La dualité État laïque et Religion

Voici un excellent texte de Mgr Lépine sur la laïcité :

Les discussions concernant l’État laïque (séculier) et la religion sont importantes car elles 
concernent la démocratie et la dignité de toute personne. Dans une société il y a toujours deux 
écueils à éviter : la théocratie et le culte de l’État.

La société elle-même n’est pas laïque, elle est pluraliste (voir le document de l’Assemblée des 
évêques catholiques du Québec : Catholiques dans un Québec pluraliste). Par contre l’État est 
laïque, maintenant, est-ce une laïcité (sécularité) ouverte ou fermée ? 

Théocratie ou culte de l’État. La théocratie c’est la religion qui s’accapare du politique, le culte 
de l’État c’est le politique qui instrumentalise la religion ou un système de valeurs. 
Notre démocratie se veut pluraliste, la société est composée de différentes communautés 
religieuses et philosophiques, parcourue par différents courants de pensée. On peut y voir un 
progrès lorsqu’il n’y a pas de religion qui s’impose ou de culte de l’État qui domine, une société 
où la liberté religieuse, de croire ou de ne pas croire, est respectée. La liberté religieuse inclut la 
liberté de ne pas croire en Dieu, car l’athéisme lui-même est une forme de foi en la matière ou 
en l’être humain, qui s’exprime à travers différents courants. Tout être humain cherche à 
répondre à la question du sens de la vie, et cette réponse concerne la liberté de conscience, 
qu’elle soit d’ordre religieux, agnostique ou athée. Ainsi la liberté religieuse concerne tout 
ensemble de croyances et de valeurs, et une absence de liberté religieuse pourrait vouloir dire 
une forme d’athéisme imposée à travers le culte de l’État, non seulement au détriment du 
religieux mais aussi d’autres formes de croyance. 

La laïcité fermée à la religion conduit au culte de l’État car lorsque celui-ci s’en fait le promoteur
il n’a de cesse de s’opposer à la dimension publique de la religion. La laïcité fermée cherche à 
inculquer aux gens que cette vie est l’unique vie et que l’être humain ne doit pas espérer 
d’autre chose que la vie présente, quelle que soit sa soif d’absolu. Quelqu’un, en tant 
qu’individu peut bien le penser, une association peut bien chercher à répandre cette vision, 
mais si l’État se met au service d’une telle vision, on est revenu à la case départ. 2 
On a voulu une société où une religion ne s’impose pas, on aboutit à un État qui impose sa 
philosophie, son système de valeurs et son discours sur les religions. Ce faisant l’État agit en 
prétendant constituer la totalité de la vie et concourt à la perte du sens de Dieu et à la 
destruction de la transcendance, réduisant la religion à un phénomène culturel à décrire. 
Ce qui est en jeu ici c’est non seulement la liberté religieuse mais l’être humain lui-même qui est 
dépouillé de sa véritable grandeur d’être créé à l’image de Dieu et qui se retrouve impuissant 
devant l’État qui s’arroge le pouvoir de décider ce qui est bien et ce qui est mal, sans référence à 
un ensemble de valeurs morales qui transcendent l’État. La laïcité fermée à la religion peut bien 
exister comme courant de pensée, mais si elle s’accapare du politique ou si le politique 
l’instrumentalise, elle devient une religion d’État qui s’impose avec ses croyances. 
La laïcité ouverte à la religion, qui respecte les religions comme elle respecte les différentes 
formes d’athéisme et d’agnosticisme, renvoie les gens à leur propre liberté et responsabilité, à 
leur propre recherche et conscience. 

Les actes intérieurs et extérieurs de la religion, privés et publics, ne peuvent être ni imposés ni 
empêchés. La liberté religieuse revient aux personnes prises individuellement et lorsqu’elles 
agissent en commun. 

L’État laïque est ici un État ouvert à la liberté de religion, et la liberté de religion se manifeste 
dans le respect d’une adhésion libre à Dieu avec toutes ses implications. 

Ici la dualité État et Religion devient une force car elle maintient au centre l’être humain dans sa 
dignité, s’engageant selon sa conscience dans la famille, le travail et la société en même temps 
qu’ouvert à Dieu et à la transcendance des valeurs morales. 

Laïque n’a pas à vouloir dire sans Dieu ou contre Dieu, il signifie l’engagement dans le monde 
qui a sa propre autonomie tout en ayant la liberté d’être inspiré par Dieu et animé par les 
grandes valeurs universelles exprimées dans les commandements de Dieu qui reflètent la 
vocation de l’être humain. L’athée et l’agnostique eux-mêmes gagnent à une telle liberté car 
une vie est toujours en chemin. La démocratie pluraliste ne peut qu’en profiter car en tenant 
ensemble État laïque ouvert et liberté de religion elle se protège des absolutismes qui 
emprisonnent les personnes et qui ferment l’avenir.

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