Le rôle unique de la Vierge Marie dans le salut du monde

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Que vous soyez catholiques, orthodoxes ou protestants, vous avez une grande dette en gratitude à la Vierge Marie, car d’une certaine façon, vous lui devez votre salut. Cette affirmation peut sembler hérétique pour les protestants, mais voici la principale raison pourquoi les catholiques pensent ainsi :

1. Jésus a sauvé le monde par Son Corps

Tous les chrétiens acceptent que nous sommes sauvés par la Croix du Christ, même si des théologiens peuvent être en désaccord sur la façon dont cela « fonctionne ». Nous allons laisser de côté les détails du « comment » pour le moment et reconnaître simplement que c'est grâce à la Croix que nous sommes sauvés. La Croix est méritoire, elle est salvifique, précisément parce que le Christ est mort sur la Croix.

Donc, vous ne pouvez pas avoir le salut sans la Croix, ni la Croix sans Incarnation. Parce que si Jésus n'avait jamais assumé de nature humaine, il n’aurait jamais pu mourir et nous ne serions pas sauvés. Saint Augustin a décrit la radicalité du mystère de l'Incarnation ainsi :

Pour mourir pour nous - parce que, comme Dieu, il ne pouvait pas mourir - la Parole est devenue chair et a habité parmi nous. L'immortel a pris une condition mortelle afin qu’il puisse mourir pour nous, et en mourant, il a mis à mort notre mort. C'est ce que le Seigneur a fait, c'est le cadeau qu'il nous a donné. Le puissant a été abaissé, l'humble a été tué, et après avoir été tué, il est ressuscité et il a été exalté.

La présentation la plus claire de cela vient de Jésus lui-même, qui dit dans Jean 6, 51: « Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel; Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra pour toujours; et le pain que je donnerai pour la vie du monde est ma chair. » Alors Sa Chair nous sauve; ou peut-être mieux, Il nous sauve par Sa Chair.

2. Pour sauver le monde de cette façon, Jésus avait besoin d’une mère humaine

Dieu étant Dieu, Il est capable de se faire homme. Mais pour devenir un homme, il ne pouvait pas seulement prendre un semblant d'apparence humaine. Dans un tel cas, il ne serait vraiment pas l'un des nôtres. Il ne ferait pas partie de la famille humaine, il en aurait seulement l’air. Ce n'est pas assez. Au lieu de cela, « la Parole s’est fait chair et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité", comme saint Jean l'a dit en Jean 1, 14.

Il est devenu un membre de notre famille. En assumant la plénitude de la nature humaine, il rachète la nature humaine. S'il n'avait pas été un vrai homme, il pourrait difficilement être l’Homme-Dieu parfait. De plus, Dieu a promis que le salut viendrait d'une manière très particulière, à travers un Messie ressuscité du peuple juif. Ainsi, pour à la fois (a) sauver le monde et (b) accomplir ses promesses, Jésus devait entrer dans le monde à travers une vraie mère et une mère juive. Saint Paul le dit ainsi: « Mais lorsque est venue la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils, formé d'une femme, né sous la Loi, pour affranchir ceux qui sont sous la Loi, afin de nous conférer l'adoption. » (Galates 4, 4-5). S'il n'était pas « né d'une femme », il ne ferait pas partie de notre famille. S'il n’était pas né «en vertu de la loi », il ne pourrait pas accomplir la loi mosaïque.

Ainsi, la naissance du Christ par la Vierge Marie n'était pas une simple coïncidence, ce n'était pas aléatoire. Elle est aussi choisie comme Mère du Christ que le peuple juif est choisi comme peuple élu. Toute l'histoire humaine pointe vers ce moment, que saint Paul appelle « la plénitude des temps ». Il y a une raison pour laquelle nous mesurons le temps, av. J.-C. / apr. J.-C., basé sur la conception et la naissance de Jésus par Marie. Son entrée dans le monde est le véritable Anno Domini, « l’année de Notre-Seigneur ».

Jésus sauve le monde par son humanité, mais il n'a pas son humanité en vertu de sa Divinité. Il a son humanité en vertu de la coopération unique de la Vierge Marie. Tout comme Sa Divinité procède en entier du Père, son humanité vient entièrement de Sa Mère, Marie. Nier cela, c’est nier que Jésus soit pleinement humain. À quoi ressemblerait la négation de cela? Dans un livre intitulé « Sans dénomination: une critique des doctrines de l'Église », Roy D. Perkins a justement tenté cela :

Bien que Joseph fût le père de Jésus, il est en fait le beau-père de Jésus. Les pharisiens se réfèrent souvent à Jésus comme étant le fils du charpentier, car ils ne se rendent pas compte que Joseph n'est pas son père biologique. Marie n'est pas vraiment la mère de Jésus non plus. Sinon, ce ne serait pas une conception virginale. Il n'y a pas de matériel génétique de Joseph ou de Marie en Jésus. La ligne de sang ne provient de l'une ni de l'autre. C'est là que le catholicisme romain mélange les choses. Les catholiques appellent Marie la « Mère de Dieu ». Cependant, elle n'est qu'un récipient pour transporter et nourrir Jésus comme enfant à naître. Nous ne prions pas pour elle. [...] Elle n'est pas sainte. Si Joseph et/ou Marie avaient transmis du matériel génétique à Jésus, la nature du péché aurait été transmise à Jésus, ce qui en ferait un sacrifice imparfait. Le sang de Joseph et de Marie ne coule pas les veines de Jésus. Si leur sang coulait dans ses veines, il n’y aurait aucun salut en Jésus-Christ. 

La plupart des protestants, je l'espère, reconnaissent ces dernières affirmations comme étant tout à fait hérétiques. En acceptant un tel enseignement, « ils ne confessent point Jésus comme Christ venu en chair : c'est lui le séducteur et l'antéchrist » (2 Jean 1, 7). Parce que si Jésus n'a pas vraiment de nature humaine, il n'est jamais entré dans la chair. Et s'il n'est pas lié à l'être humain de quelque façon que ce soit, il ne s'agissait que d'un étranger qui utilisait le corps de Marie comme un « récipient ». Il n'est pas humain, il n'est pas dans la chair.

Je soupçonne donc que la plupart des protestants reconnaîtraient que Perkins a raison de dire que saint Joseph n'est pas le véritable père de Jésus, mais qu’il se trompe à propos de Marie. Perkins a raison de dire que le sang de Joseph ne coule pas les veines de Jésus, mais le sang de Marie le fait. Mais peu de protestants s'arrêtent pour se rendent compte de c’est là une affirmation très profonde.

Si Jésus a pris sa véritable nature humaine de Marie, Marie lui fournit donc l'outil même qu'il utilise pour sauver le monde. Si vous considérez l'humanité de Christ comme la flèche que l'Arche divine utilise pour percer le cœur de Satan, alors c'est la Vierge Marie qui lui tend la flèche. Quel autre être humain dans toute l'histoire humaine, avant ou après, a-t-il fait quelque chose de ne serait-ce un peu comparable?

3. La coopération de Marie au le plan divin était libre et intentionnelle

Vous pourriez être tenté de comparer le rôle de Marie dans l'histoire du salut (c'est-à-dire le rôle de Marie dans notre salut) à celui de ses ancêtres. Si Marie est honorée pour son rôle unique en donnant à Jésus son humanité, pourquoi ne pas honorer ainsi tous ses ancêtres (de Marie) et donc tous Ses ancêtres (de Jésus)? Je dirais qu'il y a une raison pour laquelle la généalogie sacrée de Jésus est tracée selon deux lignes dans l'Écriture (Mt 1, 2-17; Lc 3, 23-38) et une raison pour laquelle saint Matthieu se réfère à son Évangile en tant que le « livre de la généalogie de Jésus-Christ, fils de David, fils d'Abraham » (Mt 1, 1). Mais le rôle de Marie est distinct et plus grand que celui de ses ancêtres, tout comme son rôle est distinct et plus grand que celui de Pilate, ou des apôtres, etc.

Marie permet l'Incarnation et le salut du monde (contrairement à Pilate et aux Apôtres) et elle le fait sciemment et librement (contrairement à ses ancêtres). Seulement la Vierge Marie donne à Jésus quelque chose qu'il n'a pas déjà: une nature humaine et la condition mortelle qui l’accompagne. Et comme nous le voyons en Luc 1, elle le fait de manière intentionnelle et consciente, consentant librement au plan de Dieu (Lc 1, 26-33):

Au sixième mois, l'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée appelée Nazareth, vers une vierge qui était fiancée à un homme de la maison de David, nommé Joseph; et le nom de la vierge était Marie. Étant entré où elle était, il lui dit : " Salut, pleine de grâce ! Le Seigneur est avec vous; [vous êtes bénie entre les femmes]. " Mais à cette parole elle fut fort troublée, et elle se demandait ce que pouvait être cette salutation.
L'ange lui dit : " Ne craignez point, Marie, car vous avez trouvé grâce devant Dieu. Voici que vous concevrez, et vous enfanterez un fils, et vous lui donnerez le nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé fils du Très-Haut; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père; il régnera éternellement sur la maison de Jacob, et son règne n'aura point de fin. "

En d'autres termes, l'ange Gabriel annonce à Marie que son Fils sera le Messie tant attendu. Il poursuit en lui expliquant que cela se produira par une conception virginale (Lc 1, 34-35) et il offre comme preuve la grossesse miraculeuse de sa cousine Elizabeth (Lc 1, 36-37). Marie répond alors à l'ange en consentant librement à ce plan, en proclamant: « Voici la servante du Seigneur : qu'il me soit fait selon votre parole !» (Lc 1, 38).

La réponse de Marie est importante. Dans le panthéon gréco-romain, il y avait plusieurs violeurs divins. Par exemple, les frères jumeaux Amphion et Zéthos (les fondateurs mythiques de la ville de Thèbes, quelque peu équivalent à Romulus et Rémus pour Rome) étaient les fils d'Antiope, violé par Zeus, le « Dieu Père » (aussi connu des Romains sous le nom de Jupiter). Saint Luc nous montre que la paternité de Dieu n'est pas comme celle de Jupiter. La Vierge Marie reste Vierge, et pourtant, elle devient librement une mère.

Notez aussi qu'elle le fait en pleine connaissance que le fait de dire oui à l'ange Gabriel signifie aussi inaugurer la venue du Messie pour sauver son peuple. Ainsi, nous pouvons dire avec saint Irénée de Lyon, qui a écrit en 180 : « Le nœud noué par la désobéissance d’Ève a été dénoué par l’obéissance de Marie ; ce que la vierge Ève avait lié par son incrédulité, la vierge Marie l’a délié par sa foi. »

Conclusion

C'est ainsi que chacun de nous, si nous sommes vraiment sauvés, devons d’une certaine façon notre salut à la Vierge Marie, parce que c'est grâce à sa libre coopération au plan divin que Jésus a reçu sa nature humaine par laquelle il a sauvé le monde.

Certains protestants, malgré le fait qu’ils soient d’accord avec tout ce que j'ai dit jusqu'ici, seront tentés de dire: « Alors quoi? Dieu aurait pu le faire d'une manière différente. » Cette réponse me paraît théologiquement bizarre. Nous ne penserions jamais de dire par exemple « Et alors si la deuxième Personne de la Trinité a pris une nature humaine et est morte pour mes péchés? La troisième personne de la Trinité n’aurait-elle pas pu le faire à la place? ». On ne dirait même pas non plus : « Je ne vais pas honorer ce soldat qui a sauvé ses camarades en se jetant sur une grenade, car s'il ne l'avait pas fait, quelqu'un d'autre l’aurait probablement fait ». Mais pour une raison quelconque, quand il s'agit de la contribution de la Vierge Marie au salut, le plus grand rôle joué par un être humain dans toute l'histoire, on nous sert souvent ce genre de raisonnement.

Si vous êtes tenté par cette dernière façon de penser, je vous signalerai une fois de plus ce que saint Paul a écrit dans Galates 4, 4, qui dit que tout cela s'est passé « dans la plénitude des temps ». Rien de tout cela ne s’est accompli au hasard. Dieu aurait pu avoir un autre peuple choisi, mais il a choisi les juifs dans sa parfaite sagesse. Et il aurait pu choisir une femme différente pour être la Mère de son Fils, mais dans sa sagesse, il a choisi la Vierge Marie. Nous devrions donc honorer ce choix en honorant la femme qui a coopéré librement avec le plan de Dieu pour nous sauver.


Cet article est une traduction personnelle de l’article « The Virgin Mary’s Unique Role in the Salvation of the World » de Joe Heschmeyer.

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