christ demeurait éternellement ( Jn 12,34 Ps 109 Ps 116 Is 10,9 ), mais ici que cette même question: «Êtes-vous le roi des Juifs ?» lui est faite par un homme qui ne connaît pas la loi, il lui ré pond: «Vous le dites», parce que c'est par la foi de leur confession actuelle que les Gentils obtiennent le salut.
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Saint Jérôme
Remarquez que Jésus satisfait en partie à la question de Pilate qui le jugeait malgré lui, tandis qu'il garde un silence absolu devant les anciens et les princes des prêtres qu'il regarde comme indignes d e toute réponse: «Et comme les princes des prêtres et les anciens l'accusaient, il ne répondit rien».
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Saint Augustin
Saint Luc nous apprend quels sont les crimes dont ils l'accusèrent. «Et ils commencèrent à l'accuser en disant: «Nous avons trouvé cet homme qui pervertissait le peuple, qui empêchait de payer le tribut à César, et qui se disait le Christ roi. Il importe peu à la vérité des faits qu'ils soient rapportés dans un ordre plutôt que dans un autre, ou qu'un Évangéliste passe sous si lence ce que l'autre raconte.
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Origène
A ces nouvelles accusations, Jésus ne répond pas plus qu'il n'a fait à la première; car la parole de Dieu ne devait plus se faire entendre aux Juifs comme elle s'était autrefois ré vélée par le moyen des prophètes. D'ailleurs, Pilate lui-même n'était pas digne de réponse, lui qui n'avait point d'opinion constante et arrêtée sur la personne de Jésus-Christ, mais qui se laissait entraîner aux idées les plus opposées. «Alors Pilate lui dit: Vous n'entendez pas de combien de choses ils vous accusent».
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Saint Jérôme
Celui qui méprise ainsi Jésus-Christ est un païen, mais il en fait retomber la responsabilité sur le peuple juif.
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Saint Jean Chrysostome
Or, il parlait de la sorte, parce qu'il voulait le délivrer, en profitant d'une réponse qui l'aurait justifié. «Mais Jésus ne répondit à aucun de ces griefs, de sorte que le gouverneur en était dans l'étonnement».Malgré tant d'épreuves évidentes qu'ils avaient de sa puissance, de sa douceur et de son humilité, ils ne laissent pas de conspirer contre lui, et de l'accabler sous le poids de leurs injustes accusations. C'est pour cela qu'il ne leur répond rien, ou s'il leur répond quel quefois, c'est en peu de mots, et pour qu'on ne put qualifier d'opiniâtreté son silence absolu. Ou bien, Jésus ne voulut rien répondre, dans la crainte qu'en se justifiant, il ne fût mis hors de cause par le gouverneur, et que les biens immenses que la croix devait produire, ne fussent ainsi différés.
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Origène
Or, le gouverneur s'étonne de la constance de Jésus, lui qui savait, peut-être, qu'il avait le pouvoir de le condamner à mort, et qui le voyait tranquille, calme dans la sagesse, et d'une dignité que rien ne pouvait troubler. Voilà ce qui l'étonne grandement, car il regardait comme un prodige surprenant que Jésus, sous le coup d'une sentence capitale, fût sans crainte et sans trouble devant la mort, qui inspire à tous les hommes une si grande terreur.
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15Or, à chaque fête, le gouverneur avait coutume de relâcher à la foule un prisonnier, celui qu'ils voulaient. 16Ils avaient alors un prisonnier fameux, nommé Barabbas. 17Donc, quand ils furent rassemblés, Pilate leur dit : " Lequel voulez-vous que je vous relâche, Barabbas ou Jésus dit Christ? 18Il savait, en effet, que c'était par jalousie qu'ils l'avaient livré. 19Pendant qu'il siégeait au tribunal, sa femme lui envoya dire : " N'aie point affaire avec ce juste; car j'ai été aujourd'hui fort tourmentée en songe à cause de lui." 20Mais les grands prêtres et les anciens persuadèrent aux foules de demander barabbas, et de réclamer la mort de Jésus. 21Le gouverneur, prenant la parole, leur dit : " Lequel des deux voulez-vous que je vous relâche? " Ils dirent : " Barabbas. " 22Pilate leur dit : " Que ferai-je donc de Jésus dit Christ? " Tous dirent : " Qu'il soit crucifié ! " 23Il dit " Qu'a-t-il donc fait de mal? " Et ils crièrent encore plus fort : " Qu'il soit crucifié ! " 24Pilate, voyant qu'il ne gagnait rien, mais que le tumulte allait croissant, prit de l'eau et se lava les mains devant la foule, en disant : " Je suis innocent du sang de ce juste; à vous de voir ! " 25Et tout le peuple répondit : " Que son sang soit sur nous et sur nos enfants ! " 26Alors il leur relâcha Barabbas; et, après avoir fait flageller Jésus, il le remit (aux soldats) pour être crucifié.
Saint Jean Chrysostome
Comme Jésus n'avait répondu aux accusations des Juifs rien qui permit à Pilate de le renvoyer déchargé des crimes qu'on lui reprochait, il a recours à un autre expédient pour le délivrer. «Or, le gouverneur avait coutume au jour de la fête de Pâques d'accorder au peuple la délivrance de celui des prisonniers qu'il demandait».
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Origène
C'est ainsi que les gouvernements accordent quelques grâces aux nations qu'ils ont conquises, jusqu'à ce qu'ils les aient complètement assujetties à leur joug. Cependant cette coutume existait autrefois chez les Juifs; car nous voyons Saül acquiescer è la demande qui lui est faite par tout le peuple, de ne pas faire mettre à mort son fils Jonathas.
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Saint Jean Chrysostome
Pilate voulut profiter de cette coutume pour essayer de délivrer Jésus-Christ, et pour ne pas laisser aux Juifs l'ombre même d'excuse, il met en parallèle de Jésus un homicide déclaré. «Il y avait alors un criminel fameux, nommé Barrabas».L'Évangéliste ne se contente pas de le qualifier de voleur, mais il l'appelle un voleur insigne, c'est-à-dire connu par sa scélératesse.
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Saint Jérôme
Barrabas, d'après l'Évangile, selon les Hébreux, veut dire le fils de leur maître, et il avait été condamné pour cause d'homicide et de sédition. Or, Pilate leur offre de délivrer, à leur choix, Barrabas ou Jé sus, ne doutant pas qu'ils ne choisissent Jésus. «Les ayant donc assemblés, Pilate leur dit: Lequel voulez-vous que je vous délivre de Barrabas ou de Jésus qui est appelé Christ ?»
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Saint Jean Chrysostome
C'est comme s'il leur disait: Si vous ne voulez pas l'absoudre comme in nocent, du moins graciez-le comme coupable à l'occasion de cette grande fête; en effet, ils auraient dû le délivrer malgré des crimes manifestes, àcombien plus forte raison devant des accusations aussi peu fondées. Mais voyez comme les choses sont renversées; c'est le peuple qui ordinairement demande la grâce des condamnés, et le pouvoir qui la leur accorde; ici, c'est le contraire qui arrive; l'autorité fait cette demande au peuple, et le peuple n'en devient que plus acharné à sa proie.
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La Glose
L'Évangéliste nous apprend pourquoi Pilate travaillait à délivrer le Sauveur: «Car il savait que c'était par envie qu'ils l'avaient livré».
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Saint Rémi
Saint Jean nous fait connaître la cause de cette envie, en nous racontant ce qu'ils se disaient entre eux: «Voici que tout le monde le suit, et si nous le laissons ainsi, tous finiront par croire en lui» ( Jn 11,48 ). Il faut remarquer qu'au lieu de ce que nous lisons dans saint Matthieu: «Ou Jésus qui est appelé Christ ?» Saint Marc dit: «Voulez-vous que je vous délivre le roi des Juifs ?» Car les rois des Juifs seuls recevaient l'onction, et le nom de christ à cause de cette onction.
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Saint Jean Chrysostome
L'Évangéliste ajoute une autre circonstance qui aurait dû les rappeler tous à des sentiments plus modérés: «Et pendant qu'il siégeait sur son tribunal, sa femme lui envoya dire: Ne vous embarrassez pas dans l'affaire de ce juste», et le songe de cette femme vient ajouter un grand poids aux preuves de faits déjà si imposants.
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Rabanus Maurus
Remarquons que le tribunal est le siège des juges, le trône, celui des rois, et la chaire celui des docteurs. Or, la femme d'un païen comprit dans un songe et dans une vision, ce que les Juifs ne voulurent ni croire ni comprendre en plein jour.
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Saint Jérôme
Il faut observer aussi que Dieu s'est souvent servi de songes pour révéler la vérité aux Gentils, et que Pilate et sa femme, confessant l'innocence du Seigneur, personnifient en eux le témoignage rendu à Jésus-Christ par les Gen tils.
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Saint Jean Chrysostome
Mais pourquoi n'était-ce point à Pilate lui-même que ce songe fut envoyé? Parce que sa femme en était plus digne que lui, ou bien, parce qu'on aurait cru moins facilement Pilate, ou bien enfin, parce qu'il n'en aurait point parlé. C'est donc par un dessein particulier de Dieu qu'une femme a eu cette vision dans un songe, pour qu'elle arrivât à la connaissance de tous. Et non-seulement elle a cette vision, mais elle en est étrangement tour mentée: «J'ai beaucoup souffert dans un songe à cause de lui». Dieu le permet ainsi, afin que l'affection de Pilate pour sa femme le détournât de consentir à la condamnation de Jésus. L'heure même où cette vision avait eu lieu venait encore à l'appui, car c'était cette nuit là même.
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Saint Augustin
C'est ainsi que Dieu épouvante le juge dans la personne de sa femme, et afin qu'il ne se rende point, par sa sentence, complice du crime des Juifs, il trouve son propre jugement dans la vision et dans les inquiétudes de sa femme; il est jugé, lui qui a le pouvoir de juger, et il souffre le premier avant qu'il en fasse souffrir un autre.
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Rabanus Maurus
Ou bien dans un autre sens, le démon comprend enfin que Jésus-Christ va lui arracher ses dépouilles, il reprend donc le plan qu'il avait suivi dès le commencement, en introduisant la mort dans le monde par une femme, et il veut encore, par l'entremise d'une autre femme, arracher Jésus des mains des Juifs pour ne point perdre, par sa mort, l'empire de la mort qu'il avait sur tous les hommes.
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Saint Jean Chrysostome
Tant de motifs réunis ne peuvent fléchir les ennemis du Sauveur, parce que l'envie les avait complètement aveuglés. Aussi cherchent-ils à corrompre le peuple en le rendant complice de leur noire méchanceté «Mais les princes des prêtres et les anciens persua dèrent au peuple de demander Barrabas, et de faire périr Jésus.
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Origène
Voyons donc mainte nant comment le peuple juif se laisse persuader par les anciens et par les docteurs de la loi, et entraîner à concourir à la mort de Jésus.
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La Glose
L'Évangéliste dit ici que Pilate répondit, parce qu'il a pu répondre, en effet, soit à l'avertissement que sa femme lui avait donné, soit à la demande du peuple qui voulait, selon l'usage, qu'on lui délivrât quelqu'un dans ce jour de fête.
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Origène
Or, la foule, comme une troupe de bêtes féroces qui suivent la voie large, demanda. qu'on lui délivrât Bar rabas: «Et ils répondirent: Barrabas». Voilà pourquoi cette nation est déchirée par des séditions, des homicides, des brigandages, crimes que plusieurs de ses enfants commettent exté rieurement, et dont tous se rendent coupables dans leur âme. Car là où Jésus n'est pas, il n'y a que disputes et combats; là, au contraire, où il est, se trouvent tous les biens et la paix. Tous ceux encore qui sont semblables aux Juifs, ou dans leur croyance ou dans leur vie, veulent la délivrance de Barrabas; car tout homme qui fait le mal, délivre en lui-même Barrabas, et y tient Jésus captif; celui au contraire qui fait le bien, a dans son âme Jésus-Christ libre de tout lien, et y tient Barrabas enchaîné. Pilate, cependant, voulut leur inspirer la honte d'une si fla grante injustice: «Et il leur dit: Que ferai-je donc de Jésus qui est appelé Christ ?» Ce n'est pas pour ce seul motif qu'il leur fait cette question, mais pour voir jusqu'où irait leur cruelle impiété. Or, ils ne rougissent pas d'entendre Pilate proclamer que Jésus est le Christ, et ils ne mettent plus de bornes à leur sacrilège: «Ils s'écrièrent tous: Qu'il soit crucifié». Ils comblent ainsi la mesure de leurs crimes, non-seulement en demandant la vie d'un homicide, mais encore en demandant la mort d'un juste et la mort ignominieuse de la croix ( Sg 2,20 ).
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Rabanus Maurus
Les crucifiés, attachés au bois de la croix par des clous qui leur traversaient les pieds et les mains, mouraient d'une mort prolongée, et vivaient-longtemps encore sur cet instrument de supplice. Ce n'était pas, toutefois, pour prolonger leur vie, mais pour retarder leur mort, afin de prolon ger leurs souffrances, qu'on leur infligeait ce supplice. Mais tandis que. les Juifs ne pensaient qu'à faire souffrir à Jésus la mort la plus honteuse, ils lui préparaient, sans le comprendre, le genre de mort que le Seigneur avait lui-même choisie; car il devait placer la croix elle-même sur le front des fidèles comme le trophée de sa victoire sur le démon.
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Saint Jérôme
Pilate ne se rend pas encore à cette cruelle réponse des Juifs, mais sous l'impression de l'avertissement que sa femme lui a donné: «Ne vous mêlez pas de l'affaire de ce juste», il insiste de nouveau. «Le gouverneur lui dit: Mais quel mal a-t-il fait ?» Pilate décharge ainsi Jésus de toute accusation. «Mais ils se mirent à crier encore plus fort: Qu'il soit crucifié», accomplissant ainsi cette prédiction du Roi-prophète. «Un grand nombre de chiens m'ont en vironné; l'assemblée des méchants m'a assiégé ( Ps 22,17 ) », et cette autre de Jérémie:» Ceux qui étaient mon héritage, sont devenus pour moi comme le lion dans la forêt, ils ont élevé leur voix contre moi» ( Jr 12,8 ).
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Saint Augustin
Pilate discuta long temps avec les Juifs, dans le désir de délivrer Jésus, ce que saint Matthieu nous indique en ces quelques mots: «Pilate, voyant qu'il ne gagnait rien, mais que le tumulte ne faisait qu'augmenter», réflexion qui prouve que Pilate avait fait les plus grands efforts (bien que l'Évangéliste n'entre pas dans le détail) pour arracher Jésus à leur fureur.
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Saint Rémi
C'était la coutume chez les anciens, quand un homme voulait prouver son innocence, qu'il se fit apporter de l'eau et se lavât les mains devant le peuple.
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Saint Jérôme
Pilate se fit apporter de l'eau conformément à ces autres paroles du Roi-prophète: «Je laverai mes mains parmi les innocents», et il semble dire par là à haute voix «Pour moi, j'ai voulu délivrer l'innocent, mais comme une sédition est prête d'éclater, et qu'on veut m'accuser du crime de haute trahison contre César, je suis innocent du sang de ce juste». Ainsi ce juge, que l'on force de rendre une sentence de mort contre le Seigneur, ne condamne point celui qui lui est présenté, mais il confond ceux qui l'amènent devant son tribunal, en proclamant l'innocence de celui qu'ils veulent crucifier. Il ajoute: «A vous d'en répondre», c'est-à-dire: Je suis l'exécuteur des lois, mais c'est votre voix qui répand le sang innocent: «Et tout le peuple répondit: Que son sang soit sur nous», etc. Cette imprécation pèse encore aujourd'hui sur les Juifs, et le sang du Seigneur s'attache à eux jusqu'à ce jour.
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Saint Jean Chrysostome
Considérez d'ailleurs jusqu'où va leur fureur aveugle et insensée; leur impiété, et la funeste passion de l'envie qui les d omine, ne leur permet plus de voir leurs plus chers intérêts, ils se dévouent eux-mêmes à la malédiction en s'écriant: «Que son sang soit sur nous»,et ils appellent cette malédiction jusque sur leurs enfants: «Et sur nos enfants».Ce pendant le Dieu plein de miséricorde n'a pas ratifié entièrement leur jugement; car il en a choi si parmi eux et parmi leurs enfants qui ont fait pénitence, un Paul par exemple, et ces milliers de Juifs qui embrassèrent la foi dans la ville de Jérusalem ( Ac 2,41 Ac 4,4 ).
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Saint Léon le Grand
Le crime des Juifs surpasse de beaucoup la faute de Pilate, mais il ne laisse pas toutefois d'être coupable, lui qui sacrifie ses convictions personnelles pour se rendre complice du crime d'autrui: «Alors il leur accorda la délivrance de Barrabas, et après avoir fait flageller Jésus, il le leur livra pour être crucifié».
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Saint Jérôme
Pilate ne fit en cela qu'exécuter la loi romaine, qui ordonnait de flageller d'abord celui qui devait être crucifié. Jésus fut donc livré aux soldats pour être flagellé, et les coups de fouets déchirèrent le corps si saint, et cette poitrine où Dieu reposait.
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Saint Augustin
Voici qu'on s'apprête à flageller le Seigneur, voici qu'on le frappe, sa peau se déchire sous la violence des coups de fouets, et ces coups, que la cruauté multiplie, laissent sur ses épaules leurs traces sanglantes. O douleur ! Un Dieu est là étendu devant l'homme, et il souffre le châtiment des vils criminels, lui en qui on n'a pu trouver aucune trace de péché.
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Saint Jérôme
Or, tout cela s'est fait, parce qu'il est écrit: «De nombreux coups de fouets sont réservés aux pécheurs» ( Ps 32,10 ), et que cette flagellation nous en délivre. Pilate, en se lavant les mains, proclame que les oeuvres des Gentils sont puri fiées, et que nous devenons étrangers à l'impiété des Juifs.
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Saint Hilaire
A l'instigation des prêtres, le peuple choisit Barrabas, dont le nom signifie le fils du père. Ce nom est une prophétie de la future infidélité des Juifs, qui préféreront à Jé sus-Christ, l'antéchrist le fils du péché.
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Saint Jérôme
Barrabas, l'homme qui excitait des séditions, et qui est délivré à la demande des Juifs, est la figure du démon qui règne jusqu'à présent sur eux, et leur rend ainsi toute paix impossible.
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27Alors les soldats du gouverneur prirent Jésus avec eux dans le prétoire, et ils assemblèrent autour de lui toute la cohorte. 28L'ayant dévêtu, ils jetèrent sur lui un manteau écarlate. 29Ils tressèrent une couronne avec des épines, qu'ils posèrent sur sa tête, avec un roseau dans sa main droite; et, fléchissant le genou devant lui, ils lui disaient par dérision : " Salut, roi des Juifs ! " 30Ils lui crachaient aussi dessus et, prenant le roseau, ils en frappaient sa tête.
Saint Augustin
Après les accusations portées contre Jésus-Christ nous arrivons, par une suite naturelle, au récit de la passion proprement dite que saint Matthieu commence ainsi: «Alors les soldats du gouverneur amenèrent Jésus dans le prétoire, et ras semblèrent autour de lui toute la cohorte».
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Saint Jérôme
Comme Jésus avait été appelé roi des Juifs, et que les scribes et les prêtres lui avaient fait un crime d'avoir voulu usurper le pouvoir sur le peuple d'Israël, les soldats, pour se moquer de lui, le dépouillent de ses vêtements et le couvrent d'un manteau d'écarlate, pour figurer le manteau bordé de rouge que portaient les anciens rois. Pour diadème, ils lui placent sur la tête une couronne d'épines; pour sceptre royal, ils lui donnent un roseau, et ils se prosternent devant lui comme devant un roi, ce que l'Évangéliste nous raconte en ces termes: «Et après lui avoir ôté ses habits, ils le couvrirent d'un manteau d'écarlate», etc.
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Saint Augustin
Ainsi s'explique ce que dit saint Marc, qu'on le revêtit de pourpre, car c'est en place du manteau de pourpre qu'ils le couvrirent de ce manteau d'écarlate pour se moquer de lui; et il y a en effet une cer taine pourpre, dont la couleur se rapproche tout à fait de l'écarlate. Il peu t se faire aussi que saint Marc veuille parler de la pourpre qui se trouvait dans ce manteau, quoiqu'il fût de cou leur écarlate.
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Saint Jean Chrysostome
Comment pourrons-nous encore être sensibles aux outrages que nous pourrions recevoir, après que Jésus-Christ s'est soumis à d'aussi indignes traitements? C'était bien là le dernier degré de l'outrage, car ce n'était pas une petite partie de lui-même, mais tout son corps, qui était exposé à ces indignités: la tête, par la couronne d'épines, par le roseau et les soufflets; le visage, par les crachats dont on le couvrait; les joues, par les soufflets qu'ils y déchargeaient, tout le corps, par la flagellation et la nudité à laquelle il fut exposé; les mains, par le roseau qu'ils lui donnèrent pour sceptre, comme s'ils eussent craint d'omettre la moindre partie de ce que l'audace la plus effrontée peut suggérer
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Saint Augustin
Il est certain que saint Matthieu a rapporté ces tristes détails, comme par récapitulation, et non comme ayant eu lieu après que Pilate eut livré Jésus aux Juifs pour être crucifié, car saint Jean les place avant que Jésus fût abandonné aux Juifs par Pilate.
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Saint Jérôme
Quant à nous, nous donnons à toutes ces circonstances une signification spirituelle. De même que Caïphe fit cette prophétie sans savoir ce qu'il disait «Il faut qu'un seul homme meure pour tous», de même les Juifs, dans tout ce qu'ils entreprirent contre Jésus, nous of frent a nous, qui avons la foi, bien qu'ils aient eu une intention toute différente, de mystérieux symboles. Jésus, dans ce manteau d'écarlate, porte toutes les oeuvres sanguinaires des Gentils; par sa couronne d'épines, il détruit l'antique malédiction; par son roseau, il tue toutes les bêtes venimeuses; ou bien, il tient ce roseau à l a main, pour écrire l'action sacrilège des Juifs.
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Saint Hilaire
Le Seigneur, ayant pris sur lui toutes les infirmités de notre corps, se présente à nous, sous ce manteau d'écarlate, couvert du sang de tous les martyrs qui ont mérité de régner avec lui. Il est aussi couronné d'épines, c'est-à-dire de tous les péchés des peuples qui le trans percent, et lui forment une couronne de victoire; ce roseau représente la faiblesse et l'infirmité des nations, à qui le Sauveur communique, en les prenant par la main, une force toute divine. On le frappe à la tête avec ce roseau, c'est-à-dire que les nations faibles et infirmes, soulevées par la main de Jésus-Christ, se reposent en Dieu le Père, qui. est la tête du Christ.
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Origène
Ou bien, ce roseau est un symbole mystérieux de la confiance que nous avions dans le roseau de l'Egypte ( 2R 18,21 ) ou de quelque autre puissance contraire à Dieu, avant que nous ayons embrassé la foi. Jésus-Christ prend ce roseau pour en triompher sur le bois de la croix; c'est avec ce ro seau qu'ils frappent la tête du Seigneur Jésus, car la puissance ennemie dirige toujours ses coups contre Dieu le Père, qui est la tête du Sauveur.
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Saint Rémi
Ou bien, dans un autre sens, ce manteau d'écarlate figure la chair du Seigneur, qui nous apparaît comme rouge, à cause du sang qu'il a répandu, et, la couronne d'épines, nos péchés, qu'il a pris sur lui, parce qu'il s'est revêtu d'une chair semblable à celle du péché.
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Rabanus Maurus
Ceux-là donc frappent la tête de Jésus-Christ avec un roseau, qui, osant s'élever contre sa divinité, s'efforcent d'appuyer leur erreur sur l'autorité des Saintes Écritures écrites avec un roseau; ceux qui lui crachent au visage sont ceux qui repoussent, avec des paroles de blasphèmes, la présence de sa grâce, et nient que Jé sus soit venu revêtu d'une chair mortelle. Enfin, ceux-là lui rendent des honneurs mensongers, qui croient en lui, et ne témoignent que du mépris pour lui par la perversité de leur conduite.
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Saint Augustin
Ils ont dépouillé le Sauveur dans sa passion, de ses vêtements, et l'ont revêtu d'un manteau de couleur, et, en cela, ils figurent les hé rétiques, qui soutiennent que le corps de Jésus-Christ n'est point véritable, mais purement fantastique.
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31Après s'être moqués de lui, ils lui retirèrent le manteau, lui remirent ses vêtements et l'emmenèrent pour le crucifier. 32En sortant, ils rencontrèrent un homme de Cyrène, nommé Simon, qu'ils réquisitionnèrent pour porter sa croix. 33Puis, étant arrivés à un lieu dit Golgotha, c'est-à-dire lieu du Crâne, 34ils lui donnèrent à boire du vin mêlé de fiel; mais, l'ayant goûté, il ne voulut pas boire.
La Glose
Après avoir rapporté toutes les railleries et les insultes dont Jésus-Christ fut l'objet, l'Évangéliste en vient aux circonstances de son crucifiement: «Et après s'être ainsi moqués de lui, ils lui ôtèrent le manteau», etc.
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Saint Augustin
Tout ceci s'est passé vers la fin, lorsque Jésus-Christ était emmené pour être crucifié, c'est-à-dire après que Pilate l'eut livré aux Juifs.
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Saint Jérôme
Il faut remarquer que, lorsque Jésus est frappé de verges, et couvert de crachats, il n'a pas les vêtements qui lui appartiennent, mais ceux dont il s'est revêtu pour expier nos péchés; mais lorsqu'il est crucifié, et que cette scène de moqueries est passée, il reprend ses premiers vêtements et l'habillement qui lui est propre, et aussitôt les éléments se troublent et la créature rend témoignage au Créateur.
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Origène
Il est dit du manteau qu'ils l'en dépouillèrent, tandis qu'aucun des évangélistes ne dit rien de semblable de la couronne d'épines, pour nous apprendre qu'il ne nous reste plus rien de nos anciennes épines, depuis que Jésus-Christ les a prises pour les placer sur sa tête vénéra ble.
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Saint Jean Chrysostome
Or, le Seigneur ne voulut souffrir ni dans l'intérieur d'une habi tation, ni dans le temple juif, pour ne pas vous laisser croire qu'il n'était mort que pour ce peu ple; mais c'est en dehors de la ville et au delà des murs qu'il est crucifié, pour vous apprendre qu'il offre en sacrifice universel la victime de toute la terre, et qui doit purifier tout le genre humain. C'est ce que l'Évangéliste veut exprimer en ajoutant: «Comme ils sortaient de la ville, ils trouvèrent un homme de Cyrène, nommé Simon, qu'ils contraignirent de porter la croix de Jésus».
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Saint Jérôme
Il ne faut pas croire que le récit de saint Jean est ici contraire à celui de saint Mathieu, parce que saint Jean raconte que Jésus, sortant du prétoire, porta lui-même sa croix, tandis que, d'après saint Mathieu, ils rencontrèrent un homme de Cyrène, qu'ils contraignirent de porter la croix de Jésus; mais il faut entendre qu'en sortant du prétoire, Jésus porta lui-même sa croix, et qu'ayant ensuite rencontré Simon, les soldats le contraignirent de partager ce fardeau avec Jésus.
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Origène
Ou bien, c'est en sortant qu'ils contraignirent Si mon ( Jn 19,17 ), et c'est en approchant du lieu du crucifiement qu'ils chargèrent Jésus de la croix, pour qu'il la portât lui-même jusqu'au lieu de son supplice. Or, ce n'est point par hasard que Simon fut ainsi contraint; mais, par une disposition particulière de Dieu, il fut amené à ce point d'être trouvé digne de voir son nom écrit dans les saints Évangiles, et d'être associé au précieux fardeau de la croix de Jésus-Christ, Ce n'était pas seulement le Sauveur qui devait porter sa croix, nous devions aussi la porter nous-mêmes, en obéissant à cette salutaire contrainte, et cependant nous ne pouvions retirer, en la portant, un avantage égal à celui que Jésus nous procure en la portant lui-même.
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Saint Jérôme
Dans le sens mystique, nous voyons ici les nations se charger de la croix, et l'obéissance de l'étranger porter l'ignominie du Sauveur.
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Saint Hilaire
Le Juif était in digne de porter la croix, et il était réservé à la foi des nations de prendre la croix et de compatir aux souffrances du divin crucifié.
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Saint Rémi
Ce Simon n'était pas de Jérusalem, mais il était étranger et voyageur; il était de Cyrène, qui est une ville de Libye. Or, le nom de Simon veut dire obéissant, et celui de cyrénéen, héritier, et il est une belle figure du peuple des Gentils, qui était étranger aux alliances et aux testaments de Dieu, mais qui est devenu, par sa foi, le concitoyen des saints, et l'héritier de la maison de Dieu.
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Saint Grégoire le Grand
Ou bien, dans un autre sens, Simon, qui porte la croix du Seigneur, parce qu'il y est contraint, est la figure de ceux qui sont à la fois mortifiés et pleins d'orgueil; ils affligent leur chair par les privations extérieures, mais n'ont aucun souci du fruit intérieur de la mortification. C'est ainsi que Si mon porte la croix, mais sans mourir sur la croix, et il représente les chrétiens mortifiés et su perbes, qui châtient leur corps par les oeuvres de la mortification, mais qui vivent encore au monde par le dé sir de la vaine gloire.
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Rabanus Maurus
Golgo tha est un nom syriaque, qui signifie Calvaire.
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Saint Jérôme
J'ai entendu donner cette explication que le Calvaire était le lieu de la sépulture d'Adam, et que ce lieu avait reçu le nom de Cal vaire, parce que la tête du premier homme s'y trouvait ensevelie. C'est une interprétation qui peut obtenir de la vogue et flatte agréablement l'esprit du peuple, mais qui n'est pas fondée, car en dehors de la ville, et au delà des portes, se trouve le lieu où l'on tranche la tête aux condamnés, et c'est de là que lui est venue le nom de Calvaire, ou lieu des décapités. Or Jésus fut crucifié en ce lieu, pour ériger l'étendard du martyre dans l'endroit même où les condamnés souffraient le dernier supplice. Quant au premier homme, il fut enterré, comme nous le lisons dans le livre de Josué ( Jos 14,15 ), près d'Hébron et d'Arbé.
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Saint Hilaire
Le lieu du crucifiement fut choisi de manière que, placé au milieu de la terre, il se présentât également à tous les peuples de la terre, pour leur donner la connaissance de Dieu.
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Saint Augustin
Saint Marc dit: «Ils lui donnaient à boire du vin mêlé avec de la myrrhe». Saint Mathieu se sert du mot fiel, pour exprimer l'amertume de ce vin, car le vin mêlé à la myrrhe est fort amer. Il n'est pas impossible non plus que ce fut le fiel et la myrrhe réunis qui rendirent ce vin fort amer.
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Saint Jérôme
C'est la vigne amère qui produit le vin amer, dont ils abreuvent le Seigneur Jésus, pour accomplir cette prophétie: «ils ont mêlé le fiel à ma nourriture» ( Ps 69,22 ), et ces autres paroles de Dieu à Jérusalem: «Je vous ai plantée comme une vigne où je n'avais mis que de bon plants, et comment, vigne étrangère, vous êtes-vous changée en amertume ?» ( Jr 2,21 ): «Et, lorsqu'il en eût goûté, il ne voulut pas en boire». Saint Marc dit: «Il n'en prit point», c'est-à-dire: il n'en prit point pour le boire; il en goûta seulement, comme le rapporte saint Matthieu, et cette expression: «Il ne voulut pas le boire», est la même que celle de saint Marc: «Il n'en prit point»,excepté que cet Évangéliste passe sous silence que le Sauveur en a goûté. Après l'avoir goûté, il ne veut pas en boire, pour nous ap prendre qu'il a goûté pour nous l'amertume de la mort, mais qu'il est ressuscité le troisième jour.
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Saint Hilaire
Ou bien, il a refusé de boire ce vin mêlé de fiel, parce que l'amertume des péchés ne doit point se mêler à l'incorruptibilité de la gloire éternelle.
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35Quand ils l'eurent crucifié, ils se partagèrent ses vêtements en les tirant au sort. 36Et, s'étant assis, ils le gardaient. 37Au-dessus de sa tête ils mirent un écriteau indiquant la cause de sa condamnation : " Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs. " 38Alors on crucifia avec lui deux brigands, l'un à droite et l'autre à gauche.
La Glose
L'Évangéliste vient de nous raconter comment Jésus-Christ fut conduit au lieu de son crucifiement; il poursuit le récit de sa douloureuse passion, et nous décrit son genre de mort: «Après qu'ils l'eurent crucifié», etc.
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Saint Augustin
La sagesse de Dieu s'est revêtue de notre humanité, pour nous donner l'exemple d'une vie irré prochable. Or, un homme d'une vie irrépréhensible ne doit pas redouter ce qui n'est pas à craindre, Il y a cependant des hommes qui, sans craindre la mort elle-même, redoutent certain genre de mort. Il a donc été nécessaire de leur montrer, par l'exemple de cet homme-Dieu, qu'il n'y a aucun genre de mort redoutable pour un homme juste et vertueux, car la mort sur la croix était de toutes les morts la plus horrible et la plus effroyable.
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Saint Augustin
Que votre sainteté considère, mes frères, quelle a été la grande puissance de la croix. Adam n'a tenu aucun cas du commandement de Dieu, en mangeant du fruit de l'arbre; mais tout ce qu'Adam a perdu, Jésus-Christ l'a retrouvé sur la croix. Une arche de bois a sauvé le genre humain des eaux du déluge; Moïse a divisé les eaux de la mer avec sa verge devant les Hébreux qui sortaient de l'Egypte, et, avec cette même verge, il terrassa Pharaon et délivra le peuple de Dieu. Moïse jeta encore du bois dans l'eau et changea ainsi son amertume en dou ceur; c'est encore en frappant avec une verge de bois le rocher spirituel et figuratif qu'il en fit jaillir une eau salutaire, et, pour obtenir la défaite d'Amalech, c'est autour de la verge que Moïse étend les bras. Enfin, la loi de Dieu est confiée à l'arche d'alliance qui est de bois, et c'est par toutes ces figures que nous arrivons, comme par autant de degrés, jusqu'au bois de la croix.
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Saint Jean Chrysostome
Jésus-Christ a voulu souffrir sur un arbre élevé, entre le ciel et la terre, comme pour purifier la nature de l'air; mais la terre elle-même éprouvait un bienfait semblable, purifiée qu'elle était par le sang qui découlait du côté du Sau veur.
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La Glose
L'arbre de la croix peut aussi représenter l'Église répandue dans les quatre parties du monde.
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Rabanus Maurus
Ou bien, dans le sens moral, la largeur de la croix signifié la joie qui ac compagne les bonnes oeuvres, car la tristesse resserre le coeur; la largeur de la croix, c'est la barre transversale où les mains de Jésus sont clouées, et, par les mains, il faut entendre les oeu vres. Le haut de la croix, où la tête repose, représente l'attente de la récompense que nous réserve la justice sublime de Dieu. La longueur de la croix, sur laquelle le reste du corps est étendu, figure la patience, et de là vient qu'on dit de ceux qui sont patients, qu'ils ont de la longanimité. La partie de la croix qui s'enfonce dans la terre est le symbole des profondeurs que renferme ce mystère.
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Saint Hilaire
C'est ainsi que, sur le bois de la croix, nous voyons suspendu la vie et le salut de tous les hommes. «Après qu'ils l'eurent crucifié», etc.
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Saint Augustin
Saint Mathieu raconte sommairement la scène du crucifiement; saint Jean entre dans de plus grands détails: «Les soldats, dit-il, après l'avoir crucifié, prirent ses vêtements et en firent quatre parts, une pour chaque soldat»; ils prirent aussi sa tunique; or cette tunique était sans couture.
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Saint Jean Chrysostome
Considérez quelle grande humiliation pour Jésus-Christ. Ils le traitent à l'égal du plus vil scélérat, tandis qu'ils ne font rien de semblable à l'égard des voleurs, car on ne partageait les vêtements que des criminels de la condition la plus vile et la plus abjecte, et qui ne possédaient rien autre chose.
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Saint Jérôme
Or, cette circonstance avait été prédite par le Roi-prophète, et c'est pour cela que l'Évangéliste ajoute: «Afin que cette parole de l'Écriture fût accomplie: Ils ont partagé entre eux mes vêtements, et ils ont tiré ma robe au sort» ( Ps 22,19 ) «Et s'étant assis, ils le gardaient», c'est-à-dire les soldats. Le soin que prirent les sol dats et les prêtres de garder Jésus nous a grandement servi, en rendant plus certaine et plus évidente la puissance de sa résurrection: «Et ils mirent au-dessus de sa tête le sujet de sa condamnation écrit en ces termes: Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs». Je ne puis assez admirer ce fait vraiment extraordinaire, qu'après avoir acheté des faux témoins, et cherché à soulever de toute manière, contre Jésus-Christ, ce peuple infortuné, ils n'aient pu trouver d'autre cause de sa mort, si ce n'est qu'il était le roi des Juifs. Peut-être aussi mirent-ils cette inscription par dérision et pour se moquer de lui.
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Saint Rémi
C'est par l'effet d'un conseil tout divin que cette inscription fut placée au-dessus de la tête de Jésus, afin que les Juifs fussent forcés de recon naître que, même en le mettant à mort, ils n'avaient pu faire qu'il ne fût pas leur roi, car, loin de perdre sa royauté, il l'a bien plutôt consolidée par la mort ignominieuse de la croix.
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Origène
Le grand prêtre devait, d'après le texte de la loi, porter écrit sur son front le saint nom de Dieu ( Ex 28,36 ); mais le véritable prince des prêtres et le vrai roi Jésus porte écrit au haut de sa croix: «Celui-ci est le roi des Juifs». En montant vers son Père, au lieu des let tres dont se compose ce nom, et du nom qui lui est donné, il a son Père lui-même.
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Rabanus Maurus
Comme il est tout à la fois prêtre et roi, en même temps qu'il offre sur l'autel de la croix sa chair comme victime, l'inscription de cette croix établit sa dignité royale. Cette inscription n'est pas placée au bas, mais au haut de la croix, car, quoique l'infirmité de la chair du Sauveur souffrait sur la croix, l'éclat de la majesté royale ne laissait pas de briller au-dessus de la croix, et loin de la lui faire perdre, sa croix l'affermit d'une manière plus parfaite.
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Saint Jérôme
De même que Jésus s'est rendu malédiction pour nous sur la croix, il consent à être crucifié comme un criminel entre deux criminels.
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Saint Léon le Grand
Deux voleurs sont crucifiés, l'un à sa droite, l'autre à sa gauche, pour nous montrer dans ces suppli ces figuratifs le discernement et la séparation que Jésus-Christ doit faire de tous les hommes au jugement dernier. La passion de Jésus-Christ renferme donc le mystère de notre salut, et la puissance du Rédempteur s'est fait un degré, pour monter dans la gloire, de cet instrument, que l'iniquité des Juifs avait préparé pour son supplice.
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Saint Hilaire
Ou bien, dans un autre sens, les deux larrons qui sont crucifiés, l'un à sa gauche, l'autre à sa droite, figurent que l'universalité des hommes est appelée à profiter du bienfait de la passion du Sauveur; mais, comme la différence qui existe entre les fidèles et les infidèles établit entre eux une séparation marquée par la gauche et par la droite, l'un des deux placé à la droite de Jésus est sauvé par la justification qui vient de la foi.
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Saint Rémi
Ou bien, ces deux voleurs représentent tous ceux qui embrassent la pratique sévère d'une vie mortifiée, ceux qui entrent dans cette vie par le seul désir de plaire à Dieu sont figurés par le voleur qui est crucifié à droite; et ceux qui n'agissent que pour obtenir la gloire qui vient des hommes, ou pour un autre motif aussi peu digne, le voleur qui est crucifié à gauche.
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39Et les passants l'injuriaient en hochant la tête 40et disant : " Toi, qui détruis le sanctuaire et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même, si tu es Fils de Dieu et descends de la croix ! " 41De même, les grands prêtres aussi se moquaient de lui, avec les scribes et les anciens, disant : 42" Il en a sauvé d'autres, il ne peut se sauver lui-même ! Il est roi d'Israël, qu'il descende maintenant de la croix, et nous croirons en lui ! 43Il a mis sa confiance en Dieu; s'il l'aime, qu'il le délivre maintenant, car il a dit : Je suis Fils de Dieu ! " 44Les brigands aussi, crucifiés avec lui, l'insultaient de la même manière.
Saint Jean Chrysostome
Les ennemis du Sauveur ne se contentent pas de le dépouiller de ses vê tements et de le crucifier, ils vont plus loin, et, en le voyant attaché à la croix, ils osent encore le couvrir d'outrages. «Or, les passants le blasphémaient en branlant la tête»,etc.
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Saint Jérôme
Ils le blasphémaient, parce qu'ils marchaient en dehors de la voie, et qu'ils ne vou laient pas entrer dans le véritable chemin des Écritures; ils branlaient la tête, parce que leurs pieds chancelaient depuis longtemps et ne s'appuyaient plus sur la pierre ( Ps 72,2 Ps 39,3 ). Le peuple insensé se joint à eux pour l'insulter, en répétant les inventions des faux témoins: «Et ils lui disaient: Vah ! Toi qui détruit le temple de Dieu», etc.
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Saint Rémi
Vah ! est une interjection qui exprime l'insulte et la moquerie.
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Saint Hilaire
Quel pardon pourront-ils espérer lorsqu'après trois jours ils verront le temple de Dieu rebâti dans la résurrection du Sauveur.
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Saint Jean Chrysostome
Ils semblent même vouloir rabaisser ses anciens miracles: «Que ne te sauves-tu toi-même? Situ es le Fils de Dieu, descends de la croix».
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Saint Jean Chrysostome
Mais, au contraire, c'est justement parce qu'il est le Fils de Dieu qu'il ne descend pas de la croix, car il n'est venu sur la terre qu'afin d'être crucifié pour notre salut.
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Saint Jérôme
Les scribes et les pharisiens sont forcés de confesser qu'il a sauvé les autres. Vous êtes donc condamnés par vos propres paroles, car celui qui a sauvé les autres pourrait se sauver lui-même s'il le voulait. - Suite. «S'il est roi d'Israël, qu'il descende maintenant de la croix, et nous croirons en lui».
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Saint Jean Chrysostome
Écoutez cette voix des enfants, quelle fidèle imitation de celle du Père. Le démon disait: «Jettes-toi en bas, si tu es le Fils de Dieu», et les Juifs: «Si tu es le Fils de Dieu, descends de la croix».
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Saint Léon le Grand
A quelle source d'erreurs, ô Juifs, avez-vous puisé ces blas phèmes empoisonnés? Quel maître vous a enseigné, quelle doctrine vous a persuadé que vous ne deviez reconnaître pour roi d'Israël et pour Fils de Dieu que celui qui ne permettrait pas qu'on le crucifie, ou qui détacherait son corps des clous qui perçaient ses pieds et ses mains sur la croix? Ce n'est pas ce que vous ont annoncé les oracles prophétiques, car vous y avez vrai ment lu: «Je n'ai point détourné mon visage des crachats ignominieux», et encore: «Ils ont percé mes pieds et mes mains, et ils ont compté tous mes os» ( Ps 22,18 ). Est-ce que vous avez lu quelque part: Le Seigneur est descendu de la croix? N'avez-vous pas lu au contraire: «C'est par le bois que le Seigneur a régné ?»
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Rabanus Maurus
S'il eût cédé à cette injurieuse invitation, il ne nous eût pas fait voir toute l'étendue de sa patience; mais il attendit quelque temps, supporta toutes ces railleries, et, après avoir refusé de descendre de la croix, il sortit du tom beau glorieusement ressuscité.
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Saint Jérôme
Ils ajoutent: «Et nous croirons en lui», promesse pleine de mensonge, car qui exige plus de puissance, de descendre vivant de la croix, ou de s'arracher aux bras de la mort dans le tombeau? Or, il est ressuscité et vous n'avez pas cru en lui; donc, s'il descendait de la croix, vous ne croiriez pas davantage. Mais, en tenant ce lan gage, ils obéirent à l'inspiration des démons, car, aussitôt que le Seigneur fut crucifié, ils éprouvèrent la vertu de sa croix; ils comprirent que leur puissance était brisée, et ils font tous leurs efforts pour que le Sauveur descende de la croix. Mais Notre-Seigneur, qui connaissait les ruses de ses ennemis, reste attaché sur la croix, pour détruire la puissance du démon. «Il met sa confiance en Dieu; si donc Dieu l'aime, qu'il le délivre maintenant».
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Saint Jean Chrysostome
O hommes profondément corrompus, est-ce que les prophètes et les justes avaient cessé d'être prophètes et justes, parce que Dieu ne les a pas délivrés du danger? Or, si les épreuves et les souffrances, que vous avez accumulées sur leur tête, n'on t pu en rien obscurcir leur gloire, combien moins les souffrances de cet homme devaient-elles vous scandaliser, car toutes ses paroles tendaient à éloigner ces doutes de votre esprit. «Il a dit: Je suis le Fils de Dieu». Ils veulent persuader par là qu'il a été condamné pour avoir voulu séduire et tromper, et comme un homme plein d'orgueil qui se glorifie dans ses vaines préten tions. Or, non-seulement les Juifs et les soldats, qui étaient au bas de la croix, en faisaient l'objet de leurs risées, mais aussi, à ses côtés, les voleurs qui étaient crucifiés avec lui: «Les voleurs qui étaient crucifiés avec lui lui faisaient les mêmes reproches».
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Saint Augustin
Au premier abord, il semblerait que saint Luc est ici en contradiction avec saint Matthieu, puisqu'il rapporte que l'un des voleurs blasphémait contre Jésus, ce que l'autre reprochait à son compagnon. Mais il faut nous rappeler que saint Mat thieu, abrégeant singulièrement son récit, a mis le pluriel pour le singulier, comme nous le voyons dans ce passage de l'Epître aux Hébreux: «ils ont fermé la gueule des lions», alors qu'il ne s'agissait que du seul Daniel ( Jg 14,6 1S 17 Da 16 ). Quelle expression plus ordinaire que celle-ci Ces rustres m'insultent, bien qu'on ne veuille parler que d'un seul? Il y aurait contradiction, si saint Matthieu avait dit que les deux voleurs outrageaient le Seigneur; mais comme il dit simplement: «Les voleurs», sans ajouter: les deux, il faut en conclure que, selon l'usage ordinaire, il s'est servi du pluriel pour le singulier.
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Saint Jérôme
Ou bien, on peut dire encore que tous deux commencèrent par blasphémer; mais, qu'après avoir vu le soleil s'obscurcir, la terre trembler, les rochers se fendre ou se renverser, les ténèbres se répandre sur la terre, l'un d'eux crut en Jésus et racheta son incrédulité et ses premiers blas phèmes par la confession qu'il fit ensuite de la divinité du Sauveur.
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Saint Jean Chrysostome
Et ne pensez pas que tout cela soit l'effet d'un arrangement concerté à l'avance, et qu e celui qui passait pour un voleur ne le fût pas en effet; les outrages dont il ne craint pas de couvrir Jésus-Christ prouvent que, jusque sur la croix, il avait les sentiments d'un voleur et d'un ennemi de Jésus-Christ, et cependant il fut changé en un seul instant.
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Saint Hilaire
Ces deux voleurs, qui-lui reprochent les humiliations de sa passion, sont un signe que la croix sera aussi un sujet de scandale pour tous les fidèles ( 1Co 1,23 ).
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Saint Jérôme
Ou bien, ces deux voleurs représentent les deux peuples, Juif et Gentil, qui, tous deux, ont d'abord blasphémé le Seigneur; mais ensuite l'un d'eux, effrayé par la multitude des miracles dont il était témoin, fit pénitence, et, jusqu'à ce jour, il reproche aux Juifs leurs blasphèmes.
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Origène
Le larron qui a été sauvé est encore le symbole de ceux qui, après une vie pleine d'iniquités, ont embrassé la foi en Jésus-Christ.
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45Depuis la sixième heure jusqu'à la neuvième, il se fit des ténèbres sur toute la terre. 46Vers la neuvième heure, Jésus s'écria d'une voix forte : Eli, Eli, lema sabachtani? " c'est-à-dire " Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné? " 47Quelques-uns de ceux qui étaient là, l'ayant entendu, disaient : " Il appelle elie. " 48Et aussitôt l'un d'eux courut prendre une éponge qu'il imbiba de vinaigre, et, l'ayant mise au bout d'un roseau, il lui présenta à boire. 49Mais les autres disaient : " Laisse ! que nous voyions si Elie va venir le sauver. " 50Jésus poussa de nouveau un grand cri et rendit l'esprit.
Saint Jean Chrysostome
La créature ne pouvait supporter la vue des outrages faits au Créateur; aussi le soleil retira-t-il ses rayons pour ne pas être témoin des forfaits de ces im pies: «Depuis la sixième heure, les ténèbres couvrirent toute la terre».
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Origène
Il en est qui argumentent de ce texte pour attaquer la vérité de l'Évangile; car depuis le commencem ent du monde, les éclipses de soleil ont toujours eu lieu dans les temps prévus et marqués. Or, ces phénomènes qui arrivent périodiquement à des époques prévues d'avance, n'ont jamais lieu que lorsque le soleil se rencontre avec la lune, et que la lune, s'interposant entre le soleil et la terre, empêche ses rayons de parvenir jusqu'à nous. Or, à l'époque de l'année où la passion de Jésus-Christ eut lieu, il est évident qu'il ne pouvait y avoir de conjonction du soleil et de la lune, puisqu'on était au temps de Pâque, qui se célèbre à l'époque de la pleine lune. Des chré tiens, pour résoudre cette difficulté, ont avancé que cet obscurcissement du soleil avait été un miracle, comme tant d'autres faits qui se produisirent alors en dehors des lois ordinaires de la nature.
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Saint Denys
Nous vîmes tout d'un coup et sans y être préparés, la lune s'interposer entre le soleil et la terre (car ce n'était pas le temps de la rencontre naturelle de ces deux astres), nous la vîmes de nouveau depuis la neuvième heure jusqu'au soir, couvrir contrairement aux lois de la nature le diamètre du soleil. Nous vîmes cette éclipse commencer à l'Orient, s'avancer vers le couchant, et puis revenir pour ainsi dire sur ses pas. Nous fûmes encore témoins de ce fait extraordinaire, que ce ne fut pas du même côté du soleil que la lune s'avança sur cet astre, et se retira ensuite, mais dans un sens diamétralement opposé.
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Saint Jean Chrysostome
Les ténèbres durèrent trois heures, tandis qu'une éclipse de soleil ne dure qu'un instant, et n'a point de temps d'arrêt, comme le savent les astronomes.
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Origène
Mais les enfants du siècle nous font cette objection: Comment se fait-il qu'aucun écri vain grec ou étranger n'ait rapporté un fait aussi étonnant, alors qu'ils nous ont transmis a vec soin le souvenir de tous les événements extraordinaires dont ils ont été témoins? Il est vrai que Phlégon, dans ses chroniques, rapporte qu'une éclipse eut lieu sous l'empire de Tibère César, mais il ne dit pas que ce fut à l'époque de la pleine lune. C'est ce qui me porte à croire que ce prodige, aussi bien que tous les autres qui eurent lieu pendant la passion du Sauveur, tels que le tremblement de terre et le voile du temple déchiré, furent restreints à la ville de Jéru salem. Ou si l'on veut l'étendre à toute la Judée, il faudra donner à ces paroles le sens qu'elles ont dans ce passage du livre des Rois, où Abdias dit à Elie: «Vive le Seigneur votre Dieu, il n'y à point de nation ni de royaume où mon Seigneur n'ait envoyé vous chercher» (), c'est-à-dire qu'il l'avait cherché dans les contrées voisines de la Judée. Nous devons donc admettre que d'épaisses et profondes ténèbres s'étendirent sur toute la ville de Jérusalem et sur toute la terre de Judée. La terre fut couverte d'épaisses ténèbres depuis la sixième heure jusqu'à la neuvième heure. Car nous lisons que deux espèces différentes d'êtres ont été créés le sixième jour, les animaux avant la sixième heure, et l'homme à cette heure là même. Il convenait donc que celui qui mourait pour le salut du genre humain fût attaché sur la croix à la sixième heure, et que par suite, les ténèbres se répandissent sur toute la terre de la sixième heure à la neuvième. Lorsque Moïse leva ses mains vers le ciel ( Ex 10,22 ), les ténèbres se répandirent sur les Egyptiens qui tenaient le peuple de Dieu en servitude; de même à la sixième heure, alors que le Christ étendait ses mains sur la croix et les levait vers le ciel, les ténèbres enveloppèrent ce peuple qui avait crié: «Crucifiez-le», et il se trouva privé de toute lumière, en signe des ténèbres qui devaient envelopper toute la nation juive. Sous Moïse encore, les ténèbres couvri rent pendant trois jours toute la terre d'Egypte, tandis que tous les enfants d'Israël étaient dans la plus vive lumière; c'est ainsi que pendant la passion de Jésus-Christ, les ténèbres se répandi rent pendant trois heures sur toute la Judée, parce qu'elle était privée, en punition de ses pé chés, de la lumière de Dieu le Père, de la splendeur du Christ, et de la clarté de l'Esprit saint, tandis que la lumière éclairait tout le reste de la terre, figure de cette lumière qui éclaire dans tous les lieux l'Église de Dieu en Jésus-Christ. Et si les ténèbres couvrirent toute la Judée, jus qu'à la neuvième heure, il s'ensuit que la lumière a dû de nouveau briller à leurs yeux: «Car lorsque la plénitude des nations sera entrée, alors tout Israël sera sauvé». ( Rm 11,25 )
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Saint Jean Chrysostome
Ou bien suivant une autre explication, ce qu'il y avait d'admirable, c'est que ces ténèbres étaient répandues sur toute la face de la terre, ce qui n'était jamais arrivé au paravant. Car les ténèbres ne couvrirent que l'Egypte seule, au moment de la célébration de la Pâque, ténèbres qui étaient la figure de celles qui eurent lieu à la mort de Jésus-Christ. Et re marquez que ces ténèbres se répandent au milieu du jour, au moment où la lumière inonde toute la terre de sa clarté, afin que tous les habitants de la terre en fussent témoins. C'est là ce signe que Jésus promettait de donner aux Juifs qui lui en faisaient la demande, lorsqu'il disait: «Cette génération adultère et perverse demande un signe, et il ne lui en sera pas donné d'autre que celui du prophète Jonas»,figure de sa croix et de sa résurrection; car il était bien plus étonnant qu'il opérât ce prodige, étant attaché sur la croix, que pendant le cours de sa vie. Ce miracle suffisait certainement pour les convertir, non seulement par la grandeur du fait consi déré en lui-même, mais encore parce que le Sauveur l'opéra après qu'ils eurent épuisé contre lui toutes les insultes, tous les outrages que la haine put leur suggérer. Mais comment purent-ils se défendre d'un sentiment d'admiration, et reconnaître qu'il était Dieu? C'est que le genre humain tout entier était livré à une malice prodigieuse, et plongé dans une torpeur inexprima ble; que ce miracle fut de courte durée et qu'ils en ignoraient la cause. Aussi Jésus fait enten dre ensuite sa voix, pour leur montrer qu'il est encore vivant et qu'il est l'auteur de ce miracle: «Et sur la neuvième heure, Jésus jeta un grand cri en disant: Eli ! Eli ! lamma sabacthani ?»c'est-à-dire «Mon Dieu ! mon Dieu ! pourquoi m'avez-vous abandonné ?»
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Saint Jérôme
Notre-Seigneur a cité le commencement du psaume vingt et unième. Ces paroles qui se trouvent au milieu du verset: «Jetez les yeux sur moi», ont été surajoutées, car le texte hébreu porte seu lement: «Mon Dieu ! mon Dieu ! pourquoi m'avez-vous abandonné ?» Il n'y a donc que des impies qui puissent prétendre que ce psaume a pour objet la personne d'Esther et de Mardo chée, puisque les Évangélistes lui ont emprunté d'autres témoignages qu'ils appliquent au Sau veur, celui-ci en particulier: «Ils se sont partagé mes vêtements, et ils ont percé mes mains».
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Saint Jean Chrysostome
Or, Jésus cite ces paroles du p rophète, pour rendre hommage jus qu'au dernier moment, à l'Ancien Testament, et pour faire voir qu'il honore son Père, et ne lui est pas opposé, et il prononce ces paroles en hébreu, pour être compris des Juifs qui l'entendent.
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Origène
Examinons pourquoi Jésus-Christ a été abandonné de Dieu. Quelques-uns, dans l'impossibilité d'expliquer comment le Christ peut être délaissé de Dieu, disent que c'est par humilité qu'il s'est ainsi exprimé; mais vous pourrez comprendre facilement le sens de ces paroles, en comparant la gloire dont le Fils de Dieu jouit dans le sein de son Père avec la honte et l'ignominie qu'il méprise en souffrant la mort de la croix.
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Saint Hilaire
De ces paroles, les hérétiques veulent conclure ou que le Verbe de Dieu s'est comme anéanti en prenant la place de l'âme unie au corps, et en lui donnant la vie qu'il reçoit de l'âme, ou bien que Jésus-Christ n'était pas un homme véritable, parce que le Verbe de Dieu n'habitait en lui que comme il était autrefois dans l'esprit des prophètes. Il sem ble, d'après ces hérétiques, que Jésus-Christ ne soit qu'un homme ordinaire, composé d'un corps et d'une âme comme nous, et qu'il ne date son existence que du jour où il a été fait homme, lui qui, dépouillé de la protection de Dieu qui se retire de lui, s'écrie: «Mon Dieu ! mon Dieu ! pourquoi m'avez-vous abandonné». Ou bien encore, ajoutent-ils, la nature hu maine s'étant comme confondue avec l'âme du Verbe, Jésus-Christ a été secouru en tout par la puissance de son Père, et maintenant qu'il est privé de ce secours, et abandonné à la mort, il se plaint de cet abandon, et en appelle à celui qui l'a délaissé. Mais au milieu de ces opinions aussi faibles qu'impies, la foi de l'Église, toute pénétrée de la doctrine des Apôtres, ne divise po int Jésus-Christ, et ne laisse point à penser qu'il ne soit pas à la fois Fils de Dieu et Fils de l'homme. En effet, la plainte qu'il fait entendre dans son délaissement, c'est la faiblesse de l'homme qui va mourir, et la promesse qu'il fait du paradis au bon larron, c'est le royaume du Dieu vivant. En se plaignant d'être abandonné au moment de sa mort, il vous prouve qu'il est homme, mais tout en mourant, il assure qu'il règne dans le paradis, et vous montre ainsi qu'il est Dieu. Ne soyez donc pas surpris de l'humilité de ses paroles et des plaintes qu'il fait enten dre dans son délaissement, lorsque sachant bien qu'il a revêtu la forme d'esclave, vous êtes témoin du scandale de la croix.
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La Glose
On dit que Dieu a délaissé son Fils au moment de sa mort, parce qu'il l'a exposé au pouvoir de ses persécuteurs, il lui a retiré sa protection, mais n'a point brisé les liens qui l'unissaient à lui.
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Origène
Lorsqu'il vit les ténèbres couvrir toute la terre de Judée, Jésus prononça ces paroles dont voici le sens: Vous m'avez abandonné, mon Père, c'est-à-dire vous m'avez livré comme anéanti sous le poids de telles calamités, afin que ce peuple que vous avez comblé d'honneur, reçoive le châtiment de tout ce qu'il a osé entreprendre contre moi, et qu'il soit privé de la lumière de vos regards. Vous m'avez aussi abandonné pour le salut des nations. Mais quel si grand bien ont pu faire les hommes qui ont embrassé la foi parmi les Gentils, pour mériter d'être racheté de l'enfer par tout mon sang répandu sur la croix? Ou comment les hommes pourront-ils reconnaître dignement les supplices que je souffre pour eux? Peut-être que jetant les regards sur les péchés des hommes qu'il expiait sur la croix, il dit à Dieu: «Pourquoi m'avez-vous abandonné ?» Pour que je devinsse comme celui qui ramasse les épis qui restent après la moisson et les grains échappés à la main du vendangeur. ( Mi 7,1 ) Ne pensez pas cependant que ce soit sous l'impression d'un sentiment purement humain et comme vaincu par la douleur, qu'il endure sur la croix que le Sauveur s'exprime de la sorte; si vous l'entendiez ainsi, vous ne comprendriez pas ce grand cri qu'il jette, et qui nous annonce un grand mystère caché.
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Rabanus Maurus
Ou bien le Sauveur jette ce cri, parce qu'il s'était comme revêtu de nos senti ments, et que lorsque nous sommes dans le danger, nous nous croyons abandonnés de Dieu. En effet, Dieu avait abandonné la nature humaine par suite du péché, mais comme le Fils de Dieu est devenu notre avocat, il pleure la misère de ceux dont il a pris sur lui les fautes, et il nous apprend par là combien les pécheurs doivent verser de larmes, en voyant ainsi pleurer celui qui n'a jamais commis le péché.
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Saint Jérôme
Ce n'est pas tous, mais quelques-uns, sans doute les soldats romains qui ne compre naient pas l'hébreu, et qui pensaient qu'il appelait Elie, parce qu'il s'était écrié: Eh ! Eh ! Si l'on attribue cette réflexion aux Juifs, il faudra dire que suivant leur habitude, i ls accusent le Seigneur de faiblesse, parce qu'il demande le secours d'Elie.
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Saint Augustin
Ainsi celui qui alimente les fontaines est abreuvé de vinaigre; celui qui nous donne le miel est nourri de fiel; la miséricorde est flagellée; celui qui accorde le pardon est condamné; la majesté est insultée; la vertu tournée en dérision, et celui qui répand les pluies fécondantes est couvert de crachats.
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Saint Hilaire
Le vinaigre est un vin qui s'est aigri ou par sa mauvaise qualité, ou par le mauvais état du vase qui le contient, ou par négligence. Le vin représente l'honneur de l'immortalité et de la vertu. Or, lorsque le vin se fut aigri en Adam, le Sauveur en prit et en fut abreuvé par les nations. Ce vin est présenté au moyen d'une éponge placée au bout d'un bâton; c'est-à-dire que le Sauveur reçut du corps des nations les faiblesses qui avaient corrompu en nous le principe de l'immortalité, et qu'il les fit pour ainsi dire passer en lui-même, pour communiquer l'immortalité à tout ce qui avait été altéré et cor rompu.
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Saint Rémi
Ou bien, les Juifs eux-mêmes étaient ce vinaigre, eux qui étaient comme un vin dégénéré des patriarches et des prophètes, et qui avaient des coeurs creusés par la fraude, comme l'est une éponge par les cavités profond es et tortueuses qu'elle renferme. Le roseau figure la sainte Écriture qui. recevait ainsi son accomplissement; car de même qu'on appelle langue grecque ou hébraïque le langage que ces langues servent à former, ainsi on peut donner le nom de roseau aux lettres où à l'écriture qui sont tracées au moyen d'un roseau.
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Origène
Peut-être aussi peut-on dire que tous ceux qui ont la science de la doctrine ecclésiastique, mais dont la vie est mauvaise, donnent à boire à Jésus-Christ du vin mélangé de fiel. Ceux, au contraire, qui appliquent à Jésus-Christ des maximes qui sont opposées la vérité, comme s'il en était l'auteur, ceux-là placent au bout du roseau de l'Écriture une éponge remplie de vinaigre, et la présentent aux lèvres du Sauveur.
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Rabanus Maurus
Les soldats ne comprenaient pas le sens des paroles du Sauveur, aussi ils attendaient, mais bien inutilement, l'arrivée d'Elie. Quant à Notre-Seigneur, il était uni d'une manière indis soluble avec le Dieu qu'il invoquait en langue hébraïque.
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Saint Augustin
Après que Jésus-Christ eut épuisé toutes les peines, la mort s'arrête, car elle sent qu'il n'y a rien en lui qui lui appartienne. La nouveauté est suspecte à la vétusté; c'est le premier, c'est le seul homme qu'elle voit sans péché, pur de tout crime, et n'étant soumis en aucune manière à ses lois. Mais la mort ne laisse pas de s'associer à la fureur des Juifs, et elle se jette en désespé rée sur l'auteur de la vie: «Or, Jésus, jetant encore un grand cri, rendit l'esprit».Qu'y a-t-il donc qui puisse nous déplaire, en ce que Jésus-Christ ait quitté le sein de son Père, pour venir nous délivrer de notre servitude et nous faire partager sa liberté; qu'il se soit soumis à notre mort pour nous en affranchir par sa propre mort, alors qu'en nous inspirant le mépris de la mort, il nous a placés, simples mortels, au rang des dieux, et malgré notre origine terrestre, nous a égalés aux esprits célestes? Car autant sa puissance divine brille dans le spectacle de ses oeuvres, autant il nous donne une preuve éclatante de son immense charité, en consentant à souffrir pour ses sujets, et à mourir pour ses serviteurs. Telle fut la première raison de la pas sion du Seigneur, il voulut faire connaître combien Dieu aimait l'homme, lui qui veut être bien plus aimé que craint des hommes. La seconde cause, ce fut de détruire avec plus de justice la juste sentence de mort qu'il avait portée contre l'homme. Le premier homme avait au jugement de Dieu, encouru la mort par son péché, et l'avait transmise à ses descendants; le second ( 1Co 15,47 ) vint du ciel, pur de tout péché, pour condamner la mort qui, n'ayant reçu de droits que sur les coupables, avait osé s'attaquer à la source même de toute sainteté. Il n'est point surprenant qu'il ait quitté pour nous ce qu'il a reçu de nous, c'est-à-dire son âme, lui qui a fait tant pour nous, et qui nous a comblés de tant de bienfaits.
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Saint Augustin
Que les fidèles se gardent bien de penser que Jésus-Christ ait pu ressentir la mort, de ma nière qu'en ce qui le concerne, la vie ait perdu la vie; car s'il en était ainsi, comment, pendant ces trois jours, pourrions-nous dire que tout ce qui respire ait conservé la vie, si la source même de la vie avait été desséchée? La divinité du Christ n'a donc ressenti la mort que par son union à notre humanité, ou par la communion aux faiblesses de notre nature qu'il avait prises volontairement; mais il n'a point perdu la puissance de sa nature, qui donne la vie à tout ce qui existe. Lorsque nous mourons nous-mêmes, notre corps, privé de la vie, n'en dépouille pas notre âme; l'âme, en se retirant, ne perd point sa vertu, elle ne fait qu'abandonner le corps qu'elle vivifiait, et c'est elle-même qui est la cause de la mort du corps, loin d'en être la vic time. Quant à l'âme du Sauveur, nous dirons que ce n'est ni à cause de la divinité dont elle était le temple, ni par suite de sa pureté extraordinaire, mais d'après les lois ordinaires de la mort, qu'elle a pu abandonner son corps pendant ces trois jours, sans être elle-même exposée aux coups de la mort. Car je crois que le Fils de Dieu est mort, non pour subir la peine due au péché, peine qu'il ne put encourir en aucune façon, mais par une suite de la sentence portée contre tous les hommes, et à laquelle il s'est soumis pour la rédemption du genre humain.
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Saint Jean Damascene
Quoique Jésus-Christ soit mort comme homme, et que son âme sainte ait été séparée de son corps exempt de toute souillure, cependant la divinité est restée inséparablement unie à l'une et à l'autre, c'est-à-dire à l'âme et au corps, et l'unité de personne n'a souffert aucune division. Le corps et l'âme ont eu, dès le commencement, leur existence dans la personne du Verbe, et l'ont conservée jusque dans la mort; car ni le corps ni l'âme n'ont eu d'autre personnalité que celle du Verbe.
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Saint Jérôme
C'est pour Jésus-Christ un acte de puissance toute divine que de rendre l'esprit, comme lui-même l'avait prédit: «Personne ne peut m'ôter la vie; mais c'est de moi-même que je la quitte, et j'ai le pouvoir de la reprendre». L'esprit, dans ce passage, doit être pris pour l'âme, soit parce qu'il donne la vie au corps et le rend pour ainsi dire spirituel, soit parce que l'esprit est l'essence de l'âme, selon ces paroles: «Vous leur ôterez l'esprit, et ils tomberont dans la défaillance» ( Ps 104,29 ).
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Saint Jean Chrysostome
Il jette un grand cri pour montrer qu'il agit ici en vertu de sa puissance, et en criant ainsi d'une voix forte au moment où il expire, il prouve de la manière la plus évidente, qu'il est le Dieu véritable, puisque les hommes, prêts de rendre le dernier soupir, peuvent à peine faire entendre un souffle de voix.
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Saint Augustin
Saint Luc nous apprend quel fut l'objet de ce grand cri: «Et Jésus s'écria d'une voix forte: Mon Père, je remets mon âme entre vos mains».
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Saint Hilaire
Ou bien, il expire en jetant un grand cri par la douleur qu'il éprouve de ne pouvoir effacer les pé chés de tous les hommes ( Is 53,6 1P 2,24 ).
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51Et voilà que le voile du sanctuaire se fendit en deux, du haut en bas, la terre trembla, les rochers se fendirent, 52les sépulcres s'ouvrirent et les corps de beaucoup de saints défunts ressuscitèrent. 53Et, sortis des sépulcres, après sa résurrection, ils entrèrent dans la ville sainte et apparurent à beaucoup. 54Le centurion et ceux qui, avec lui, gardaient Jésus, voyant le tremblement de terre et ce qui se passait, furent saisis d'une grande frayeur et dirent : " Vraiment, c'était le Fils de Dieu. " 55Il y avait là plusieurs femmes qui regardaient à distance; elles avaient suivi Jésus depuis la Galilée, pour le servir; 56parmi elles étaient Marie la Magdaléenne, Maire mère de Jacques et de joseph, et la mère des fils de Zébédée.
Origène
De grands événements suivirent ce grand cri jeté par Jésus: «Et voici que le voile du temple se déchira en deux»,etc.
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Saint Augustin
Ces paroles prouvent suffisamment que le voile fut déchiré au moment même où Jésus rendit l'esprit. Si l'Évangéliste n'avait pas dit: «Et voilà», mais simplement: Le voile du temple se déchira, on ne pourrait dire au juste si saint Matthieu et saint Marc ne font que résumer leurs souvenirs, tandis que saint Luc suit dans son récit l'ordre naturel des faits en disant: «Le soleil s'obscurcit», et aussitôt après: «Et le voile du temple se déchira; ou si saint Luc résume ce que les deux premiers rapportent dans l'ordre chronologique».
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Origène
Il y avait deux voiles, l'un qui fermait le Saint des Saints ( Ex 26,14 Nb 4,4 1R 3,50 1R 8,6 ), et l'autre, à l'extérieur, devant le temple, ou devant le tabernacle. Au moment où le Sauveur expira, ce voile extérieur fut déchiré de haut en bas, pour signifier que les mystères qui avaient été cachés selon les desseins de la sagesse de Dieu depuis le commencement du monde, jusqu'à l'avènement du Sauveur, allaient être révélés d'une extrémité de la terre à l'autre. Mais lorsque viendra l'état parfait, alors le second voile sera également déchiré, pour que nous puissions voir ce qui est caché à l'intérieur, c'est-à-dire l'arche véritable du Testament, et les chérubins et les autres merveilles du ciel dans leur propre nature.
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Saint Hilaire
Ou bien, le voile du temple se déchire, parce que, dès ce moment, le peuple se divise en deux parties, et que la gloire de ce voile disparaît avec l'ange qui le couvrait de sa protection.
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Saint Léon le Grand
Le bouleversement subit de tous les éléments est un té moignage rendu à cette auguste passion du Fils de Dieu: «Et la terre trembla, et les pierres se fendirent», etc.
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Saint Jérôme
Personne lie peut douter de la signification littérale de tous ces prodiges étonnants, où l'on voit le ciel, la terre et tous les éléments proclamer ainsi que c'est leur Dieu qui vient d'être crucifié.
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Saint Hilaire
La terre tremble, parce qu'elle était incapable de recevoir ce mort; les pierres se fendent, parce que le Verbe de Dieu avait pénétré et forcé tout ce qui était capable de résistance; les tombeaux furent ouverts; car les portes des cachots de la mort fu rent brisées. «Et plusieurs corps des saints, qui étaient dans le sommeil de la mort, ressuscitè rent».
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Saint Jean Chrysostome
Les ennemis du Sauveur insultaient et se moquaient de lui, parce qu'il ne descendait pas de la croix: «Il a sauvé les autres, disent-ils, et il ne peut se sau ver lui-même».Mais ce qu'il n'a point voulu faire en lui-même, il l'a fait, bien au delà, dans les corps de ses serviteurs; car si ce fut un prodige surprenant de voir Lazare sortir du tom beau quatre jours après sa mort, combien fut-il plus extraordinaire de voir tout d'un coup ap paraître pleins de vie ceux qui s'étaient endormis depuis si longtemps du sommeil de la mort, ce qui était un présage de la résurrection dernière. Et afin qu'on ne vînt à penser que ces apparitions n'étaient qu'imaginaires, l'Évangéliste ajoute: «Et sortant de leurs tombeaux, ils vin rent dans la ville sainte et apparurent à plusieurs.
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Saint Jérôme
Ces corps des saints ressuscitèrent de la même manière que Lazare était ressuscité, pour prouver la résurrection du Seigneur. Et quoique leurs tombeaux fussent ouverts, ils ne ressuscitèrent qu'après la résurrection du Sau veur, afin qu'il fût le premier né de la résurrection d'entre les morts ( Col 1,18 ). La sainte cité, où apparurent ceux qui ressuscitèrent, figure ou la Jérusalem céleste, ou la Jérusalem de la terre, qui fut autrefois la cité sainte; car Jérusalem était appelée la ville sainte à cause du tem ple, du Saint des Saints, et de sa séparation d'avec les autres villes livrées au culte des idoles. Ces paroles: «Et ils apparurent à plusieurs», prouvent que cette résurrection n'eut pas un caractère général qui la rendit visible aux yeux de tous, mais qu'elle fut restreinte à un certain nombre pour en rendre témoins ceux qui méritaient cette faveur.
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Saint Rémi
On demandera peut-être que devinrent ceux qui ressuscitèrent en même temps que le Seigneur; car nous devons croire qu'ils ressuscitèrent pour être témoins de la résurrection du Sauveur. Il en est qui ont avancé qu'ils étaient morts de nouveau, et retournés en poussière comme Lazare et les autres que Jésus a ressuscités. Mais on ne peut ajouter foi en aucune manière à une semblable opinion, car il eût été bien plus triste pour eux de mourir de nouveau, après leur résurrection, que de ne pas ressusciter du tout. Nous devons donc croire à n'en pouvoir douter, qu'ils ressuscitèrent pour prendre part à la résurrection du Sauveur, et qu'ils montèrent avec lui au ciel le jour de son ascension.
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Origène
Tous les jours, ces grands prodiges se renouvellent sous nos yeux; car tous les jours le voile du temple se déchire devant les saints pour leur révéler les secrets mystérieux qu'il ren ferme; la terre, c'est-à-dire toute chair est ébranlée en entendant la parole nouvelle et les nou veaux mystères que contient le Nouveau Testament; les rochers se fendent, parce qu'ils sont la figure des prophètes, pour nous laisser voir à découvert les mystères qui s'y trouvent cachés. Les sépulcres des morts sont les corps des âmes pécheresses, et qui sont mortes aux yeux de Dieu, mais lorsque ces âmes sont ressuscitées par la grâce de Dieu, leurs cor ps, qui auparavant étaient des tombeaux de morts, deviennent les corps des saints, et ces âmes paraissent sortir d'elles-mêmes, elles suivent celui qui est ressuscité, et elles marchent avec lui dans une sainte nouveauté de vie, et ceux qui sont dignes de la vie du ciel, entrent dans la cité sainte, chacun en son temps, et ils apparaissent aux yeux d'un grand nombre qui sont témoins de leurs bonnes oeuvres.
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Origène
«Le centurion et ceux qui avec lui guidaient Jésus, voyant le tremblement de terre, et tout ce qui se passait, furent épouvantés, et ils dirent: «Cet homme était vraiment le Fils de Dieu».
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Saint Augustin
Il n'y a point de contradiction entre saint Matthieu qui rapporte qu'en voyant ce tremblement de terre, le centurion et tous ceux qui étaient avec lui furent saisis de frayeur, et saint Luc qui attribue cette frayeur au grand cri que Jésus jeta en mourant; car saint Matthieu n'ayant pas dit simplement: «A la vue de ce tremblement de terre», mais ayant ajouté: «Et de tout ce qui se passait», prouve l'intégrité du récit de saint Luc, où nous lisons, qu'en voyant la mort du Sauveur, le centurion fut saisi de crainte, puisque ce prodige se trouve compris dans les phénomènes extraordinaires qui arrivèrent alors.
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Saint Jérôme
Remarquons ici qu'au milieu de ce scandale de la passion, le centurion confesse que Jésus est Fils de Dieu, tandis qu'au sein de l'Église, Arius le proclame une simple créature.
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Rabanus Maurus
C'est donc avec raison que le centurion est la figure de la foi de l'Église, lui qui, aussitôt que le voile qui couvrait les mystères célestes est déchiré par la mort du Seigneur, le proclame un homme vraiment juste et le vrai Fils de Dieu, alors que la synagogue garde un lâche et hon teux silence.
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Saint Léon le Grand
Que toute créature terrestre tremble d'effroi à l'exemple du centurion devant le supplice de son Rédempteur, que les rochers des âmes infidèles se brisent, et que ceux qui étaient comme accablés sous le poids des tombeaux de la mortalité, se hâtent d'en sortir en renversant tous les obstacles qui les arrêtent; qu'ils se montrent aussi dans la cité sainte, c'est-à-dire dans l'Église de Dieu comme preuve de la résur rection future, et qu'on voie dès maintenant s'accomplir dans les coeurs, ce qui, d'après la foi chrétienne, doit un jour s'accomplir dans les corps.
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Rabanus Maurus
«Il y avait là aussi, à quelque distance de la croix, plusieurs femmes qui avaient suivi Jésus depuis la Galilée, pour le servir.
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Saint Jérôme
C'était, chez les Juifs, une coutume consacrée par les moeurs antiques, et que personne ne songeait à blâmer que les femmes prissent soin de fournir à ceux qui les instruisaient le vêtement et la nourriture. Saint Paul nous rapporte qu'il crut devoir renoncer à cet usage, parce qu'il pouvait être un sujet de scandale pour les Gentils. Or, elles assistaient le Seigneur de leur avoir, et lui permettaient ainsi de moissonner leurs biens matériels, alors qu'elles moissonnaient elles-mêmes ses grâces spirituelles. Ce n'est pas que le Seigneur eût besoin d'être nourri par ses créatures; mais il voulait ainsi donner l'exemple à ceux qui devaient enseigner l'Évangile, et leur apprendre à se contenter de la nourriture et du vêtement qu'ils recevraient de leurs disciples. Mais voyons quelles étaient ces pieuses femmes: «Parmi elles, étaient Marie-Madeleine, Marie, mère de Jacques et de Joseph, et la mère des fils de Zébédée».
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Origène
Dans saint Marc, la troisième est appelée Salomé.
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Saint Jean Chrysostome
Ces femmes considéraient ce qui se passait, conduites par un profond sentiment de compassion. Elles le suivaient pour le servir, pendant son ministère public, lorsqu'il parcourait la Judée et la Galilée pour les évangéliser, car, à cette heure, elles ne pouvaient que compatir à ses souffrances. Et voyez jusqu'où va leur constance; elles suivaient Jésus, pour avoir soin de son entretien; elles l'accompagnèrent jusqu'au milieu des dangers, et firent ainsi preuve du plus grand courage, en restant avec lui alors que tous les disciples avaient pris la fuite.
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Saint Jérôme
Il est donc évident, dit Helvidius, que Jacques et Joseph, que les Juifs appellent les frères de Jésus-Christ, sont les enfants de Marie. L'Évangéliste dit: «de Jacques le mineur», pour le distinguer de Jacques le Majeur, fils de Zébédée; et ce serait, ajoute Helvi dius, se rendre coupable d'impiété à l'égard de Marie, que de penser qu'elle pût être absente dans cette circonstance où les autres femmes étaient près de Jésus, ou qu'il y eut là on ne sait quelle autre Marie de notre inventio n, alors surtout que saint Jean atteste qu'elle était présente au pied de la croix. O fureur aveugle, ô âme dont la folie tourne à sa propre ruine, entends ce que dit saint Jean l'Évangéliste: «Or, la mère de Jésus, et la soeur de sa mère, Marie, femme de Cléophas, et Marie-Madeleine étaient debout près de la croix». Personne ne doute qu'il y ait eu deux apôtres du nom de Jacques: «Jacques, fils de Zébédée, et Jacques, «fils d'Alphée». Ce je ne sais quel Jacques le Mineur, que l'Écriture appelle fils de Marie, ne peut être que le fils d'Alphée, s'il est apôtre; et s'il ne l'est pas, mais qu'il soit je ne sais quel troi sième disciple du nom de Jacques, comment peut-on le regarder comme le frère du Seigneur? Et comment, s'il est le troisième du nom de Jacques, peut-il être appelé Jacques le Mineur, par opposition à Jacques le Majeur? car la distinction de Majeur et de Mineur ne peut exister entre trois, mais entre deux personnes seulement. Et, d'ailleurs, saint Paul l'appelle frère du Seigneur, dans son épître aux Galates: «Je n'ai vu aucun autre apôtre, si ce n'est Jacques, frère du Seigneur». Et pour vous bien convaincre que saint Paul ne veut point parler de Jacques, fils de Zébédée, lisez les Actes des Apôtres, et vous y verrez qu'à cette époque Hérode l'avait déjà fait mettre à mort, Concluons donc que cette Marie, qui est appelée mère de Jacques le Mi neur, était l'épouse d'Alphée et la soeur de Marie, mère du Seigneur, et celle que saint Jean appelle Marie, femme de Cléophas. Si vous croyez qu'il y ait ici deux personnes différentes, parce qu'elle est d'un côté Marie, mère de Jacques le Mineur, et, de l'autre, Marie, femme de Cléophas, rappelez-vous que c'est la coutume des Écritures de donner deux noms différents à la même personne, comme, par ex emple, Raguel, qui est aussi appelée Jéthro ( Ex 2, 3). C'est ainsi que la même femme est appelée à la fois Marie de Cléophas, femme d'Alphée, et Marie, mère de Jacques le Mineur; et si elle était la mère du Seigneur, il lui aurait donné ce nom comme dans tous les autres passages. Mais, quand même Marie de Cléophas serait diffé rente de Marie, mère de Jacques et de Joseph, il n'en serait pas moins vrai que Marie, mère de Jacques et de Joseph, n'est point Marie, mère du Seigneur.
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Saint Augustin
Nous pourrions encore dire que les femmes qui se tenaient à distance de la croix; au rapport des trois Évangélistes, sont différentes de celles qui se tenaient près de la croix, d'après le récit de saint Jean, si saint Luc et saint Matthieu n'avaient placé Marie-Madeleine parmi celles qui se tenaient au loin, et saint Jean parmi celles qui étaient debout près de la croix. Comment donc expliquer cette difficulté? C'est en disant qu'elles étaient tout à la fois près de la croix, parce qu'elles étaient en présence et comme en face, et loin de la croix en comparaison de la foule, qui se tenait plus près, avec le centurion et sa cohorte. Nous pouvons encore admettre que les femmes, qui étaient avec la mère du Sau veur, commencèrent à s'éloigner, lorsque Jésus l'eut confiée à saint Jean, pour se tirer de la foule et considérer de loin ce qui se passait, ce qui explique comment les Évangélistes, qui n'en parlent qu'après la mort du Seigneur, aient pu dire qu'elles se tenaient au loin.
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57Le soir venu, vint un homme riche d'Arimathie, nommé Joseph, qui lui aussi était devenu disciple de Jésus. 58Il alla trouver Pilate pour demander le corps de Jésus; Pilate alors ordonna qu'on le lui remit. 59Joseph prit le corps, l'enveloppa d'un linceul blanc, 60et le déposa dans son sépulcre neuf, qu'il avait fait tailler dans le roc; puis, ayant roulé une grosse pierre à l'entrée du sépulcre, il s'en alla. 61Or Marie la Magdaléenne et l'autre Marie étaient là, assises en face du tombeau.
La Glose
L'Évangéliste, ayant rapporté toute la suite de la passion et de la mort du Seigneur, raconte maintenant ce qui concerne sa sépulture: «Le soir étant venu», etc.
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Saint Rémi
Arimathie est la même ville que Ramatha, patrie de Samuel et d'Helcana ( 1R 1 ), et elle est située dans le pays de Chanaan, près de Diospolis. Ce Joseph avait dans le monde une haute position; mais l'Évangéliste le loue de ce qu'il jouissait, aux yeux de Dieu, d'une considération plus grande encore, car, nous dit-il, il était juste ( 23, 50). Il était convenable que ce fût un homme de ce mérite qui ensevelit le corps de Jésus, et qui, par la grandeur de ses vertus, fût digne de lui rendre ce devoir.
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Saint Jérôme
L'auteur sacré nous dit qu'il était riche, non point par vanité, et p our nous apprendre qu'un homme aussi distingué par sa noblesse que par son opu lence était disciple de Jésus, mais pour expliquer comment il put obtenir de Pilate le corps du Sauveur: «Il vint trouver Pilate et lui demanda le corps de Jésus». Des pauvres, des gens du peuple, n'auraient osé venir trouver Pilate, gouverneur, qui représentait la puissance romaine, et lui demander le corps d'un crucifié. Ce Joseph est appelé, par un autre Évangéliste, buleutes, c'est-à-dire conseiller ( Mc 15,42 ), et plusieurs pensent que c'est à lui que s'applique ce pre mier psaume: «Heureux l'homme qui n'a pas été dans le conseil des impies», etc.
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Saint Jean Chrysostome
Considérez le courage de cet homme: il s'expose à perdre la vie, en atti rant sur lui la haine de tous les ennemis de Jésus, par l'affection qu'il ne craint pas de lui té moigner, et non-seulement il ose demander le corps de Jésus, mais encore l'ensevelir: «Et Joseph, ayant reçu le corps, l'enveloppa dans un linceul blanc».
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Saint Jérôme
La sépulture si simple du Sauveur condamne les prétentions ambitieuses des riches qui veulent que leurs ri chesses les suivent jusque dans leurs tombeaux. Nous pouvons aussi entendre, dans un sens spirituel, la sépulture du corps du Seigneur, qui est enseveli, non dans l'or, ni dans les pierres précieuses, ni dans la soie, mais dans un linge blanc, figure de celui qui reçoit Jésus dans un coeur pur et qui l'enveloppe ainsi dans un linceul blanc.
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Saint Rémi
Ou bien, dans un autre sens, comme le mot sindon, que nous traduisons par linceul, est un tissu de lin, que le lin vient de la terre, et qu'on ne peut lui donner une blancheur éclatante que par beaucoup d'opérations successives, c'est une figure mystérieuse de ce corps qui vient de la terre, c'est-à-dire du sein d'une Vierge, et qui n'est parvenu que par les travaux de sa passion à la gloire éclatante de l'immortalité.
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Rabanus Maurus
C'est de là qu'est venu l'usage, dans l'Église, d'offrir le sacrifice de l'autel, non sur la soie, ni sur une étoffe de couleur, mais sur un tissu de lin qui vient de la terre, comme l'a ordonné le bienheureux pape Sylvestre.
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Saint Augustin
Le Sauveur est déposé dans un sépulcre étranger, parce qu'il mourait pour le salut des autres. Pourquoi aurait-il eu une sépulture en propre, puisque, par lui-même, il n'était pas sujet à la mort? Qu'avait-il besoin d'un tombeau, lui qui n'avait cessé d'avoir son trône dans le ciel? A quoi pouvait lui servir un sépulcre qui lui appartint, lui qui n'y resta que trois jours, plutôt comme un homme qui se repose dans un lit que comme un mort étendu dans un tombeau. Le sépulcre, c'est la demeure de la mort, et la demeure de la mort ne pouvait être celle de Jésus-Christ, qui est la vie, et Celui qui vit éternellement n'avait nul besoin du séjour des morts.
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Saint Jérôme
il est déposé dans un sépulcre neuf, car les autres corps restant dans le tombeau après sa résurrection, on aurait pu supposer que c'était un autre qui était ressuscité. Ce sépulcre neuf peut aussi figurer le sein virginal de Marie. Le corps du Sauveur a été ense veli dans un tombeau creusé dans le roc, car si ce tombeau avait été composé de plusieurs pier res, on n'eût pas manqué d'objecter qu'on en avait creusé les fondations, pour dérober secrè tement le corps.
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Saint Augustin
Et encore, si ce tombeau avait été préparé dans la terre, ils au raient pu dire: Ils ont creusé sous terre, et ils l'ont enlevé. S'il n'eût été fermé que par une petite pierre, ils n'auraient pas manqué de dire: Ils sont venus le dérober pendant que nous dormions. «Et ayant roulé une grande pierre à l'entrée du tombeau, il s'en alla».
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Saint Jérôme
Cette grande pierre, qui couvre le sépulcre, prouve suffisamment qu'on n'aurait pu l'ouvrir sans le concours d'un grand nombre de personnes.
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Saint Hilaire
Dans le sens mystique, Joseph est une figure des Apôtres; il ensevelit le corps dans un linceul blanc. C'est dans un linge semblable que saint Pierre vit descendre du ciel vers lui toutes sortes d'animaux, ce qui signifie que l'Église a été ensevelie avec Jésus-Christ. Le corps du Seigneur est donc placé dans ce lieu de repos, creusé tout nouvellement dans la pierre, parce que Jésus-Christ est déposé, par la prédication des Apôtres, dans le coeur si dur des infidèles, que le travail de la doctrine a creusé, mais qui était jusque-là inaccessible à tout sentiment de crainte de Dieu. Une pierre ferme l'entrée de ce tombeau, pour nous apprendre que nul que le Seigneur ne doit entrer dans nos coeurs, et que, puisqu'avant lui personne n'avait fait pénétrer en nous la connaissance de Dieu, personne ne puisse y être ensuite intro duit que par lui.
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Origène
Ce n'est point par hasard qu'il est écrit que Joseph enveloppe le corps dans un linceul blanc, qu'il le dépose dans un sépulcre neuf, et qu'il roule une grande pierre à l'entrée, car tout ce qui approche le corps de Jésus doit avoir pour caractère la pureté, la nouveauté, la grandeur.
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Saint Rémi
Après que le corps fut enseveli, tandis que tous les autres retournaient chez eux, les femmes seules qui l'avaient aimé plus tendrement restèrent près de son corps et remarquèrent avec grand soin l'endroit où on venait de l'ensevelir, afin de pouvoir, en temps convenable, lui offrir l'hommage de leur piété: «Or, Marie-Madeleine et l'autre Marie étaient là, se tenant près du tombeau».
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Origène
Nous ne lisons pas dans l'Évangile que la mère des enfants de Zébédée fut elle-même assise près du sépulcre, peut-être n'avait-elle été que jusqu'au pied de la croix; mais les autres femmes, animées d'une charité plus grande, voulurent être témoins de tout ce qui devait suivre.
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Saint Hilaire
Ou bien, alors que tous les autres abandonnent le Seigneur, celles-ci persévèrent dans leur dévouement à Jésus, et attendent l'effet de ses promesses. Aussi elles méritèrent de voir les premières le Sauveur ressuscité, «car celui-là seul qui persévère jusqu'à la fin sera sauvé» ( Mt 10, 22; 24, 13). C'est ce que continuent de faire, jusqu'à ce jour, les saintes femmes, c'est-à-dire les âmes qui considèrent, avec une pieuse curiosité, comment s'accomplit et se termine la passion du Christ.
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62Le lendemain, qui était (le jour) après la Préparation, les grands prêtres et les Pharisiens allèrent ensemble trouver Pilate 63et dirent : " Seigneur, nous nous sommes rappelés que cet imposteur, lorsqu'il vivait encore, a dit : " Dans trois jours je ressusciterai. " 64Commandez donc que le tombeau soit bien gardé jusqu'au troisième jour, de peur que ses disciples ne viennent le dérober et disent au peuple : " Il est ressuscité des morts. " Cette dernière imposture serait pire que la première. " 65Pilate leur dit : " Vous avez une garde : allez, gardez-le comme vous l'entendez. " 66Ils s'en allèrent donc et ils s'assurèrent du tombeau en scellant la pierre, avec une garde.
Saint Jérôme
Il ne suffisait pas aux princes des prêtres d'avoir crucifié le Dieu Sauveur; il fallait encore qu'ils gardassent son tombeau, et qu'autant qu'il était en eux ils lui fissent violence pour l'empêcher de ressusciter. «Or, le lendemain, c'est-à-dire le jour d'après la préparation du sabbat», etc.
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Rabanus Maurus
Le mot parasceve veut dire préparation, et ce nom était donné au sixième jour pendant lequel on préparait tout ce qui était nécessaire pour le sabbat, comme il était recommandé pour la manne: «Le sixième jour, vous en recueillerez le double». C'est le sixième jour que l'homme a été créé, et c'est le septième que Dieu s'est reposé. Ainsi, Jésus est mort le sixième jour, et il s'est reposé le septième dans le tombeau.
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Saint Jérôme
Ce n'est pas assez pour les princes des prêtres d'avoir commis un immense forfait en mettant le Seigneur à mort, il faut encore que leur malice empoisonnée se répande sur lui après sa mort, qu'ils déchirent sa réputation, et qu'ils traitent de séducteurs celui dont ils connaissent l'innocence: Ils disent donc à Pilate: «Seigneur, nous nous sommes rappelé que cet impos teur, lorsqu'il vivait encore, a dit», etc. Ils agissent ici comme Caïphe, qui avait prophétisé précédemment, sans savoir ce qu'il disait: «Il est avantageux qu'un seul homme périsse pour tout le peuple» ( Jn 11). En effet, Jésus-Christ était un séducteur, qui ne faisait point passer de la vérité à l'erreur, mais du mensonge à la vérité, du vice à la vertu, de la mort à la vie.
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Saint Rémi
Ils prétendent qu'il a dit: «Je ressusciterai après trois jours», parce qu'il avait fait au trefois cette prédiction: «De même que Jonas resta trois jours et trois nuits dans le s ein de la baleine», etc. ( Mt 12). Mais il nous faut examiner comment il a ressuscité trois jours après sa mort. Il en est quelques-uns qui ont voulu compter trois heures de nuit pour une nuit, et pour un jour l'aurore qui suivit les ténèbres; mais ils n'ont point compris la portée du langage figuré. Dans ce langage, le sixième jour où Jésus-Christ a souffert comprend la nuit précédente, vient ensuite la nuit du samedi avec le jour qui la suit, et la nuit du dimanche comprend le jour qui vient après. C'est ainsi qu'il est vrai de dire que le Sauveur est ressuscité trois jours après sa mort.
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Saint Augustin
Il est ressuscité trois jours après sa mort, pour mon trer le consentement que toute la Trinité avait donné à la passion du Fils de Dieu, et ces trois jours sont une figure de la Trinité qui avait créé l'homme au commencement, et qui la répare à la fin par la passion de Jésus-Christ.
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Rabanus Maurus
Les disciples de Jésus-Christ étaient des voleurs dans un sens spirituel, parce qu'ils faisaient servir à l'usage de l'Église les écrits de l'Ancien et du Nouveau Testament, qu'ils avaient enlevés aux Juifs coupables d'ingratitude, et qu'ils leur ont enlevé le Sauveur, pendant qu'ils do rmaient du som meil de l'infidélité, pour le transmettre aux Gentils qui devaient croire en lui.
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Saint Hilaire
Cette crainte qu'on enlève le corps, cette garde du sépulcre, ce sceau qu'ils y apposent sont un té moignage de leur folie et de leur incrédulité qui les portent à sceller le sépulcre de celui à la voix duquel ils avaient un vu mort sortir plein de vie du tombeau.
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Rabanus Maurus
En ajoutant: «Et cette dernière erreur serait pire que la première», ils disent vrai à leur insu, car le mépris de la grâce de la pénitence fut pour les Juifs pire que l'erreur causée par leur ignorance.
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Saint Jean Chrysostome
Voyez encore comment, sans le vouloir, ils concourent à la démonstration de la vérité, car cette mesure qu'ils firent prendre devint une preuve péremptoire de la résur rection: car, puisque le tombeau fut gardé, aucune fraude n'a été possible, et s'il n'y a pas eu de fraude, il est donc certain et incontestable que le Seigneur est ressuscité. Or, voici ce que leur répond Pilate: «Pilate leur dit: Vous avez des gardes, allez, gardez-le comme vous l'entendrez».
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Rabanus Maurus
Il semble leur dire: Qu'il vous suffise de m'avoir fait consentir à la mort de l'innocent; pour le reste, soyez seuls responsables de votre coupable erreur. «Ils s'en allè rent donc, et, pour s'assurer du sépulcre, ils eu scellèrent la pierre et y mirent des gardes».
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Saint Jean Chrysostome
Pilate ne voulut pas que le sceau fût mis sur le sépulcre par les soldats seulement, car les Juifs auraient pu dire alors que les soldats avaient laissé les disciples enlever le corps du Seigneur, et détruire ainsi la foi en sa résurrection; mais ils n'oseraient maintenant l'avancer, puisqu'ils ont eux-mêmes scellé le sépulcre.
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