Cette image est tirée de la bande dessinée Un os dans évolution, Tome 2, page 32 de la série : Les Indices pensables |
Résumé : Nous venons de comprendre que le désordre n’existe pas. Ce que nous appelons du désordre, n’est pas réellement du désordre… Mais plutôt : « un certain ordre privé d’information ». Ce qui fait la différence, c’est la présence ou l’absence d’information.
S’il m’arrive de trouver un texto venant de mon épouse avec cet énigmatique message : « xxxxx222222www », je ne vais pas passer des heures à me demander ce qu’il signifie, mais je déduis immédiatement que dans son sac, des objets ont cogné le clavier non verrouillé de son téléphone et ont produit ce message qui « ne veut rien dire ». D’autant plus que cela arrive régulièrement
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On pourrait dire que les lettres sont « dans le désordre », mais en réalité elles sont dans un certain ordre privé d’information. Pour réaliser ce genre de message privé d’information, pas besoin d’intelligence, le « hasard » est capable de réaliser cela. On sait tout de suite que c’est le hasard car il n’y a besoin d’aucune intelligence pour rédiger un tel message, puisqu’il ne veut rien dire : aucun contenu intelligible.
Mais si je reçois un message de mon épouse : « Pense à prendre une baguette », je n’ai aucune hésitation, ce message vient bien d’elle et on aura beaucoup de mal à me faire croire que ce sont encore ses clés, son rouge à lèvres et d’autres objets de son sac qui ont réussi à taper sur son clavier un tel message*. Car la différence avec le précédent ( xxx222…) c’est que le présent message contient de l’information. Et nous savons bien que pour qu’un message contienne de l’information, il faut bien que quelqu’un l’y ait mise.
Quelle différence y a-t-il entre les lettres du message : « xxxxx222222www » et celle de « Pense à prendre une baguette » ? Les unes sont informées, elles ont reçu de l’information qu’elles retransmettent, elles ont un contenu intelligible car une intelligence les a organisées. Les autres n’ont pas reçu d’information, elles ont été tapées par hasard, selon des lois statistiques que nos savants étudient. Il n’y a pas de contenu intelligible, pas besoin d’intelligence à la source.
Quelle différence y a-t-il entre les atomes qui composent un brin d’herbe et les atomes qui composent un caillou ? Nous savons aujourd’hui ce qu’ignoraient Pasteur et Darwin 150 ans plus tôt : les atomes qui composent un brin d’herbe ont reçu de l’information. Ils sont informés/ composés/ organisés par les instructions de leur message génétique dont le contenu est intelligible. En, effet depuis peu, nos meilleurs chercheurs savent lire ce message, (on dit : « séquencer l’ADN), comme on lit une partition de violon ou un plan d’architecte ou tout simplement un livre contenant toutes les instructions pour construire physiquement ce brin d’herbe, ce hamster, ce marronnier ou cet être humain. Pour le caillou, pas besoin de message génétique : il n’est pas un organisme vivant, mais un agglomérat d’atomes que répondent à certaines lois statistiques et autres…
C’est ainsi que tous nos biologistes savent faire la différence entre ce qui est vivant et ce qui ne l’est pas. Si un message génétique est présent, il est la partie lisible des instructions destinées à organiser des atomes en organisme vivant. On est certain qu’il y a « de la vie » depuis le premier instant de la présence de ce message. Par exemple c’est le cas d’un embryon de lapin dans le sein de sa mère dès le premier instant de sa conception/fécondation. De même pour tout embryon de mammifère, y compris l’être humain, naturellement.
Comme nous l’avion vu déjà : l’expression « matière vivante » ne veut plus rien dire tout. Il n’existe strictement aucune matière vivante. Il n’existe que de la matière animée, c’est-à-dire ce qu’Aristote appelait des psychismes. Des éléments de matière multiple, les atomes, organisés en organisme par un principe qui les organise. (Et pour un caillou ou un grain de sable : de la matière inerte, privée de message ADN.)
Notre ami Aristote avait déjà compris ceci : pour que des êtres vivants existent, il faut d’abord que des atomes existent, ils constitueront la matière de notre organisme. Mais il pense que cela ne suffit pas, car ces atomes sont incapables, par eux-mêmes de s’organiser tout seuls pour construire une fougère, un lapin, un être humain. Aristote pensait que ces atomes obéissent aux instructions de « quelque chose » qui organise les atomes. Ce « quelque chose », Aristote l’appelle psyché. C’est un principe invisible qui transmet aux atomes de l’information, en sorte que ces atomes, cette matière multiple, soit informé dans les deux sens du mot.
- Informer c’est transmettre un enseignement, des instructions, un message, des paroles…
- Informer c’est aussi donner une forme à une statue, la sculpter…
Cette psyché, qu’on a traduit en latin anima et en français âme, est le principe qui compose la matière multiple, les atomes, qui les organise en organisme. Quand la psyché/anima/âme n’est plus là, (c’est-à-dire à la mort) ce qui était composé va se dé-composer. On aura compris qu’il emploie ici le mot âme, non pas au sens religieux, mais au sens biologique de « ce qui anime », ce qui fait que tout être vivant est « animé », (comme le mot animal).
Mais fallait-il croire Aristote ? Lui-même était engagé dans deux débats, l’un avec son maître Platon qui proposait une autre interprétation du même mot « âme », et un second désaccord avec les « atomistes » Démocrite et Epicure, qui niaient toute intelligence créatrice, affirmant que les atomes se débrouillaient absolument tout seuls, sans intelligence, pour fabriquer des êtres vivants. Si bien que depuis 2350 ans, subsistaient deux débats dont personne ne connaissait la vraie réponse. Aujourd’hui, nous la connaissons.
Après un long suspens de 2350 ans, nous pouvons bien attendre une semaine de plus pour connaître le fin mot de cette affaire…
*Même si des amis mathématiciens vous affirment que c’est statistiquement possible, sur plusieurs milliards d’années. Si ça tombait sur vous, vous auriez la chance d’avoir acheté une baguette sans que votre épouse n’ait eu besoin de vous le rappeler car ce message ne venait pas d’elle, mais du hasard ! Cela mérite d’être fêté, au moins avec du champagne, en prévenant l’Académie des Sciences.
Cette chronique est écrite par Mr Bruno Brunor, auteur des bandes dessinées « Les indices pensables ». Les images que vous voyez sont tirées des bandes dessinées.
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