L'Église catholique ne ressemble pas à l'Église primitive...
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| Steve Jobs et Steve Wozniak |
Une partie de la réponse est qu’il y a là une double exagération. L'Église primitive était beaucoup plus hiérarchique et institutionnelle que les chrétiens modernes ne sont prêts à l’admettre. En même temps, l'Église moderne est beaucoup moins hiérarchique et institutionnelle que ce qui est souvent imaginé. Par conséquent, vous pouvez vous retrouver à tenter de contraster une Église primitive imaginaire avec une église moderne imaginaire. S’il en est ainsi, le meilleur remède est alors peut-être simplement de lire les écrits des premiers chrétiens directement. Vous pouvez trouver une multitude de ressources sur le site de Patristique, sur le site des Pères de l’Église ou ailleurs sur le web. Elles devraient rapidement dissiper l'idée que l'Église primitive était une sorte de commune, ou que sa théologie, son ecclésiologie ou son culte était plus proche du protestantisme moderne que du catholicisme moderne. En même temps, le fait d’explorer l'Église catholique moderne avec un cœur ouvert devrait vous faire reconsidérer l'idée qu'elle est hyper-hiérarchique et autoritaire.
Néanmoins, il y a aussi là un noyau de vérité. L'Église catholique moderne a vraiment l’air différente de l'Église des premiers siècles. Vous chercheriez en vain pour trouver un « Cardinal » au premier siècle, encore moins un « directeur musical » ou une « équipe de développement web ». Devrions-nous revenir en arrière et larguer tous les changements et les développements des deux millénaires intermédiaires? Certainement pas.
Au lieu de cela, voici cinq illustrations provenant des Écritures pour lesquelles nous devrions remercier Dieu que l'Église d'aujourd'hui nous semble différente de celle d’hier:
1- La parabole de la graine de moutarde
Dans Matthieu 13, Jésus raconte une série de paraboles pour décrire le Royaume des Cieux. L'une des plus célèbres est la parabole de la graine de moutarde:
" Le royaume de cieux est semblable à une graine de moutarde, qu'un homme a prise et a semée dans son champ. C'est la plus petite de toutes les semences; mais, lorsqu'il a poussé, il est plus grand que les plantes potagères et devient un arbre, de sorte que les oiseaux du ciel viennent nicher dans ses branches. " (Matthieu 13, 31-32)
C'est un message assez clair. Jésus est en train de « planter » Son Église avec un petit groupe de disciples, si petits qu'ils passent d'abord inaperçus au monde extérieur. Et pourtant, il leur fait savoir que ce ne sera pas toujours ainsi: parce que c'est Son Royaume, ils passeront du plus petit au plus grand. Et c'est exactement ce qui est arrivé. Il y a environ un 1,25 milliard de catholiques en ce moment, avec environ 900 millions de protestants et 225-300 millions d’orthodoxes. Nous sommes le plus grand arbuste sur la terre, et nous n’avons toujours pas terminé notre croissance.
Mais demandez-vous ceci: est-ce qu’un plant de moutarde adulte ressemble à la même chose que lorsqu’il était seulement une graine? Comment devrait-il toujours ressembler à une graine?
2- La parabole du levain
Immédiatement après la parabole de la graine de moutarde, Jésus offre une parabole tirée de la vie courante pour arriver à la même conclusion (Matthieu 13, 33): « Le royaume des cieux est semblable au levain qu'une femme prit et mélangea dans trois mesures de farine, jusqu'à ce que le tout eût fermenté ». Encore une fois, nous voyons que le Royaume est d'abord si petit qu'il est « caché » dans le monde qui l'entoure. Et pourtant, il fera fermenter le monde entier. La levure, au premier abord, est imperceptible, mais rapidement, ce n'est plus le cas. Elle fait sentir sa présence, croissant et se transformant, tout comme elle transforme son environnement. Voilà l'histoire du christianisme : d'une petite secte persécutée au sein de l'Empire romain, à la religion de l'Empire, à la plus grande religion sur Terre.
3- La Grande Commission
À la fin de l'évangile de Matthieu, Jésus donne à ses apôtres quelques instructions cruciales :
Et Jésus s'approchant leur parla ainsi : " Toutes puissance m'a été donnée dans le ciel et sur la terre. Allez donc, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous toujours jusqu'à la fin du monde. " (Matthieu 28, 18-20)
À l'époque où il a donné cette commission, l'Église est entièrement composée de Juifs provenant d'un petit coin de l'Empire romain. Afin d'être fidèles au Christ, les Apôtres ne peuvent pas geler l'Église à ce moment dans l'histoire. En effet, l'Écriture ne regarde pas favorablement les judaïsants, qui ont résisté à laisser les païens entrer dans l'Église - même si ceux-ci, comme les critiques modernes de l'Église, pouvaient légitimement dire que cela donnerait à l'Église un aspect différent qu'elle avait auparavant.
Cette mission universelle a révolutionné le visage de ce à quoi l’Église ressemblait depuis le jour 1 (littéralement). À la Pentecôte, saint Pierre prêche à un groupe de « Partes, Mèdes, Elamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, du Pont et de l'Asie, de la Phrygie et de la Pamphylie, de l'Égypte et des contrées de la Libye Cyrénaïque, Romains résidants (ici), tant Juifs que prosélytes, Crétois et Arabes, nous les entendons dire dans nos langues les merveilles de Dieu. » (Actes 2, 9-11). Ce jour-là, 3000 de ces auditeurs se firent baptiser (Actes 2, 41) dans une Église qui avait seulement 120 membres ce matin-là (Actes 1, 15).
4- Tout à tous
L'un des défis de la grande commission est certainement la façon de présenter l'Évangile dans des contextes culturels radicalement différents. Saint Paul en a discuté dans 1 Corinthiens :
Car, quoique libre à l'égard de tous, je me suis fait le serviteur de tous, afin d'en gagner un plus grand nombre. Avec les Juifs, j'ai été comme Juif, afin de gagner les Juifs; avec ceux qui sont sous la Loi, comme si j'étais sous la Loi (quoique je ne sois pas assujetti à la Loi), afin de gagner ceux qui sont sous la Loi; avec ceux qui sont sans la Loi, comme si j'étais sans la Loi, (quoique je ne sois pas sans la loi de Dieu, étant sous la loi du Christ), afin de gagner ceux qui sont sans loi. Je me suis fait faible avec les faibles, afin de gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous afin de les sauver tous. Je fais tout à cause de l'Évangile, afin d'y avoir part (1 Corinthiens 9, 19-23).
La présentation de l'Évangile sera donc différente d’un groupe à un autre. Paul ne dit pas les Juifs et les Gentils doivent abandonner totalement leurs cultures au profit d’une certaine culture chrétienne homogène. Au contraire, l’Évangile s’adapte à elles, autant qu'il en est capable. Ceci est une pratique courante de l’Église et en effet, dans les endroits où les missionnaires ont tenté d'imposer la culture européenne au côté du christianisme, les résultats ont souvent été désastreux. Mais comme vous pouvez l'imaginer, le christianisme indien pourrait ne pas ressembler au christianisme congolais, qui pourrait ne pas ressembler au christianisme suédois. Chacun d'entre eux va être différent (au moins dans certains aspects externes) à partir de ce que les Apôtres ont expérimenté.
Encore une fois, cela n'est pas un bogue du christianisme. C’est une de ses caractéristiques. Le christianisme est un message universel de salut pour tous les peuples. Car après tout, toutes les nations sont appelées à être chrétiennes.
5- La Parabole des talents
Comme dernier passage de l’Écriture à examiner, nous considérerons la parabole des talents (Matthieu 25, 14-30). Le Maître donne 5 talents au premier serviteur, 3 talents au second et un talent au troisième. Les deux premiers investissent fidèlement leurs talents et produisent d'énormes rendements. Dans les deux cas, leurs investissements sont doublés. Le Maître répond à chacun de ces hommes : « Bien, serviteur bon et fidèle; en peu tu as été fidèle, je te préposerai à beaucoup; entre dans la joie de ton maître » (Matthieu 25, 21.23). Le troisième enterre son talent. Il fait en sorte que le talent ne pousse ou ne change aucunement et il le redonne inchangé au Maître en disant: « le voici, avec ce qui est à vous » (Matthieu 25, 25). Le Maître répond: « Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne où je n'ai pas semé, et que je recueille où je n'ai pas répandu; il te fallait donc porter mon argent aux banquiers, et, à mon retour, j'aurais repris ce qui est mien avec un intérêt » (Matthieu 25, 26-27).
En fin de compte, cette question est pour l'Église. Allons-nous enterrer nos talents pour essayer de faire en sorte que l'Église est toujours l’air de la même chose dans un siècle comme elle ressemblait il y a un siècle? Ou allons-nous tenter d'être fidèle à la grande Commission que nous avons reçu par Jésus-Christ?
Conclusion
Je me souviens d'Apple Computers. En fonction de qui vous croyez, Apple a commencé dans la chambre de Steve Wozniak ou dans le garage de Steve Jobs. Peu importe, on peut dire qu’ils ont commencé petits. Mais ils n’ont pas commencé petits pour demeurer dans leur garage pour toujours. Ils ont commencé petits pour révolutionner l'industrie et pour ensuite changer le monde. La fidélité à cette mission signifiait que leur entreprise serait appelée considérablement à grandir et à changer: comment ne le pourrait-il pas? Personne ne suggère sérieusement que Apple devrait encore opérer entièrement d'une chambre ou d'un garage.
Il en est ainsi de l'Église: Jésus a fondé une très petite Église, mais il envoie cette Église pour sortir et de transformer le monde, promettant que l'Église va considérablement croître (comme une plante à croissance rapide ou le levain dans le pain) pour devenir la plus grande religion sur Terre. Les Apôtres ne se sont pas faire dire d’attendre et de regarder le ciel jusqu’au retour du Christ (Actes 1, 10-11). On leur a dit de se mettre au travail et ils l'ont fait. Voilà pourquoi l'Église est différente aujourd'hui qu'elle ne l’était hier.
Aucune Église ou confession sur la terre aujourd'hui ne ressemble à l'Église apostolique du premier siècle. Et c’est normal. En fait, c'est super, car si nous étions demeurés les mêmes aujourd'hui que nous étions alors, cela voudrait dire que le christianisme aurait stagné et que l'Évangile n’aurait pas été le levain du monde.
Au lieu de cela, on nous a promis quelque chose de mieux. On ne nous a pas promis une Église qui ressemblerait à l'Église du premier siècle. On nous a promis une Église qui est l'Église du premier siècle devenue adulte. Si cela ne vous dérange pas, voici encore un dernier exemple. Dans vingt ou trente ans, vous pourriez ne pas ressembler beaucoup à ce que vous ressemblez aujourd'hui. Vous pourriez même avoir un fils ou une fille qui ressemble davantage à vous en 2016 que vous-même en 2036. Mais cela ne change rien. Votre fils ou votre fille n’est pas vous. Vous l’êtes. Vous avez simplement grandi.
Voilà. Certains groupes évangéliques et non-dénominationnels cherchent à imiter l'Église primitive pour essayer de ressembler à l'Église du premier siècle. Nous, les catholiques, nous ne nous soucions pas trop de cela, à la fois parce que ce ne sont pas les instructions du Christ et parce que nous sommes déjà cette Église.
Cet article est une traduction personnelle de l’article « The Catholic Church Doesn’t Look Like the Early Church? Good » de Joe Heschmeyer.
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