Foi et oeuvres : Une réflexion sur Romains 3

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Dans la discussion théologique autour de la justification par la foi, Romains 3, 28 est souvent au centre du débat : « Car nous estimons que l'homme est justifié par la foi, sans les œuvres de la loi. » Cette déclaration de Paul semble, à première vue, suggérer que les œuvres ne jouent aucun rôle dans le salut. Cependant, une analyse plus approfondie des écrits de Paul, et des Écritures en général, révèle une compréhension plus nuancée de la relation entre foi et œuvres.

Foi et amour incarné

Lorsqu'il parle de la « foi sans les œuvres de la loi », Paul ne rejette pas l'importance de l'amour incarné et tangible. En réalité, il ne fait pas une distinction entre la foi et l'esprit de la loi, qui est l'amour de Dieu et du prochain, mais plutôt entre la foi et la lettre de la loi. Il serait absurde de comprendre Paul comme disant que « l'homme est sauvé par la foi sans la charité », surtout quand il élève la charité comme la plus grande des vertus, comme il le fait en 1 Corinthiens 13, 13 : « Maintenant donc ces trois choses demeurent : la foi, l'espérance et la charité ; mais la plus grande de ces choses, c'est la charité. »

La nature opérative de la foi

La foi, selon Paul, n'est pas seulement une disposition mentale positive envers Christ, mais elle inclut un élément pratique sans lequel on ne peut pas dire qu'on le suit véritablement. La charité, lorsqu'elle n'est pas exprimée, perd son sens. Ainsi, la foi doit être opérative, incarnée, et refléter la nature de celui qui la donne. Réduire la foi à une simple affirmation mentale de vérités théologiques est une déformation qui trouve son origine dans le gnosticisme et s'oppose à l'économie de salut de Dieu, qui est fondamentalement incarnée.

La foi salvifique et la charité

Une foi véritable a une dimension morale opérative ; elle agit par l'amour. Selon l'Apôtre Paul, c'est cette foi qui importe vraiment : « Car, en Jésus-Christ, ce qui a de la valeur, ce n'est ni la circoncision ni l'incirconcision, mais la foi qui est agissante par la charité. » (Galates 5, 6). La foi sans amour n'est pas une foi salvifique. Comme l'exprime Jacques dans son épître, « la foi sans les œuvres est morte » (Jacques 2, 26).

La justification et les oeuvres

Il est essentiel de distinguer la position catholique de celle de nombreuses traditions protestantes sur la question des œuvres et du salut. La position catholique affirme que les œuvres sont essentielles pour le salut. Paul, en Romains 2, 6-7, dit clairement : « Dieu rendra à chacun selon ses œuvres ; à ceux qui, par la persévérance à bien faire, cherchent l'honneur, la gloire et l'immortalité, il donnera la vie éternelle. » En un certain sens, la vie éternelle est donc une récompense pour les bonnes œuvres, faites en Christ, avec lui et par lui (Romains 11, 36).

Conclusion

Pour comprendre pleinement la relation entre la foi et les œuvres, il est crucial de lire les Écritures dans leur ensemble et de saisir le contexte global de l'enseignement de Paul. La foi authentique, celle qui sauve, est inséparable de l'amour et des œuvres. Elle ne se réduit pas à un simple assentiment intellectuel, mais s'incarne dans une vie de charité active. C'est cette foi, vivante et opérative, que Paul et Jacques mettent en avant, chacun à leur manière, comme le chemin vers la justification et le salut.

En somme, la foi chrétienne est une foi vivante, une foi qui se manifeste par des actions concrètes d'amour et de service, une foi qui, pour être véritablement salvifique, doit toujours être accompagnée de la charité.

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