Le latin: la langue de l'Église (2/5)

Le concile Vatican II n'a pas aboli le latin
Le bienheureux pape Jean XXIII, celui même qui a convoqué le concile Vatican II, nous a laissé pour monument à sa mémoire sa constitution apostolique Veterum Sapientia (la Sagesse des Anciens). Une « constitution apostolique » est le niveau de document le plus élevé qui puisse être émis par un pape concernant la foi, les mœurs et l'administration de l'Église. Dans ce document, le pape encourage, demande et ordonne, en des termes très percutants, non seulement que l'on préserve l'usage du latin, mais que l'on prenne des mesures pour restaurer sa place dans l'Église.

Ce n'est pas une coïncidence que Veterum Sapientia ait été émis quelques mois avant le début du concile Vatican II, puisqu'au début des années 1960, le latin était déjà en état de siège dans la société et au sein même de l'Église. On peut supposer que le pape, en écrivant ce document, avait voulu mettre la table en affirmant clairement les liens entre la langue latine et l'identité de l'Église, de sorte que le concile lui reconnaisse sa juste valeur.

Au concile Vatican II, divers courants progressistes et conservateurs se sont affrontés sur la question du latin. Contrairement à l'opinion reçue, le latin n'a pas été « aboli » par le concile Vatican II. Au contraire, le concile a fait ce que le pape Jean XXIII avait souhaité. Dans le document conciliaire Sacrosanctum Concilium, on lit clairement : « L'usage de la langue latine, sauf droit particulier, sera conservé dans les rites latins » (SC 36). Ceux qui font dire au concile qu'il a abandonné le latin ont non seulement oublié de lire les documents du concile, mais laissent entendre que le concile est allé à l'encontre de toute la tradition l'Église, y compris l'enseignement du pape même qui a convoqué ce concile. Une telle affirmation, que le pape émérite Benoît XVI appelle « l'herméneutique de la rupture », n'est tout simplement pas catholique.

Donc, il est parfaitement faux d'affirmer que le concile a aboli le latin. Aussi, il est inexact d'affirmer que le concile a autorisé la messe en langue vernaculaire, alors que les documents du concile parlent simplement de la possibilité d'accorder à la langue vernaculaire « une plus large place » (SC 37 et 63), comme dérogation à la norme qui demeure le latin. Les pères du concile n'ont jamais envisagé que la messe soit dite entièrement en français et encore moins que la plupart des catholiques du 21e siècle n'aient jamais entendu un mot de latin à la messe. Au contraire, le concile écrit : « On veillera cependant à ce que les fidèles puissent dire ou chanter ensemble, en langue latine, aussi les parties de l'ordinaire de la messe qui leur reviennent » (SC 54).

Alors nous le voyons, le latin n'a pas cessé d'être la langue de l'Église depuis Vatican II. Le concile n'a pas aboli le latin et il n'a pas mandaté que la messe soit dite entièrement en français. Il est vrai qu'une présence accrue des langues vernaculaires a été envisagée par le concile, sans pourtant qu'elles éclipsent le latin. On peut émettre toutes sortes d'hypothèses pour expliquer pourquoi on n'entend plus un mot de latin aujourd'hui à la messe. Certains invoqueront « l'esprit » de Vatican II pour justifier cette rupture de la tradition millénaire de l'Église, mais il est difficile de comprendre comment « l'esprit » du concile peut contredire les documents de ce même concile. En fait, cet « esprit » est nul autre que l'hérésie moderniste qui voit dans le latin un symbole très fort de la tradition et de l'orthodoxie.

Dans le prochain billet, nous verrons plus en détail le rôle du latin tel qu'envisagé dans Veterum Sapientia et ce que nous pouvons faire pour mettre à profit ce trésor de l'Église.

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