Cet article est une traduction française personnelle de l’article « Has Science done away with God ?», tiré du blogue de Matt Fradd.
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Est-ce que la science n’a pas réfuté l’existence de Dieu?
Non et la science n’a pas la capacité de le faire.
La science est une méthode utilisée pour découvrir de l’information au sujet du monde naturel. Elle ne peut pas se prononcer sur les réalités qui ne peuvent pas être testées ou observées scientifiquement.
Donc, le fait d’examiner la création matérielle de Dieu à l’aide d’une méthode qui, par sa nature, est limitée à cet univers matériel ne peut pas nous donner de preuve contre l’existence d’un Dieu immatériel.
Même si la science parvenait à décrire de façon exhaustive tout l’univers physique, cela ne répondrait en rien à la question : Pourquoi l’univers et les lois qui la gouvernent existent?
L’idéologie qui stipule que la science devrait fournir les réponses à toutes les questions s’appelle le scientisme. Elle affirme que nous ne devrions pas accepter comme étant vrai toute chose que nous ne pouvons pas prouver scientifiquement.
Cette vision est fausse, puisqu’il existe plusieurs choses que les sciences naturelles ne peuvent pas prouver :
- Elles ne peuvent pas prouver les lois de la logique et les vérités mathématiques. La science présuppose la logique et les mathématiques, mais ne peut pas les prouver.
- Elles ne peuvent pas prouver les vérités métaphysiques, comme par exemple que le monde extérieur existe, ou que l’univers n’a pas simplement été créé il y a 5 minutes avec une apparence d’âge et que tous nos souvenirs du passé seraient illusoires.
- La méthode scientifique ne peut pas prouver ou réfuter des énoncés concernant l’éthique. La science ne peut pas démontrer que nourrir un enfant qui a faim est un acte bon ou que les nazis ont fait quelque chose de mal dans les camps de concentration. Le bien et le mal ne peuvent pas être mesurés en laboratoire, donc les principes moraux se situent au-delà de ce que la science peut prouver. Cela inclut même ce principe utilisé par la science elle-même : « Il est mal de falsifier des résultats de recherche scientifique ».
Alors, il y a vraiment des choses qui sont dignes de confiance et que la science ne peut pas prouver, comme les lois de la logique et des mathématiques, les vérités métaphysiques et les vérités éthiques.
Il y a aussi le problème que si une personne croit que le scientisme est vrai, alors cette même personne, si elle veut demeurer cohérente, devrait alors aussi refuser de croire en tout ce que ne peut pas être scientifiquement prouvé. Mais, cela impliquerait aussi que personne ne devrait pas adhérer au scientisme tant que cela ne serait pas prouvé scientifiquement.
Est-ce possible?
Non, puisque l’énoncé « On ne devrait pas croire en quelque chose avant qu’il n’ait été scientifiquement prouvé » est en lui-même un énoncé philosophique qu’aucune expérience ne peut vérifier.
Il exprime un jugement de valeur sur ce qu’une personne devrait croire et place donc cette réalité dans le domaine de l’éthique et de la morale, des réalités que la science n’est pas en mesure de vérifier.
Sans la capacité de faire une expérience scientifique qui prouve ou qui réfute la véracité de cette proposition morale, il n’y a pas de preuve scientifique.
Cela veut dire que le scientisme est non seulement faux, mais qu’il se réfute lui-même, puisqu’il ne peut pas réussir à passer son propre test.
Malgré tout, le "scientisme" est une philosophie pas mal cohérente. Sa valeur est qu'il s'ancre fermement dans la réalité perçue par nos cinq sens au travers le filtre de la raison. C'est un bon début.
RépondreEffacerMais son refus de considérer le non-naturel (métaphysique) est un défaut étonnant. Prenons l'exemple de la résurrection du Christ. Elle est documentée par des témoins et dans des écrits historiques. Avec de telles preuves, la science historique aurait dû l'accepter comme fait établi. Mais c'est le refus de considérer la possibilité d'un acte surnaturel qui l'empêche de cerner la vérité, pas un manque de preuve objective. Le scientisme érige en dogme: "Au surnaturel tu ne croiras".
Le principal défaut du scientisme est la position orgueilleuse qu'il adopte. Le scientisme ne prétend pas tout connaître, mais il prétend que nos connaissances scientifiques sont suffisantes pour régir nos actes et nos croyances. C'est incroyablement présomptueux et ne tient pas compte des limites de la connaissance humaine. C'est l'équivalent moderne du mensonge du démon dans le Jardin de l'Éden: on dit aux hommes qu'ils n'ont pas besoin d'écouter la Révélation, qu'ils peuvent connaître une chose définitivement en l'expérimentant pour soi. L'homme devient la mesure de toute chose et, en raison de ses limitations, il devient une mesure très imparfaite.
Là où les scientistes n'ont pas tort, c'est quand ils relèvent le caractère arbitraire et contradictoire des religions. L'humanité a produit plusieurs croyances métaphysiques concurrentes: laquelle choisir? Il est possible que l'apologétique nous fournisse des conclusions convaincantes, mais il faut éviter de tomber dans le même piège de l’orgueil où l'on croirait qu'on possède toute la vérité et rester ouvert à l'action de Dieu lorsqu'il se révèle.
Je suis bien d'accord avec vous. J'ajouterais que derrière le scientisme, il y a d'abord l'erreur (plus subtile) du nominalisme (sensualisme) et de ses conclusions erronées sur la nature de la connaissance humaine. Si on ne réfute pas d'abord le nominalisme, le reste est perdu d'avance...
RépondreEffacerLes racines du Protestantisme sont nominalistes.
RépondreEffacerCette pensée que constitue grosso modo l'ecclésiologie protestante fut développée par un certain Guillaume d'Occam. Luther était de cette école.
Tout le monde sait que Luther faisait de Dieu un capricieux.
Aujourd'hui les apologistes protestants n'ont plus besoin d'arguments pour prouver leurs erreurs devant les catholiques pour s'en convaincre qu'ils ont raisons, puisque ce sont les catholiques qui leurs donnent les arguments qu'ils sont corrects.
C'est le monde en envers avec la pourriture de l'esprit grâce à Emmanuel Kant.