Ce dimanche: Sermon sur la montagne. Le sel de la terre et la lumière du monde (Mt 5, 13-16)

3Vous êtes le sel de la terre; mais si le sel s'affadit, avec quoi le salera-t-on? Il n'est plus bon à rien qu'à être jeté dehors pour être foulé aux pieds par les hommes. 
Saint Hilaire
Il nous faut ici chercher le sens propre des mots, et nous le trouverons dans la mission des apôtres, et dans la nature du sel. Le sel qui est d'un usage universel chez tous les peuples, communique l'incorruptibilité à tous les corps sur lesquels on le répand, et il est très propre à faire ressortir dans toutes choses leur saveur cachée. Or les apôtres sont les prédicateurs des choses célestes, et ils répandent sur toutes choses le sel de l'éternité. C'est à juste titre qu'ils sont appelés le sel de la terre, parce que la vertu de leur doctrine, comme un sel divin conserve les corps pour l'éternité.
Saint Rémi
Le contact de l'eau, la chaleur du soleil, le souffle du vent, donnent au sel une autre nature ; ainsi les hommes apostoliques ont reçu une naissance toute spirituelle et ont été changés en d'autres hommes par l'eau du baptême, par le souffle de l'Esprit saint et par le feu de la charité. On peut dire encore que la sagesse céleste prêchée par les Apôtres, absorbe les humeurs des oeuvres charnelles, fait disparaître l'odeur infecte et la corruption d'une mauvaise vie et le ver des pensées impures dont le prophète a dit : « Leur ver ne meurt pas. » (Is66, 24)
Saint Rémi
Les Apôtres sont le sel de la terre, c'est-à-dire des hommes terrestres qui sont appelés terre, parce que toute leur affection est pour la terre. ».Jér. Ou bien encore les Apôtres sont appelés le sel de la terre, parce que c'est par eux que le genre humain est conservé.
Saint Rémi
Sous l'ancienne loi, on ne pouvait offrir aucun sacrifice sans l'avoir assaisonné de sel, ce qui signifiait que personne ne peut offrit un sacrifice agréable à Dieu sans avoir en lui la saveur de la sagesse divine. 
Saint Hilaire
Cependant comme l'homme est sujet au changement, après avoir appelé les Apôtres le sel de la terre, il leur apprend qu'ils doivent conserver la vertu de la puissance qui leur a été confiée, en ajoutant : « Si le sel perd sa force, avec quoi pourra-t-on le saler ? »
Saint Jérôme
C'est-à-dire si un docteur tombe dans l'erreur, par quel autre docteur pourra-t-il être repris ?
Saint Augustin
Et si vous, qui devez être comme l'assaisonnement des peuples, vous perdez le royaume des cieux par la crainte des persécutions temporelles, quels seront les hommes qui pourront vous guérir de vos erreurs ? Une autre version porte : « Si le sel est devenu insipide et comme insensé », et elle signifie qu'il faut regarder comme des insensés, ceux qui par la recherche trop vive des biens temporels, ou par la crainte d'en être dépouillés, perdent les biens éternels que les hommes ne peuvent ni donner ni enlever.
Saint Hilaire
Or si les docteurs devenus insensés cessent d'avoir la vertu du sel, et si ne possédant plus le sens du goût qu'ils avaient reçu, ils ne peuvent rendre la vie à ce qui est corrompu, ils deviennent inutiles comme l'ajoute le Sauveur : « Il ne vaut plus rien qu'à être jeté dehors et foulé aux pieds par les hommes. »
Saint Jérôme
Cet exemple est emprunté à l'agriculture. Le sel ne sert absolument qu'à dessécher les viandes et à assaisonner les aliments. Aussi nous voyons dans l'Écriture le sel semé par la colère des vainqueurs sur des villes détruites, afin qu'aucune semence ne pût y fructifier.
La Glose
Lorsque ceux qui sont placés à la tête des autres viennent à faillir, ils ne sont bons qu'à être jetés dehors et privés du pouvoir d'enseigner.
Saint Hilaire
Il ne suffit pas même qu'ils soient chassés de l'office de l'Église, il faut qu'ils soient foulés aux pieds des passants.
Saint Augustin
Ce n'est pas celui qui souffre persécution qui est foulé aux pieds par les hommes, mais celui à qui la crainte de la persécution fait perdre le sens. On ne peut être foulé aux pieds que lorsqu'on est placé au-dessous. Or on n'est jamais au-dessous de personne, bien que le corps soit en butte sur la terre à de mauvais traitements, lorsque par le coeur on habite dans le ciel.
14Vous êtes la lumière du monde : une ville, située au sommet d'une montagne, ne peut être cachée. 15Et on n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais sur le chandelier, et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. 16Qu'ainsi votre lumière brille devant les hommes, afin que, voyant vos bonnes œuvres, ils glorifient votre Père qui est dans les cieux. 
Saint Augustin
Par le monde, il faut entendre ici non pas le ciel et la terre, mais les hommes qui habitent le monde, ou ceux qui aiment le monde, et vers lesquels les Apôtres ont été envoyés pour les éclairer.
Saint Hilaire
 La nature de la lumière c'est d'émettre sa clarté partout où elle est portée, et de forcer les ténèbres à disparaître de nos demeures sous l'influence d'un jour bienfaisant. Or le monde placé en dehors de la connaissance de Dieu était enveloppé dans les ténèbres de l'ignorance, et c'est par les Apôtres qu'il a été inondé de la clarté de la science, que la connaissance de Dieu lui est devenue plus certaine, et ils ont répandu à flots la lumière partout où ils ont porté leurs corps faibles et mortels.
Saint Rémi
Semblable au soleil qui lance ses rayons de toutes parts, le Seigneur, vrai soleil de justice, a dirigé ses Apôtres contre les ténèbres qui couvraient le genre humain tout entier.
Saint Jérôme
Les Apôtres auraient pu se dérober par la crainte aux persécutions qui les menaçaient, Jésus-Christ veut qu'ils se produisent en toute liberté, et il leur apprend avec quelle assurance ils doivent prêcher l'Évangile : « Une ville placée sur une montagne ne peut être cachée. »
Saint Augustin
Ou bien elle est située sur une montagne, parce qu'elle est assise sur une justice éminente, figurée par la montagne du haut de laquelle le Seigneur fait entendre sa parole.
Saint Hilaire
Cette cité peut encore signifier la chair dont le Sauveur s'est revêtu, car en s'unissant ainsi à notre nature, il renferme en lui la totalité du genre humain et nous-mêmes par la participation de sa chair nous devenons les habitants de cette ville. Or Jésus-Christ ne peut demeurer caché, placé qu'il est sur les hauteurs incommensurables de la divinité, et offert à l'admiration du genre humain par les oeuvres merveilleuses qu'il opère.
Saint Augustin
Mais que veulent dire ces paroles :« On ne la place pas sous le boisseau ? » Signifient-elles seulement qu'il ne faut point cacher cette lampe, comme s'il disait, ou n'allume pas une hampe pour la cacher ? Ou bien le mot boisseau a-t-il une signification particulière ? Placer la lampe sous le boisseau ne serait-ce pas préférer les avantages temporels à la prédication de la vérité ? On place donc la hampe sous le boisseau, toutes les fois qu'on obscurcit et qu'on couvre la lumière d'une saine doctrine sous les nuages des biens temporels. Le boisseau est une figure très juste de ces biens du corps, soit à cause de la récompense qui sera donnée avec mesure, puisque chacun recevra ce qu'il aura mérité pendant qu'il était revêtu de son corps (2 Co 5, 10), soit parce que ces biens qui ont le corps pour objet et pour instrument, ont aussi le temps pour mesure de leur existence passagère figurée par le boisseau, tandis que les choses spirituelles et éternelles ne sont pas renfermées dans ces étroites limites. Or on place la lumière sur le chandelier, quand on assujettit son corps au ministère de la parole, de manière que la prédication de la vérité occupe le premier rang, et les soins du corps la dernière place. Car cet assujettissement du corps donne à la doctrine un nouvel éclat qui la fait pénétrer dans l'âme des disciples, à l'aide du concours que les bonnes oeuvres du corps viennent donner à la voix.
Saint Hilaire
Ou bien c'est la synagogue que le Seigneur compare au boisseau, parce que, gardant sans les distribuer les fruits qu'elle a reçus, elle ne contenait d'ailleurs qu'une certaine mesure de perfection.
Saint Ambroise
Que personne donc ne renferme sa foi dans les bornes étroites de la loi mosaïque, mais qu'il en fasse part à l'Église où brille la grâce de l'Esprit qui possède les sept dons.
Bède le Vénérable
Ou bien c'est le Christ lui-même qui allume le flambeau lorsqu'il a rempli de la flamme de sa divinité la lampe de terre de notre nature, lampe qu'il ne veut cacher à aucun de ceux qui croient en lui, ni placer sous le boisseau (c'est-à-dire sous la mesure de la loi), ni resserrer dans les limites d'un seul peuple. Le chandelier sur lequel il a placé la lumière c'est l'Église, parce qu'il a marqué sur nos fronts la foi en son Incarnation.
Saint Hilaire
Ou bien cette lampe du Christ placée sur le chandelier, c'est cette lampe suspendue par sa Passion au bois de la croix et qui doit répandre son éternelle clarté sur tous ceux qui font partie de l'Église ; c'est pour cela qu'il ajoute : « Afin qu'elle brille aux yeux de tous ceux qui sont dans la maison. »
Saint Augustin
Rien ne s'oppose à ce que, par cette maison, on entende l'Église ; ou bien encore cette maison c'est le monde lui-même, comme sembleraient l'indiquer ces paroles : « Vous êtes la lumière du monde. »
Saint Hilaire
Le Sauveur avertit ses apôtres qu'ils doivent briller d'une lumière si vive qu'en admirant leurs bonnes oeuvres les hommes en rendent gloire à Dieu : « Que votre lumière luise devant les hommes, afin qu'ils voient vos bonnes oeuvres. »
Saint Augustin
S'il avait dit seulement : « Afin qu'ils voient vos bonnes oeuvres, » il aurait paru leur assigner pour fin les louanges des hommes que recherchent les hypocrites ; mais il ajoute : « Afin qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux ; » il ne veut donc pas qu'en étant agréable aux hommes, on place dans leur estime la fin de ses bonnes oeuvres, mais qu'on les rapporte à la gloire de Dieu, en un mot qu'on ne cherche à plaire aux hommes qu'afin que Dieu en soit glorifié.
Saint Hilaire
Ce n'est pas qu'il nous faille rechercher la gloire qui vient des hommes (car toutes nos actions doivent être faites pour la gloire de Dieu), mais tout en nous cachant ce qui nous est personnel dans nos bonnes oeuvres, nous ne devons pas laisser de briller pour l'édification de ceux au milieu desquels nous vivons.

Commentaires

Formulaire de contact

Nom

Courriel *

Message *