Le texte suivant est un extrait de l'audience générale du pape Benoît XVI du 28 mars 2007. Il illustre très bien le concept authentique de ce que les Catholiques appellent la Tradition apostolique.
La tradition apostolique est « publique », et non pas privée ou secrète. Pour Irénée, il n’y a aucun doute que le contenu de la foi transmise par l’Église est celui qui a été reçu des Apôtres et de Jésus, du Fils de Dieu. Il n’existe aucun autre enseignement que celui-là. Et par conséquent, à qui veut connaître la véritable doctrine, il suffit de connaître la « Tradition qui vient des Apôtres et la foi annoncée aux hommes » : tradition et foi qui « sont arrivées jusqu’à nous à travers la succession des évêques » (Adv. Hær. 3,3,3-4). De sorte que succession épiscopale, principe personnel, et tradition apostolique, principe doctrinal, coïncident.
La Tradition apostolique est « unique ». Tandis que, en effet, le gnosticisme est subdivisé en sectes multiples, la Tradition ecclésiale est unique dans ses contenus fondamentaux, que, comme nous l’avons vu, Irénée appelle précisément « regula fidei » ou « regula veritatis » : et ainsi, parce qu’elle est unique, elle crée l’unité à travers les peuples, à travers la variété des cultures, à travers la variété des peuples ; elle est un contenu commun comme la vérité, malgré la diversité des langues et des cultures. Saint Irénée a une phrase très précieuse dans son livre Contre les hérésies : « L’Église, bien que répandue dans tout le monde, garde soigneusement [la foi des Apôtres], comme si elle n’habitait qu’une seule maison ; de même, elle croit dans ces vérités comme si elle n’avait qu’une âme et un seul cœur ; à l’unisson, elle proclame ces vérités, elle les enseigne et les transmet comme si elle avait une seule bouche. Les langues du monde sont variées, mais la puissance de la tradition est unique et la même : les Églises fondées dans les Germanies n’ont reçu ni transmis de fois diverses, ni celles fondées dans les Espagnes ou chez les Celtes ou dans les régions orientales ou en Égypte ou en Libye ou au milieu du monde » (1, 10, 1-2). On voit déjà à ce moment-là, alors que nous sommes en l’an 200, l’universalité de l’Église, sa catholicité et la force unifiante de la vérité, qui unit ces réalités si diverses, de la Germanie à l’Espagne, à l’Italie, à l’Égypte, à la Libye, dans la vérité commune que le Christ nous a révélée.
Enfin, la Tradition apostolique est, comme il dit en grec - la langue dans laquelle il écrivait son livre -, « pneumatique », c’est-à-dire spirituelle, guidée par l’Esprit-Saint : en grec, esprit se dit « pneuma ». Il ne s’agit pas, en effet, d’une transmission confiée à la capacité d’hommes plus ou moins instruits, mais à l’Esprit de Dieu, qui garantit la fidélité de la transmission de la foi. Telle est la « vie » de l’Église, ce qui fait l’Église toujours fraîche et jeune, c’est-à-dire féconde de multiples charismes. Église et Esprit, pour Irénée, sont inséparables : « Cette foi, lisons-nous encore dans le troisième livre du Contre les hérésies, nous l’avons reçue de l’Église, et nous la conservons : la foi, par l’action de l’Esprit de Dieu, comme un dépôt précieux gardé en un vase de valeur, rajeunit toujours, et fait rajeunir le vase qui la contient (…) Là où est l’Église, là est l’Esprit de Dieu, et là où est l’Esprit de Dieu, là est l’Église et toute grâce » (3, 24, 1).
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