Cette image est tirée de la bande dessinée Un os dans évolution, Tome 2, page 36 de la série : Les Indices pensables |
Résumé : La « matière » est-elle éternelle comme l’ont toujours enseigné les matérialistes ? Est-elle au contraire une fange haïssable comme l’affirment depuis l’Antiquité leurs adversaires idéalistes ? On pouvait dire tout ce qu’on voulait sur ce sujet, puisque personne ne pouvait vérifier. Mais désormais, les réponses à ces questions sont devenues disponibles, ce qui permet de se libérer de fausses croyances…
Il devient de plus en plus difficile d’être athée aujourd’hui. Car chacun pourra constater (et vérifier) ce fait relativement nouveau : les théories sur lesquelles reposait l’athéisme ne sont pas confirmées par la confrontation au réel.
Bien sûr, il restera toujours possible à un athée contemporain de déclarer qu’il refuse tout démiurge organisateur, toute idée d’une intelligence organisatrice, tout dieu créateur, singulier ou pluriel, et surtout pas celui de la Bible. Chacun peut proclamer cette posture autant qu’il veut, certes, mais alors il lui faudra expliquer ce qui le porte à adhérer au fondement essentiel de l’athéisme : « l’Être Absolu est l’Univers lui-même* ». Si l’on se dit athée, au nom de la raison, alors il faut exercer sa raison et donc être logique. Si l’on choisit d’être logique, on est conduit à constater que s’il n’y a aucun dieu créateur, alors c’est l’Univers lui-même qui est l’Être Absolu, avec tout ce que cela implique. Sans quoi on dit des mots vides de sens, on brasse du vent…
Seulement voilà : avec ce que nous apprennent les sciences comme l’astrophysique, est-il encore possible de croire de nos jours, que l’Univers a toujours existé ?
Car cette affirmation est la base incontournable de l’athéisme, puisque selon la propre définition de Parménide, fondateur de ce grand courant athée :
- Personne n’a créé l’Univers… (Puisque cette philosophie rejette a priori toute idée de « création » et d’intelligence organisatrice.)
- L’Univers n’a pas pu « commencer », naissant, seul, du néant… (Car il est impossible que du néant quelque chose puisse naître : si quelque chose semble naître du néant, c’est qu’en réalité, ce quelque chose à toujours existé, caché dans cette apparence de néant. C’est alors ce « quelque chose » qui est l’Être Absolu)
- Conclusion : cet Univers est éternel. Il a toujours existé.
Si votre interlocuteur athée vous répond qu’il adhère à la pensée de Parménide, vous vous souviendrez qu’il partage l’idée de ce Maître : les montagnes et les océans que je vois sont éternels car ils n’ont pas pu naître progressivement du néant : ils ont toujours existé.
Or, cette croyance était encore possible au début du XX° siècle. Mais elle est devenue une sorte de conte de fées, depuis que nous savons, de façon irréversible, que la planète Terre n’a pas toujours existé. Si elle a eu un commencement, alors les montagnes et les océans, aussi. La théorie de Parménide à ce sujet était donc fausse. Plus personne n’y croit, d’ailleurs. Cet athéisme-là n’a pas su franchir l’épreuve de la confrontation au réel. Il s’est effondré lors des progrès scientifiques. Ce qui, au passage, nous montre à quel point cette épreuve de la confrontation au réel est précieuse, si l’on veut exercer sa réflexion et ne pas s’embourber dans les fausses croyances et les illusions d’optique…
Heureusement pour les partisans de l’athéisme, il y a deux autres formes d’athéisme.
Voyons tout d’abord le courant fondé par Leucippe et Démocrite qui ont vécu tous les deux entre 460 et 370 avant Jésus Christ. Pour eux, ce n’est pas la montagne ou l’océan qui sont éternels : ce n’est pas la matière à l’état « aboutit ». Ce qui est éternel, c’est ce qui est le fondement de la matière, ce qui permet de construire les choses… C’est donc la plus petite partie de la matière qu’on ne peut plus couper : atomos, (en français, atome). Pour ce second courant philosophique athée, ce qui est éternel ce sont les atomes. Leucippe et Démocrite, ont donc contesté Parménide et fondé ce courant qui est donc à juste titre appelé : ATOMISME.
Comment les atomes font-ils pour construire des choses ? Suivent-ils un plan ? Obéissent-ils à des instructions ?
Réponse des atomistes depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours : pas besoin de plan ni d’instruction, les atomes sont en nombre infini depuis un temps infini (l’éternité), dans un chaos infini et éternel. Ils sont en mouvement, un mouvement perpétuel, ce qui permet à quelques atomes de se rencontrer par hasard, et de constituer ainsi, par leur union, un caillou, une fougère, un raton laveur, un être humain. Toutes ces constructions se font donc de façon imprévue, fortuite, sans aucune organisation préalable, sans aucun plan, ni aucun objectif.
Selon les atomistes, on passe du Chaos (désordre) au Cosmos (organisé) sans aucune intelligence organisatrice.
Les partisans de cette philosophie se disent rationalistes, pour une raison qui nous échappe un peu, car on voit mal en quoi ce dogme serait « rationnel ». Mais ce n’est pas nous qui émettons cette critique, c’est le 3° courant de l’athéisme. Nous verrons la semaine prochaine comment cette dernière déclinaison possible de l’athéisme se charge elle-même de critiquer l’atomisme, de façon très sévère, et particulièrement efficace.
Cette chronique est écrite par Mr Bruno Brunor, auteur des bandes dessinées « Les indices pensables ». Les images que vous voyez sont tirées des bandes dessinées.
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