Pour donner un exemple d’une vision fidéiste, je vais citer Martin Luther, une figure importante de la réforme protestante : «La raison, c'est la plus grande putain du diable ... qu'on devrait fouler aux pieds et détruire, elle et sa sagesse. Jette-lui de l'ordure au visage pour la rendre laide. Elle est et doit être noyée dans le baptême. Elle mériterait, l'abominable, qu'on la relègue dans le plus dégoûtant lieu de la maison, aux cabinets»*. Je ne veux pas dire par là que tous les chrétiens protestants ont nécessairement une approche fidéiste, mais je crois que cette phrase, malgré son langage vulgaire, représente bien cette position.
Pourquoi le fidéisme est-il aussi une impasse ? Parce que la foi n’a alors aucune base solide pour s’appuyer. La foi est considérée alors comme une affaire d’expérience et de sentiment personnelle. Comme la foi ne s’appuie sur rien de raisonnable, elle a de la difficulté à se communiquer à d’autres personnes et, devant cette absence de raisons, peut ensuite pousser les autres au relativisme ou à l’indifférence religieuse. Pour la personne elle-même, lorsque les bons sentiments ne sont plus ressentis et que les confrontations arrivent (croyez-moi elles arriveront tôt ou tard), on peut alors être tenté de les fuir et de se replier ou même de laisser tomber la révélation du Christ. Ce n’est pas pour rien qu’on peut lire dans la première lettre de Pierre : «Au contraire, sanctifiez dans vos cœurs le Seigneur Christ, toujours prêts à la défense contre quiconque vous demande raison de l'espérance qui est en vous».
Selon notre personnalité, certaines personnes sont plus naturellement portées vers l’une ou l’autre des ces impasses. Dans le prochain article, je vais tenter de d’expliquer comment on peut éviter ces deux extrêmes.
* La philosophie du droit de Martin Luther, Tome IV, p. 142
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