Saint Grégoire de Nysse a écrit son Grand Catéchisme vers l’an 385. Il pose alors la question au chapitre 37: « comment le seul Corps du Christ peut vivifier entièrement la nature des hommes qui possèdent la foi, en se partageant entre tous sans s'amoindrir lui-même? » En d'autres termes, comment pouvons-nous affirmer que Jésus donne son Corps et son Sang à tous les fidèles catholiques (et aussi aux orthodoxes et aux Coptes) sur terre? Cela ne nécessiterait-il pas de le diviser en des milliards de parties? Ne finirons-nous pas à une moment donné à en venir à manquer de Son Corps?
Dans sa réponse, Grégoire expose sa logique en quatre étapes à la fois pour la Présence Réelle du Christ dans l’Eucharistie et il explique aussi pourquoi cela est une promesse de gloire future:
1- Lorsque vous mangez quelque chose, il est métabolisé pour devenir une partie de votre corps
« Ces éléments […] une fois en moi, ils deviennent en effet mon sang et mon corps, en vertu de la faculté d'assimilation qui, de part et d'autre, fait prendre à la nourriture la forme du corps »
Cela est assez simple.
2- Ainsi, lorsque Christ a mangé du pain sur la terre, il est devenu une partie de son Corps par son métabolisme
« de même ici, le Corps en qui Dieu s'était incarné, puisqu'il se nourrissait de pain, était en un sens identique au pain»
Le Christ a mangé du pain et il a bu du vin alors qu'il marchait parmi nous. De cette façon, il a transformé le pain et le vin en son corps et son sang naturellement, à travers son métabolisme.
3- Dans l'Eucharistie, le Christ transforme le pain en son Corps instantanément et miraculeusement, plutôt que peu à peu par le métabolisme
« de même ici le pain, suivant la parole de l'Apôtre, est sanctifié par le Verbe de Dieu et par la prière; mais ce n'est pas par la voie de l'aliment qu'il arrive à être le corps du Verbe ; il se ; transforme aussitôt en son corps, par la vertu du Verbe, comme il a été dit dans cette parole : « Ceci est mon corps » » .
Alors, au lieu de changer naturellement le pain et le vin en son Corps et son Sang par le métabolisme, Jésus le change instantanément par un miracle.
Étape 4: Lorsque nous participons de l'Eucharistie, nous devenons participants du Christ et de son Corps
Voici la révélation directe sur l'Eucharistie en tant que gage de gloire future:
« Or la chair glorieuse habitée par Dieu a accepté aussi cet élément en vue de sa subsistance, et le Dieu qui s'est révélé s'est mélangé à la nature périssable afin de déifier l'humanité avec lui en l'admettant au partage de la divinité; voilà pourquoi il se distribue comme une semence à tous les croyants, suivant le plan de la grâce, au moyen de cette chair composée de vin et de pain, et il se mêle au corps des croyants, pour que cette union avec le corps immortel permette à l'homme de participer lui aussi à l'incorruptibilité. Tel est le bienfait qu'il accorde en transformant, par la vertu de la consécration, la nature des apparences en ce corps immortel. »
Pensez-y de cette façon: laissé à lui seul, le pain deviendrait avarié dans un laps de temps assez court et il deviendrait moisi et dégoûtant. Mais si vous mangez le pain, cela n'arrivera pas. En métabolisant le pain dans votre corps, vous le protégez de la corruption.
Mais nous sommes aussi tous destinés à la corruption, à moins d'être rachetés. Par l'Eucharistie, nous sommes «métabolisés » en Christ; et tout comme votre corps empêche le pain de se corrompre par la moisissure, ce métabolisme eucharistique dans le Corps du Christ nous préserve de la corruption éternelle.
Le cardinal Ratzinger arrive à la même conclusion, en utilisant les travaux de saint Augustin, dans une conférence qu'il a donnée sur l'Eucharistie en 2002:
D'un certain point de vue, les paroles concernant le pain sont encore plus impressionnantes. Il s'agit de la communion avec le corps du Christ, que Paul compare avec l'union de l'homme et de la femme (cf. 1 Co 6, 17sq; Ep 5, 26-32). Paul explique cela également d'un autre point de vue, lorsqu'il dit: c'est un seul et même pain, que nous recevons tous ici. Cela est vrai dans un sens très fort: le "pain" - la nouvelle manne que Dieu nous donne - est pour tous l'unique et même Christ.
C'est vraiment l'unique Seigneur, identique, que nous recevons dans l'Eucharistie, ou mieux: qui nous accueille et qui nous assume en lui. Saint Augustin a exprimé ce fait par un mot, qu'il a perçu dans une sorte de vision: mange le pain des forts, en effet, tu ne me transformeras pas en toi-même, mais je te transformerai en moi. Cela signifie que la nourriture corporelle que nous assumons est assimilée par le corps, elle devient un élément constitutif de notre corps. Mais ce pain est d'un autre genre. Il est plus grand et plus élevé que nous. Ce n'est pas nous qui l'assimilons, mais lui qui nous assimile, de sorte que nous devenons conformes au Christ et, d'une certaine façon - comme le dit Paul -, des membres de son corps, une seule chose en lui.
Cet article est une traduction personnelle d’un extrait de l’article « Pledge of Future Glory: The Eucharist as the Promise of Salvation » de Joe Heschmeyer.
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