
Comment aborder la question du mal et de la souffrance?

Lorsque nous discutons de l’existence de Dieu avec des non-croyants, la question de l’existence du mal et de la souffrance revient souvent comme contre-argument. Même si cette objection est courante, il est facile de passer à côté de ce que nous demande vraiment notre interlocuteur, si on ne prend pas le temps de bien distinguer le fond de son interrogation.
Dans son livre « On guard », le Dr W.L. Craig regroupe les objections sur le mal et la souffrance en 3 versions. Les deux premières sont d’ordre intellectuel et la troisième est d’ordre émotionnel. En voici une brève présentation.
1. La version logique (intellectuelle)
La version logique se résume ainsi : si Dieu est bon et tout-puissant, comment peut-il laisser des gens souffrir? Cette version est appelée version logique, car on tente ici de démontrer une incompatibilité logique entre l’existence de Dieu et de la souffrance.
Ce qu’il faut alors faire pour répondre à cette objection est de montrer que l’existence de la souffrance n’est pas nécessairement incompatible avec l’existence Dieu. Par exemple, il pourrait y avoir des raisons pour lesquelles Dieu permet la souffrance, même s’il pourrait l’éliminer. Dans ce cas, seulement le fait de démontrer que c’est une possibilité permet de répondre à l’objection dans cette version.
2. La version évidentialiste (intellectuelle)
La version évidentialiste aussi une version logique, mais qui est moins radicale que la précédente. On peut la résumer ainsi : étant donné la présence d’autant de souffrance, il est alors très improbable que Dieu existe. Ce n’est donc pas ici la revendication d’une incompatibilité absolue, mais celle d’un argument probabiliste.
Si on utilise la même approche pour l’objection logique précédente pour cet argument, on va passer à côté de l’objection. Ici, démontrer une compatibilité entre l’existence de Dieu et celle de la souffrance n’est pas suffisant, car l’argument en lui-même est plus modeste et requiert donc une réponse plus affinée.
Ce qu’il faut alors faire, c’est d’aider notre interlocuteur à prendre conscience de deux réalités :
- Nous ne sommes pas en position de pouvoir évaluer si Dieu semble avoir de bonnes raisons de permettre la souffrance, à cause de nos limites de compréhension et de perception de l’ensemble de l’œuvre du monde.
- Puisqu’on parle ici d’argument de probabilité, nous devons alors tenir aussi compte des autres arguments sur l’existence de Dieu. L’objection de la souffrance est la seule objection défendable contre l’existence de Dieu. Cependant, comme il y aussi de nombreux arguments en faveur de l’existence de Dieu, la probabilité de son existence est alors plus probable que son inexistence.
3. La version émotionnelle
La version émotionnelle non seulement la plus difficile à adresser et peut aussi être la plus difficile à repérer. Nous avons souvent tendance à rationaliser nos émotions. Une personne peut venir vers vous avec une affirmation qui correspond aux versions logiques vues ci-haut, mais elle peut-être en réalité attristée ou en colère à cause de sa propre souffrance ou celle d’un être aimé. La personne peut s’exprimer ainsi : « Pourquoi Dieu me fait-il autant souffrir? » ou « Mon enfant ne mérite pas ça. Il n’a rien fait de mal ».
Je crois que si vous tentez de répondre à cela avec ce que nous avons vu pour les deux dernières versions logiques, vous allez sembler froid, indifférent ou même à la limite sans cœur. Et cela même si ce n’est pas ce que vous ressentez. Si une personne vient vers vous en vous posant des questions qui ressemblent aux versions logiques de l’objection et qu’il y a de la colère ou de la tristesse dans sa voix ou ses yeux, vous savez alors que c’est à la version émotionnelle que vous avez probablement affaire.
Le plus important, c’est alors de savoir écouter la personne, de sympathiser et de compatir avec elle. De leur offrir votre aide. Comme le problème n’est pas ici logique, ce ne sont pas tant les explications que vous donnerez, mais le soutien et l’amour que vous lui apporterez qui « répondront » à son objection.
Si cette personne vous semble ouverte au message de l’Évangile, vous pouvez aussi alors lui dire que le Christ aussi a souffert, afin que soient vaincues, une fois pour toutes, toutes souffrances dans la vie éternelle qu’il nous offre tous de partager avec lui. Que lui seul est la réponse au mal à et la souffrance qu’elle cherche.
« Seigneur à qui irions-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle » Jean 6, 68
dieuMarieviergeordre
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