Les auteurs de la Bible

Dans un précédent article, j’avais fait allusion au fait que la notion d’auteur dans l’antiquité était un peu différente de la notion moderne. La notion d’auteur avant un sens plus large dans l’antiquité. Cette différence est très importante surtout lorsqu’on traite de la rédaction des textes de la Bible.

Prenons tout d’abord de la notion moderne d’auteur. Dans cette perspective, par exemple pour la rédaction d’un livre, l’auteur est considéré comme celui qui écrit le livre. Il existe même des lois, comme les lois du droit d’auteur, qui protègent le contenu des livres contre les copies illicites ou le plagiat. Même si un auteur écrit un livre de philosophie en se basant sur une certaine école de pensé et résume la pensé des travaux de certains de ses collègues, il sera quand même considéré comme l’auteur du livre même en leur redonnant tout le crédit qui leur revient.

Au temps de l’antiquité (même jusqu’à la Renaissance), la notion d’auteur était plus large. Par exemple, le disciple d’une école de pensée pouvait écrire un traité et l’attribuer à son maître et cela même s’il était mort. Cela n’était pas fait dans le but de flouer les lecteurs, mais plutôt par respect pour la pensé de son maître qui lui avait enseigné le contenu de son traité. Pour les gens vivant à cette période, il était légitime qu’un disciple qui avait reçu une tradition écrive en attribuant le livre à son maître, même si celui-ci n’était pas celui qui avait littéralement écrit les mots sur le papier.

Prenons par exemple la théorie traditionnelle du Pentateuque (les cinq premiers livres de la Bible), qui a été attribué à Moïse depuis le tout début de la tradition biblique, mais qui plus récemment, a été critiqué par certains exégètes. Il faut comprendre que pour les gens de l’antiquité, cela ne contredit pas nécessairement leur conception d’auteur si des scribes avaient ultérieurement adapté ou complété les textes du Pentateuque, en autant que ceux-ci transmettent fidèlement la pensé et les enseignements reçus de Moïse. Même si cela nous semble un peu étrange aujourd’hui, il ne faut pas tenter d’imposer nos notions modernes à une époque où certains concepts n’étaient pas équivalents.

C’est un peu le même principe que les écrits de l’Église comme les encycliques. Bien évidemment, ces textes sont écrits par un pape mais qui, légitimement, expriment la pensé et les enseignements de l’Église au nom de l’Église. Cela se rapproche un peu de l’antique notion d’auteur. Bien sûr, cela ne serait pas légitime si par exemple un scribe quelconque aurait écrit une lettre au 2e siècle pour promouvoir sa propre théologie pour ensuite y placer le nom de Saint-Paul pour lui donner une certaine renommé. C’est d’ailleurs à cause de ce type de document que l’Église a dû, au cours des premiers siècles, définir la liste des livres qui allaient composer la Bible.

En conclusion, il faut être prudent lorsqu’on fait des recherches sur les auteurs des livres de la Bible et en particulier avant de rejeter les théories traditionnelles de rédaction, car ces théories sont basées sur la notion antique d’auteur. Quelqu’un pourrait quand même les rejeter parce qu’il refuse d’admettre leur conception antique d’auteur au profit de la notion plus moderne, mais il faut admettre qu’en faisant cela, il choisi de regarder la Bible avec une lentille moderne qui ne reflète pas la réalité antique qui l’a vue naître.

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