Existence de Dieu : Conséquences et précisions (7/7)

Après tout ce que nous avons vu, nous voyons maintenant que cela implique que Dieu existe nécessairement et qu’il est impossible qu’il n’existe pas. Dieu existe toujours, ce qui explique pourquoi on dit de lui qu’il est éternel. De plus, il est infini et parfait puisque rien ne peut limiter l’existence que Dieu a par lui-même, car il est l’être par lui-même existant. On peut donc dire que Dieu est l’existence. Ce qui va de pair avec le passage de la Bible où Dieu se nomme à Moïse (Ex 3, 14) comme étant : « Je Suis celui qui suit », « Je Suis celui qui est » ou encore « Je Suis : Je Suis ».

J’aimerais revenir sur un problème souvent rencontré concernant le commencement de l’univers. Cette démonstration n’a pas tenté de remonter la causalité dans le temps pour placer Dieu au commencement comme c’est le cas par exemple de l’argument cosmologique de la kalâm. Cette preuve a pour inconvénient de présenter Dieu comme celui qui a donné la chiquenaude initiale et donne l’impression qu’il n’est plus impliqué dans le processus par la suite. Dans cette démonstration, nous avons prouvé que Dieu est nécessaire actuellement comme toujours en tant que cause d’existence de tout ce qui existe. Elle serait donc encore valable même dans le cas d’un univers sans commencement. De la même manière qu’il serait absurde de dire qu’un train qui n’aurait pas de locomotive pourrait avancer parce qu’il a un nombre infini de wagons, on ne peut pas non plus dire que l’univers n’a pas de cause d’existence parce qu’une infinité d’êtres qui n’ont pas l’existence par eux-mêmes y sont précédés.

Voilà qui complète cette démonstration de l’existence de Dieu. Vous remarquerez que le raisonnement seulement a été utilisé pour cette démonstration et qu’elle ne fait appel à aucune révélation divine ou qui demanderait une foi préalable. Elle est donc accessible à tous, peu importe leur situation spirituelle.

Commentaires

  1. Merci de cette synthèse.

    J'ai quelques objections. Vous avez, en principe, réussi à prouver l'existence d'une cause première, mais pas l'existence de Dieu. Qu'est-ce qui vous dit que cette cause première avait une intelligence et une personnalité? La cause première pourrait être le Big Bang.

    D'autre part, votre raisonnement repose sur la notion de la causalité et du changement dans les choses matérielles. Une chose n'a pas toujours existé dans sa forme présente, donc il faut qu'elle ait été causé par quelque chose. Moi je vous dit que c'est une question de perception. Il y a 200 ans, je n'existais pas, mais les atomes qui me composent existaient dans une autre configuration. Il y a 2 secondes, j'existais, mais dans une autre forme qu'en ce moment même. Dans 20 ans, je serai vieux, plus sage et plus sénile: je ne serai plus tout à fait la même personne. Si je perdais mes deux jambes dans un accident d'auto, serais-je une autre personne? Si je perdais tout mon corps, mais on arrivait à conserver mon "esprit" dans un ordinateur super-puissant qui serait une réplique de mes neurones, est-ce qu'on pourrait dire que j'existe?

    Vous voyez, la question de changement et la question même de l'existence dans le monde matériel est très relative. On pourrait prétendre que le monde matériel a toujours "existé" mais qu'il change de lui-même. Nul besoin d'une cause première.

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  2. Bonjour Mr Arseno,
    Vos questions sont très intéressantes. Elle mériterait un traitement beaucoup plus long que ce résumé, beaucoup trop condensé, que je m’apprête à faire. Je le ferai peut-être dans un article prochain. Je vous préviens tout de suite, nous allons entrer dans le domaine de la métaphysique pour pouvoir y répondre.

    Pour votre première question, je crois que de découvrir que l’univers a une cause entraîne certaines conséquences nécessaires non négligeables. Dans l’univers, le temps est relatif à l’espace et relatif à la matière. Donc, cela veut dire que cette cause est nécessairement éternelle, transcendante et immatérielle. Cependant, jusqu’ici, rien n’empêche cette cause ne soit qu’une forme d’énergie spirituelle impersonnelle. Cependant, étant donné le commencement de l’univers (par le big-bang par exemple), on est confronté à ce problème : Comment un effet (univers) qui a débuté (qui n’a pas une infinité d’instants passés) peut avoir une cause éternelle, sachant de la cause entraine l’effet dès que la cause est effective? On demeure dans l’impasse si on considère la cause comme une énergie spirituelle impersonnelle, mais si elle est une cause personnelle, cela peut alors s’expliquer par la volonté. Un acte libre de création peut expliquer l’absence de l’effet en présence de la cause. On pourrait aussi ajouter qu’il ne peut y avoir de volonté sans une forme d’intelligence. C’est d’ailleurs ce qui défini une personne : un être pourvu d’une intelligence et d’une volonté. Ce qui nous mène à ceci : une cause éternelle, transcendante, immatérielle et personnelle. Je crois que cela se rapproche de ce que nous appelons Dieu (du moins chez les chrétiens, les juifs et les musulmans).

    Votre second point est une question encore plus difficile et plus abstraite. Nous sommes alors en complètement dans le champ de la métaphysique avec tout ce que cela entraîne. Vous avez vu juste lorsque vous avez dit : « Une chose n'a pas toujours existé dans sa forme présente.» Tout le problème est là. Il réside dans notre façon d’appréhender ce qu’on appelle la cause formelle. J’ai un petit article sur les 4 causes à cette adresse :
    http://www.foicatholique.com/2011/09/les-4-types-de-causes.html

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  3. Je vais donc tenter ici de donner de manière très (trop) brève un éventail des conceptions philosophiques de la cause formelle qui répond à la question : « Qu’est-ce que l’être? » ou « Comment les choses sont organisées?» Voici donc un éventail des possibilités sous forme de questions, erreurs et réponses.

    Question 1 : L’être est-il composé d’une substance et d’accidents ?
    Erreur : Non. Si tout est accidents, alors il n’y a plus d’être. Tout est devenir et rien n’est immuable. S’il n’y a plus d’être, il n’y a plus l’Être. Cela se retrouve dans la pensée d’Héraclite et des sceptiques.
    Réponse : Oui, l’être est composé d’une substance et d’accidents.

    Si vous avez réussi à éviter l’impasse de l’erreur de la Question 1, vous pouvez ensuite passer à la Question 2.
    Question 2 : Est-ce que l’existence et l’essence (on pourrait aussi dire nature et individualité), qui compose la substance sont-ils unis au cœur de l’être ou existent-elles réellement ?
    Erreur : Elles sont unies au cœur de l’être. On peut alors tomber dans deux erreurs, selon laquelle de ces deux réalités ont considère comme réelle :
    Erreur A : Seule l‘existence est réelle. On tombe alors dans l’existentialisme ou dans le matérialisme.
    Erreur B : Seule l’essence est réelle. On tombe alors dans ce que l’on appelle les idées selon ce qu’entendait Platon. Le monde corporel est illusoire.
    Réponse : Oui, l’essence et l’existence existent réellement. Nous sommes alors dans la pensé d’Aristote et de St- Thomas d’Aquin.

    On aurait ensuite le problème de se demande laquelle de ces réalités est première. La réponse traditionnelle est celle-ci : L’existence est première chronologiquement et l’essence est première ontologiquement. On pourrait alors se demander comment l’essence et l’existence peuvent-ils cohabiter dans le même étant selon des rapports et des modalités différentes?
    La solution est de réintroduire le devenir dans l’être (au lieu d’exterminer l’être au départ comme dans l’erreur de la question 1). On parle alors d’une différenciation entre l’étant en acte en l’étant en puissance. L’essence est à l’existence ce que la puissance est à l’acte. Il faut donc ensuite considérer la modalité de l’être en acte comme analogique (proportionnelle dans les différents étants) et en degrés différents de participation à l’Être en soi, infini et nécessaire (lire Dieu). Sinon, on tombe dans le sophisme et tout est relatif. Si on accepte l’analogie, alors dans tous les étants se retrouvent les caractères transcendants de l’Être : l’un, le vrai, le bien et le beau (lire Dieu).

    Je ne sais que ce résumé est très (trop) rapide. Je sais aussi qu’il n’est pas toujours agréable de se faire balancer des conclusions sans explications, mais je crois que je n’avais pas le choix étant donné la grande complexité du défi. J’ai fait tout ce cheminement, car il est primordial pour le philosophe catholique de se rendre jusqu’au bout de ce cheminement sans tomber dans les erreurs que j’ai décrites. Cela est primordial pour comprendre les dogmes, du moins dans la façon actuelle qu’ils sont décrits par l’Église.

    Prenons par exemple l’eucharistie qui peut se résumer ainsi : la substance du pain est transformée en celle du Corps, Sang, Âme et Divinité de notre Seigneur Jésus-Christ, tout en conservant les accidents du pain.
    Si on tombe dans l’erreur de la question 1, alors l’eucharistie n’est rien du tout, car on nie l’être. Elle est tout simplement un « en devenir » d’autre chose. Elle était avant de la farine et sera plus tard les enzymes générés par la digestion. Car s’il n’existe que les accidents, il n’y a plus de substance du pain à transformer en notre Seigneur et il n’y a plus rien pour opérer une transsubstantiation. Ceci n’est qu’un exemple, mais si vous n’évitez pas toutes les erreurs jusqu’à la fin du cheminement, vous n’allez probablement plus pouvoir garder les définitions des dogmes intacts, du moins dans la manière dont elles sont actuellement formulées. On devient alors tôt ou tard condamner à une attitude fidéiste pour combler ces erreurs métaphysiques.

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  4. Pour en revenir à votre question sur vous-même : plus vieux, plus sage et plus sénile (c’est vous qui l’avez dit :) ), vous avez une substance de vous qui demeure malgré ses accidents changeants. Votre être demeure autant que la cause matérielle et la cause formelle demeure. Votre cause matérielle sont les cellules de votre corps et votre cause formelle est votre âme. Le fait de vous couper les jambes ne fait que changer vos accidents, mais pas votre substance. Votre substance demeure autant que vous conserver l’essence et l’existence. Si vous perdez votre corps, vous mourrez et les données que l’on transférera dans l’ordinateur ne seront pas vous. Je ne suis pas certain que l’on puisse dire qu’un ordinateur est intelligent. Pour ce qui est de la volonté (nécessaire à une personne), l’ordinateur n’en a aucune, il est entièrement programmé. On n’a qu’à regarder les pirouettes de programmation que les programmeurs doivent faire pour leur faire générer des nombres « au hasard » pour s’en rendre compte. Même si on arrivait à rendre un ordinateur intelligent grâce à des neurones électroniques, celui-ci n’aura pas d’âme et ne pourra pas être vous.

    Je ne sais pas si cela vous aidera. Merci encore de votre visite. Tout cela a été très rapide, si vous voulez approfondir une certaine partie, je pourrai peut-être vous donner plus de détail sur celle-ci.

    Miguel

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  5. Merci de votre explication. Elle est pas mal condensée et je ne suis pas sûr de la comprendre, surtout que je n'ai pas de background en philosophie thomiste comme vous semblez l'avoir.

    En passant, je vois que votre blog a une vocation catéchétique. Avez-vous songé à demander l'imprimatur (can. 827)? Je crois aussi que vous devriez obtenir l'autorisation d'utiliser le terme "catholique" dans le nom de votre blog (can. 216).

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  6. Bonjour Mr Arseno,

    Je suis d'accord, j'ai dû aller extrêmement vite dans mon développement et j’ai dû sauter plusieurs étapes. Si la philosophie de St-Thomas vous intéresse, il y a plein de ressources pour vous aider à la découvrir et à l’approfondir. Je peux peut-être vous en suggérer si vous avez de l'intérêt.

    Merci pour vos conseils concernant le droit canon.
    Pour le premier concernant l'imprimatur, je ne crois pas que cela a beaucoup de valeur sur un blogue. Je me trompe peut-être, car je n'ai pas les connaissances nécessaires pour commenter ou interpréter le droit canon. Voici les problèmes qui me font venir à cette conclusion tout à fait personnelle :
    1) Même si l'imprimatur (ou le nihil obstat) était attribué à ce blogue de façon générale dans sa situation présente, cela n'empêche pas la rédaction future d'articles erronés
    2) La solution pourrait être alors d'accorder l'imprimatur par article, cependant cela n'empêche pas d'ajouter des erreurs lors de modification ultérieure de l'article si j'ai à le faire
    3) Ce blogue accepte les commentaires provenant d'individus de toutes religions ou pensés. Je ne bloque aucun commentaire à moins qu'il ne s'y trouve absolument rien de constructif (à une seule reprise, j'ai du refusé de publier un commentaire, car ce n'était qu'une insulte). Cela veut dire que des opinions contraires à ce qu'enseigne l'Église peuvent se retrouver dans les commentaires de ce blogue. Je fais de mon mieux pour leur apporter une réponse avec un point de vue catholique. À cause de mes limites personnelles, il est possible que ma réponse ne soit pas à la hauteur souhaitée et il n'est pas impossible que quelqu'un soit séduit par ces commentaires non catholiques. Cela est le prix à payer pour pouvoir avoir un dialogue. Je ne sais pas si cela alors pourrait avoir un imprimatur, car je ne contrôle pas le contenu des commentaires des autres.
    Pour ces raisons, je crois que de mettre un imprimatur sur ce blogue pourrait encore plus induire les gens en erreurs si des erreurs se glissent sur ce blogue et s’ils pensent que tout sur ce blogue est exempt d'erreur. Je préfère les avertir d'exercer leur jugement comme avec tout ce qu'on lit sur le web. Au début, j'avais écrit cet article en guise d'avertissement :
    http://www.foicatholique.com/2009/09/la-citation-dorigene.html
    Avec l'augmentation du nombre d'articles au fil du temps, je devrais peut-être le réécrire et le placer plus en évidence. J'en prends note. Sachez que tous les articles de ce blogue sont ouverts aux modifications si quelqu'un me signale une erreur.

    Le deuxième point concernant l'utilisation du terme catholique (canon 216) me travaille un peu plus l'esprit. Surtout depuis que j'ai acheté et migré ce blogue qui était anciennement sous miguelmorin.blogspot.com vers www.foicatholique.com. Il est dans mes plans de regarder plus cela en détail dans les prochaines semaines. Le congé de Noël me laissera surement un peu plus de temps qu'à l'habitude pour faire des recherches en ce sens. Je vais aussi en profiter pour me renseigner sur le premier point. En obéissance à l'Église, si jamais mon évêque me demandait de fermer ce blogue, de modifier son nom ou de lui céder le nom de domaine www.foicatholique.com, je me soumettrais à sa demande.

    Miguel

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  7. Miguel,
    C'est vrai, évidemment, qu'on ne peut pas accorder l'imprimatur proprement dit à un blog qui est en mutation constante, mais je pense qu'on peut s'en inspirer: demander à l'évêque de faire lire une sélection d'articles au hasard par une personne compétente et, si l'esprit du blog est de respecter l'enseignement de l'Église, il peut écrire un mot à cet effet que vous pourriez afficher sur le site. Je ne crois pas que c'était l'intention de l'Église en créant l'imprimatur d'exclure les nouveaux moyens de communication de la surveillance de l'évêque pour l'unique raison qu'ils se prêtent moins bien à la formule classique du nihil obstat et de l'imprimatur. En général les gens font fi de l'autorité de l'évêque en ce qui concerne ces questions.

    Cela dit, vous pourriez rencontrer des problèmes d'ordre administratif. L'évêque pourrait simplement ne pas vouloir s'occuper de votre demande, pour des raisons qui lui sont propres. Dans ce cas, je crois que vous vous seriez déchargé de votre obligation.

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