Les Indices pensables: 18- L'illusion du désordre

Cette image est tirée de la bande dessinée La Lumière fatiguée, Tome 4, page 12 de la série : Les Indices pensables

Résumé : Nous découvrons qu’une « loi de la nature » que l’on appelle  entropie*,  fait que tout s’use dans l’Univers, de façon irréversible. De ce qui est composé-construit-informé-organisé, tout tend à retourner à son état d’origine, la dispersion, la désagrégation, car c’est cela qui est l’état le plus probable.

En France, personne n’entend jamais parler de cette loi au cours de ses études, excepté les élèves ingénieurs ou les physiciens. Et généralement ils n’en voient guère l’intérêt, ne gardant de ce sujet que le mauvais souvenir d’équations casse-têtes et d’heures passées sur des problèmes d’échanges thermiques et de désordre. Il est rare que leur attention soit attirée sur la dimension universelle de cette loi. Ils vous diront que l’entropie concerne l’augmentation du désordre. Ce qui est parfaitement exact, mais qui serait incomplet si on ne prenait pas le soin d’analyser ce thème du désordre.
Car, de fait, ce n’est pas exactement le désordre qui augmente, mais autre chose, quelque chose de beaucoup plus pertinent, comme nous allons le voir…

Prenez donc des lettres d’alphabet d’un jeu de scrabble ou autre.
Sur une table, vous écrivez un bref message, par exemple : « il fait beau ».
Puis hop, d’un revers de main, vous mettez toutes les lettres par terre.

-Allons-nous retrouver par terre votre message ?

-Bien sûr que non ! Toutes les lettres sont maintenant dans le désordre.

- Vous employez cette expression « désordre » mais en réalité, il ne s’agit pas de désordre…

- Ah Ah ! Bien sûr que si ! Ça m’est arrivé avec un puzzle de 2000 pièces, toutes les pièces ont été renversées dans le plus grand désordre, tout est à refaire, on a perdu l’ordre des pièces.

- Eh bien prenons un appareil photo et photographions la position de vos lettres au sol. Appelons cette photo « désordre 1 ». Puis nous reconstituons votre message sur la table. Allez-y, il ne va pas se reconstituer tout seul…Vous lui transmettez une information. Maintenant que c’est fait, hop… on remet tout par terre.

-C’est de nouveau dans le désordre !

-Comparons les lettres au sol, « dans le désordre »,  avec la photo. Cette fois, sont-elles positionnées comme sur « désordre 1 » ?

- Bien sûr que non ! Elles sont dans le désordre, mais c’est un autre désordre…

- Maintenant nous allons constater que si nous lançons des centaines et des millions de fois nos lettres, nous allons avoir beaucoup de difficulté à retrouver les lettres par terre dans la même position de « désordre 1 » enregistrée sur la photo. Et vous aurons autant de difficulté pour obtenir ce « désordre 1 » que pour obtenir par terre votre message initial : « il fait beau. »

Donc vous voyez qu’en réalité, « désordre 1 » n’était pas du désordre, ce que nous avons observé n’était pas une perte d’ordre.

-Mais alors si on n’a pas perdu d’ordre en lançant les lettres par terre, qu’est-ce qu’on a perdu ?

-On a perdu de l’information !

Ce que vous appeliez « désordre » était en réalité une perte d’information. L’information que vous aviez mise dans votre message « il fait beau » a été perdue par terre.

Ce que vous appeliez « désordre » était en fait « un certain ordre » privé d’information. Un certain ordre qui est aussi difficile à retrouver « par hasard » (en lançant les lettres en l’air), que cet autre « certain ordre » contenant de l’information dans votre message « il fait beau »…

Dans tous les cas vos lettres sont toujours dans « certain ordre » qui contient ou non de l’information.

Dans cette expérience, on n’est pas passé de l’ordre au désordre, on est passé d’un certain ordre informé, à un certain ordre privé d’information.
C’est cela que produit l’entropie : la perte d’information. Car le « désordre » n’existe pas. De même que le néant absolu n’a jamais existé, comme nous le verrons une prochaine fois.

En attendant, tant qu’un problème est mal posé, on n’a aucun espoir de le résoudre. Maintenant nous voyons que la question est celle de l’information, et comment elle peut être présente ou absente.
Aristote avait déjà compris que pour qu’un message contienne de l’information, il faut qu’une intelligence ait mis cette information dans le message, les prophètes hébreux disaient la même chose, dans leur langue.

* ou encore : Second Principe de la thermodynamique, ou Principe de Carnot-Clausius.

Cette chronique est écrite par Mr Bruno Brunor, auteur des bandes dessinées « Les indices pensables ». Les images que vous voyez sont tirées des bandes dessinées.

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