Parabole du riche et de Lazare (Lc 16, 19-31)
19Il y avait un homme riche qui s'habillait de pourpre et de lin et qui, chaque jour, festoyait splendidement. 20Un pauvre, nommé Lazare, était couché à sa porte, couvert d'ulcères 21et désireux de se rassasier de ce qui tombait de la table du riche; et même, les chiens venaient lécher ses ulcères.
Bède le Vénérable
Le Sauveur venait d'exhorter à se faire des amis avec les richesses d'iniquité, et comme les pharisiens se moquaient de ses enseignements, il les confirme par l'exemple suivant: «Il y avait un homme riche», etc.
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Saint Jean Chrysostome
«Il y avait», et non: Il y a, car il a passé comme une ombre fugitive.
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Saint Ambroise
Toute pauvreté n'a pas le privilège de la sainteté, comme aussi toute richesse n'est pas nécessairement criminelle, mais de même que c'est la vie molle et sensuelle qui déshonore les richesses, c'est la sainteté qui rend la pauvreté recommandable.
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Bède le Vénérable
La pourpre est la couleur des habits des rois, on la tire de coquillages marins par une incision faite avec le fer. Ce que la Vulgate traduit par byssus est une espèce de lin très-blanc et très-doux.
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Saint Grégoire le Grand
Si la recherche des vêtements fins et précieux n'était pas coupable, le Sauveur n'aurait pas détaillé avec tant de soin ces diverses circonstances. En effet, on ne désire de luxe dans les vêtements, que par un motif de vaine gloire, pour obtenir plus de considération; car quel est celui qui voudrait se revêtir d'habits somptueux, s'il ne devait être vu par personne?
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Saint Jean Chrysostome
Cet homme recouvrait de pourpre et de soie, la cendre, la poussière et la terre, ou bien la cendre, la poussière et la terre portaient la pourpre et la soie. Sa table répondait à ses vêtements. Il en est ainsi de nous, telle est notre table, tels sont nos vêtements: «Et il faisait tous les jours une chère splendide».
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Saint Grégoire le Grand
Remarquons ici avec attention qu'il est presque impossible de faire fréquemment des festins sans se rendre coupable; car presque toujours la volupté est la compagne inséparable de ces festins, lorsque le corps est amolli par les plaisirs de la terre, le coeur s'abandonne lui-même à une joie déréglée.
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Saint Ambroise
Il semble que ce soit ici une histoire plutôt qu'une parabole, puisqu'il y a désignation précise du nom.
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Saint Jean Chrysostome
Dans la parabole, au contraire, on propose un exemple et on passe les noms sous silence. Le mot Lazare signifie qui est secouru ; en effet, il était pauvre et il avait Dieu pour soutien.
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Saint Cyrille
Ou encore ce récit du mauvais riche et de Lazare, est présenté sous forme de parabole, pour apprendre à ceux qui possèdent de grandes richesses, qu'ils encourront une sévère condamnation, s'ils refusent de secourir les nécessités des pauvres. Une tradition juive rapporte qu'il y avait alors à Jérusalem un homme nommé Lazare, accablé tout à la fois sous le poids de l'indigence et de la maladie, et c'est lui que Notre-Seigneur prend ici pour exemple pour donner plus de clarté à ses divins enseignements.
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Saint Grégoire le Grand
Remarquez encore que dans le peuple on connaît bien mieux le nom des riches que celui des pauvres; or Notre-Seigneur nous fait connaître ici le nom du pauvre et passe sous silence le nom du riche, pour nous apprendre que Dieu connaît et chérit les humbles, tandis qu'il ne connaît point les superbes. Une nouvelle épreuve venait s'ajouter à sa pauvreté, il était victime à la fois de la pauvreté et de la souffrance: «Il était couché à sa porte, couvert d'ulcères».
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Saint Jean Chrysostome
Il était couché devant la porte, afin que le riche ne pût dire: Je ne l'ai pas vu, personne ne m'en a parlé. Il le voyait donc toutes les fois qu'il entrait et sortait. Le Sauveur ajoute que ce pauvre était couvert d'ulcères pour faire ressortir par ce trait toute la cruauté du riche. O le plus malheureux des hommes, vous voyez votre corps dans celui de votre semblable, mourant et étendu à votre porte, et vous n'en avez aucune pitié ! Si vous êtes peu sensible aux commandements de Dieu, souvenez-vous au moins de votre condition, et craignez d'être un jour réduit à ce triste état. Mais encore la maladie trouve-t-elle quelque soulagement dans les richesses, quand elle les possède; qu'elle est donc grande la misère de ce pauvre, puisque couvert de tant de plaies, il oublie ses douloureuses souffrances pour ne se souvenir que de la faim qu'il éprouve: «Il désirait se rassasier des miettes qui tombaient de la table du riche», et semblait lui dire: Faites-moi l'aumône de ce que vous rejetez de votre table, et faites-vous un gain avec ce que vous perdez.
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Saint Ambroise
L'insolence et l'orgueil des riches se révèlent ici à des signes non équivoques: «Et personne ne lui en donnait». Les riches, en effet, sont si oublieux de leur condition, qu'ils s'imaginent être d'une nature supérieure, et trouvent dans la misère même des pauvres un nouveau stimulant pour leurs voluptés, ils se moquent du pauvre, ils insultent aux malheureux, et ils vont jusqu'à dépouiller ceux dont ils auraient dû prendre pitié.
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Saint Augustin
En effet, l'avarice des riches est insatiable, elle n'a ni crainte pour Dieu, ni égard pour les hommes, elle n'épargne pas son père, elle trahit les droits sacrés de l'amitié, elle opprime la veuve et s'empare des biens de l'orphelin.
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Saint Grégoire le Grand
Ajoutez que le pauvre voyait tous les jours le riche s'avancer, entouré d'un nombreux cortége de gens obséquieux, tandis qu'il était complètement délaissé dans son infirmité et dans son indigence, car une preuve évidente que personne ne venait le visiter, c'est que les chiens venaient paisiblement lécher ses ulcères: «Et les chiens venaient, ajoute le Sauveur, et léchaient ses ulcères».
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Saint Jean Chrysostome
Ces animaux compatissants viennent lécher ces plaies qu'aucun homme ne daignait laver et panser.
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Saint Grégoire le Grand
Dans un seul fait, Dieu exerce un double jugement. Il permet que le pauvre Lazare soit étendu devant la porte du riche, afin que ce riche impitoyable aggravât ainsi la sévérité de sa condamnation, et aussi pour que le pauvre augmentât ses droits à la récompense, car le premier voyait tous les jours celui dont il devait avoir pitié, et le second avait sans cesse sous les yeux ce qui faisait le sujet de son épreuve et de son mérite.
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22Or il arriva que le pauvre mourut, et il fut emporté par les anges dans le sein d'Abraham. Le riche aussi mourut, et on lui donna la sépulture. 23Dans l'enfer, il leva les yeux, en proie aux tourments, et il aperçut de loin Abraham, et Lazare dans son sein. 24Et il s'écria : " Père Abraham, aie pitié de moi, et envoie Lazare pour qu'il trempe dans l'eau le bout de son doigt et me rafraîchisse la langue, car je souffre dans cette flamme. " 25Abraham dit : " Mon enfant, souviens-toi que tu as reçu tes biens pendant ta vie, et pareillement Lazare ses maux. Maintenant il est consolé ici, et toi tu souffres. 26Et avec tout cela, entre nous et vous a été établi un grand abîme, de sorte que ceux qui voudraient passer d'ici vers vous ne le pourraient pas, et que [ceux] de là-bas ne traversent pas non plus vers nous. "
Saint Jean Chrysostome
Nous avons vu quel a été le sort de chacun d'eux sur la terre, voyons quel est maintenant leur sort dans les enfers. Tout ce qui était temporel est passé, les voici en face de l'éternité. Tous deux sont morts, l'un est reçu par les anges, l'autre ne rencontre que les supplices: «Or il arriva que le mendiant mourut, et il fut porté par les anges dans le sein d'Abraham», etc. De si grandes douleurs sont tout à coup changées en délices ineffables. Il est porté, parce que ses souffrances l'avaient épuisé, et pour lui épargner les fatigues de la marche; et il est porté par les anges. Ce n'est pas assez d'un seul ange pour porter ce pauvre, ils viennent en grand nombre, comme pour former un choeur d'allégresse et de joie, chacun d'eux est heureux de toucher un aussi précieux fardeau. Ils aiment à se charger de tels fardeaux pour conduire les hommes au ciel. Or, il fut porté dans le sein d'Abraham pour s'y reposer de ses longues souffrances. Le sein d'Abraham, c'est le paradis. Les anges devenus ses serviteurs, ont porté ce pauvre et l'ont déposé dans le sein d'Abraham, parce qu'au milieu du profond mépris dont il était l'objet sur la terre, il ne s'est laissé aller ni au désespoir ni au blasphème, en disant: ce riche, tout impie qu'il est, vit dans la joie et ne connaît pas la souffrance, tandis que je ne puis pas même obtenir la nourriture qui m'est nécessaire.
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Saint Augustin
Si vous croyez que le sein d'Abraham soit quelque chose de corporel, je crains que vous n'apportiez pas dans la discussion d'une question aussi importante, toute la gravité et le sérieux qu'elle demande. En effet, vous ferez-vous illusion à ce point de croire que le sein d'un seul homme (pris dans le sens matériel), puisse contenir un si grand nombre d'âmes, bien plus (suivant votre opinion), autant de corps que les anges y portent comme celui de Lazare, à moins que vous ne disiez que son âme est la seule qui ait mérité de parvenir jusqu'au sein d'Abraham? Si donc vous ne voulez point tomber dans une erreur puérile, entendez par le sein d'Abraham un lieu éloigné de ce monde, séjour tranquille et mystérieux, où se trouve Abraham, et qui porte le nom d'Abraham, non qu'il ne soit réservé qu'à lui seul, mais parce qu'il est le père d'un grand nombre de nations, et que Dieu l'a proposé à leur imitation comme le plus grand modèle de foi.
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Saint Grégoire le Grand
Tandis que ces deux coeurs (celui du pauvre et celui du riche étaient sur la terre), ils avaient dans les cieux un seul juge qui préparait le pauvre à la gloire par les souffrances, et qui supportait le riche en le réservant au supplice: «Le riche mourut aussi».
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Saint Jean Chrysostome
Il mourut de la mort du corps, car son âme était morte depuis longtemps, il ne faisait plus aucune des oeuvres auxquelles elle donne la vie, toute la chaleur que lui communique l'amour pour le prochain était complètement éteinte, et cette âme était plus morte que le corps.
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Saint Jean Chrysostome
Nous ne voyons pas que personne soit venu rendre à ce mauvais riche les devoirs de la sépulture comme à Lazare. Tant qu'il était heureux au milieu des jouissances de la voie large, il comptait un grand nombre de flatteurs complaisants, à peine a-t-il expiré, que tous l'abandonnent, car le Sauveur nous dit simplement: «Et il fut enseveli dans les enfers». Mais pendant sa vie même, son âme était comme ensevelie et écrasée dans son corps comme dans un tombeau.
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Saint Augustin
Cette sépulture dans l'enfer signifie cet abîme de supplices qui dévore après cette vie les orgueilleux et ceux qui ont été sans miséricorde.
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Saint Basile
L'enfer est un lieu immense situé dans les profondeurs de la terre, couvert de tous côtés d'épaisses ténèbres, dont l'ouverture donne dans un abîme profond, par où descendent les âmes condamnées aux supplices éternels.
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Saint Jean Chrysostome
De même que les prisons des rois sont en dehors des villes, ainsi l'enfer est placé en dehors du monde, et c'est pour cela qu'il est appelé «les ténèbres extérieures» ( Mt 8 Mt 22,13 Mt 25,30 ).
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Théophylactus
Il en est qui prétendent que l'enfer est le passage du visible à l'invisible, et la complète déformation de l'âme, car tant que l'âme du pécheur est dans son corps, elle est comme visible par ses opérations, mais dès qu'elle est sortie du corps, elle perd pour ainsi dire toute sa forme.
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Saint Jean Chrysostome
Le pauvre, pendant sa vie, trouvait un nouveau surcroît de souffrances dans son malheureux état, comparé aux jouissances et au bonheur dont il était témoin; de même ce qui ajoutait aux tourments du riche après sa mort, c'était d'être plongé dans les enfers et d'être témoin du bonheur de Lazare, de sorte que son supplice lui était intolérable, et par sa nature, et par la comparaison qu'il en faisait avec la gloire de Lazare: «Or levant les yeux, lorsqu'il était dans les tourments», etc.
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Saint Jean Chrysostome
Il élève les yeux pour le voir au-dessus et non au-dessous de lui; car Lazare était en effet au-dessus et lui au-dessous. Lazare avait été porté par les anges, et lui était en proie à des tourments infinis. Aussi Notre-Seigneur ne dit pas: Lorsqu'il était dans le tourment, mais «dans les tourments», car il était tout entier dans les tourments, il n'avait de libre que les yeux pour voir la joie de Lazare. Dieu lui laisse l'usage de ses yeux pour augmenter ses souffrances en le rendant témoin d'un bonheur dont il est privé, car les richesses des autres sont de véritables tourments pour les pauvres.
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Saint Grégoire le Grand
Or si Abraham n'était encore dans ces lieux inférieurs, le mauvais riche n'eût pu l'apercevoir du milieu des tourments; c'est qu'en effet, ceux qui avaient suivi les voies de la patrie céleste, étaient, au sortir de cette vie, retenus dans les enfers, non pas pour y être punis comme coupables, mais pour se reposer dans ce séjour mystérieux, jusqu'à ce que la rédemption du Médiateur vînt leur ouvrir l'entrée du royaume qui était fermé depuis la faute de nos premiers parents.
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Saint Jean Chrysostome
Il y avait sans doute parmi les pauvres beaucoup de justes, mais c'est celui qu'il a vu étendu à sa porte qui se présente à ses regards pour augmenter sa tristesse: «Et Lazare dans son sein».
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Saint Jean Chrysostome
Apprenons de là que ceux à qui nous aurons fait quelque injure s'offriront alors à nos regards. Or, ce n'est point dans le sein d'un autre, mais dans le sein d'Abraham que le mauvais riche voit Lazare, parce qu'Abraham était plein de charité, et que le mauvais riche est condamné pour sa cruauté. Abraham assis à sa porte recherchait les voyageurs pour les forcer d'entrer dans sa maison; le mauvais riche repoussait ceux-là même qui demeuraient à sa porte.
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Saint Grégoire le Grand
Voilà ce riche qui du milieu de ses tourments implore la protection de celui dont il n'a point daigné prendre pitié pendant sa vie.
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Théophylactus
Toutefois ce n'est point à Lazare, mais à Abraham qu'il adresse la parole, peut-être par un sentiment de honte, et dans la pensée que Lazare qu'il jugeait par lui-même se ressouvenait de ce qu'il avait souffert: «Et il lui cria».
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Saint Jean Chrysostome
La grandeur de ses souffrances lui arrachait ce grand cri: «Père Abraham», comme s'il lui disait: Je vous appelle mon père selon la nature, comme l'enfant prodigue qui a perdu tout son bien; bien que par ma faute j'ai perdu le droit de vous appeler mon père: «Ayez pitié de moi». C'est inutilement que vous exprimez ce repentir dans un lieu où la pénitence n'est plus possible; ce sont les souffrances qui vous arrachent cet acte de repentir, ce ne sont point les sentiments du coeur. Je ne sais d'ailleurs si un seul de ceux qui sont dans le royaume des cieux peut avoir pitié de celui qui est dans les enfers. Le Créateur a compassion de ses créatures. Il est le seul médecin qui puisse guérir efficacement leurs maladies, nul autre ne peut les en délivrer. «Envoyez Lazare». Infortuné, tu es dans l'erreur, Abraham ne peut envoyer personne, il ne peut que recevoir. «Afin qu'il trempe le bout de son doigt dans l'eau». Autrefois tu ne daignais pas même jeter les yeux sur Lazare, et maintenant tu réclames le secours de son doigt; tu devais au moins lorsque tu vivais lui rendre le service que tu demandes de lui; tu désires une goutte d'eau, toi qui autrefois voyais avec dégoût les mets les plus délicats. Voyez le jugement que la conscience du pécheur porte contre lui, il n'ose demander que Lazare trempe son doigt tout entier. Voilà donc le riche réduit à mendier le secours du pauvre, qui souffrait autrefois de la faim; les rôles sont changés, et chacun peut voir maintenant quel était le vrai riche, quel était le vrai pauvre. Dans les théâtres, quand vient le soir, et que les acteurs se retirent et quittent leur costume, ceux qu'on avait vus figurer sur la scène comme des généraux et des préteurs, se montrent à tous tels qu'ils sont dans toute leur misère. C'est ainsi que lorsque la mort arrive, et que le spectacle de la vie s'achève, tous les masques de la pauvreté et des richesses tombent, et c'est exclusivement d'après les oeuvres qu'on juge quels sont les vrais riches, quels sont les vrais pauvres, et ceux qui sont dignes de gloire ou d'opprobre.
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Saint Grégoire le Grand
Ce riche qui a refusé à ce pauvre couvert d'ulcères jusqu'aux miettes de sa table, précipité maintenant dans l'enfer, est réduit à mendier le plus léger secours; il mendie une goutte d'eau lui qui a refusé les miettes qui tombaient de sa table.
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Saint Basile
Ce riche reçoit le juste châtiment qui lui est dû, le feu et le supplice de l'enfer, une langue desséchée; les gémissements remplacent les sons harmonieux de la lyre; une soif brûlante l'usage des plus délicieuses boissons; d'épaisses ténèbres, les spectacles brillants et licencieux; le ver qui ne dort point les empressements assidus des flatteurs: «Pour me rafraîchir la langue, car je souffre cruellement dans cette flamme»
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Saint Jean Chrysostome
S'il souffre de si cruels tourments, ce n'est point parce qu'il était riche, mais parce qu'il a été sans pitié.
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Saint Grégoire le Grand
Apprenons de là quel châtiment est réservé à celui qui prend le bien d'autrui, puisque ce riche est condamné au feu de l'enfer pour n'avoir pas donné de ses propres biens.
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Saint Ambroise
Il souffre encore, parce que c'est un supplice pour l'homme sensuel d'être privé des jouissances de la vie; l'eau qu'il demande est le soulagement de toute âme accablée de douleurs.
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Saint Grégoire le Grand
Pourquoi au milieu de ses tourments, demande-t-il une goutte d'eau pour rafraîchir sa langue? parce que sa langue, par un juste châtiment, souffrait plus cruellement pour expier les excès de paroles qu'il avait commis au milieu de ses festins; c'est en effet dans les festins que les intempérances de la langue sont plus fréquentes.
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Saint Jean Chrysostome
Que de paroles orgueilleuses avait aussi proférées cette langue ! il est donc juste que le châtiment tombe sur le péché; et que la langue qui a été si coupable soit aussi plus sévèrement punie.
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Saint Augustin
Ou bien encore, cette demande qu'il fait d'une goutte d'eau pour rafraîchir sa langue, alors qu'il était tout entier au milieu des flammes, est l'accomplissement de ce qui est écrit: «La mort et la vie sont au pouvoir de la langue»; ( Pr 18,21 ) et encore: «Il faut confesser de bouche pour obtenir le salut», ( Rm 10,10 ) ce que son orgueil l'a empêché de faire. L'extrémité du doigt signifie la plus petite des oeuvres de miséricorde inspirée par l'Esprit saint. ( de l'ong. de l'âme, 4, 16). Vous dites que tous les membres de l'âme se trouvent ici décrits, parce qu'il est dit que le mauvais riche levait les yeux; ces yeux figurent la tête; la langue, la bouche et le doigt, la main tout entière. Mais comment se fait-il que ces noms de membres appliqués à Dieu ne vous fassent pas conclure qu'il ait un corps, tandis que vous tirez cette conclusion pour l'âme? Serait-ce parce qu'il faut les prendre à la lettre quand il s'agit de la créature, et dans un sens figuré et métaphorique, lorsqu'il est question du Créateur? Ainsi vous nous donnerez des ailes corporelles parce que la créature, c'est-à-dire l'homme, et non pas le Créateur, dit par la bouche du Psalmiste: «Si je prends mon vol (mes ailes) dès l'aurore» ( Ps 139,9 ). Or, si de ces paroles: «Pour rafraîchir ma langue», vous concluez que l'âme du mauvais riche avait dans l'enfer une langue corporelle, notre langue doit avoir aussi dans cette vie des mains corporelles, puisqu'il est écrit: «La mort et la vie sont dans les mains de la langue». ( Pr 18,21 ).
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Saint Grégoire de Nysse
De même que les miroirs les plus parfaits représentent fidèlement les formes des visages, tels qu'ils se placent devant eux, joyeux, s'ils sont dans la joie, tristes, s'ils sont dans la tristesse, ainsi le juste jugement de Dieu est la fidèle reproduction des dispositions de notre âme; le riche n'a eu aucune compassion du pauvre étendu à sa porte, il ne trouve à son tour aucune compassion, lorsqu'il aurait tant besoin de miséricorde: «Et Abraham lui dit: Mon fils».
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Saint Jean Chrysostome
Voyez la bonté du patriarche, il l'appelle son fils par un sentiment de tendresse et de douceur; mais cependant il n'accorde aucun secours à celui qui s'en est rendu indigne. «Souvenez-vous», lui dit-il, c'est-à-dire rappelez-vous le passé, n'oubliez pas que vous avez nagé au sein des délices, et que vous avez reçu les biens pendant votre vie, c'est-à-dire ce que vous regardiez comme les vrais biens; il est impossible que vous régniez ici après avoir régné sur la terre, les richesses ne peuvent avoir de réalité à la fois sur la terre et dans l'enfer: «De même que Lazare a reçu les maux». Ce n'est pas que Lazare les ait regardés comme des maux; Abraham parle ici d'après les idées du riche qui regardait la pauvreté, la faim, les souffrances de la maladie comme des maux extrêmes. Lors donc que la violence de la maladie nous accable, que la pensée de Lazare nous fasse supporter avec joie les maux de cette vie.
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Saint Augustin
Abraham fait donc cette réponse au mauvais riche, parce qu'il a mis toutes ses affections dans les jouissances de la terre, et n'a aimé d'autre vie que celle où il étalait tout le faste de son orgueil. Il ajoute que Lazare a reçu les maux, c'est-à-dire qu'il a compris que la fragilité des choses de cette vie, les travaux, les douleurs, les souffrances étaient la peine du péché, parce que nous mourons tous en Adam qui est devenu sujet à la mort par sa désobéissance.
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Saint Jean Chrysostome
Il dit encore au riche: «Vous avez reçu les biens dans cette vie», comme une chose qui vous était due. C'est-à-dire: Si vous avez fait quelque bien qui fût digne de récompense, vous avez reçu dans le monde tout ce qui vous revenait, des festins, des richesses, la joie qui accompagne une vie toujours heureuse et les grandes prospérités. Si au contraire Lazare a commis quelque faute, il a tout réparé par la pauvreté, la faim et l'excès des misères sous le poids desquelles il a gémi. Tous deux vous êtes arrivés ici nus et dépouillés, l'un de ses péchés, et c'est pour cela qu'il reçoit la consolation en partage, l'autre, de la justice, et c'est pourquoi vous subissez un châtiment qui ne pourra jamais être adouci: «Maintenant il est consolé; et vous, vous souffrez».
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Saint Grégoire le Grand
Si donc vous avez souvenir d'avoir fait quelque bien, et que ce bien ait été suivi de bonheur et de prospérité, craignez que ce bonheur ne soit la récompense du bien que vous avez fait; comme aussi lorsque vous voyez les pauvres tomber dans quelques fautes, pensez que le creuset de la pauvreté suffit pour purifier ceux qu'aurait pu souiller ce reste si léger de corruption.
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Saint Jean Chrysostome
Vous me direz: N'y a-t-il donc personne qui puisse être heureux et tranquille dans cette vie et dans l'autre? Non, c'est chose difficile et presque impossible; car si la pauvreté n'accable, c'est l'ambition qui tourmente; si la maladie ne déchire, c'est la colère qui enflamme; si l'on n'est point en butte aux tentations, on est en proie aux pensées mauvaises. Or, ce n'est pas un médiocre travail que de mettre un frein à la colère, d'étouffer les désirs criminels, d'apaiser les mouvements violents de la vaine gloire, de réprimer le faste et l'orgueil, et de mener une vie pénitente et mortifiée. C'est là cependant une condition indispensable du salut.
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Saint Grégoire le Grand
On peut encore répondre que les méchants reçoivent les biens en cette vie, parce qu'ils mettent toute leur joie dans ce bonheur passager; comme les justes peuvent avoir quelques biens en partage, mais sans les recevoir comme récompense, car comme ils aspirent à des biens meilleurs, c'est-à-dire aux biens éternels, ils n'estiment pas que les biens qu'ils peuvent recevoir ici soient de véritables biens.
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Saint Jean Chrysostome
Après la grâce de Dieu, c'est sur nos propres efforts que nous devons fonder l'espérance de notre salut, sans compter sur nos parents, sur nos proches, sur nos amis, car le frère même ne pourra racheter son frère ( Ps 49,8 ). C'est pour cela qu'Abraham ajoute: «De plus, entre nous et vous est creusé pour toujours un grand chaos».
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Théophylactus
Ce grand chaos signifie la distance immense qui sépare les justes des pécheurs; leurs affections sur la terre ont été bien différentes, leurs demeures après cette vie le sont également.
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Saint Jean Chrysostome
Il dit qu'un grand chaos a été comme affermi, parce qu'il ne peut être ni détruit, ni agité, ni ébranlé.
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Saint Ambroise
Un grand abîme existe donc entre le riche et le pauvre, parce qu'après la mort les mérites de chacun sont immuables: «De sorte que ceux qui voudraient passer d'ici à vous, ou de là venir ici, ne le peuvent pas».
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Saint Jean Chrysostome
Il semble dire: Nous pouvons vous voir, mais nous ne pouvons passer où vous êtes: nous voyons le danger que nous avons évité, et vous voyez le bonheur que vous avez perdu; notre joie est pour vous un surcroît de tourments, comme vos tourments, mettent le comble à notre joie.
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Saint Grégoire le Grand
De même que les réprouvés désirent passer du côté des élus, et quitter le séjour de leurs souffrances, ainsi les justes éprouvent intérieurement le désir d'aller vers ceux qui sont en proie à ces tourments indicibles et de les délivrer. Mais les âmes des justes, bien que la bonté de leur nature les rende accessibles à ce sentiment de la compassion, sont unies étroitement à la justice de leur auteur, et dominées par un tel sentiment de droiture et d'équité, qu'elles ne ressentent pour les réprouvés aucun sentiment de miséricorde. Ainsi donc, ni les méchants ne peuvent entrer dans le séjour des bons, retenus qu'ils sont par les chaînes d'une éternelle damnation, ni les justes ne peuvent passer du côté des réprouvés, parce que élevés à la hauteur de la justice des jugements de Dieu, ils ne peuvent éprouver pour eux aucun sentiment de compassion.
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Théophylactus
On peut tirer de ces paroles un des plus forts arguments contre les partisans d'Origène, qui prétendent que les supplices de l'enfer auront un terme, et qu'un temps arrivera où les pécheurs seront réunis aux justes et à Dieu.
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Saint Augustin
L'immutabilité de la sentence divine prouve jusqu'à l'évidence que les justes, quand ils le voudraient, ne pourront exercer aucun acte de miséricorde envers les pécheurs, et Dieu les avertit par là d'être utiles pendant cette vie à tous ceux qui pourr ont profiter de leurs bons offices, de peur que même après avoir été reçus dans les cieux, ils soient dans l'impuissance de porter secours à ceux qu'ils aiment; car ces paroles: «Afin qu'ils vous reçoivent dans les tabernacles éternels», ne s'appliquent ni aux superbes, ni aux âmes sans miséricorde, mais à ceux qui se sont fait des amis avec les oeuvres de la charité; et si les justes les reçoivent dans les tabernacles éternels, ce n'est point en vertu de leur propre pouvoir et comme s'ils les récompensaient d'eux-mêmes, mais en vertu d'une permission de Dieu.
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27Et il dit : " Je te prie donc, père, de l'envoyer à la maison de mon père, 28_ car j'ai cinq frères, _ pour leur attester (ces choses) de peur qu'ils ne viennent, eux aussi, dans ce lieu de tourment. " 29Abraham dit : " Ils ont Moïse et les prophètes : qu'ils les écoutent ! " 30Il dit : " Non, père Abraham; mais si quelqu'un de chez les morts va vers eux, ils se repentiront. " 31Il lui dit : " S'ils n'écoutent pas Moïse et les prophètes, même si quelqu'un ressuscitait d'entre les morts, ils ne seraient pas persuadés. "
Saint Grégoire le Grand
Lorsque le riche, tourmenté au milieu des flammes, a perdu toute espérance pour lui-même, sa pensée se reporte vers les proches qu'il a laissés sur la terre: «Et il dit: Je vous prie donc, père Abraham, d'envoyer Lazare dans la maison de mon père».
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Saint Augustin
Il demande qu'on envoie Lazare, parce qu'il comprend qu'il est indigne de rendre témoignage à la vérité, et comme il n'a pu obtenir le moindre rafraîchissement à ses souffrances, il espère beaucoup moins sortir des enfers pour aller faire connaître la vérité.
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Saint Jean Chrysostome
Voyez la perversité de cet homme, jusqu'au milieu de ses châtiments il ne peut reconnaître la vérité; si Abraham est vraiment ton père, comment dis-tu: «Envoyez-le dans la maison de mon père ?» Tu n'as donc pas oublié ton père, tu ne l'as pas oublié, quoiqu'il ait été la cause de ta perte.
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Saint Grégoire le Grand
Le supplice des réprouvés leur inspire quelquefois une charité stérile, et fait qu'ils sont portés alors d'un amour tout particulier pour leurs parents, eux qui, dans l'affection qu'ils avaient pour leurs péchés ne s'aimaient pas eux-mêmes, c'est ce qui lui fait dire: «Car j'ai cinq frères, afin qu'il leur atteste qu'ils ne viennent pas aussi eux-mêmes dans ce lieu de tourments».
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Saint Ambroise
Ce mauvais riche s'y prend trop tard pour commencer à instruire les autres, alors qu'il n'y a plus de temps ni pour apprendre, ni pour enseigner.
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Saint Grégoire le Grand
Remarquons ici quel surcroît de souffrances pour ce riche, que les flammes tourmentent si cruellement. Dieu lui laisse pour son supplice la connaissance et la mémoire. Il reconnaît Lazare, qu'il ne daignait pas regarder pendant s a vie, il se souvient de ses frères qu'il a laissés sur la terre, car pour ajouter aux peines que souffrent les pécheurs, Dieu permet qu'ils voient la gloire de ceux qui ont été l'objet de leur mépris et qu'ils souffrent du châtiment de ceux qu'ils ont aimés d'une amitié stérile. A la demande que fait le riche que Lazare soit envoyé, Abraham répond: «Ils ont Moïse et les prophètes, qu'ils les écoutent».
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Saint Jean Chrysostome
C'est-à-dire, votre sollicitude pour le salut de vos frères, n'est pas plus grande que celle de Dieu, qui les a créés et leur a donné des docteurs pour les instruire et les exciter au bien. Moïse et les prophètes, ce sont les écrits de Moïse et les oracles prophétiques.
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Saint Ambroise
Paroles par lesquelles Dieu montre jusqu'à la dernière évidence, que l'Ancien Testament est le ferme appui de notre foi, réprimant ainsi l'incrédulité des Juifs, et repoussant toutes les interprétations perverses des hérétiques.
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Saint Grégoire le Grand
Mais ce mauvais riche qui, pendant toute sa vie avait méprisé la parole de Dieu, croyait que ses parents n'en feraient pas plus de cas: «Et il dit: Non, père Abraham, mais si quelqu'un des morts va vers eux, ils feront pénitence».
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Saint Jean Chrysostome
Comme il n'avait que du mépris pour les Écritures, et qu'il les regardait comme des fables, il jugeait ses frères d'après ses propres sentiments.
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Saint Grégoire de Nysse
Ces paroles contiennent encore une autre leçon, c'est que l'âme de Lazare est dégagée de toute sollicitude pour les choses présentes, et n'a pas un regard pour ce qu'elle a quitté. Le riche, au contraire, même après la mort, est encore attaché à la vie charnelle comme avec de la glu, car celui dont l'âme se plonge dans les affections de la chair, reste esclave de ses passions, même lorsque son âme est séparée de son corps.
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Saint Grégoire le Grand
Abraham fait au mauvais riche cette réponse pleine de vérité: «S'ils n'écoutent point Moïse et les prophètes, quelqu'un des morts ressusciterait, qu'ils ne croiraient point»; parce qu'en effet, ceux qui méprisent les paroles de la loi, pratiqueront d'autant plus difficilement les préceptes du Rédempteur, qui est ressuscité des morts, qu'ils sont beaucoup plus sublimes.
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Saint Jean Chrysostome
Les Juifs sont une preuve que celui qui n'est point docile aux enseignements de l'Écriture, n'écouterait pas davantage un mort ressuscité à la vie, eux qui ont voulu tuer Lazare après sa résurrection et persécuté les Apôtres, bien qu'ils aient vu plusieurs morts ressuscités à l'heure du crucifiement (cf. Mt 27,52 ). Mais pour vous convaincre encore davantage que l'autorité des Écritures et des prophètes est d'un plus grand poids que le témoignage d'un mort ressuscité, remarquez qu'un mort quel qu'il soit est un serviteur, tandis que tout ce qu'enseignent les Écritures, c'est Dieu, même qui l'enseigne. Ainsi donc qu'un mort ressuscite, qu'un ange descende du ciel, les Écritures sont beaucoup plus dignes de foi, car c'est le Seigneur des anges, le maître des vivants et des morts qui en est l'auteur. D'ailleurs, si Dieu avait jugé que la résurrection des morts pourrait être utile aux vivants, il n'eût pas omis ce moyen de salut, lui qui se propose en tout notre utilité. Mais supposons de fréquentes résurrections de morts, on n'y ferait bientôt plus attention; le démon se servirait de ce moyen pour introduire des doctrines perverses en cherchant à imiter ce miracle par ses suppôts. Il ne pourrait sans doute ressusciter réellement les morts, mais il ferait illusion aux yeux des spectateurs par certains artifices, ou en exciterait quelques-uns à simuler une mort véritable.
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Saint Augustin
On me dira: Si les morts n'ont aucun souci des vivants, comment ce riche a-t-il pu prier Abraham d'envoyer Lazare vers ses cinq frères? Mais cette prière du riche suppose-t-elle nécessairement qu'il connût alors ce que faisaient ces frères ou ce qu'ils pouvaient souffrir? Il portait donc intérêt aux vivants, mais sans savoir aucunement ce qu'ils faisaient; de même que notre sollicitude s'étend aux morts, bien que nous ignorions complètement leur état actuel. On demande encore: Comment Abraham connaissait-il Moïse et les prophètes, c'est-à-dire leurs livres? comment avait-il pu savoir que le riche avait vécu dans les délices et Lazare dans les souffrances? Nous répondons qu'il put le savoir, non pendant leur vie, mais après leur mort, lorsque Lazare le lui eut appris, explication qui ne détruit pas la vérité de ces paroles du prophète: «Abraham ne nous a pas connus». ( Is 63,16 ). Les âmes des morts peuvent encore savoir quelque chose par le moyen des anges qui président aux choses d'ici-bas. L'esprit de Dieu peut enfin leur révéler, soit dans le passé, soit dans l'avenir, ce qu'il leur importe de connaître.
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Saint Augustin
Dans le sens allégorique, on peut voir dans ce riche la figure des Juifs orgueilleux, «qui ne connaissaient point la justice de Dieu, et s'efforçaient d'établir leur propre justice» ( Rm 10,3 ). La pourpre et le lin sont le symbole du royaume: «Le royaume de Dieu vous sera enlevé» ( Mt 21,43 ). Ces festins splendides, c'est l'ostentation de la loi dans laquelle ils se glorifiaient par orgueil et pour se faire valoir plutôt que de la faire servir à leur salut. Ce mendiant, du nom de Lazare qui signifie celui qui est assisté, représente la pauvreté des Gentils ou des publicains, qui obtiennent d'autant plus facilement du secours, qu'ils présument moins de leurs propres ressources.
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Saint Grégoire le Grand
Lazare, couvert d'ulcères, est la figure du peuple des Gentils, qui se convertit à Dieu et ne rougit pas de confesser ses péchés; sa peau est couverte de blessures, car qu'est-ce que la confession des péchés, qu'une rupture de nos blessures intérieures? Lazare, tout couvert d'ulcères, «désirait se rassasier des miettes qui tombaient de la table du riche, et personne ne lui en donnait», parce que ce peuple orgueilleux ne daignait admettre aucun Gentil à la connaissance de la loi, et qu'il laissait tomber les paroles de cette science comme les miettes de sa table.
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Saint Augustin
Les chiens qui venaient lécher les ulcères du pauvre, figurent ces hommes profondément corrompus, dévoués au mal, qui ne cessent de louer à bouche ouverte les oeuvres d'iniquité qui sont l'objet des gémissements et des regrets publics de ceux qui les ont commises.
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Saint Grégoire le Grand
Quelquefois dans les saintes Écritures, les chiens représentent les prédicateurs, selon ces paroles du Psalmiste: «La langue de tes chiens s'abreuvera du sang de tes ennemis» ( Ps 68,24 ; cf. Is 56,10 ). En effet, la langue des chiens guérit les blessures qu'elle lèche, ainsi les saints docteurs, par les instructions qui suivent la confession de nos péchés, touchent pour ainsi dire avec leur langue les blessures de notre âme. Le riche a été enseveli dans les enfers, Lazare, au contraire, a été porté par les anges dans le sein d'Abraham, c'est-à-dire, dans ce séjour mystérieux de repos, dont la vérité a dit: «Beaucoup viendront de l'Orient et de l'Occident, et aur ont place avec Abraham, Isaac et Jacob dans le royaume des cieux, tandis que les enfants du royaume seront jetés dans les ténèbres extérieures». C'est de loin que le riche lève les yeux pour voir Lazare, parce que c'est du fond de l'abîme où ils souffrent les peines dues à leurs péchés, que les infidèles aperçoivent au-dessus d'eux, jouissant d'un repos ineffable, les fidèles dont après le jugement dernier, ils ne pourront plus contempler le bonheur. C'est de loin qu'ils les aperçoivent, parce qu'ils ne peuvent y atteindre par leurs mérites. C'est surtout dans sa langue que le riche endure de plus vives souffrances, parce que ce peuple infidèle avait toujours à la bouche les paroles de la loi qu'il dédaignait de mettre en pratique. Il sera donc plus cruellement tourmenté dans sa langue qui manifestait à tous qu'il savait parfaitement ce qu'il refusait de pratiquer. Abraham l'appelle son fils, bien qu'il ne le délivre pas de ses tourments, parce que les ancêtres de ce peuple infidèle n'ont aucune compassion pour arracher au supplice ceux qu'ils reconnaissent bien comme étant leurs enfants, mais qui ont en si grand nombre abandonné les exemples de leur foi.
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Saint Augustin
Les cinq frères que le riche dit avoir dans la maison de son père, figurent les Juifs qui sont au nombre de cinq, parce qu'ils étaient soumis à la loi qui a été donnée par Moïse (cf. Jn 1,17 Jn 7,19 ), et renfermée dans les cinq livres qu'il a écrits.
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Saint Jean Chrysostome
Ou bien ce riche avait cinq frères, c'est-à-dire, les cinq sens dont il était l'esclave; aussi ne pouvait-il aimer Lazare, parce que ses frères n'aiment pas la pauvreté. Ce sont ces frères qui t'ont précipité dans ces tourments, ils ne peuvent être sauvés s'ils ne meurent, autrement il est nécessaire que les frères habitent avec leur frère. Mais pourquoi demandes-tu que j'envoie Lazare? Ils ont Moïse et les prophètes. Moïse a été lui-même pauvre comme Lazare, lui qui a estimé que la pauvreté de Jésus-Christ était un plus grand trésor que toutes les richesses de l'Égypte ( He 12 ), Jérémie, jeté dans un lac, y fut nourri du pain de la tribulation ( Jr 38,9-10 ). Tous ces prophètes sont là pour enseigner tes frères, mais ils ne peuvent être sauvés qu'autant que quelqu'un ressuscite des morts, car ces frères, avant la résurrection de Jésus-Christ, me conduisaient à la mort; il est mort, mais ces frères sont ressuscités, et maintenant mes yeux voient Jésus-Christ, mes oreilles l'entendent, mes mains peuvent le toucher. Ce que nous venons de dire est la condamnation des marcionites et des manichéens, qui ne veulent point admettre l'Ancien Testament. Voyez ce que dit Abraham: «S'ils n'écoutent pas Moïse et les prophètes», etc., paroles qui signifient: Vous faites bien d'attendre celui qui doit ressusciter des morts, mais c'est Jésus-Christ lui-même qui vous parle par la bouche des prophètes, et si vous les écoutez, c'est lui-même que vous écoutez.
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Saint Grégoire le Grand
Mais comme le peuple juif a refusé d'entendre dans le sens spirituel les paroles de Moïse, il n'a pu parvenir à celui que Moïse avait prédit et annoncé.
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Saint Ambroise
On peut encore donner à cette histoire cet autre sens: Lazare est pauvre dans ce monde, mais il est riche aux yeux de Dieu. En effet, toute pauvreté n'est pas sainte, comme toute possession des richesses n'est pas nécessairement criminelle, c'est la vie molle et sensuelle qui déshonore les richesses, comme c'est la sainteté qui rend la pauvreté honorable. Ou bien encore, Lazare, c'est tout homme apostolique qui est pauvre par la parole et riche par la foi, qui s'attache à la vraie foi et ne recherche pas les vains ornements de la parole. Je comparerai cet homme à celui qui, souvent frappé de verges par les Juifs, offrait pour ainsi dire, à lécher aux chiens les ulcères de son corps ( 2Co 11,24 ; cf. Dt 25,2-3 ). Heureux ces chiens qui ont léché les gouttes de sang qui découlait de ces plaies et qui remplit ainsi la bouche et le coeur de ceux qui doivent garder la maison, veiller sur le troupeau et le défendre contre les loups. Et co mme le pain est la figure de la parole, et que la foi vient de la parole, les miettes de pain représentent certaines vérités de la foi, c'est-à-dire les mystères des Écritures. Les Ariens, qui recherchent avec tant d'empressement l'appui de la puissance royale pour attaquer la vérité de l'Église, ne vous paraissent-ils pas comme revêtus de pourpre et de fin lin? Comme ils prêchent l'erreur et le mensonge en place de la vérité, ils multiplient leurs pompeux discours. C'est ainsi que la riche hérésie a composé je ne sais combien d'évangiles, tandis que la foi pauvre s'en est tenu au seul Évangile qu'elle a reçu de Dieu. La riche philosophie s'est fait plusieurs dieux, et l'Église pauvre n'a reconnu et adoré qu'un seul Dieu. Ces richesses ne vous semblent-elles pas être une véritable indigence, et cette indigence une véritable richesse ?
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Saint Augustin
Ce récit peut encore recevoir une autre interprétation. Lazare serait la figure du Seigneur, étendu à la porte du riche, parce que les humiliations de son incarnation l'ont abaissé jusqu'aux oreilles superbes des Juifs. Il désirait se rassasier des miettes qui tombaient de la table du riche, c'est-à-dire, qu'il demandait aux Juifs les plus petites oeuvres de justice qui ne fussent pas enlevées par leur or gueil à sa table, c'est-à-dire à sa puissance, et qu'ils pussent au moins pratiquer, sinon sous l'influence d'une vie constamment vertueuse, au moins de temps en temps et par hasard, comme les miettes qui tombent de la table. Les ulcères, ce sont les blessures du Seigneur, les chiens qui venaient les lécher, ce sont les Gentils, que les Juifs regardaient comme immondes, et qui, cependant par tout l'univers, goûtent avec une pieuse suavité les plaies du Seigneur dans le sacrement de son corps et de son sang. Le sein d'Abraham, c'est le secret du Père, où Jésus-Christ est monté après sa résurrection; il y a été porté par les anges, parce que ce sont les anges qui ont annoncé à ses disciples ( Mt 28,7 Mc 16,7 Lc 24,9 ) qu'il était remonté dans le sein du Père. L'interprétation que nous avons donnée plus haut peut s'appliquer au reste du récit, car le sein de Dieu peut très-bien s'entendre du lieu où (même avant la résurrection) les âmes des justes vivent dans la société de Dieu.
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Je voudrais vous remercier pour ce site extrêmement riche!
RépondreEffacerJe cherchais depuis longtemps un pareil site, mais en vain. Autrefois, il y a près de 50 ans, j’avais lu et médité un ouvrage en plusieurs volumes d’un Père Franciscain, intitulé plus ou moins « L’Évangile médité avec les Pères ». Mais je n’ai pu retrouver le nom de l’Auteur, et partant pas davantage l’ouvrage. Ce site compense d’une certaine manière cette perte.
Concernant l’Évangile de ce dimanche 29 septembre, je voudrais signaler une erreur probablement mécanique : les 10 premiers commentaires patristiques n’ont aucun rapport avec l’Evangile de Lazare et du riche. Ils commentent visiblement le passage suivant des Synoptiques : Mt 12, 46-50 = Mc 3, 31-35 = Lc 8, 19-21. Je signale cela à toutes fins utiles. Et merci encore!
Père Samir Khalil SAMIR, SJ (Egypte-Liban)
Vous avez tout à fait raison. Je viens de corriger le problème qui était en fait un problème de programmation sur mon site l'Évangile avec les Pères. C'était bel et bien les commentaires de Luc 8,19-21 qui s'affichaient aussi en Luc 16,19-21, comme vous l'aviez remarqué.
RépondreEffacerMerci de cette contribution.
Si vous ne l'avez pas déjà fait, vous pouvez consulter l'outil qui présente tous les Évangiles avec les commentaires des Pères : http://www.LesEvangilesAvecLesPeres.com/
RépondreEffacerMerci Miguel pour ce renseignement. Entretemps, j'ai trouvé l'ouvrage que je cherchais depuis longtemps: Père Th.-Mannés Thiriet, OP, L'Evangile médité avec les Pères (5 vol.) 1905-1906. On le trouve aussi en ligne.
EffacerPère Samir Khalil SAMIR, SJ