Le latin: la langue de l'Église (4/5)
![]() |
| Le pape émérite Benoit XVI |
Historiquement, on dénommait
« modernisme » le courant anti-chrétien
que l'on appelle aujourd'hui le libéralisme ou le relativisme. Au
sein de l'Église, le modernisme voit les traditions millénaires
comme des superstitions sans valeur, des reliques désuètes et des
obstacles à l'œcuménisme. Les modernistes sont allés jusqu'à s'attaquer
aux dogmes de l'Église, qu'ils voient également comme des
superstitions. On a réussi à semer le doute dans
l'esprit d'un grand nombre de catholiques, peut-être la majorité,
sur l'autorité de l'Église, sur l'inspiration des Saintes
Écritures, sur la divinité de Notre-Seigneur, sur la présence
réelle dans la Sainte Eucharistie, sur l'existence du péché, de
l'Enfer et des fins dernières, et sur la nécessité d'obtenir le
salut pour aller au paradis.
On voit que l'abandon du latin
s'inscrit dans le cadre d'un mouvement plus large visant rien de
moins que la suppression de l'identité catholique afin de perdre le plus grand nombre de fidèles possible.
Évidemment il n'y a pas de lien causal entre l'abandon du latin et
les déboires de l'Église, mais il existe une convergence : les
deux phénomènes sont le résultat de l'affront moderniste sur le catholicisme.
Le pape Benoît XVI a bien compris tout
cela. Il a compris à quel point les traditions de l'Église sont
liées aux dogmes et à la foi catholique. Les deux traits les plus
marquants de son pontificat ont été son insistance sur la foi et
ses efforts pour réformer la liturgie. Il a dénoncé la rupture qui
s'est produite entre la tradition millénaire de l'Église et sa vie
actuelle, rupture qui s'est traduite par un appauvrissement liturgique et doctrinal. Pour y remédier, Benoît XVI
explique qu'il faut adopter vision de continuité avec la tradition.
Selon Benoît XVI, cette continuité
avait été rompue dans la réforme liturgique post-conciliaire.
Certains problèmes de rupture concernent la façon dont la réforme
liturgique a été mise en œuvre : abus liturgiques, improvisation, abandon de
la musique sacrée, etc. Benoît
XVI est d'avis qu'il faut retravailler cette réforme liturgique pour
retrouver la continuité avec la tradition. On parle alors d'une
« réforme de la réforme ».
C'est dans cette optique que Benoît
XVI a promulgué en 2007 le motu
proprio Summorum Pontificum qui
rend accessible à tous les catholiques
la liturgie pré-conciliaire
(la messe en latin ou messe tridentine). L'un
des objectifs avoués
de Benoît XVI est que l'ancienne liturgie exerce une influence sur
la nouvelle pour la ramener en conformité avec la tradition et avec
les souhaits du concile Vatican II exprimés dans Sacrosanctum Concilium. En effet, nous avons vu que la mise en oeuvre de la réforme liturgique est allée plus loin que ce que
le concile avait mandaté.
Concrètement, le
motu proprio autorise l'usage sans restriction des livres liturgiques
qui étaient en vigueur en 1962. Désormais, tout prêtre peut offrir
la messe tridentine, réciter l'ancien bréviaire en latin et
administrer les sacrements selon les formules traditionnelles.
L'ancienne liturgie est maintenant appelée « la
forme extraordinaire du rite romain » et la nouvelle liturgie
est considérée la forme ordinaire. Il est le souhait de Benoît
XVI que tous les fidèles catholiques aient accès à la messe dans
la forme extraordinaire côte-à-côte avec la messe ordinaire.
Un
autre objectif de Benoît XVI était de réconcilier les
traditionalistes de la Fraternité Saint-Pie X avec Rome. Cette
fraternité est composée de catholiques qui ont toujours rejeté
l'influence moderniste dans l'Église et
qui tiennent à l'ancienne
liturgie. Malheureusement,
elle
n'a pas de statut canonique et n'exerce aucun ministère légitime,
de sorte que les fidèles catholiques doivent
faire preuve de prudence à leur égard afin d'éviter de remettre
en question leur propre unité
avec le Saint-Siège.
Dès le début de
son pontificat, Benoît XVI a libéralisé la messe tridentine dans
un effort de répondre à l'une des demandes de la Fraternité
Saint-Pie X. Malheureusement, ce geste n'a pas été suffisant et la
Fraternité est demeurée à l'écart pour de raisons doctrinales
concernant le concile Vatican II. Vers la fin de son pontificat,
Benoît XVI avait entamé des pourparlers avec la Fraternité pour essayer de résoudre ces objections doctrinales. Les
pourparlers ont achoppé et le pape a confié la suite à son
successeur François.
Heureusement,
les efforts de Benoît XVI
n'ont pas été en vain, puisque
d'autres catholiques, même
ceux qui ne se considèrent
pas des traditionalistes, ont pu grandement bénéficier du motu
proprio Summorum Pontificum. Cette
initiative du Saint Père a donné un nouveau souffle au mouvement de
réforme qui cherche à ramener l'Église en continuité avec la
tradition et depuis
quelques années, les signes encourageants se multiplient.
Dans
le prochain billet, j'offrirai quelques conseils pratiques pour redécouvrir et profiter de la tradition de l'Église.
églisecatholiquemesseliturgie
Articles similaires

Saint Pontien et Saint Hippolyte: 13 aout
Le 13 août, l'Église catholique célèbre la mémoire de deux grands martyrs du IIIe siècle, le pape Pontien et le prêtre Hippolyte. Leur histoire est une illustration éloquente de la...

La demi-science
Voici
un article que mon ami Claude Gilbert a écrit il y a quelques années. Néanmoins, vous
verrez qu’il est toujours d’actualité.
Au-dessus
de l'ignorance, il y a la demi-science des choses religieuses. C'est...

9 choses à savoir au sujet du nouveau document du Vatican sur les juifs, le salut et l'évangélisation
Le Saint-Siège vient de publier un nouveau document portant sur le peuple juif, le salut et l'évangélisation.
Voici 9 choses à savoir et à partager à son sujet …
1) Quel est...

Confusion baptismale
Cet article est une traduction française personnelle de l’article « Baptismal Confusion », tiré du blogue de Matt Fradd.
Il y a trois conséquences logiques pour le chrétien qui veut nier la régénération...

Question d’un lecteur : Si Jésus est Dieu, pourquoi ne sait-il pas quand va être la fin des temps?
Quelqu’un m’a montré deux versets dans les Évangiles et m’a
demandé : « Si Jésus est Dieu, pourquoi ne sait-il pas quand va être
la fin des temps? » J’aimerais bien que vous me...

Vrai Dieu et vrai homme : Le cœur du mystère du Christ
Introduction : Le paradoxe divin au centre de notre foiAu cœur de la foi catholique, et plus largement de tout le christianisme, se trouve une affirmation qui défie la simple...

Le Concile Vatican I (1869-1870) : Définition de l'infaillibilité pontificale et réponse au monde moderne
Le Concile Vatican I, tenu de 1869 à 1870, est le vingtième concile œcuménique de l'Église catholique. Convoqué par le pape Pie IX, ce concile est principalement connu pour avoir...

Le Concile de Constantinople IV (869-870) : La condamnation du schisme de Photius et la primauté du pape
Le Concile de Constantinople IV, qui s'est tenu de 869 à 870, est le huitième concile œcuménique de l'Église catholique. Ce concile fut convoqué par l'empereur byzantin Basile Ier et...

L'Église catholique est-elle contre la Bible?
Une des critiques les plus fréquentes de l'Église catholique est qu'elle enseignerait à ses membres à lui faire confiance, au lieu de faire confiance aux Saintes Écritures. Ou encore, que...

Saint Grégoire le Grand: 3 septembre
Le 3 septembre, l'Église catholique célèbre la mémoire de Saint Grégoire le Grand, un des plus grands papes de l'histoire de l'Église. Sa vie et son œuvre demeurent une source...

Quels étaient ces « jours » qui étaient attachés à des indulgences ?
Si vous vous renseignez au sujet d’indulgences plus anciennes (comme par exemple celles que l'on trouve sur les images saintes d'avant les années 1960), vous verrez qu’ils contiennent souvent une...

L'Église : Institution divine voulue par le Christ
IntroductionLa question de l'origine de l'Église chrétienne se situe au carrefour de la foi, de l'histoire et de la théologie. Pour le croyant comme pour le chercheur, une interrogation fondamentale...

Je crois en l'Église, une, sainte, catholique et apostolique : Les quatre signes de la véritable Épouse du Christ
Introduction : Les quatre notes, un héritage de la foiLorsque les catholiques professent leur foi chaque dimanche, ils proclament dans le Credo : « Je crois en l'Église, une, sainte,...

Le Concile d'Éphèse (431) : Marie, Mère de Dieu et l’unité de la personne du Christ
Le Concile d'Éphèse, qui s'est tenu en 431, est le troisième concile œcuménique de l'Église catholique. Ce concile, convoqué par l'empereur Théodose II et le pape Célestin Ier, avait pour...

Introduction aux grands conciles de l'Église : pourquoi sont-ils essentiels pour comprendre la foi catholique aujourd'hui ?
L'Église catholique, au cours de ses deux millénaires d'histoire, a traversé de nombreux défis et a dû répondre à des questions fondamentales concernant la foi, la morale et la doctrine....

Le rôle de la Trinité dans l'Église
Voici ce qu'enseigne la constitution dogmatique Lumen Gentium de
Vatican II sur le rôles de la Trinité dans l'Église :
Le dessein du Père qui veut sauver tous les hommes
2. Par une disposition...

Fête de Saint Martin 1er: 13 avril
Le 13 avril, l'Église catholique commémore la mémoire de Saint Martin Ier, 74e pape de l'Église, dont le pontificat fut marqué par une ferme défense de l'orthodoxie chrétienne face à...

Les catholiques sont-ils chrétiens? : Partie 1 – Le Baptême
Source: http://www.chick.com/reading/tracts/0458/0458_01.asp
Premièrement, regardons comment le catéchisme de l’Église catholique décrit le sacrement du Baptême :
Le saint Baptême est le fondement de toute la vie chrétienne, le porche de la vie...

La plénitude du Christ
Un messager ou un prophète peut prétendre nous transmettre un message de la part de Dieu, mais jamais il ne pourrait prétendre être lui-même la plénitude de la révélation qu’il...

« La pierre » de Matthieu 16,18 est-elle saint Pierre? Ou sa profession de foi?
L'un des passages les plus chaudement disputés dans les dialogues entre les catholiques et les protestants est le passage « sur cette pierre » de Matthieu 16, 18. Après que...
_4.jpg)