Le Concile de Constantinople II (553) : La confirmation des décisions précédentes et la condamnation des « Trois Chapitres »
Le Concile de Constantinople II, qui s'est tenu en 553, est le cinquième concile œcuménique de l'Église catholique. Convoqué par l'empereur Justinien Ier et présidé par le patriarche de Constantinople, ce concile avait pour principal objectif de clarifier et de défendre la doctrine chrétienne contre les controverses théologiques persistantes qui menaçaient l'unité de l'Église, notamment celles liées aux écrits connus sous le nom des "Trois Chapitres". Le concile réaffirma également les enseignements des précédents conciles œcuméniques, en particulier ceux de Nicée, Constantinople I, Éphèse et Chalcédoine.
Contexte historique et théologique
Le Concile de Constantinople II fut convoqué dans un contexte de fortes tensions théologiques et politiques. Après le Concile de Chalcédoine (451), l'Église demeurait divisée entre ceux qui acceptaient les définitions chalcédoniennes de la double nature du Christ (pleinement Dieu et pleinement homme) et les monophysites, qui rejetaient cette doctrine, considérant qu'elle mettait trop l'accent sur la dualité des natures du Christ.
Pour tenter de réconcilier les factions chalcédoniennes et non chalcédoniennes (monophysites) et renforcer l'unité de l'Empire romain chrétien, l'empereur Justinien Ier promulgua en 544 un édit condamnant les "Trois Chapitres". Ces trois chapitres faisaient référence à trois écrits ou auteurs théologiques jugés suspects d'être en contradiction avec les enseignements chalcédoniens :
- Les écrits de Théodore de Mopsueste, qui contenaient des éléments perçus comme nestoriens.
- Certains écrits de Théodoret de Cyr, qui critiquaient le Concile d'Éphèse et Cyrille d'Alexandrie.
- La lettre d'Ibas d'Édesse à Maris, qui semblait approuver les doctrines nestoriennes.
L'édit de Justinien, qui condamna les "Trois Chapitres", visait à apaiser les monophysites sans pour autant rejeter le Concile de Chalcédoine. Cependant, cette mesure créa une controverse supplémentaire parmi les défenseurs chalcédoniens, qui voyaient dans cette condamnation une remise en question de l'autorité de Chalcédoine.
Pour résoudre cette crise et confirmer l'orthodoxie chrétienne, l'empereur Justinien convoqua le Concile de Constantinople II en 553.
Les décisions du Concile
Le Concile de Constantinople II rassembla environ 165 évêques, principalement de l'Orient chrétien. Ce concile eut pour principale tâche d'examiner et de juger les "Trois Chapitres". Après de longs débats, les pères conciliaires confirmèrent la condamnation des écrits et des auteurs incriminés, tout en réaffirmant l'autorité des conciles précédents, notamment celui de Chalcédoine.
Les décisions du Concile de Constantinople II furent les suivantes :
- Condamnation des "Trois Chapitres" : Le concile déclara que les écrits de Théodore de Mopsueste, certains écrits de Théodoret de Cyr, et la lettre d'Ibas d'Édesse étaient contraires à la foi orthodoxe et les condamna comme étant incompatibles avec la doctrine définie par le Concile de Chalcédoine. Ces textes étaient jugés porteurs de nuances nestoriennes qui diviseraient excessivement la personne du Christ.
- Réaffirmation de l'enseignement de Chalcédoine : Bien que les "Trois Chapitres" soient condamnés, le Concile de Constantinople II réaffirma la validité et l'autorité du Concile de Chalcédoine (451) et de sa définition dogmatique sur les deux natures du Christ, divine et humaine, unies sans confusion ni séparation en une seule personne.
- Clarification de la théologie trinitaire et christologique : Le concile profita également de cette occasion pour condamner diverses hérésies persistantes qui menaçaient l'unité doctrinale de l'Église, y compris certaines interprétations du nestorianisme et du monophysisme.
- Reconnaissance de l'autorité de l'évêque de Rome : Le concile reconnut l'autorité du pape Vigile, qui initialement avait résisté à la condamnation des "Trois Chapitres" avant de finalement accepter les conclusions du concile.
Importance et impact du Concile de Constantinople II
Le Concile de Constantinople II eut une importance significative pour l'Église et la doctrine chrétienne. En condamnant les "Trois Chapitres", le concile tenta de trouver un compromis pour apaiser les tensions entre les chalcédoniens et les monophysites, sans pour autant compromettre l'intégrité des décisions dogmatiques des conciles précédents. En réaffirmant la foi orthodoxe tout en rejetant les éléments perçus comme hérétiques, le concile travailla à préserver l'unité de l'Église et la pureté de sa doctrine.
Cependant, les décisions du concile ne réussirent pas complètement à atteindre l'objectif d'unité souhaité par Justinien. Certaines Églises d'Orient rejetèrent les conclusions du concile, et la controverse autour des "Trois Chapitres" alimenta encore plus les tensions entre les différentes factions chrétiennes, en particulier en Occident.
Le concile eut aussi des conséquences durables sur la relation entre l'Église d'Orient et celle d'Occident. Le pape Vigile, qui s'était initialement opposé à la condamnation des "Trois Chapitres", fut contraint par l'empereur Justinien de se soumettre aux décisions du concile, ce qui engendra des tensions avec certaines Églises occidentales qui voyaient cela comme une ingérence impériale dans les affaires ecclésiastiques.
Représentation et actualité de Constantinople II aujourd'hui
Aujourd'hui, le Concile de Constantinople II est principalement rappelé pour son rôle dans la clarification et la défense de la doctrine de l'Église face aux hérésies christologiques qui continuaient de diviser les chrétiens. En réaffirmant la pleine divinité et l'humanité du Christ et en condamnant les interprétations qui menaçaient cette vérité, le concile a renforcé l'engagement de l'Église à maintenir la foi orthodoxe définie par les conciles précédents.
Le Concile de Constantinople II est aussi un exemple de la complexité des débats théologiques et des tensions politiques qui ont marqué l'histoire de l'Église. Il rappelle que la recherche de l'unité dans la vérité peut être un chemin ardu, nécessitant patience, discernement et fidélité à l'Esprit Saint.
Pour les chrétiens d'aujourd'hui, ce concile est un témoignage de l'importance de défendre la foi contre les malentendus et les erreurs tout en cherchant à maintenir l'unité de l'Église. En étudiant les enseignements de Constantinople II, nous sommes invités à approfondir notre compréhension de la personne du Christ, vrai Dieu et vrai homme, et à continuer de témoigner de cette vérité dans notre monde contemporain.
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