Le sédévacantisme, qui vient de l’expression latine « sede vacante » (le trône de saint Pierre étant vacant), est la position selon laquelle il n’y aurait pas présentement de pape pour l’Église catholique. Bien entendu, nous traversons toujours une période de sédévacantisme entre le règne de deux papes, mais pour les sédévacantistes, ce serait depuis maintenant depuis environ 50 ans qu’il n’y aurait plus de pape pour l’Église catholique.

Les mouvements sédévacantistes sont divers et il n’est donc pas possible d’en faire une description qui pourrait englober toutes les variantes de cette position. Toutefois, voici certains éléments qui pourraient vous faire soupçonner d’avoir affaire à un groupe sédévacantiste :
  1. Ils rejettent le concile de Vatican II.
  2. Ils rejettent l’autorité du pape actuel de l’Église catholique. La plupart d’entre eux vont affirmer que le dernier « vrai pape » était Pie XII, mais cette position ne fait pas l’unanimité puisque certains acceptent aussi Jean XXIII.
  3. Ils se considèrent eux-mêmes catholiques. D’ailleurs, ils se considèrent souvent comme étant la seule façon d’être toujours vraiment catholique.
  4. Tous les groupes sédévacantistes célèbrent la Messe tridentine (en latin, dit maintenant de forme extraordinaire) mais attention, ce ne sont pas tous les groupes qui célèbrent la Messe tridentine qui sont sédévacantistes. Plusieurs groupes, comme par exemple la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre, célèbrent la Messe tridentine tout en étant fidèles au magistère de l’Église catholique.
Voici leur raisonnement de  façon très sommaire :
  1. Prémisse #1 : En vertu de l'assistance du Saint-Esprit, un pape ne peut, dans l'exercice de sa charge, enseigner ou promulguer des erreurs contre la foi.
  2. Prémisse #2 : Les papes, depuis Jean XXIII ou Paul VI, enseignent de multiples hérésies.
  3. Conclusion : ceux-ci ne seraient donc pas des papes légitimes.
D’une certaine façon, on peut dire que le sédévacantisme est une peu une version « catholique » du protestantisme. Pendant la réforme protestante, des gens comme Luther, Calvin et  Zwingli utilisaient certains textes de la Bible pour tenter de démontrer que les enseignements de l’Église catholique étaient en oppositions avec l’interprétation qu’ils avaient de ces textes. De leur côté, les sédévacantistes utilisent les documents des conciles antérieurs ainsi que des écrits de docteurs ou de Pères de l’Église pour montrer que le concile de Vatican II et les papes subséquents qui appuient ce Concile sont en contradictions avec la tradition de l’Église catholique antérieure au Concile.

Bien entendu, la conclusion sédévacantiste n’est pas justifiée si on ne croit pas que le concile de Vatican II et les enseignements des papes ultérieurs au Concile sont erronés. Voici quelques raisons qui nous poussent à croire que c’est leur interprétation des documents de la tradition, en opposition avec le concile de Vatican II, qui est erronée et non pas le Concile lui-même et l’enseignement des papes subséquents :
  1. Chaque fois que le sédévacantisme prétend démasquer les hérésies du concile de Vatican II, il se retrouve par le fait même aussi en train d’argumenter implicitement contre la promesse qu’a fait Notre Seigneur Jésus-Christ au fait que le Saint-Esprit allait guider son Église jusqu’à la fin des temps. Cela est en contradiction directe avec les textes de la Bible et du magistère de l’Église catholique.
  2. Les groupes sédévacantistes n’ont aucune autorité biblique, canonique ou ecclésiastique pour présumer pouvoir critiquer les interprétations des textes du concile, dont l’autorité d’interprétation (de la Bible comme des autres documents de la Tradition) est confiée au magistère de l’Église catholique.
  3. Le sédévacantisme est en contradiction avec les enseignements du concile de Vatican I, qui est pourtant un concile dont ils reconnaissent la légitimité : « Ce que le Christ notre Seigneur, chef des pasteurs, pasteur suprême des brebis, a institué pour le salut éternel et le bien perpétuel de l'Église doit nécessairement, par cette même autorité, durer toujours dans l'Église, qui, fondée sur la pierre, subsistera ferme jusqu'à la fin des siècles. " Personne ne doute, et tous les siècles savent que le saint et très bienheureux Pierre, chef et tête des Apôtres, colonne de la foi, fondement de l'Église catholique, a reçu les clés du Royaume de notre Seigneur Jésus-Christ, Sauveur et Rédempteur du genre humain : jusqu'à maintenant et toujours, c'est lui qui, dans la personne de ses successeurs ", les évêques du Saint-Siège de Rome, fondé par lui et consacré par son sang, " vit ", préside " et exerce le pouvoir de juger » (Vatican I, 4e Session, chapitre 2).
  4. L’encyclique Etsi multa luctuosa de Pie IX le 21 novembre 1873, à l’époque dirigée contre les « vieux catholiques » qui refusaient le concile de Vatican I, a aussi condamné la conclusion sédévacantiste : Puisqu’ils [les vieux catholiques] cherchent à prendre au piège le Pontife romain et les évêques, successeurs de Saint Pierre et des Apôtres et à ruiner la réalité du pouvoir de juridiction en le transférant au peuple ou, comme ils disent, à la communauté; puisqu’ils rejettent et attaquent obstinément le magistère infaillible du Pontife romain d’une part, [le magistère infaillible] de toute l’Église enseignante d’autre part; et puisqu’ils affirment avec une audace incroyable, et en cela ils pèchent contre l’Esprit-Saint promis par le Christ à son Église pour qu’il demeure toujours en elle, que le Pontife romain ainsi que tous les évêques, les prêtres, les peuples unis à lui dans une même communion, sont tombés dans l’hérésie quand ils ont ratifié et reconnu publiquement les définitions du Concile œcuménique du Vatican : c’est donc l’indéfectibilité même de l’Église qu’ils nient de la sorte et ils blasphèment lorsqu’ils proclament son anéantissement dans le monde entier pour en déduire que sa tête visible et ses évêques lui ont manqué; ils peuvent ainsi prétendre que la nécessité s’est imposée à eux d’instaurer un épiscopat légitime en la personne de leur pseudo-évêque, lequel, pour s’être élevé dans la hiérarchie sans passer par la porte mais en empruntant une autre voie tel un voleur et un brigand, appelle sur sa propre tête la condamnation du Christ...
Vous voyez que même avant d’avoir eu à entrer dans leur jeu pour de tenter de juger de la contradiction des enseignements du concile de Vatican II  avec la Tradition catholique antérieure, on peut se rendre compte que la conclusion qu’ils tentent de prouver est erronée et déjà condamnée.