Ils célébraient l’Eucharistie: Témoignages divers

2e siècle
Au surplus, comment auront-ils la certitude que le pain eucharistié est le corps de leur Seigneur, et la coupe, son sang, s'ils ne disent pas qu'il est le Fils de l'Auteur du monde, c'est-à-dire son Verbe, par qui le bois "fructifie", les sources coulent, "la terre donne d'abord une herbe, puis un épi, puis du blé plein l'épi Mc 4,27-28"? 5 Comment encore peuvent-ils dire que la chair s'en va à la corruption et n'a point part à la vie, alors qu'elle est nourrie du corps du Seigneur et de son sang? Qu'ils changent donc leur façon de penser, ou qu'ils s'abstiennent d'offrir ce que nous venons de dire ! Pour nous, notre façon de penser s'accorde avec l'eucharistie, et l'eucharistie en retour confirme notre façon de penser. Car nous lui offrons ce qui est sien, proclamant d'une façon harmonieuse la communion et l'union de la chair et de l'Esprit: car de même que le pain qui vient de la terre, après avoir reçu l'invocation de Dieu, n'est plus du pain ordinaire, mais eucharistie, constituée de deux choses, l'une terrestre et l'autre céleste, de même nos corps qui participent à l'eucharistie ne sont plus corruptibles, puisqu'ils ont l'espérance de la résurrection... (Iréné de Lyon, Contre les Hérésies Liv.4, 18, 4)
Vains, de toute manière, ceux qui rejettent toute l'"économie" de Dieu, nient le salut de la chair, méprisent sa régénération, en déclarant qu'elle n'est pas capable de recevoir l'incorruptibilité. S'il n'y a pas de salut pour la chair, alors le Seigneur ne nous a pas non plus rachetés par son sang Ep 1, 7, la coupe de l'eucharistie n'est pas une communion à son sang et le pain que nous rompons n'est pas une communion à son corps 1Co 10, 16. Car le sang ne peut jaillir que de veines, de chairs et de tout le reste de la substance humaine, et c'est pour être vraiment devenu tout cela que le Verbe de Dieu nous a rachetés par son sang, comme le dit son Apôtre: "En lui nous avons la rédemption par son sang, la rémission des péchés Ep 1,7." Et parce que nous sommes ses membres 1Co 6,15; Ep 5,30 et sommes nourris par le moyen de la création - création que lui-même nous procure, en faisant lever son soleil et tomber la pluie selon sa volonté Mt 5,45, la coupe, tirée de la création, il l'a déclarée son propre sang Lc 22,20; 1Co 11,25, par lequel se fortifie notre sang, et le pain, tiré de la création, il l'a proclamé son propre corps Lc 22,19; 1Co 11,24, par lequel se fortifient nos corps. (Iréné de Lyon, Contre les Hérésies 5, 2, 2)
Si donc la coupe qui a été mélangée et le pain qui a été confectionné reçoivent la parole de Dieu et deviennent l'eucharistie, c'est-à-dire le sang et le corps du Christ, et si par ceux-ci se fortifie et s'affermit la substance de notre chair, comment ces gens peuvent-ils prétendre que la chair est incapable de recevoir le don de Dieu consistant dans la vie éternelle Jn 4,10-14 alors qu'elle est nourrie du sang et du corps du Christ et qu'elle est membre de celui-ci, comme le dit le bienheureux Apôtre dans son épître aux Éphésiens: "Nous sommes les membres de son corps, formés de sa chair et de ses os Ep 5,30"?(..) ensuite, moyennant le savoir-faire, ils viennent en l'usage des hommes, puis, en recevant la parole de Dieu, ils deviennent l'eucharistie, c'est-à-dire le corps et le sang du Christ -, de même nos corps qui sont nourris par cette eucharistie, après avoir été couchés dans la terre et s'y être dissous, ressusciteront en leur temps, lorsque le Verbe de Dieu les gratifiera de la résurrection "pour la gloire de Dieu le Père Ph 2,11 ": car il procurera l'immortalité à ce qui est mortel et gratifiera d'incorruptibilité ce qui est corruptible 1Co 15, 53, parce que la puissance de Dieu se déploie dans la faiblesse 2Co 12, 9. (Iréné de Lyon, Contre les Hérésies Liv.5, 2, 3)
Mange ma chair, [Jésus], et boit mon sang. Le Seigneur nous donne ces intime nutriments, il livre sa chair et il verse son sang, et rien ne manque à la croissance de ses enfants "(Clément d’Alexandrie, L'instructeur des enfants 1:6:43:3).
3e siècle
Certes, il suffirait à la chair que nulle âme ne pût absolument obtenir le salut à moins de croire, pendant qu'elle est dans la chair: tant il est vrai que la chair est la base du salut. Enfin, quand l'âme est enrôlée au service de Dieu, c'est la chair qui la met à même de recevoir cet honneur. C'est la chair en effet qui est lavée pour que l'âme soit purifiée; la chair sur laquelle on fait les onctions pour que l'âme soit consacrée; la chair qui est marquée du signe sacré pour que l'âme soit fortifiée; la chair qui est couverte par l'imposition des mains pour que l'âme soit illuminée par l'esprit; la chair enfin qui se nourrit du corps et du sang de Jésus-Christ, pour que l'âme s'engraisse de la substance de son Dieu. Elles ne peuvent donc être séparées dans la récompense, puisqu'elles sont associées dans le travail. (Tertullien, La Résurrection des Morts 8).
Autrefois le baptême était “ en énigme ” dans la nuée et la mer ; maintenant la régénération s'opère “ en réalité ” “ dans l'eau et dans l'Esprit Saint ”. Autrefois la manne était une nourriture “ en énigme ”, maintenant la chair du verbe de Dieu est la vraie nourriture “ en réalité ”, comme le prouve Sa parole : “ Ma chair est vraiment une nourriture et Mon sang est vraiment un breuvage ”. (Jn 6, 56) "(Origène, Homélies sur Nombres 7, 2).
Nous disons Notre Père, parce que Dieu est le père des croyants, de même nous disons notre pain, parce que le Christ est notre nourriture, à nous qui mangeons son corps. Or, nous demandons que ce pain nous soit donné chaque jour; car notre vie est dans le Christ, et l’Eucharistie est notre nourriture quotidienne. Écoutez sa parole : « Je suis le pain de vie descendu du ciel. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement, et le pain que je lui donnerai c’est ma chair que je livre pour le salut du monde ». (Jn 6, 51) D’après cette parole, il est évident que ceux qui mangent le pain eucharistique et reçoivent dans la communion le corps du Sauveur vivent éternellement. Par la suite, en s’éloignant du corps de Jésus-Christ, on doit craindre de s’éloigner de la voie du salut. D’ailleurs, la parole du maître est formelle ... « si vous ne mangez la chair du fils de l’homme et si vous ne buvez son sang, vous n’aurez pas la vie en vous » (Jn 6, 53). Ainsi donc nous réclamons notre pain quotidien, c’est-à-dire le Christ, afin que nous, dont la vie est dans le Christ, nous demeurions toujours unis à sa grâce et à son corps sacré. (Saint-Cyprien, 4e traité sur La prière du Seigneur chap. 18)
4 siècle
La réalité de sa chair et de son sang ne laisse de place à aucune ambiguïté, et selon l’enseignement du Seigneur en personne, et selon notre foi, il s’agit d’une chair véritable et d’un sang véritable. Lorsque nous les recevons et que nous les absorbons, ces substances nous mettent dans le Christ et mettent le Christ en nous. (Hilaire de Poitiers, traité sur La Trinité 8, 14)
Quand nous allons recevoir le corps du Christ - celui qui a la foi le comprend - et que nous laissions tomber un fragment à terre, nous nous mettons en danger . (Saint Jérôme, In Ps 147, 14)
Lorsque tu t’avances, ne marche pas les mains grandes ouvertes devant toi, les doigts écartés, mais fais de ta main gauche un trône pour la main droite qui doit recevoir le Roi, puis recourbe en creux la paume de celle-ci et prends possession du Corps du Christ en disant : « Amen ». Alors, avec le plus grand soin, sanctifie tes yeux par le contact du corps sacré et consomme-le… Puis attends la prière et remercie Dieu qui t’as honoré de ses mystères ». Puis, nous supplions le Dieu philanthrope d’envoyer l’Esprit Saint sur les dons ici déposés, pour faire le pain corps du Christ, et le vin sang du Christ ; car tout ce que touche l’Esprit Saint, cela devient sanctifié et transformé. «Sois vigilant pour ne rien perdre du corps du Seigneur. Si jamais tu laissais tomber quelque chose, tu devrais le regarder comme un membre de ton propre corps que to aurais taillé. Dis-moi, je t'en prie, si quelqu'un te donnait des pépites d'or, ne le garderais-tu pas par hasard avec la plus grande précaution et le plus grand soin, attentif à ne rien perdre? Ne devrais-tu pas soigner avec une attention et une vigilance encore plus grande le corps du Seigneur, afin que rien, pas même une parcelle, ne tombe à terre, puisque ce corps est infiniment plus précieux que l'or et les pierres précieuses ? (St Cyrille de Jérusalem , Cath Myst, 5, 21 (PG 33, 1125)
Puisque le Verbe a dit : Ceci est mon corps, acceptons-le, croyons-le, regardons-le avec les yeux de l’esprit. Car Jésus ne nous a rien laissé de sensible, mais il nous a laissés sous des objets sensibles, des vérités spirituelles. Combien disent : je voudrais voir Sa figure, Ses traits, Sa beauté moins que Ses vêtements... Mais, dans l'Eucharistie, c'est lui-même que vous voyez, lui-même que vous touchez, lui-même que vous mangez. Pensez-y et adorez, car c'est le même qui est aux Cieux et que les anges adorent ! (Saint Jean Chrysostome, Homélie sur saint Matthieu, 82, 4)
Qui donc doit être plus pur que celui qui participe à ce sacrifice ? Quel rayon de soleil ne doit point céder en splendeur à la main qui distribue cette chair, à la bouche qui est remplie de ce feu spirituel, à la langue qui est rougie de ce redoutable sang ? Songez à l’honneur que l’on vous fait, et à quelle table vous êtes assis. Celui que les anges ne regardent qu’en tremblant, ou plutôt qu’ils n’osent regarder à cause de l’éclat qui en émane, est celui-là même qui nous sert de nourriture, qui se mélange à nous, et avec qui nous ne faisons plus qu’une seule chair et qu’un seul corps. Inclinons-nous devant Dieu, sans protester, même si ce qu’Il nous dit paraît contraire à notre intelligence ; sa parole doit prévaloir sur celles-ci. Agissons de même à l’égard du Mystère, sans nous arrêter à ce qui tombe sous les sens mais en adhérant à ses paroles, car sa parole ne peut tromper. « Quand tu vois le Seigneur immolé et étendu, et le prêtre incliné sur le sacrifice et en prière, et tout le peuple rougi par ce sang si précieux, penses-tu être encore parmi les hommes sur la terre ? N'es-tu pas plutôt transféré dans les cieux, ayant déposé toute pensée charnelle, pour contempler ce qui se fait, avec l'âme nue et l'esprit purifié ? O miracle, ô divine philanthropie ! (Saint Jean Chrysostome, De sacerdotio. Lire III, n° 4 ; P.G., t. XLVIII, col 642)
Révérez donc, révérez cette table, à laquelle nous participons tous, et, placé sur elle en sacrifice, le Christ immolé pour nous. (Saint Jean Chrysostome , De Epist. ad Rom., VIII, n° 8 ; P.O., t LXII, col. 131)
Même si quelqu'un, par ignorance, s'approche de la communion, empêche-le, sans craindre quoi que ce soit. Crains Dieu, mais non pas l'homme. Si tu crains en effet l'homme, celui-ci te méprisera; si, en revanche, tu crains Dieu, alors tu seras aussi respecté des hommes. Je serais prêt à mourir plutôt que de donner le sang du Seigneur à une personne indigne; je verserais mon sang, plutôt que de donner le sang vénérable du Seigneur d'une manière inconvenable. (Saint Jean Chrysostome, Hom 82, 6, in Eu Io. (PG 58, 746))
Vous pouvez peut-être dire : «Mon pain est ordinaire.» Mais ce pain est du pain avant les paroles du Sacrement; mais la consécration fait que le pain devient la chair de Christ. Et laissez-nous ajouter cela : Comment cela se fait-il que le pain devient le corps de Christ ? Par la consécration. La consécration a lieu par certaines paroles; mais de qui sont ses paroles ? Ce sont celles du Seigneur Jésus. ...elles sont dites par le prêtre; les éloges sont attribuées a Dieu, ... quand le temps vient pour la confection du Sacrement vénérable, alors le prêtre n’utilise pas ses propres paroles, mais les paroles de Christ. Donc c'est la Parole de Christ cela qui confère ce sacrement. (Saint Ambroise de Milan, traité sur Les sacrements 4:4:14; 4:5:23)
5e siècle
Ce pain que vous voyez sur l’autel, une fois sanctifié par la parole de Dieu, est le corps du Christ. Cette coupe, ou plutôt le breuvage qu’elle contient, une fois sanctifiée par la parole de Dieu, est le sang du Christ. Notre Seigneur Jésus Christ a voulu nous confier là son corps et son sang, qu’il a répandu pour nous en rémission des péchés. (Saint Augustin, Sermo 227, 1; PL 38, 1099)
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